6.11 L’Archange Saint Michel et la France

 

 

Exorcisme très puissant dicté par l’Archange Saint Michel

 

 

 

6.11.1 L’Archange protecteur de la France

 

 

6.11.1.1 L’apparition de 708 à l’évêque Saint Aubert et le sanctuaire du Mont-Saint Michel

A l’article « L’apparition de Saint Michel, Archange », page 394 du tome 5 des « Petits Bollandistes », nous est succinctement présenté l’apparition qui sera à l’origine de la construction du Mont-Saint Michel :

« […] La France n'a pas non plus manqué de témoignages de la protection et de l'assistance de Saint Michel. Nos historiens remarquent que, vers l'année 709 [plus exactement en l’année 708], il honora Saint Aubert, dixième évêque d'Avranches, d'une apparition très remarquable, et lui déclara que la volonté de Dieu était qu'il lui fît bâtir une église dans la mer, sur le haut d'un rocher appelé La Tombe. Le Saint, qui voulait s'assurer de la vérité de cette vision, n'obéit pas aussitôt ; mais l'Archange lui apparut deux autres fois, et, à la troisième, il lui pressa le front avec son doigt, et y laissa une forte empreinte, que l'on voit encore à son crâne. Ainsi il fut obligé de se rendre ; et, ayant fait bâtir l'église à l'endroit qui lui avait été marqué, il y mit des chanoines réguliers. Elle fut ensuite donnée aux religieux de l'Ordre de Saint-Benoît. C'est ce que nous appelons le mont Saint-Michel, dont le pèlerinage fut si célèbre, et que Dieu a rendu illustre par une infinité de miracles et de secours surnaturels […] ».

 

L'apparition de Saint Michel Archange à Saint-Aubert, évêque d'Avranches

C’est également ce qui est décrit, de façon tout à fait identique, à la page 394 de l’ « Hagiologie Nivernaise ou vie des Saints » avec toutefois la petite précision suivante concernant le chef de Saint Aubert :

« Les auteurs de la vie de Saint Aubert, qui racontent ce fait [la troisième apparition avec l’empreinte sur le crâne], assurent que le chef du saint était encore, au siècle dernier [est ici désigné le 18 ième siècle] percé d’un trou par suite de ce stigmate ».

 

 Reliquaire du chef de Saint Aubert

 

Article de l'encyclopédie libre Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aubert_d%27Avranches 

6.11.1.2 La Dédicace de la basilique du Mont Saint-Michel

 

Image du Blog mamatus.centerblog.net

 

«  Dès les premières années du huitième siècle, Dieu accorda à notre pays un nouveau témoignage de sa prédilection. Il daigna nous donner pour protecteur et pour patron, Saint Michel, le glorieux archange, qui, à la tête des anges fidèles, a chassé du Ciel Lucifer et ses mauvais anges. Saint Aubert était évêque d'Avranches lorsque, vers 708, l'Archange Saint Michel lui apparut, un 16 octobre, pour lui donner de bâtir sur le Mont tombe une église en son honneur. Ce rocher escarpé s'élevait, aride et solitaire, dans une baie formée par la réunion des côtes de la Normandie et de la Bretagne. Le Prince de la Milice Céleste dit à l'évêque : Je suis Michel, l'archange qui assiste en la présence de Dieu ; je suis résolu d'habiter dans ce pays, de le prendre sous ma protection et d'en avoir soin. Saint Aubert, voulant s'assurer de la vérité de cette vision, n'obéit pas aussitôt ; l’archange Saint Michel se montra une seconde fois à l’évêque, et bien qu’il se fît plus sévère et plus pressant, il n’eut pas davantage de succès ; à la troisième apparition, après avoir fait de nouveau reproches et réitéré les ordres du ciel, l'archange appuya fortement le doigt sur le front de saint Aubert et y laissa une empreinte qui se voit encore sur le crâne du saint conservé dans l'église Saint-Gervais d'Avranches. Saint Aubert connaissait désormais avec assurance la volonté du Seigneur ; il se rendit donc sur le rocher que l'archange lui avait indiqué où des signes célestes marquèrent le lieu choisi pour la construction de l'église. Une source jaillit pour fournir l'eau qui manquait à cette solitude aride.  Ce rocher, que les flots de l'océan séparent de la terre ferme, porta, depuis la dédicace de l'église, le nom de Mont Saint-Michel. A dater de ce jour mémorable, les pèlerins accoururent de toutes parts et obtinrent en ce lieu de nombreuses guérisons. Charlemagne y vint l'année de son couronnement pour garder le royaume sous la protection du puissant archange. Les Bénédictins y installèrent l'abbaye dite de Saint-Michel-du-Péril-de-la-Mer. Deux fois par jour, à la marée basse, la mer se retire pour permettre aux fidèles de venir de la côte sans le secours des bateaux. L'église, le cloître, la salle des Chevaliers, le réfectoire des Moines, l'escalier de cent quatre-vingts marches qui conduit jusqu'au sommet du rocher, excitent l'enthousiasme de tous les pèlerins qui ne peuvent se lasser d'admirer les merveilles de l'architecture chrétienne réunies sur cet îlot. Si, d'un côté, les impies de notre temps ont osé mettre en honneur le prince des ténèbres, dont ils se sont faits les fils et les imitateurs, les fidèles se sont, de leur côté, attachés à relever la vénération et la confiance que l'Eglise Catholique a toujours placées en l'Archange Saint Michel, le premier vainqueur de l'esprit maudit (Pie IX - 1868) » (sources : http://missel.free.fr).

Pour visualiser de remarquables photographies du Mont Saint-Michel et de la basilique suivre également le lien suivant :

http://mamatus.centerblog.net/rub-la-baie-du-mont-saint-michel-.html

6.11.1.3 Abrégé historique

 

La Statue de l’archange Saint Michel à l'église Saint-Pierre du Mont-Saint-Michel

 

Selon Dn 10,9-21 Saint Michel est le protecteur du Peuple élu et le devient donc pour la Sainte Eglise, nouvel Israël de Dieu, héritant à ce titre des promesses du salut et par prolongement la France, « Fille aînée de l’Eglise », depuis le baptême de Clovis.

Voici les dates les plus importantes établissant le lien qui unit Saint Michel et la France :

- 708 : L’Archange apparaît à Saint Aubert (Cf. biographie ci-dessous) qui érige le sanctuaire du Mont Saint Michel.
- 710 : Childebert III vient au Mont rendre hommage à l’Archange.
- 802 : Charlemagne inscrit sur ses étendards : « Saint Michel patron et prince de l’Empire des Gaules ». 
- 1212 : Croisade des pastoureaux de France au Mont Saint Michel (des multitudes d’enfants)
- 1423 : Charles VII instaure une messe en l’honneur de saint Michel.
- 1424 : L’Archange déclare à Sainte Jeanne d’Arc : « Je suis Michel protecteur de la France ».
- 1469 : Louis XI fonde l’Ordre de Saint Michel.
- 1652 : Anne d’Autriche institue la messe du 1er mardi des mois « en l’honneur de saint Michel pour la sécurité et la prospérité de la France ».
Jusqu’à Louis XIV inclus, les rois de France, à leur avènement, consacraient leur personne et leur royaume à saint Michel.
- 1912 : Consécration nationale à Saint Michel le 19 mai par tous les évêques de France.
- 1996 : Les Français renouvellent la consécration à Saint Michel de leur Patrie lors du 1500 ième anniversaire du baptême de Clovis à Reims.

« […] Si Saint Michel est le protecteur de la France, ce n'est qu’en tant quelle est la Fille aînée de l’Eglise, peuple choisi comme propagateur de l’Evangile et défenseur du siège de Pierre […].

Le miracle qui a inauguré son histoire à Tolbiac se reproduira maintes fois en sa faveur, et, on pourrait le croire aux apparences, dans le but unique de sauvegarder sa vocation universelle, fût-ce contre les français eux-mêmes.

De toute cette conduite de la Providence à notre égard, nous devons conclure que le vrai moyen de grandeur pour la France, c'est, non pas de s'occuper de ses intérêts personnels, mais de faire régner Jésus Christ chez elle et dans le monde, et d'assurer la liberté du Pontife romain contre tous ses ennemis. Imaginez les belles pages que nous pourrions alors ajouter à notre histoire nationale, si nous étions fidèles au prologue de la loi des Saliens : "Vive le Christ, qui aime les Francs !". Si telle est la destinée de la France, comme les papes nous l'affirment, il est bien évident qu'elle est particulièrement protégée par l'archange Saint Michel.

Outre que nos ancêtres crurent que le chrême du baptême de Clovis avait été apporté du Ciel par Saint Michel, ils répondirent à voix de l'archange qui, au mont Saint-Michel, voulut être honoré "comme le patron et spécial protecteur de la France", devant qui Childebert III (683-711), roi de Neustrie et de Bourgogne de 695 à 711, vint déposer son sceptre et sa couronne. Bien avant que l'archange pressentît Saint Aubert pour l'édification de sa basilique sur le mont Tombe (709) [708, plus exactement] qui deviendra le Mont Saint-Michel, la dévotion des Gaules à Saint Michel était déjà fort ancrée.

Pour mémoire, rappelons qu'une reine burgonde lui avait élevé un sanctuaire à Lyon dès 506, que Sainte Marcia avait introduit son culte en Arles dès 512, que Limoges lui avait dédié une église dès 550, et le Saint évêque Bertrand du Mans avait dévolu des dîmes à l'un de ses sanctuaires dès 614 ; la première mouture de ce qui deviendra l'abbaye Saint-Michel-en-Thiérache date de la deuxième moitié du 7 ième siècle.

Après que Charlemagne eut fait représenter l'archange sur ses étendards où il fit inscrire : "Saint Michel, patron et prince de l'empire des Gaules", Louis le Débonnaire, avant que de se lancer à la conquête de la Bretagne, vint en pèlerinage au mont Saint-Michel.

Souffrez que je vous souligne que tant Louis le Débonnaire que son père, Charlemagne, avaient une notion de la conquête qui nous échappe aujourd’hui totalement. Rappelez-vous la guerre de charlemagne contre les Saxons. Dieu sait si l'on nous en a raconté sur la conversion des Saxons ! La récente histoire laïque et obligatoire se plaît à nous montrer un petit peuple charmant, tout occupé de son bien-être écologiste, assailli par des hordes de soudards avinés. Or, s'il s'agissait pour les Francs de manger pour n'être pas mangés, il s’agissait aussi de faire de nos ennemis nos frères. A cet égard, l'histoire de Wittikind, leur prince, est bien instructive.

Lorsque Charlemagne finira par le prendre, il n'eut de cesse que de le convertir, non par la force mais par la raison et la grâce ; lorsqu'il fut baptisé, à Attigny (785), Charlemagne fut son parrain. L'enferme-t-on dans quelque château ? Le tient-on au secret dans quelque prison ? Point du tout, on lui donne la couronne ducale de Westphalie, on lui rend ses armes et ses troupes : l'ennemi était devenu le frère ; aujourd’hui, si vous étiez à Paderborn ou à Minden, vous pourriez honorer le bienheureux confesseur Wittikind, fêté le 7 janvier.

Forts de cette conviction, les vieux français attribuaient volontiers leurs succès et leurs victoires à l'intervention de Saint Michel. Ainsi, Philippe II Auguste qui avait été baptisé par l'évêque Maurice de Paris, le 25 août 1165, dans le sanctuaire consacré à Saint Michel dans la Cité (la chapelle Saint-Michel-de-la-Place), lui attribua sa victoire à Bouvines, tandis que les Croisés le voyaient cachés dans tous leurs succès. Qui de nous ignore la dévotion de nos rois à Saint Michel ? Voyez Louis VII, Philippe III Auguste, Saint Louis, Philippe III le Hardi et Philippe IV le Bel venir en pèlerinage au mont Saint-Michel, suivis par Philippe VI, Charles V et Charles VI.

Après que la France eut fait l'expérience de la passion du Christ dans la guerre de Cent-Ans, et que saint Michel eut conduit Jeanne d’Arc et ses armées à la résurrection, Charles VII enrichit encore le culte de l’Archange, Charles VIII vint au Mont Saint-Michel, et Louis XI institua un ordre de chevalerie en son honneur. Que venaient-ils faire ? Implorer parfois le secours de Saint Michel, mais la plupart des fois le remercier. On comprend que Charles VII eût impérieusement éprouvé le désir de remercier l'Archange qui avait appelé et conduit Jeanne d’Arc qui lui rendit son trône ; lors de son entrée triomphale dans Paris enfin reconquis (12 novembre 1437), " devant lui marchait un écuyer qui portait un étendard de soie rouge, tout semé d’étoiles d’or, et au milieu l'image de Saint Michel ". Plus avant, au retour de la triste croisade de Tunis, Philippe III le Hardi était venu remercier l'Archange d'avoir protégé le Royaume de la peste ; c'eût été normal si l'on avait fait alors force dévotions à Saint Michel pour obtenir que cessât l'épidémie, mais rien ne vient au secours de cette hypothèse. Il faut comprendre que le Roi croyait à une sorte d'harmonie entre la France et son ange tutélaire, pensant qu'à chaque instant il est là pour garder et conduire à la victoire. La victoire, demanderez-vous, perplexes, mais n'avons-nous pas eu des défaites, des épidémies, des famines, des catastrophes ? Certes, nous avons eu des victoires, mais nous n’avons guère été épargnés. Et alors, Chrétiens, êtes vous si peu instruits des réalités divines ? Ne voyez-vous pas que ces défaites et ces calamités mêmes sont des victoires et des guérisons ? La Croix n’est-elle pas une victoire ? N’est-il pas nécessaire de passer par la Passion et par la Croix pour arriver jusqu’à la gloire de la Résurrection, comme vous le dites à l'Angelus, introduit en France par Louis XI ? Si la France, pour parler comme Grégoire IX, est le nouveau peuple de Juda, elle doit connaître, elle aussi et elle surtout, non pas en figuration mais en continuation, ce que le Christ a connu ; membre choisi du corps mystique du Christ, comme tous et chacun des fidèles, elle doit souffrir pour compléter en sa chair ce qui manque aux afflictions du Christ, en faveur de son corps qui est l'Eglise, selon l'enseignement de l'apôtre Paul au Colossiens (1,24) : " Maintenant je me réjouis de mes souffrances pour vous, je complète en sa chair ce qui manque aux afflictions du Christ, en faveur de son corps qui est l'Eglise". La vraie gloire ne s’acquiert que par la Croix. La souffrance et l'offrande de sa souffrance est la gloire. La gloire c'est de souffrir, de tenir, de se battre, quoi qu'il puisse en paraître, en sachant que l'on aura un jour la victoire. Voilà la force et la conviction que l'on obtient de Saint Michel au cours du combat pour le bien, pour Dieu et le salut du monde. Représentez-vous la France du 15 ième siècle. D'aucuns ne voient apparaître Saint Michel que lorsqu'il s'adresse à Jeanne pour l'investir de son extraordinaire mission libératrice, mais on a passé toute la guerre de Cent Ans à se battre au pied du Mont Saint-Michel. Il n’est pas sans intérêt de noter que le malheureux roi contre lequel la guerre de Cent Ans a commencé, Philippe VI de Valois, est le premier à avoir fait une consécration officielle du Royaume à Saint Michel. Malgré la dévotion certaine de ses glorieux prédécesseurs, Philippe VI semble bien être le premier souverain à placer la France sous la protection de l'archange Saint Michel. Outre qu'il se montre fort soucieux de protéger les privilèges de la chapelle Saint-Michel de la Place et de l'abbaye du Mont Saint-Michel, veillant aux rentes du chapelain de l'une (1328) et confirmant les biens de l'autre (1334) qu'il exempte de charges militaires (1346 et 1347). Le Vrai Catholique Philippe le Fortuné veut associer étroitement Saint Michel aux succès de ses armes et aux affaires de son royaume. Ainsi, bousculant les usages qui réservaient à cet effet Noël, l'Epiphanie, la Chandeleur, Pâques, l'Assomption, la Toussaint ou, surtout, la Pentecôte, à moins que l'on voulût souligner l'importance d'un événement particulier comme un départ en campagne ou un mariage éclatant, Philippe VI choisit la Saint-Michel 1332 pour armer chevalier son fils Jean, duc de Normandie et futur roi de France, au Palais. Déjà, quatre ans auparavant, il avait choisi la fête de l'archange Saint Michel pour faire son entrée solennelle à Paris, après la victoire de Cassel. Là, tout au début de son règne, il exploitait sa victoire sur les Flamands comme, en cas de besoin, une preuve de sa légitimité face aux possibles prétentions des Plantagenêts dont le chef, Edouard III d'Angleterre, petit-fils de Philippe le Bel par sa mère Isabelle, rechignait à prêter l'hommage comme duc de Guyenne, comte de Ponthieu et de Montreuil. Louis de Nevers, comte de Flandres en 1322, contrairement à ses prédécesseurs, jouait dans le gouvernement de ses Etats la carte du roi de France et de l'aristocratie d'affaires alors qu'il devait affronter une dure révolte du petit peuple de Flandres maritimes qui, déjà serré dans les mailles d'une administration de plus en plus inquisitoriale, subissait les malheurs d'une crise économique sur fond de mauvaises récoltes et de productions inadaptées. Les couches des villes et des campagnes, naguère prospères, ressentant vivement la récession, soulevèrent et organisèrent leurs compatriotes plus touchés encore pour une révolte qui se voulait radicale, c'est-à-dire qui s'attaquait aux hiérarchies établies pour détruire l'ordre féodal. Submergé et peu habile à la guerre populaire, le comte de Flandres comprit qu'il perdrait tout s'il n'obtenait le secours du roi de France qu'il demanda par deux fois au nouveau monarque : quand il vint lui prêter hommage et au jour du sacre. Philippe VI, tout juste sacré, entraîna ses barons à Saint-Denis, convoqua son ost, prit l'oriflamme de Saint-Denis, pria devant les reliques de Saint Louis, et malgré les conseils de prudence de ceux qui savaient ce que valurent les campagnes de Flandre mal préparées, courut à l'aide de Louis de Nevers. En juin, l'armée était rassemblée à Arras ; les gens de Gand, fidèles à leur comte et au Roi, attaquèrent Bruges, où ils retinrent une grande part des forces insurrectionnelles, tandis que les maréchaux ravageaient la Flandre occidentale et que les vingt-neuf bannières du Roi marchaient sur le Mont-Cassel où s'étaient retranchés les révoltés sous la conduite de Nicolas Zannequin. Le 23 août, l'armée royale était au complet sous Cassel et faisait la sieste dans une chaleur torride quand les insurgés, à qui l'on avait refusé une bataille en ordre, attaquèrent par surprise: l'infanterie se débanda sans combattre, mais, sous la conduite du Roi, la chevalerie fit face, entoura les troupes de Zannequin et les extermina. C'était la victoire de la vieille chevalerie contre les arcs et les couteaux. Cassel fut incendiée, Ypres se soumit, Bruges se rendit et la pacification fut laissée aux soins du comte de Flandres qui n'y alla de main morte, alors que Philippe VI rentrait à Paris, auréolé de la victoire, chef d'une aristocratie unie qui le reconnaissait d'autant mieux pour son suzerain qu'il avait, sans hésitation, manifesté sa fidélité au serment de l'hommage en secourant un vassal malheureux pour lui rendre l'autorité bafouée. Désormais, Philippe VI est le garant de l'ordre et l'homme fort de l'Europe : Edouard III prête l'hommage (6 juin 1329) en présence des rois de Bohême, de Navarre et de Majorque ; Jean XXII lui permet d'occuper Parme, Modène et Reggio (1330) ; Jean de Bohême lui cède la ville et le comté de Lucques (1334) ; il régle définitivement la succession d'Artois (1332) ; il réunit les comtés de Brie et de Champagne à la couronne (1336). C'est encore en action de grâce pour la victoire de Cassel que Philippe VI offrit à la Vierge le cheval et les armes qu'il portait à la bataille (statue équestre à Notre-Dame de Paris), et qu'il fit repeindre la chapelle Saint-Michel de l'abbaye royale de Saint-Denis (1330). Plus tard, par une ordonnance, datée du 27 janvier 1341, Philippe VI émet des deniers d'or fin à l'ange : pour la première fois, sur une monnaie, l'écu n'est pas un semé mais les trois fleurs de lys de l'écu de France nouveau; l'archange Saint Michel, drapé dans les plis d'une longue robe, coiffé de la couronne royale, est appuyé sur l'écu fleurdelysé pendant, qu'avec la longue hampe d'une croix, il maintient la tête du dragon gisant à ses pieds. Outre les trois fleurs de lys qui furent montrées dans une vision pour manifester la singulière affection que la Trinité a pour le pays de France, selon ce que rapporta Guillaume de Digulleville (1338), Philippe VI voulut souligner la configuration du roi au Christ et du royaume de la terre à celui des cieux, sur son sceau secret, en entourant son écu des symboles des évangélistes répartis en croix (1336). Saint Michel, frappé sur le denier, appuyé sur l'écu royal, voulait sans doute montrer l'union dans un même combat des deux royaumes, donc des deux légitimités, à une époque où Edouard III, allié aux Flamands, s'est déjà proclamé roi de France (1340) et a déjà remporté la victoire de l'Ecluse avant de signer la trêve d'Esplechin (25 septembre 1340) dont on sait bien qu'elle ne peut durer longtemps. La guerre est pourtant arrivée, et elle a durée, interminable, à une époque où l'espérance moyenne de vie était de trente ans ; des générations entières nont jamais connu la paix, et pourtant, dans cette peine et cette obscurité, les meilleurs tiennent les uns après les autres, inébranlablement confiants en celui qui est le vrai chef du Royaume, le Christ, et son ange, Saint Michel. Le Moyen Age s'achève dans cette conviction ; la création de l'Ordre de Saint-Michel par Louis XI (1° août 1469) est une action de grâces en même temps qu'un encouragement pour ce qui va venir : "A la louange et gloire de Dieu, notre Créateur tout puissant, et révérence de sa glorieuse Mère, et commémoration et honneur de Monsieur Saint Michel archange, premier chevalier, qui pour la querelle de Dieu, victorieusement batailla contre le Dragon, ancien ennemi de la nature humaine, et le trébucha du ciel, et qui son lieu et oratoire appelé le Mont-Saint-Michel, a toujours sûrement gardé, préservé et défendu, sans être pris, subjugué ni mis ès-mains des anciens ennemis de notre royaume, et afin que tous les bons, hauts et nobles courages soient émus et incités à uvres vertueuses... avons constitué, créé et ordonné... un ordre de fraternité de chevalerie ou aimable compagnie de certain nombre de chevaliers, lequel ordre nous voulons être nommé l'ordre de Saint-Michel". La conviction s'affaiblit aux siècles suivants. La Renaissance n'a pas trop parlé de Saint Michel, encore qu'il n'est pas tout à fait absent, comme on peut le voir dans les arts. Il est cependant si bien associé à la France que l'ambassadeur d'Angleterre en Espagne, refuse d'assister à l'office en l'honneur de Saint Michel que Charles Quint fait célébrer à Saragosse le 29 septembre 1518. Après le désartre de Pavie (1525), François I er remplace la salamandre de ses armes par la coquille de l'Ordre de Saint-Michel. Pendant les guerres de religion, il ne manque pas de processions pour implorer le secours de Saint Michel contre l'hérésie, comme celle qui se fait à Paris, le 29 septembre 1568, à quoi le futur Henri III attribue les victoires de Jarnac et de Montcontour (1570). D'aucuns, lorsque le roi Henri IV entra à Notre-Dame de Paris, virent "près de Sa Majesté, Saint Michel, l'ange gardien de la France, en façon d'un jeune enfant come en l'âge de six ou sept ans, signalé par excellence en beauté et revêtu de blanc, ainsi qu'ordinairement les peintres nous dépeignent les anges ; qui, tout au long de la cérémonie, se tint au côté du Roi, et, icelle finie, disparut aussitôt". Lorsqu'on arrive, au début du 17 ième siècle, à la consolidation de la réformation catholique en France, l'archange Saint Michel est certes évoqué mais plus avec cette force qu'on avait connue autrefois ; il suffira, pour vous en convaince, d'aller consulter les tables des matières des prédications et des pieux ouvrages des débuts du siècle. Cest la Vierge Marie qui va ramener la France à Saint Michel. Vous vous souvenez que Louis XIII et le cardinal de Richelieu, largement aidés et soutenus par le Père Joseph du Tremblay, entraînant derrière eux des bataillons serrés de saintes âmes, ont consacré (1638) le Royaume à la Vierge Marie. En cette consécration, la pensée du Roi saccorde parfaitement avec ce que ses lointains prédécesseurs ont professé par l'intercession de Saint Michel. Songez-y, Louis XIII remercie Dieu, par la Vierge, de ce qu'il na pas encore, ni le Dauphin, ni la paix ; cependant il a la conviction que dans la persévérance on obtient la gloire ; il ne fit d'ailleurs pas cette consécration devant la Vierge en assomption, mais devant la statue de la Vierge des douleurs. D’ailleurs les années qui suivent cette consécration sont bien terribles ; après la mort de Louis XIII vient la Régence avec les multiples révoltes de la Fronde où la guerre civile se fait sur fond de guerre étrangère, d'épidémies et de famines. Nul ne sait alors comment sortir de cet engrenage funeste. Au milieu des désastres de la Fronde, Anne d'Autriche, pieuse reine s'il en fut, sans abandonner rien du terrain politique et militaire, cherche ardemment un secours dans le Ciel. C'est alors qu'après bien d'autres, la Régente consulte M. Olier, fondateur de la Compagnie de Saint-Sulpice, sur l’oeuvre de piété qu'il juge la plus propre à fléchir la justice divine. A cette occasion, M. Olier lui rappelle (ou lui apprend, puisqu'elle est espagnole) ce qu'est Saint Michel pour la France ; il lui conseille de se vouer à l'archange Saint Michel, protecteur de la France, et d'instituer la messe du premier mardi du mois dont les Compagnons de Saint-Michel archange (53, rue Charles Gounod, 91120 Palaiseau), demandent la propagation : "Vu et dévotion, très-humble servante de Jésus-Christ. Abîmée dans mon néant et prosternée aux pieds de votre auguste et sacrée Majesté, honteuse dans la vue de mes péchés de paraître devant vous, ô mon Dieu, je reconnais la juste vengeance de votre sainte colère, irritée contre moi et contre mon Etat ; et je me présente toutefois devant vous, au souvenir des saintes paroles que vous dîtes autrefois à un prophète, au sujet d'un Roi pécheur, mais pénitent : J'aurai pitié de lui, et lui pardonnerai, à cause que je le vois humilié en ma présence. En cette confiance, ô mon Dieu, j'ose vous faire vu d'ériger un autel à votre gloire, sous le titre de Saint Michel et de tous les Anges ; et, sous leur intercession, y faire célébrer solennellement, tous les premiers mardis des mois, le très-saint sacrifice de la Messe, où je me trouverai, s'il plaît à votre divine Bonté de m'y souffrir, quand les affaires importantes du royaume me le pourront permettre, afin d'obtenir la paix de l'Eglise et de l'Etat. "M. Olier composa cette prière pour la Reine : " Glorieux saint Michel, Prince de la milice du ciel et général des armées de Dieu, je vous reconnais tout-puissant par lui sur les royaumes et les Etats. Je me soumets à vous avec toute ma cour, mon Etat et ma famille, afin de vivre sous votre sainte protection ; et je me renouvelle, autant quil est en moi, dans la piété de tous mes prédécesseurs, qui vous ont toujours regardé comme leur défenseur particulier. Donc, par l'amour que vous avez pour cet Etat, assujettissez-le tout à Dieu et a ceux qui le représentent". Si vous pensez que les temps sont mauvais et que nous sommes affrontés à de formidables systèmes qui, s'arrogeant le droit de réviser la Loi divine, veulent emprisonner les âmes pour les rendre incapables de vivre avec " Dieu en esprit et en vérité ", qui pourriez-vous mieux appeler à votre secours que saint Michel archange ? La sublime question qui nomme l'Archange, " Qui est comme Dieu ? ", ne s'adresse pas au seul Lucifer, ni même à ses seuls anges, elle s'adresse aussi à chaque homme et, singulièrement, aux chefs des peuplesSi l'affreuse bête de l'Apocalypse dont les exploits funèbres remplissent les derniers temps, recule devant l'archange Saint Michel, ce nest point seulement parce qu'il crie sa formidable question, mais parce qu'il est lui-même cette question.

Vous aussi, à son imitation, devenez cette question redoutable qui terrasse les démons ; criez-la aux ténèbres répandues sur le monde, par votre attention à la parole de Dieu, par votre stricte observance et par votre pratique cultuelle. Criez-la en appliquant votre intelligence à la vérité révélée que l'Eglise vous enseigne, en soumettant votre volonté aux commandements divins que l'Eglise vous rappelle, en nourrisant vos vies des grâces que le Seigneur vous a préparées et que l'Eglise vous distribue » (sources : www.serviam.net).

 

Saint Aubert, évêque d'Avranches

Sources : http://missel.free.fr/Sanctoral/09/10.php

Biographie

Saint Aubert naquit d'une famille considérable, probablement dans l'Avranchis, soit à Genêts, soit, plutôt, à Huisnes alors appelée Itius.

Après avoir distribué son patrimoine aux pauvres et aux établissements religieux, il reçut les ordres sacrés et fut bientôt élu douzième évêque d'Avranches connu après la mort de Ragentrammus (770)[1].

Dès la fin de l'époque préhistorique, ce qui deviendra Avranches était habité par des populations groupées que remplaça le peuple gaulois des Ambibares, signalé par César et que Pline l'Ancien nomme les Abricantes.

Ville gallo-romaine détruite par les invasions barbares, on ne peut dire assurément quelque chose d'Avranches pendant le haut Moyen-Age, encore qu'une charte de Dagobert fonde l'église Saint-Gervais (637). On suppose que le christianisme avait pénétré l'Avranchin vers la fin du 4 ième siècle où saint Léonce semble être le premier évêque et l'organisateur de l'Eglise d'Avranches, petit diocèse qui s'étendait sur l'Avranchin et le Mortanais.

Prélat pieux et ami de la solitude, Aubert avait coutume de se retirer sur le Mont-Tombe, depuis devenu le Mont-Saint-Michel, alors entouré par la forêt de Scissy, où, comme l'on sait, lui apparut l'Archange. Saint Aubert mourut en 725 et comme il avait demandé que son corps fut enseveli au Mont-Saint-Michel, il fut inhumé dans l'église et y resta jusqu'à ce que les révolutionnaires le dispersassent ; seule reste la tête qui est gardée dans l'église Saint-Gervais d'Avranches. Eginhard[2] attribua la fondation du château d'Avranches à Charlemagne dont Le roman en vers de la conquête de la Bretagne dit qu'il visita la ville.  Détruite par les Normands et reconstruite, la ville, aux confins de la Normandie et de la Bretagne, est mêlée aux luttes nombreuses et confuses qui opposent les deux pays.

L'école épiscopale d'Avranches eut une très grande réputation dans le seconde moitié du XI° siècle où enseignait le futur archevêque de Cantorbéry, Lanfranc[3], et étudiaient Jean de Bayeux[4], saint Anselme[5] et Robert de Tombelaine[6].  Henri II Plantagenet séjourna souvent à Avranches et c'est devant le portail de la cathédrale qu'il fit amende honorable pour le meurtre de saint Thomas Becket (1172).  Saint Louis ayant acheté la vicomté d'Avranches y refit les fortifications de la ville et du château.

La guerre de Cent ans fut terrible à Avranches dont l'évêque, Jean de Saint-Avit (1391 + 1442), nommé juge de Jeanne d'Arc à Rouen, fut accusé de trahison pour avoir pris sa défense et mourut après dix ans de captivité dans un cachot.

Restant résolument catholique sous l'influence de l'évêque, Robert Cénalis (1532 + 1560)[7], avec Pontorson, Granville, Cherbourg et le Mont-Saint-Michel, alors que toute la Normandie était aux mains du calviniste Montgommery,

Avranches fut prise par surprise et pillée (7 avril 1562) ; Montgommery ne put s'y maintenir longtemps et la ville devint, sous l'autorité de l'évêque, François de Péricard (1588 + 1639)[8], une place forte de la Ligue qui ne reconnut l'autorité d'Henri IV qu'après deux mois de siège d'artillerie mené par le duc de Montpensier.

Centre du soulèvement des nu-pieds contre le cardinal de Richelieu, Avranches fut terriblement châtiée par Gassion (1639).



[1] Les évêques d'Avranches connus furent, avant saint Aubert : saint Léonce (vers 400), Népus (vers 511), saint Perpétue (533-541), Gilles ou Egidius (549), saint Pair (552-565), saint Sénier (565-570), saint Sever (570), Léodowald (vers 578), Childoald (630), Fégasse (660) et Ragentrammus.

[2] Né de parents nobles de la région du Main, vers 770 ou 775, Eginhard fut élévé à l'école du monastère de Fulda puis fut admis à l'école du palais et devint un des plus beaux esprits de l'académie palatine. Homme de confiance et biographe de Charlemagne, il fut le secrétaire particulier de Louis le Pieux et le conseiller de Lothaire (817). Politique, théologien, hagiographe et artiste, Eginhard était un laïc qui fut marié à Imma dont la légende fit une fille de Charlemagne ; il fut successivement abbé laïc de Saint-Pierre au Mont-Blandin, de Saint-Bavon à Gand, de Saint-Cloud près de Paris, de Saint-Jean à Pavie, de Saint-Wandrille en Normandie, de Michelstadt et Mülheim sur le Main. Il fit transférer les reliques des saints Marcellin et Pierre dans son abbaye de Mulheim (qui s'appela plus tard Seligenstadt), s'y fit moine (830) et y mourut (840).

[3] Né à Pavie dans le premier quart du 11 ième siècle au sein d'une noble famille, Lanfranc fit d'abord des études de droit et exerça la profession d'avocat ; chassé de Pavie après une révolte durement réprimé par Conrad II, il se réfugie en France où il enseigne les lettres et la dialectique à Tours puis à Avranches. Il se fit ensuite moine au Bec (1045) où il devint prieur et écolâtre. Nommé archevêque de Cantorbéry, il fut sacré le 29 août 1070. Il mourut le 28 mai 1089.

[4] Apparenté aux ducs de Normandie, Jean naquit à Bayeux (première moitié du XI° siècle) et fit ses études à l’école épiscopale d’Avranches. Elu évêque d’Avranches (1060), il rédigea un traité de liturgie, le De officiis ecclesiasticis dont il fit hommage à l’archevêque de Rouen, Maurille auquel il succéda (1068). Métropolitain, il continua fermement d’établir la réforme grégorienne qu’il avait entreprise à Avranches, encore que son caractère abrupt compromit les résultats des conciles qu’il réunit en 1072 et en 1074. Des incidents tournant à l’émeute qui le desservirent auprès du duc de Normandie, et des ennuis de santé l’obligèrent à se démettre (1078). Il mourut le 9 septembre 1079.

[5] Voir au 21 avril.

[6] Né vers 1010, Robert fit ses vœux monastiques au Mont-Saint-Michel peu avant 1030. Après avoir été un des premiers et les plus brillants élèves de l’école d’Avranches, il professa au Mont-Saint-Michel agité par une rivalité entre les moines originaires du Bocage et ceux de Haute-Normandie. En 1057 lors de l’élection du nouvel abbé, Renouf, un « Bocain », accusé de simonie par ses adversaires, Robert qui lui était hostile, quitta le monastère avec quelques disciples pour s’installer sur le rocher de Tombelaine, un îlot situé non loin du Mont. Dix ans plus tard, l’évêque de Bayeux, Eudes de Contenville, lui offrit direction du monastère de Saint-Vigor qu’il entendait restaurer dans les faubourgs de Bayeux. Or comme l’évêque, entré en conflit avec son demi-frère, le duc-roi Guillaume, fut mis en prison (1082), Robert quitta précipitamment son monastère dont les moines se dispersèrent. Il se rendit en Italie et se mit au service de Grégoire VII et ne retourna sans soute pas au Mont-Saint-Michel.  Il mourut vers 1090. On a de lui un commentaire du deuxième livre du Cantique des cantiques.

[7] Robert Cénalis, né à Paris en 1483, docteur de la Sorbonne en 1513, chanoine de Soissons, trésorier de la Sainte-Chapelle de Paris et confesseur de François I°, fut successivement évêque de Vence (1522-1530), de Riez (1530-1532) et d'Avranches (1532-1560). Il lutta avec succès contre la peste qui ravageait l'Avranchin (1532-1533), réorganisa avec sagesse son diocèse (statuts de 1533 et de 1550) et fut un apologiste savant et talentueux contre les calvinistes. Il mourut à Paris le 27 avril 1560. On lui doit une Histoire de France, une Histoire sainte et une Hiérarchie de Normandie.

[8] Après les désordres de la Ligue où il anima la résistance au pouvoir d'Henri IV, François de Péricard, la paix revenue, s'occupa avec diligence de la vie religieuse de son diocèse : il établit à Avranches les Capucins et les Bénédictines, réforma les bréviaires, missels et rituels diocésains à quoi, en 1635, il substitua le missel et le bréviaire romains.

6.11.1.4 Bienheureuse Anne-Catherine Emmerick

Du tome 3 de la « Vie de la célèbre mystique », pages 19 et 20 :

« J’ai eu plusieurs visions merveilleuses touchant les apparitions et les fêtes de l’Archange Saint Michel. J’ai été en plusieurs endroits du monde : j’ai vu en France son église sur un rocher au milieu de la mer et je l’ai vu comme patron de la France. J’ai vu comment il aida à remporter la victoire un pieux roi, du nom de Louis, qui, sur une révélation de la Mère de Dieu, s’était adressé à Saint Michel et portait son image sur un étendard. Le roi fonda un ordre de chevalerie en l’honneur du saint Archange. Je l’ai vu maintenant retirer le tabernacle de cette église qui lui est dédiée en ce lieu et l’emporter ».

6.11.2 L’ordre royal de Saint Michel

De l’ « Encyclopédie Universalis », extrait de l’article « Ordre de Saint-Michel » :

« Alors que l’Angleterre avait la Jarretière sous la protection de Saint Georges et qu’un vassal français comme le duc de Bourgogne avait la Toison d’or avec Saint André, le roi de France n’avait aucun ordre à proposer à ses fidèles les plus proches et les plus méritants.  

La guerre de Cent Ans attira l’attention sur le Mont-Saint-Michel, qui ne peut être pris par les Anglais ; Jeanne d’Arc vit l’archange Saint Michel lui apparaître ; dès 1424, Charles VII eut un étendard rouge semé de soleils d’or, avec Saint Michel terrassant le Dragon, lors de son entrée à Paris, en 1437. A son arrivée en France, Louis XI portait ses couleurs blanc et rouge, qui furent prises par tous les courtisans ; son étendard montrera Saint Michel sur un champ blanc et rouge. C’est au château d’Amboise que Louis XI assembla pour la première fois, le 1 er août 1469, "les membres de l’ordre et aimable compagnie de monsieur Saint Michel" ; les statuts sont du même jour : le roi y rappelle tout d’abord que l’archange fut le premier chevalier, en combattant pour Dieu contre le Dragon, et qu’il avait toujours su garder le Mont des anciens ennemis du royaume ; puis il se déclare chef et souverains des 36 chevaliers de haute noblesse. Le costume était somptueux avec manteau de damas blanc doublé d’hermine et bordé d’une broderie de coquilles d’or ; le chaperon de velours cramoisi à longue cornette donnait la note rouge pour compléter le blanc et former ainsi les couleurs du roi. Le souverain remettait aux chevaliers et portait lui-même un collier fait de coquilles d’or, attachées par des lacs de même (transformés en cordelière stylisée par François 1 er, 1516) ; y était attachée une image de Saint Michel terrassant le Dragon (placée dans une médaille au 16 ième siècle). Le siège de l’ordre était théoriquement le Mont-Saint-Michel, mais il semble qu’il n’y eût aucune cérémonie ; dès 1476, le siège était en la chapelle Saint-Michel du palais de Paris puis, en 1557, dans la Sainte-Chapelle du château de Vincennes ; Louis XIV le mit au couvent des Cordeliers de Paris (1661-1665). Instrument de la politique royale, conféré à des souverains, l’ordre de Saint-Michel fut déjà attribué trop facilement sous François II (1560) ; cette tendance ne fit que se renforcer sous Catherine de Médicis, encore que Charles IX essayât de limiter le nombre des chevaliers à 50 (3 avril 1565). Montaigne écrira quelques lignes désabusées sur l’ordre qu’il ambitionna et reçut. Henri III, créant l’ordre du Saint-Esprit en 1578, relégua Saint-Michel au second rang. Pour pallier cette prolifération, Louis XIV, onzième chef et souverain grand maître, refondit les statuts (règlement du 14 juillet 1661, ordonnances des 12 janvier et 9 septembre 1665) et Louis XV y ajouta un règlement (ordonnance du 25 avril 1728) : l’ordre avait 100 chevaliers (dès 1665) ayant 30 ans et pouvant prouver une noblesse héréditaire depuis leur grand-père. Conféré surtout à des militaires, l’ordre fut progressivement envahi de civils depuis la création de Saint-Louis (1693). Les artistes, docteurs et savants nommés, qui n’étaient souvent que bourgeois, étaient alors anoblis, avec dispense des degrés de noblesse. Aboli comme tous les ordres royaux nécessitant la noblesse (décret promulgué par l’Assemblée nationale constituante du 30 juillet 1791, loi du 6 août et confirmation par préambule de la Constitution du 3 septembre suivant), Saint-Michel fut donné à peu de gens par Louis XVIII exilé. Celui-ci réorganisa l’ordre qu’il fit dépendre du ministre de sa Maison (ordonnance du 16 novembre 1816). L’ordre est ‘spécialement destiné à servir de récompense et d’encouragement à ceux de nos sujets qui se seront distingués dans les lettres, les sciences et les arts, ou par des découvertes, des ouvrages et des entreprises utiles à l’Etat’ (article premier). L’Almanach royal de 1830 comptait 94 chevaliers reçus (dont 6 d’Ancien Régime et 5 d’émigration) et dix chevaliers honoraires (surtout étrangers). La monarchie de Juillet supprima de facto cet ordre, qui ne fut plus porté en France (la Constitution de 1830 ne connaissait que la Légion d’honneur) ; une ordonnance du 10 février 1831 abolit tous les ordres créées depuis 1814 ».

 

Louis XI présidant le chapitre de Saint Michel

 

6.11.3 Saint Michel et le Sacre d’Henri IV le 27 février 1494

En construction

6.11.4 La consécration du royaume de France à Saint Michel par Anne d’Autriche en 1652

6.11.4.1 Vœu instituant la messe du premier mardi du mois

En 2002 était célébré le 350 ième anniversaire de la Messe du premier mardi des mois
en l’honneur de Saint Michel-Archange.

« L’an 1652 alors que la Fronde conduisait la France au chaos, Anne d’Autriche la Reine régente, fit mander à Monsieur Olier, curé de Saint Sulpice, de requérir l’aide du ciel pour faire cesser la guerre civile ravageant le Royaume. Le serviteur de Dieu suggéra la résolution suivante que prononça la Reine : "O mon Dieu, j’ose vous faire vœu d’ériger un autel à votre gloire sous le titre de Saint Michel et de tous les anges et sous leur intercession y faire célébrer, tous les premiers mardis des mois, le très saint sacrifice de la messe, afin d’obtenir la paix de l’Eglise et de l’Etat ». 
  
La souveraine acheva par cette supplique à l’Archange :
 
"Glorieux Saint Michel je me soumets à vous avec toute ma cour, mon Etat et ma famille, afin de vivre sous votre  sainte protection ; et je me renouvelle, autant qu’il est en moi, dans la piété de tous mes prédécesseurs, qui vous ont toujours regardé comme leur défenseur particulier. Donc, par l’amour que vous avez pour cet Etat, assujettissez-le tout à Dieu et à ceux qui le représentent (1)". De fait, la paix revint promptement et la France put connaître la stabilité et le rayonnement du siècle de Louis XIV » (sources : http://lgadf.free.fr/).

Note :

(1) : « Vie de Monsieur Olier par M. Faillon - Editions Poussielgue, Frères - Paris 1873  Tome 2 pages 535 et 536 ».

6.11.4.2 Histoire de la messe en l’honneur de Saint-Michel

« Une messe avait été fondée en 1423 par le Dauphin Charles VII pour avoir échappé à un terrible accident à La Rochelle.
-   En 1476 Louis XI adjoint un Chapitre collégial à l’ordre de Saint Michel pour dire chaque jour une messe basse à saint Michel.
-   En 1652 Anne d’Autriche fait « ériger un autel » pour y faire célébrer solennellement, tous les premiers mardis des mois, le saint sacrifice de la messe.
- En 1943 l’abbé Constant Paulet ressent l’impérieuse nécessité d’un sursaut salutaire de la France. Il lance le journal "Terre et Foi", prône la "maintenance chrétienne et terrienne de la France" et organise une croisade de messes  "pour la France et pour la paix".
-  En 1948 sa brochure fait sortir de l’oubli la messe du premier mardi en l’honneur de saint Michel et reçoit l’imprimatur. En 1956, une vingtaine d’Evêques diocésains l’encouragent. Le 15 juin 1962 le Pape Jean XXIII donne sa bénédiction.
Passent les ans et les usages, depuis 1988 les Compagnons de Saint Michel Archange s’efforcent de faire revivre la spiritualité michaëlique et notamment de relever la vénérable tradition de la messe du premier mardi des mois en l’honneur de Saint Michel "afin d’obtenir la paix à l’Eglise et à l’Etat" » (sources : http://lgadf.free.fr/).

6.11.5 Le Saint Père Pie XII et la fête historique de Saint Michel

Du mensuel "Chrétien Magazine" n° 235, page 4 :

« L'Archange Saint Michel voulut que deux de ses reliques qu'il avait déposées le 8 mai 492 dans sa chapelle sur le mont Gargan, dans les Pouilles italiennes, soient remises à l'Abbaye du Mont saint Michel, en Normandie, pour en sceller l'authenticité.

C'est aussi le 8 mai que l'on commémore l'apparition de l'archange au Pape Saint Grégoire 1 er le Grand en 590.

La grande peste ravage Rome, des processions de pénitence et des rogations sont organisées dans toute la ville et Saint Michel apparait au pape et aux Romains à la fin d'une de ces processions, au sommet du château du mausolée d'Hadrien, remettant son épée au fourreau, signifiant que leurs prières sont exaucées et ainsi la fin de l'épidémie.

Pour commémorer l'événement, on édifia une chapelle et une statue de l'archange au sommet de la forteresse qui prit alors l'appellation de château Saint-Ange.

 

Le Chateau Saint-Ange à Rome tout proche du Vatican

 

Le livre « les grandeurs de saint Michel Archange » nous dit que, le 8 mai 1940, Pie XII proclame « urgent, plus que jamais, le recours à la protection de Saint Michel, après avoir rappelé qu’il est le protecteur et le défenseur de l'Eglise et des fidèles, le prévôt du paradis, le présentateur des âmes à Dieu, l'Ange de la Paix et le vainqueur de Satan ». Enfin, le 8 mai 1945, il lance le grand appel : « Déployez l'étendard de l'Archange, répétez son cri : Qui est comme Dieu ? ».

Le Pape Pie XII connaissait l'importance de cette date qui fut d'ailleurs fêtée très longtemps Jésus nous a bien précisé que l'on reconnaîtra l'arbre à ses fruits.

Les fruits donnés par Hitler furent la persécution des Juifs et des Chrétiens entre autres dans les camps d'extermination et de la mort ! N'est-ce pas alors très symbolique que l'armistice de 1945 ait été signé le 8 Mai, Dieu voulant par l'entremise de Saint Michel que les Allemands remettent « leurs épées au fourreau » ?

Merci au grand Pape Pie XII de s'être rappelé cette fête importante de l'Archange du 8 mai, et il fut immédiatement exaucé ».

 

Saint Michel pesant les âmes, Polyptyque du Jugement dernier de Rogier van der Weyden (1443-1446)

 

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