5.1.2 Les documents Conciliaires de Vatican II

Il n’y a pas un seul document du Concile Vatican qui n’exprime la venue du Seigneur ; tous les textes conciliaires sont tendus vers ce but ultime : l’avènement du règne glorieux du Christ. Il est frappant de constater combien le Saint Esprit a inspiré et éclairé les pères conciliaires quant à l’imminence de la seconde venue du Seigneur. Les textes ci-dessous parlent par eux-mêmes, c’est la raison pour laquelle je ne ferai pas de commentaire.

5.1.2.1 « L’Eglise attend l’heure où avec son époux, elle apparaîtra dans la gloire » (LG 6)

§ 6 : Les diverses images de l’Église

« […] L'Eglise s'appelle encore "la Jérusalem d'en haut" et "notre mère" (Ga 4,26 Cf. Ap 12,17) ; elle est décrite comme l'épouse immaculée de l'Agneau immaculé (Ap 19,7; Ap 21,2 Cf. Ap 21,9; Ap 22,17) que le Christ "a aimée, pour laquelle il s'est livré afin de la sanctifier" (Ep 5,26), qu'il s'est associée par un pacte indissoluble, qu'il ne cesse de "nourrir et d'entourer de soins" (Ep 5,29) ; l'ayant purifiée, il a voulu qu'elle lui soit unie dans l'amour et la fidélité (Cf. Ep 5,24), la comblant enfin et pour l'éternité des biens célestes, pour que nous puissions comprendre l'amour envers nous de Dieu et du Christ, amour qui défie toute connaissance (Cf. 2 Co 5,66), l'Eglise se considère comme exilée, en sorte qu'elle est en quête des choses d'en haut dont elle garde le goût, tournée là où le Christ se trouve, assis à la droite de Dieu, là où la vie de l'Eglise est cachée avec le Christ en Dieu, attendant l'heure où, avec son époux, elle apparaîtra dans la gloire (Cf. Col 3,1-4 ) ».

5.1.2.2 « Nous attendons la glorieuse manifestation de notre grand Dieu et Sauveur le Christ Jésus  » (LG 48)

§ 48 : Caractère eschatologique de la vocation chrétienne

« L’Église, à laquelle dans le Christ Jésus nous sommes tous appelés et dans laquelle par la grâce de Dieu nous acquérons la sainteté, n’aura que dans la gloire céleste sa consommation, lorsque viendra le temps où sont renouvelées toutes choses (Ac 3,1) et que, avec le genre humain, tout l’univers lui-même, intimement uni avec l’homme et atteignant par lui sa destinée, trouvera dans le Christ sa définitive perfection (Cf. Ep 1,10 ; Col 1,20 ; 2 P 3,10-13). Le Christ élevé de terre a tiré à lui tous les hommes (Cf. Jn 12,32 grec) ; ressuscité des morts (Cf. Rm 6,9), il a envoyé sur ses Apôtres son Esprit de vie et par lui a constitué son Corps, qui est l’Église, comme le sacrement universel du salut ; assis à la droite du Père, il exerce continuellement son action dans le monde pour conduire les hommes vers l’Église, se les unir par elle plus étroitement et leur faire part de sa vie glorieuse en leur donnant pour nourriture son propre Corps et son Sang. La nouvelle condition promise et espérée a déjà reçu dans le Christ son premier commencement ; l’envoi du Saint-Esprit lui a donné son élan et par lui elle se continue dans l’Église où la foi nous instruit sur la signification même de notre vie temporelle, dès lors que nous menons à bonne fin, avec l’espérance des biens futurs, la tâche qui nous a été confiée par le Père et que nous faisons ainsi notre salut (Cf. Ph 2,12). Ainsi donc déjà les derniers temps sont arrivés pour nous (Cf. 1 Co 10,11). Le renouvellement du monde est irrévocablement acquis et, en réalité, anticipé dès maintenant : en effet, déjà sur terre l’Église est parée d’une sainteté encore imparfaite mais déjà véritable. Cependant, jusqu’à l’heure où seront réalisés les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite (Cf. 2 P 3,13), l’Église en pèlerinage porte dans ses sacrements et ses institutions, qui relèvent de ce temps, la figure du siècle qui passe ; elle a sa place parmi les créatures qui gémissent présentement encore dans les douleurs de l’enfantement, attendant la manifestation des fils de Dieu (Cf. Rm 8, 19-22). Ainsi donc, unis au Christ dans l’Église et marqués de l’Esprit Saint, « gages de notre héritage » (Ep 1,14), en toute vérité nous sommes appelés enfants de Dieu, et nous le sommes (Cf. 1 Jn 3, 1) ; mais l’heure n’est pas encore venue où nous paraîtrons avec le Christ dans la gloire (Cf. Col 3,4), devenus semblables à Dieu parce que nous le verrons tel qu’il est   (Cf. 1 Jn 3,2). "Tant que nous demeurons dans ce corps, nous sommes en exil loin du Seigneur" (2 Co 5,6), possédant les prémices de l’Esprit, nous gémissons intérieurement (Cf. Rm 8,23) et nous aspirons à être avec le Christ (Cf. Ph 1,23). La même charité nous presse du désir de vivre davantage pour lui, qui est mort pour nous et ressuscité (Cf. 2 Co 5,15). Nous avons donc à cœur de plaire au Seigneur en toutes choses (Cf. 2 Co 5, 9) et nous endossons l’armure de Dieu afin de pouvoir tenir contre les embûches du démon et lui résister au jour mauvais (Cf. Ep 6, 11-13). Ignorants du jour et de l’heure, il faut que, suivant l’avertissement du Seigneur, nous restions constamment vigilants pour pouvoir, quand s’achèvera le cours unique de notre vie terrestre (Cf. He 9,27), être admis avec lui aux noces et comptés parmi les bénis de Dieu (Cf. Mt 25,31-46), au lieu d’être, comme les mauvais et les paresseux serviteurs (Cf. Mt 25,26) écartés par l’ordre de Dieu vers le feu éternel (Cf. Mt 25,41), vers ces ténèbres du dehors où "seront les pleurs et les grincements de dents" (Mt 22,13 ; 25,30). En effet, avant de régner avec le Christ glorieux, tous nous devrons être mis un jour "devant le tribunal du Christ, pour que chacun reçoive le salaire de ce qu’il aura fait pendant qu’il était dans son corps, soit en bien, soit en mal" (2 Co 5,10) ; et à la fin du monde "les hommes sortiront du tombeau, ceux qui auront fait le bien pour une résurrection de vie, ceux qui auront fait le mal pour une résurrection de condamnation" (Jn 5,29 ; Cf. Mt 25,46). "C’est pourquoi, estimant qu’il n’y a pas de proportion entre les peines du présent et la gloire qui doit se manifester en nous" (Rm 8,18 ; Cf. 2 Tm 2,11-12), "nous attendons, solides dans la foi, la bienheureuse espérance et la manifestation glorieuse de notre grand Dieu et Sauveur, le Christ Jésus" (Tt 2,13) "qui transformera notre corps de misère en un corps semblable à son corps de gloire" (Ph 3,21), et qui viendra « pour être glorifié dans ses saints et admiré en tous ceux qui auront cru » (2 Th 1,10) ».

5.1.2.3 « Marie image de l’Eglise achevée au siècle avenir » (LG 68)

§ 68 : Marie, signe d’espérance

 « Si la Mère de Jésus, déjà glorifiée au ciel en son corps et en son âme, est l'image et le commencement de ce que sera l'Eglise en sa forme achevée, au siècle à venir, eh bien ! Sur la terre, jusqu'à l'avènement du jour du Seigneur (Cf. 2 P 3,10), elle brille, devant le Peuple de Dieu en marche, comme un signe d'espérance certaine et de consolation ». 

5.1.2.4 « Dieu nous prépare une nouvelle deumeure et une nouvelle terre où règnera la justice » (GS 39)

§ 39 : Terre nouvelle et cieux nouveaux

§ 1 : « Nous ignorons le temps de l’achèvement de la terre et de l’humanité (1), nous ne connaissons pas le mode de transformation du cosmos. Elle passe, certes, la figure de ce monde déformée par le péché (2) ; mais, nous l’avons appris, Dieu nous prépare une nouvelle terre où régnera la justice (3) et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l’homme (4). Alors, la mort vaincue, les fils de Dieu ressusciteront dans le Christ, et ce qui fut semé dans la faiblesse et la corruption revêtira l’incorruptibilité (5). La charité et ses œuvres demeureront (6) et toute cette création que Dieu a faite pour l’homme sera délivrée de l’esclavage de la vanité (7) ».

§ 2 : « Certes, nous savons bien qu’il ne sert à rien à l’homme de gagner l’univers s’il vient à se perdre lui-même (8), mais l’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. C’est pourquoi, s’il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup d’importance pour le Royaume de Dieu, dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure organisation de la société humaine (9) ».

§ 3 : « Car ces valeurs de dignité, de communion fraternelle et de liberté, tous ces fruits de notre nature et de notre industrie, que nous aurons propagés sur terre selon le commandement du Seigneur et dans son Esprit, nous les retrouverons plus tard, mais purifiés de toute souillure, illuminés, transfigurés, lorsque le Christ remettra à son Père "un Royaume éternel et universel : Royaume de vérité et de vie, Royaume de sainteté et de grâce, Royaume de justice, d’amour et de paix(10)". Mystérieusement, le Royaume est déjà présent sur cette terre ; il atteindra sa perfection quand le Seigneur reviendra ».

Notes :

(1) : « Cf. Ac 1, 7».
(2) : « Cf. 1 Co 7, 31. - Saint Irénée, Adv. Haer. V, 36, 1 : PG 7, 1222 ».
(3) : « Cf. 2 Co 5,2 ; 2 P 3,13 ».
(4) : « Cf. 1 Co 2,9 ; Ap 21,4-5 ».
(5) : « Cf. 1 Co 15, 42.53 ».
(6) : « Cf. 1 Co 13, 8 ; 3, 14 ».
(7) : « Cf. Rm 8, 19-21 ».
(8) : « Cf. Lc 9,25 ».
(9) : « Cf. Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno : AAS 23 (1931), page 207 ».
(10) : « Préface pour la fête du Christ Roi ».

5.1.2.5 « Etendre partout le règne du Christ et préparer les voies à son avènement » (AG 1)

§ 1 : Préambule

« Envoyée par Dieu aux nations pour être "le sacrement universel du salut (1)", l’Église, en vertu des exigences intimes de sa propre catholicité et obéissant au commandement de son fondateur (Cf. Mc 16,16), est tendue de tout son effort vers la prédication de l’Évangile à tous les hommes. Les Apôtres eux-mêmes, en effet, sur lesquels l’Église a été fondée ont suivi les traces du Christ, "ont prêché la parole de vérité et engendré des Églises (2)". Le devoir de leurs successeurs est de perpétuer cette œuvre, afin que, "la Parole de Dieu soit divulguée et glorifiée" (2 Th 3,1), le Royaume de Dieu annoncé et instauré dans le monde entier. Mais dans l’ordre actuel des choses, dont découlent de nouvelles conditions pour l’humanité, l’Église, sel de la terre et lumière du monde (Cf. Mt 5,13-14), est appelée de façon plus pressante à sauver et à rénover toute créature, afin que tout soit restauré dans le Christ, et qu’en lui les hommes constituent une seule famille et un seul Peuple de Dieu. Aussi le saint Concile, tout en rendant grâce à Dieu pour les œuvres magnifiques accomplies par le zèle généreux de l’Église tout entière, désire-t-il esquisser les principes de l’activité missionnaire et rassembler les forces de tous les fidèles pour que le Peuple de Dieu, s’avançant sur la voie étroite de la croix, étende partout le règne du Christ Seigneur qui embrasse les siècles de son regard (Cf. Si 36,19), et qu’il prépare les voies à son avènement ».

Notes :

(1) : « Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium : AAS 48 (1965), page 53 ».
(2) : « Saint Augustin, Enarr. in Ps. 44, 23 : PL 36, 508 ; CChr 38, 510 ».

5.1.2.6 « Avant la venue du Seigneur il faut que la bonne nouvelle soit proclamée à toutes les nations » (AG 9)

§ 9 : Caractère eschatologique de l’activité missionnaire

« Aussi le temps de l’activité missionnaire se situe-t-il entre le premier avènement du Seigneur et le second, lors duquel, des quatre vents, telle une moisson, l’Église sera rassemblée dans le Royaume de Dieu(1). Car avant la venue du Seigneur, il faut que l’Évangile soit proclamé parmi toutes les nations (Cf. Mc 13,10). L’activité missionnaire n’est rien d’autre et rien de moins que la manifestation du dessein de Dieu, son épiphanie et sa réalisation dans le monde et son histoire, dans laquelle Dieu conduit clairement à son terme, par la mission, l’histoire du salut. Par la parole de la prédication et par la célébration des sacrements, dont la sainte Eucharistie est le centre et le sommet, elle rend présent le Christ, auteur du salut. Tout ce qui se trouvait déjà de vérité et de grâce chez les nations comme par une secrète présence de Dieu, elle le libère des influences mauvaises et le rend au Christ son auteur, qui détruit l’empire du diable et arrête la malice infiniment diverse du crime. Aussi tout ce qu’on découvre de bon semé dans le cœur et l’esprit des hommes ou dans les rites particuliers et les cultures particulières des peuples, non seulement ne périt pas, mais est purifié, élevé et porté à son achèvement pour la gloire de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme (2). Ainsi l’activité missionnaire tend à la plénitude eschatologique (3) : c’est par elle en effet que jusqu’à la mesure et à l’époque que le Père a fixées dans sa puissance (Cf. Ac 1,7), se développe le Peuple de Dieu, auquel s’adresse la parole prophétique : "Élargis l’espace de la tente, déploie les tentures sans contrainte" (Is 54, 2) (4) ; c’est par elle que s’accroît le Corps mystique jusqu’à la mesure de l’âge de la plénitude du Christ (Cf. Ep 4, 13), et que le temple spirituel où Dieu est adoré en esprit et en vérité (Cf. Jn 4, 23), grandit et s’édifie sur le fondement des Apôtres et des prophètes, le Christ Jésus étant lui-même la pierre d’angle (Ep 2,20) ».

Notes :

(1) : « Cf. Mt 24,31. - Didachè, 10,5 : Funk 1,32 ».
(2) : « Conc. Vat. II, Lumen gentium, 17 : AAS (1965), p. 20-21. – Saint Augustin, La Cité de Dieu, 19,17 : PL 41,646. – Instr. de la Sainte Congr. de la Propagation de la foi (Collectanea I, n. 135, page 42) ».
(3) : « Selon Origène, l’Évangile doit être prêché avant la consommation de ce monde : Hom. sur Saint Luc, XXI (GCS Orig. 9,136,21 s. – Comm. sur saint Matth., 39 (ibid., XI, 75, 25 s. ; 76,4 s. – Hom. sur Jérémie, 3,2 (ibid., 8,308, 29 s.). – Saint Thomas, Somme théologique, I-II, q. 106, a. 4 ad 4 ».
(4) : « Saint Hilaire de Poitiers, Sur le psaume 14 : PL 9, 301 ; Eusèbe de Césarée, Sur Isaïe, 54, 2-3 : PG 24, 462-463 ; Saint Cyrille d’Alexandrie, Sur Isaïe, V, chapitre 54,1-3 : PG 70, 1193 ».

5.1.2.7 « L’unité visible et vraiment universelle entre les disciples du Chist » (UR 1)

§ 1 : Introduction

« Promouvoir la restauration de l'unité entre tous les Chrétiens, c'est l'un des buts principaux du saint Concile œcuménique de Vatican II. Une seule et unique Église a été instituée par le Christ Seigneur. Et pourtant plusieurs Communions chrétiennes se présentent aux hommes comme les véritables héritières de Jésus-Christ. Tous, certes, confessent qu'ils sont les disciples du Seigneur ; mais ils ont des attitudes différentes. Ils suivent des chemins divers, comme si le Christ lui-même était partagé(1). Il est certain qu'une telle division s'oppose ouvertement à la volonté du Christ. Elle est pour le monde un objet de scandale et elle fait obstacle à la plus sainte des causes : la prédication de l'Évangile à toute créature. Or, le Maître des siècles qui poursuit son dessein de grâce avec sagesse et patience à l'égard des pécheurs que nous sommes, a commencé en ces derniers temps de répandre plus abondamment dans les Chrétiens divisés entre eux l'esprit de repentir et le désir de l'union. Très nombreux sont partout les hommes qui ont été touchés par cette grâce et, sous l'action de l'Esprit-Saint, est né un mouvement, qui s'amplifie également de jour en jour chez nos frères séparés, en vue de rétablir l'unité de tous les Chrétiens. A ce mouvement vers l'unité, qu'on appelle le Mouvement œcuménique, prennent part ceux qui invoquent le Dieu Trinité et confessent Jésus pour Seigneur et Sauveur. Et il ne s'agit pas seulement de Chrétiens pris un à un, il s'agit encore de Chrétiens réunis en communautés dans lesquelles ils ont entendu l'Évangile et qu'ils appellent leur Église et l'Église de Dieu. Presque tous cependant bien que de façon diverse, aspirent à une Église de Dieu, une visible, vraiment universelle, envoyée au monde entier pour qu'il se convertisse à l'Évangile et qu'il soit ainsi sauvé pour la gloire Dieu. Voilà pourquoi le Concile, considérant avec joie tous ces faits, après avoir déclaré la doctrine relative à l'Église, pénétré du désir de rétablir l'unité entre les disciples du Christ, veut proposer à tous les catholiques les secours, les orientations et les moyens qui leur permettront à eux-mêmes de répondre à cet appel divin et à cette grâce ».

Note :

(1) : « Cf. 1 Co 1,13 ».