6.1.10 Compléments généraux sur la tradition provençale

6.1.10.1 Saint Lazare, premier évêque de Marseille

Le « Martyrologe Romain » indique que Saint Lazare est fêté le 17 décembre. Nous lisons à la page 291 :

« A Marseille, en France, Saint Lazare, évêque, que Notre Seigneur ressuscita, comme il dit dans l’Evangile ».  

Du tome 14 des « Petits Bollandistes », pages 341 à 344 :

« Dix ans environ après l’Ascension de Notre-Seigneur, Lazare fut jeté par les juifs sur un vaisseau sans voiles et sans rames, avec ses sœurs Marthe et Madeleine, avec Sainte Marcelle, Saint Maximin et d’autres chrétiens. Exposée, ainsi sans ressources à la merci des flots, cette frêle embarcation devait, dans l’esprit des Juifs, sombrer à quelques pas du rivage et engloutir avec elle toutes les espérances de la troupe naissante des fidèles. Mais les méchants furent déçus et le vaisseau qu’ils avaient voué au naufrage, conduit par la main de Celui qui avait dirigé l’arche de Noé, aborda heureusement sur la terre hospitalière de Provence. Marseille lui ouvrit son port, et acclama Lazare son évêque. Le nouvel apôtre planta sur cette terre le drapeau de la foi, et autour de cet étendard du Christ, il travailla pendant trente années entières à réunir une foule compacte de néophytes. Le paganisme s’effraya des progrès de l’Evangile, et les infidèles s’étant emparés de la personne de Lazare, le conduisirent devant le juge de la ville. Celui-ci le somma de sacrifier sur-le-champ aux idoles : s’il refusait, il lui faudrait mourir. Le vénérable vieillard répondit qu’il était serviteur de Jésus-Christ, par lequel il avait déjà été ressuscité une fois, et qu’il ne reconnaîtrait jamais d’autre Dieu que lui avec son Père, Créateur de toutes choses. Cette confession si généreuse mérita au bienheureux apôtre la palme du martyre. On lui déchira le corps avec des peignes de fer, on jeta sur ses épaules une cuirasse de fer embrasée, on le coucha violemment, pour être rôti, sur un gril rouge de feu, sur sa poitrine on décocha plusieurs flèches qui néanmoins furent impuissantes à pénétrer les chairs : enfin sa tête roula sous le glaive du bourreau. On représente Saint Lazare : 1° sortant du tombeau à la voix de Notre-Seigneur ; 2° en costume épiscopal, tenant sur la main une petite bière qui rappelle sa résurrection ; 3° en groupe avec ses deux sœurs Marthe et Madeleine ; 4° abandonné sur la mer dans un vaisseau désemparé. Il est patron d’Autun, d’Avallon, de Carcassonne et de Marseille ».

Apostolat de Saint Lazare - Culte et reliques - Monuments

« L’apostolat de Saint Lazare en Provenve, auquel on avait cessé de croire dans le dernier siècle [au 18 ième siècle], n’est plus douteux depuis les preuves péremptoires qu’en a données M. l’abbé Faillon. Nous allons résumer ce que son ouvrage contient de plus intéressant touchant notre évêque. Dans les Actes très-sincères et très-authentiques du martyre de Saint Alexandre de Brescia, il est dit que, sous l’empire de Claude (41-54), Alexandre alla à Marseille auprès du bienheureux Lazare, évêque de cette ville, et de là à Aix, auprès du bienheureux évêque Maximin. Il est certain, d’un autre côté (M. Faillon le prouve très bien), que, avant les ravages des Sarrasins et des autres barbares qui dépouillèrent Marseille de ses monuments, de ses titres écrits, de ses reliques, le corps de Saint Lazare, ressuscité par Jésus-Christ, et martyr, était inhumé et honoré à Marseille, dans l’église de Saint Victor. Le nom de cette église date du 4 ième siècle : quant aux caveaux, ils ont été construits en plusieurs fois ; la crypte est visiblement plus ancienne que le reste et son origine remonte plus haut que l’empire d’Antonin (138-161). C’est là que Saint Lazare se cachait avec ses néophytes, pendant la persécution, pour les exercices de la religion. On y voit à gauche de l’autel un siège de pierre, taillé dans le roc et qu’on vénère comme ayant servi à Saint Lazare dans l’administration des Sacrements. On en remarque de pareils dans les catacombes de Rome. Au dessus se dessine une figure grossière qui semble remonter au 6 ième siècle et représente Saint Lazare avec la palme du martyre et le bâton pastoral. On voit de plus, dans la voûte, l’alpha et l’oméga qu’on retrouve aussi dans les catacombes de Rome. L’apôtre de Marseille ayant été enterré dans cette crypte, sa sépulture a rendu ce lieu cher au Marseillais et a donné naissance au cimetière souterrain qui s’y est formé depuis, comme cela est arrivé à Rome et dans beaucoup d’autres villes : ‘La coutume de se faire enterrer auprès des Martyrs’, dit Saint Augustin, ‘ayant eu pour fin d’attirer les suffrages des Saints sur les morts’. Voici un autre monument aussi très précieux sur la masse des bâtiments qui composaient l’ancienne abbaye de Saint-Sauveur. Il est situé sur la place de Linche[aujourd’hui, place de Lenche, située à proximité du Vieux-Port, derrière l'hôtel de ville], dans une position souterraine par rapport à la place mise au niveau des rues inférieures. En descendant vers le port, se trouvent des caves que les anciens auteurs ont désignés sous le nom de ‘caves de Saint-Sauveur’ : elles consistent en sept salles toutes égales et parallèles, environnées de trois côtés par une galerie en retour. Toute cette bâtisse est en pierre de taille de grande dimension, faisant parpaing. C’étaient, d’après l’avis unanime des archéologues, des prisons publiques, avec un logement pour les soldats chargés de veiller à la garde des prisonniers. Sur le côté oriental de la galerie, à l’angle nord-est et en dehors des murs, est une petite chambre quadrilatère, qu’on nomme la prison de Saint-Lazare. C’est en effet une tradition immémoriale et confirmée par beaucoup de documents que ‘Lazare ayant refuse de sacrifier aux idoles, fut battu de verges jusqu’au sang, traîné par toute la ville, et renfermé enfin dans cette prison obscure et souterraine’. Par respect pour ce lieu, on y établit des religieuses Cassianites, de même qu’on avait confié la garde de son tombeau et de sa crypte à des religieuses du même Ordre. Lorsqu’on donna cette prison aux religieuses, elle était déjà transformée en oratoire, ce qui prouve à la fois la certitude et l’antiquité de la tradition qui attestait l’incarcération de Saint Lazare en ce lieu. Ajoutons à cette preuve que cet oratoire avait le vocable de Saint Lazare. D’après la même tradition, Saint Lazare eut la tête tranchée dans la prison même, ou au moins sur la place de Linche, tout près de la prison. C’est pourquoi dans la procession solennelle où l’on porte les reliques de ce Saint, on fait sur cette place, près du coin de la rue de Radeau, une station pendant laquelle le clergé chante une antienne ou un répons en l’honneur du saint évêque, comme pour le féliciter d’avoir obtenu en ce lieu la palme du martyre. Lors des ravages des Sarrasins et autres barbares, ravages dont nous avons déjà parlé, les reliques de Saint Lazare furent transportées de Marseille à Autun (le 20 octobre 1147), où l’on bâtit, pour conserver ce saint corps avec honneur, l’église de Saint-Lazare, laquelle devint plus tard la cathédrale. Marseille garda néanmoins la mâchoire et la tête de son saint apôtre. Une autre tête fut adroitement adaptée par un prêtre marseillais au corps du Saint, qu’emportèrent les Bourguignons. Le chef était conservé à part dans une châsse d’argent ; il resta à Marseille quelques fragments du corps de Saint Lazare : un de ces fragments fut déposé dans l’autel de la Chartreuse de Montrieux, en 1252. La tête du saint Martyr fut mise dans une nouvelle châsse en 1356, et dans une autre en 1389. Pour renfermer cette châsse, on construisit un monument de marbre qui servit aussi de chapelle de Saint-Lazare dans la cathédrale qui avait autrefois porté son nom et l’avait remplacé par celui de Notre-Dame de la Major ; il fut achevé en 1481. Depuis la Révolution française, l’Eglise de Marseille ne possède plus une châsse précieuse, mais elle conserve toujours le chef du saint Martyr[…]. Enfin peu d’années après[la Révolution], vers la fin de 1793, le corps même de Saint Lazare, si vénéré à Autun depuis neuf siècles, fut profané comme la plupart des autres corps saints. Les reliques du saint Martyr, tirées de la châsse et jetées pêle-mèle sur le pavé de l’église, servirent quelques instants d’objet d’amusement à une troupe d’enfants qui les traînaient ça et là, lorsque, par un reste de religion, les auteurs mêmes de la spoliation transportèrent les reliques dans le vestibule qui conduit de la sacristie à l’ancienne chambre du Trésor, et les jetèrent sur le pavé, où elles restèrent plusieurs jours. Là, pendant qu’on faisait la vente publique des effets de la sacristie, une femme appelée Jeanne Moreau, se voyant seule dans le vestibule, ramassa soudain la tête dite de Saint Lazare ; et d’autres personnes d’Autun enlevèrent successivement divers ossements du saint Martyr. Le calme ayant été rendu à la France, toutes ces personnes s’empresèrent de remettre à Mgr de Fontange, évêque d’Autun, les reliques de Saint Lazare dont elles étaient dépositaires, et ce prélat, après avoir constaté leur identité, ordonna, le 18 août 1803, qu’elles seraient renfermées dans une châsse et transportées processionnellement dans l’église cathédrale, le 3 septembre suivant, avec toute la pompe accoutumée en de semblables rencontres. La châsse fut portée par les chanoines et exposée dans le chœur à la vénération des fidèles, depuis les premières vêpres de la fête jusqu’à la fin de l’octave du saint Martyr ».  

A la page 59 des « Recherches sur les origines des Eglises de Reims », nous est rapporté que « jusqu’en 1641, époque où le trop célèbre Jean de Launoy écrivit sa dissertation « De commentitio Lazari et Maximini, Magdalenae et Marthae in provinciam appulsu », l’Eglise de France toute entière (voyez : Breviarum insignis Ecclesiae Bituricensis, 1587. Breviarium Remense, 1572. Missale Turonense, 1517. Breviariium, insignis Ecclesiae Senonensis. Breviarium magnum ad usum Parisiensem, 1492. Brevirium Bellovacense 14 saeculo exaratum, Bibl. imp. N° 1030. Breviarium ad usum Eccles. Eduensis, 1550. Breviar. ad us. Eccles. Atrebatensis, 1595. Spirense, 1507. Moguntinum, 1495. Coloniense, 1525. Aurelianense, 1523. Officia propria insignis Ecclesiae cathedralis Cabilonensis, 1620, etc.), avait admis sans contestation, avec tout l’Occident, l’apostolat de Saint Lazare et de ses sœurs en Provence ».  

De la page 364 à 369 de « L’Hagiologie nivernaise » nous est présenté, à la date du                 2 septembre, l’article concernant « Saint Lazare », dont voici quelques extraits :

« La fête de Saint Lazare avait lieu à des époques différentes, selon les temps et les lieux. L’Eglise d’Autun célébrait autrefois cinq fêtes en son honneur : sa résurrection, le vendredi de la quatrième semaine de carême ; son martyre, le 1 er septembre ; la réception de ses reliques, le 20 octobre ; la deuxième révélation, le 20 juin. Le Martyrologe de France indique la fête de l’ami de Jésus-Christ au 1 er septembre, comme le bréviaire d’Autun, mais elle est portée au 2 de ce mois dans la liturgie parisienne[…].

Concernant l’apostolat de Saint Lazare dans les Gaules, l’article se poursuit ainsi : 

« Après l’ascension du Sauveur, Lazare demeura encore quelques temps à Jérusalem, puis il se rendit dans l’île de Chypre où il établit le règne de Jésus-Christ. Dieu lui inspira la pensée de se transporter jusque dans les Gaules ; il s’embarqua donc sur un vaisseau et aborda à Marseille dont il fut le premier évêque. Après y avoir gouverné cette église pendant quelques années, il y scella de son sang la foi qu’il avait prêchée ; il fut décapité. Les historiens de l’église d’Autun rapportent que le corps de Saint Lazare fut apporté de Marseille à Autun (Marseille conserva la mâchoire inférieure du saint). Une partie de ces saintes reliques fut donnée, vers l’an 1000, à l’église d’Avallon, qui fut placée dès-lors sous le vocable de Saint Lazare ; c’était l’os occipital. Cependant on avait commencé, en 1120, à Autun, une nouvelle église, destinée à recevoir les reliques de Saint Lazare, et, en 1132, le Pape Innocent II la consacrait, quoiqu’elle ne fût complètement terminée. Ce fut en 1147 qu’on transféra de la cathédrale, où il avait été autrefois déposé, le corps sacré de Saint Lazare. Outre les prélats de la province, on remarquait à cette solennité Geoffroi, évêques de Nevers, et Gâlon, abbé de Corbigny. On se rendit au lieu où il reposait, et quand on chanta les mots « tollite lapidem » qui se trouvent dans le répons de Saint Lazare, deux ouvriers levèrent la pierre qui couvrait le tombeau.      A la vue du corps de l’ami de Jésus-Christ, les prélats entonnèrent le « Te Deum ». On trouva aussi la tête, sauf les parties que possédaient l’église de Marseille et l’église d’Avallon. En même temps, une suave odeur s’échappa du sépulcre ouvert, et se répandit dans la toute la basilique. Tout ceci se passait pendant la nuit. Le vénérable Humbert, évêque d’Autun, enveloppa dans une riche étoffe de soie tous les ossements avec le suaire et une peau de cerf intacte qui les contenait ; il lia le tout sur un brancard, et continua le saint sacrifice qu’il avait commencé. Quand le jour fut venu, on ouvrit les portes de la cathédrale et le peuple s’y précipita en foule ; le clergé ne pouvait plus sortir, en sorte que pour laisser défiler la procession, Eudes, duc de bourgogne, Guillaume, comte de Chalon, et d’autres seigneurs furent obligés de tirer leur épée pour faire place. Malgré tout, ce ne fut qu’avec peine qu’on arriva à l’église de Saint-Lazare. Les saintes reliques demeurèrent exposées pendant huit jours, après lesquels elles furent mises dans un nouveau cercueil de plomb qui avait été préparé. On grava sur ce cercueil une inscription dont voici la traduction : ‘Ici repose le corps du bienheureux Lazare, mort pendant quatre jours, transféré par les évêques Humbert d’Autun, Geoffroi de Nevers, Gauthier de Chalon, Ponce de Mâcon, Rotrode d’Evreux et Richard d’Avranche, le 20 octobre 1147, sous le règne du roi Louis. Ce cercueil fut descendu derrière le grand autel, dans un caveau voûté et fermé par une pierre de porphyre, scellé de barres de fer ; au-dessus on éleva un riche mausolée de marbres variés. A l’époque de la première translation, en 1147, on avait conservé dans l’église de Saint-Nazaire le chef et un os d’un bras de Saint Lazare ; le chef fut placé dans une châsse richement ornée. En 1727, le 20 juin, eut lieu une nouvelle vérification du corps de Saint Lazare ; le souvenir de la première translation était en quelques sorte effacé, au point qu’on ne savait plus si le mausolée qui s’élevait derrière le maître autel était celui de Saint Lazare ou celui d’un des évêques d’Autun. Mgr de Montcley, étant monté sur le siège épiscopal d’Autun, procéda, sur la demande du chapitre, à cette vérification. On retrouva le cercueil de plomb tel qu’il avait été établi en 1447, avec son inscription. Le saint corps resta exposé pendant plusieurs jours à la dévotion des fidèles, puis on le referma dans le même cercueil de plomb et on le replaça dans le même tombeau.        En 1793, la châsse qui contenait le chef et un os du bras de Saint Lazare fut profanée, ainsi que le tombeau du saint, mais celui qui « veille sur les ossements de ses saints après les avoir délivrés de leurs afflictions, inspira à de pieux chrétiens la pensée de recueillir ces précieuses reliques, au moment où l’impiété sacrilège les dispersait avec mépris. Quand le calme eut succédé à la tempête, Mgr de Fontanges, évêques d’Autun, s’empresse de réunir et d’inventorier chacun des ossements qui avaient été conservés, et après les informations canoniques établissant d’une manière irréfragable leur authenticité, il put annoncer aux fidèles de son diocèse que le précieux trésor que l’ancienne église d’Autun se glorifiait de posséder, lui avait été restitué, avec une partie du suaire dont l’évêque Humbert avait enveloppé en 1147 le corps de Saint Lazare. Le mandement qu’il fit à cette occasion est daté du 18 août 1803 […]. [Ainsi] le culte de Saint Lazare était fort répandu dans le Nivernais, sans doute par suite du voisinage d’Autun. Nevers, Cosne, La Charité, Varzy, etc., avaient des maladreries placées sous son patronage. La maladrerie de Saint-Lazare de Nevers avait été fondée en 840, par l’évêque Hériman, en même temps que celle de Saint-Antoine. Plus tard, l’église de Saint-Lazare près de Nevers, devint paroissiale. On peut reconnaître encore l’abside de cette église, à l’extrémité du faubourg du Grand-Mouësse ».

6.1.10.2 La fête de Sainte Marie Madeleine le 22 juillet dans le Martyrologe Romain  

Le « Martyrologe Romain » indique que Sainte Marie Madeleine est fêté le 22 juillet. Nous lisons à la page 215 :

« A Marseille, la naissance au ciel de Sainte Marie-Madeleine, de laquelle Notre-Seigneur chassa sept démons, et qui mérita de le voir  la première après sa résurrection ».  

6.1.10.3 La redécouverte du corps de Sainte Marie Madeleine à Saint Maximin le 9 décembre 1279

Du tome 1 de « Sainte Marie Madeleine - La Tradition et la Critique », pages 183 à 187 :

« En 1279, Charles comte de Salerne, petit-fils de Saint-Louis et bientôt roi de Sicile, entreprit des fouilles dans la crypte de l’église de Saint-Maximin et il eut le bonheur de découvrir le corps de sainte Marie-Madeleine. Le P. du Sollier estime que le nœud de la question de la Madeleine provençale n’est autre que l’invention de ses reliques. Aussi bien a-t-elle été depuis le 17 ième siècle la visée principale des coups de l’hypercritique. Enfouir les saints corps dans une crypte ! A-t-on d’abord objecté, n’était-il pas ‘plus simple de les cacher dans la montagne ou chez un particulier ?’ Comme si enfouir des corps de saints, pour les préserver, était inouï en histoire ; comme si les montagnes ou les maisons eussent été plus sûres, alors que les Sarrazins occupaient de préférence les premières, et saccageaient si facilement les secondes. Mais encore, ajoute-t-on, comment admettre l’authenticité d’une inscription qui porte Anno Nativitatis, comput dont on ne se servait pas en Provence en 710, date de l’inscription ? Et l’enfouissement lui-même, en 710, a-t-il pu se produire, vu que les Sarrazins ne passèrent le détroit de Gibraltar qu’en 711 ? Enfin la dite inscription prétend qu’Odo ou Odoïn était à cette date roi des Francs : A-t-on jamais connu un tel roi de France ? Et bien ! Les diplomatistes les plus compétents du 17 ième, du 18 ième, du 19 ième siècle constatent que le  comput Anno Incarnationis ou Nativitatis était bien employé à Rome, en Espagne, en France, en Angleterre. De plus, dans le cartulaire de Saint-Victor, on le trouve dans les premières chartes échappées aux Sarrazins, preuve qu’il était employé aussi par le Midi, dès l’époque des envahisseurs. On ne saurait d’autre part s’étonner de voir les Cassianites occupés à garantir leur trésor, en 710 ou 716, – ceux qui trouvèrent l’inscription se partagèrent, en effet, entre ces deux manières de la lire – alors que les Sarrazins remplissaient de terreur, à cette heure, le monde civilisé tout entier et qu’ils s’avançaient à grands pas, par l’Espagne et la Méditerranée, jusqu’au midi de la France, bientôt leur proie. Enfin la troisième objection a été réfutée depuis longtemps déjà et victorieusement, d’après le P. du Sollier, par le P. Pagi, réviseur critique de Baronius. C’est Eudes duc d’Aquitaine que l’inscription appelle roi des Francs, et non à tort car Eudes, non seulement était de race royale par Clotaire I er, mais encore il régna de fait dans le Midi et la Provence Arlésienne ; on datait les chartes des années de son règne et les historiens anciens lui ont donné parfois le titre de roi, l’appelant indistinctement Odo, Odonius ou Eudes. Il n’y avait pas d’ailleurs que cette inscription. Une autre fut découverte renfermée dans un globe de cire qui tomba en poussière, à cause de sa vétusté (1). Elle ne contenait que ces cinq mots : Hic requiescit corpus Mariae Magdalenae. Un faussaire du   13 ième siècle n’aurait pas songé à placer une inscription laconique à côté d’une autre relativement prolixe ; il n’aurait pas pensé davantage à parler d’un prince Odoïn ou Eudes que personne, à cette époque ne connaissait comme ayant disposé d’une autorité quasi royale. Les inscriptions, considérés l’état matériel des parchemins, la forme de l’écriture et l’extrême difficulté d’interprétation, parurent aux témoins parfaitement authentiques.            Le Blant de son côté ne craint pas de dire : ‘Quant aux mots : Hic requiescit, sans formule accessoire, ils ne se trouvent pas en Gaule au-delà de 487’. Donc l’inscription qui nous occupe, puisqu’elle renferme ces mots sans addition, avait de beaucoup précédé les Cassianites. Elle remonte au 5 ième siècle. Comment donc l’hypercritique a-t-elle osé avancer que l’inscription trouvée à Saint-Maximin n’était autre qu’un faux ? Qu’elle en nomme donc l’auteur. Launoy avait accusé les Dominicains, ne prenant pas garde que l’invention est de 1279, tandis que ceux-ci ne vinrent à Saint-Maximin qu’en 1285. On serait aussi peu avisé à suspecter les Bénédictins. A coup sûr, ils n’auraient pas consenti, en eussent-ils-été capables, à un mensonge qui n’aurait servi qu’aux Dominicains par lesquels, bien malgré eux, ils furent remplacés. Serait-ce Charles de Salerne ? L’Histoire le reconnaît trop honnête homme et trop pieux chrétien. Les évêques ? C’était tous ceux de la région et plusieurs comptaient parmi les plus savants et les plus saints. On oserait encore moins mettre en avant le cardinal Cabassole, ou Bernard Gui, tous les deux historiens de l’invention, en même temps que témoins de ce qu’ils racontent. Les critiques d’aujourd’hui ont été obligés de reconnaître qu’ils étaient des hommes de première valeur à tous les points de vue. Ces témoins, loin donc d’être des faussaires, sont les meilleurs garants de l’authenticité du corps qu’ils ont reconnu. Les inscriptions furent pour eux la preuve de l’identité de ce corps. Si en effet on l’eût enlevé de son tombeau lors de l’occupation Sarrasine, comme le prétendait Vézelay, n’aurait-on pas emporté aussi les inscriptions qui le désignaient ? Ils furent en outre favorisés – et la foule qui assista à l’intervention, - de plusieurs manifestations surnaturelles. Un parfum suave s’exhala des saintes reliques.         Il sortait de la langue de la Sainte, adhérant aux os du gosier une branche de fenouil verdoyante en plein décembre. Enfin sur le front, se trouvait une petite portion de chair ou cartilage appelé le Noli me tangere, que plusieurs enquêtes médicales déclarèrent depuis phénomène extranaturel. Ces signes prodigieux se produisant alors qu’on croyait se trouver devant le corps de Sainte Madeleine, on en conclut – et la théologie ne désavoue pas, que nous sachions, leur conclusion – que le ciel confirmait leur conviction, à savoir qu’ils avaient trouvé le vrai corps de Marie-Madeleine. Un juge plus autorisé encore, Boniface VIII, prit connaissance de l’enquête canonique et du jugement des évêques réunis à Saint-Maximin. Il voulut, en outre, que l’os maxillaire inférieur, conservé à Saint-Jean de Latran fût apporté devant lui, en même temps que le Chef de la Sainte qui manquait de cet os. Comme les deux reliques s’adaptèrent parfaitement l’une à l’autre, le Souverain Pontife n’hésita pas à déclarer, en six bulles différentes, qu’alors qu’on était incertain où se trouvait le corps de Marie-Madeleine, Charles II l’avait réellement découvert à Saint-Maximin ».               

Crypte de Saint-Maximin

« Les corps des saints étaient renfermés dans des sarcophages. On est étonné que le coryphée de la critique actuelle n’ait pas craint d’avancer cette énormité ‘La crypte de Saint-Maximin n’est autre chose que la sépulture d’une famille gallo-romaine du 5 ième ou du 6 ième siècle’. La perspicace critique n’a donc rien vu, ni le tombeau de Saint Sidoine, d’après la tradition l’aveugle né de l’évangile, sur lequel est représenté la scène évangélique où le fils de Dieu rend la vue à celui qui était aveugle dès sa naissance ; ni le tombeau des Saints Innocents où est figuré le massacre de ces martyrs ; ni le tombeau de Sainte Marie-Madeleine qui, au dire des anciens auteurs, portait plusieurs traits de la vie de la Sainte Pénitente et sur lequel, il est vrai, on ne distingue plus rien aujourd’hui, mais pour la bonne raison que la piété mal entretenue des pèlerins a tout gratté, mutilé, détruit ; ni enfin les tessères ou Fenestellae qui se trouvent dans ce dernier tombeau et celui de Saint-Maximin, par lesquelles les fidèles faisaient passer les objets de piété devant toucher les corps saints ? Le Blant, qui fait autorité dans la matière, déclare qu’il n’y a pas de doute, que les sarcophages de la crypte Saint-Maximin ont été destinés à des reliques et que la crypte elle-même est un lieu saint. De plus Le Blant, Revoil, Rostan, etc., n’hésitent pas à les faire remonter aux premiers temps du christianisme. Que deviennent des lors allégués par le faux et la sépulture d’une famille gallo-romaine de M. Duchesne ? Ce que deviennent les systèmes gratuitement imaginés ; ils se dissipent et il n’en reste rien. La découverte au contraire des saints corps et la crypte de Saint-Maximin demeurent inattaquables ».

Note :

(1) : Voici le texte exact du premier procès-verbal dressé le 18 décembre 1279, relatif à l’écrit sur le papyrus daté de l’an 710 authentifiant les ossements de Sainte Marie Madeleine :

De l’ouvrage « Histoires du pèlerinage de Saint-Maximin la Sainte-Baume », pages 62 et 63 :

« L’an du Seigneur 1279, le 15 avant les calendes de janvier, magnifique personnage, le seigneur Charles, fils aîné de l’illustre roi de Jérusalem de Sicile, prince de Salerne, et seigneur honoraire du Mont-Saint-Ange, en présence des vénérables seigneurs les archevêques d’Aix et d’Arles, et de plusieurs autres prélats, a trouvé à Saint Maximin dans un certain sépulcre de marbre de la crypte du même monastère, en recherchant par la ferveur de la dévotion le corps de Sainte Marie Madeleine, une cédule contenant ce qui suit, à savoir : L’an de la nativité du Seigneur 710, le sixième jour de décembre, dans la nuit et très secrètement, sous le règne du très pieux Eudes, roi des Francs, au temps des ravages de la perfide nation des Sarrasins, ce corps de la très chère et vénérable Sainte Marie Madeleine a été, par la crainte de la dite perfide nation, transféré de son tombeau d’albâtre dans ce tombeau de marbre, après avoir enlevé le corps de Sidoine, parce qu’il y  était mieux caché ».

6.1.10.4 Sainte Marie Madeleine à la Sainte Baume

Du tome 1 de « Sainte Marie Madeleine - La Tradition et la Critique », pages 180 à 182 :

En construction

6.1.10.5 La fête de Sainte Marthe le 29 juillet dans le Martyrologe Romain  

Le « Martyrologe Romain » indique que Sainte Marthe est fêté le 29 juillet. Nous lisons à la page 218 :

« A Tarascon en Gaule, Sainte Marthe, vierge, hôtesse de notre Sauveur, et sœur de la bienheureuse Marie-Madeleine et de Saint Lazare ».  

6.1.10.6 L’épisode de la Tarasque dans les écrits de Maria Valtorta

Jésus confirme à Maria Valtorta que Sainte Marthe a bien combattu une bête terrestre que l’on appelle communément « la tarasque », à la page 99 du livret « Prière » :

« Penses-tu que Marthe, qui a vaincu le dragon, ait tremblé plus que nous ? Non la souffrance est plus grande en nous. La bête féroce vaincue par Marthe était une bête vraiment féroce vaincue, mais une bête de la Terre ».   

6.1.10.7 La fête de Saint Maximin le 8 juin dans le Martyrologe Romain  

Le « Martyrologe Romain » indique que Saint Maximin est fêté le 8 juin. Nous lisons à la page 193 : 

« A Aix en France, Saint Maximin, premier évêque de cette ville, qu’on dit avoir été disciple du Seigneur ».

6.1.10.8 Marie Salomé et Marie Jacobé

Citons tout d’abord la Sainte Ecriture où l’on trouve le nom de « Salomé » seulement à deux reprises et uniquement dans l’Evangile de Saint Marc (à ne pas confondre avec la fille d’Hérode (Philippe) et d’Hérodiade de Mc 6,22, qui porte également le même nom selon l’historien Flavius Josèphe - Cf. note ‘a’ page 1871 de la Bible de Jérusalem - et qui demanda la tête de Saint Jean-Baptiste) :

- après la mort de Jésus, en Mc 15,40 :

« 38 Et le voile du Sanctuaire se déchira en deux, du haut en bas. 39 Voyant qu'il avait ainsi expiré, le centurion, qui se tenait en face de lui, s'écria: "Vraiment cet homme était fils de Dieu!" 40 Il y avait aussi des femmes qui regardaient à distance, entre autres Marie de Magdala, Marie mère de Jacques le petit et de Joset, et Salomé, 41 qui le suivaient et le servaient lorsqu'il était en Galilée; beaucoup d'autres encore qui étaient montées avec lui à Jérusalem ».

- après la résurrection, en Mc 16,1 :

« 1 Quand le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Saloméachetèrent des aromates pour aller oindre le corps. 2 Et de grand matin, le premier jour de la semaine, elles vont à la tombe, le soleil s'étant levé ». 

On peut toute de suite observer que les femmes dont il est ici question (Mc15,40) sont bien trois personnes distinctes : « Marie de Magdala », « Marie mère de Jacques le petit et de Joset », et« Salomé ». 

Du tome 1 de « Biographies Evangéliques » :

- extrait de la section intitulée « Les deux Maries », pages 229 à 247 :

- chapitre 4, page 229 :

« […] Nous allons esquisser la biographie de Marie mère de Jacques ou Marie Jacobé, et de Marie Salomé ».    

- chapitre 5, page 229 :

« Comme nous l’avons vu en parlant des frères de Notre Seigneur, Marie Jacobé, c'est-à-dire mère de l’apôtre Saint Jacques le Mineur, avait épousé Cléophas ou Alphée, frère de Saint Joseph, époux de la Très Sainte Vierge Marie. De là vient que, dans l’Evangile, elle est appelée indistinctement Marie mère de Jacques, ou Marie femme de Cléophas. Belle-sœur de la Sainte Vierge, Marie de Cléophas eut quatre fils : les apôtres Saint Jacques le Mineur et Saint Jude, Joseph qui fut un des soixante-douze disciples, et Simon qui succéda à son frère Saint Jacques le Mineur, sur le siège épiscopal de Jérusalem ».

- chapitre 6, pages 229 et 230 :

« Sœur des quatre disciples dont nous venons de parler, Salomé était petite-nièce de Sainte Anne, par conséquent petite-cousine de la Sainte Vierge. Elle avait épousé Zébédée, pêcheur de Bethsaïde, et elle était l’heureuse mère des deux apôtres Saint Jacques le Majeur et Saint Jean l’Evangéliste, qui se trouvaient aussi cousins au second degré de Notre Seigneur. C’est elle qui, forte de sa parenté et poussée par un sentiment d’ambition maternelle, avait, pour ses fils, demandé au Sauveur les deux premières places dans son royaume. On connaît la réponse du Fils de Dieu : ‘Vous ne savez pas ce que vous demandez’. Réponse immortelle quitombe de tout son poids sur les parents avides, pour leurs enfants, de dignités et surtout de dignités ecclésiastiques »

- chapitre 7, page 230 :

« Quelques années après l’ascension de Notre-Seigneur, les deux saintes Marie Jacobé et Salomé furent, avec Lazare, ses sœurs et plusieurs autres, exposées sur une barque, qui aborda près de Marseille. En mourant, Notre-Seigneur avait le visage tourné vers l’Occident. Au témoignage des Pères, cette position mystérieuse annonçait que la lumière de la vérité brillerait sur l’Europe d’un éclat particulier. Dix-huit siècles justifient la consolante prédiction. Grâce à la persécution qui dispersa les chrétiens de Jérusalem, nos contrées ne tardèrent pas à recevoir le don de la foi ».

- chapitre 8, page 230 :

« Au nombre des premiers apôtres des Gaules, la tradition constante et appuyée sur tous les genres de preuves met la pieuse colonie dont faisaient partie Marie Jacobé et Salomé. Non seulement le nom de ces illustres apôtres, mais le lieu de leur débarquement, les reliques qu’ils apportaient avec eux, leurs travaux, leur mort et leur sépulture, furent connus de nos aïeux ».

- chapitre 9, pages 230 et 231 :

« En vain, une critique ignorante et partiale voulut, il y a quelques siècles, contester sur ce point nos titres de gloire. Les négations, les doutes, les préjugés ont disparu devant les faits mis au jour par la science moderne. Infatigable chercheuse, cette science a intérrogé les monuments primitifs, écrits en pierre ou sur parchemin ; et de ces archives incontestables elle a montré que la tradition sortait pure comme l’eau de la fontaine. La voici résumée par un ancien historien, très instruit et connaissant par lui-même les choses dont il parle, cet historien des Gervais de Tilbury, maréchal du royaume d’Arles à la fin du douzième siècle ».

- chapitre 10, page 231 :

« La province narbonnaise, dit-il, nous offre à l’endroit où le Rhône se jette dans la mer les îles Sticados nommées vulgairement les Camargues (1). Là, sur le rivage de la mer, on voit la première des églises du continent qui ait été bâtie en l’honneur de Marie, la très Sainte Mère de Dieu, et consacrée par plusieurs des soixante-douze disciples, chassés de la Judée et exposés sur la mer dans une barque sans voiles. C’étaient Maximin, d’Aix, Lazare de Marseille, frère de Marthe et de Marie Madeleine, Eutrope d’Orange, Georges du Velay, Trophime d’Arles[d’après Anne-Catherine Emmerich il y avait 3 hommes et 4 femmes : plus vraisemblablement Lazare, Maximin, Célidonius (l’aveugle né), Marie-Madeleine, Marthe, Marcelle et une autre servante. Cf. 6.1.11.11] »

Note :

(1) : « On sait que la province romaine, appelée Narbonnaise, s’étendait, à partir d’Arles, du Rhône aux Pyrénées et comprenait tout le littoral de la Méditerranée ».

- chapitre 11, pages 231 et 232 :

« Sous l’autel de cette basilique, formé par les saints avc la terre pétrie, et couvert d’une petite table de marbre Paros, où est une inscription, il y a, selon une antique tradition pleine d’autorité, six têtes de corps saints, disposes en carré. Les autres membres de ces corps sont renfermés dans leurs tombeaux ; et on assure que de ce nombre sont les deux Maries qui, le premier jour après le Sabbat, vinrent avec des parfums, pour voir le tombeau du Sauveur. Tel est le récit de l’historien. Parce qu’il est du moyen âge, il n’a pu, comme on devait s’y attendre trouver grâce devant la critique moderne ; ou elle n’a pas connu son témoignage, ou elle n’en fait aucun cas : après avoir indiqué les quelques détails évangéliques concernant une de nos saintes, elle dit dédaigneusement : ‘C’est tout ce que l’Evangile nous apprend de Salomé, et ce que l’on ajoute de plus est apocryphe’ ».

- chapitre 12, page 232 :

« Comme tant d’autres, un pareil jugement est loin d’être sans appel. La révision n’en sera même pas difficile ; nous allons montrer que chaque affirmation de la croyance traditionnelle se vérifie par les faits. D’abord, le nom grec de Sticados donné, encore aux douzième siècle, aux Camargues, est une preuve que ce pays fut longtemps habité par des Grecs, dont la langue devint d’idiome vulgaire. C’est pour la même raison qu’au quatrième siècle le grec se parlait encore à Arles et dans les villes voisines ».

- chapitre 13, pages 232 et 233 :

« D’ailleurs chacun sait qu’une colonie phocéenne fonda la ville de Marseille, six cents ans avant Notre-Seigneur. Active, industrieuse, cette colonie s’étendit sur les côtes orientales et occidentales de la Méditerranée, pénétra dans l’intérieur des terres, bâtit Antibes, Nice, Agde et partagea le commerce maritime avec Carthage. Ses flottes allaient jusque dans l’Océan et quelques-unes dans la Baltique. Fidèle au culte des souvenirs, Marseille a perpétué ses antiques gloires dans l’inscription suivante qu’on lisait, naguère encore, sur le fronton de l’hôtel de ville : ‘Massilia Phocensium filia, Romae soror, Athenarum aemula, Carthaginis terror, Caesaris armis vix cessit : Marseille fille des Phocéens, sœur de Rome, rivale d’Athènes, terreur de Carthage, fut à peine vaincue par les armes de César ».

- chapitre 14, page 233 :

« Les camargues, ou, comme on dit plus communément aujourd’hui, la Camargue est un delta ou île d’environ quatre-vingts kilomètres de circuit. Elle est formée par le Rhône qui se divise en deux branches un peu au-dessous d’Arles, et par la Méditerranée où le fleuve se jette par différentes embouchures, appelées Gras, du mot latin gradus. La tradition affirme que l’endroit où abordèrent les saints apôtres de la Provence est dans le voisinage du Gras d’Orgon, non loin de la petite ville qui porte encore le nom des Saintes-Maries, ou celui de Notre-Dame de la Mer. Cette ville, qui fait aujourd’hui partie du département des Bouches-du-Rhône, est un chef-lieu de canton et compte à peine neuf cents habitants [au 19 ième siècle] ».

- chapitre 15, pages 233 et 234 :

« La tradition ajoute que, voulant rendre grâce à Dieu, qui les avait conduits par sa Providence, ces saints personnages lui élevèrent un autel de terre pétrie, parce que, sans doute, ils ne trouvèrent pas d’autres matériaux en ce lieu. Encore aujourd’hui, le voyageur peut s’assurer pas ses propres yeux de l’exactitude de ce simple détail, en visitant, dans la ville de Sainte-Marie, l’église de Notre-Dame de la Mer ».

- chapitre 17, pages 234 et 235 :

« Cet autel vénérable, qui a existé jusqu’à l’époque de la révolution française, avait été vu par tous les pèlerins et signalé par tous les histories de Notre-Dame de la Mer. La nature des matériaux était pour le savant évêque de Mende, Guillaume Durand, une preuve de sa haute antiquité. On sait que ce grand évêque fut légat du Pape Grégoire X, au concile de Lyon, en 1274. Dans son Rational des divins Offices, ouvrage destiné à tous les évêques du monde, il dit : « D’après la pratique universelle de l’Eglise, les autels doivent être de pierre. On lit cependant dans l’Exode que le Seigneur ordonna de faire un autel de bois de Céthim, qui est incorruptible. L’autel de Latran, à Rome, est aussi de bois ; et au comté de Provence, dans la ville de Sainte-Marie de la Mer, il y a un autel de terre, qu’élevèrent en ce lieu Marie Madeleine, Marthe, Marie Jacobé et Marie Salomé ».

- chapitre 19, pages 235 et 236 :

« Pour récompenser l’héroïque fidélité de ses amis, Dieu fit sourdre une source d’eau douce, qui existe encore, dans l’endroit même où ils s’étaient arrêtés, et où l’on ne trouvait jusque là que de l’eau salée. Ce prodige consolateur les détermina à convertir ce lieu en oratoire, qu’ils dédièrent en l’honneur de la bienheureuse Vierge Marie, leur très sainte belle sœur et auguste cousine. Telle fut la raison qui décida les saintes Marie Jacobé et Salomé à se fixer elles-mêmes dans ce lieu, en se construisant une cellule jointe à l’oratoire, tandis que les autres saints personnages de la troupe apostolique allèrent exercer leur zèle à Marseille, à Aix et ailleurs ».

- chapitre 22, page 237 :

« Non moins ancienne est la tradition touchant l’arrivée et la mort des Saintes Maries à Notre-Dame de la Mer. On en voit la preuve manifeste dans un petit groupe qui termine la crète du toit de l’église du côté du couchant, et qui représente les saintes Maries Jacobé et Salomé, par le type reçu dans le pays pour désigner des deux saintes : ce sont deux figures de femmes, placées dans une nacelle qui vogue sur la mer. On ne peut pas supposer que ce groupe ait été ajouté après coup : il est sculpté dans la masse même de cette bande, et l’état de dégradation où il est aujourd’hui vient de la vétusté, puisque, étant placé au-dessus de l’église et entièrement isolé, il n’a jamais été exposé à être mutilé par personne. Si donc les fractures qu’on y remarque viennent des injures de l’air, il faut conclure encore à l’antiquité des armes de la ville de Notre-Dame de la Mer. Elles se composent d’une barque, portant deux figures de femmes debout, avec cette légende : Navis in pelago ; la barque sur la mer ».

- chapitre 23, page 238 :

« L’Eglise des Saintes-Maries n’est pas seulement vénérable par son antiquité, elle l’est encore par les reliques qu’elle renferme. Sachant de la bouche même de Notre-Seigneur que la Palestine devait être bientôt dévastée, les saintes femmes avaient apporté avec elles, en partant de Jérusalem, trois têtes des Saints Innocents et une autre qu’on croit être celle de Saint Jacques. Il est certain, du moins, que trois têtes de petits enfants, et une autre plus considérable, furent déposées dans la terre avec les corps des saintes Maries, qu’on inhuma à côté de la source, dans l’oratoire dédié à la très Sainte Vierge, et où se trouvait l’autel dont nous avons parlé. Cette nouvelle affirmation de la tradition immémorable fut rendue incontestable, en l’an 1448, lorsque le roi René fit faire des fouilles  dans l’église de Notre-Dame de la Mer. Jamais précautions plus minutieuses ne furent prises pour s’assurer du fait traditionnel. Jamais solennité plus grande que celle de l’élévation des saintes reliques ».

- chapitre 24, pages 238 et 239 :

« Le roi envoya aux Saintes-Maries le chevalier d’Arlatan, son chambellan, pour présider aux fouilles. La tranchée ouverte, les ouvriers rencontrèrent près du grand autel une certaine quantité de terre, entièrement différente de celle qu’on avait trouvée jusqu’alors, et, au milieu, un petit pilier de pierre blanche tout corrodé, qui portait la petite table en marbre, et que par inadvertance les travailleurs rompirent en plusieurs morceaux. En continuant la tranchée plus près de l’autel, ils découvrirent un corps humain qui avait les mains croisées sur la poitrine et qui répandait une très suave odeur ; puis, un autre corps environné de pierres minces appelées plaquettes ; enfin, près de l’oratoire placé au milieu de l’église, trois tête d’enfants et une tête d’homme, qui par leur position semblaient décrire la figure d’une croix ».

- chapitre 25, page 239 :

« Assuré d’avoir retrouvé les corps des saintes Maries, le roi désira donner à leur élévation le plus de solennité possible. Elle eut lieu trois mois après l’heureuse découverte, au mois de décembre 1448, en présence du roi René, du cardinal de Foix, légat du Saint-Siège, de douze archevêques et évêques, d’un grand nombre d’abbés, de professeurs en droit canonique et civil, de docteurs, de trois pronotaires apostoliques et de trois notaires publics. On découvrit exactement toutes les reliques indiquées par la tradition. Deux morceaux de marbre blanc furent trouvés sous les têtes des saintes : l’un sous celle de Sainte Marie Jacobé, avec cette inscription : HIC JACET SANCTA MARIA JACOBI ; l’autre sous celle de Sainte Marie Salomé avec ces mots : HIC JACET SANCTA MARIA SALOME ».

- chapitre 26, pages 239 et 240 :

« Le 3 décembre, jour d’impérissable mémoire, le roi, la reine avec leur cour, le légat et les prélats, suivis d’une multitude de peuple accourue de la Provence et d’ailleurs, se rendirent à l’église magnifiquement ornée. Le cardinal chanta pontificalement la messe des saintes Maries, assisté des évêques, des abbés et de tous les autres ecclésiastiques, revêtus de leurs ornements. Ensuite on distribua des flambeaux, et tout le clergé avec le roi allèrent en procession vénérer les saintes reliques, placées à terre le maître autel. Après quoi, le légat et les évêques de Marseille et de Conserans retirèrent les saints ossements, en essuyant la terre qui y était encore attachée, les lavèrent dans du vin blanc et les déposèrent dans une châsse double, faite en bois de cyprès, et revêtue en dehors en en dedans d’une riche étoffe de soie brochée d’or. On permit alors au peuple de venir les honorer ».

- chapitre 27, page 240 :

« Le lendemain, le légat plaça dans une châsse de bois de noyer, que le roi avait fait exécuter avec beaucoup d’art, les quatre têtes trouvées dans la chapelle des saintes, et déposa cette châsse dans la sacristie. Quant à celle qui renfermait les corps des saintes, il ordonna de la placer au-dessus de l’église dans la chapelle supérieure dite de Saint Michel. Elle y fut élevée solennellement en présence du roi, des prélats et de tout le peuple ».

- chapitre 30, pages 241 et 242 :

« Quoique séparée, en quelque sorte, du reste de la Provence, la petite ville de Notre-Dame de la Mer ne fut pas à l’abri de la tourmente qui à la fin du 18 ième siècle sembla devoir anéantir les reliques et le culte des Saints. La critique de la renaissance avait nié l’existence de nos saints apôtres, il était logique que la révolution, fille légitime de la renaissance, voulût faire disparaître leurs restes sacrés. Un insigne objet de vénération dans l’église des trois Maries était le coussin des saintes. C’était un des morceaux de marbre blanc qui, comme nous l’avons dit, fut trouvé sous la tête des saintes amies du Sauveur. Incrusté dans le mur de l’église et depuis plusieurs siècles couvert des pieux baisers de tant de milliers de pèlerins, cet objet sacré fut choisi par la révolution pour servir de pierre fondamentale à l’un des deux arbres de la liberté, qu’on planta dans le pays ».

- chapitre 31, page 242 :

« De plus, toute l’argenterie de l’église et notamment deux reliquaires en forme de bras, où se trouvaient enchâssées des reliques des Saints, furent transportés à Arles, pour être convertis en monnaie. Heureusement les corps des deux Saintes, étant alors enfermés dans une châsse en bois, ne pouvaient pas exciter la cupidité et furent négligés d’abord. Mais, comme il était aisé de prévoir qu’ils seraient infailliblement profanés, le sieur Antoine Abril, alors en possession de l’église des Saintes-Maries, désirant prévenir ce malheur, invita secrètement, pendant la nuit du 22 octobre 1793, un honnête homme du pays, Antoine Molinier, à l’accompagner dans l’église ; et là, l’un et l’autre ayant ouvert la châsse, ils en retirèrent les reliques des Saintes, qui formaient deux paquets distincts. Ils les enveloppèrent dans de la grosse toile et les cachèrent sous terre, dans le bûcher d’Antoine Molinier ».

- chapitre 32, pages 242 et 243 :

« Enfin celui des administrateurs du district d’Arles, qui avait été chargé de transporter dans cette vile l’argenterie de Notre-Dame de la Mer, voulut apparemment sauver un des saints bras. Du moins, quelque temps après, un autre administrateur du district ayant fait ouvrir un tiroir dans un certain meuble qui avait été à l’usage de son collègue, y trouva le reliquaire renfermant encore la sainte relique. Ce précieux objet fut ensuite reporté à Notre-Dame de la Mer, dont la municipalité le remit, en 1797, en présence du peuple, à M. Joseph Barrachin, alors chargé de la conduite de cette paroisse. Les habitants reconnurent à l’unanimité l’identité de la relique, vénérée autrefois dans ce lieu. Ils signèrent un acte de cette reconnaissance qui fut certifié par le président de l’administration municipale. La joie du peuple se manifesta alors par des sanglots, et par le saint enthousiasme avec lequel on chanta la Te Deum ».

- chapitre 33, page 243 :

« Elle n’éclata pas avec moins de vivacité, lorsque la municipalité, ayant résolu d’abattre les arbres de la liberté, on retira de terre le coussin des Saintes, et qu’on le porta comme en triomphe dans l’église où il fut replacé dans le mur comme auparavant. Mais l’allégresse publique sembla n’avoir plus de bornes à l’élévation des saints corps qu’on croyait perdus sans retour. Le 21 mai 1797, le sieur Molinier ayant déclaré ce qu’il avait fait, toutes les autorités se rendirent sur le lieu désigné, et on trouva enfermées dans la terre les saintes reliques, dans le même état que le sieur Molinier avait décrit aux administrateurs municipaux. Celles de Sainte Marie Salomé avaient été autrefois reconnues par Mgr de Mailly, archevêque d’Arles, et celles de Sainte Marie Jacobé, par un évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, ainsi qu’on le lisait sur les attestations attachées aux deux paquets et munies des sceaux de ces deux prélats »

- chapitre 34, page 244 :

« Les précieux trésors reposent maintenant dans l’église de Notre-Dame de la Mer ; et la procession des pèlerins, commencée il y a dix-huit siècles[l’auteur écrit au 19 ième siècle], pour honorer les saintes amies du Sauveur, continue de les glorifier et d’implorer leurs faveurs : ce n’est pas en vain. L’histoire est pleine des miracles opérés dans ce lieu béni »

6.1.10.9 Saint Célidonius ou Sidoine, l’aveugle-né

Du tome 1 de « Biographies Evangéliques » :

- chapitre 14, page 299 :

« L’Evangile a soin de nous apprendre que l’aveugle-né était un mendiant. Pourquoi de détail ? Il est facile de le comprendre. Le divin Rédempteur est le Dieu des pauvres. Pauvre lui-même, pour eux il a toujours montré de la préférence. Par cette conduite, où sa bonté et sa sagesse brillent du même éclat, il voulait réhabiliter la pauvreté, et rendre respectables les pauvres et les petits, objets de mépris dans le monde païen. C’est toute une révolution morale qu’il opérait ».

- chapitre 15, page 299 :

« Il fallait être pharisien, c'est-à-dire hypocrite et orgueilleux, pour lui faire un crime du miracle qu’il venait d’accomplir : cracher à terre, et faire un peu de boue avec un peu de terre  détrempée dans la salive, n’était pas une viloation du repos commandé par le Sabbat.   Il était ridicule de le prétendre ; mais ces mêmes pharisiens qui s’arrêtèrent à ces minuties ne reculaient ni devant les plus noires calomnies, ni devant les persécutions et les complots sanguinaires, pour prendre celui dont la puissante parole démasquait leur hypocrisie. N’y a-t-il plus aujourd’hui de pharisiens ? ».

- chapitre 16, page 300 :

« La haine des pharisiens ne tarda pas à se manifester. Mis à bout par les réponses de l’aveuble, ils ne trouvèrent d’autre moyen de se venger qu’en le maudissant et en l’excommuninant. Notre-Seigneur l’ayant appris récompensa avec magnificence ordinaire celui qui l’avait si courageusement confessé. Il lui donna le don inestimable de la foi. Croyez-vous, luidit-il, que je suis le Fils de Dieu ? A ces mots l’aveugle, guéri de la double cécité du corps et de l’âme, se prosterne et prononce ce Credo qui, accompagné de contrition et d’amour, le sanctifie en un instant ».

- chapitre 17, page 300 :

« La semence divine était tombée en bonne terre. L’heureux aveugle devint un saint et un apôtre. Voici ce que l’histoire nous apprend se sa vie et se son apostolat. Dans son catalogue des saints, le savant évêque d’Equilium, Pierre de Natalibus, s’exprime ainsi : ‘Ceddonius, ou Célidonius, fut cet aveugle de naisance, que Notre-Seigneur guérit, en mettant sur ses yeux de la boue faite avec sa salive. Plusieurs croient qu’il fut un des soixante douze disciples du Sauveur. Quoi qu’il en soit, il est certain, d’après les anciens monuments et les Actes des Apôtres, qu’il fut disciple du divin Maître ».

- chapitre 18, pages 300 et 301 :

« Baptisé par les Apôtres, après l’ascension du Seigneur, il s’attacha particulièrement à Saint Maximin. Jeté avec lui, ainsi qu’avec Lazare et ses sœurs, sur une barque sans pilote, sans gouvernail et sans voile, il fut explusé de la Judée. Dieu lui-même gouverna la fragile nacelle et la fit aborder aux côtes de Provence. Le pays converti, le bienheureux Lazare devint évêque de Marseille, et le bienheureux Maximin, d’Aix. Célidonius partagea le ministère du bienheureux Maximin, et fut son coadjuteur dans la prédication de l’évangile. Enfin, après une longue carrière il mourut paisiblement à Aix et fut enterré auprès de son maître ».

6.1.10.10 Des révélations d’Anne-Cathrine Emmerick

La version du texte présenté ci-dessous est une traduction plus large que celle figurant, pages 416 à 419 du tome 3 des « Visions » en ma possession (je mets entre crochets les passages qui ne figurent pas dans l’édition) :

« [J'ai eu une grande vision touchant Marie-Madeleine. J'ai vu encore cette fois, comme je l'avais toujours vu, que Marie-Madeleine la pécheresse et la femme qui versa trois fois des parfums sur Jésus sont une seule et même personne, sœur de Marthe et de Lazare.
Je l'ai vue d'abord à Béthanie dans la maison de Lazare qui était la plus grande et la plus belle de l'endroit : c'est la même que celle où j'ai vu le Seigneur prendre un repas avant d'aller pour la dernière fois à Jérusalem et où beaucoup de personnes mangèrent dans la cour et sous des galeries. Cette maison était un héritage que Lazare tenait de son père. Je vis cette nuit le frère et les deux sœurs vivant encore ensemble. Lazare et Marthe menaient une vie très simple et faisaient beaucoup d'aumônes : Madeleine au contraire vivait dans l'oisiveté et étalait un luxe scandaleux, ce qui leur donnait beaucoup de chagrin. Elle habitait à l'étage supérieur : elle avait deux suivantes et deux serviteurs. Je la vis extraordinairement occupée de sa toilette : elle cherchait toujours à attirer les regards du public et rougissait de son frère et de sa sœur. Elle avait un siège couvert de tapis qui ressemblait à un petit trône : elle le faisait porter sur le toit en terrasse de la maison et s'asseyait là en grande parure pour recevoir des visiteurs parmi lesquels étaient plusieurs hommes et plusieurs femmes de Jérusalem. Elle était grande et forte, avait des cheveux blonds très longs et très épais, de très belles mains et un très beau teint. Sa toilette était extraordinairement compliquée et surchargée d'ornements. Je la vis une fois assise sur cette plate-forme : elle avait sur la tète une coiffure garnie de perles et faite d'une étoffe d'un gris jaunâtre qui ressemblait à de la dentelle ; tout cela entremêlé de perles, d'objets brillants et de boucles de cheveux artistement frisés. Du haut de cette coiffure tombait par derrière jusqu'à terre un long voile transparent. Elle avait autour du cou une collerette très ouvragée dont les plis montaient jusqu'au menton. Sa poitrine était serrée dans une espèce de corset d'une étoffe luisante brochée de fleurs rouges et blanches : la jupe de même étoffe était plissée transversalement. Elle portait en outre une robe de dessus à fleurs d'or, qui ne fermait que sous la poitrine. Les manches froncées aux épaules, étaient attachées au-dessus et au-dessous du coude par de larges fermoirs de perles : enfin aux coudes et aux poignets pendaient de longs festons dont la couleur tirait sur le jaune et qui avaient l'air de dentelles. La robe avait une longue queue. Dans cet attirail qui lui permettait à peine de se mouvoir, Madeleine ; elle avait tout l'air d'une poupée]. Peu après l'ascension de Jésus-Christ, Madeleine s'était retirée dans le désert, un peu au delà de l'endroit où avait résidé Jean-Baptiste. Elle avait des vêtements qui l'enveloppaient tout entière. Plus tard elle s'enfonça plus avant dans une contrée sauvage, hérissée de rochers et vécut loin des hommes, dans une grotte où Elisabeth s’était retirée avec Jean-Baptiste, lors du massacre des Innocents. Lazare se tenait caché le plus souvent et ne se montrait que la nuit. Trois ou quatre ans après l’Ascension, les apôtres se trouvèrent réunis ensemble à Jérusalem. Dès les premiers temps, ils avaient réglé tout ce qui a rapport au corps de l’Eglise. Alors éclata à Jérusalem une persécution contre Lazare et ses sœurs. Marthe et lui furent jetés  en prison par les Juifs. Madeleine ayant voulu les visiter pendant la nuit, fut également arrêtée. Avec Lazare et ses deux sœurs furent aussi emmenés un jeune homme nommé Maximin, Marcelle, servante de Madeleine et la servante de Marthe. Ils étaient sept : trois hommes et quatre femmes. Après les avoir accablés de mauvais traitements, les Juifs les firent monter dans une méchante barque faisant eau de toutes parts, et n’ayant ni voiles, ni gouvernail. Elle fut amarrée à un grand vaisseau, qui l’abandonna après l’avoir remorquée en pleine mer : tandis que Lazare et ses compagnons priaient et chantaient des cantiques, je vis la barque aborder sur le rivage de la Gaule, dans un lieu où les vagues venaient baigner doucement la plage. Ils descendirent à terre, et abandonnèrent leur esquif à la merci des flots. Leur voyage s’était fait avec une vitesse miraculeuse. Je les vis arriver dans la grande ville de Massilia(1). On les laissa passer, et l’on se contenta de les regarder, sans leur faire aucun mal. On célébrait alors la fête d'une idole, et je vis les sept étrangers s'asseoir sur la place publique, sous le péristyle d'un temple. Ils demeurèrent là longtemps ; enfin Marthe la première adressa la Parole au peuple qui s’était rassemblé autour d'eux. Elle raconta les circonstances de leur voyage, et parla de Jésus avec beaucoup de vivacité et d’émotion. Bientôt la foule voulut les forcer à se retirer, et leur jeta des pierres, mais qui ne les atteignirent pas, et ils restèrent là tranquillement assis à la même place jusqu'au lendemain matin. Les autres aussi s'étaient mis à haranguer la multitude et plusieurs leur témoignaient de la sympathie. Le lendemain, je vis sortir d'un grand édifice qui me fit l'effet d'une maison de ville, des gens qui vinrent leur adresser diverses questions. Le troisième jour, on les conduisit à cette maison devant le magistrat. Je vis alors qu'on les sépara : les hommes restèrent près du magistrat et les femmes se rendirent dans une maison de la ville. On leur fit un bon accueil et on leur donna à manger. Je vis qu'ils prêchèrent l'Evangile là où ils allèrent et que le magistrat fit défendre par toute la ville de les molester en quoi que ce fût. Je vis aussi que bientôt beaucoup de personnes se firent baptiser par Lazare, dans un grand bassin qui se trouvait en face du temple, sur la place publique. Le premier magistrat, si je ne me trompe, fut du nombre des néophytes. Lazare en sa qualité d'évêque, continua à prêcher l'Évangile dans cette ville ; mais les autres la quittèrent bientôt. Madeleine se retira seule, loin de la ville, dans un désert ; elle demeurait dans une caverne presque inaccessible[la Sainte Baume] où elle se livrait à une rude pénitence. Je l’ai vu plusieurs fois, aller à moitié chemin de sa retraite, à la rencontre de Maximin qui lui apportait la sainte communion. Sa grotte était située dans une montagne sauvage dont les sommets faisaient de loin l’effet de deux tours penchées. La grotte était soutenue par des piliers naturels, et l’on voyait dans les parois des trous où l’on pouvait placer divers objets. Il s’y trouvait un autel de gazon surmonté d’une grande croix, formée naturellement par des branches qui avaient poussé là ; une couronne était suspendue au milieu. La couche de Madeleine n’était pas au milieu de la grotte, mais de côté, dans une paroi du rocher, où elle l’avait taillée elle-même. Il était difficile de la trouver. Elle mourut eu de temps avant Marthe, et je la vis étendue sur sa couche, couverte d’un vêtement de feuilles ; elle tenait une croix entre ses bras croisés sur la poitrine. Elle n’était pas maigre, et avait plutôt de l’embonpoint. Sa peau seulement s’était brunie et durcie par les intempéries de l’air. Je vis arriver deux ermites portant des bâtons entre lequels une grande couverture était assujéttie avec des cordes. Ils enveloppèrent décemment le saint corps et le portèrent assez loin de là au couvent de Marthe. J’ai vu une église bâtie par Saint Maximin au-dessus de la grotte. On y conservait des reliques de Madeleine : sa tête, à laquelle il manquaît une machoire, mais il restait encore un peu de chair d’un côté, un de ses bras, des cheveux, et une fiole avec de la terre. Marthe s’était rendue avec Marcelle et l'autre servante dans une contrée sauvage, au milieu de rochers où plusieurs femmes s’étaient construites de petites cabanes. C'étaient des captives que les habitants du pays avaient enlevées dans une guerre et qu'ils avaient établies là, en les soumettant à une surveillance particulière. Marthe et ses compagnes s'établirent dans leur voisinage et se construisirent d'abord de petites cabanes près des leurs. Plus tard, elles bâtirent un couvent et une église, composée seulement de quatre murs avec une toiture en branches tressées recouvertes de gazon. Elles convertirent d'abord les captives, dont plusieurs s'adjoignirent à elles. D'autres, au contraire, leur donnèrent beaucoup à souffrir, et par des dénonciations perfides attirèrent sur elles des persécutions de toute espèce de la part des habitants du pays. Il y avait dans le voisinage une ville qui s'appelait Aquae(2). Il devait y avoir là des sources d'eau chaude, car il s'élevait continuellement des masses de vapeur. Je vis Marthe au bord  d'un fleuve très large, faire périr un monstre[la Tarasque] qui se tenait dans ce fleuve et qui faisait beaucoup de ravages. Elle lui jeta sa ceinture autour du cou en invoquant le nom du Seigneur, et l'étrangla. Le peuple l'acheva à coups de pierres et d'épieux. Je la vis souvent prêcher l'Évangile devant un nombreux auditoire, soit dans la plaine, soit au bord du fleuve. Elle avait coutume alors, avec l'aide de ses compagnes, de former avec des pierres une élévation sur laquelle elle montait. Elle s’acquittait de ce travail mieux qu'un maçon de profession, grâce à son activité et à son adresse extraordinaires. Un jour qu’elle prêchait au bord du fleuve, un jeune homme voulut le traverser à la nage, et s’y noya. Les habitants du pays l’accablèrent d’injures à ce sujet. Je père du jeune homme noyé retrouva son corps le lendemain, l'apporta devant Marthe, en présence d'une foule nombreuse, et lui dit qu'il croirait à son Dieu si elle ressuscitait son fils. Marthe, au nom de Jésus, lui ordonna  de revenir à la vie : il ressuscita en effet, et se fit chrétien avec son père et beaucoup d’autres. Toutefois il y eut des gens qui traitèrent Marthe de magicienne et la persécutèrent. Maximin s'était établi dans le voisinage en qualité de prêtre ; il visitait Marthe et lui apportait la sainte communion. Par ses bonnes œuvres et par ses enseignements, Marthe travailla beaucoup à propager l'Evangile, et convertit un très grand nombre de personnes au christianisme ».

Notes :

(1) : « C’est le nom latin de Marseille. Tout ce récit du reste est confirmé par l’histoire et la tradition sur les saints lieux de Provence, tradition que les récents travaux de M. Faillon, sulpicien, viennent de raviver en France, et qui ne pouvait certainement être connue de la sœur morte en 1824 ».
(2) : « Aquae Sextae, aujourd'hui Aix, ancienne ville de bains d’eaux thermales ».

On peut donner au moins encore une autre confirmation de l’authenticité de la tradition provençale, car Anne-Catherine Emmerichavait également la grâce de reconnaître les reliques qu’on lui apportait.
Un jour, elle reconnu deux d’entres elles comme ayant appartenu à Marie Madeleine et à Marthe, qui avaient été ramenées par des pèlerins qui s’étaient rendus sur les tombeaux de Marthe (à Tarascon) et de Marie Madeleine (à Saint-Maximin) en France.

A la page 285 du tome 3 de la « Vie d’Anne-Catherine Emmerich » nous lisons qu’un jour, en soirée, un pèlerin lui apporte un petit paquet qu’il avait préalablement ouvert où étaient insrits ces mots « Du vêtement d’un saint » et le récit de poursuivre : « il s’y trouva aussi un ossement et une petite inscription. Il ne pouvait pas s’imaginer, vu l’obscurité et la petitesse des objets, qu’Anne Catherine eût remarqué l’ouverture du paquet ; mais elle lui cria tout à coup : « Ne perdez pas l’inscription ! Elle dit vrai ! Elle luit ! ». Le pèlerin lui présenta alors le fragment d’ossement et elle tomba subitement en contemplation. Revenue à elle, elle dit : « J’ai voyagé bien loin, j’ai été à Béthanie, à Jérusalem et en France. C’est un ossement de Sainte Marthe, l’habit est de Sainte Madeleine, il est bleu avec des fleurs jaunes et mêlé de vert. C’est un reste du temps de ses vanités mondaines. Elle le portait encore sous un manteau de deuil lors de la résurrection de Lazare, lorsque ses sœurs et lui partirent pour la France. De pieux amis en ont pris quelque chose comme souvenir. Des gens qui étaient allés en pèlerinage à leur tombeau en France ont enveloppé dedans la relique, et il croyaient que l’un et l’autre était de Madeleine, mais le morceau de vêtement seul vient d’elle, l’ossement est de Marthe ». Lorque le pèlerin examina l’inscription, il y lut en effet : sancta Maria Magdalena ».

6.1.10.11 Notre Seigneur Jésus à Jnsr

De l’ouvrage « Et voici…le Secret de Marie » :

- extrait du message « Et si nous reprenions notre marche ? » donné le 26 juin 2002, page 51 :

« Les grands Saints […] abandonnèrent toute leur fortune pour ne vivre que d’aumônes, enfermés dans les cloîtres des monastères, et même dans une grotte comme Saint François d’Assise et Sainte Marie Madeleine, pour adorer Dieu en Esprit et en Vérité ».