Sa Sainteté Pie XII Pâques 1957 : Viens, Seigneur, Jésus ! Il y a tant de signes que ton Retour n’est pas loin !
5.1.3 Le Magistère des derniers Papes
5.1.3.1 Introduction
Voici en introduction de cette section, l’intégralité d’un article écrit par A. de Lanhou (sources : http://trinite.1.free.fr), qui récapitule de façon excellente les grands axes historiques et doctrinaux de l’enseignement donné par nos derniers souverains pontifes quant à l’établissement du Règne du Christ-Roi :
« Tous les Papes de l’époque récente ont tenu à nous rappeler la promesse du retour du Christ, celle de son vrai royaume visible, royaume social reflet de son règne spirituel dans les âmes.
Le Pape Grégoire XVI, dans l’encyclique "Mirari vos" condamnait le libéralisme de La Mennais, qui face aux attaques de la révolution antichrétienne, se bornait à revendiquer la royauté du Christ au seul nom de la liberté humaine, mettant comme entre parenthèses les droits imprescriptibles de Dieu.
Pie IX, avec "Quanta Cura" et le "Syllabus", réaffirmait la nécessité, pour l’humanité, d’une société résolument chrétienne, et après lui Léon XIII, dans ses encycliques "Diuturnum illud"et "Immortale Dei" en développera les fondements théologiques. Pie X, tout nourri de la doctrine du cardinal Pie dont il emprunta la devise : "Tout instaurer dans le Christ", orientait son action et son enseignement dans l’affirmation de la royauté du Christ. Après lui, Benoît XV canonisa Jeanne d’Arc, prophétesse du Christ-Roi. Enfin le Pape Pie XI résuma dans "Quas Primas" l’enseignement de ses prédécesseurs, qu’il acheva par l’instauration solennelle de la fête du Christ-Roi.
Ne nous méprenons pas sur la signification de cette fête. À la question de Pilate : "Tu es donc roi ? " Jésus répondra "Tu le dis : Je suis Roi", et l’apôtre Paul expliquera aux Philippiens : "C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et Lui a donné un Nom qui est au dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et dans les enfers…".
Léon XIII, le 8 février 1884, affirmant cette royauté, pouvait dire avec force que l’on ne saurait réduire ou ignorer les droits imprescriptibles de Dieu :
"Toute société humaine qui prétend exclure Dieu de sa constitution et de son gouvernement… refuse le secours des bienfaits divins et mérite vraiment que l’appui du Ciel lui soit refusé. Malgré l’apparence de sa force et de ses richesses, elle porte en elle un principe secret de mort et ne peut avoir l’espoir de durer... Au contraire, il est facile d’éloigner ces causes de ruine en observant les principes de la religion catholique dans la constitution et dans le gouvernement, soit de la famille, soit de l’État ; car ils sont admirablement propres au maintien de l’ordre public et à la conservation des Sociétés". - (Que ne pourrait-on pas dire de l’Union Européenne !)
Léon XIII insistera plus tard : "Les hommes unis par les liens d’une société commune, ne dépendent pas moins de Dieu que pris isolément. Les chefs d’État doivent donc tenir pour saint le nom de Dieu et mettre au nombre de leurs principaux devoirs celui de favoriser la religion, de la protéger de leur bienveillance, de a couvrir de l’autorité tutélaire des lois… La loi du Christ, dans la société et les relations humaines, doit donc être en telle faveur qu’elle soit la règle et la maîtresse non seulement de la vie privée, mais de la vie publique…Ce qui est vrai des individus l'est presque autant pour les nations : elles aussi courent forcément à leur perte en s’écartant de la voie…".
Comme en écho, après lui, le Pape Pie X s’exclama avec force : "Dieu n’est pas seulement le Seigneur et Maître des hommes considérés individuellement, mais Il l’est aussi des nations et des États : il faut donc que ces nations et ceux qui les gouvernent Le reconnaissent, Le respectent et Le vénèrent publiquement… La force des sociétés est dans la reconnaissance pleine et entière de la royauté sociale de Notre-Seigneur et dans l'acceptation sans réserve de la suprématie doctrinale de son Église".
Enfin, Pie XI, annonçant la fête du Christ-Roi, affirmait : "Le jour où les États et gouvernements se feront un devoir de se régler, dans leur vie politique, au dedans et au dehors, sur les enseignements et les préceptes de Jésus-Christ, alors, mais alors seulement, ils jouiront à l’intérieur d’une paix profitable, entretiendront des rapports de mutuelle confiance et résoudront pacifiquement les conflits qui pourraient surgir.... Jamais ne pourra luire une espérance fondée de paix durable entre les peuples tant que les individus et les nations refuseront de reconnaître et de proclamer la souveraineté de Notre Sauveur. Aussi, pour ramener et consolider la paix, nous ne voyons pas de moyens plus efficaces que de restaurer la Souveraineté de Notre-Seigneur…
Comme Verbe de Dieu, consubstantiel au Père, le Christ ne peut qu’avoir tout en commun avec le Père, et, par suite, la souveraineté suprême et absolue sur toutes les créatures...Il revendique le titre de Roi, il proclame publiquement qu’il est Roi, il déclare solennellement que "toute puissance" lui a été donnée, sur la terre comme au Ciel. Qu’entend-il par là, sinon affirmer l’étendue de sa puissance et l’immensité de son Royaume ? Dès lors, faut-il s’étonner qu’il soit appelé par Saint Jean"le prince des Rois de la terre" ?
D’autre part, ce serait une erreur grossière de refuser au Christ-Homme la souveraineté sur les choses temporelles, quelles qu’elles soient. Et, à cet égard, il n’y a lieu de faire aucune différence entre les individus, les familles et les États ; car les hommes, ne sont pas moins soumis à l’autorité du Christ dans leur vie collective que dans leur vie privée. Les chefs d’État ne sauraient donc refuser de rendre, en leur nom personnel et avec tout leur peuple, des hommages publics de respect et de soumission à la souveraineté du Christ.... Les gouvernants et les magistrats ont l’obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d’obéir à ses Lois. Les chefs de la société civile se rappelleront, de leur côté, le jugement final, où le Christ accusera ceux qui l’ont expulsé de la vie publique…ou ignoré…".
Le Père Avril résumait ainsi la doctrine des Papes : "Fondamentalement, explique-t-il, un État doit être chrétien : c’est le Christ qui lui délègue son triple pouvoir législatif, exécutif et judiciaire, pour lui permettre de procurer le bien commun à tous ses sujets. Le bien commun, c’est l’ensemble des conditions qui permettent à chacun d’assurer le plein exercice de ses droits dans le but d’accomplir sa destinée surnaturelle à laquelle reste subordonnée, comme moyen, la réalisation de sa destinée humaine,.. L’État chrétien doit adorer Dieu, l’honorer officiellement au nom de la société tout entière. Il doit établir les principes chrétiens dans la Constitution, dans la législation et les mœurs de façon à constituer le patrimoine substantiel de la nation. Il dit permettre au familles comme aux personnes de s’épanouir dans la foi, de pratiquer la morale et de célébrer le culte catholique, les familles formant alors les assises robustes de la cité catholique, rayonnant leur foi et attirant les âmes".
Tous ces textes de grande densité doctrinale ne permettaient aucune hésitation sur l’obligation, pour tous pouvoirs humains, des se situer en dépendance du projet divin sur l'humanité. Mais, dans le même temps, les papes étaient pleinement conscients que leur revendication du règne du Seigneur Jésus sur la société humaine était contraire au mouvement apparemment irréversible de l’humanité et en décalage complet avec le réel. Ces encycliques sociales affirmant la possibilité, ici-bas, d’une société chrétienne véritable, mettent en évidence la marche fatale de l’humanité vers l’athéisme social…
Faudra-t-il un choc brutal pour que s’inverse cet égarement, alors qu’inlassablement nous implorons : "Notre Père qui êtes aux Cieux… que votre règne arrive sur la terre comme au Ciel…" Il est impensable que ne soit pas exaucée un jour cette prière adressée d’innombrables fois à Dieu, à sa demande même. Pour l’instant tout se passe comme si ce n’était qu’un beau rêve sa concrétisation possible, sauf en quelques exceptions partielles et fugitives.
L’histoire nous montre bien que la direction prise par l’humanité récuse ce règne du Christ. Aussi sommes tentés de nous résigner, d’ignorer cette dimension sociale et temporelle du règne du Christ, et de réduire ce règne à l’intériorité personnelle des croyants. Ne nous méprenons pas, réduire ainsi le règne du Christ à celui vivifiant de la grâce divine dans les âmes n’est que vision incomplète qui devra bien être rectifiée un jour…
Notre conviction d’un règne du Christ survenant au cours de l’histoire humaine, doit donc demeurer intacte et éclairer notre attente de temps nouveaux commençant par un grand combat pour ou contre Dieu. Ce sera le moment de la grande épreuve, de la manifestation de l’Antéchrist, puis de l’écrasement de ce serviteur de Satan, et enfin de l’instauration du règne du Christ sur le monde. Alors nous verrons ce temps de paix et de grand épanouissement spirituel, alors disparaîtront les sectes et les fausses religions et le Royaume du Seigneur s’instaurera par l’évangélisation totale des peuples dont les gouvernements s’engageront au respect des lois divines, abolirons toutes les lois antireligieuses ou immoralement permissives… ».
5.1.3.2 Pie IX
De l’ouvrage « Le temps qui vient » :
- extrait de la déclaration du 12 avril 1871, pages 12 et 13 :
« Le triomphe final et véritable ne peut plus tarder. La condamnation et la réprobation de l’état actuel des choses, aux lèvres de tous les bons et même des moins bons, annonce déjà sa proximité ».
5.1.3.3 Léon XIII
De l’ouvrage « Le temps qui vient » :
- extrait de la page 13 :
« Dans une lettre apostolique, à l’occasion de ses noces d’argent papales (1902), déjà à la fin de sa longue vie, [le Saint Père exprimait] son "invincible espérance" que le triomphe, si souhaité, de la vérité dans le monde, se réalise "dans un avenir non éloigné" ».
Compléments à venir
5.1.3.4 Pie X
- extrait de la lettre encyclique « Ad Diem illum Laetissimum » du 2 février 1904 :
« […] Ces espérances, à la vérité, il en est peu qui ne se lamentent de ne les avoir point vues jusqu'ici se réaliser, et qui n'empruntent à Jérémie cette parole : "Nous avons attendu la paix, et ce bien n'est pas venu : le temps de la guérison, et voici la terreur" (Jr 8,15). Mais ne faut-il pas taxer de peu de foi des hommes qui négligent ainsi de pénétrer ou de considérer sous leur vrai jour, les œuvres de Dieu ? Qui pourrait compter, en effet, qui pourrait supputer les trésors secrets de grâces que, durant tout ce temps, Dieu a versés dans son Eglise à la prière de la Vierge ? Et, laissant même cela, que dire de ce Concile du Vatican, si admirable d'opportunité ? Et de la définition de l'infaillibilité pontificale, formule si bien à point à l'encontre des erreurs qui allaient sitôt surgir ? Et de cet élan de piété, enfin, chose nouvelle et véritablement inouïe, qui fait affluer, depuis longtemps déjà, aux pieds du Vicaire de Jésus-Christ, pour le vénérer face à face, les fidèles de toute langue et de tout climat ? Et n'est-ce pas un admirable effet de la divine Providence que Nos deux prédécesseurs, Pie IX et Léon XIII, aient pu, en des temps si troublés, gouverner saintement l'Eglise, dans des conditions de durée qui n'avaient été accordées à aucun autre pontificat ? A quoi il faut ajouter que Pie IX n'avait pas plus tôt déclaré de croyance catholique la conception sans tache de Marie que, dans la ville de Lourdes, s'inauguraient de merveilleuses manifestations de la Vierge, et ce fut, on le sait, l'origine de ces temples élevés en l'honneur de l'Immaculée Mère de Dieu, ouvrage de haute magnificence et d'immense travail, où des prodiges quotidiens, dus à son intercession, fournissent de splendides arguments pour confondre l'incrédulité moderne. Tant et de si insignes bienfaits accordés par Dieu sur les pieuses sollicitations de Marie, durant les cinquante années qui vont finir, ne doivent-ils pas nous faire espérer le salut pour un temps plus prochain que nous ne l'avions cru ? Aussi bien est-ce comme une loi de la Providence divine, l'expérience nous l'apprend, que des dernières extrémités du mal à la délivrance il n'y a jamais bien loin. "Son temps est près de venir, et ses jours ne sont pas loin. Car le Seigneur prendra Jacob en pitié, et en Israël encore il aura son élu" (Is. 14,1). C'est donc avec une entière confiance que nous pouvons attendre nous-mêmes de nous écrier sous peu : "Le Seigneur a brisé la verge des impies. La terre est dans la paix et le silence ; elle s'est réjouie et elle a exulté" (Is 14,5.7) ».
5.1.3.5 Benoît XV
Voici un extrait extrêmement significatif de la lettre encyclique « Ad Beatissimi Apostolorum Principis » donnée le 1 er novembre 1914 (par le Saint Père Benoît XV, à moins de deux mois du début de son pontificat, confirmant que l’ensemble de l’humanité était entrée dans la phase eschatolique décrite dans la Saint Ecriture par le commencement « des douleurs de l’enfantement » (Mt 24,8), prélude de la seconde venue du Seigneur :
« Dès que Nous eûmes, du sommet de la dignité Apostolique, embrassé d'un regard le cours des choses humaines, Nous fûmes saisis d'une vive douleur, en contemplant les déplorables conditions de la société civile. Comment, en effet, étant devenu le Père commun de tous les hommes, n'aurions-Nous pas eu le cœur violemment déchiré au spectacle que présente l'Europe et même le monde entier, spectacle assurément le plus affreux et le plus désolant qui se soit jamais vu de mémoire d'homme ? Ils semblent vraiment être arrivés ces jours dont Jésus-Christ a dit: Audituri estis praelia et opiniones praeliorum ... Consurget enim gens in gentem et regnum in regnum, (1). De tous côtés domine la triste image de la guerre, et il n'y a pour ainsi dire pas d'autre pensée, qui occupe les esprits. Des nations - les plus puissantes et les plus considérables - sont aux prises : faut-il s'étonner si, munis d'engins épouvantables, dus aux derniers progrès de l'art militaire, elles visent pour ainsi dire à s'entre-détruire avec des raffinements de barbarie ? Plus de limites aux ruines et au carnage : chaque jour la terre, inondée par de nouveaux ruisseaux de sang, se couvre de morts et de blessés.
A voir ces peuples armés les uns contre les autres, se douterait-on qu'ils descendent d'un même Père, qu'ils ont la même nature et font partie de la même société humaine ? Les reconnaîtrait-on pour les fils d'un même Père qui est aux Cieux ? Et tandis que des armées immenses se battent avec acharnement, la souffrance et la douleur, tristes compagnes de la guerre, s'abattent sur les Etats, sur les familles et sur les individus : chaque jour voit s'augmenter outre mesure le nombre des veuves et des orphelins; le commerce languit, faute de communications; les champs sont abandonnés, l'industrie est réduite au silence ; les riches sont dans la gêne, les pauvres dans la misère, tous dans le deuil ».
Le texte biblique cité par le Saint Père Benoît XV, est sans ambiguité sur le caractère eschatologique qu’il entend souligner, puisqu’il renvoi au chapitre 24 de l’évangile de Matthieu, que nous avons identifié comme lié à la seconde venue du Seigneur (Cf. § 3.2 Identification des textes bibliques). C’est la période du commencement des douleurs de l’enfantement qui est partculièrement visée par la référence au texte biblique de référence (Cf. note ci-dessous).
Note :
(1) : « Mt 24,6-7 » :
« 6 Vous aurez aussi à entendre parler de guerres et de rumeurs de guerres; voyez, ne vous alarmez pas: car il faut que cela arrive, mais ce n'est pas encore la fin. 7 On se dressera, en effet, nation contre nation et royaume contre royaume. Il y aura par endroits des famines et des tremblements de terre ».
De l’ouvrage « Le temps qui vient », page 13 :
- extrait de l’allocution prononcée lors de l’approbation des miracles pour la canonisation de la Bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque :
« Comme de l’aube se déduit la proximité du jour, nous saluons dans la pratique de la consécration des familles au Sacré-Cœur, l’aube de ce midi très désiré où la souveraineté de Jésus Christ sera reconnue de tous ».
5.1.3.6 Pie XI
- extrait de la lettre encyclique « Miserentissimus Redemptor » (sur l’acte de réparation au Sacré-Cœur de Jésus) donnée le 8 mai 1928 (traduit par mes soins de l’italien) :
« […] Comme nous le disions dans Notre Encyclique "Quas primas", Nous-mêmes, par l’extrême bonté de Dieu, portâmes à son plein accomplissement, quand selon les très nombreux désirs et vœux des Evêques et des fidèles, au terme de l’Année jubilaire nous institutâmes la fête du Christ Roi universel, à se célébrer solennellement dans le monde entier chrétien. Se faisant, non seulement nous mîmes en lumière l’immense empire que le Christ détient sur toutes choses, sur la société civile et domestique, sur les individus singulièrement, mais depuis lors nous goûtâmes ensemble par anticipation à la joie de ce jour si désiré où le monde entier se soumettra volontairement et joyeusement à la délicieuse domination du Christ-Roi »
- extrait de la lettre encyclique « Caritate Christi Compulsi » (sur le Cœur de Jésus) donnée le 3 mai 1932 (traduit par mes soins de l’italien) :
« Nous savons, Vénérables Frères, qu’en cette lutte pour la défense de la religion nous devons également utiliser tous les moyens humains légitimes qui sont à notre disposition. Pour cela, Nous, suivant les traces lumineuses de Notre Prédeceseur Léon XIII de sainte mémoire, avec Notre encyclique « Quadragesimo anno » nous avons soutenu avec tant d’énergie une plus équitable répartition des biens de la terre et avons indiqué les moyens les plus efficaces qui devraient redonner la santé et la force au corps social malade et rendre la tranquilité et la paix à ses membres souffrants. En effet, l’irresistible aspiration a rejoindre une possible félicité, également sur la terre, a été mise au cœur de l’homme par le Créateur de toutes choses, et le christianisme a toujours reconnu et promu avec engagement les justes efforts de la vrai culture et du sain progrès pour le perfectionnement et le développement de l’humanité. Mais face à cette haine satanique contre la religion, qui rappelle le « mistère d’iniquité » dont parle Saint Paul (2 Th 2,7), les seuls moyens humains et l’apport des hommes ne suffisent pas, et Nous croirons, Vénérables Frères, manquer à Notre apostolique ministère si nous ne voulions pas montrer du doigt à l'humanité ces merveilleux mystères de lumière, qui seuls cachent en soi la force de soumettre les puissances des ténébres déchaînées. Lorsque le Seigneur, descendant des splendeurs du Tabor, guérit le jeune garçon malmené par le démon, que les disciples n'avaient pas pu guerir, à leur humble question : « Pour quel motif n'avons-nous pas pu le chasser ? », il répondit par ces paroles mémorables : "Ce genre ne se chasse pas sinon par l'oraison et le jeûne" (Mt 17,18-20). Il Nous semble, Vénérables Frères, que ces divines paroles doivent justement s’appliquer aux maux de nos temps, qui seulement "par le moyen de la prière et de la pénitence" peuvent être conjurés ».
Il est très nécessaire de noter que la référence au passage de 2 Th 2,7 est tout à fait révélatrice de la gravité de nos temps actuels, signes précurseurs dans le texte biblique de la venue du Seigneur.
A l’instar de son prédécesseur, le Pape Pie XI confirme à nouveau que l’humanité est bien entrée dans la période du commencement « des douleurs de l’enfantement » dans la lettre encyclique « Divini Redemptoris » donnée le 19 mars 1937 :
§ 1 : « La promesse d'un Rédempteur illumine la première page de l'histoire humaine ; aussi, la ferme espérance de jours meilleurs adoucit le regret du paradis perdu et soutint le genre humain cheminant au milieu des tribulations ; mais, quand fut venue la plénitude des temps, le Sauveur du monde, par son apparition sur terre, combla l'attente et inaugura, dans tout l'univers, une nouvelle civilisation, la civilisation chrétienne, autrement plus parfaite que tous les progrès réalisés jusque-là, au prix de tant d'efforts, chez certains peuples privilégiés ».
§ 2 : « Mais, la lutte entre le bien et le mal, triste héritage de la faute originelle, continua à sévir dans le monde; l'ancien tentateur n'a jamais cessé, par ses promesses fallacieuses, de tromper le genre humain. C'est pourquoi, au cours des siècles, on a vu les bouleversements se succéder jusqu'à la révolution actuelle, qui est déjà déchaînée ou qui devient sérieusement menaçante presque partout, peut-on dire, et dépasse, par l'ampleur et la violence, ce qu'on a éprouvé dans les persécutions antérieures contre l'Église. Des peuples entiers sont exposés à retomber dans une barbarie plus affreuse que celle où se trouvait encore la plus grande partie du monde à la venue du Rédempteur » […].
Lutte contre tout ce qui est divin.
§ 22 : « C'est, hélas ! Le spectacle qui s'offre à nous : pour la première fois dans l'histoire nous assistons à une lutte froidement voulue et savamment préparée de l'homme contre " tout ce qui est divin "(1). Le communisme est par sa nature antireligieux et considère la religion comme " l'opium du peuple ", parce que les principes religieux qui parlent de la vie d'outre-tombe empêchent le prolétaire de poursuivre la réalisation du paradis soviétique, qui est de cette terre ».
Note :
(1) : « 2 Th 2,4 » : « 4 l'Adversaire, celui qui s'élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu'à s'asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu ».
La référence à 2 Th 2,4 de la note (1) fait intégralement partie du texte de la lettre encyclique. La lutte contre tout ce qui est divin, fait référence à l’esprit de l’antichrist, comme nous l’avons déjà abordé en profondeur au § 3.4.8 sur l’Antichrist. Le verset 4 désigne également, toute idéologie visant à nier la divinité du Christ, en particulier le communisme athée qui a pour fondement la négation de Dieu.
Ce texte nous laisse clairement percevoir combien le 20 ième siècle est marqué par cette ère antichristique dans laquelle l’ensemble de l’humanité est entrée.
Enfin, plus loin dans le texte, la perspective de l’avènement du Seigneur est clairement énoncée :
§ 45 : « Quant aux pauvres, tout en cherchant selon les lois de charité et de justice à se pourvoir du nécessaire et même à améliorer leur sort, ils doivent toujours rester, eux aussi, "des pauvres en esprit" (2), plaçant dans leur estime les biens spirituels au-dessus des biens et des jouissances terrestres, qu'ils se souviennent qu'on ne réussira jamais à faire disparaître de ce monde les misères, les douleurs et les tribulations, qu'à cette loi personne n'échappe. Il faut donc à tous la patience, cette patience chrétienne qui réconforte le coeur par les promesses divines d'un bonheur éternel. "Prenez donc patience, mes frères. - dirons-Nous encore avec saint Jacques, - jusqu'à l'avènement du Seigneur. Voyez, le laboureur, dans l'espérance du précieux fruit de la terre, attend patiemment jusqu'à ce qu'il reçoive la pluie de l'automne et celle du printemps. Vous aussi, soyez patients, et affermissez vos coeurs, car l'avènement du Seigneur est proche"(3). C'est ainsi que s'accomplira la consolante promesse de Notre-Seigneur: " Bienheureux les pauvres ! " Ce n'est pas une vaine consolation ni une promesse trompeuse comme celles des communistes, mais ce sont des paroles de vie et de vérité profonde, qui se réalisent pleinement ici-bas et ensuite dans l'éternité. Dans ces paroles et dans l'espérance du royaume céleste qui déjà leur appartient, "car le royaume de Dieu est à vous" (4), a proclamé Notre-Seigneur, combien de pauvres trouvent un bonheur que des riches cherchent en vain dans leur fortune, toujours inquiets et tourmentés par le désir insatiable de posséder davantage ».
Notes :
(2) : « Mt 5,3 ».
(3) : « Jc 5,7-8 ».
(4) : « Lc 6,20 ».
Afin de conforter la justesse de notre approche, relevons de passage de la fin de la lettre encyclique qui est sans équivoque :
§ 81 : « Et pour hâter cette paix tant désirée de tous, la " Paix du Christ dans le règne du Christ " (5), Nous mettons la grande action de l'Eglise catholique contre le communisme athée mondial sous l'égide du puissant protecteur de l'Eglise, Saint Joseph. Il appartient, lui, à la classe ouvrière; il a fait la rude expérience de la pauvreté, pour lui et pour la Sainte Famille, dont il était le chef vigilant et aimant; il reçut en garde l'Enfant divin quand Hérode lança contre Lui ses sicaires. Par une vie de fidélité absolue dans l'accomplissement du devoir quotidien, il a laissé un exemple à tous ceux qui doivent gagner leur pain par le travail manuel, et a mérité d'être appelé le Juste, modèle vivant de cette justice chrétienne qui doit régner dans la vie sociale ».
§ 82 : « Les yeux tournés vers les hauteurs, notre foi aperçoit les cieux nouveaux et la terre nouvelle dont parle Notre premier prédécesseur, Saint Pierre(6). Et tandis que les promesses des faux prophètes s'éteignent, sur cette terre, dans le sang et dans les larmes, resplendit d'une céleste beauté la grande prophétie apocalyptique du Sauveur du monde: "Voici que je fais toutes choses nouvelles" (7) ».
Notes :
(5) : « Lettre Encyclique Ubi arcano, 23 décembre 1922 (A. A. S., vol. 14,1922, page 691) ».
(6) : « 2 P 3,13 ; Cf. Is. 65,17.66,22. ; Ap 21,1 ».
(7) : « Ap 21,5 ».
5.1.3.7 Pie XII
De l’« Osservatore Romano » n° 74 du 29 et 30 mars 1948, page 1, colonne 1.
- extrait de l’Allocution pontificale du saint jour de Pâques prononcée le 28 mars 1948 :
« En cette année d’anxiété et de périls, en cette veille d’évènements mondiaux peut-être définitifs ou irréparables, se pose sur cette multitude croyante, pareil à une ombre pesante, un sentiment d’attente, qui émeut tous les esprits et tous les cœurs. Qui n’est pas aveugle le voit ; qui n’est pas spirituellement engourdi le sent…Rome, disons-nous, se trouve à un tournant des temps qui exige du chef et de ses membres de la chrétienté une souveraine vigilance et infatigable action. Veillez et priez. Ainsi le Seigneur avertissait-il les disciples à la veille de sa Passion. Veillez et priez, c’est le cri que nous vous lançons au nom du Rédempteur ressuscité, à vous et à vos concitoyens, à tous les fidèles du monde. La grande heure de la conscience chrétienne a sonné ».
De l’ouvrage « Le temps qui vient », page 14 :
« [Le Saint Père], donne à Rm 13,11 un sens eschatologique actuel : "Il est temps de répéter avec l’apôtre : Voici venue l’heure de nous réveiller de notre sommeil, parce que notre salut est proche" (allocution à la radio, le 10 février 1952). Lors d’un autre message radiodiffusé à la jeunesse féminine de l’Action Catholique (3 décembre 1954), il parle du jour où Jésus-Christ doit régner sur le monde : "Nous avons la ferme confiance qu’en un délai peut-être inférieur à ce qui serait humainement possible", "non sans une aide toute spéciale de Dieu", grâce à "une nouvelle et mystérieuse effusion de l’Esprit Saint". Aux enseignants (4 novembre 1955) : "Nous avons le ferme confiance que Dieu prépare à son Eglise un nouveau printemps". Aux jeunes, quelques mois avant sa mort (19 mars 1958) : "L’été est proche…Il viendra et il viendra riche de moissons abondantes…Nous sommes à un printemps de l’histoire…qui précède l’un des étés les plus fructueix et lumineux ».
A la page 11 de l’ouvrage de Mgr Aldo Grégori intitulé « La venue intermédiare de Jésus » nous est donné le fantastique message radiophonique de Pâques 1957, généralement aujourd’hui totalement oublié voire méconnu, où le Pape Pie XII s’exprimait déjà en des termes d’une clarté absolue sur la proximité de la venue de Notre Seigneur pour nos temps :
« Viens, Jésus, Notre Seigneur ! L’humanité n’a pas la force d’enlever l’obstacle qu’elle a placé elle-même, en essayant d’empêcher ton Retour. Envoie ton Ange, ô Seigneur, et fais que notre nuit devienne lumineuse comme le jour. Combien d’âmes se consument de désir pour le jour où Tu vivras et règneras seul dans les cœurs ! Viens, Seigneur, Jésus ! Il y a tant de signes que ton Retour n’est pas loin ! O Marie, toi qui L’as vu ressuscité, toi qui avec la première apparition de Jésus as vu se terminer l’inénarrable angoisse de la nuit de la Passion, Marie, à Toi nous offrons les prémices de ce Jour. Vers Toi, Epouse de l’Esprit Saint, se tournent notre cœur et notre espérance ».
Ce message radiophonique de Pâques 1957 m’a de plus été rapporté et confirmé en particulier par une personne que Dieu m’a permis de rencontrer, sans que je lui en tienne mot d’ailleurs, qui se rappellait nettement des paroles qu’avait prononcé le Pape Pie XII.
5.1.3.8 Jean XXIII
En construction
5.1.3.9 Paul VI
- extrait de l’audience générale du 25 août 1965 durant le Concile Vatican II :
« Soyez attentif : notre regard offre la possibilité d’une triple orientation. Non seulement dans l'espace, mais aussi dans le temps. Une direction est tournée vers le passé ; l'Église regarde en arrière, avec l’oeil fixé à son point de départ, qu’est Jésus Christ. Ici la vision est limpide, même si elle embrasse l'histoire des deux Testaments, si pleine de points lumineux toujours mystérieux. Cette vision n'est jamais oubliée : c’est elle qui guide la route de Notre mystique navire, et c’est elle qui fait suspecter à certains que l'Église vit seulement du passé et dans le passé, ne regardant uniquement qu’en arrière. Mais il n'en est pas ainsi, car Notre oeil, même s’il est toujours vigilant, est également mobile et sait s’adaptater à plusieurs perspectives différentes ; c’est l’oeil orienté sur le monde présent, sur la réalité historique présente, sur les vicissitudes présentes au sein dequelles l’Église et monde se rencontrent et se heurtent. Aujourd'hui cet œil est plus que jamais ouvert sur "les signes des temps" ; et dans l'intensité de son regard on percoit aujourd'hui tant d'optimisme, tant de sympathie, tant d’intérêt amoureux ! C’est ce qu’évoquera le 13 ième schéma du Concile œcuménique lors de la prochaine session. Mais notre navigation spirituelle ne se limite pas à cette vision, comme beaucoup le font maintenant. Une autre vision s’offre à notre regard, qui se progète au loin dans le futur, où l’horizon est enveloppé d'un brouillard lumineux, qui ne le laisse pas voir en détail, mais entrevoir en images, en signes, en présages, qui suffisent à confirmer la direction du chemin entrepris et à imprimer à l'Église en marche une singulière énergie, une sûre accélération ; c’est l’espérance finale : la certitude de la future rencontre avec le Christ glorieux ».
- extrait de l’audience générale du 13 mai 1970 dont le thème principal était « L’Eglise en pèlerinage ». Le texte suivant provient du livret « Aimer l’Eglise » (Collection « Ce que dit le Pape »), pages 80 à 82 :
« Eglise en pèlerinage veut dire Eglise qui passe dans le temps. Et son histoire est caractérisée par deux éléments distinctifs. Premier élément : elle porte en elle des valeurs qu’il faut garder : la foi, la grâce, le Christ vivant dans le mystère de son corps mystique qui est l’Eglise ; ce qui veut dire que l’Eglise est vivante et qu’elle a la garantie de Dieu qu’aucune des adversités de l’histoire n’aura raison de son existence (rappelons-nous la prophétie du Seigneur : "Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle", et que ce pèlerinage aventureux, mais invincible, durera jusqu’à "la fin des temps". Deuxième élément : l’assurance que le pèlerinage de l’Eglise à travers les siècles aboutit à la rencontre ultime, glorieuse et éternelle avec Jésus-Christ vivant à la droite du Père, c'est-à-dire en Dieu, Dieu Lui-même, avec l’Esprit Saint, dans l’indicible mystère de la Très Sainte Trinité. L’Eglise a le sentiment que cet aboutissement est proche, presque imminent, et c’est pourquoi dans ce pèlerinage tourmenté elle dit au fond de mon cœur : "Oh ! Oui, viens, Seigneur Jésus !". Cette image de l’Eglise peut nous enseigner beaucoup de choses, des choses dont le sens profond est difficile à saisir, mais qui sont devenues monnaie courante dans le langage habituel. Et d’abord le sens de l’histoire, envisagé non par une simple succession de vicissitudes humaines livrées au hasard aveugle, au jeu inextricable du devenir naturel et cosmique et de la liberté humaine, mais comme un processus évolutif de l’humanité, guidé, ainsi que nous le croyons, par une pensée supérieure qui conduit toute chose vers un salut possible et libre. C’est pourquoi nous chrétiens, nous n’avons pas peur de l’histoire, c'est-à-dire des évènements et des changements qui la constituent, dévorant et engendrant hommes et choses : « Nous n’avons pas ici de demeure permanente, mais nous sommes en quête de celle qui doit venir ». Et c’est pourquoi nous sommes toujours disponibles aux choses nouvelles, au progrès ; quoi qu’il puise advenir, nous ne perdons ni confiance ni courage, nous sommes en chemin. Mais nous cheminons dans le monde, non pas comme des étrangers ou des fugitifs, mais en participant à sa vie difficile et tumultueuse, qu’elle soit joyeuse ou triste. Nous avons, précisément en tant que chrétiens, une mission à remplir, une charité à exercer dans le monde ; nous avons une responsabilité envers lui ».
- extrait de la déclaration commune signée le 10 mai 1973 dans la Tour Saint-Jean (au Vatican), par le Pape Paul VI et Chenouda III, Patriarche d’Alexandrie et du Siège de Saint Marc, (marquée par le retour des reliques de Saint Marc en Égypte) au cours de laquelle le souverain pontife récapitule, au moment de la visite d’adieu, tous les éléments de leur confession de foi commune, déclarant en dernier lieu comme point d’orgue de toutes leurs convergences : « Eux et nous attendons dans l’espérance la seconde venue de notre Seigneur lorsque sa gloire se révélera pour juger les vivants et les morts » en insistant également sur l’achèvement de l’œuvre de Dieu en faveur de l’unité entre catholiques et orthodoxes (et plus largement de tous les chrétiens) :
« Nous rappelons avec sincérité et insistance que la vraie charité, enracinée dans une fidélité totale à l’unique Seigneur Jésus-Christ et dans le respect mutuel des traditions de chacun, est un élément essentiel de cette recherche de la communion parfaite. Au nom de cette charité, nous rejetons toutes les formes de prosélytisme, dans le sens d’agissements par lesquels des personnes cherchent à troubler les communautés des autres en recrutant parmi elles de nouveaux membres par des méthodes ou avec des états d’esprit contraires aux exigences de l’amour chrétien ou à ce qui devrait caractériser les relations entre Églises. Que cesse cette manière de faire là où elle existerait. Catholiques et orthodoxes doivent s’efforcer d’approfondir la charité et de développer les consultations réciproques, la réflexion et la coopération sur le plan social et intellectuel, et doivent s’humilier devant Dieu, en suppliant Celui qui a commencé cette œuvre en nous de la porter à son achèvement ».
- extrait du discours prononcé à l'ouverture de l'année sainte 1975 :
« Je vous annonce la Parole du Christ. Je suis mandaté par le Christ, moi, successeur de Saint Pierre. C'est en son nom que je vous parle...Voilà que s'approche un moment vraiment favorable. C'est peut-être celui qui décidera de notre sort personnel et de notre sort éternel ; un moment de fortune suprême, si nous savons le saisir, de suprême mésaventure si, par hasard, il nous trouvait réfractaires à son écoute...Le royaume de Dieu est proche ! Convertissez-vous, pardonnez-vous les uns les autres, mettez-vous en paix et tâchez de comprendre ceci : l'Année Sainte est l'heure du passage du Seigneur. Les conditions mêmes de notre temps semblent être le prélude à une épiphanie chrétienne de l'Esprit ; celle-ci se manifestera peut-être par l'avènement de faits prodigieux ou encore par des témoignages douloureux dans lesquels le sang et les larmes des saints, c'est à dire des chrétiens vraiments fidèles, seraient une apologie plus éloquente que toute parole humaine ».
5.1.3.10 Jean-Paul II
Voici un extrait de l’homélie prononcée à Lourdes par le Cardinal Dias le 8 décembre 2007 (voir l’intégralité au § 5.1.3.10) reprennant la citation du Cardinal Karol Wojtyla, alors archevêque de Cracovie, qui affirmait clairement le 9 novembre 1976 avec grande lucidité :
« Nous sommes aujourd’hui face au plus grand combat que l’humanité ait jamais vu. Je ne pense pas que la communauté chrétienne l’ait compris totalement. Nous sommes aujourd’hui devant la lutte finale entre l’Eglise et l’Anti-Eglise, entre l’Evangile et l’Anti-Evangile ».
Le dernier jour de sa visite pastorale au Japon, le 26 février 1981, Jean-Paul II s’est rendu à Nagasaki et à la « Cité de l’Immaculée » (Mugenzai No Sono) fondée par le Père Kolbe en 1930.
Nous lisons, page 127 de l’ouvrage « Maximilien Kolbe, Patron de notre siècle difficile », que le Saint-Père y prononça « un discours sur l’héroïque générosité de Maximilien Kolbe, sur le le génie particulier de son apostolat et de sa dévotion envers la Vierge Immaculée » qu’il achèvera par une prière à la Vierge Marie (prononcée dans l’église de l’Immaculée toujours à la « Mugenzai No Sono ») figurant pages 129 et 130 du même ouvrage, dont voici quelques passages :
« Permets que moi, Jean-Paul II, Evêque de Rome et Successeur de Saint Pierre, et en même temps fils de la même nation que le Bienheureux Maximilien Kolbe - permets-moi, ô Immaculée, de te confier l’Eglise de ton Fils, l’Eglise qui depuis plus de quatre cents ans acomplit sa mission au Japon […]. Cette Eglise est véritablement le "petit troupeau" de l’Evangile, juste à l’image des premiers disciples, des premiers confesseurs ; le petit troupeau à qui le Christ dit : "Ne craignez point…car il a plu à votre Père de vous donner son Royaume" (Lc 12,32). O Mère Immaculée de l’Eglise, à travers ton humble intercession auprès de ton Fils, accorde à ce "petit troupeau" de devenir, de jour en jour, un signe plus éloquent du Royaume de Dieu au Japon ! Obtiens que, par sa médiation, ce Royaume resplendisse d’une plus vive lumière dans la vie de ce peuple, et qu’il se diffuse à travers la grâce de la foi et le saint Baptême. Puisse-t-il croître toujours plus vigoureusement à la faveur de la vie chrétienne exemplaire des fils et des filles du Japon. Puisse t-il se développer avec force dans l’attente de l’avènement du Seigneur, à l’heure où l’histoire du monde s’accomplira dans le Dieu Unique. Voilà ce que je Te confie, ô Immaculée incomparable, et cela, je l’implore du Christ à travers l’intercession de tous les Saints et Martyrs japonnais, et du Bienheureux Maximilien Kolbe, l’apôtre qui atant aimé cette nation. Amen ».
Ainsi, au cours de ses diverses interventions, le Saint-Père nous livrait souvent sa conviction d’un prochain retour du Christ, que l’humanité devait se préparer à recevoir comme dans un nouvel « Avent ». Voici les références les plus explicites :
- intervention du 15 aôut 1993 à Denvers (Colorado) lors de la huitième Journée Mondiale de la Jeunesse :
« Nous entrons dans l'Avent de la deuxième Venue du Christ et il faut nous y préparer par la Prière et le Témoignage ».
- extrait du discours donné à Rome le 28 février 1997 lors de l’assemblée plénière du conseil pontifical des communications sociales :
« …Le monde doit être informé de la vrai signification de l’année 2000, anniversaire de la naissance du Christ. Le jubilé ne peut être seulement le souvenir d’un événement du passé, aussi extraordinaire soit-il ; il doit être la célébration d’une Présence vivante et une invitation à regarder vers le second Avènement de notre Sauveur, moment où il instaurera une fois pour toutes son Règne de Justice d’Amour et de Paix ».
- extrait de l’homélie prononcée à Beyrouth, le 11 mai 1997 lors de la visite pastorale au Liban :
« Assurément, vos ancêtres ont appris par la prédication apostolique, en particulier par les missions de saint Paul, l'histoire du salut, les événements qui se sont succédé du dimanche des Rameaux au Vendredi saint et au Dimanche de Pâques. Le Christ a été crucifié, mis au tombeau, mais il est ressuscité le troisième jour. Le Mystère pascal de Jésus Christ constitue le coeur même de l'histoire du salut, comme le montre bien, à la Messe, l'acclamation paulinienne après la consécration : "Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire". Toute l'Eglise attend sa venue, en Orient et en Occident. Les fils et les filles du Liban attendent son nouvel avènement. Nous vivons tous l'Avent des derniers temps de l'histoire et nous cherchons tous à préparer la venue du Christ, à édifier le Règne de Dieu qu'il a annoncé ».
- extrait de l’audience générale du 22 avril 1998 :
§ 1 : « Le chemin vers le Jubilé, tout en rappelant la première venue historique du Christ, nous invite également à regarder en avant, dans l'attente de sa seconde venue à la fin des temps. Cette perspective eschatologique, qui indique le but fondamental de l'existence chrétienne vers les réalités ultimes, est un appel permanent à l'espérance et, dans le même temps, à un engagement dans l'Eglise et dans le monde ».
- extrait de l’homélie prononcée le 24 mai 1998 à Turin :
« Pourquoi restez-vous à regarder le ciel ? Ce Jésus …reviendra un jour (Ac 1,11). La question nous est adressée à nous aussi : nous sommes à présent dans le temps de l’attente, agissante et vigilante, du retour glorieux du Christ. Notre esprit, animé par une vive espérance, se réjouit et appelle : « Viens, Seigneur Jésus » et la réponse rapportée par le livre de l’Apocalypse, remplit de joie notre cœur, comme celui de tout croyant : « Oui, je viens bientôt ! Amen ! (Cf. Ap 22,20) ».
- extrait de la Bulle d'indiction du grand jubilé de l'an 2000 « Incarnationis mysterium » du 29 novembre 1998 :
§ 2 : « L'entrée dans le nouveau millénaire encourage la communauté chrétienne à élargir son regard de foi vers des horizons nouveaux pour l'annonce du Règne de Dieu ».
§ 3 : « Jésus révèle le visage de Dieu le Père « miséricordieux et compatissant » (Jc 5,11), et par l'envoi de l'Esprit Saint il rend manifeste le mystère d'amour de la Trinité. C'est l'Esprit du Christ qui agit dans l'Église et dans l'histoire : il faut rester à son écoute pour reconnaître les signes des temps nouveaux et rendre toujours plus vivante dans le cœur des croyants l'attente du retour glorieux du Seigneur ».
- extrait du message donné au Vatican le 23 mai 1999 en la solennité de la Pentecôte, pour la Journée Mondiale des Missions du 24 octobre 1999 :
§ 9 : « […] La mission de salut est universelle : pour tout homme et pour tout l’homme. C’est la tâche de l’ensemble du Peuple de Dieu, de tous les fidèles. Le caractère missionnaire doit ainsi être la passion de chaque chrétien ; passion pour le salut du monde, et effort ardent pour instaurer le Royaume du Père. Pour que cela advienne, il faut une prière incessante qui alimente le désir d’apporter le Christ à tous les hommes. Il faut l’offrande de sa propre souffrance, en union avec celle du Rédempteur […]. Nous célébrons, le 24 octobre prochain, la dernière Journée Mondiale des Missions d’un millénaire, durant lequel l’oeuvre évangélisatrice de l’Eglise a porté des fruits vraiment extraordinaires. Remercions le Seigneur pour le bien immense réalisé par les missionnaires, et, tournant notre regard vers l’avenir, nous attendons avec confiance l’aube d’un nouveau Jour. Tous ceux qui travaillent aux avant-postes de l’Eglise sont comme les sentinelles sur les murs de la Cité de Dieu, à qui nous demandons : "Veilleur, où en est la nuit ? " (Is 21,11), et qui reçoivent la réponse : "C’est la voix de tes guetteurs : ils élèvent la voix, ensemble ils poussent des cris de joie, car ils ont vu de leurs propres yeux que le Seigneur revient à Sion" (Is 52,8). Leur témoignage généreux dans tous les endroits de la terre annonce : "Alors que nous sommes proches du troisième millénaire de la Rédemption, Dieu est en train de préparer pour le christianisme un grand printemps que l’on voit déjà poindre" (Redemptoris Missio, n·86). Que Marie, "l’Etoile du Matin", nous aide à répéter avec une ardeur toujours nouvelle le « Fiat » au dessein de salut du Père, afin que tous les peuples et toutes les langues puissent voir sa gloire (Cf. Is 66,18) […] ».
- extrait de l’audience générale du 4 octobre 2000 :
§ 5 : « "Faire mémoire" signifie donc "ramener dans le coeur" dans la mémoire et dans l'affection, mais c'est également célébrer une présence. "L'Eucharistie, véritable mémorial du mystère pascal du Christ, peut faire que ce souvenir de son amour vive en nous. C'est pour cela que l'Eglise reste en état de veille; sinon, si l'efficacité divine de ces stimulations, continuelles et très douces, ne la touchait pas, si elle ne ressentait pas la force vive des yeux de son Epoux fixés sur elle, elle serait très facilement oublieuse, tiède, infidèle" (Lettre apostolique Patres Ecclesiae, III: Ench. Vat., 7, 33). Cet appel à la vigilance rend nos liturgies eucharistiques ouvertes à la pleine venue du Seigneur, à l'apparition de la Jérusalem céleste. Dans l'Eucharistie, le chrétien affermit l'espérance de sa rencontre définitive avec son Seigneur ».
- extrait de l’homélie du 19 novembre 2000 à l’occasion du jubilé des militaires et des forces de police :
§ 3 : « Votre expérience quotidienne vous conduit à faire face à des situations difficiles et parfois dramatiques, qui mettent en danger la sécurité de l'homme. Cependant, l'Evangile nous réconforte en présentant la figure victorieuse du Christ juge de l'histoire. Par sa présence, Il illumine l'obscurité et même le désespoir de l'homme, et il offre à celui qui a confiance en Lui la certitude réconfortante de son assistance constante. Dans l'Evangile qui vient d'être proclamé, nous avons entendu une référence significative au figuier, dont les branches, lorsqu'apparaissent les premiers bourgeons, annoncent la période du printemps désormais proche. A travers ces paroles, Jésus encourage les apôtres à ne pas se décourager face aux difficultés et aux incertitudes du présent. Il les exhorte plutôt à savoir attendre et à se préparer à l'accueillir lors-qu'il reviendra. Très chers frères et soeurs, vous aussi vous êtes aujourd'hui invités par la liturgie à savoir "scruter les signes des temps", selon une expression chère à mon vénéré prédécesseur, le Pape Jean XXIII, récemment proclamé bienheureux. Pour autant que les situations soient complexes et problématiques, ne perdez pas confiance. Le germe de l'espérance ne doit jamais mourir dans le coeur de l'homme. Au contraire, soyez toujours attentifs à percevoir et à encourager tout signe positif de renouvellement personnel et social. Soyez prêts à favoriser par tous les moyens l'édification courageuse de la justice et de la paix ».
- extrait de l’homélie du 3 décembre 2000 à l’occasion du jubilé des porteurs de handicap :
« Le temps de l'Avent, qui commence précisément aujourd'hui, nous incite à nous préparer à accueillir le Seigneur qui viendra. Mais comment nous préparer ? La célébration significative que nous sommes en train d'accomplir fait apparaître qu'une façon concrète pour nous préparer à cette rencontre est la proximité et le partage avec celui qui, quel qu'en soit le motif, se trouve en difficulté. En reconnaissant le Christ dans notre frère, nous nous préparons à ce qu'Il nous reconnaisse lors de son retour définitif. C'est ainsi que la communauté chrétienne se prépare à la seconde venue du Seigneur : en plaçant au centre les personnes que Jésus lui-même a privilégiées, des personnes que souvent la société met en marge et ne prend pas en considération ».
- extrait de l’homélie du 17 décembre 2000 pour le Jubilé du monde du spectacle :
§1 : « "Réjouissez-vous [...] Le Seigneur est proche" (Ph 4,4-5). Le troisième dimanche de l'Avent d'aujourd'hui est caractérisé par la joie: la joie de qui attend Celui qui "est proche", le Dieu-avec-nous, préannoncé par les prophètes. C'est la "grande joie de Noël" que nous goûtons déjà aujourd'hui, une joie qui "sera celle de tout le peuple", car le Sauveur est venu et il viendra à nouveau nous rendre visite d'en-haut, comme un soleil qui se lève (Cf. Lc 1,78). C'est la joie des chrétiens, pèlerins dans le monde, qui attendent avec espérance le retour glorieux de Celui qui, pour venir à notre aide, s'est dépouillé de sa gloire divine. C'est la joie de cette Année Sainte, qui commémore les deux millénaires écoulés depuis que le Fils de Dieu, Lumière né de la Lumière, a illuminé par la splendeur de sa présence l'histoire de l'humanité. C'est pourquoi, dans cette perspective, les paroles du prophète Sophonie que nous avons écoutées lors de la première lecture, deviennent particulièrement éloquentes: "Pousse des cris de joie, fille de Sion! Une clameur d'allégresse, Israël! Réjouis-toi, triomphe de tout ton coeur, fille de Jérusalem! Yahvé a levé la sentence qui pesait sur toi; il a détourné ton ennemi" (So 3, 14-15): voilà l'"année de grâce du Seigneur", qui nous rachète du péché et de ses blessures! ».
§ 2 : « Cette annonce prophétique réconfortante retentit avec une forte intensité dans notre assemblée: "Yahvé ton Dieu est au milieu de toi, héros sauveur! Il exultera pour toi de joie, il te renouvellera par son amour" (So 3,17) ».
- extrait du § 3 du message du Saint-Père Jean-Paul II donné de Castel Gandolfo, le 25 juillet 2001 aux jeunes du monde à l'occasion de la 17 ième Journée Mondiale de la Jeunesse 2002 à Toronto au Canada :
« Vous êtes la lumière du monde. Pour beaucoup de ceux qui, dès le début, écoutèrent Jésus, comme pour nous aussi, le symbole de la lumière évoque le désir de la vérité et la soif de parvenir à la plénitude de la connaissance, inscrits au plus profond de tout être humain. Quand la lumière diminue ou disparaît totalement, on ne parvient plus à distinguer la réalité autour de soi. Au plus fort de la nuit, on peut se sentir apeuré et insécurisé, et l’on attend alors avec impatience l’arrivée de la lumière de l’aurore. Chers jeunes, il vous appartient d’être les sentinelles du matin (Cf. Is 21,11-12) qui annoncent l’arrivée du soleil qui est le Christ ressuscité ».
- Lors de l’audience générale du 21 mars 2001 intitulée « Marie, pèlerin de la foi, Etoile du troisième millénaire », le Saint Père nous présente la « Mère du Seigneur » comme « pèlerin d'amour » lorsqu’elle va visiter sa cousine Elisabeth, en référence au passage de Lc 1,39-42. Marie est « signe d'espérance » qui nous guide à « la rencontre avec Dieu Trinité » :
§ 5 : « Depuis que Dieu l'a regardée avec amour, Marie est devenue un signe d'espérance pour la foule des pauvres, les derniers de la terre qui deviennent les premiers dans le Royaume de Dieu. Elle suit fidèlement le choix du Christ, son Fils, qui répète à tous les pauvres de l'histoire : "Venez à moi, vous tous qui peinez et qui ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai" (Mt 11,28). L'Eglise suit Marie et le Seigneur Jésus en marchant sur les voies tortueuses de l'histoire, pour relever, promouvoir et valoriser l'immense procession de femmes et d'hommes pauvres et affamés, humiliés et offensés (Cf. Lc 1,52-53). L'humble Vierge de Nazareth - comme l'observe saint Ambroise - n'est pas "le Dieu du temple, mais le temple de Dieu" (De Spiritu Sancto, III, 11,80). Comme telle, elle guide tous ceux qui ont recours à elle vers la rencontre avec Dieu Trinité : le Père, le Fils et l'Esprit Saint ».
- Tout renouveler dans le Christ : retrospective de tous les papes du 20 ième siècle
Au § 22 de la lettre apostolique « Tertio millenio adveniente » (A l’approche du troisième millénaire) du 10 novembre 1994, Jean-Paul II évoquait particulièrement l’attachement de les papes du 20 ième siècle à tout renouveler dans le Christ, en préparation de Sa venue dans la gloire :
« Au ministère de l'Évêque de Rome reviennent des tâches et des responsabilités propres en vue du grand Jubilé de l'An 2000. Tous les Papes du siècle qui va se conclure ont agi de quelque manière dans cette perspective. Avec le dessein de tout renouveler dans le Christ, Saint Pie X chercha à prévenir les développements tragiques que préparait la situation internationale du début du siècle. L'Église se rendait compte qu'elle devait agir fermement pour favoriser et défendre des biens aussi fondamentaux que la paix et la justice face à des tendances opposées qui s'affirmaient dans le monde contemporain. Les Papes de la période pré-conciliaire se dépensèrent dans ce sens avec une grande détermination, chacun avec ses problèmes particuliers: Benoît XV fut confronté à la tragédie de la première guerre mondiale, Pie XI dut se mesurer avec les menaces des systèmes totalitaires ou non respectueux de la liberté humaine, en Allemagne, en Russie, en Italie, en Espagne et, encore avant, au Mexique. Pie XII intervint contre la grande injustice constituée par le suprême mépris de la dignité humaine qui sévit durant la deuxième guerre mondiale. Il donna des orientations très claires, même pour la naissance d'un nouvel ordre mondial après la chute des systèmes politiques précédents.
En outre, au cours du siècle, à la suite de Léon XIII, les Papes ont repris systématiquement les thèmes de la doctrine sociale catholique, exposant les caractéristiques d'un juste système dans le domaine des rapports entre le travail et le capital. Il suffit de penser à l'encyclique Quadragesimo anno de Pie XI, aux nombreuses interventions de Pie XII, aux encycliques Mater et magistra et Pacem in terris de Jean XXIII, à Populorum progressio et à la lettre apostolique Octogesima adveniens de Paul VI. Je suis revenu moi-même à maintes reprises sur ce sujet: j'ai consacré l'encyclique Laborem exercens d'une manière particulière à l'importance du travail humain, tandis qu'avec Centesimus annus j'ai voulu réaffirmer la valeur de la doctrine de Rerum novarum cent ans plus tard. Dans l'encyclique Sollicitudo rei socialis, j'avais auparavant proposé à nouveau d'une façon systématique toute la doctrine sociale de l'Église dans le contexte de l'opposition entre les deux blocs Est et Ouest et du danger d'une guerre nucléaire. Les deux éléments de la doctrine sociale de l'Église - la sauvegarde de la dignité et des droits de la personne dans le cadre d'un juste rapport entre travail et capital, et la promotion de la paix - se sont retrouvés dans ce texte et ont été associés. C'est aussi la cause de la paix qu'entendent servir les Messages pontificaux annuels du 1er janvier, publiés à partir de 1968, sous le pontificat de Paul VI ».
Ainsi, Jean-Paul II aura été un astre éclatant de lumière pour que l’humanité revienne à son Sauveur et Roi. Est-il désormais possible de douter de cette grande attente que porte l’Église en elle-même pour la transmettre au monde ; Jésus ressuscité est sur le point de se manifester à nouveau ! L’incrédulité d’un grand nombre de chrétiens, à ce sujet, est consternante. Une sorte de voile semble couvrir les yeux, obscurcir les âmes, endurcir les cœurs, montrant combien sont grandes dans le monde les “fumées” de Satan” selon l’expression bien connue du Pape Paul VI. Seule nous dit la Bible, une thérapie de choc, salvatrice et miséricordieuse, sauvera l’humanité en provocant un immense renouveau spirituel permettant au monde de respirer au rythme de l’Esprit-Saint.
5.1.3.11 Benoît XVI
« Priez pour moi, afin que je ne me dérobe pas, par peur, devant les loups »
Ces paroles sont unes des premières prononcées par le Pape Benoît XVI lors de son homélie du 24 avril 2005, précisément pour la messe inaugurale de son pontificat.
On peut tout de suite observer qu’il n’est absolument pas anodin qu’un Souverain Pontife s’exprime de la sorte. Ces paroles sont en effet uniques, aucun de ses prédécesseurs n’a adressé aux fidèles une telle exhortation, alors que l’ensemble des Saintes Ecritures ainsi que le Magistère vivant de la Sainte Eglise n’a de cesse de nous appeler au courage et à la persévérance.
Nous le savons bien, le Pape Benoît XVI se situe dans la droite ligne de son prédecesseur le Pape Jean-Paul II, nous répétant inlassablement « n’ayez pas peur ! » et nous encourageant vivement à être de véritables témoins du Christ, dans la certitude de la victoire définitive du Christ.
Comment pourrait-il, en ce sens, nous exhorter à une ligne de conduite que lui-même ne tiendrait pas ; cela équivaudrait à du plus pur pharisaïsme, condamné fermement par Jésus dans le Saint Evangile en ces termes « A vous aussi, les légistes, malheur, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter et vous-mêmes ne touchez pas à ces fardeaux d'un seul de vos doigts ! ». (Cf. Lc 11,46 et Mt 23,4).
Au premier abord, il pourrait donc sembler qu’il y ait une contradiction entre le message évangélique et les paroles du Pape.
Est-ce possible ? Certes non, comme le dit Saint-Paul dans ses épîtres ! Cela serait alors un contre témoignage direct de l’Evangile. La vérité est donc ailleurs, mais où faut-il la chercher ? Que veut nous dire Benoît XVI successeur de Pierre lorsqu’il parle « de se dérober par peur devant les loups » ?
Et bien ! Celui qui a des oreilles, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Eglises ! (Cf. Ap 2,11.17.29 ; 3,6.13.22).
La réponse à ces questions se trouve toujours dans les Saintes Ecritures, puisque Dieu nous a tout dit par Son Verbe, le Dieu fait Homme, Jésus-Christ (Cf. C.E.C § 65 en référence à Saint Jean de la Croix dans le commentaire du Cardinal Ratzinger au § 2.3.3.1 de l’étude).
Cette fois-ci je vous pose moi-même la question, quel passage de la Sainte Ecriture peut faire écho à ces paroles du Saint Père en ces temps qui sont les nôtres, temps du combat final comme nous le signifiait clairement le Cardinal Karol Wojtyla (futur Pape Jean-Paul II) le 9 novembre 1976 :
« Nous sommes aujourd’hui face au plus grand combat que l’humanité ait jamais vu. Je ne pense pas que la communauté chrétienne l’ait compris totalement. Nous sommes aujourd’hui devant la lutte finale entre l’Eglise et l’Anti-Eglise, entre l’Evangile et l’Anti-Evangile » (Cf. paragraphe précédent et intégralité de l’homélie du Cardinal Dias ci-après).
Au vu de tout ce que nous avons déjà exprimé, depuis le début de notre étude, la réponse est certaine : ces paroles du Pape nous renvoient directement en 2 Th 2,1-10 :
« 1 Nous vous le demandons, frères, à propos de la Venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui […]. 3 Que personne ne vous abuse d'aucune manière. Auparavant doit venir l'apostasie et se révéler l'Homme impie, l'Etre perdu, 4 l'Adversaire, celui qui s'élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu'à s'asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. 5 Vous vous rappelez, n'est-ce pas, que quand j'étais encore près de vous je vous disais cela. 6 Et vous savez ce qui le retient maintenant, de façon qu'il ne se révèle qu'à son moment. 7 Dès maintenant, oui, le mystère de l'impiété est à l'oeuvre. Mais que seulement celui qui le retient soit d'abord écarté. 8 Alors l'Impie se révélera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l'anéantira par la manifestation de sa Venue. 9 Sa venue à lui, l'Impie, aura été marquée, par l'influence de Satan, de toute espèce d'oeuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers, 10 comme de toutes les tromperies du mal, à l'adresse de ceux qui sont voués à la perdition pour n'avoir pas accueilli l'amour de la vérité qui leur aurait valu d'être sauvés ».
Nous pouvons tout de suite observer que le « ce qui le retient » du verset 6, est obligatoirement et directement à relier avec « celui qui le retient » du verset 7, puisque l’on y décrit la même réalité de « quelque chose » ou de « quelqu'un » qui retient encore la venue de l’Impie.
En toute logique, et au regard de l’ensemble de notre étude, ce « quelque chose » ne peut être que la papauté et ce « quelqu’un » n’est autre que le Pape lui-même, puisque c’est une seule et même réalité qui est visée.
D’où l’importance de ne jamais isoler un passage de l’Ecriture, car cela serait faire une lecture fondamentaliste forcément erronée. L’Ecriture s’éclaire toujours par Elle-même, puisque Dieu nous a tout dit par son Fils.
En outre il est important de relever qu’à la deuxième partie du verset 7 il est mentionné : « celui qui le retient soit d’abord écarté » ; il ne faut pas ommettre de bien analyser ce verset car chaque mot est lourd de sens.
A la lumière de ce que nous venons d’évoquer, il est aisé de comprendre, que c’est bien le Pape qui retient la venue de l’ « Impie » c’est à dire de « l’Antéchrist ». Le signe de sa pleine manifestation adviendra donc au moment où le Saint Père Benoît XVI sera écarté et sans aucun doute contraint à l’exil. A ce sujet je développe un argumentaire sur la vraisemblance de sa venue en France au § 6.5 « Les Souverains Pontifes et la France ».
Cette vision est également partagée, en particulier par Saint Thomas d’Aquin comme l’affirme l’Abbé Augustin Lemann dans son ouvrage sur « L’Antéchrist », pages 67 à 71, dont je reprends ici l’ensemble de la thèse :
« Puisque l’Apostasie doit être le milieu préparatoire à l’avènement de l’Antéchrist, fléau le plus redoutable qui aura bouleversé le monde, le devoir qui s’impose n’est-il pas de lutter pour la refouler, en s’efforçant de ramener à Jésus-Christ et à l’Église les nations, les familles, les individus, qui s’en sont séparés ou qui menacent de le faire ? Le vent d’aveuglement et de défection qui emporte déjà une partie de la société et la fait se séculariser, c’est-à-dire se soustraire à l’Évangile et à l’Église, n’est peut-être que passager, Dieu ayant fait les nations guérissables. L’idée chrétienne peut de nouveau s’épanouir, embaumer et vivifier comme par le passé. Il n’y a donc pas lieu de se décourager. Loin de là ! Il faut se mettre résolument à l’oeuvre, s’y mettre avec confiance et générosité. Léon XIII n’en a-t-il pas donné l’exemple, et Pie X ne le donne-t-il pas actuellement ? Que n’a pas fait Léon XIII pour retenir les individus et les nations sur cette pente fatale de l’apostasie ? Bornons-nous aux Nations. Toute la politique religieuse de ce grand Pape semble s’être inspirée de cette exhortation de Saint Paul : "Que celui qui retient encore retienne, jusqu’à ce qu’il soit rejeté : Qui tenet nunc, retineat, donec de medio fiat" (2 Th 2,7). On sait à quelle occasion Saint Paul fit entendre cette exhortation. Traçant par avance le portrait de l’Antéchrist, tel qu’il a été reproduit dans ces pages, saint Paul découvrit encore aux Thessaloniciens qu’un obstacle retardait l’avènement de «l’homme de péché» : "Vous savez ce qui le retient, afin qu’il ne paraisse qu’en son temps», puis, il ajouta : "Que celui qui retient encore retienne jusqu’à ce qu’il soit rejeté". La Tradition n’ayant pas conservé les explications verbales développées par l’Apôtre devant les Thessaloniciens, des opinions très divergentes se sont formées dans le cours des siècles. Tout en les respectant profondément les unes et les autres, nos préférences vont à celle qu’a donnée Saint Thomas d’Aquin. L’interprétation de l’Ange de l’École explique le passé et éclaire l’avenir. Il ressort évidemment des paroles de saint Paul qu’il y a, contre l’apparition de l’Antéchrist, un obstacle et quelqu’un qui maintient l’obstacle ; il y a une barrière et un garde-barrière. L’Antéchrist ne fera son apparition que lorsque, le gardien de l’obstacle ayant été rejeté, mis de côté, l’obstacle lui-même sera enlevé. Or quel est cet obstacle, quelle est la barrière ? C’est, répond Saint Thomas, l’union et la soumission à l’Église Romaine, siège et centre de la foi catholique. Tant que la société demeurera fidèle et soumise à l’empire spirituel romain, transformation de l’ancien empire temporel romain, l’Antéchrist ne pourra point paraître. Telle est la barrière, tel est l’obstacle. Mais, par la bienfaisance de Dieu, à côté de cet obstacle, il y aussi un gardien, chargé de veiller, chargé de le maintenir ; et ce Gardien, c’est le Pape, Vicaire de Jésus-Christ. Tant que le Gardien sera reconnu, respecté, obéi, l’obstacle subsistera, la société demeurera fidèle à l’empire spirituel romain et à la fois catholique. Mais si ce Gardien, le Pape, vient à être méconnu, mis de côté, rejeté, l’obstacle disparaissant bientôt avec lui, l’Antéchrist sera libre de paraître. "Qui tenet, scilicet, romanum imperium, teneat illud donec ipsum fiat de medio. Quia medium est dùm universis circumquaque imperat, quibus ab ipso recedentibus, de medio auferetur, et tunc ille iniquus oportuno sibi tempore revelabitur". Eh bien, Léon XIII a-t-il été fidèle à l’exhortation de l’Apôtre ? S’est-il efforcé de maintenir l’obstacle, c’est-àdire la fidélité à la fois catholique et à l’empire spirituel romain ? Ce but n’a-t-il pas été celui de toute sa vie pontificale, ainsi qu’il l’exprimait un jour au Sacré-Collège : "Le gouvernement de l’Église, disait-il, Nous apparut d’abord comme un poids formidable et il est encore tel actuellement par suite des temps mauvais et de la condition difficile faite à l’Église, par la crainte d’un avenir plus terrible encore pour l’Église et pour la société... À cet effet, Nous avons cru que l’oeuvre la plus opportune et la plus conforme à Notre charge était de montrer aux peuples et aux princes ce port de salut et de les aider à y entrer. Nous avons consacré Notre vie dans ce but, persuadé que Nous agissons ainsi pour les intérêts de la religion et de la société" (2 mars 1887). Avec quelle constance et quelle fermeté ce but n’a-t-il pas été poursuivi par l’auguste Pontife ! À peine placé au gouvernail de la barque de Pierre, Léon XIII, comme le pêcheur qui reprend l’une après l’autre les mailles rompues de ses filets lacérés, s’est mis à reprendre l’un après l’autre tous les fils emmêlés des relations diplomatiques. Chaque État, non seulement de l’Europe mais du monde entier, s’est vu l’objet de ses prévenances et de ses soins : Que celui qui retient, retienne ! Bornons-nous à un résumé rapide de ses efforts pour retenir, ne fût-ce que par un fil, les nations à l’Église :
- Concordat avec la République de l’Équateur (en 1881).
- Concordat avec l’Autriche-Hongrie pour la Bosnie et l’Herzégovine (1881).
- Accord avec le gouvernement Russe sur certaines questions ecclésiastiques (1882).
- Conventions avec la Suisse pour régler l’administration ecclésiastique du Tessin et l’administration régulière
du diocèse de Bâle (1884).
- Concordat avec le Portugal pour les Indes Orientales (1885).
- Concordat avec le Montenegro (1886).
- Rétablissement des relations diplomatiques avec la Belgique (1886).
- Promotion d’un cardinal aux États-Unis (1886).
- Arbitrage entre l’Allemagne et l’Espagne au sujet des Carolines (1886).
- Échange de rapports bienveillants avec la Turquie, la Perse, la Cochinchine, la Chine (1886).
- Arrangements avec l’Allemagne et cessation du Kulturkampf (1887).
- Concordat avec la République de Colombie (1887).
- Reprise des relations diplomatiques avec la Russie (1888).
- Arrangements avec le gouvernement Anglais sur certains points de l’administration ecclésiastique de l’île
de Malte (1890).
- Appel à l’Orient et visite à Jérusalem par un Légat, le cardinal Langénieux (1893), etc., etc.
Que de soucis, que de patience, que de prudence, toutes ces négociations épineuses n’ont-elles pas exigées ! Mais il importait de retenir : Que celui qui retient, retienne ! Dans son allocution au Sacré-Collège, à l’occasion du 25 ième anniversaire de son élection, le 20 février 1903, Léon XIII dira : "Voici Notre dernière leçon : recevez-la et gravez-la tous dans vos esprits : C’est l’ordre de Dieu qu’il ne faut chercher le salut que dans l’Église, qu’il ne faut chercher l’instrument du salut, vraiment fort et toujours utile, que dans le Pontificat romain".
A la lumière de ces considérations poursuivons donc notre analyse. Comme le texte biblique de 2 Th 2,6-7 le laisse entendre, le Saint Père ne mourra pas, Dieu ne le permettra pas. C’est ce que confirme en particulier Notre Seigneur Jésus à Vassula Ryden lorsqu’il désigne le Saint Père par « Abel » et l’Antéchrist ou l’un de ses partisans par « Caïn » dans l’œuvre de la « Vraie Vie en Dieu ». Voici deux passages significatifs du tome 2 :
- extrait du message donné le 2 décembre 1987, page 41 :
« Moi Jésus, Je me tiendrai au milieu, entre Caïn et Mon Abel. Cette fois, Caïn se trouvera face à Moi au lieu de son frère. S'il lève la main pour frapper, c'est Moi qu'il devra frapper ; il sera dépouillé et se retrouvera nu face à Moi son Dieu. Mon Abel, Mon Abel bien-aimé, cette fois, tu vivras ; ton sang - qui est Mon Sang - ne sera pas versé, et Mon parfum embellira Mon Jardin, ce Jardin-même où fut versé le sang de Mon Abel [en référence au Saint Père Jean-Paul dont le sang a coulé le 13 mai 1981, place Saint Pierre de Rome] ».
- extrait du message donné le 28 décembre 1987, page 57 :
« Mon Abel vivra cette fois. La sincérité abolira le mal (ce qui signifie Abel conquerra Caïn) ».
Retournons de nouveau à la Parole de Dieu afin d’analyser ce que l’on appelle les « loups » dans la bouche du Vicaire du Christ, qui n’est autre que le prolongement de la Parole du Christ. Le Verbe Incarné nous affirme dans le Livre des Actes des Apôtres lorsque l’Apôtre Paul donne ses adieux à l’Eglise d’Ephèse en Ac 20,25-32 :
« 25 Et maintenant voici que, je le sais, vous ne reverrez plus mon visage, vous tous au milieu de qui j'ai passé en proclamant le Royaume. 26 C'est pourquoi je l'atteste aujourd'hui devant vous: je suis pur du sang de tous. 27 Car je ne me suis pas dérobé quand il fallait vous annoncer toute la volonté de Dieu. 28 Soyez attentifs à vous-mêmes, et à tout le troupeau dont l'Esprit Saint vous a établis gardiens pour paître l'Eglise de Dieu, qu'il s'est acquise par le sang de son propre fils. 29 Je sais, moi, qu'après mon départ il s'introduira parmi vous des loups redoutables qui ne ménageront pas le troupeau, 30 et que du milieu même de vous se lèveront des hommes tenant des discours pervers dans le but d'entraîner les disciples à leur suite.31 C'est pourquoi soyez vigilants, vous souvenant que, trois années durant, nuit et jour, je n'ai cessé de reprendre avec larmes chacun d'entre vous.32 Et à présent je vous confie à Dieu et à la parole de sa grâce, qui a le pouvoir de bâtir l'édifice et de procurer l'héritage parmi tous les sanctifiés ».
Ce passage de l’Ecriture s’actualise de façon magistrale avec le Saint-Père Benoît XVI. Même si Saint Paul parle de lui-même, la Parole de Dieu, comme en écho, trouve une résonance propre au cours des siècles, selon le caractère dynamique qui Lui est propre, comme nous l’avons souvent évoqué au cours de notre étude (en particulier au § 2.2.3 « Les différents sens de l’Ecriture »). Relevons dans le même temps que l’on fait référence à « trois années », ce qui correspond parfaitement à la période biblique des trois ans et demi du règne de l’Antéchrist, à savoir les 1260 jours d’Ap 11,3 soit 42 mois de 30 jours selon Ap 11,1 (période dans laquelle l’humanité est entrée depuis le printemps 1995. Cf. message donné à Vassula Ryden le 10 mai 1995, page 47 du supplément 9 de l’œuvre de « La Vraie Vie en Dieu »). Ainsi, la mention des « trois années » d’Ac 20,31 fait correspondre le moment de la venue de l’Antéchrist, dont le règne sera bref, symbolisé par la moitié d’une année.
Attardon-nous en ce sens, sur un passage extrêmement révélateur de la lettre encyclique « Spe Salvi facti sumus », (Sauvés dans l’Espérance) où le Pape nous parle explicitement de l’Antichrist, à travers une citation du philosophe Emmanuel Kant :
§ 19 : « Nous devons brièvement jeter un regard sur les deux étapes essentielles de la concrétisation politique de cette espérance, parce qu'elles sont d'une grande importance pour le chemin de l'espérance chrétienne, pour sa compréhension et pour sa persistance. Il y a avant tout la Révolution française comme tentative d'instaurer la domination de la raison et de la liberté, maintenant aussi de manière politiquement réelle. L'Europe de l'Illuminisme, dans un premier temps, s'est tournée avec fascination vers ces événements, mais face à leurs développements, elle a dû ensuite réfléchir de manière renouvelée sur la raison et la liberté. Les deux écrits d'Emmanuel Kant, où il réfléchit sur les événements, sont significatifs pour les deux phases de la réception de ce qui était survenu en France.
En 1792, il écrit son œuvre: « Der Sieg des guten Prinzips über das böse und die Gründung eines Reiches Gottes auf Erden » (La victoire du principe du bien sur le principe mauvais et la constitution d'un règne de Dieu sur la terre). Il y écrit: « Le passage progressif de la foi d'Église à l'autorité unique de la pure foi religieuse est l'approche du royaume de Dieu ». Il nous dit aussi que les révolutions peuvent accélérer les temps de ce passage de la foi d'Église à la foi rationnelle. Le « règne de Dieu », dont Jésus avait parlé, a reçu là une nouvelle définition et a aussi pris une nouvelle présence; il existe, pour ainsi dire, une nouvelle « attente immédiate »: le « règne de Dieu » arrive là où la foi d'Église est dépassée et remplacée par la « foi religieuse », à savoir par la simple foi rationnelle. En 1794, dans l'écrit « Das Ende aller Dinge » (La fin de toutes les choses), apparaît une image transformée. Kant prend alors en considération la possibilité que, à côté du terme naturel de toutes les choses, il s'en trouve aussi un contre nature, pervers. Il écrit à ce sujet: « Si le christianisme devait cesser d'être aimable [...], on verrait nécessairement [...] l'aversion et la révolte soulever contre lui le cœur de la majorité des hommes; et l'antéchrist, que l'on considère de toute façon comme le précurseur du dernier jour, établirait son règne (fondé sans doute sur la peur et l'égoïsme), fût-ce pour peu de temps; et comme le christianisme, destiné à être la religion universelle, serait alors frustré de la faveur du destin, on assisterait à la fin (renversée) de toutes choses au point de vue moral ».
C’est absolument fantastique d’analyser comment, avec grande finesse, le Pape Benoît XVI procède pour nous faire comprendre ce qui devra arriver dans peu de temps.
A la lumière de la seule raison, formulons tout d’abord un premier questionnement.
Benoît XVI avait-il vraiment besoin de citer précisément ce passage de Kant pour développer son argumentaire sur l’Espérance chrétienne ? Avait-il besoin de faire référence à l’Antéchrist, comme « le précurseur du dernier jour », qu’il « établirait son règne pour peu de temps » et qu’ « on assiterait à la fin (renversée) de toutes choses d’un point de vue moral » ? La réponse qui s’impose d’emblée, est clairement non !
Le Saint Père veut en effet nous suggérer la proximité de ces évènements, de façon indirecte à travers une citation. Rappelons que le Pape, et plus largement tout pasteur, n’a pas d’autre moyen que de procéder ainsi, en conformité avec ce que nous disions au § 5.1.1, puisqu’aucune mention explicite de la venue de l’Antéchrist et du temps du jugement ne peut être faite.
De plus, il est important de relever, qu’à travers de la citation d’Emmanuel Kant, que le Saint Père a pris le soin de choisir, est clairement évoqué le lien avec la France, ce qui n’est absolument pas fortuit.
Au regard de tout ce que nous avons montrer au cours de notre analyse : la France est un des pays où la franc-maçonnerie est plus qu’agissante. Mais il y a plus, là encore se cache la mission et le rôle de la France mais également le mystère d’iniquité qui doit se manifester pleinement, car nous savons que l’Antéchrist est né sur le sol de France (Cf. § 3.4.8 L’Antichrist et ses manifestations).
Enfin, pour conforter notre conviction que le Saint Père Benoît XVI est bien le Pape de la « fin des temps » rappelons tout d’abord la prophétie du Pape Saint Pie X, mort en 1914, comme retranscrite pages 243 et 244 du tome 1 de la série des ouvrages « Veillez et priez car l’heure est proche » :
« Tandis qu’ils donnait une audience, il entra soudain dans un sommeil mystérieux ; quand il revint à lui, il s’écria : « Ce que je vois est effrayant ! Sera-ce moi ? Sera-ce mon successeur ? Ce qui est sûr, c’est que le Pape quittera Rome, et pour sortir du Vatican, il lui faudra passer sur les cadavres de ses prêtres ».
Notons que ce fait n’est pas encore advenu et que cette prophétie rejoint la description de la troisième partie du secret de Fatima qui a été rendue publique, dans laquelle il est fait mention, en particulier que le Saint Père gravit une « montagne escarpée passant par une grande ville à moitié en ruines au milieu de cadavres de morts, avant d’arriver finalement à une grande croix, terme et point de référence de l’histoire ».
Rappelons également la prophétie de Saint Malachie dont la dernière devise « De la gloire de l’olive », s’applique à Benoît XVI (Cf. § 5.2.1), en lien direct avec celle de Garabandal (Cf. § 5.3.1.9), où il nous a été révélé que la « fin des temps » surviendrait après le troisième successeur du Pape Jean XXIII, c'est-à-dire après le Pape Jean-Paul II, sous le pontificat de notre Saint Père actuel, Benoît XVI.
Relevons en dernier lieu, que dans la Basilique Majeure de Saint-Paul-hors-les-murs, le dernier médaillon des papes est à l’éffigie de Benoît XVI et qu’après il n’y en a plus…ce qui est extrêmement révélateur. Pour autant, dans les temps nouveaux il y aura d’autres souverains pontifes, car l’histoire de l’humanité ne s’arrête pas à la « fin des temps » mais bien à la « fin du monde ».
- L’appel et l’annonce explicite de la proche venue du Christ
- extrait de l’homélie prononcée le 26 novembre 2005 à la Basilique Vaticane :
« […] En chantant ensemble les Psaumes, nous avons élevé nos coeurs à Dieu, en prenant l'attitude spirituelle qui caractérise ce temps de grâce: la "veillée dans la prière" et l'"exultation dans la louange" (Cf. Missel Romain, Préface de l'Avent II/A). Imitant le modèle de la Très Sainte Vierge Marie, qui nous enseigne à vivre dans une écoute religieuse de la parole de Dieu, nous nous arrêtons sur la brève Lecture biblique qui vient d'être proclamée. Il s'agit de deux versets contenus dans la partie conclusive de la Première Lettre de Saint Paul aux Thessaloniciens (1 Th 5,23-24). Le premier exprime le voeu de l'Apôtre à la communauté; le deuxième offre, pour ainsi dire, la garantie de son accomplissement. Le souhait est que chacun soit sanctifié par Dieu et demeure irréprochable dans toute sa personne - "esprit, âme et corps" - pour la venue finale du Seigneur Jésus; la garantie que cela puisse se produire est offerte par la fidélité à Dieu lui-même, qui ne manquera pas de mener à bien l'oeuvre commencée chez les croyants. Cette Première Lettre aux Thessaloniciens est la première de toutes les Lettres de saint Paul, probablement écrite en l'an 51. Dans cette première Lettre on sent, encore davantage que dans les autres, le coeur de l'Apôtre qui bat, son amour paternel, nous pouvons même dire maternel, pour cette nouvelle communauté. Et l'on sent aussi sa préoccupation pleine d'inquiétude pour que ne s'éteigne pas la foi de cette nouvelle Eglise, encerclée par un contexte culturel qui, sous de nombreux points de vue, est contraire à la foi. Ainsi, Paul conclut sa Lettre par un souhait, nous pourrions même dire par une prière. Le contenu de la prière que nous avons entendue est qu'ils soient saints et irréprochables au moment de la venue du Seigneur. La parole centrale de cette prière est "venue". Nous devons nous demander: que signifie venue du Seigneur? En grec c'est la "parousie", en latin l'"adventus": "avent", "venue". Qu'est cette venue? Nous concerne-t-elle ou non? Pour comprendre la signification de cette parole et donc de la prière de l'Apôtre pour cette communauté et pour les communautés de tous les temps - également pour nous - nous devons nous tourner vers la personne grâce à laquelle s'est réalisée de manière unique, singulière, la venue du Seigneur: la Vierge Marie. Marie appartenait à cette partie du peuple d'Israël qui, à l'époque de Jésus, attendait de tout son coeur la venue du Sauveur. Et à partir des paroles, des gestes rapportés par l'Evangile nous pouvons voir comment Elle vivait réellement plongée dans les paroles des Prophètes, elle était tout entière en attente de la venue du Seigneur. Toutefois, Elle ne pouvait pas imaginer comment cette venue se serait réalisée. Peut-être attendait-elle une venue dans la gloire. C'est pourquoi fut d'autant plus surprenant pour elle le moment où l'Archange Gabriel entra dans sa maison et lui dit que le Seigneur, le Sauveur, voulait prendre chair en Elle, d'elle, voulait réaliser sa venue à travers Elle. Nous pouvons imaginer l'émotion de la Vierge. Marie, avec un grand acte de foi, d'obéissance, dit oui: "Me voici, je suis la servante du Seigneur". Ainsi, Elle est devenue "demeure" du Seigneur, véritable "temple" dans le monde et "porte" à travers laquelle le Seigneur est entré sur la terre. Nous avons dit que cette venue est singulière: "la" venue du Seigneur. Toutefois il n'y a pas que la dernière venue à la fin des temps : dans un certain sens, le Seigneur désire toujours venir à travers nous. Et il frappe à la porte de notre coeur: es-tu disposé à me donner ta chair, ton temps, ta vie? Telle est la voix du Seigneur, qui veut entrer également dans notre époque, il veut entrer dans l'histoire humaine à travers nous. Il cherche également une demeure vivante, notre vie personnelle. Voilà la venue du Seigneur. C'est ce que nous voulons à nouveau apprendre pendant le temps de l'Avent: que le Seigneur peut venir également à travers nous. Nous pouvons donc dire que cette prière, ce souhait exprimé par l'Apôtre contient une vérité fondamentale, qu'il cherche à inculquer aux fidèles de la communauté qu'il a fondée et que nous pouvons résumer ainsi: Dieu nous appelle à la communion avec lui, qui se réalisera pleinement au retour du Christ, et Il s'engage lui-même à faire en sorte que nous arrivions préparés à cette rencontre finale et décisive. L'avenir est, pour ainsi dire, contenu dans le présent, ou mieux, dans la présence de Dieu lui-même, de son amour indéfectible, qui ne nous laisse pas seuls, qui ne nous abandonne pas même un seul instant, comme un père et une mère n'arrêtent jamais de suivre leurs enfants sur le chemin de leur croissance. Face au Christ qui vient, l'homme se sent interpellé dans tout son être, que l'Apôtre résume par les termes "esprit, âme et corps", indiquant ainsi toute la personne humaine, comme une unité articulée possédant une dimension somatique, psychique et spirituelle. La sanctification est un don de Dieu et une initiative venant de lui, mais l'être humain est appelé à y répondre de tout son être, sans que rien de lui ne soit exclu. C'est précisément l'Esprit Saint, qui dans le sein de la Vierge a formé Jésus, Homme parfait, qui mène à bien dans la personne humaine l'admirable projet de Dieu, transformant tout d'abord le coeur et, à partir de ce centre, tout le reste. Il arrive ainsi que dans chaque personne se résume toute l'oeuvre de la création et de la rédemption, que Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, accomplit du début jusqu'à la fin de l'univers et de l'histoire. Et de même que dans l'histoire de l'humanité se trouve au centre le premier Avent du Christ et, à la fin, son retour glorieux, de même chaque existence personnelle est appelée à se mesurer à lui - de façon mystérieuse et multiforme - au cours du pèlerinage terrestre, pour être trouvée "en lui" au moment de son retour. Que la Très Sainte Vierge Marie, Vierge fidèle, nous guide pour faire de ce temps de l'Avent et de toute la nouvelle Année liturgique un chemin de sanctification authentique, à la louange et à la gloire de Dieu Père, Fils et Esprit Saint ».
La proximité de la venue du Seigneur est ici particulièrement mise en relief par le fait d’être « trouvé en lui au moment de son retour », c'est-à-dire appartenir totalement au Christ lors de « son retour glorieux » en étant « saints et irréprochables ». Le Saint Père insiste à nouveau en précisant que Dieu « s’engage lui-même à faire en sorte que nous arrivions préparés à cette rencontre finale et décisive ». Ce qui sous entend « un chemin de sanctification authentique, à la louange et à la gloire de Dieu Père, Fils et Esprit Saint » selon « l’admirable projet de Dieu, transformant tout d’abord le cœur et, à partir de ce centre, tout le reste ». L’exhortation est frappante et sans équivoque.
Lors de l’audiance générale du 23 août 2006 intitulée « Jean, le Voyant de Patmos », le Saint Père Benoît XVI s’attachait particulièrement à nous présenter le livre de l’Apocalypse. Beaucoup de thèmes présentés au cours de l’étude y sont logiquement abordés, puisque nous sommes dans les temps où s’actualisent toutes les pages de l’Apocalypse. En terminant son commentaire, il reprenait l’invocation finale « Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22,20)dont il dégagera trois principaux sens, en appelant avec force, confiance et insistance pour notre temps, la venue définitive du Seigneur qui tranformera le monde :
« C'est précisément pour cela que Jean, le Voyant de Patmos, peut terminer son livre par une ultime aspiration, vibrant d'une attente fervente. Il invoque la venue définitive du Seigneur : "Viens, Seigneur Jésus!" (Ap 22,20). C'est l'une des prières centrales de la chrétienté naissante, également traduite par Saint Paul dans la langue araméenne : "Marana tha". Et cette prière, "Notre Seigneur, viens!" (1 Co 16,22), possède plusieurs dimensions. Naturellement, elle est tout d'abord l'attente de la victoire définitive du Seigneur, de la nouvelle Jérusalem, du Seigneur qui vient et qui transforme le monde. Mais, dans le même temps, elle est également une prière eucharistique : "Viens Jésus, maintenant !". Et Jésus vient, il anticipe son arrivée définitive. Ainsi, nous disons avec joie au même moment : "Viens maintenant, et viens de manière définitive!". Cette prière possède également une troisième signification : "Tu es déjà venu, Seigneur! Nous sommes certains de ta présence parmi nous. C'est pour nous une expérience joyeuse. Mais viens de manière définitive!". Et ainsi, avec saint Paul, avec le Voyant de Patmos, avec la chrétienté naissante, nous prions nous aussi: "Viens, Jésus! Viens, et transforme le monde ! Viens dès aujourd'hui et que la paix l'emporte !". Amen ! ».
C’est avec émotion que nous pouvons observer combien le Saint Père appelle à grand cri, avec une insistance inouïe la venue du Seigneur, et ce, à treize reprises dans ce court extrait. Il semble impossible de formuler une annonce plus explicite, surtout lorsque l’on observe que cet appel est caractérisé par deux dimensions fondamentales : la venue définitive pour notre temps par l’emploi des deux expressions « Viens Jésus, maintenant » ou « Viens dès aujourd’hui » et « de manière définitive » scandé à cinq reprises.
Lors de son voyage apostolique au Brésil le Pape Benoît XVI nous a donné le 13 mai 2007 sur l’esplanade du Sanctuaire d’Aparecida une homélie qui fait le lien avec de nombreux thèmes abordés au cours de notre étude, dont je présente ici les passages les plus significatifs :
« […] L'Esprit Saint et nous-mêmes". Telle est l'Eglise : nous, la communauté des croyants, le Peuple de Dieu, avec ses Pasteurs appelés à en guider le chemin; avec l'Esprit Saint, Esprit du Père envoyé au nom du Fils Jésus, Esprit de Celui qui est "plus grand" que tous et qui nous est donné par l'intermédiaire du Christ, qui s'est fait "petit" pour nous. Esprit Paraclet, Ad-vocatus, Défenseur et Consolateur. Il nous fait vivre en présence de Dieu, dans l'écoute de sa Parole, libérés du trouble et de la crainte, en ayant dans le cœur la paix que Jésus nous a laissée et que le monde ne peut donner (Cf. Jn 14,26-27). L'Esprit accompagne l'Eglise sur le long chemin qui s'étend entre la première et la seconde venue du Christ : "Je m'en vais et je reviendrai vers vous" (Jn 14,28), dit Jésus aux Apôtres. Entre "l'aller" et le "retour" du Christ, il y a son Corps ; il y a deux mille ans qui se sont déjà écoulés ; il y a également ces plus de cinq siècles au cours desquels l'Eglise est allée en pèlerinage dans les Amériques, en diffusant parmi les croyants la vie du Christ à travers les Sacrements et en semant dans ces terres la bonne semence de l'Evangile, qui a parfois rendu trente, parfois soixante et parfois cent pour un. Temps de l'Eglise, Temps de l'Esprit : c'est Lui le Maître qui forme les disciples; il leur fait aimer Jésus; il les éduque à l'écoute de sa Parole, à la contemplation de son Visage; il les conforme à son Humanité bienheureuse, pauvre en esprit, affligée, douce, affamée de justice, miséricordieuse, au cœur pur, artisan de paix, persécutée pour la justice (Cf. Mt 5,3-10) ».
Est ici question de « l’aller » et du « retour du Christ ». La proximité de cette venue du Christ, est ici particulièrement rendue par l’emploi du mot « déjà », révélateur du message que le Saint-Père entend faire passer en substance.
- extrait de l’homélie prononcée le 1er décembre 2007, en la Basilique Saint-Pierre, lors de la célébration des premières vêpres de l’Avent :
« L'Avent est, par excellence, le temps de l'espérance. Chaque année, cette attitude fondamentale de l'esprit se réveille dans le coeur des chrétiens qui, alors qu'ils se préparent à célébrer la grande fête de la naissance du Christ Sauveur, ravivent l'attente de son retour glorieux, à la fin des temps. La première partie de l'Avent insiste précisément sur la parousie, sur la dernière venue du Seigneur. Les antiennes de ces Premières Vêpres sont entièrement orientées, avec différentes nuances, dans cette perspective. La brève lecture, tirée de la Première Lettre aux Thessaloniciens (5,23-24), fait une référence explicite à la venue finale du Christ, en utilisant précisément le terme grec de parousie (v. 23). L'Apôtre exhorte les chrétiens à être irrépréhensibles, mais il les encourage surtout à avoir confiance en Dieu, qui "est fidèle" (v. 24) et qui ne manquera pas d'opérer la sanctification chez ceux qui répondront à sa grâce. Toute cette liturgie des vêpres invite à l'espérance en indiquant, à l'horizon de l'histoire, la lumière du Sauveur qui vient: "Ce jour, une grande lumière brillera" (2 antienne); "le Seigneur viendra dans toute sa gloire" (3 antienne); "sa splendeur remplit l'univers" (Antienne au Magnificat). Cette lumière, qui émane de l'avenir de Dieu, s'est déjà manifestée dans la plénitude des temps; c'est pourquoi notre espérance n'est pas privée de fondement, mais repose sur un événement qui s'inscrit dans l'histoire et qui, dans le même temps, dépasse l'histoire: c'est l'événement constitué par Jésus de Nazareth. L'évangéliste Jean applique à Jésus le titre de "lumière": c'est un titre qui appartient à Dieu. En effet, dans le Credo nous professons que Jésus Christ est "Dieu, né de Dieu, Lumière, née de la Lumière". J'ai voulu consacrer au thème de l'espérance ma deuxième Encyclique, qui a été publiée hier. Je suis heureux de l'offrir en esprit à toute l'Eglise en ce premier Dimanche d'Avent, afin que, durant la préparation à Noël, les communautés et chaque fidèle puissent la lire et la méditer, pour redécouvrir la beauté et la profondeur de l'espérance chrétienne. En effet, celle-ci est inséparablement liée à la connaissance de la face de Dieu, cette face que Jésus, le Fils unique, nous a révélée à travers son incarnation, sa vie terrestre et sa prédication, et surtout à travers sa sa mort et sa résurrection. L'espérance véritable et sûre est fondée sur la foi en Dieu Amour, Père miséricordieux qui "a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique" (Jn 3,16), afin que les hommes, et avec eux toutes les créatures, puissent avoir la vie en abondance (Cf. Jn 10,10). L'Avent est donc un temps favorable à la redécouverte d'une espérance qui n'est ni vague ni illusoire, mais certaine et fiable, car elle est "ancrée" dans le Christ, Dieu fait homme, roc de notre salut.Dès le début, comme il ressort du Nouveau Testament et en particulier des Lettres aux Apôtres, une nouvelle espérance distingua les chrétiens de ceux qui vivaient la religiosité païenne. En écrivant aux Ephésiens, Saint Paul leur rappelle qu'avant d'embrasser la foi dans le Christ, ils étaient "sans espérance, et, dans le monde, étaient sans Dieu" (Cf. Ep 2, 12). Cette expression apparaît plus que jamais actuelle pour le paganisme de nos jours: on peut en particulier l'appliquer au nihilisme contemporain, qui ronge l'espérance dans le coeur de l'homme, le poussant à penser qu'en lui et autour de lui ne règne que le néant: le néant avant la naissance, le néant après la mort. En réalité, sans Dieu, il n'y a pas d'espérance. Toute chose perd son "épaisseur". C'est comme si venait à manquer la dimension de la profondeur et que chaque chose s'aplatissait, privée de son relief symbolique, de son "ressaut" par rapport au pur matérialisme. Le rapport entre l'existence, ici et maintenant, et ce que nous appelons "l'au-delà" est en jeu: il ne s'agit plus d'un lieu où nous finirons après la mort, mais c'est en revanche la réalité de Dieu, la plénitude de la vie vers laquelle, pour ainsi dire, tend chaque être humain. A cette attente de l'homme, Dieu a répondu dans le Christ avec le don de l'espérance. L'homme est l'unique créature libre de dire oui ou non à l'éternité, c'est-à-dire à Dieu. L'être humain peut éteindre en lui-même l'espérance en éliminant Dieu de sa propre vie. Comment cela peut-il se produire? Comment peut-il arriver que la créature "faite pour Dieu", intérieurement orientée vers Lui, la plus proche de l'Eternel, puisse se priver de cette richesse? Dieu connaît le coeur de l'homme. Il sait que celui qui le refuse n'a pas connu son véritable visage, et c'est pourquoi il ne cesse de frapper à notre porte, comme un humble pèlerin qui cherche à être accueilli. Voilà pourquoi le Seigneur accorde encore du temps à l'humanité: afin que tous puissent arriver à le connaître ! Tel est également le sens d'une nouvelle année liturgique qui commence: c'est un don de Dieu, qui veut à nouveau se révéler dans le mystère du Christ, à travers la Parole et les Sacrements. A travers l'Eglise il veut parler à l'humanité et sauver les hommes d'aujourd'hui. Et il le fait en allant à leur rencontre, pour "chercher et sauver ce qui était perdu" (Lc 19,10). Dans cette perspective, la célébration de l'Avent est la réponse de l'Eglise Epouse à l'initiative toujours nouvelle de Dieu Epoux, "qui était et qui vient" (Ap 1,8). A l'humanité qui n'a plus de temps pour Lui, Dieu offre à nouveau du temps, un nouvel espace pour revenir sur elle-même, pour se remettre en marche, pour retrouver le sens de l'espérance. Voilà alors la découverte surprenante: mon espérance, notre espérance est précédée par l'attente que Dieu cultive à notre égard ! Oui, Dieu nous aime et c'est précisément pour cela qu'il attend que nous revenions à Lui, que nous ouvrions notre coeur à son amour, que nous mettions notre main dans la sienne et que nous nous rappelions que nous sommes ses enfants. Cette attente de Dieu précède toujours notre espérance, exactement comme son amour nous rejoint toujours en premier (Cf. 1 Jn 4,10). C'est dans ce sens que l'espérance chrétienne est dite "théologale": Dieu en est la source, le soutien et le terme. Quel grand réconfort dans ce mystère ! Mon Créateur a placé dans mon esprit un reflet de son désir de vie pour tous. Chaque homme est appelé à espérer en répondant à l'attente que Dieu a pour lui […]. O Marie, Vierge de l'attente et Mère de l'espérance, ravive dans toute l'Eglise l'esprit de l'Avent, pour que l'humanité tout entière se remette en marche vers Bethléem, où est venu, et où viendra à nouveau nous rendre visite le Soleil qui naît d'en-haut (Cf. Lc 1,78), le Christ notre Dieu. Amen ».
Toujours avec la finesse qui caractérise la personne de notre Saint Père, est ici évoquée la venue du Seigneur en lien direct avec l’espérance, ce qui n’est absolument pas fortuit. Ainsi, en substance, chaque fidèle est invité à espérer en la venue du Seigneur qui « accorde encore du temps à l'humanité: afin que tous puissent arriver à le connaître! ». La proximité de cette venue est mise en relief précisément par le fait que Benoît XVI, souligne expressément que l’espérance est le thème principal de la lettre encyclique qu’il vient de publier invitant chaque être humain à fixer « le Soleil qui naît d’en-haut, le Christ notre Dieu qui viendra à nouveau nous rendre visite ».
- extrait de l’Angélus prononcé le 2 décembre 2007, place Saint Pierre :
« Le développement de la science moderne a confiné la foi et l'espérance toujours davantage dans le domaine privé et individuel, si bien qu'aujourd'hui il apparaît de façon évidente, et parfois dramatique, que l'homme et le monde ont besoin de Dieu - du vrai Dieu! - autrement, ils restent dépourvus d'espérance. La science contribue beaucoup au bien de l'humanité, mais elle n'est pas en mesure de la racheter. L'homme est racheté par l'amour, qui rend la vie personnelle et sociale bonne et belle. C'est pourquoi la grande espérance, pleine et définitive, est garantie par Dieu qui est l'amour, par Dieu qui, en Jésus, nous a visités et nous a donné la vie, et [qui] en Lui reviendra à la fin des temps. C'est dans le Christ que nous espérons, c'est Lui que nous attendons ! Avec Marie, sa Mère, l'Eglise va à la rencontre de l'Epoux: elle le fait à travers les oeuvres de charité, parce que l'espérance, comme la foi, se démontre par l'amour. Bon Avent à tous ! ».
L’annonce de la proche venue du Christ est explicite : « C'est dans le Christ que nous espérons, c'est Lui que nous attendons ! Avec Marie, sa Mère, l'Eglise va à la rencontre de l'Epoux ». Tout est dit !
- Homélie du Cardinal Ivan Dias du 8 décembre 2007 à Lourdes
Voici l’intégralité du texte de l’homélie prononcée le 8 décembre 2007, fête de l’Immaculée Conception, par le Cardinal Ivan Dias, Préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, depuis la basilique Saint-Pie X, dans les Sanctuaires Notre-Dame de Lourdes, au cours de la messe internationale célébrée à l’occasion de l’ouverture solennelle du Jubilé du 150 ième anniversaire des apparitions. L’ensemble du texte est extrait des pages 12 et 13 du n° 156 de « Lourdes Magazine ».
C’est un document majeur pour notre sujet, car une grande partie des thèmes développés au cours de notre étude y sont admirablement réunis dans une synthèse dont la teneur est sans équivoque possible sur nos temps actuels.
Je me permets de le faire figurer dans cette section, puisque le Cardinal Dias a été spécialement mandaté par le Pape Benoît XVI, le chargeant de transmettre sa bénédiction apostolique :
« Nous voici rassemblés aux pieds de la Vierge Marie pour inaugurer l’Année Jubilaire en préparation pour le 150 ième anniversaire des ses apparitions en ce lieu béni. Je vous porte une salutation très cordiale de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI qui m’a chargé de vous faire part de son amour et de sa sollicitude paternelle, de vous assurer de ses prières et de vous donner sa bénédiction apostolique. Comme pèlerins réunis dans l’amour du Christ, nous voulons rappeler avec gratitude et affection les apparitions qui ont eu lieu ici à Lourdes en 1858. Ensemble cherchons à sentir les palpitations du cœur maternel de notre chère Maman céleste, de rappeler ses paroles et d’écouter le message qu’elle nous propose encore aujourd’hui.
Nous connaissons bien l’histoire de ces apparitions. La Sainte Vierge est descendue du Ciel comme une mère très préoccupée pour ses fils et filles qui vivaient dans le péché, loin de son Fils Jésus. Elle est apparue à la Grotte de Massabielle, qui à l’époque était un marais où paissaient les cochons, et c’est précisément là qu’elle a voulu faire élever un sanctuaire, pour indiquer que la grâce et la miséricorde de Dieu doivent triompher sur le misérable marais des péchés humains. Tout près du lieu des apparitions, la Vierge a fait jaillir une source d’eau abondante et pure, que les pèlerins boivent et portent avec tant de dévotion dans le monde entier, signifiant le désir de notre Mère affectueuse de faire répandre son amour et le salut de son Fils jusqu’aux extrémités de la terre. Enfin, de cette Grotte bénie la Vierge Marie a lancé un appel pressant à tous pour prier et faire pénitence afin d’obtenir la conversion des pauvres pécheurs.
Le message de la Vierge aujourd’hui
On peut se demander : quelle signification peut avoir le message de Notre-Dame de Lourdes pour nous aujourd’hui ? J’aime situer ces apparitions dans le plus large contexte de la lutte permanente et féroce existant entre les forces du bien et du mal dès le commencement de l’histoire de l’humanité dans le Jardin du Paradis, et qui continuera jusqu’à la fin des temps. Les apparitions de Lourdes sont, en effet, parmi les premières de la longue chaîne des apparitions de Notre-Dame qui a commencé 28 ans auparavant, en 1830, à Rue du Bac, à Paris, annonçant l’entrée décisive de la Vierge Marie au cœur des hostilités entre elle et le diable, comme il est décrit dans la Bible, dans les livres de la Genèse et de l’Apocalypse. La Médaille, dite miraculeuse, que la Vierge fit graver en cette circonstance la représentait avec les bras ouverts d’où sortaient des rayons lumineux, signifiant les grâces qu’elle distribuait au monde entier. Ses pieds reposaient sur le globe terrestre et écrasaient la tête du serpent, le diable, indiquant la victoire que la Vierge emportait sur le Malin et ses forces du mal. Autour de l’image on lisait l’invocation: “O Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous”. Il est remarquable que cette grande vérité de la conception immaculée de Marie ait été affirmée ici 24 ans avant que le Pape Pie IX l’ait définie comme dogme de foi (1854): quatre ans plus tard ici à Lourdes, Notre-Dame a voulu elle-même révéler à Bernadette qu’elle était l’Immaculée Conception.
Après les apparitions de Lourdes, la Sainte Vierge n’a pas cessé de manifester ses vives préoccupations maternelles pour le sort de l’humanité en ses diverses apparitions dans le monde entier. Partout, elle a demandé prières et pénitence pour la conversion des pécheurs, car elle prévoyait la ruine spirituelle de certains pays, les souffrances que le Saint Père aurait à subir, l’affaiblissement général de la foi chrétienne, les difficultés de l’Eglise, la montée de l’Antéchrist et ses tentatives pour remplacer Dieu dans la vie des hommes: tentatives qui, malgré leurs succès éclatants, seraient toutefois vouées à l’échec.
Ici, à Lourdes, comme partout dans le monde, la Vierge Marie est en train de tisser un immense réseau de ses fils et filles spirituels dans le monde entier pour lancer une forte offensive contre les forces du Malin, pour l’enfermer et préparer ainsi la victoire finale de son Fils divin, Jésus Christ.
La Vierge Marie nous invite encore une fois aujourd’hui à faire partie de sa légion de combat contre les forces du mal. Comme signe de notre participation à son offensive, elle demande, entre autres, la conversion du cœur, une grande dévotion à la Sainte Eucharistie, la récitation quotidienne du chapelet, la prière sans cesse et sans hypocrisie, l’acceptation des souffrances pour le salut du monde. Cela pourrait sembler être des petites choses, mais elles sont puissantes dans les mains de Dieu auquel rien n’est impossible. Comme le jeune David qui, avec une petite pierre et une fronde, a abattu le géant Goliath venu à sa rencontre armé d’une épée, d’une lance et d’un javelot (Cf. 1 Sam 17,4-51), nous aussi, avec les petits grains de notre chapelet, nous pourrons affronter héroïquement les assauts de notre adversaire redoutable et le vaincre.
Comme Bernadette et avec elle
La lutte entre Dieu et son ennemi fait toujours rage, encore plus aujourd’hui qu’au temps de Bernadette, il y a 150 ans. Car le monde se trouve terriblement englouti dans le marais d’un sécularisme qui veut créer un monde sans Dieu; d’un relativisme qui étouffe les valeurs permanentes et immuables de l’Evangile; et d’une indifférence religieuse qui reste imperturbable face au bien supérieur des choses qui concernent Dieu et l’Eglise. Cette bataille fait d’innombrables victimes dans nos familles et parmi nos jeunes. Quelques mois avant qu’il ne devienne le Pape Jean Paul II (9 novembre 1976), le Cardinal Karol Wojtyla disait: “Nous sommes aujourd’hui face au plus grand combat que l’humanité ait jamais vu. Je ne pense pas que la communauté chrétienne l’ait compris totalement. Nous sommes aujourd’hui devant la lutte finale entre l’Eglise et l’Anti-Eglise, entre l’Evangile et l’Anti-Evangile”. Une chose toutefois est certaine: la victoire finale est à Dieu et cela se vérifiera grâce à Marie, la Femme de la Genèse et de l’Apocalypse, qui combattra à la tête de l’armée de ses fils et filles contre les forces ennemies de Satan et écrasera la tête du serpent.
A la Grotte de Massabielle la Vierge Marie nous a enseigné que le vrai bonheur se trouvera uniquement au ciel. “Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre,” a-t-elle dit à Bernadette. Et la vie de Bernadette l’a illustré assez clairement : elle, qui avait eu le privilège singulier de voir la Sainte Vierge, a été profondément marquée par la croix de Jésus, fut entièrement consumée par la tuberculose, et est morte, jeune, à l’âge de 35 ans. En cette Année Jubilaire, remercions le Seigneur pour toutes les grâces corporelles et spirituelles qu’il a bien voulu concéder à tant de centaines de milliers de pèlerins en ce lieu saint, et par l’intercession de Sainte Bernadette, prions la Sainte Vierge pour nous fortifier dans le combat spirituel de chaque jour afin que nous puissions vivre en plénitude notre foi chrétienne en pratiquant les vertus qui distinguaient la Vierge Marie, fiat, magnificat et stabat: c’est-à-dire, une foi intrépide (fiat), une joie sans mesure (magnificat) et une fidélité sans compromis (stabat). O Marie, Notre-Dame de Lourdes, tu es bénie entre toutes les femmes et Jésus le fruit de tes entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, prie pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.
Cardinal Ivan Dias ».
Soulignons tout de suite, que le Cardinal Ivan Dias a été mandaté par le Saint Père pour transmettre sa bénédiction apostolique, et que de ce fait l’homélie prononcée a une valeur extrêmement solennelle renforcée par le fait de l’ouverture de l’année jubilaire en présence des évêques venus du monde entier. L’enseignement donné aurait tout à fait pu l’être par le Saint Père lui-même, ayant bien à l’esprit que les deux hommes se sont concertés sur le contenu des thèmes développés au cours de l’homélie. C’est à mon sens le texte le plus admirable et le plus explicite quant à nos temps actuels. Tous les thèmes abordés au cours de notre étude y sont merveilleusement réunis : « l’entrée décisive depuis 1830 de la Vierge Marie au cœur des hostilités entre elle et le diable, comme il est décrit dans la Bible, dans les livres de la Genèse et de l’Apocalypse », l’apostasie universelle par « l’affaiblissement général de la foi chrétienne », l’annonce voilée de la proche apparition de l’Antéchrist et de sa défaite par « la montée de l’Antéchrist et ses tentatives pour remplacer Dieu dans la vie des hommes: tentatives qui, malgré leurs succès éclatants, seraient toutefois vouées à l’échec », le déploiement actuel de l’armée de « la Vierge Marie pour lancer une forte offensive contre les forces du Malin, pour l’enfermer et préparer ainsi la victoire finale de son Fils divin, Jésus Christ » par les moyens ples plus humbles mais les plus efficaces, tel que le « chapelet » qui permet « d’affronter héroïquement les assauts de notre adversaire redoutable et le vaincre ». Et au centre de cette fresque grandiose, nous est rappelée une citation inconnue pour la plupart d’entre nous du Cardinal Karol Wojtyla, qui n’en pas pour le moins d’une limpidité et d’une clarté de vue tout à fait remarquable : « Nous sommes aujourd’hui face au plus grand combat que l’humanité ait jamais vu. Je ne pense pas que la communauté chrétienne l’ait compris totalement. Nous sommes aujourd’hui devant la lutte finale entre l’Eglise et l’Anti-Eglise, entre l’Evangile et l’Anti-Evangile ».
Bien entendu, cette citation est choisie très intelligemment et n’a jamais été présentée auparavant, elle est donné par la Sainte Eglise au moment opportun afin de nous signifier la réalité de la bataille qui se joue entre ciel et terre ainsi que la proximité des évènements décisifs, préalables au Règne glorieux du Christ.
- extraits de l’homélie prononcée à Lourdes, sur la prairie, lors de la messe de la fête de l’exaltation de la Sainte Croix, le 14 septembre 2008 :
« En suivant le parcours jubilaire sur les pas de Bernadette, l'essentiel du message de Lourdes nous est rappelé. Bernadette est l’aînée d’une famille très pauvre, qui ne possède ni savoir ni pouvoir, faible de santé. Marie l’a choisie pour transmettre son message de conversion, de prière et de pénitence, conformément à la parole de Jésus : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits » (Mt 11,25). Dans leur cheminement spirituel, les chrétiens sont appelés eux aussi à faire fructifier la grâce de leur Baptême, à se nourrir de l'Eucharistie, à puiser dans la prière la force pour témoigner et être solidaires avec tous leurs frères en humanité (Cf. Hommage à la Vierge Marie, Place d'Espagne, 8 décembre 2007). C'est donc une véritable catéchèse qui nous est ainsi proposée, sous le regard de Marie. Laissons-la nous instruire et nous guider sur le chemin qui conduit au Royaume de son Fils ! […]. Marie vient nous rappeler ici que la prière, intense et humble, confiante et persévérante, doit avoir une place centrale dans notre vie chrétienne. La prière est indispensable pour accueillir la force du Christ. « Celui qui prie ne perd pas son temps, même si la situation apparaît réellement urgente et semble pousser uniquement à l'action » (Deus caritas est, n. 36). Se laisser absorber par les activités risque de faire perdre à la prière sa spécificité chrétienne et sa véritable efficacité. La prière du Rosaire, si chère à Bernadette et aux pèlerins de Lourdes, concentre en elle la profondeur du message évangélique. Elle nous introduit à la contemplation du visage du Christ. Dans cette prière des humbles, nous pouvons puiser d'abondantes grâces […]. Le message de Marie est un message d'espérance pour tous les hommes et pour toutes les femmes de notre temps, de quelque pays qu'ils soient. J'aime à invoquer Marie comme étoile de l'espérance (Spe salvi, n. 50). Sur les chemins de nos vies, si souvent sombres, elle est une lumière d'espérance qui nous éclaire et nous oriente dans notre marche. Par son oui, par le don généreux d'elle-même, elle a ouvert à Dieu les portes de notre monde et de notre histoire. Et elle nous invite à vivre comme elle dans une espérance invincible, refusant d'entendre ceux qui prétendent que nous sommes enfermés dans la fatalité. Elle nous accompagne de sa présence maternelle au milieu des événements de la vie des personnes, des familles et des nations. Heureux les hommes et les femmes qui mettent leur confiance en Celui qui, au moment d'offrir sa vie pour notre salut, nous a donné sa Mère pour qu'elle soit notre Mère ! […]. Que Marie veille sur tous les habitants de votre beau pays et sur les pèlerins venus nombreux d'autres pays célébrer ce jubilé ! Qu'elle soit pour tous la Mère qui entoure ses enfants dans les joies comme dans les épreuves ! Sainte Marie, Mère de Dieu, notre Mère, enseigne-nous à croire, à espérer et à aimer avec toi. Indique-nous le chemin vers le règne de ton Fils Jésus ! Étoile de la mer, brille sur nous et conduis-nous sur notre route ! (Cf. Spe salvi, n. 50). Amen ».
- extrait du discours « aux jeunes » prononcé le 12 septembre 2008 sur le parvis de Notre-Dame à Paris :
« Après le recueillement priant des Vêpres à Notre-Dame, c'est avec enthousiasme que vous me saluez ce soir, donnant ainsi un caractère festif et très sympathique à cette rencontre. Elle me rappelle celle inoubliable de juillet dernier à Sydney, à laquelle certains d'entre vous ont participé à l'occasion de la Journée Mondiale de la Jeunesse. Ce soir, je voudrais vous parler de deux points profondément liés l'un à l'autre, qui constituent un véritable trésor où vous pourrez mettre votre cœur (Cf. Mt 6,21). Le premier se rapporte au thème choisi pour Sydney. Il est aussi celui de votre veillée de prière qui va débuter dans quelques instants. Il s'agit d'un passage tiré des Actes des Apôtres, livre que certains appellent fort justement l'Évangile de l'Esprit Saint : « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins » (Ac 1,8). Le Seigneur le dit maintenant à vous ! Sydney a fait redécouvrir à de nombreux jeunes l'importance de l'Esprit Saint dans la vie du chrétien. L'Esprit nous met intimement en rapport avec Dieu, chez qui se trouve la source de toute richesse humaine authentique […]. Confiez-vous à l'Esprit Saint pour découvrir le Christ. L'Esprit est le guide nécessaire de la prière, l'âme de notre espérance et la source de la vraie joie. Pour approfondir ces vérités de foi, je vous encourage à méditer la grandeur du sacrement de la Confirmation que vous avez reçu et qui vous introduit dans une vie de foi adulte. Il est urgent de mieux comprendre ce sacrement pour vérifier la qualité et la profondeur de votre foi et pour l'affermir. L'Esprit Saint vous fait approcher du Mystère de Dieu et vous fait comprendre qui est Dieu. Il vous invite à voir dans votre prochain, le frère que Dieu vous a donné pour vivre avec lui en communion, humainement et spirituellement, pour vivre en Église, donc. En vous révélant qui est le Christ, mort et ressuscité pour nous, Il vous pousse à témoigner. Vous êtes à l'âge de la générosité. Il est urgent de parler du Christ autour de vous, à vos familles et à vos amis, sur vos lieux d'études, de travail ou de loisirs. N'ayez pas peur ! Ayez « le courage de vivre l'évangile et l'audace de le proclamer » (Message aux jeunes du Monde, 20 juillet 2007). Pour cela, je vous encourage à avoir les mots qu'il faut pour annoncer Dieu autour de vous, appuyant votre témoignage sur la force de l'Esprit demandé dans la prière. Portez la Bonne Nouvelle aux jeunes de votre âge et aussi aux autres. Ils connaissent les turbulences des affections, le souci et l'incertitude face au travail et aux études. Ils affrontent des souffrances et ils font l'expérience de joies uniques. Témoignez de Dieu, car, en tant que jeunes, vous faites pleinement partie de la communauté catholique en vertu de votre baptême et en raison de la commune profession de foi (Cf. Ep 4,5). L'Église vous fait confiance, je tiens à vous le dire ! ».
- extrait de l’Angélus prononcé par le Saint Père le 30 novembre 2008 (1 er dimanche de l’Avent) :
« Il y a […] les trois grands "axes" du temps, qui rythment l'histoire du salut : la création au début, l'incarnation-rédemption au centre et à la fin la "parousie", la venue finale qui comprend également le jugement universel. Ces trois moments ne sont cependant pas à entendre simplement dans une succession chronologique. En effet, la création est bien à l'origine de tout, mais elle est également permanente et se réalise tout au long du devenir de l'univers, jusqu'à la fin des temps. De même l'incarnation-rédemption, si elle a eu lieu à un moment historique déterminé, la période du passage de Jésus sur la terre, étend toutefois son rayon d'action à tout le temps précédent et à tout le temps suivant. Et à leur tour, la venue finale et le jugement dernier, qui précisément dans la Croix du Christ ont eu une anticipation décisive, exercent leur influence sur la conduite des hommes de chaque époque.
Le temps liturgique de l'Avent célèbre la venue de Dieu, dans ses deux moments : il nous invite tout d'abord à réveiller l'attente du retour glorieux du Christ; puis, Noël s'approchant, il nous appelle à accueillir le Verbe fait homme pour notre salut. Mais le Seigneur vient sans cesse dans notre vie. L'appel de Jésus, qui en ce dimanche nous est reproposé avec force : "Veillez !" (Mc 13,33.35.37) est donc plus que jamais opportun. Il est adressé aux disciples, mais également "à tous", car chacun, à l'heure que Dieu seul connaît, sera appelé à rendre compte de sa propre existence. Cela comporte un juste détachement des biens terrestres, un repentir sincère de ses propres erreurs, une charité active envers le prochain et surtout de se remettre de manière humble et confiante entre les mains de Dieu, notre Père tendre et miséricordieux. La Vierge Marie, la Mère de Jésus est l'icône de l'Avent. Invoquons-la pour qu'elle nous aide nous aussi à devenir un prolongement d'humanité pour le Seigneur qui vient ».
- extrait de l’audience générale du 12 novembre 2008 :
« […] Sans la présence du Christ, un monde réellement juste et renouvelé n'arrivera jamais. Et même si d'une autre manière, totalement et en profondeur, nous pouvons et nous devons dire nous aussi, avec une grande urgence dans les circonstances de notre époque : Viens, Seigneur ! Viens à ta manière, selon les manières que tu connais. Viens où règnent l'injustice et la violence. Viens dans les camps de réfugiés, au Darfour, au Nord-Kivu, dans de nombreuses parties du monde. Viens où règne la drogue. Viens également parmi ces riches qui t'ont oublié, qui vivent seulement pour eux-mêmes. Viens là où tu n'es pas connu. Viens à ta manière et renouvelle le monde d'aujourd'hui ».
Notons tout de suite que le Saint Père emploi l’impératif, pour s’adresser au Seigneur, à travers cette exhortation, en précisant « nous devons dire nous aussi » en l’appelant « avec une grande urgence » ainsi que le nombre de fois où le Saint Père ne cesse d’appeler, comme souligné par le mot « Viens », ici sept fois, ce qui est le chiffre de la plénitude et de la perfection.