6.1.2 De la correspondance de Sainte Catherine de Sienne (1347-1380) - Docteur de l'Eglise
Aux pages 1220 et 1221 du tome 2 des « Lettres de Sainte Catherine de Sienne », nous pouvons lire la lettre suivante (n° 229), que Sainte Catherine écrivît à une certaine « Sœur Donna, veuve de messire Orso Malavolti », en l’exhortant à imiter les vertus de Sainte Marie-Madeleine et de Sainte Agnès :
Que soit loué Notre Doux Sauveur
§ 1 : « C’est à vous, bien chère et bien-aimée Fille Agnès, et à mes autres Filles, que moi, Catherine, la servante inutile de Jésus-Christ, j’écris avec amour et désir, me rappelant la parole du Maître. J’ai désiré avec désir vous voir unies et transformées dans cet ardent et parfait amour, comme l’a fait Madeleine, qui eut le zèle d’un apôtre, et dont l’amour fut si grand, qu’elle ne s’occupa plus d’aucune chose créée. O mes bien-aimées Filles, apprenez de Sainte Agnès cette vraie et sainte humilité ; elle voulait toujours s’abaisser elle-même, en se soumettant à toute créature pour Dieu, et en reconnaissant que toutes les grâces et les vertus lui venaient de Dieu. C’est ainsi qu’elle conservait en elle la vertu d’humilité. Je dis qu’elle brûla encore de la vertu de charité, recherchant toujours l’honneur de Dieu et le salut des âmes, se donnant toujours elle-même dans la prière, avec une charité tendre et généreuse, pour toute créature, et elle montrait ainsi l’amour qu’elle avait pour son Créateur. Elle eut aussi un zèle continuel et persévérant, et jamais les démons et les créatures ne lui firent abandonner sa vie sainte ».
§ 2 : « O très douce vierge, comme vous vous accordiez bien avec Madeleine, cet ardent disciple de Jésus-Christ ! Car remarquez-le, mes Filles bien-aimées, Madeleine s’humilia et se connut elle-même ; elle se reposa avec tant d’amour aux pieds de notre doux Sauveur ! Et si nous disons qu’elle lui montra beaucoup d’amour, nous le voyons bien à la sainte Croix du Calvaire ; car elle ne redoute pas les Juifs, elle ne craint rien pour elle-même ; mais, dans son transport, elle court, elle embrasse la Croix, et il n’est pas douteux que pour voir son Maître, elle fut tout inondée de sang. Madeleine s’enivra d’amour, et montra combien elle était passionnée pour son Maître ; elle le montra à ses créatures par ce qu’elle fit après la Résurrection, lorsqu’elle prêcha dans la ville de Marseille. Je vous dis aussi qu’elle eut la vertu de persévérance, et elle le montra, cette douce Madeleine, lorsqu’elle chercha son doux Maître, et qu’elle ne le trouva pas dans son lieu ou on l’avait placé. O Madeleine ! Vous étiez folle d’amour, vous n’aviez plus votre cœur, car il était enseveli avec votre doux Maître, avec notre doux Sauveur ; mais vous avez pris le bon moyen pour trouver le doux Jésus ; vous persévérez et vous n’apaisez pas votre immense douleur. Oh ! Que vous faites bien, car vous voyez que c’est la persévérance qui vous a fait trouver votre Maître ».