4.3.2 La venue du Royaume de Dieu ne se laisse pas observer

4.3.2.1 Fondement biblique

Lc 17,20-21 :

« 20 Les Pharisiens lui ayant demandé quand viendrait le Royaume de Dieu, il leur répondit: "La venue du Royaume de Dieu ne se laisse pas observer, 21 et l'on ne dira pas: Voici: il est ici! Ou bien: il est là! Car voici que le Royaume de Dieu est au milieu de vous ».

4.3.2.2 Jean-Paul II

- extrait de l’audience générale « Vers des cieux nouveaux et une terre nouvelle » du 31 janvier 2001, selon la lecture de 2 P 3,8-9.13-14 :

§ 3 : « […] La vision chrétienne est illustrée de façon limpide par Jésus, alors que, "les Pharisiens lui ayant demandé quand viendrait le Royaume de Dieu, il leur répondit : "la venue du Royaume de Dieu ne se laisse pas observer, et l'on ne dira pas: "Voici, il est ici! Ou bien:  il est là!' Car voici que le Royaume de Dieu est au milieu de vous" (Lc 17,20-21) ».

§ 4 : « A la tentation de ceux qui envisagent des scénarios apocalyptiques d'irruption du Royaume de Dieu et de ceux qui ferment les yeux, alourdis par le sommeil de l'indifférence, le Christ oppose la venue sans clameur des cieux nouveaux et de la terre nouvelle. Cette venue est semblable à la croissance cachée, bien que fervente, de la semence dans la terre (Cf. Mc 4,26-29). Dieu est donc entré dans la vie humaine et dans le monde et poursuit silencieusement son oeuvre, en attendant patiemment l'humanité, avec ses retards et ses conditionnements. Il en respecte la liberté, la soutient lorsqu'elle est tenaillée par le désespoir, la conduit d'étape en étape et l'invite à collaborer au projet de vérité, de justice et de paix du Royaume. L'action divine et l'engagement humain doivent donc s'entremêler. "Le message chrétien ne détourne pas les hommes de la construction du monde et ne les incite pas à se désintéresser du sort de leurs semblables:  il leur en fait au contraire un devoir plus pressant" (Gaudium et spes, n.34) ».

§ 5 : « C'est ainsi que s'ouvre devant nous un thème de grande importance qui a toujours intéressé la réflexion et l'oeuvre de l'Eglise. Sans tomber dans les excès inverses de l'isolement sacré et du sécularisme, le chrétien doit exprimer son espérance également au sein des structures de la vie séculière. Si le Royaume est divin et éternel, il est cependant semé dans le temps et dans l'espace et est "parmi nous", comme le dit Jésus ».

4.3.2.3 Benoît XVI

Voici quelques passages de l’homélie du Pape Benoît XVI, prononcée le 15 juin 2008 lors de sa visite pastorale à Brindisi, au cours de la célébration eucharistique sur le quai « sant’Apollinare ». Le texte suivant, présente l’établissement du Royaume de Dieu parmi les hommes comme « l’œuvre du Christ toujours silencieuse, et non spectaculaire », faite de gestes « humbles et discrets qui contiennent cependant un immense potentiel de renouveau » afin que s’accomplisse le dessein de Dieu : « répandre sur l'humanité et sur l'univers tout entier son amour qui engendre la vie ».

« […] Le style de Jésus est unique : c'est le style caractéristique de Dieu, qui aime accomplir les choses les plus grandes d'une manière pauvre et humble. La solennité des récits de l'alliance du Livre de l'Exode laisse place dans les Evangiles à des gestes humbles et discrets, qui contiennent cependant un immense potentiel de renouveau. C'est la logique du Royaume de Dieu, qui n'est pas représenté par hasard par la petite graine qui devient un grand arbre (Cf. Mt 13,31-32). Le pacte du Sinaï est accompagné par des signes cosmiques qui abattent les Israélites ; les débuts de l'Eglise qui est en Galilée sont en revanche privés de ces manifestations, ils reflètent la douceur et la compassion du cœur du Christ, mais annoncent une autre lutte, un autre bouleversement qui est celui suscité par les puissances du mal. Au Douze - avons-nous entendu -, Il "donna le pouvoir d'expulser les esprits mauvais et de guérir toute maladie et toute infirmité" (Mt 10,1). Les Douze devront coopérer avec Jésus pour instaurer le Royaume de Dieu, c'est-à-dire sa seigneurie bénéfique, porteuse de vie, et de vie en abondance pour l'humanité tout entière. Substantiellement, l'Eglise, comme le Christ et avec Lui, est appelée et envoyée pour instaurer le Royaume de la vie et chasser la domination de la mort, pour que la vie de Dieu triomphe dans le monde. Que triomphe Dieu, qui est Amour. Cette œuvre du Christ est toujours silencieuse, elle n'est pas spectaculaire; c'est justement dans l'humilité de l'être Eglise, de vivre chaque jour l'Evangile, que grandit le grand arbre de la vie. C'est avec ces débuts humbles que le Seigneur nous encourage afin que, même dans l'humilité de l'Eglise d'aujourd'hui, dans la pauvreté de notre vie chrétienne, nous puissions voir sa présence et avoir ainsi le courage d'aller à sa rencontre et de rendre présent sur cette terre son amour, cette force de paix et de vie véritable. Tel est donc le dessein de Dieu: répandre sur l'humanité et sur l'univers tout entier son amour qui engendre la vie. Ce n'est pas un processus spectaculaire; c'est un processus humble, qui porte cependant avec soi la vraie force de l'avenir et de l'histoire. C'est donc un projet que le Seigneur veut réaliser dans le respect de notre liberté, car l'amour par sa nature ne peut pas être imposé. L'Eglise est alors, dans le Christ, l'espace d'accueil et de médiation de l'amour de Dieu ».

4.3.2.4 François

Synthèse de l'homélie prononcée le jeudi 13 novembre 2014 en la chapelle de la Maison Sainte Marthe au Vatican : Le Règne de Dieu grandit dans le silence, pas dans le vacarme.

Sources : http://www.news.va/fr/news/le-pape-le-regne-de-dieu-grandit-dans-le-silence-p

http://fr.radiovaticana.va/news/2014/11/13/le_pape__%C2%AB_le_r%C3%A8gne_de_dieu_grandit_dans_le_silence,_pas_dans_le_vacarme_%C2%BB/1111032

2014-11-14 Radio Vatican

Le Règne de Dieu grandit dans le silence, qui sait, d’une maison où « on arrive à la fin du mois avec un seulement la moitié d’un euro ». Il ne grandit pas dans le vacarme, et « ce n’est  pas un spectacle », mais bien « une fête », même si « notre faiblesse humaine préfère le spectacle » , le Pape citant alors la célébration du mariage, qui pour être pourtant un sacrement, en est parfois réduit à n’être qu’un spectacle. « Un défilé de mode, pour se montrer, avec vanité ».Voilà en résumé le thème développé par le Pape François ce jeudi matin, dans son homélie de la messe célébrée en la chapelle de la Maison Sainte Marthe au Vatican.

« Dans le silence d’une maison où l’on arrive peut-être à la fin du mois avec la moitié d’un euro, mais où l’on continue de prier et de s’occuper de ses enfants et des grands-parents, c’est là que se trouve le Règne de Dieu », a expliqué le Pape François. « Loin du bruit, parce que le Règne de Dieu n’attire pas l’attention », exactement comme n’attire pas l’attention la semence qui grandit sous terre.

Le Pape , pour son homélie, est parti du passage de l’Evangile de saint Luc, où à la question des disciples ‘Quand viendra le Règne de Dieu?’ « Le Règne de Dieu, a précisè le Pape, n’est pas un spectacle. Tant de fois, le spectacle est la caricature du Règne de Dieu » « Jamais le Seigneur ne dit que le Règne de Dieu est un spectacle ». « C’est une fête, une très belle fête. Une grande fête, car le Ciel sera une fête, mais pas un spectacle ». « C’est notre faiblesse humaine qui préfère le spectacle ». « En réalité, a ajouté le Pape, le Règne de Dieu est silencieux, il grandit à l’intérieur. C’est l’Esprit Saint qui le fait grandir avec notre disponibilité, dans notre terre, que nous devons préparer ».

Et d’ajouter en citant les paroles de Jésus : « Le Règne de Dieu connaîtra pourtant le moment de la manifestation de sa force, à la fin des temps ». « Le jour où il fera du bruit, il le fera comme l’éclair qui fend le ciel ». « Sinon pour l’heure, le Règne de Dieu est caché dans la sainteté de la vie quotidenne, cette sainteté de tous les jours. Parce que le Règne de Dieu n’est pas éloigné de nous, il est proche . C’est une de ses caractéristiques : sa proximité de tous les jours ». « La souffrance, la croix, ajoutait le Pape, la croix quotidienne de la vie, la croix du travail, de la famille, de bien faire les choses, cette petite croix quotidienne fait partie du Règne de Dieu ». « Le Règne de Dieu est humble, comme la semence : humble mais pour grandir ensuite, par la force de l’Esprit Saint. Nous n’avons qu’à le laisser grandir en nous, sans nous vanter : laisser l’Esprit venir en nous, nous transformer et nous porter de l’avant dans le silence, dans la paix, dans la sérénité, dans la proximité avec Dieu, avec les autres, dans l’adoration de Dieu, sans spectacle ».

(Tratto dall'archivio della Radio Vaticana)

4.3.2.5 La Très Sainte Vierge Marie à Don Stefano Gobbi

Du recueil « Aux prêtres, les fils de prédilection de la Vierge » :

- extrait du message n° 554 « Ma victoire » donné le 7 octobre 1995, page 850 : 

« […] l) J’appelle mes petits enfants à devenir les instruments de salut pour tous. Ainsi, dans le silence et l’effacement, chaque jour Je prépare et répands parmi vous le Règne de Dieu ».

4.3.2.6 La Très Sainte Vierge Marie à Consuelo

Au chapitre 17.2, intitulé « La seconde venue du Christ », pages 244 et 245 de l’ouvrage « Marie Trône de la Sagesse » nous pouvons lire l’exposé suivant :

« Le Seigneur, après avoir donné sa vie pour le rachat de beaucoup, monta aux cieux. Tandis qu’il s’en allait, voici qu’apparurent à ses disciples deux hommes vêtus de blanc, qui leur dirent : "Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? Ce Jésus qui vient d’être enlevé au ciel, du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu partir vers le ciel" (Ac 1,10-11). Et comment est-il monté ? Il s’est élevé peu à peu. Et qui l’a vu monter ? Soixante-douze disciples ont assisté à l’Ascension de Jésus au ciel [ce qui signifie que seulement un groupe restreint de disciples a vu l’évènement, et qu’il en serait de même pour le retour du Christ puisque la Parole de Dieu s’adresse également au même groupe de disciples. Cf. « Le petit reste » § ?)]. La seconde venue du Seigneur n’aura pas l’aspect spectaculaire que certains croient « parce que le Royaume de Dieu ne vient d’une manière qui frappe le regard. On ne dira pas "Le voici" ou "Le voilà" car le Royaume de Dieu est déjà parmi vous" (Lc 17,20-21). De la première venue du Christ, peu d’hommes en eurent l’intelligence. Jésus, Homme-Dieu, naquit dans une étable, tandis que le monde vivait dans l’ignorance. Et à qui s’est-Il manifesté ? Tout le monde l’a-t-il vu ? Les plus grands, les plus illustres des hommes, les puissants, les princes de ce monde ont-ils asisté à cet évènement ? On pouvait compter, simplement, d’un seul coup d’œil, les élus qui connaissaient le sublime mystère. Mais ce que je veux que vous ayez toujours présent à l’esprit pour votre bien sprituel, c’est que les seuls à avoir vu Jésus, ce sont les pauvres, les humbles et les cœurs purs ; parce que seuls « les cœurs purs verront Dieu » (Mt 5,8). Et ce qui paraît être une phrase toute faite, mille fois répétée, a un sens profond ; parce que les yeux impurs, remplis de péchés et de vice, ne verront pas Dieu. Un cœur corrompu où s’abritent les septs péchés capitaux ne peut être l’habitacle du Très-Haut. Vous devez, par conséquent, purifier vos cœurs si vous voulez vraiment voir Dieu. De même que la première venue est passée inaperçue pour beaucoup, la seconde le sera aussi et peu sauront qu’Il se trouve parmi vous. Si vous relisez attentivement les Textes sacrés, vous verrez clairement que ces différentes venues du Christ y sont décrites. Pour ceux qui croient en Jésus, il est, Lui toujours présent, uni intimement à l’homme, aussi proche de son cœur que l’est la chair des os ; et c’est ce que confirment ces paroles : "Si quelqu’un m’aime, j’irai vers et en lui j’installerai ma demeure" (Jn 14,23) [Cf. § 3.3 de notre étude, pour une analyse approfondie sur ce point]. Le Seigneur peut se manifester de multiples façons "parce que depuis la création du monde, ce qui invisible en Dieu se laisse voir à l’intelligence par le moyen de ses œuvres" (Rm 1,20) ; et, en effet, Il se fait présent dans l’Eucharistie et dans la Parole, et à travers ceux qui le représentent ; et, par une renaisance de l’Esprit, au moyen de grâces extraordinaires, comme le sont les dons et les charismes chez les membres de l’Eglise ; ou bien, au moyen d’épreuves de purification qui corrigent le mal et qui font que l’homme tourne ses regards vers Dieu et se sauve. Parce que, en vérité, la seule chose importante est le salut de l’âme ; même si pour cela l’homme doit boire le calice de la douleur ».