2.1.3 Distinction entre la « fin des temps » ou « derniers temps » et le « temps de la fin » ou « fin de l’âge » ou « dernier moment » ou « derniers jours »

2.1.3.1 « fin des temps » ou « derniers temps »

Dans la traduction de la Bible de Jérusalem, nous trouvons au moins 4 occurrences pour la dénomination « fin des temps », dont voici les principales références bibliques :

Pour l’Ancien Testament :

- Dt 4,30 : « Dans ta détresse, toutes ces paroles t'atteindront, mais à la fin des temps tu reviendras à Yahvé ton Dieu et tu écouteras sa voix »

Si 48,24 : « Dans la puissance de l'esprit il vit la fin des temps, il consola les affligés de Sion »

Pour le Nouveau Testament :

- 1 Co 10,11 : « Cela leur arrivait pour servir d'exemple, et a été écrit pour notre instruction à nous qui touchons à la fin des temps ».

- He 9,26 : « Or c'est maintenant, une fois pour toutes, à la fin des temps, qu'il s'est manifesté pour abolir le péché par son sacrifice ».

Lorsque l’on se propose d’interpréter le sens des textes bibliques il convient nécessairement de se reporter aux textes originaux, afin d’en retrouver le sens primitif. Bien que la vocation de cette section ne soit pas de produire une étude exégétique approfondie (Cf. section 2.2 pour plus de précisions sur le sujet), nous formulerons toutefois une série d’observations qui seront valables pour l’ensemble de l’étude. Nous nous limiterons donc à une analyse succincte des termes en caractère gras extraits du Nouveau Testament.

Pour ces deux références, la traduction française est composée de 5 mots identiques : « à la fin des temps ».

En 1 Co 10,11 le texte grec original est : « τά τέλη τών αιώνων » ce qui signifie littéralement « les extrémités des ères ».

En He 9,26 le texte grec original est : « έπί συντελείά τών αιώνων » ce qui signifie littéralement « à l’achèvement des ères ».

De ces premières précisions nous pouvons observer que :

1°) la traduction « à la fin des temps » est très éloignée du texte grec original qui n’est pas toujours aisé de retranscrire en français. Ainsi se pose le problème de la difficulté de traduction.

2°) Même si on ne comprend pas toujours le grec ancien, les mots du texte primitif sont différents, alors que la traduction en français est la même dans les deux cas.

Ainsi, la recherche du sens primitif est une nécessité lorsque l’on veut s’affranchir de toute dérive sémantique, mais ne saurait être à elle seule suffisante quant à l’identification des différents sens de l’écriture (Cf. § 2.2.3).

Il convient donc de présenter un critère qui nous permette de palier autant que possible au problème inhérent à la difficulté de traduction et de donner une interprétation du texte biblique qui soit la plus correcte possible.

Un des critères les plus pertinents repose sur l’analyse approfondie du contexte biblique dans lequel le texte nous est présenté, qui tient compte d’une multitude d’aspects : historiques, culturels, spirituels, temporels, sociologiques, etc. et embrasse l’ensemble de la Révélation Divine (Ecriture Sainte et Tradition apostolique). C’est à partir de l’ensemble de ces considérations que l’on peut affiner son analyse avant de proposer un résultat qu’il s’agira de confronter avec l’enseignement du Magistère, qui seul possède la juste interprétation du texte biblique. Enfin, il est impératif de vérifier la correspondance dans le champ d’analyse théologique, afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de divergence sémantique.

En ce qui concerne la dénomination « derniers temps », nous trouvons au moins 2 occurrences dans le Nouveau Testament, dont voici les références bibliques :

- 1 Tm 4,1 : « L'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, certains renieront la foi pour s'attacher à des esprits trompeurs et à des doctrines diaboliques »

- 1 P 1,20 : « [Le Christ] discerné avant la fondation du monde et manifesté dans les derniers temps à cause de vous ».

En 1 Tm 4,1 le texte original grec est : « έν ύστέροίς χαίροίς » ce qui signifie littéralement « dans les derniers temps ».

En 1 P 1,20 le texte original est : « έπ’ έσχάτου τών χρόνών » ce qui signifie littéralement « sur l’extrémité des temps » ou encore « sur les derniers temps ».

Ainsi, pour ces deux références nous avons exactement 4 mots identiques : « dans les derniers temps ».

Si l’on s’en tient à cette unique considération, on pourrait dire que ces deux passages bibliques renvoient à une même réalité, ce qui n’est pas nécessairement le cas. En effet, bien que ces dénominations soient identiques, c’est toujours le contexte d’emploi dans le corps même du texte biblique qui fixe le sens général, à la lumière de l’ensemble de la Révélation. 

Ainsi, dans le premier cas, en référence à 1 Tm 4,1, on peut observer que les « derniers temps » dont il est questiondésignent préférentiellement l’ultime période qui précède la venue du Christ (même si ce passage embrasse nécessairement d’autres périodes de l’histoire du fait du caractère dynamique de la Révélation), alors qu’en 1 P 1,20, il s’agit de considérer davantage les « derniers temps » comme étant liés à la période inaugurée depuis la venue de Notre Seigneur lors de Sa première manifestation (Cf. analyse détaillée ci-après).

Après avoir repéré ces références bibliques, nous pouvons à présent identifier et vérifier le sens général de l’ensemble de ces dénominations à l’aide des indications données par le Magistère :

Les dénominations « fin des temps »(Cf. Dt 4,30 ; Si 48,24 ; Hb 9,26 ; 1 Co 10,11),et « derniers temps »(Cf. 1 P 1,20), ou encore « en ces jours qui sont les derniers » (Cf. Hb 1,2)telles qu’elles apparaissent dans la Bible de Jérusalem désignent la même réalité qui est la période inaugurée depuis la venue de Notre Seigneur par le mystère de sa Sainte Incarnation et de l’envoi de l’Esprit Saint le matin de la Pentecôte au Corps mystique du Christ qu’est l’Eglise, comme le souligne le Catéchisme de l’Eglise Catholique :

§ 686 : « L’Esprit Saint est à l’œuvre avec le Père et le Fils du commencement à la consommation du dessein de notre salut. Mais c’est dans les "derniers temps", inaugurés avec l’Incarnation rédemptrice du Fils, qu’Il est révélé et donné, reconnu et accueilli comme Personne. Alors ce dessein divin, achevé dans le Christ, "Premier-Né" et Tête de la nouvelle création, pourra prendre corps dans l’humanité par l’Esprit répandu : l’Église, la communion des saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle ».

§ 726 : « Au terme de cette Mission de l'Esprit, Marie devient la "Femme", nouvelle Eve "mère des vivants", Mère du "Christ total" (Cf. Jn 19,25-27). C'est comme telle qu'elle est présente avec les Douze, "d'un même cœur, assidus à la prière" (Ac 1,14), à l'aube des "derniers temps" que l'Esprit va inaugurer le matin de la Pentecôte avec la manifestation de l'Eglise ».

NB 1: Bien que l’on parle « d’inauguration des "derniers temps" » à la fois au moment de l’Incarnation du Verbe et au moment de l’envoi de l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte, la contradiction n’est qu’apparente, car d’un point de vue théologique il y a une profonde unité entre les deux évènements, entendu qu’il y a un seul corps et un seul esprit avec le Christ. C’est ce que précise le § 686 en considérant le Christ total, Tête et corps : « Ce dessein divin, achevé dans le Christ, " Premier-Né " et Tête de la nouvelle création, pourra prendre corps dans l’humanité par l’Esprit répandul’Église, la communion des saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle ».

Cette période communément appelée « fin des temps » ou « derniers temps » doit s’achever par le retour du Seigneur selon le Catéchisme de l’Eglise Catholique :

§ 782 : « La destinée [du Peuple de Dieu] c'est le Royaume de Dieu, commencé sur la terre par Dieu lui-même, Royaume qui doit se dilater de plus en plus, jusqu'à ce que, à la fin des temps, il soit achevé par Dieu lui-même" (LG 9) ».

§ 2771 : « Dans l'Eucharistie, la Prière du Seigneur manifeste aussi le caractère eschatologique de ses demandes. Elle est la prière propre aux "derniers temps", des temps du salut qui ont commencé avec l'effusion de l'Esprit Saint et qui s'achèveront avec le Retour du Seigneur. Les demandes à Notre Père, à la différence des prières de l'Ancienne Alliance, s'appuient sur le mystère du salut déjà réalisé, une fois pour toutes, dans le Christ crucifié et ressuscité ».

NB 2: Il est fondamental de ne pas confondre la traduction de 1 Tm 4,1 par « derniers temps » pour la Bible de Jérusalem, littéralement plus conforme au texte original grec (Cf. § 2.2 Approche exégétique générale) dont l’emploi est exclusif à ce passage, avec celle de « fin des temps » ou « derniers temps » que nous avons évoqué dans cette section.  C’est en effet la même dénomination, qui dans le cas précis de 1 Tm 4,1 est à mettre en correspondance avec le « dernier moment (Cf. partie suivante) ».

2.1.3.2 « temps de la fin » ou « dernier moment » ou « derniers jours »

Par soucis de justesse et de précision, il convient particulièrement de souligner l’importance du caractère dynamique des Saintes Ecritures (Cf. § 2.2.3 Les différents sens de l’Ecriture).

En ce sens, une même dénomination peut couvrir plusieurs périodes de temps différentes selon une résonance qui lui est propre. Ainsi peut se dégager une tendance sémantique, qui dans le cas précis de cette section renvoie à une triple perspective, à savoir la « fin des temps », la « fin du monde », voire les deux à la fois. 

Le « temps de la fin »(Cf. Dn 8,17 ; 11,35 ; 11,40 ; 12,4 ; 12,9) tel que présenté dans le livre de Daniel également désigné en d’autres passages de l’Ecriture par « fin de l’âge » (Cf. Mt 13,40.49 ; 24,3 ; 28,20) ou encore « dernier moment » (Cf. 1 P 1,5), représente l’ultime période qui précède la venue du Seigneur, et se situent donc logiquement dans la période finale de la « fin des temps » que nous venons d’exposer précédemment.  

Bien que ces précisions sémantiques soient à observer en règle générale, il existe cependant des exceptions, car dans de très rares cas, une même dénomination peut renvoyer à une réalité différente.

En ce sens, il est fondamental de ne pas confondre la traduction de 1 Tm 4,1 par « derniers temps » pour la Bible de Jérusalem, littéralement plus conforme au texte original grec, dont l’emploi est exclusif à ce passage, avec celle de « fin des temps » ou « derniers temps » que nous avons évoqué au § 2.1.3.1.
C’est en effet la même dénomination, qui dans le cas précis de 1 Tm 4,1 est à mettre en correspondance avec le « dernier moment ».

La dénomination « derniers jours » demeure ambiguë, car selon que l’on se place dans le champ d’analyse doctrinal elle correspond « à la fin des temps » comme l’ensemble des antiques symboles de la foi le traduisent, alors que la plupart des traductions bibliques utilisent cette même dénomination pour qualifier l’ultime période qui précède la venue du Seigneur, et serait donc plutôt à rapprocher du « temps de la fin » ou « dernier moment »

Ainsi, le temps présent correspond à la « fin des temps » et les « derniers jours » sont bien à venir. Il faut toujours veiller à lire les Saintes Ecritures dans leur ensemble, ainsi on peut vérifier que les « derniers jours » concernent bien le temps qui précède l’avènement du Seigneur. Voici quelques références bibliques :

2 Tm 3,1-5 :

« 1 Sache bien, par ailleurs, que dans les derniers jours surviendront des moments difficiles.   2 Les hommes en effet seront égoïstes, cupides, vantards, orgueilleux, diffamateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, sacrilèges, 3 sans cœur, sans pitié, médisants, intempérants, intraitables, ennemis du bien, 4 délateurs, effrontés, aveuglés par l'orgueil, plus amis de la volupté que de Dieu, 5 ayant les apparences de la piété mais reniant ce qui en est la force ».

Si 18,24 :

« 24 Pense à la colère des derniers jours, à l'heure de la vengeance, quand Dieu détourne sa face ».

Ac 2,14-17 :

« 14 Pierre alors, debout avec les Onze, éleva la voix et leur adressa ces mots : "Hommes de Judée et vous tous qui résidez à Jérusalem, apprenez ceci, prêtez l'oreille à mes paroles.       15 Non, ces gens ne sont pas ivres, comme vous le supposez ; ce n'est d'ailleurs que la troisième heure du jour. 16 Mais c'est bien ce qu'a dit le prophète : 17 Il se fera dans les derniers jours, dit le Seigneur, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Alors vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions et vos vieillards des songes ».

2 P 3,3-4 :

« 3 Sachez tout d'abord qu'aux derniers jours, il viendra des railleurs pleins de raillerie, guidés par leurs passions.  4 Ils diront : "Où est la promesse de son avènement? Depuis que les Pères sont morts, tout demeure comme au début de la création" ».

et la sémantique différente qui apparaît dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique :

§ 467 : « Les monophysites affirmaient que la nature humaine avait cessé d'exister comme telle dans le Christ en étant assumée par sa personne divine de Fils de Dieu. Confronté à cette hérésie, le quatrième concile œcuménique, à Chalcédoine, a confessé en 451: A la suite des saints Pères, nous enseignons unanimement à confesser un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité et parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme, composé d'une âme rationnelle et d'un corps, consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l'humanité, "semblable à nous en tout, à l'exception du péché" (He 4,15); engendré du Père avant tout les siècles selon la divinité, et en ces derniers jours, pour nous et pour notre salut, né de la Vierge Marie, Mère de Dieu, selon l'humanité ».

§ 672 : « Le Christ a affirmé avant son Ascension que ce n’était pas encore l’heure de l’établissement glorieux du Royaume messianique attendu par Israël (Cf. Ac 1,6-7) qui devait apporter à tous les hommes, selon les prophètes (Cf. Is 11,1-9), l’ordre définitif de la justice, de l’amour et de la paix. Le temps présent est, selon le Seigneur, le temps de l’Esprit et du témoignage (Cf. Ac 1,8), mais c’est aussi un temps encore marqué par la "détresse" (1 Co 7,26) et l’épreuve du mal (Cf. Ep 5,16) qui n’épargne pas l’Église (Cf. 1 P 4,17) et inaugure les combats des derniers jours (Cf. 1 Jn 2,18 ; 4, 3 ; 1 Tm 4,1). C’est un temps d’attente et de veille (Cf. Mt 25,1.13 ; Mc 13,33-37) ».

Si l’on se reporte aux références bibliques mentionnées entre parenthèse au § 672 du Catéchisme de l’Eglise Catholique, à savoir 1 Jn 2,18 ; 4, 3 ; 1 Tm 4,1, on pourrait s’attendre à retrouver dans le texte biblique la dénomination « derniers jours », mais en réalité il n’en est rien.

Ainsi, pour s’affranchir de toute ambiguïté, il s’agit de veiller à bien considérer le contexte biblique d’emploi de l’ensemble de ces dénominations, selon la perspective :

- de l’Incarnation de Notre-Seigneur qui à lieu à la « plénitude du temps » (Ga 4,4), inaugurant la période de la « fin des temps » ou des « derniers temps » jusqu’à son achèvement lors de Sa seconde venue,

- la période antichristique précédant immédiatement la seconde venue du Seigneur, désignée par le « temps de la fin » ou « fin de l’âge » ou encore « dernier moment ».

2.1.3.3 « fin de l’âge » 

Mt 13,36-43 :

« 36 Alors, laissant les foules, il vint à la maison ; et ses disciples s'approchant lui dirent : "Explique-nous la parabole de l'ivraie dans le champ." 37 En réponse il leur dit : "Celui qui sème le bon grain, c'est le Fils de l’homme ; 38 le champ, c'est le monde ; le bon grain, ce sont les sujets du Royaume ; l'ivraie, ce sont les sujets du Mauvais; 39 l'ennemi qui la sème, c'est le Diable; la moisson, c'est la fin de l’âge; et les moissonneurs, ce sont les anges. 40 De même donc qu'on enlève l'ivraie et qu'on la consume au feu, de même en sera-t-il à la fin de l’âge : 41 le Fils de l'homme enverra ses anges, qui ramasseront de son Royaume tous les scandales et tous les fauteurs d'iniquité, 42 et les jetteront dans la fournaise ardente : là seront les pleurs et les grincements de dents. 43 Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. Entende, qui a des oreilles ! ».

NB : l’expression « fin de l’âge » du verset 39 et de la fin du verset 40 est quelquefois traduite par « fin du monde », ce qui est tout à fait incorrect car le terme original grec « aiônos » signifie « ère », comme le mentionne le Nouveau Testament interlinéaire grec/français à la page 63.

C’est exactement ce que confirme la note ‘b’, page 1890 de la Bible de Jérusalem, en référence à Mt 24,3 lorsque Jésus se trouve sur le Mont des Oliviers et que les disciples s’approchent de Lui, en l’interrogeant sur le moment de la destruction du Temple en ces termes : « Dis-nous quand cela aura lieu, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin de l’âge ».

Voici donc le contenu de la note ‘b’ afférent à la dénomination « fin de l’âge » :

« Age(s) du monde, en grec, aiôn, éon, époque, ère. L’idée sous jacente est que, selon la pensée apocalyptique, l’histoire du salut était coupée par une série de périodes ou d’éons, par exemple, de la création (Adam) à Abraham, d’Abraham à Moïse, de Moïse à David, de David à l’exil, de l’exil au Messie, (Cf. Mt 1,1-14). La série des âges du monde n’était pas rigidement fixée. L’innovation des chrétiens était d’envisager deux venues du Messie, une en humilité, l’autre en gloire, avec le Royaume de Dieu dans sa plénitude. La première venue est déjà accomplie et inaugure la période de l’Eglise. La deuxième est réservée pour l’avenir, la parousie, proprement dite. L’idée d’un deuxième retour du Christ est présente dans le NT, par exemple en Jn 14,3, mais le langage explicite ne se trouve pas avant Saint Justin Martyr (deutera parousia) ».

De la même façon, quelques versets après en Mt 24,14 lorsqu’il est question de la « fin » qui doit venir après la proclamation de la Bonne Nouvelle dans le monde entier, la note ‘i’, toujours page 1890 de la Bible de Jérusalem, confirme qu’il s’agit « de la fin de l’âge présent et de l’arrivée du royaume de Dieu dans sa plénitude, dont un avant signe est la chute de Jérusalem ».

2.1.3. Note complémentaire

On peut également rencontrer dans certaines traductions de la Sainte Ecriture, en particulier celle de la Bible de Jérusalem la dénomination « fin du temps »,dans l’Epître de Saint Jude, sur laquelle il est également important de s’arrêter. Voici le passage en question :

« 17 Mais vous, très chers, rappelez-vous ce qui a été prédit par les apôtres de notre Seigneur Jésus Christ. 18 Ils vous disaient : "A la fin du temps, il y aura des moqueurs, marchant selon leurs convoitises impies."19 Ce sont eux qui créent des divisions, ces animaux, ces êtres "psychiques" qui n'ont pas d'esprit ».

Si l’on se reporte au texte grec original « Еπ’ έσχάτου [τού] χρόνου », traduis par « à la fin du temps » on s’aperçoit effectivement que la traduction « fin du temps » est tout à fait correcte. La Bible d’Emile Osty fait également la même traduction, en précisant toutefois dans sa note relative au verset 18, au bas de la page 2548, que la « fin du temps » désigne bien « l’époque qui précède immédiatement la Parousie et le Jugement, qui a tant préoccupé la première génération chrétienne ».

On peut toutefois observer que le terme mis entre crochet [τού] dans le texte grec original, signifie qu’il s’agit d’un mot que l’on qualifie de « discuté ».

Il conviendrait donc de rapprocher la dénomination « fin du temps » à la « fin des temps » ou au « dernier moment » (Cf. 1 P 1,5) également désigné dans la Sainte Ecriture par « fin de l’âge » (Cf. Mt 13,40, 49 ; 24,3 ; 28,20).

D’après le contexte et au regard de ce que nous avons déjà évoqué, il est bien question de la « fin des temps » et non de la « fin du monde » comme le suggère d’ailleurs d’autres traductions comme celle de la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) qui emploi la dénomination « fin des temps » ou encore « derniers temps » pour la Bible du Chanoine Crampon, ce qui est équivalent comme nous l’avons déjà exposé précédemment.

C’est également ce que nous signifie la note ‘a’ de la Bible de Jérusalem, page 1904, en référence à Mc 1,15 « Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à l’Evangile » : […] A la fin de cette dernière période de l’histoire (Cf. 1 Co 10,11 ; 1 Tm 4,1 ; 1 P 1,5. 20 ; 1 Jn 2,18, qui est la " fin des temps " (Cf. He 9,26), surviendra une autre fin, celle "du temps" (Cf. Mt 13,40.49 ; 24,3 ; 28,20 ; c'est-à-dire le Jour de la venue du Christ (Cf 1 Co 15,23+) et du Jugement (Cf. Rm 2,6+ ; Ps 9,5+).