6.1.16 L’Envoi en Gaule de disciples par Saint Clément, troisième successeur de Saint Pierre

6.1.16.1 Saint Auspice d’Apt

Du « Dictionnaire historique et biographique du département du Vaucluse », page 119 :

« Saint Auspice, que l’église d’Apt reconnaît pour son apôtre et son premier évêque, passe pour avoir été disciple du Pape Saint Clément. Il fut envoyé de Rome, dit-on, pour annoncer l’évangile dans les Gaules, l’an 97 de Jésus-Christ. Il arriva à Apt, y reçut l’hospitalité dans la maison de Corilius, prêcha sur les places publiques, fit des miracles et de nombreuses conversions, et perdit, sur ces entrefaites, Euphrase et Emilien, les deux compagnons de ses travaux, dont les reliques furent, ajoute-t-on, déposées sous le grand autel de la cathédrale, après que la paix eut été rendue à l’église. Mais la persécution allait l’atteindre lui-même. Les partisans de l’ancien culte, appuyés des ordres de l’empereur Trajan, parviennent à le faire arrêter ; il comparait au tribunal de l’officier Dactyle : celui-ci fait apporter une idole ; Auspice la renverse d’un coup de pied ; aussitôt on lui coupe le membre sacrilège ; ramené dans sa prison, il fut tourmenté pendant une semaine, éprouvant chaque jour une nouvelle mutilation. Il mourut dans ce long supplice, le 4 des nones d’août de l’an 102, jour auquel l’église d’Apt célèbre sa fête. Lorsqu’en 1602 on fit l’inventaire de ses reliques, on remarqua l’os de la jambe droite coupé au-dessus de la cheville. L’évêque Raymond Bot, qui a composé une « Vie de Saint Auspice » d’après un missel du 8 ième siècle, fait mention d’une ancienne table de marbre sur laquelle les actes du martyre de ce Saint avaient été gravés en vieux caractères. On ignore le lieu où fut inhumé le corps de Saint Auspice. On présume qu’il a pu être déposé, dans le 4 ième siècle, avec celui d’autres saints, dans la grotte de la cathédrale d’Apt (sepulchra sanctorum). Les circonstances qui présidèrent à l’invention de ses reliques portent le caractère du merveilleux. On peut en voir le récit dans Boze (Histoire de l’église d’Apt, page 7 à 9), qui révoque sagement en doute l’époque par trop reculée de la mission de Saint Auspice ».   

Du tome 9 des « Petits Bollandistes », page 426 :

« Saint Auspice, premier évêque d’Apt et Martyr (1er siècle).

Après le martyre de Flavie Domitille, Auspice, romain, qui avait fait l’éducation de cette princesse, reçut la consécration épiscopale des mains de Saint Clément et partit ensuite pour les Gaules avec Euphrase et Emilius, ses compagnons dans la prédication évangélique. La divine Providence le dirigea vers la ville d’Apt, en Provence, importante colonie romaine. Il y travailla avec ardeur à la propagation de la foi, et opéra de nombreuses conversions. Le nombre des croyants augmentait de jour en jour, et la lumière évangélique se répandait de la ville dans les campagnes environnantes, lorsque les prêtres des idoles se plaignirent auprès de Trajan que la Gaule narbonnaise était toute troublée par les chrétiens ; que la ville en particulier, émue par la voix d’un seul homme, avait presque tout entière renoncé à la religion des ancêtres. Des ordres furent données aux lieutenants Dactilius et Tertulla ; Auspice, l’auteur du prétendu trouble, est arrêté, puis chargé de fers et jeté en prison, où il travaille à la conversion de ses gardiens. Après un délai de quelques jours, Dactilius fait comparaître Auspice devant son tribunal, et lui propose l’alternative ou d’adorer les dieux ou de subir la peine capitale. On apporte une statue de Jupiter ; Aupice s’en approche comme s’il allait l’adorer, mais, d’un coup de pied, il la renverse et la brise. Le juge, furieux, lui fait d’abord couper le pied droit, puis, durant sept jours, il lui fait couper les membres par morceaux les uns après les autres. Auspice supporta ce long martyre avec une admirable fermeté et une invincible constance ; il le consomma à Apt le 2 août, sous l’empereur Trajan et le président Dactilius. Son corps fut enseveli par les chrétiens dans une crypte souterraine ; il fut découvert longtemps après et placé dans la cathédrale d’Apt (Propre d’Avignon) ». 

6.1.16.2 Saint Clément de Metz

Des « Recherches sur les origines des Eglises de Reims », pages 92 à 96 :

« Jusqu’au commencement du 18 ième siècle, la tradition constante de l’Eglise de Metz avait fait remonter à Saint Pierre même la mission de Saint Clément […]. Le document le plus ancien que l’on connaisse de l’apostolat de Saint Clément est l’histoire des évêques de Metz, écrite au 8 ième siècle, par Paul Warnefride, plus connu sous le nom de Paul le Diacre[…]. Paul Warnefride, diacre d’Aquilée, secrétaire d’Etat de Didier, roi des Lombards, fut, après la chute de ce prince, accueilli par Charlemagne, qui, appréciant son mérite, le plaça quelque temps à Metz pour y fonder une école. C’est là que Paul, à la prière de l’évêque Saint Angelrame, rédigea son histoire des chefs de cette Eglise. La lecture attentive de cet ouvrage, écrit avec une sûreté de critique que l’on rencontre bien rarement à cette époque, démontre que Paul Diacre avait à la fois sous les yeux les dytiques de l’Eglise de Metz et des documents anciens, qu’il désigne dans son livre sous le nom de Relatio prisca, relatio antiqua, et qu’il s’est entouré de ce que l’histoire générale de l’Eglise pouvait lui fournir, pour compléter l’histoire particulière qu’il avait à traiter. Il a eu soin, en terminant son travail, d’y annexer un catalogue des évêques, qui indique la durée de leur prélature[…]. Les catalogues de l’Eglise de Metz présentent 24 Evêques, de l’an 47 de Jésus-Christ à l’an 550, où siégeait Saint Villicus, et dans les 5 siècles suivants, c'est-à-dire de Saint Villicus à Adalberon III, elle n’en compte que 25. Or, si l’on tient compte des vacances qui ont dû se produire assez fréquemment dans les premiers siècles, on voit que cette durée n’a rien d’exagéré. Nous pensons donc que ces catalogues sont irréprochables ; que la durée du gouvernement de chaque évêque y est indiquée d’une manière assez satisfaisante, et qu’en s’appuyant de l’autorité de Paul Diacre, ils servent à prouver, d’une manière irréfragable, l’existence de l’Eglise de Metz au premier siècle de l’ère chrétienne ».

6.1.16.3 Saint Denis l’Aréopagite

Le « Martyrologe Romain » indique que Saint Denis est fêté le 9 octobre. Nous lisons à la page 256 : 

« A Paris, la naissance au ciel des saints martyrs Denis l’Aréopagite, évêque, Rustique, prêtre, et Eleuthère, diacre. Saint Denis, ayant été baptisé par l’apôtre Saint Paul, fut ordonné premier évêque d’Athènes, d’où étant venu à Rome, il fut envoyé dans les Gaules par le Pape Saint Clément prêcher l’Evangile. Arrivé à Paris, après y avoir travaillé heureusement pendant quelques années à l’œuvre dont il était chargé, il fut cruellement tourmenté, et enfin décapité avec ses deux compagnons, par l’ordre du préfet Fescenninus, et accomplit ainsi son martyre ».

Cf. particulièrement le texte de la « Légende dorée » au § 6.1.1.3 Saints Denis, Rustique et Eleuthère et le § 6.1.6.

De « L’Evangélisation Apostolique du Globe », par Mgr Jean-Joseph Gaume, chapitre 15 « Evangélisation apostolique des Gaules en particulier », page 117 :

« Saint Denys arrive en Provence avec sa chère troupe qui venait de Rome, d’Asie, de Grèce et de Palestine, pour déraciner l’idolâtrie et prêcher l’évangile en Gaule. A Arles, il apprit l’état de l’Eglise, les mœurs et les enseignements que son maître Saint Paul avait donnés aux habitants de cette ville. Il y laissa Regulus ou Rieul pour gouverner cette église qui n’avait point de pasteur, Trophime étant déjà décédée. Lui-même continua son chemin et dispersa ses disciples selon le besoin (Cf. Taraud « De l’état des Gaules » ; « Vie de Saint Martial, par le P. Bonaventure de Saint-Amable, 1° partie, livre VI, chapitre 5 ; « Chronique de Verdun »   » , par Hugues de Flavigny ; « Annales d’Avignon », par Bordein, archevêque de cette ville ; Dupleix « Histoire de Clovis » ; Gabriel du Préau « Histoire de Pépin » ; Pamelius dans Tertulien, livre « Adv. Judaeos », chapitre 7, etc. ».

Puis l’auteur nous relate un évènement d’une importance capitale pour l’ensemble de notre sixième section dédiée à la prédilection et à la mission de la France, c’est la raison pour laquelle je l’expose ici sous sa forme développée, sachant qu’il dépasse largement le cadre de ce seul paragraphe consacré à Saint Denys, premier évêque de Paris, mais qui lui est, dans le même temps, complètement lié.

C’est un évènement de la vie du Monarque Louis XIII décrit au début du chapitre 16, page 122 (toujours du même ouvrage de Mgr Gaume cité ci-avant), qui allait être à l’origine d’un travail colossal qui aboutira à la rédaction du « Martyrologe des Gaules » (« Martyrologium Gallicanum » en latin), qui de part sa nature, l’ampleur du travail effectué, l’exactitude des renseignements qu’il contient, se révèle être une source d’une très grande fiabilité :

« A l’exemple de ses prédécesseurs, le pieux monarque récitait chaque jour son bréviaire. Comme il disait l’office de Saint Denys l’Aréopagite, apôtre de Paris, le Père Sirmond entra chez le roi : « Quel Saint Denys fêtez-vous aujourd’hui ? lui demanda le prince ». Sirmond lui répondit : « Je fête Saint Denys, venu dans les Gaules au milieu du troisième siècle : c’est lui, et non pas Saint Denys l’Aréopagite, qui est l’apôtre de Paris ». Troublé de cette réponse, le roi garda le silence. Quelques jours après il fit appeler du Saussay, protonotaire apostolique, et depuis évêque de Toul, un des plus laborieux, des plus modestes et des plus savants hommes de son siècle. Le roi se plaignit des attaques dirigées contre la tradition des églises de France. Elles lui paraissaient injurieuses, mal fondées et funestes au royaume. « Veuillez donc, ajouta le monarque, vous mettre à l’œuvre et, en vengeant nos traditions, nous conserver le patrimoine que nous avons reçu de nos pères. Ecrivez, en mon nom, dans tout le royaume, afin qu’on vous envoie tous les documents utiles à votre travail ». Du Saussay s’empresse d’obéir. Au nom de Sa Majesté, il commence par écrire à tous les archevêques et évêques des Gaules, chapitres et aux ecclésiastiques séculiers connus par leur science. « Je vous prie, leur dit-il, de m’adresser tous les documents que vous possédez sur l’origine de vos églises, sur les saints de vos provinces et de la Gaule en général ». De toutes parts, on répond avec empressement et les matériaux abondent ». « Un chapitre ne suffirait pas, dit du Saussay, pour nommer toutes les églises, de qui nous avons reçu les secours demandés. Afin de tout dire d’un seul mot, j’affirme en conscience qu’un très grand nombre de sièges épiscopaux et d’églises mères, depuis Aoste, Tarantaise, Sion, situées dans les Alpes, jusqu’à l’Océan qui sépare la France de l’Angleterre, se sont empressés de mettre leurs titres à notre disposition. Quelques-unes même de ces églises nous ont envoyé non seulement l’histoire de leur fondation, la succession de leurs évêques, le catalogues des saints locaux, et de leurs saintes reliques ; les monuments, médailles, inscriptions, manuscrits, dans un ordre parfait ; mais encore leurs histoires intégrales manuscrites, les unes récentes, les autres anciennes : le tout avec une munificence au-dessus de tout éloge [L’original du texte latin figurant en intégralité au bas de la page 123, extrait du chapitre 25 section 40 de l’ « Apparatus ad Martyrologium Gallicanum » édité en 1637, comme tout ce qui suit]». Après le clergé séculier, le consciencieux prélat écrivit au clergé régulier. La plupart des plus célèbres monastères de France lui ouvrirent leurs trésors : manuscrits, diplômes, chartes, tout ce qui avait échappé de monuments anciens aux ravages des protestants lui fut communiqué. Après le clergé, les laïques. Comme on savait dans toute la France que le savant protonotaire travaillait par ordre du roi, toutes les archives des municipalités des villes et des provinces lui furent ouvertes. Il en tira les documents les plus variés et les plus authentiques. Lui-même rechercha avec ardeur, tous les monuments publics et particuliers des églises et des monastères, publiés ou inédits. « J’ai recherché, dit-il, avec un soin jaloux, les livres liturgiques, surtout les anciens, les bréviaires, les missels, les martyrologes. Quelques-uns de ces livres remontent à plus de cinq cents ans ; plusieurs à plus de six cents ans ; comme le prouvent les indications des calendriers, les caractères de l’écriture, les vignettes sur parchemin, admirables de travail et de piété. De plus, toutes les histoires générales des Gaules, les chroniques communes et particulières, les registres des villes, et autres monuments publics ; les archives manuscrites ou publiées des églises et des monastères ; les annales sacrées et profanes des nations étrangères, que j’ai pu découvrir, je me les suis procurées, et j’en ai tiré parti pour appuyer et orner ce martyrologe, afin que, paraissant accompagné de la vérité et de l’autorité, il fût reçu avec plaisir et profit ».   

De l’ouvrage : « La Mission divine de la France », pages 23 et 24 :

« Puis, si l'on en croit le Martyrologe Romain, le Pape Saint Clément (env. 88-97) envoie dans notre pays Denys de l'Aréopage, converti par Saint Paul et qui a assisté la Vierge à ses derniers moments. Denys s'installe à Lutèce et fait de nombreuses conversions. "Après plusieurs arrestations et supplices, il est décapité avec quelques autres Chrétiens, sur la Colline de Mars, appelée depuis lors Mons Martyrorum ou Montmartre(1), et enseveli à Saint-Denis. Ses restes furent, de tous temps, l'objet d'une vénération particulière, et il y a bien peu d'événements de notre Histoire auxquels l'Abbaye de Saint-Denis ne soit mêlée. La Basilique est le Sanctuaire où sont enterrés tous nos Rois et où est déposée la vieille Bannière qui nous a si souvent conduits à la victoire au cri de 'Mont-joye Saint-Denis'. Aussi n'est-on pas surpris de voir un Allemand, l'auteur de 'La Mystique divine, magique et diabolique' (2) s'écrier : " 'Détruisez la basilique de Saint-Denis : dispersez au vent les ossements de leurs Rois ; abattez, réduisez en cendres cette Basilique de Reims, où fut sacré Klodowig, où prit naissance l'Empire des Francs, faux frères des nobles Germains ; incendiez cette Cathédrale'. "Il avait bien compris, le misérable, ce que sont Reims et Saint-Denis : les deux symboles de notre Histoire Nationale."

Notes :

(1) : « A l'endroit où a été édifié le Sacré-Cœur ».
(2) : « Voir Santo. "Les crimes allemands".- "La chaîne infernale et ses 33 anneaux".

Du tome 4 des « Œuvres de Monseigneur l'Évêque de Poitiers » le Cardinal Pie :

- extrait du discours prononcé dans la solennité du 600 ième anniversaire de la consécration de l'église de Notre-Dame de Chartres le 17 octobre 1860, page 81 :

« Ils avaient un droit inaliénable à être maintenus en possession de leur culte, ces premiers apôtres de notre contrée, ces prédicateurs de la foi envoyés par Saint Pierre, Savinien et Potentien, les princes de notre ancienne Sénonaise, dont la mémoire a toujours été comme juxtaposée au trône érigé de leurs mains à la Vierge Mère, auprès du puits miraculeux de la grotte druidique. Et c'était aussi un acte de réparation historique comme de piété filiale, de relever, à l'opposite de leur autel, l'autel correspondant du Pape Saint Clément, à la mission duquel notre Gaule a dû sa seconde pléiade de prédicateurs évangéliques, dont Denys de Paris fut le chef, et dont le diacre Caraunus, qui couvre aujourd'hui de sa protection la jeunesse lévitique du diocèse, fut un des plus nobles athlètes ».

Du n° 261 de janvier-février 1971 de la revue « Atlantis », consacré exclusivement à Saint Denys et intitulé : « Denys l'Aréopagite et le mystère dionysien ». Article écrit par Josette Natya-Foatelli :

- extraits des pages 147-148 ; 152 ; 162 :

« Hilduin, le puissant Abbé de Saint-Denys, en présentant à Louis le Débonnaire en 837 son recueil portant le titre 'Areopagitica' est-il le premier responsable de la confusion de l'Aréopagite et de Denys de Paris ? Ou reprend-il une ancienne tradition ? En tout cas nous avons un titre de reconnaissance envers lui. C'est le premier qui traduisit ses œuvres grecques en latin et assura leur diffusion en Occident. Nous apprenons par que Michel Le Bègue, Empereur de Byzance, fit don à Louis le Pieux des œuvres de l'Aréopagite. Celui-ci en fit don à l'abbaye royale de Saint-Denys en 827, le 8 octobre, veille de la fête du martyr parisien, et cette nuit-là il y eut dix-neuf guérisons miraculeuses parmi les malades qui imploraient la faveur du saint[…]. En 400, Maruta de Majuma, évêque de Maiparkat, écrivit une histoire du Concile de Nicée qu'il envoya à Issac de Seleucie. Cet ouvrage, conservé en partie parmi les manuscrits de la ‘Propagande Fide’ contient à la page 22 le message suivant : Clément, disciple de l'Apôtre Pierre, écrivit une lettre à Denys, évêque disciple de Saint Paul[…] ».

- extrait de la page 171 :

« Pour les Francs, Denys l'Aréopagite est le même que l'apôtre de Lutèce, c'est un protecteur national et, plus tard, Abélard fut traité de criminel d'État pour avoir assimilé l'Aréopagite avec Denys de Corinthe (thèse du 4 ième siècle soutenue par Liberatus de Carthage - Abélard dit l'avoir lu dans Saint Bède). "Hilduin (le puissant abbé de Saint-Denys) s'exprime ainsi : 'qu'il soit considéré comme un impie, comme un délinquant endurci, celui qui, après tant de preuves, garde encore dans son cœur un attachement à l'avis contraire».

- extrait de la page 198 :

« Saint Denys est considéré par tous comme un protecteur national. On l'appelle le divin Denys... de Dieu seul et de toi, je tiens le royaume de France, dira Charlemagne. L'abbaye dionysienne sera appelée par l'empereur chef et maîtresse de son royaume. " Pour l'église ancienne, les reliques des martyrs sont vraiment " la pierre de fondation de son existence ". M. Formigé a retrouvé les traces du Martyrium aménagé par Pépin le Bref, avec sa chambre centrale ou " Confession " ; on y accédait depuis le transept par deux couloirs avec escaliers ».

- extrait de la page 201 :

« Le tombeau de l'apôtre des Parisiens a été pendant des siècles un lieu de pèlerinage où la faveur du ciel s'est manifestée aussi bien sur les puissants que sur les pauvres pèlerins. Dès l'époque de l'édit de Constantin, les premiers chrétiens élevèrent sur la tombe vénérée une memoria, puis une chapelle ; elle devait être ruinée par les malheurs du temps, quand Sainte Geneviève au 5 ième siècle décida d'influencer le clergé et le peuple pour construire une basilique en l'honneur de Messire Denys, car, disait-elle, c'est un lieu sacré et digne de tous les respects. Les prêtres comprirent aussitôt l'importance du projet, mais une difficulté s'éleva aussitôt... A proximité de Catiliacum... il n'existe pas de fours à chaux... mais Geneviève, que la lumière divine éclairait, dit : " Sortez... ministres de Dieu, allez vous promener de l'autre côté du port, vous reviendrez me dire que vous avez entendu... Deux porchers conversaient entre eux, l'un disait : " En suivant les traces d'une laie égarée, j'ai trouvé un four à chaux étonnamment grand..."; l'autre ajoutait : " J'ai vu dans la forêt un arbre que le vent a déraciné et sous ses racines j'ai aperçu un four à chaux."
" [...] C'est dans cette église élevée vers 475, et dont nous pouvons toucher les pierres vénérables mises à jour par les fouilles récentes, que Sainte Geneviève venait prier. Elle partait dans la nuit avec ses compagnes, de sa maison située dans le village de la Chapelle, pour arriver à l'aube le dimanche matin à la basilique Saint-Denys. Dans cette église, des pèlerins arrivaient de partout [...] "

- extrait des pages 163 et 204 :

« Le Pape Agathon, en 680, écrit une lettre à l'empereur Constantin IV Pogonat, où il s'appuie sur un passage de Denys qu'il nomme évêque d'Athènes. "Contre les incursions lombardes qui le menacent, le pape Étienne II (752-757) a passé les Alpes et est venu en France pour demander aide et protection à Pépin le Bref ; pendant son séjour à l'abbaye royale de Saint-Denis en 753, il tombe très malade et se trouve en danger de mort, il est miraculeusement guéri par Saint Denys qui lui apparaît en compagnie des apôtres Pierre et Paul. Il rapportera en Italie des reliques des trois martyrs de Lutèce. A l'église collégiale Sainte-Marie in Cosmedin à Rome, dans la grande urne du maître autel, on conserve l'os de bras de Denys provenant de ces reliques. Le Pape qui avait une très grande dévotion pour l'Aréopagite, lui avait dédié une basilique, dans sa propre maison paternelle près de Saint-Sylvestre. "Le Pape Paul I er, en 757, envoie à Pépin le Bref un exemplaire des œuvres de l'Aréopagite. Le Pape Adrien (757-798), dans sa lettre à Charlemagne concernant le culte des images, confirme tous ses prédécesseurs en ces paroles : 'Saint Denys l'Aréopagite fut glorifié par le Pape Grégoire, qui l'appelle ancien et vénérable Père et Docteur, qui fut le contemporain des apôtres et mentionné dans les Actes...'. Il puise aussi des citations dans la lettre de Denys à l'apôtre Jean. "Le martyrologe romain se fait également l'écho de la même tradition, selon laquelle le 7 des Ides d'octobre (soit le 9 octobre) était l'anniversaire du martyre de saint Denys l'Aréopagite, évêque de Lutèce, et de Rustique, presbytre et d'Eleuthère, diacre. Le même martyrologe rappelle que Denys, baptisé par l'apôtre Paul, fut d'abord consacré évêque des Athéniens, puis vint à Rome et fut envoyé pour prêcher en Gaule par le Bienheureux Clément, pontife de Rome, et que là, après avoir assumé loyalement son œuvre pendant plusieurs années, il subit le martyre par le glaive avec ses compagnons.
En Gaule antique, on commémorait l'Aréopagite à deux dates différentes :
- le 3 octobre comme évêque d'Athènes,
- le 9 octobre comme évêque des Parisiens.
Ces deux dates ne furent unifiées que des siècles après, au moment où l'évêque d'Athènes et le martyr de Lutèce furent reconnus par l'Église comme un seul personnage ».

- extrait des pages 165-166 et 204 :

« La vision du Pape Étienne II, d'après son propre récit [le récit de l'unique vicaire suprême de Jésus-Christ visible sur la terre, le Pontife romain, le Souverain Pontife, autrement dit l'évêque des évêques et dont personne n'a le droit de juger les décisions] : "Étienne, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu. "On ne doit jamais exalter ses mérites, mais il ne faut pas plus taire les œuvres de Dieu. Nous devons au contraire faire connaître ce que Dieu opère en nous par ses Saints, conformément au conseil que l'ange donnait à Tobie. "Un roi cruel et impie, nommé Astolfe, ayant opprimé la Sainte Église, je me suis réfugié en France, auprès du très bon Seigneur Pépin, roi très chrétien et fidèle à Saint-Pierre. Je demeurai quelques temps sur le territoire de Paris, au monastère du bienheureux Denys, martyr de Jésus-Christ et j'y fus atteint d'une maladie mortelle. Lorsque les médecins désespéraient de me guérir, je me fis transporter dans l'église du bienheureux martyr, au-dessous des cloches. Pendant que je priais, je vis le bon pasteur Saint Pierre et le maître des nations Saint Paul. Je les reconnus aux traits qu'on leur donne sur les images. "A droite de Saint Pierre se tenait saint Denys, trois fois bienheureux. Sa taille était plus haute et plus élancée, son visage d'une grande beauté, il avait les cheveux blancs, une tunique blanche bordée de pourpre, et un manteau de pourpre parsemé d'étoiles d'or. Une douce joie rayonnait sur le visage des trois saints, et ils s'entretenaient ensemble. Saint Pierre, le bon pasteur, disait : 'Voilà notre frère qui demande la santé' - 'Il sera bientôt guéri,' répondit Saint Paul. Puis il s'approcha de Saint Denys avec beaucoup d'amabilité et lui mit la main sur le cœur en regardant Saint Pierre. Mais celui-ci gaiement, s'adressant à saint Denys : 'C'est ta grâce qui doit le guérir'. Aussitôt le bienheureux Denys, ayant dans ses mains un encensoir et une palme, s'approcha de moi, accompagné d'un prêtre et d'un diacre qui s'étaient tous les deux tenus un peu à l'écart et il me dit : 'La paix soit avec toi, mon frère, ne crains rien, tu ne mourras pas avant de retourner à ton siège. Lève-toi, tu es guéri. Dédie cet autel en l'honneur de Dieu et de ses apôtres Pierre et Paul que tu vois ici, et ensuite célèbre des messes d'actions de grâces.' En même temps une grande clarté et une odeur délicieuse remplirent l'église. "Je me levai entièrement guéri et je me mis en devoir d'accomplir ce qui m'était ordonné. Ceux qui étaient là disaient que j'avais le délire. C'est pourquoi je leur racontai, ainsi qu'au roi et aux seigneurs de la cour, ce qui venait de m'arriver. Je remplis ainsi les ordres que j'avais reçus. Que Dieu soit béni." (D'après Sirmond, Concil, ant Gal, tome 2, page 13) [...]. "Le 27 juillet 754, le Pape consacra le nouvel autel de la basilique en construction, œuvre de l'abbé Fulrad ; dans ce lieu il donna l'onction royale au roi Pépin, à la reine Berthe et à leurs deux fils Charles et Carloman. "Le destin de la monarchie française et de la papauté s'est joué près du tombeau de Saint Denys [et il s'y jouera mystiquement encore]. Le pape Étienne II laissa aux religieux, en signe de reconnaissance, le pallium et les clefs d'or renfermant dit-on des parcelles des chaînes de Saint Pierre et de saint Paul. "Le manuscrit conservé à la cathédrale de Reims, et qui a pour titre De Miraculis Sancti Dionysii, des miracles de Saint Denys, raconte des faits prodigieux à la gloire de l'apôtre des Parisiens... Que choisir dans un tel florilège ?". Debeney (L'abbé), ancien curé de Saint-Denis (en Bugey), Vie abrégée de Saint Denis l'Aréopagite, premier évêque de Paris (avec les approbations de Louis-Joseph, évêque de Belley, de François, archevêque de Paris, de Joseph, archevêque de Bourges, et de Amand-Joseph, évêque de Grenoble), Lyon, Librairie et Imprimerie Vitte et Perrussel, 3, place Bellecourt, 1888, Avant-propos : "Notre but, ici, n'étant que l'édification des âmes, le désir de raviver en elles l'esprit de foi qui constitue la sainteté, nous ne nous arrêterons pas à discuter et à réfuter les critiques qui nient l'identité parfaite de Saint Denis l'aréopagite et de Saint Denis de Paris. Nous dirons (et de telles autorités sont irrécusables) que le cardinal Baronius, les Pères Alloix, Ménard, Chiffet, Alexandre, etc., se sont déclarés ouvertement pour l'identité des deux saints Denis. Cette tradition devint encore plus certaine lorsque, sur l'ordre exprès de Louis le Débonnaire, Hilduin, abbé de saint Denis, en France, en eut établi la vérité par des témoignages publics et authentiques, en un mot, sans réplique. Après lui, elle fut également démontrée par des hommes éminents, tels que, parmi les Grecs : Méthodius, patriarche de Constantinople, Michel Syncelle, de Jérusalem, Métaphraste, etc.- parmi les latins : Hincmar, archevêque de Reims, et Anastase le bibliothécaire ; puis, de nos jours, Mgr Freppel et M. l'abbé Darras, surtout, par son travail magistral sur la question ».

Du tome 5 (Le temps de la Pentecôte) de « L'Année Liturgique » par Dom Prosper Guéranger, abbé de Solesmes :

- extrait de l’article au jour du 9 octobre, intitulé « Saint Denys, Évêque et Martyr et les Saints Rustique et Éleuthère, Martyrs », pages 468 et 469 : 
« Le récit de l'Église romaine touchant Denys et ses Compagnons est conforme à celui de l'Église grecque en ses Mênées, bien que le 3 octobre soit pour celle-ci le jour de leur fête.   " Denys était d'Athènes, et l'un des juges de l'Aréopage. Son instruction était complète en tout genre de science. Encore païen, on raconte que témoin de la miraculeuse éclipse de soleil arrivée le jour où fut crucifié le Seigneur, il s'écria : Ou le Dieu de la nature souffre, ou le système du monde se détruit. Paul étant donc venu à Athènes, et ayant rendu compte de la doctrine qu'il prêchait dans l'Aréopage où on l'avait conduit, Denys et beaucoup d'autres crurent au Christ dont l'Apôtre annonçait la résurrection comme prémices de celle de tous les morts. " Saint Paul le baptisa et lui remit le gouvernement de l'église d'Athènes. Venu plus tard à Rome, il reçut du Pontife Clément la mission d'aller prêcher l'Évangile en Gaule et pénétra jusqu'à Lutèce, ville des Parisiens, en la compagnie du prêtre Rustique et du diacre Éleuthère. Il y convertit beaucoup de monde à la religion chrétienne, en suite de quoi le préfet Festinnius le fit battre de verges avec ses compagnons. Sa constance à prêcher la foi n'en était nullement ébranlée, ils passèrent ensemble par le supplice du gril ardent et beaucoup d'autres. " Mais comme ils affrontaient avec courage et joie tous ces tourments, Denys, âgé de cent un ans, fut avec les autres frappé de la hache le sept des ides d'octobre. On rapporte de lui que prenant dans ses mains sa tête tranchée, il la porta l'espace de deux milles. Il a écrit des livres admirables et tout célestes, sur les Noms divins, la Hiérarchie céleste, la Hiérarchie ecclésiastique, la Théologie mystique, et quelques autres ».

De l’ouvrage « Les Révélations Célestes et Divines » de Sainte Brigitte de Suède :

- extrait du livre 9, chapitre 92 :

« Le mari de Sainte Brigitte, étant en chemin, de retour du pèlerinage de Saint Jacques, tomba malade à Atrabalé ; et la maladie augmentant, Sainte Brigitte s’affligeait fort et fut consolée par Saint Denis, qui, lui apparaissant en l’oraison, lui dit : Je suis ce Denis qui, de Rome, suis allé en France prêcher l’Évangile toute ma vie. Mais vous m’aimez d’une particulière dévotion : c’est pourquoi je vous dis que Dieu veut être connu au monde par vous, et vous vous êtes donnée à ma garde et protection : c’est pourquoi je vous aiderai toujours, et je vous en donne ce signe, que votre mari ne mourra point de cette infirmité.       Et ce grand saint visitait ainsi sainte Brigitte en ses révélations ».

Du tome 3 de la « Vie d’Anne Catherine Emmerick », pages 369 et 370 :

« Je vis Denys parcourir la Palestine où il entendit raconter sur Jésus beaucoup de choses qu'il recueillit avidement. En Égypte, je le vis étudier l'astronomie à l'endroit où avait demeuré la sainte famille. Avant cela, je le vis observer avec plusieurs autres l'éclipse du soleil qui eut lieu à la mort de Jésus [...]. Après sa conversion, il accompagna souvent saint Paul dans ses voyages. Il alla avec lui à Éphèse pour voir Marie. Le Pape Saint Clément l'envoya à Paris. Je vis son martyre. Il prit sa tête dans ses mains croisées devant sa poitrine et marcha autour de la montagne[...]. Il eut beaucoup de visions célestes et, en outre, saint Paul lui a révélé ce qu'il vit dans ses contemplations. Il a écrit plusieurs très-beaux livres dont il reste encore une grande partie. Il n'a pas mis lui-même la dernière main à son livre sur les sacrements : c'est un autre qui l'a fini ».

6.1.16.4 Exupère ou Spire à Bayeux

Du tome 9 des « Petits Bollandistes », pages 183 à 185 :

« Les mémoires de l’Eglise de Bayeux nous apprennent que Saint Exupère, que l’on appelle communément Saint Spire, et qu’elle reconnaît pour son premier évêque, fut un de ces heureux missionnaires que Saint Clément, Pape, disciple de Saint Pierre, envoya dans les Gaules avec Saint Denis l’Aréopagite, pour y annoncer la venue du Fils de Dieu. Il était romain et d’une très noble famille, et avait été formé à toutes les sciences qui peuvent cultiver un bel esprit. Le pays qui lui échut dans la distribution des provinces des Gaules, pour la prédication de l’Evangile, fut cette partie de l’ancienne Neustrie que l’on nomme actuellement Basse-Normandie. Il s’y rendit avec joie ; et, étant entré dans Bayeux, qui dès lors en était la capitale, il y travailla avec tant de zèle, qu’il vit bientôt le succès de ses travaux, c'est-à-dire un assez grand nombre de fidèles pour composer une église florissante. Il y fit donc bâtir un oratoire, où les nouveaux chrétiens s’assemblaient, et où lui-même célébrait tous les jours les saints Mystères, et distribuait le pain de vie, qui est Jésus-Christ dans son sacrement, et le pain de la parole de Dieu. Cet oratoire était dédié en l’honneur de la Sainte Vierge, et l’on croit qu’il était au lieu même où est aujourd’hui la cathédrale, qui la reconnaît toujours pour sa patronne et sa titulaire[…]. Au reste, il ne faut pas croire que Saint Spire soit toujours demeuré dans Bayeux : ayant tout le pays maritimé de la Neustrie pour son ressort, il ne manqua pas d’y porter de tous côtés la lumière de la foi. C’est dans ces travaux évangéliques qu’il employa sa vie jusqu’à une heureuse vieillesse. Lorsqu’il se vit près de mourir, il appela ses enfants autour de lui, et, à l’imitation de Notre-Seigneur, il les exhorta à l’union entre eux, à la charité pour le prochain, au zèle du salut des âmes, au véritable amour de Dieu, et les recommanda d’une manière pleine de tendresse au Père Céleste, dont ils étaient plus les enfants que les siens, puisqu’il ne les avait engendrés en Jésus-Christ qu’afin qu’ils eussent Dieu pour père. Ensuite ayant reçu les Sacrements avec une révérence et une dévotion extraordinaires, et voyant les Anges descendre du ciel pour conduire son âme dans la gloire, il adressa ces belles paroles au souverain Seigneur qui les envoyait : ‘O mon Dieu ! Lumière éternelle, Fontaine de toute piété et Roi de tout cet univers, en qui j’ai cru, que j’ai aimé, et dont j’ai annoncé la sainte doctrine, je vous prie de regarder d’un œil favorable la prière de tous ceux qui auront recours à vous par mon intercession, afin que toutes vos créatures vous bénissent dans tous les siècles des siècles’. Les clercs qui étaient présents répondirent : Amen. Et, au même instant, l’esprit du bienheureux Spire se sépara de son corps, pour aller jouir éternellement de la possession de son Dieu. Saint Régnobert, son disciple, prenant soin de son corps, le fit enterrer sur une colline hors de la ville, où les fidèles firent bâtir une petite chapelle en son honneur ; elle a été changée dans la suite des temps en une paroisse ; on n’y a jamais enterré : lorsqu’on l’a essayé, cette terre, par honneur pour Saint Exupère, a rejeté les dépôts qu’on voulait lui confier ».

6.1.16.5 Saint Firmin d’Amiens

Le « Martyrologe Romain » indique que Saint Firmin est fêté le 25 septembre. Nous lisons à la page 250 : 

« A Amiens, Saint Firmin, évêque, qui après avoir été soumis à divers tourments fut décapité sous le président Rictiovare, durant la persécution de Dicoclétien ».

Des « Recherches sur les origines des Eglises de Reims », pages 114 et 115 :

« […] Saint Firmin I er, premier évêque de cette ville[Amiens], a été initié à la religion chrétienne par Honestus, disciple de Saint Saturnin, et sacré évêque par Saint Honoré, successeur du même Saint Saturnin ». 

De « l’Hagiologie Nivernaise », page 389 :

« Les actes concernant la naissance, le vie, et le martyre de Saint Firmin, ont été l’objet de grandes discussions ; ce qui est certain, c’est qu’après avoir prêché l’Evangile sur plusieurs points de la Gaule, il se fixa à Amiens dont il fut le premier évêque. Voyant les progrès que faisait la religion chrétienne dans cette ville, grâce aux prédications et au zèle du saint pontife, le gouverneur de la province le fit décapiter. D’après l’opinion la plus commune, son martyre aurait eu lieu sous l’empereur Dioclétien. Saint Firmin est le patron de la paroisse qui porte son nom dans le doyenné d’Azy-aux-Amognes ; il y avait aussi, autrefois, dans la cathédrale de Nevers, une chapelle placée sous son invocation, fondée en 1280 sous l’épiscopat de Gilles de Châtelet. On représente Saint Firmin comme Saint Denis, en costume épiscopal et portant sa tête dans ses mains ».

6.1.16.6 Saint Eutrope de Saintes

De « l’Hagiologie Nivernaise », pages 100 et 101 :

« Saint Eutrope fut un de ces hommes apostoliques que le désir d’étendre le règne de Jésus-Christ, porta à venir prêcher l’évangile dans les Gaules. Il fut le premier évêque de Saintes, et il arrosa de son sang la terre où il avait déposé la bonne semence. L’histoire de la vie et du martyre de Saint Eutrope serait demeurée entièrement inconnue, si Saint Grégoire de Tours n’eût consacré quelques lignes à la gloire de ce saint. Ce fut, selon cet historien, le Pape Saint Clément qui, après l’avoir consacré évêque, lui ordonna de se rendre dans les Gaules. Après son martyre, la persécution qui sévissait ne permit pas aux chrétiens de l’ensevelir avec honneur, et on finit même par ignorer qu’il eût répandu son sang pour la foi. Cependant, on n’avait pas oublié son nom et ses vertus. Pallade, évêque de Saintes, avait élevé, en son honneur, une magnifique basilique, et quand il eut complété son œuvre, il convoqua les abbés du voisinage pour transférer, dans l’église qu’il avait bâtie, les restes précieux de Saint Eutrope. Deux des abbés se rendirent donc au lieu où son corps avait été déposé, et, après avoir découvert le tombeau, ils remarquèrent à la tête du saint une large cicatrice, résultat du coup de hache qui lui avait donné la mort. La nuit suivante, le saint leur apparut en songe à l’un et à l’autre, et leur adressa ces paroles : La cicatrice que vous avez vue a été produite par le coup qui a consommé mon martyre. Ce fut ainsi qu’on connut qu’il avait été martyr, car on n’avait pas conservé l’histoire de son glorieux combat. Le roi Saint Louis, dans un pèlerinage qu’il fit à l’église de Saint-Eutrope de Saintes, obtint une des côtes du saint martyr. Etant venu ensuite à Moulins en Bourbonnais, il en donna la moitié à l’église de Notre-Dame, et fit enchâsser cette précieuse relique dans un beau reliquaire. Il remit l’autre moitié à Jean Baudreuil, son secrétaire et maître des comptes audit Moulins. Ce fragment fut conservé longtemps avec respect dans la famille Baudreuil, à Saint-Pierre-le-Moutier. Plus tard, Durand Baudreuil le divisa et le partagea avec les frères prêcheurs de Nevers, y mettant pour condition qu’ils prieraient le saint pour sa famille et ses amis. L’acte est du 30 avril 1469. Une parcelle des reliques de Saint Eutrope est déposée dans l’autel de l’église de Challement, c’est la même qu’Eustache du Lys y avait placée en 1612. La paroisse d’Arquian, dans le doyenné de Saint-Amand-en-Puisaye, honore Saint Eutrope comme son patron ; elle possède aussi une relique de ce saint martyr ».

Voir également le § 6.1.4.2 Vie de Sainte Marie-Madeleine et de Sainte Marthe par Raban Maur, évêque de Mayence, où Saint Eutrope de Saintes est explicitement cité.

6.1.16.7 Saint Lucien de Beauvais

Le « Martyrologe Romain » indique seulement que Saint Lucien est fêté le 6 janvier.

Des « Recherches sur les origines des Eglises de Reims », pages 112 et 113 :

« La tradition de l’Eglise de Beauvais n’a jamais varié. Elle a toujours proclamé que Saint Lucien était venu dans les Gaules avec Saint Denis, sous le pontificat de Saint Clément, tandis que les traditions étrangères ne font venir Saint Lucien à Beauvais que vers la fin du 3 ième siècle, sous l’empire de Dioclétien et de Maximien. [La tradition de l’Eglise de Beauvais repose sur] les actes de Saint Lucien, et ces actes sont très anciens, puisqu’ils sont cités par Florus, moine de Saint Trond, dans ses additions au martyrologe de Bède. Or, Florus vivait en 760. On lit dans la vie de Saint Denis, écrite en 818, par Méthode, patriarche de Constantinople, que Saint Clément envoya Saint Denis dans les Gaules en société de Saint Lucien, de Saint Rustique et de Saint Eleuthère. Ce fait se trouve consigné encore dans les actes de Saint Denis, cités au concile de Limoges en 1031.
En 860, Odon, évêque de Beauvais, professait, dans un discours qui est venu jusqu’à nous, que Saint Lucien, disciple de Saint Pierre, avait été ordonné par Saint Clément, et envoyé dans les Gaules avec Saint Denis. Dix ans plus tard, Saint Notker-le-Bègue inscrivait cette tradition dans son martyrologe. Elle était ensuite accueillie par Vincent de Beauvais, Pierre de Natalibus, Saint Antonin, et consacrée par le martyrologe Romain ». 

6.1.16.8 Saint Mansuit de Toul

Le « Martyrologe Romain » indique que Saint Denis est fêté le 3 septembre. Nous lisons à la page 238 : 

« A Toul en France, Saint Mansuy, évêque et confesseur ».

Des « Recherches sur les origines des Eglises de Reims », pages 105 à 109 :

« Saint Mansuetus est inscrit dans les plus anciens martyrologes connus, avec le titre de confesseur et de premier évêque de Toul. Quelle est l’époque de sa mission ? Le bénédictin Adron, qui écrivit au milieu du 10 ième siècle les actes de ce saint, affirme qu’il fut envoyé dans les Gaules par Saint Pierre (Acta SS. Septemb. tome 1, page 639), avec Saint Sixte de Reims, Saint Sinice de Châlons, Saint Clément, Saint Félix et Saint Céleste de Metz, et Saint Materne de Trèves. Cet auteur avait sous les yeux une vie plus ancienne de Mansuetus, publiée plus tard par D.Materne et par D. Calmet, qui faisait aussi remonter au prince des Apôtres l’apostolat du premier évêque de Toul (Acta SS. Septemb. tome 1, page 636). L’auteur des actes des saints Marianus et Murcheratus représente aussi Saint Mansuit comme un disciple de Saint Pierre, envoyé par lui en Lorraine (Act. SS. Februar. tome 2, page 365). On lit dans l’histoire de la fondation de l’église de Saint Pierre, hors les murs, à Ratisbonne, que du temps de Saint Pierre, un saint homme, du nom de Mansuetus (« Britannicarum Ecclesiarum Antiquitatibus », page 1038) fut dirigé sur la Lorraine par le prince des Apôtres. Aventin consigne dans ses annales des Boïens de même fait qu’on lit encore dans l’histoire ecclésiastique de l’Ecosse («Hist. Eccles. Gentes Scotorum, livre 12, numéro 838). Ces autorités, et d’autres encore que nous sommes obligés d’omettre, ont paru suffisantes à Baronius, pour ranger Saint Mansuetus parmi les disciples de Saint Pierre. De son côté, l’Eglise de Toul a invariablement suivi cette tradition depuis un temps immémorial. Cependant, les Bollandistes se sont efforcés de démontrer que Saint Mansuetus était contemporain des fils de Constantin-le-Grand. Mais les progrès que la science a fait depuis qu’ils ont écrit, donnent une force nouvelle à la tradition. Les arguments qu’ils invoquent sont aujourd’hui sans valeur, car ils reposent sur des données dont l’inexactitude est démontrée jusqu’à l’évidence. Ainsi, en première ligne, ils citent l’opinion de Cordesius sur l’apostolat de Saint Martial, pour démontrer que Saint Pierre vivant dans ses successeurs, on a parfois représenté envoyés par Saint Pierre, des apôtres qui avaient été ordonnés par d’autres papes des premiers temps de l’Eglise. Mais le temps a fait justice de la dissertation de Cordesius. Tous les hommes de bonne foi admettent que l’apostolat de Saint Martial a eu lieu au temps de Saint Pierre : le nom de Cordesius ne pèse donc plus dans la balance[…]. Les Bollandistes s’appuient encore sur l’autorité de Grégoire de Tours et de Sulpice Sévère pour démontrer que la mission de Saint Mansuit ne saurait dater des temps apostoliques. Nous avons déjà démontré qu’il y avait peu de fonds à faire de Grégoire de Tours et de la légende de Saint Saturnin citée par ces savants. Ce n’est pas le lieu de discuter le texte de Saint Sulpice que nous aurons à examiner plus tard. Nous nous bornerons à constater ici, que les doctes continuateurs de l’œuvre de Bollandus, appréciant ces documents à leur juste valeur, en récusent complètement aujourd’hui l’autorité. Bollandus s’était appuyé sur eux pour rejeter au 3 ième siècle l’apostolat de Saint Materne ; le Père Van Heck, qui a commenté au 8 ième volume d’Octobre la vie de Saint Firmin, l’un des successeurs de Saint Materne sur le siège de Trèves, le Père Van Heck, disons-nous, a abandonné sur ce point les traces de son illustre maître et rétabli à sa véritable date la fondation des Eglises de Trèves, Tongres, Mayence et Cologne. Ainsi se détruit peu à peu l’échafaudage dressé au 17 ième et au 18 ième siècle par De Launoy et des disciples. Les origines des Eglises, mieux étudiées, se dégagent peu à peu de l’obscurité qui les enveloppe ; les traditions, dépouillées de ces légendes parasites, et chaque jour, les travaux des Baronius, des De Marca, reçoivent une plus éclatante consécration. L’Eglise de Toul a pieusement conservé sa tradition, que l’un de ses évêques, le grand Léon IX, le saint précurseur d’Hildebrand, avait revêtue de sa sanction. Aujourd’hui, si quelque érudit entreprenait pour elle ce qu’on fait pour Saint Martial l’abbé Arbelot, pour Saint Julien du Mans M. le chanoine Lothin, pour Saint Clément de Metz M. l’abbé Chaussier, pour Sainte Marie Madeleine et les Eglises du midi M. l’abbé Faillon, il serait facile de faire jaillir des ténèbres une lumière assez vive pour convaincre les hommes qui chercent de bonne foi la vérité ».

6.1.16.9 Saint Nicaise de Rouen

Du tome 12 des « Petits Bollandistes », pages 261 à 264 :

« Suivant la tradition, Saint Nicaise, dont le nom signifie vainqueur ou victorieux, vit le jour en Grèce. Quelques historiens de sa vie ajoutant, que le témoignage des vieux manuscrits trouvés dans son église de Meulan, qu’il naquit à Athènes et qu’il fut converti, avec le grand Saint Denis, par le savant discours que fit l’apôtre Saint Paul dans le sénat de l’Aréopage. Ils se rendirent ensemble à Rome, où le Pape Saint Clément formait une compagnie de saints missionnaires pour la conquête des Gaules. Saint Nicaise ayant été sacré évêque par le Souverain pontife, accompagna Saint Denis jusqu’à Paris ; et après avoir combattu quelque temps dans cette cité les erreurs du paganisme, il se dirigea vers la métropole de Rouen. Mais cette ville, qui le vénère encore aujourd’hui comme son premier Pontife, ne devait pas le voir dans ses murs ; le Bienheureux trouva dans le Vexin la mort glorieuse des martyrs. Nicaise menait avec lui Saint Quirin et Saint Egobille, dont on ne sait pas bien le pays ni l’extraction, mais qui été animés du même zèle que lui pour le salut des infidèles. Leurs premières stations furent à Conflans Sainte-Honorine, à Andrésy et à Triel, où ils firent quelques conversions. Ensuite ils se rendirent au village de Vaux, près de Pontoise […] trois cent dix-huit personnes reçurent alors le baptême dans une fontaine que l’on appelle encore à présent la Fontaine de Saint-Nicaise. Les lieux voisins eurent bientôt par cette grâce ; les habitants de Meulan, de Mantes et du village de Monceaux commencèrent, dès ce temps, à ouvrir les yeux à la lumière de l’Evangile […]. Cependant, comme ce pays n’était pas le terme de la mission de ces bienheureux voyageurs, ils passèrent outre pour se rendre au plus tôt à Rouen[…]. Le démon voyant son empire à demi détruit, excita contre les auteurs de sa défaite les sacrificateurs des temples et les principaux d’entre le peuple. Ceux-ci trouvèrent un complaisant exécuteur de leurs projets homicides, dans le gouverneur Fescenninus, qui venait de répandre le sang de Saint Denis et de ses compagnons sur la colline de Montmartre. Cet implacable persécuteur du nom de chrétien, s’étant mis à la poursuite de nos apôtres avec une troupe de soldats, les fit saisir par ses archers et paraître les mains liées en sa présence. Il les reprit sévèrement de l’entreprise qu’ils faisaient de renverser la religion des Romains pour en introduire dans le monde une nouvelle. Il les traita de séditieux, de rebelles aux lois de l’Etat, d’impies, d’extravagants et de visionnaires. Il les menaça des plus rigoureux supplices s’ils n’adoraient Mars et Mercure, qui étaient en plus grande vénération parmi les Gaulois. Saint Nicaise lui répondit admirablement sur tous ces chefs, et lui fit voir avec ses compagnons la résolution inébranlable où il était, non-seulement de demeurer jusqu’à la mort dans le service de Jésus-Christ, mais aussi d’annoncer partout son Evangile et de lui conquérir sans cesse de nouveaux serviteurs. Ainsi, Fescenninus, désespérant de les vaincre les condamna sur-le-champ au fouet et à avoir la tête tranchée : ce qui fut exécuté. Ce massacre se fit à Scamnis (Ecos), entre la Roche-Guyon et Les Andelys, près de la rivière d’Epte, au diocèse d’Evreux. On représente Saint Nicaise : 1° faisant mourir, par la force du signe de la croix, le dragon de vaux ; 2° en groupe avec Saint Quirin et Saint Scubicule, ses compagnons de martyre ; 3° portant sa tête entre ses mains, après que le bourreau l’eut séparée du tronc. Saint Nicaise est patron de Rouen, du Vexin normand, et de Vaux près de Meulan ».

6.1.16.10 Saint Rieul de Senlis

Le « Martyrologe Romain » indique que Saint Rieul est fêté le 30 mars. Nous lisons à la page 160 : 

« Au château de Senlis, le décès de Saint Rieul, évêque d’Arles ».

Des « Recherches sur les origines des Eglises de Reims », pages 115 à 116 :

« Les Bollandistes ont publié deux vies de Saint Régulus ou Saint Rieul. La première avait été empruntée par eux à un manuscrit de l’église de Saint-Omer. Ce manuscrit, disent-ils, était très vieux (ex pervertusto codice), la vie qu’il renfermait paraissait très ancienne et portait l’empreinte de la vérité. La seconde se trouvait reproduite dans divers manuscrits qu’ils avaient entre les mains. Ces actes disent unanimement que Saint Régulus avait été envoyé dans les Gaules par Saint Clément, en société de Saint Denis et de ses compagnons ; qu’il avait été un instant évêque d’Arles ; qu’après la mort de Saint Denis il était venu à Paris, et que, de là, il s’était rendu à Senlis. Ces détails furent confirmés par la tradition constante de l’Eglise d’Arles(1) et par le martyrologe Romain ».  

Note :

(1) : « On lit dans une histoire de l’Eglise d’Arles, écrite en 1690, par Gilles du Port : Saint Rieul ou Saint Régule prit naissance à Nicée, en Béthanie. On sait qu’il fut disciple de Saint Jean l’Evangéliste, qui l’ordonne prêtre, afin qu’il pût annoncer l’évangile avec plus de pouvoir. Ensuite Saint Rieul s’en alla à Rome, d’où le Pape Saint Clément l’envoya en France avec Saint Denis l’aréopagite, qui établit Rieul évêque d’Arles, pour continuer ce qu’il avait si heureusement commencé. Saint Rieul se proposa Saint Trophime pour modèle et travailla jour et nuit à entretenir et à augmenter son troupeau. Un jour qu’il disait la messe, il eut une inspiration que Saint Denis, Saint Rustique et Saint Eleuthère étaient morts pour Jésus-Christ ;…il prit la résolution d’aller au pays où ils avaient souffert le martyre. Mais, avant son départ, il choisit Félix, il le mit en sa place et se rendit à ParisPuis comme il connut que sa présence n’était plus nécessaire à Paris, il passa à Senlis pour y établir la Foi, et il y est mort évêque. Cependant, Arles ne se lasse pas de célébrer sa fête le 3 mars, et de le reconnaître pour son troisième évêque ».

6.1.16.11 Saint Saintin de Verun et de Meaux

Le « Martyrologe Romain » indique que Saint Saintin est fêté le 22 septembre. Nous lisons à la page 248 : 

« A Meaux, Saint Saintin, disciple de Saint Denis l’Aréopagite, qui, ayant été sacré évêque de cette ville par le saint, fut le premier qui y prêcha l’Evangile ».

Des « Recherches sur les origines des Eglises de Reims », pages 109 et 110 :

« Les Eglises de Verdun et de Meaux reconnaissent Saint Saintin pour leur fondateur, et une tradition qui n’a jamais varié, veut que cet apôtre ait été disciple de Saint Denis. L’Abbé Roussel, auteur de l’Histoire ecclésiastique et civile de Verdun, publiée en 1745, le déclare dans les termes les plus formels : Il est certain que Saint Saintin, fondateur de l’Eglise de Verdun, était disciple de Saint Denis, premier évêque de Paris. Ce fait est reconnue indubitable par la tradition constante, uniforme et générale de cette Eglise. Bertaire et Laurent, de Liège, nos chronologistes les plus anciens, assurent l’avoir lu dans plusieurs de nos monuments, que ce saint évêque était disciple de Saint Denis de Paris. Hugues de Flavigny qualifie Saintin le compagnon fidèle de Saint Denis, l’apôtre de la France. Vasbourg dit la même chose avec tous les autres auteurs qui ont parlé de notre premier évêque. Bertaire, l’un des écrivains cités par notre auteur, était prêtre de Verdun, et il rédigea vers la fin du 9 ième siècle, une histoire des premiers évêques de cette Eglise. Vers le même temps, notre archevêque Hincmar écrivait à l’empereur Charles-le-Chauve, que Saint Saintin avait été nommé par Saint Denis, d’abord évêque de Chartres, et ensuite évêque de Meaux. Plus tard encore, cette tradition a été suivie par Pierre de Natalibus, Saint Antonin, et elle a reçu l’approbation de Baronius. Dans sa dissertation sur l’apostolat de Saint Martial, M. l’abbé Arbelot dit aussi : Les actes de Saint Saintin, première évêque de Meaux, actes que Hugues de Ménard, au dire du P. Bonaventure, prouve être plus anciens que Grégoire de Tours, attribuent à Saint Clément la mission de Saint Denis, et font ordonner par le premier évêque de Paris, Saint Saintin de Meaux. Aujourd’hui qu’il est démontré que Saint Denis a été envoyé dans les Gaules par Saint Clément, on devrait pouvoir dire avec certitude que l’Eglise de Verdun date du premier siècle de l’ère chrétienne ».

6.1.16.12 Saint Ursin de Bourges

Le « Martyrologe Romain » indique que Saint Ursin de Bourges est fêté le 9 novembre. Nous lisons à la page 272 : 

« A Bourges, Saint Ursin, confesseur, qui fut ordonné à Rome par les successeurs des Apôtres, et nommé premier évêque de cette ville ».
.
Du tome 13 des « Petits Bollandistes », pages 274 à 279 :

« Pendant que Saint Front se rend dans le Périgord, Saint Austremoine en Auvergne, Saint Martial en Limousin, pénétrons avec Ursin au centre de la Gaule, pour assister à la naissance de l’Eglise de Bourges. D’après quelques légendaires de l’ancien bréviaire de Bourges, Ursin serait le même que Natanaël, ce disciple du Christ, qui fit la lecture pendant la Cène, et que d’autres confondent avec Saint Barthélemy. Ce ne fut pas sans un cruel serrement de cœur que le pieux missionnaire se vit lancé dans ces vastes solitudes peuplées de grands arbres, en compagnie de Just, son unique et fidèle disciple, qui lui-même ne devait pas tarder à le quitter, car une terrible épreuve se préparait. A neuf milles seulement du terme du voyage, près d’un petit bourg des bords de l’Auron, nommé Chambon, Just est pris d’une invincible défaillance et avertit son maître que sa fin arrive. A cette nouvelle, dont il voudrait douter, Ursin lui-même se sent faiblir, et, malgré ses prières et ses soins, ne tarde pas à recevoir le dernier soupir de son disciple. Dans son désespoir et son abandon, que va-t-il faire ? Seul et découragé, pourra-t-il continuer sa tâche dans ce pays inconnu, livré à la barbarie et au culte des idoles ? Il demande à Dieu de l’appeler également à lui ; mais une voix intérieure lui commande de surmonter sa faiblesse de marcher en avant, avec l’intrépidité de la foi d’un soldat chrétien. Ursin obéit. Léguant à cette terre étrangère le corps et le nom se son ami, il essuie ses larmes, reprend sa route et, sur le soir, arrive aux portes d’Avaric (Bourges), but de sa mission. En pénétrant dans cette cité inconnue, dont il devait devenir le maître, Ursin se fit humble et petit. Il se réfugia dans le faubourg, chez une pauvre famille sur laquelle il commença immédiatement son œuvre de persuasion et de charité. Le soir, au coin du feu, avant de chercher dans le sommeil l’oubli des labeurs du jour, il racontait, avec ses propres aventures, les grands évènements qui venaient de se passer en Orient et qui promettaient au monde une ère nouvelle […]. Ursin avait réponse à tout. Sa parole grave et sympathique, la conviction de son regard, faisaient tomber les doutes des gens qui ne demandaient qu’à aimer croire. Ceux qui ne pouvaient ou ne voulaient venir, il allait les trouver et ne tardit pas à eu avoir raison. C’était surtout avec les affligés du corps et de l’esprit, les déshérités des biens et des joies terrestres, qu’il obtenait ses plus grands succès, car la douleur ne demande qu’à être bercée et endormie. Cependant l’éternel ennemi du genre humain, effrayé des attaques dirigées contre son pouvoir, commença à machiner des scandales de toutes sortes pour détourner de son œuvre le serviteur de Dieu. Il ralluma les passions perverses, qui ne sont jamais entièrement éteintes au cœur de la foule, mobile élément soumis au caprice du dernier vent qui passe, de la dernière bouche qui parle […]. Les cœurs et portes se fermèrent. Dans ces rues où naguère il était habitué à rencontrer bon voisinage et accueil, Ursin ne récolta plus que de mauvaises paroles et regards insolents. Enfin, un soir qu’il voulut tenter un dernier effort et rassembler les débris de son troupeau, une bande de sauvage envahit le lieu de la réunion, dispersa les rares adeptes qui étaient restés fidèles, et lança contre lui les chiens du voisinage. Forcé de prendre la fuite sous une grêle de pierres, Ursin fut escorté bien au-delà des murs de la ville, par les aboiements de la meute furieuse et par les éclats de rire de la populace[…]. Il s’établit donc, comme il put, en pleine campagne, dans cet endroit où plus tard une chapelle expiatoire devait perpétuer le souvenir de son séjour. La révolution qu’il avait prévue ne tarda pas à s’opérer. Loin d’éprouver le moindre soulagement de son départ, les pauvres de Bourges retombèrent dans leur ancienne misère, sans retrouver les consolations qui endormaient leurs peines et séchaient leurs larmes. Ils se tournèrent alors contre ceux qui les avaient trompés, les chassèrent à leur tour, et vinrent, soumis et repentants, supplier Ursin de leur pardonner et de leur rendre son affection. Le saint homme ne se fit pas longtemps prier, et rentra plus puissant et plus écouté que jamais dans cette ville qui l’avait ignominieusement rejeté se son sein. La réaction fut si unanime que, dès le premier jour, l’humble retraite du faubourg ne suffit plus aux réunions, et qu’il fallut chercher un local plus vaste, en rapport avec le nombreux auditoire qui accourait de toutes parts, comme le cerf altéré vers le fontaine […]. Ursin vécut encore longtemps, ne cessant de compléter et d’embellir son œuvre, jusqu’au moment où le Seigneur, en récompense de son zèle et de ses travaux, l’avertit, par la fatigue du corps et la maladie, que l’heure de sa délivrance été arrivée. Alors il rassembla ses disciples, leur annonça sa fin prochaine, indiqua pour son successeur Sénicien, le plus fidèle et le plus fervent d’entre eux ; puis, après avoir donné ses dernières instructions, il partit pour un monde meilleur, le quatrième jour des calendes de janvier, la vingt-septième année de son pontificat ».

6.1.17 Saint Irénée de Lyon

Le « Martyrologe Romain » indique que Saint Irénée est fêté le 28 juin. Nous lisons à la page 203 : 

« A Lyon, Saint Irénée, évêque et martyr, qui, comme le rapporte Saint Jérôme, fut disciple de Saint Polycarpe, évêque de Smyrne, et contemporain des temps apostoliques. Ce saint, après avoir fortement combattu les hérétiques par ses discours et ses écrits, obtint, pendant la persécution de Sévère, la couronne d’un glorieux martyre, avec la plus grande partie de son peuple ».

Du tome 7 des « Petits Bollandistes », pages 402 à 415 :

« Saint Irénée naquit vers l’an 120 de Jésus-Christ ; il était grec et, selon toutes les apparences, de l’Asie-Mineure, où il passa ses premières années. Ses parents, qui étaient chrétiens, le mirent sous la conduite de Saint Polycarpe, évêque de Smyrne, qui l’éleva avec une tendresse paternelle dans l’amour du Seigneur et la pratique de sa loi. Le jeune Irénée, cultivé par des mains si habiles, croissait dans l’innocence, au milieu des exemples de vertu que lui donnait aussi la florissante chrétienté de Smyrne […]. Irénée, dans les desseins de la Providence, était destiné, en quelque sorte, à lier les temps des Apôtres au siècle qui devait suivre ; et le Seigneur lui réservait la gloire de transmettre aux âges postérieurs les traditions apostoliques, et de marcher à la tête de cette suite imposante de défenseurs dont l’Eglise ne devait jamais manquer. Aussi Dieu, dont la sagesse proportionne toujours les moyens aux fins qu’il se propose, avait-il inspiré à notre Saint, pour la doctrine et la gloire de Jésus-Christ, un amour qui, dès son enfance, absorba son âme tout entière […]. Le Saint évêque de Smyrne n’attendit pas qu’Irénée, en qui la sagesse et la piété prévenaient les années, eût atteint l’âge ordinaire pour l’admettre dans les rangs de la hiérarchie ecclésiastique. Il lui conféra successivement tous les ordres jusqu’au diaconat […]. Dans toutes les circonstances, Irénée déploya des vertus et des talents qui promirent un apôtre de la religion. Obligé d’instruire les fidèles et de les prémunir contre les pièges de l’erreur, il dut faire briller alors la profonde connaissance qu’il avait acquise des saintes Ecritures et des sciences profanes […]. Saint Ignace et Saint Polycarpe exhortaient les chrétiens à fermer leurs oreilles aux perfides insinuations des hérétiques et des impies, qui cherchaient à leur ravir le trésor de la foi. Ces docteurs de mensonges se multipliaient alors d’une manière effrayante, se répandaient dans toute l’Asie et s’efforçaient de semer l’erreur dans les chrétientés les plus florissantes. Une colonie de ces hérétiques observant le cours des conquêtes de la religion, la poursuivit jusque dans les Gaules, où celle-ci venait de s’introduire. Le commerce fréquent entre les villes maritimes de l’Occident et celles de l’Asie-Mineure, les lettres grecques enseignées dans les nombreuses écoles de la Gaule méridionale, des peuplades entières de négociants asiatiques établis dans ces mêmes contrées, étaient autant de circonstances qui favorisaient les pernicieux projets de ces séducteurs ; ils ne le comprirent que trop ; ils partirent donc en grand nombre d’Asie, débarquèrent dans les ports Phocéens de la Méditerranée, et remontant le Rhône jusqu’à Lyon, la Garonne jusqu’à son embouchure, la Saône jusqu’aux Vosges, répandaient la peste des erreurs dans les pays qu’arrosent ces fleuves et dans les villes voisines. En attendant qu’il fût donné à Irénée de venir combattre l’hérésie dans l’Occident, il la repoussait dans l’Orient et en préservait l’Eglise de Smyrne […]. En attenant que le temps fût arrivé de l’opposer aux ennemis de l’Eglise, la Providence l’avait mis à l’école du zèle et de la vertu, et Irénée, toujours fidèle à la volonté de son Dieu, travaillait à la gloire de Jésus-Christ dans le cercle de ses attributions. Le zèle d’Irénée s’enflammait d’une nouvelle ardeur lorsqu’il voyait partir de Smyrne les missionnaires que Polycarpe envoyait dans les Gaules ; mais le moment marqué par la Providence n’étant pas encore arrivé, Irénée continua à faire l’édification de la chrétienté de Smyrne, à remplir les fonctions que lui confia Saint Polycarpe, à se préparer aux desseins du Seigneur et à désirer dans la pratique de toutes les vertus le jour où il voudrait bien disposer de lui. L’Eglise de Lyon, qui avait à sa tête Saint Pothin, dont les forces affaiblies par l’âge, les travaux et les infirmités, servaient mal l’ardeur de son zèle, réclama bientôt de nouveaux secours. Saint Pothin fit connaître à Saint Polycarpe l’état de son peuple et le pria de s’intéresser à la conservation d’une Eglise qui lui devait de si heureux commencements. Saint Irénée, que la Providence avait destiné à cette mission, avait reçu du ciel de signes de vocation auxquels son saint maître ne resta point étranger. Il était alors dans la force de l’âge, nourri des divines Ecritures, habille dans les lettres humaines, parfait dans la pratique de toutes les vertus, et réunissait en lui toutes les qualités qu’exigeaient les besoins de la chrétienté lyonnaise. [Saint Polycarpe décida donc de l’envoyer dans les Gaules]. […]. L’arrivée de Saint Irénée et de ses compagnons à Lyon fut, pour la chrétienté de cette ville, l’aurore d’un heureux avenir. Saint Pothin accueillit avec des transports de joie, et bénit au nom du Seigneur les apôtres que le ciel envoyait à son aide. Son bonheur passa ses espérances lorsqu’il connu tout le mérite d’Irénée ; car à peine arrivé dans le champ où l’avait envoyé le père de famille, ce nouvel ouvrier se mit à le cultiver avec une ardeur qui lui donna une nouvelle fécondité ; son zèle, sa science, son amour pour la paix et le don qu’il avait de la maintenir partout, faisaient l’édification de ses frères et le bonheur de cette Eglise naissante. Ce fut alors que Saint Pothin éleva le jeune apôtre au sacerdoce. Irénée honora son auguste caractère par une piété plus ardente, un zèle plus actif ; d’autant plus confondu de cette dignité, qu’il en connaissait mieux la grandeur et les obligations, il redoubla d’efforts pour remplir les vues et correspondre aux bontés du Seigneur. Ses vertus alors brillèrent d’un si vif éclat qu’elles attirèrent sur lui la vénération publique, et qu’on lui donnait communément le titre de zélateur du nouveau testament : et lorsque la chrétienté de Lyon le députa à Rome pour les affaires de l’Eglise, elle n’allégua d’autre titre pour lui à la protection du Souverain Pontife, que son zèle et sa sainteté, sans faire valoir le droit que lui donnait la dignité sacerdotale. Les instructions et les exemples d’Irénée produisaient des fruits heureux et abondants ; par ses soins, un peuple de Saints croissait sous les regards satisfaits de Pothin ; ce vénérable vieillard, déjà courbé sous vingt années d’apostolat, ne pouvait suffire aux ardeurs de son zèle ; il était cependant l’âme de son Eglise : il dirigeait tout par sa sagesse ; son peuple était sa famille, tous les chrétiens étaient ses enfants ; tous le chérissaient et le vénéraient comme leur père. On eût dit la chrétienté de Smyrne transportée dans les Gaules […]. Le démon, jaloux de la prospérité toujours croissante de la chrétienté de Lyon, suscita contre elle une violente persécution. Tous ceux qui étaient intéressés à maintenir le règne de la superstition, réveillèrent l’attention des magistrats, commencèrent à souffler dans les cœurs la haine dont ils étaient animés, et ameutèrent la populace païenne contre les chrétiens ; leur religion fut plus que jamais tournée en ridicule ; leurs mœurs accusées d’infamie, leur conduite traitée d’insubordination ou de désobéissance aux lois de l’empire, et de mépris pour les dieux et pour la religion nationale. Afin de rendre leurs personnes odieuses, on inventait et l’on débitait chaque jour contre eux de nouvelles calomnies. Les chefs et les principaux de la chrétienté étaient ceux qui cherchaient les traits les plus envenimés de la haine. Mais Saint Pothin attirait surtout les regards et l’attention des ministres des faux dieux. Les chrétiens se virent partout insultés : on les repoussait des assemblées ; on les expulsait ignominieusement des places publiques […]. Ces signes présagèrent à Saint Pothin et à Saint Irénée de sinistres évènements : ils comprirent que le temps des épreuves était arrivé. Pothin vit avec bonheur s’approcher le moment désiré où, à l’exemple des Apôtres et de son maître Saint Polycarpe, il devait donner sa vie à Jésus-Christ, et cimenter par son sang les fondements de son Eglise. Il se reprochait en quelque sorte les infirmités et la faiblesse de son âge, qui l’empêchait d’aller se montrer à son peuple et soutenir sa constance au milieu des maux qui le menaçaient. Mais il connaissait le zèle et le courage d’Irénée ; il se reposa sur lui de sa sollicitude pastorale. Irénée, dont l’âme semblait grandir à mesure que les dangers augmentaient, exposa cent fois sa vie pour ranimer la constance des fidèles et les préparer au dernier sacrifice que le Seigneur imposait à leur foi et à leur amour. En effet, la populace païenne, poussée, dirigée par des chefs altérés du sang des innocents, arracha de leurs retraites les principaux d’entre les chrétiens, massacra les uns, traîna les autres dans les prisons, d’où ils ne sortirent que pour périr avec plus d’éclat, et amuser, par leurs souffrances, les barbares loisirs du peuple idolâtre. Les magistrats païens n’ayant plus besoin de victimes humaines pour amuser le peuple, mirent un terme au massacre des chrétiens de Lyon. Ils croyaient avoir anéanti le christianisme, ou du moins avoir répandu parmi le reste des fidèles une telle épouvante, que désormais ils n’oseraient plus pratiquer extérieurement leur religion. En effet, les colonnes de la chrétienté de Lyon étaient brisées : les pasteurs avaient été frappés et leurs ouailles dispersées ou égorgées avec eux […]. La persécution venait d’immoler leur père, et l’Eglise de Lyon était sans pasteur ; il était urgent de lui en donner un, et personne ne pouvait occuper plus dignement qu’Irénée la chaire de Saint Pothin […]. L’occupation de notre Saint, dès qu’il se vit sur la chaire épiscopale, fut de ramasser ses ouailles dispersées et de fortifier ceux que la rage des tyrans avait épouvantés, afin de faire refleurir la foi et la piété avec encore plus d’éclat qu’auparavant. Il n’épargna rien pour venir à bout d’une si sainte entreprise : ses paroles, ses exemples, ses conseils, sa science, furent les moyens dont il se servit pour la faire réussir. En effet, il fit tant de prières, par ses prédications, par ses exhortations, par ses remontrances 

 Nulle part l’idolâtrie ne se déchaîna contre les chrétiens avec plus de fureur que dans la ville de Lyon […]. Saint Irénée prévit que l’enfer préparait son           

A finir