2.1.5 Distinction entre « le Jugement dernier » ou « Jugement final » ou « Jugement universel » ou « Jugement général » et « Jugement des nations »

2.1.5.1 Remarque préliminaire

Lorsque l’on évoque la notion de « Jugement » en théologie et en exégèse (Cf. vision traditionnelle de l’Eglise § 3.1.4 et § 3.16.5.1) on fait nécessairement référence au Jugement dernier en confondant systématiquement à tort « fin des temps » et « fin du monde », comme nous l’avons bien mis en évidence au § 2.1.4.2

Comme nous venons de le montrer au § 2.1.4 cette confusion est extrêmement préjudiciable, car elle occulte de fait la seconde venue du Seigneur pour la « fin des temps », et le « Jugement des nations », comme nous allons le montrer dans la suite de l’étude. 

2.1.5.2 « Jugement dernier » ou « Jugement final » ou « Jugement universel » ou « Jugement général » ou « Jugement des vivants et des morts »

Les § 1038 à 1041 du Catéchisme de l’Eglise Catholique concernent le « Jugement dernier » explicitement lié à la « fin du monde » selon le § 681 (mentionné précédemment au § 2.1.4).

§ 1038 : « La résurrection de tous les morts, " des justes et des pécheurs " (Ac 24,15), précédera le Jugement dernier. Ce sera " l’heure où ceux qui gisent dans la tombe en sortiront à l’appel de la voix du Fils de l’Homme ; ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal pour la damnation " (Jn 5,28-29). Alors le Christ " viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges (...). Devant lui seront rassemblés toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche (...). Et ils s’en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à la vie éternelle "  (Mt 25,31-33.46».

§ 1039 : « C'est face au Christ qui est la Vérité que sera définitivement mise à nu la vérité sur la relation de chaque homme à Dieu (Cf. Jn 12,49). Le jugement dernier révèlera jusque dans ses ultimes conséquences ce que chacun aura fait de bien ou omis de faire durant sa vie terrestre :

 Tout le mal que font les méchants est enregistré - et ils ne le savent pas. Le Jour où "Dieu ne se taira pas" (Ps 50,3) ... Il se tournera vers les mauvais : "J'avais, leur dira-t-il, placé sur terre mes petits pauvres, pour vous. Moi, leur chef, je trônais dans le ciel à la droite de mon Père - mais sur la terre mes membres avaient faim. Si vous aviez donné à mes membres, ce que vous auriez donné serait parvenu jusqu'à la tête. Quand j'ai placé mes petits pauvres sur la terre, je les ai institués vos commissionnaires pour porter vos bonnes œuvres dans mon trésor : vous n'avez rien déposé dans leurs mains, c'est pourquoi vous ne possédez rien auprès de moi" (Saint Augustin, serm. 18,4,4) ».

§ 1040 : « Le jugement dernier interviendra lors du retour glorieux du Christ. Le Père seul en connait l'heure et le jour, Lui seul décide de son avènement. Par son Fils Jésus-Christ Il prononcera alors sa parole définitive sur toute l'histoire. Nous connaîtrons le sens ultime de toute l'œuvre de la création et de toute l'économie du salut, et nous comprendrons les chemins admirables par lesquels Sa Providence aura conduit toute chose vers sa fin ultime. Le jugement dernier révélera que la justice de Dieu triomphe de toutes les injustices commises par ses créatures et que son amour est plus fort que la mort (Cf. Ct 8,6) ».

§ 1041 : « Le message du Jugement dernier appelle à la conversion pendant que Dieu donne encore aux hommes "le temps favorable, le temps du salut" (2 Co 6,2). Il inspire la sainte crainte de Dieu. Il engage pour la justice du Royaume de Dieu. Il annonce la "bienheureuse espérance" (Tt 2,13) du retour du Seigneur qui "viendra pour être glorifié dans ses saints et admiré en tous ceux qui auront cru" (2 Th 1,10) ».

Les § 1042 à 1050 du Catéchisme de l’Eglise Catholique concernent le « jugement universel » lié à la « fin des temps » selon le § 682.

§ 1042 :

A la fin des temps, le Royaume de Dieu arrivera à sa plénitude. Après le jugement universel, les justes régneront pour toujours avec le Christ, glorifiés en corps et en âme, et l’univers lui-même sera renouvelé :
Alors l’Église sera "consommée dans la gloire céleste, lorsque, avec le genre humain, tout l’univers lui-même, intimement uni avec l’homme et atteignant par lui sa destinée, trouvera dans le Christ sa définitive perfection" (LG 48).

Dans d’autres textes du Magistère, il est possible de rencontrer la dénomination « jugement général ». Je me limiterai ici à présenter un seul texte à caractère dogmatique, celui de la   constitution « Benedictus Deus » du 29 janvier 1336 promulguée par le Pape Benoît XII (20 décembre 1334 - 25 avril 1342), dont une synthèse nous est donnée dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique :

§ 1023 : « Ceux qui meurent dans la grâce et l'amitié de Dieu, et qui sont parfaitement purifiées, vivent pour toujours avec le Christ. Ils sont pour toujours semblables à Dieu, parce qu'ils le voient "tel qu'il est" (1 Jn 3,2), face à face (Cf. 1 Co 13,12; Ap 22,4): De notre autorité apostolique nous définissons que, d'après la disposition générale de Dieu, les âmes de tous les saints ... et de tous les autres fidèles morts après avoir reçu le saint Baptême du Christ, en qui il n'y a rien eu à purifier lorsqu'ils sont morts, ... ou encore, s'il y a eu ou qu'il y a quelque chose à purifier, lorsque, après leur mort, elles auront achevé de le faire, ... avant même la résurrection dans leur corps et le Jugement général, et cela depuis l'Ascension du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ au ciel, ont été, sont et seront au ciel, au Royaume des cieux et au Paradis céleste avec le Christ, admis dans la société des saints anges. Depuis la Passion et la mort de notre Seigneur Jésus-Christ, elles ont vu et voient l'essence divine d'une vision intuitive et même face à face, sans la médiation d'aucune créature (Benoit XII : DS 1000 Cf. LG 49) ».

2.1.5.3 « Jugement des nations »

Cette partie fait l’objet d’un développement particulier au § 3.16.5 auquel j’invite le lecteur à se reporter.
Nous pouvons toutefois noter, dans un premier temps, que le « Jugement des nations » est la seule dénomination, caractérisant un jugement Divin, qui n’apparaît pas en tant que telle dans l’enseignement doctrinal de l’Eglise.
La raison en est simple, c’est qu’elle est réservée pour la période de la « fin des temps » et non pour la « fin du monde » lorsque adviendra le « Jugement dernier ». Rappelons, en ce sens, que la vision traditionnelle de l’Eglise (qui reconnaît n’avoir pas tranché de manière définitive sur le sujet) n’attend qu’une seule et ultime venue à la fin du monde.

2.1.5.4 « Jour du Jugement » ou « Jour du Seigneur » ou « Dernier jour »

Par « Jour du Jugement » ou « Jour du Seigneur » ou « Dernier jour », le Catéchisme de l’Eglise Catholique, entend le jour du Jugement des vivants et des morts ou du Jugement dernier qui adviendra à la fin du monde.

Jour du Jugement 

§ 681 : « Au Jour du Jugement, lors de la fin du monde, le Christ viendra dans la gloire pour accomplir le triomphe définitif du bien sur le mal qui, comme le grain et l'ivraie, auront grandi ensemble au cours de l'histoire »

§ 1059 : « La très sainte Eglise romaine croit et confesse fermement qu'au jour du Jugement tous les hommes comparaîtront avec leur propre corps devant le tribunal du Christ pour rendre compte de leurs propres actes (DS 859 Cf. DS 1549) ».

Jour du Seigneur

§ 972 : « Après avoir parlé de l'Eglise, de son origine, de sa mission et de sa destinée, nous ne saurions mieux conclure qu'en tournant le regard vers Marie pour contempler en elle ce qu'est l'Eglise dans son Mystère, dans son "pèlerinage de la foi", et ce qu'elle sera dans la patrie au terme de sa marche, où l'attend, "dans la gloire de la Très Sainte et indivisible Trinité", "dans la communion de tous les saints" (LG 6), celle que l'Eglise vénère comme la Mère de son Seigneur et comme sa propre Mère: Tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l'Eglise en son achèvement dans le siècle futur, de même sur terre, en attendant la venue du jour du Seigneur, elle brille déjà comme un signe d'espérance assurée et de consolation devant le Peuple de Dieu en pèlerinage (LG 68) ».

Dernier jour

§ 364 : « Le corps de l'homme participe à la dignité de l'"image de Dieu": il est corps humain précisément parce qu'il est animé par l'âme spirituelle, et c'est la personne humaine toute entière qui est destinée à devenir, dans le Corps du Christ, le Temple de l'Esprit (Cf. 1 Co 6,19-20; 1 Co 15,44-45): Corps et âme, mais vraiment un, l'homme, dans sa condition corporelle, rassemble en lui-même les éléments du monde matériel qui trouvent ainsi, en lui, leur sommet, et peuvent librement louer leur Créateur. Il est donc interdit à l'homme de dédaigner la vie corporelle. Mais au contraire il doit estimer et respecter son corps qui a été créé par Dieu et qui doit ressusciter au dernier jour (GS 14) ».

§ 409 : « Cette situation dramatique du monde qui "tout entier gît au pouvoir du mauvais" (1 Jn 5,19 Cf. 1 P 5,8) fait de la vie de l'homme un combat : Un dur combat contre les puissances des ténèbres passe à travers toute l'histoire des hommes ; commencé dès les origines, il durera, le Seigneur nous l'a dit, jusqu'au dernier jour. Engagé dans cette bataille, l'homme doit sans cesse combattre pour s'attacher au bien ; et non sans grands efforts, avec la grâce de Dieu, il parvient à réaliser son unité intérieure (GS 37) ».

§ 678 : « A la suite des prophètes (Cf. Da 7,10 ; Jl 3-4 ; Ml 3,19) et de Jean-Baptiste (Cf. Mt 3,7-12), Jésus a annoncé dans sa prédication le Jugement du dernier Jour. Alors seront mis en lumière la conduite de chacun (Cf. Mc 12,38-40) et le secret des cœurs          (Cf. Lc 12,1-3 ; Jn 3,20-21 ; Rm 2,16 ; 1 Co 4,5). Alors sera condamnée l'incrédulité coupable qui a tenu pour rien la grâce offerte par Dieu (Cf. Mt 11,20-24 ; Mt 12,41-42). L'attitude par rapport au prochain révèlera l'accueil ou le refus de la grâce et de l'amour divin (Cf. Mt 5,22 ; Mt 7,1-5). Jésus dira au dernier jour : révèlera l'accueil ou le refus de la grâce et de l'amour divin (Cf. Mt 5,22 ; Mt 7,1-5). Jésus dira au dernier jour : "Tout ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25,40) ».

§ 841 : « Les relations de l'Eglise avec les Musulmans. "Le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui professent la foi d'Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, juge des hommes au dernier jour" (LG 16 Cf. NAE 3) ».

§ 989 : « Nous croyons fermement, et ainsi nous espérons, que de même que le Christ est vraiment ressuscité des morts, et qu'il vit pour toujours, de même après leur mort les justes vivront pour toujours avec le Christ ressuscité et qu'il les ressuscitera au dernier jour (Cf. Jn 6,39-40). Comme la sienne, notre résurrection sera l'œuvre de la Très Sainte Trinité: Si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité Jésus-Christ d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous (Rm 8,11  Cf. 1 Th 4,14; 1 Co 6,14; 2 Co 4,14; Ph 3,10-11) ».

§ 994 : « Mais il y a plus : Jésus lie la foi en la résurrection à sa propre personne : "Je suis la Résurrection et la vie" (Jn 11,25). C'est Jésus lui-même qui ressuscitera au dernier jour ceux qui auront cru en lui (Cf. Jn 5,24-25 ; Jn 6,40) et qui auront mangé son corps et bu son sang (Cf. Jn 6,54). Il en donne dès maintenant un signe et un gage en rendant la vie à certains morts (Cf. Mc 5,21-42 ; Lc 7,11-17 ; Jn 11), annonçant par là sa propre Résurrection qui sera cependant d'un autre ordre. De cet événement unique Il parle comme du "signe de Jonas" (Mt 12,40), du signe du Temple (Cf. Jn 2,19-22): il annonce sa Résurrection le troisième jour après sa mise à mort (Cf. Mc 10,34) ».

§ 1001 : « [Il est question dans ce qui suit de la résurrection des morts] Quand? Définitivement "au dernier jour" (Jn 6,39-40 ; Jn 6,44 ; Jn 6,54 ; Jn 11,24) ; "à la fin du monde" (LG 48). En effet, la résurrection des morts est intimement associée à la Parousie du Christ : Car lui-même, le Seigneur, au signal donné par la voix de l'archange et la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts qui sont dans le Christ ressusciteront en premier lieu (1 Th 4,16) ».

§ 1003 : « Unis au Christ par le Baptême, les croyants participent déjà réellement à la vie céleste du Christ ressuscité (Cf. Ph 3,20), mais cette vie demeure "cachée avec le Christ en Dieu" (Col 3,3) "Avec lui Il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux, dans le Christ Jésus" (Ep 2,6). Nourris de son Corps dans l'Eucharistie, nous appartenons déjà au Corps du Christ. Lorsque nous ressusciterons au dernier jour nous serons aussi "manifestés avec lui pleins de gloire" (Col 3,3) ».

§ 1524 : « A ceux qui vont quitter cette vie, l'Eglise offre, en plus de l'Onction des malades, l'Eucharistie comme viatique. Reçue à ce moment de passage vers le Père, la Communion au Corps et au Sang du Christ a une signification et une importance particulières. Elle est semence de vie éternelle et puissance de résurrection, selon les paroles du Seigneur : "Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour" (Jn 6,54). Sacrement du Christ mort et ressuscité, l'Eucharistie est ici sacrement du passage de la mort à la vie, de ce monde vers le Père (Cf. Jn 13,1) ».

§ 2730 : « Positivement, le combat contre notre moi possessif et dominateur est la vigilance, la sobriété du cœur. Quand Jésus insiste sur la vigilance, elle est toujours relative à Lui, à sa Venue, au dernier jour et chaque jour: "aujourd'hui". L'Epoux vient au milieu de la nuit ; la lumière qui ne doit pas s'éteindre est celle de la foi: "De toi mon coeur a dit: 'Cherche sa Face'" (Ps 27,8) ».