6.1.11 Zachée

 

 

Du « Guide de la France religieuse et mystique » :

- extrait de la page 597 :

« Une longue tradition, confirmée par une bulle du Pape Martin V en 1427, fait remonter l’origine de Rocamadour au 1 er siècle de l’Eglise. L’ermite qui a donné son nom au rocher ne serait autre que le publicain Zachée, de Jéricho, qui reçut, comme le rapporte Saint Luc, la visite de Jésus. Il aurait été également le mari de Véronique, celle qui essuya la face du Christ lors de la montée au Calvaire. Le véritable nom d’Amadour était peut-être, en arabe, Amab-Aour, surnommé Zaccaï (le Juste) à cause de l’hospitalité qu’il avait offerte à Jésus [les explications données à ce sujet, au tome 1 de « Biographies Evangéliques », semblent plus plausibles]. Zachée et Véronique seraient venus en Gaule avec Saint Martial (de Limoge) par le détroit de Gibraltar et auraient débarqué à Soulac. Après la mort de son épouse, Zachée, désireux de solitude, remonta la vallée de la Dordogne et se fixa au milieu du val d’Alzou, sur le territoire des Cadurques. Il y mourut, après avoir élevé à la Vierge, dans une grotte, un autel que Saint Martial vint lui-même consacrer ».

 

 

 

Du tome 37 de « Revue contemporaine » (1864) :

- extrait du chapitre 18, page 495 : 

« Au temps où il apportait aux hommes la bonne nouvelle, Notre- Seigneur Jésus-Christ avait un disciple nommé Zachée celui qui, étant de petite taille et perdu dans la foule, monta sur un figuier pour le mieux voir. Après le crucifiement du Sauveur, Zachée s'attacha à sa divine mère, ne l'abandonna pas à sa mort et vit sa glorieuse assomption. Quand vinrent les temps d'épreuve, alors que Saul, depuis l'apôtre fervent, assistait au martyre de Saint Etienne et gardait les manteaux des bourreaux, la Vierge apparut à Zachée, Elle lui ordonna de fuir avec sa femme Véronique. Ils s'embarquèrent dans une nacelle, s'abandonnant au souffle de Dieu. Le frêle esquif traversa la Méditerranée, entra dans l'Océan, et toucha terre sur la côte d'Aquitaine, au lieu appelé aujourd'hui le Pas de Graves.

Or, un peu auparavant, sous le règne de Claude, Saint Pierre ayant déjà établi son siège à Rome, était venu en Aquitaine et en Quercy, Saint Martial, qui allait prêchant et convertissant. L'apôtre des Gaules envoya Zachée à Rome rendre compte à Saint Pierre du succès de ses prédications. Peu de temps après son retour, Zachée perdit sa femme Véronique. Pris du mal divin de la solitude, il chercha un lieu désert où il pût se consacrer tout entier au Seigneur. Il remonta l'Aquitaine, entra eu Quercy, et fixa sa demeure dans une gorge sauvage pleine de bêtes féroces, qu'il chassa par ses prières. Là, il prit ou reçut le nom d'Amadour, l'amant de la solitude. ll bâtit un oratoire qui s'appela Rocamadour du rocher où il s'appuyait, que Saint Martial bénit, qui fut dédié à la Vierge, et où elle a fait bien des miracles ».

 

 

Du tome 1 de « Biographies Evangéliques » :

- chapitre 10, page 306 :

« Avec Notre-Seigneur entra le salut dans la maison de Zachée. Baptisé plus tard par Saint Pierre, avec Joseph d’Arimathie, il devint un des disciples les plus fidèles de son Rédempteur. Sa femme Bérénice ou Vérénice, dont on a fait Véronique, imita courageusement son exemple. Après l’Ascension de Notre-Seigneur et la persécution qui dans la personne de Saint Etienne donna à l’Eglise son premier martyr, et dispersa au loin les chrétiens de Jérusalem, Zachée et sa femme quittèrent l’Orient. Avec Saint Pierre et Saint Martial, un des soixante-douze disciples, ils partirent pour Rome. L’histoire fixe leur voyage vers l’an 42 de Notre-Seigneur, la seconde année du règne de Claude ».

- chapitre 11, pages 306 et 307 :

« Après un séjour d’environ un an, Martial reçut ordre de Saint Pierre, de se rendre dans l’Aquitaine, une des grandes provinces de l’ancienne Gaule, et partit incontinent avec deux prêtres, Alpinianus et Austriclinianus, Zachée et sa femme Bérénice. On croit que la sainte colonie aborda sur la côte de Médoc, au lieu appelé ‘Pas de Grave’. Zachée et sa femme s’établirent aux environs, tandis que Martial et ses compagnons s’avancèrent dans l’intérieur des terres. Les vertus de ces deux étrangers ne tardèrent pas à leur concilier la vénération des peuples. A leurs voix plusieurs personnes embrassèrent la foi, entre autres un personnage important, à qui Saint Martial vint conférer le baptême. C’est alors que l’apôtre de l’Aquitaine ordonna à Zachée d’aller à Rome, pour rendre compte à Saint Piere du succès de leur commune prédication. Zachée obéit et demeura deux ans à Rome, auprès de Saint Pierre dont il vit le martyre ».

- chapitre 12, page 307 :

« Sa mission accomplie, Zachée vint retrouver dans les Gaules Saint Martial, apportant des reliques d’un prix inestimable. C’étaient un linge de la Sainte Vierge, du sang de Saint Etienne et de Saint Pierre. Bien qu’il n’ait pas péri par le glaive, comme Saint Paul, le prince des apôtres avait versé son sang pour son divin Maître. Sans parler du crucifiement la tête en bas, inévitablement accompagné d’hémorragie, il avait subi la flagellation que la loi romaine infligeait aux condamnés à mort. Rome conserve aujourd’hui dans l’église de Sainte-Marie la colonne à laquelle il fut attaché pendant ce cruel supplice ».

- chapitre 13, page 308 :

« Cependant Bérénice était allée recevoir dans le ciel la récompense de ses vertus et de son héroïque courage. Dégagé de tous les liens terrestres, Zachée résolut de finir sa vie dans la solitude. Cette pensée le conduisit au pays des Cadures, aujourd’hui le Quercy. Ravagé par César, dont la barbarie s’était signalée en faisant couper le poing à deux mille braves, coupables d’avoir courageusement défendu leur ville d’Uxellodunum, le pays se relevait à peine de ses ruines. Plusieurs parties étaient encore inhabitées. Zachée choisit pour retraite une vallée profonde, remplie de bêtes féroces qu’il chassa par ses prières. C’est ainsi qu’onze cents ans plus tard un autre civilisateur des Gaules, Saint Bernard, purgea des voleurs la Vallée d’absinthe, et en fit Clairvaux, la Vallée de lumière. Zachée bâtit en ce lieu, en l’honneur de la Sainte Vierge, une chapelle qui fut dédiée par Saint Martial ».

- chapitre 14, pages 308 et 309 :

« Plein de jours et de mérites, Zachée mourut dans sa chère solitude, devenue si célèbre sous le nom de Rocamadour. Le 20 août, dit le Martyrologe des Gaules, au territoire de Cahors, la fête de Saint Amateur, confesseur, lequel de disciple de Saint Martial étant devenu prédicateur évangélique, enseigna plus pleinement les Querciens, que son maître avait déjà convertis à la foi de Jésus-Christ, et étant célèbre en sainteté reposa dans le Seigneur. Son corps, après sa mort, se conserva plusieurs siècles tout entier en chair et en os, et étant jeté dans les flammes par les Calvinistes ne put jamais être consumé par icelles ».

- chapitre 15, page 309 :

« Ce passage du martyrologe demande quelques éclaircissements. Nous les donnons d’autant plus volontiers, qu’ils confirment toute l’histoire de Zachée. D’abord, au lieu de dire la fête de Saint Zachée, le martyrologe dit la fête de Saint Amateur. Pourquoi ce changement de nom, et Amateur est-il bien Zachée, le Zachée de l’Evangile ? Tout le monde sait que parmi les disciples, et même les apôtres de Notre-Seigneur, plusieurs changèrent leurs noms hébreux en noms grecs ou romains. Aux exemples que nous avons donnés dans la vie de Nathanaël on peut ajouter celui de Simon le Lépreux qui prit le nom de Julien, Julianus, et de plusieurs autres disciples. Ce changement, disent les anciens historiens, fut par eux concerté, afin que les gentils, qui abhoraient les Juifs, se rebutassent moins de leurs personnes et de la réception de l’Evangile ».

- chapitre 16, pages 309 et 310 :

« Que Zachée fut le nom propre, le vrai nom, le nom hébreu de Saint Amateur ou Amadour, cela se prouve, dit Bertrand de la Tour, par la plus ancienne et plus constante tradition. Il a raison. Toutes les arguties de l’hypercritique, qui se croit d’autant plus habile qu’elle est plus dédaigneuse, viendront toujours se briser contre une tradition immémoriale, burinée plus solidement que le marbre, dans la mémoire des peuples du Quercy. Elle était perpétuée à Rocamadour : 1° par une très vieille planche de vélin, attachée au mur de l’oratoire du bienheureux. Le peuple qui se succéda de génération en génération à cet oratoire, creusé dans le roc, donna le nom d’Amadour du roc, rupis amator, et en langue vulgaire Rocamadour, à Zachée amateur de ce rocher ; et le sien propre fut supprimé par l’usage ordinaire. 2° Par la liturgie. Jusqu’à la suppression de leur chapitre, les chanoines de Rocamadour chantaient, le 20 août, fête de Saint Amateur, l’Evangile de Zachée, pour témoigner de l’identité de l’un et de l’autre, et de la créance invariable reçue de leurs ancêtres ».

- chapitre 17, pages 310 et 311 :

« 3° Enfin, par un monument qui ne souffre pas de discussion. Nous parlions de la bulle donnée avec indulgence, en faveur de la chapelle de Rocamadour, par le Pape Martin V, l’an 10 de son pontificat, c'est-à-dire en 1427. ‘Martin, serviteur des serviteurs de Dieu, par le témoignage de notre illustre fils en Jésus-Christ, Charles, roi de France, nous avons appris que la chapelle de la glorieuse Vierge Marie, à Rocamadour, diocèse de Cahors, a été construite dès les premiers jours du christianisme, par Zachée, disciple de notre Sauveur, appelé aujourd’hui Amateur, dont le corps, comme on nous l’écrit, y repose entouré de vénération ; que cette chapelle construite en l’honneur et sous le vocable de la glorieuse Vierge a été dédiée par Saint Martial ; qu’elle est merveilleusement riche de reliques et de joyaux de la Sainte Vierge, puissante cause de dévotion ; en sorte que, dès l’antiquité, une multitude de fidèles, des différentes parties du monde, ont coutume de s’y rendre, bien que dans les derniers temps, à cause des guerres et des pertes dont ces pays ont été affligés, l’accès désiré à la dite chapelle n’ait pas été libre, etc.’. Ce roi est Charles VII. Ainsi, ce prince, aux prises avec les Anglais qui lui disputaient le dernier lambeau de son royaume, n’oubliait pas d’appeler à son aide un des puissants protecteurs de la France ».

- chapitre 18, pages 311 et 312 :

« De ce monument pontifical, il résulte que cette chapelle de Rocamadour remonte au commencement du christianisme ; qu’elle a été construite par Zachée ; que Zachée est le même qu’Amadour ; que Zachée a été disciple de Notre-Seigneur ; que son corps repose dans cette chapelle ; que cette chapelle a été dédiée par Saint Martial, par conséquent quelques années à peine après l’ascension de Notre-Seigneur ; enfin, que dès la plus haute antiquité Rocamadour a été un pèlerinage célèbre dans le monde entier et très fréquenté ».

- chapitre 19, page 312 :

« La Bulle affirme que le corps de Zachée reposait à Rocamadour. Ce qui était vrai au temps du Pape Martin V n l’est plus aujourd’hui, si ce n’est en partie. Voici l’histoire de ce changement déplorable. Fils du paganisme renaissant, et animé de la haine implacable de son père, le protestantisme avait envahi nos provinces méridionales. En 1562, le 3 septembre, les Calvinistes conduits par le capitaine Bessonie et le colonel Duras, avec six cents chevaux et plusieurs hommes de pied, s’emparèrent de Rocamadour, et y firent un tel ravage, notamment aux choses saintes, que depuis on ne les a pu réparer ».

- chapitre 20, pages 312 et 313 :

« Ils brûlèrent les croix, les images, celle de Notre-Dame fut sauvée. Les cloches furent fondues. Les chasubles et les autres ornements emportés, à la valeur de 15,000 livres. Le corps de Zachée, qui depuis quinze cents ans était resté si entier que, selon Guillaume de la Croix, annaliste des évêques de Cahors, on disait en proverbe : Cela est entier ou en chair et en os, comme le corps de Saint Amadour, ce corps si vénérable fut tronçonné et taillé en pièces par ces sacrilèges. Enfin ils le jetèrent dans les flammes qui respectèrent le saint et ne lui firent aucun mal. ‘De quoi ces impies enrageant le dépeçaient de leurs hallebardes. Les os du saint qui restèrent de ce débris sont à présent gardés en la paroisse de Rocamadour, où je les ai vus noircis de flammes, mais entiers. Un vieillard vénérable, témoin oculaire de cette tragédie, rapportait que le corps du saint, qu’il avait vu tout entier, était fort petit ».

- chapitre 21, page 313 :

« Ce simple détail a son importance : il confirme le récit évangélique, inconnu peut-être du bon vieillard, et qui donne à Zachée une taille au-dessous de la moyenne. Le même témoin déposa qu’on voyait encore sur le visage du saint les poils et la barbe. Le père Odo de Gissey avait vu lui-même un bras du bienheureux avec une partie de la main. On y remarquait un doigt brisé, où paraissait du sang aussi vermeil qu’il pourrait être dans un corps fraîchement entamé ».

- chapitre 22, page 313 :

« Sœur du protestantisme et, comme lui, fille de la renaissance païenne, la Révolution de 93 attaqua de nouveau Rocamadour et profana les restes sacrés du bienheureux disciple de Notre-Seigneur. Aujourd’hui il ne reste plus que deux reliquaires, dans l’un desquels on voit des ossements à moitié consumés par le feu et mêlés à une poussière semblable à une cendre noire. L’autre contient des ossements que le feu n’a pas même endommagés. Le taffetas qui enveloppait le foie est encore empreint de marques sanglantes. Le foie même, loin d’être corrompu, conserve l’élasticité d’une chair vivante ».

- chapitre 23, pages 313 et 314 :

« Malgré ces dévastations successives, Rocamadour n’a pas cessé d’être, après comme avant, un des pèlerinages les plus célèbres de l’Europe méridionale : un volume entier ne suffirait pas à contenir les noms des personnages illustres des différents pays, savants, magistrats, princes de l’Eglise et princes du siècle, qui sont venus, de génération en génération, visiter ce sanctuaire, source intarissable de faveurs miraculeuses ».

- chapitre 24, page 314 :

« Entre tous ces pèlerins, contentons-nous de citer le brave des braves, le type légendaire des chevaliers, Roland. En l’année 778, passant dans le Quercy avec son oncle, Charlemagne, il vint offrir à Notre-Dame de Rocamadour un don d’argent du poids de son bracmar, ou épée. Après la glorieuse mort de Roland, ce bracmar fut porté à Rocamadour, ainsi que le témoigne un de nos anciens historiens. Roland, dit-il, fut occis par les Gascons, dans les détroits des Pyrénées. Charlemagne, honorant la mémoire de ceux qu’il avait chéris pendant leur vie, fit rechercher les corps des seigneurs de marque, occis par les Gascons, lesquels il fit porter à Bordeaux. Une partie d’iceux furent inhumés, aucuns au bourg de Belin, à huit lieues de la même ville, et Roland en l’église Saint-Romain de Blaye ».

- chapitre 25, pages 314 et 315 :

« L’on tient par la tradition, sur les lieux, que l’épée de Roland fut mise au-dessus de sa tombe, et sa trompe d’ivoire à ses pieds, laquelle a été traduite en l’église collégiale de Saint-Sernin-les-Bordeaux, et son épée à Rocamadour en Quercy. Le bracmar ayant été perdu dans les désordres des guerres suivantes, on y substitua une lourde barre de fer, appelée l’Epée de Roland, sans doute pour montrer par là combien était considérable le présent de ce guerrier. Ajoutons, en finissant, que Rocamadour, avec sa profonde vallée, ses rochers à pic, son église à laquelle on monte par deux cents marches d’escalier, est un des sites les plus pittoresques de France, et que son sanctuaire relevé de ses ruines est aujourd’hui plus que jamais visité par d’innombrables pèlerins. C’est ainsi que le christianisme imprime à tout ce qu’il touche le cachet de l’immortalité ».

 

 

 

Du tome 10 des « Petits Bollandistes », pages 235 et 236 :

A la date du 26 août

Saint Amateur ou Roc-Amadour

Solitaire dans le Quercy, au diocèse de Cahos (1 er siècle)

« Selon une tradition fort ancienne, confirmée par l'autorité du Pape Martin V (Bulle de 1427) et les récentes découvertes hagiographiques qui ont immortalisé le nom de M. l'abbé Damourette, Saint Amateur est le même personnage que Zachée, dont il est parlé dans l'Evangile, et que l'on croit être l'époux de Sainte Véronique. Débarqué sur le sol des Gaules avec ses saints amis, Lazare, Marthe et Marie, Zachée [tradition différente des deux premières sources ci-dessus] les quitta pour chercher au loin une solitude où il put s'établir. Il la trouva dans le labyrinthe de rochers qui, au milieu du Quercy (Lot), élèvent leurs fronts sourcilleuux au-dessus du ravin étroit et profondément creusé par les eaux torrentueuses du Lauzon.

Cette vallée, qui porte aujourd'hui le nom de Roc-Amadour, s'appelait alors le Val-Ténébreux, et était peuplée de bêtes féroces. Ce sévère et grandiose paysage, qui faisait penser à la Thébaïde, ne pouvait manquer de plaire à un homme qu'occupaitent de hautes et austères pensées ; il éleva de ses mains une humble cellule sur l'un des points culminants de la montagne, et creusa dans le roc, au niveau de l'aire des aigles, un oratoire en l'honneur de la Mère de Dieu. Les peuples des belles valées de Figeac et de Saint-Céré saluèrent le pieux ermite du nom d'Amator rupis (Amateur de la roche) ; plus tard ce nom se changea en celui d'Amadour ou de Roc-Amadour, plus conforme au génie du dialecte méridional.

La petite statue de la Vierge, qu'avait façonné Zachée, fit des miracles nombreux en faveur des fidèles qui venaient l'invoquer dans son sanctuaire de rochers : ce pèlerinage, dix-huit fois séculaire, est encore aujourd'hui [on fait ici référence au 19 ième siècle] un des plus célèbres de la France : nous en parlerons en son lieu (8 septembre).

Zachée fut enseveli d'abord dans le vestibule de la chapelle de Notre-Dame de Roc-Amadour qu'il avait fondée, et y demeura caché jusqu'en 1166. A cette époque, un habitant du pays se trouvant à l'extrémité ordonna à sa famille, peut être par une inspiration divine, d'ensevelir sa dépuille terrestre à l'entrée de l'oratoire. A peine eut-on creusé la terre, que le corps du bienheureux Amateur, fut retrouvé entier, placé à l'église, près de l'autel, et montré à la dévotion des pèlerins. Alors il se fit dans ce lieu des miracles si nombreux et si inouïs, par la puissance de la Très Sainte Vierge, que le roi Henri II, qui se trouvait à Castelnau de Bretenoux (Lot), vient lui-même pour satisfaire à sa dévotion.

Ces restes précieux demeurèrent sans corruption pendant plusieurs siècles, de telle sorte que l'on disait en proverbe : "Ceci est entier comme le corps de Saint Amadour ; ou bien : Il est en chair et en os comme Saint Amadour".

En 1562, les Huguenots s'étant emparés de la ville, pillèrent la chapelle et livrèrent aux flammes ces bienheureuses reliques ; le feu les respecta ; alors le Capitaine Bessonie prit un marteau de forgeron pour les briser, ajoutant à cette action impie des paroles plus impies encore. Le Père Odo de Gissey assure avoir parlé à un homme témoin de cet horrible spectacle, et qui déposa qu'alors on voyait encore sur la face du Saint les poils de la barbe. Cependant on parvint à arracher aux flammes une partie de ces précieuses reliques. Le même auteur avait vu lui-même un bras du Bienheureux avec une partie de sa main ; on y remarquait un doigt brisé, où paraissait du sang aussi vermeil qu'il pourrait être dans un corps fraichement entamé.

Les restes su Bienheureux Amadour furent de nouveau attaqués et profanés en 1793. Maintenant il ne reste plus que deux reliquaires, dans l'un des quels on voit des ossements à demi-consumés par le feu, et mélés avec une poussière semblable à une cendre noire ; dans l'autre, on aperçoit plusieurs ossements que le feu n'a pas même endommagés ; le taffetas qui environnait le foie est encore empreint de marques sanglantes, et le foie lui-même, loin de s'être corrompu, a conservé l'élasticité d'une chair vivante. Ainsi Saint Amadour, vainqueur de l'enfer pendant sa vie, l'a encore vaincu après sa mort.

Il y a une relique du Saint à Davenescourt, chez les Dames de Saint-Maur.

Propre de Cahors : Année Dominicaine, tome 4 ; Notre-Dame de Rocamadour, par M. Caillan, chanoine du Mans ».