6.1.4 Abbé Faillon : « Monuments Inédits sur l'apostolat de Sainte Marie-Madeleine en Provence, et sur les autres apôtres de cette contrée Saint Lazare, Saint Maximin, Sainte Marthe, Les Saintes Marie Jacobé et Salomé » (1848-1865)

C’est l’œuvre de référence sur le sujet qui n’a absolument aucune équivalence, et qui n’en aura vraisemblablement jamais, tellement l’Abbé Faillon a effectué un travail inégalé et inégalable. Je ne peux qu’humblement vous recommander la lecture des deux volumes, dont voici les liens de téléchargement sur le site (anciennement disponibles sur internet en format .pdf, numérisés par Google Books) :

Tome 1

Tome 2

Le sujet traité est si vaste et l’érudition de l’auteur tellement grande que je me bornerai ici, par respect pour l’œuvre magistrale de l’Abbé Faillon, à vous proposer une synthèse du travail effectué, parue dans l’édition de 1849 de « L’Ami de la Religion et du Roi », ainsi que quelques extraits du document majeur qu’est la vie de Sainte Marie Madeleine et de Sainte Marthe écrite par Raban Maur, évêque de Mayence au 9 ième siècle.

6.1.4.1 Introduction par l’Abbé Paulin Du Chesne du journal ecclésiastique « L’Ami de la Religion et du Roi » (1849)

- extrait de l’article des pages 150 à 152 du tome 141, sur l’apostolat de « Sainte Marie-Magdeleine en Provence et sur les autres apôtres de cette province » :

« En parlant de ces deux volumes, la Correspondance de Rome dit que c’est l’ouvrage le plus savant qui ait paru depuis deux siècles ; en matière de critique sacrée et d’histoire ecclésiastique : si nous étions un juge plus compétent nous souscririons volontiers à ce jugement ; mais en présence d’une érudition si vaste, de tant de monuments, de texte, d’inscriptions recueillies, discutées avec une patience de Bénédictin, nous sommes vraiment effrayé […]. Voilà notre impression après la lecture des volumes publiés par M. Faillon, l’un des directeurs de Saint Sulpice […]. Le premier volume est consacré à prouver l’identité de Sainte Magdeleine avec Marie sœur de Lazare et de Marthe, et l’apostolat de Saint Lazare, Evêque de Marseille, de Saint-Maximin, Evêque d’Aix, des saintes Marthe, Marie Jacobé et Salomé. Le second volume renferme toutes les pièces justificatives tant sur l’apostolat que sur l’histoire des cultes ».

6.1.4.2 Vie de Sainte Marie-Madeleine et de Sainte Marthe par Raban Maur, évêque de Mayence (9 ième siècle)

- extraits du tome 2 de « Monuments Inédits sur l'apostolat de Sainte Marie-Madeleine en Provence, et sur les autres apôtres de cette contrée Saint Lazare, Saint Maximin, Sainte Marthe, Les Saintes Marie Jacobé et Salomé », pages 278 à 346 :

Chapitre 36

Séparation des apôtres et de vingt-quatre anciens disciples ou amis de Jésus-Christ

« Après la morte de Saint Etienne, le premier des martyrs, Saul fut appelé du ciel à la foi, bien qu’il n’ait été nommé Paul que douze ans après. Ceux qui avaient été dispersés avec Philippe et les autres compagnons de Saint Etienne allaient de tous côtés annonçant le royaume de Dieu. Ils vinrent jusqu’à Antioche, où il se forma une grande Eglise de disciples de Jésus-Christ. Ce fut là que le nom des chrétiens prit son origine ; ce fut là que Saint Pierre plaça la chaire patriarcale, où il laissa Evode qu’il avait ordonné patriarche, lorsqu’il retourna lui-même à Jérusalem auprès des apôtres. Ceux-ci, selon l’ordre du Sauveur, s’étaient bornés pendant ces douze années à prêcher aux douze tribus dans la terre de promission. La treizième année depuis l’ascension, Jacques, frère de Jean, périt par le glaive, Pierre fut jeté en prison, Saul reçut du Saint-Esprit l’apostolat des gentils, et (prit) le nom de Paul. L’année suivante, ou la quatorzième, eut lieu la division des apôtres ; l’Orient échut en partage à Thomas et à Barthélémi ; le Midi à Simon et à Matthieu ; le Nord à Philippe et Thadée ; le centre du monde à Matthias et Jacques ; les provinces de la mer Méditerranée furent le partage de Jean et d’André ; les royaumes d’Occident, celui de Pierre et de Paul. Car dans ce même temps Paul était venu à Jérusalem pour voir Pierre, et après qu’il eut donné à celui-ci, ainsi qu’à Jacques et à Jean, et qu’il eut reçu réciproquement de leur part des gages de leur union dans l’apostolat, il partit de là avec son collègue Barnabé pour la Syrie et l’Illyrie, afin d’y prêcher l’Evangile. Or, Pierre, qui devait quitter l’Orient pour aller à Rome, désigna des prédicateurs de l’Evangile, pour les autres pays d’Occident, où il ne pouvait se rendre en personne, et les choisit parmi les plus illustres fidèles et les plus anciens disciples du Sauveur : pour les pays des Gaules, où l’on compte dix-sept provinces, dix-sept pontifes ; et pour le pays des Espagnes, où l’on compte sept provinces, sept docteurs. A la tête de ces vingt-quatre anciens était le célèbre docteur Maximin, du nombre des soixante-dix disciples du Sauveur, illustre par le don d’opérer toute sorte de miracles, et le chef de la milice chrétienne après les apôtres. Sainte Madeleine, unie par le lien de la charité à la religion et à la sainteté de ce disciple, résolut de ne point se séparer de sa société, quel que fût le lieu où le Seigneur l’appelât. Car la Reine du ciel, au service de laquelle Madeleine avait goûté dans la contemplation les délices du paradis, la bienheureuse Vierge avait été enlevée aux cieux, et déjà dix apôtres s’étaient dispersés. Quel que fût pour les apôtres l’attachement de ces vingt-quatre anciens, ils n’avaient pu garder auprès d’eux après que la haine des juifs eut suscité la persécution contre l’Eglise, qu’Hérode eut décapité l’apôtre Saint Jacques, jeté Pierre en prison, et chassé de ses Etats les fidèles. Ce fut alors, pendant que la tempête de la persécution exerçait ses ravages, que les fidèles déjà disperses se rendirent dans les divers lieux du monde que le Seigneur leur avait assignés à chacun, afin de pêcher avec intrépidité la parole du salut aux gentils qui ignoraient Jésus-Christ. A leur départ, les femmes et les veuves illustres, qui les avaient servis à Jérusalem et dans l’Orient, voulurent les accompagner. Tel était leur attachement pour l’amie spéciale du Sauveur et la première des servantes, qu’elles ne purent souffrir son éloignement et la privation de sa société. Parmi elles fut Sainte Marthe, dont le frère Lazare était alors évêque de Chypre : cette vénérable hôtesse du Fils de Dieu voulut marcher sur les traces de sa sœur, ainsi que Sainte Marcelle, la suivante de Marthe, femme d’une grande piété, d’une foi vive, et qui avait adressé au Seigneur ce salut : Bienheureux le ventre qui vous a porté, etc. Saint Parménas, diacre plein de foi et de la grâce de Dieu, était aussi du nombre de ses disciples ; ce fut à ses soins et à sa garde que Sainte Marthe se recommande en Jésus-Christ, comme Marie au saint pontife Maximin.   Ils prirent donc ensemble leur route vers les pays d’Occident, par un admirable conseil de la divine Providence, qui voulait non seulement que la gloire et la célébrité de Marie et de sa sœur se répandissent dans tout l’univers par le moyen de l’Evangile, mais encore que, comme l’Orient avait été favorisé jusqu’alors de l’exemple de leur sainte vie, l’Occident fût illustré lui-même par le séjour qu’elles y firent et par le dépôt de leurs reliques sacrées ».

Chapitre 37

Comment ces vingt-quatre anciens eurent en partage les Gaules et les Espagnes

« Dans la compagnie de Madeleine, la glorieuse amie de Dieu, et de Sainte Marthe, sa sœur, le saint évêque Maximin s’abandonna donc aux flots de la mer, avec Saint Parménas, chef des diacres, les évêques Trophime, Eutrope et les autres chefs de la milice chrétienne. Poussés par le vent d’est, ils quittèrent l’Asie, descendirent par la mer Tyrrhénienne, entre l’Europe et l’Afrique, en faisant divers détours. Ils laissèrent à droite la ville de Rome et toute l’Italie, ainsi que les Alpes, qui partant du golfe de Gênes et de la mer des Gaules (s’étendent) vers l’Orient, et se terminent à la mer Adriatique. Enfin ils abordèrent heureusement sur la droite, dans la Viennoise, province de Gaules, auprès de la ville de Marseille, dans l’endroit où le Rhône se jette dans la mer des Gaules. Là après avoir invoqué Dieu, le souverain monarque du monde, ils partagèrent entre eux, par l’inspiration du Saint-Esprit, les provinces du pays où ce même Esprit les avaient poussés ; puis ils avancèrent et prêchèrent partout avec l’aide du Seigneur, qui confirmait leur prédication par des miracles. Car le Roi des armées célestes et de son peuple bien-aimé et chéri communiqua à ses prédicateurs le don d’annoncer sa parole avec une grande force, et d’orner la maison de Dieu des dépouilles du fort armé. Le Saint évêque Maximin eut pour son partage la ville d’Aix, métropole de la seconde province Narbonnaise, dans laquelle Sainte Marie-Madeleine finit sa vie mortelle. Paul eut Narbonne, métropole de la première province Narbonnaise ; Austrégisile, la ville de Bourges, métropole de la première Aquitaine ; Irénée eut Lyon, métropole de la première Lyonnaise ; Sabien et Potentien eurent pour leur part la ville de Sens, métropole de la quatrième Lyonnaise ; Valère, la ville de Trèves, métropole de la première Belgique ; Féroncius, Besançon, métropole de la première province des séquaniens ; Eutrope, la ville de Saintes, dans la seconde Aquitaine, dont Bordeaux est maintenant la métropole ; Trophime, Arles, alors métropole de la province de Vienne. Ce furent de ces prédicateurs que ces dix provinces des Gaules reçurent la foi. Les autres docteurs ne prêchèrent point aux sept autres provinces des Gaules, mais à sept villes de provinces diverses : Eutrope à Orange, ville de la province de Vienne ; Front à Périgueux, dans la seconde Aquitaine ; Georges à Veliacum, dans la première ; Julien au Mans, dans la troisième Lyonnaise ; Martial à Limoges, dans la première Aquitaine ; Saturnin à Toulouse, dans la première Narbonnaise, où il fut précipité du Capitole pour la foi de Jésus-Christ. Parménas, avec la vénérable serbante du Sauveur, Sainte Marthe, se retira à Avignon, ville de la province Viennoise, ainsi que Marcelle, suivante de la sainte, Epaphras, Sosthène, Germain, Evodie et Syntique. Rouen  avec sa province, la seconde Lyonnaise, qui est maintenant la Normandie ; Mayence avec sa province, la première Germanique ; Cologne avec sa province, la troisième Germanique ; Octodure avec sa province des Alpes Grecques et Apennines ; la métropole d’Auch avec sa province, la Novempopulanie ; la métropole d’Embrun avec sa province des Alpes Maritimes ; la métropole de Reims avec sa province, la seconde Belgique, furent réservées à d’autres docteurs. En outre, voici les noms de ceux qui furent envoyés dans les Espagnes par les apôtres : Torquatus, Ctésiphon, Secundus, Indalecius, Cecilius, Esicius, Euphrasius : ce sept prédicateurs réunirent à la foi chrétienne les sept provinces des Espagnes.           

Chapitre 38

Comment, auprès de la métropole d’Aix Sainte Marie vaquait, soit à la prédication, soit à la contemplation

« Saint Maximin étant donc entré à Aix, métropole (qui lui était échue), commença à répandre dans les cœurs des gentils les semences de la doctrine céleste, vaquant nuit et jour à la prédication, à la prière et au jeûne, pour amener à la connaissance et au service de Dieu le peuple incrédule de cette contrée. Et lorsque la prédication de l’Evangile eut produit une abondante moisson, le bienheureux prélat, à la tête de son église d’Aix, brilla par les miracles divers et nombreux qu’il opéra. Avec lui l’illustre et spéciale amie du Sauveur vaquait à la contemplation dans la même église : car depuis que cette ardente amante du Rédempteur eut choisi avec tant de sagesse la meilleure part, et qu’elle en eut obtenu la meilleure possession aux pieds de Jésus-Christ, jamais cette part ne lui fut ôtée, au témoignage de Dieu même[…] ».

Chapitre 39

Sainte Marthe vaque à la prédication. Miracles des deux sœurs

« Sainte Marthe, de son côté, avec ses compagnons, prêchait aussi l’Evangile du Sauveur dans les villes d’Avignon et d’Arles, et parmi les bourgs et les villages qui étaient aux environs du Rhône dans la province de Vienne. Elle rendait hautement témoignage de tout ce qu’elle avait vu touchant sa personne, de ce qu’elle avait appris de sa bouche ; et ce qu’elle rapportait de ses miracles, elle le démontrait véritable par les prodiges qu’elle-même opérait. Car elle avait reçu le don des miracles, et lorsque l’occasion le demandait, par le seul moyen de la prière et du signe de la croix, elle guérissait les lépreux, les paralytiques, ressuscitait les morts, et rendait l’usage de leurs organes aux aveugles, aux muets, aux sourds, aux boiteux, aux infirmes et à toutes sortes de malades. Tels étaient les privilèges de Marthe. Marie opérait pareillement des miracles avec une inexprimable facilité, pour établir la vérité de ses paroles, et exciter la foi dans les auditeurs. On admirait dans l’une et dans l’autre une beauté noble et qui inspirait le respect, une grande décence dans toute leur conduite, et dans leurs paroles une grâce merveilleuse pour persuader les esprits. Jamais, rarement du moins, voyait-on une personne se retirer incrédule de leur prédication, ou sans répandre des larmes ; chacun était, par leur seul aspect, enflammé d’amour pour le Sauveur, ou bien versait des pleurs par la considération de sa propre misère. Leur nourriture était frugale, leur habit décent et modeste. Marie, à la vérité, se mettait peu en peine de l’un et de l’autre depuis qu’elle eut perdu la présence corporelle du Seigneur. Mais les femmes qui demeuraient avec elle, et lui portaient une merveilleuse affection, pourvoyaient suffisamment à ses besoins. Et c’est ce qui aura donné lieu à ce récit apocryphe, si toutefois il est apocryphe dans son entier : car les empoisonneurs ne manquent guère, pour faire avaler plus sûrement le venin, d’y mêler le miel en abondance ; de là, dis-je, est venu peut-être ce récit apocryphe, que tous les jours elle était enlevée dans les airs par les anges, et qu’ensuite elle était remise à terre par eux ; qu’elle avait pour nourriture les aliments célestes qu’ils lui servaient. Entendu dans un sens mystique, ce récit n’est pas du tout incroyable. Car on ne peut pas douter que Marie ne fût favorisée très-fréquemment de la visite des anges, qu’elle ne fût assistée de leurs bons offices, et ne jouit de la douceur de leurs entretiens. Il était convenable en effet, et même très convenable, que le Dieu de toute consolation la consolât d’une manière merveilleuse et jusqu’alors sans exemple, puisque Marie elle-même lui avait rendu sur la terre des devoirs admirables de piété, inouïs avant elle […] ».  

Chapitre 40

Sainte Marthe délivre la province de Vienne d’un dragon appelé Tarasque

« Entre Arles et Avignon, villes de la province Viennoise, près des bords du Rhône, entre des bosquets infructueux et les graviers du fleuve, était un désert rempli de bêtes féroces et de reptiles venimeux. Entre autres animaux venimeux, rôdait ça et là, dans ce lieu, un terrible dragon, d’une longueur incroyable et d’une extraordinaire grosseur. Son souffle répandait une fumée pestilentielle ; de ses regards sortaient comme des flammes ; sa gueule armée de dents aiguës, faisait entendre des sifflements perçants et des rugissements horribles. Il déchirait avec ses dents et avec ses griffes tout ce qu’il rencontrait, et la seule infection de son haleine suffisait pour ôter la vie à tout ce qui l’approchait de trop près. On ne saurait croire le carnage qu’il fit en se jetant sur les troupeaux et sur leurs gardiens ; quelle multitude d’hommes moururent de son souffle empoisonné (1). Comme ce monstre était le sujet ordinaire des conversations, un jour que la sainte annonçait la parole de Dieu à une grande foule de peuple qu’elle avait réunie, quelques-uns parlèrent du dragon ; et, les uns avec la sincérité de véritables suppliants, les autres pour tenter la puissance de Marthe, se mirent à dire : Si le messie que cette sainte fille nous prêche a quelque pouvoir, que ne le montre-t-elle ici ? Car si ce dragon venait à périr, on ne pourrait dire que c’eût été par aucun moyen humain. Marthe leur répondit : Si vous êtes disposés à croire, tout est possible à l’âme qui croit. Alors tous ayant promis de croire, elle s’avance à la vue de  tout le peuple qui applaudit à son courage, se rend avec assurance dans le repaire du dragon, et par le signe de la croix qu’elle fait, elle apaise sa férocité. Ensuite ayant lié le col du dragon avec la ceinture qu’elle portait, et se tournant vers le peuple, qui la considérait de loin : Que craignez-vous, leur dit-elle ? Voilà que je tiens ce reptile, et vous hésitez encore ! Approchez hardiment au nom du Sauveur, et mettez en pièces ce monstre venimeux ! Ayant dit ces paroles, elle défend au dragon de nuire à qui que ce soit par son souffle ou sa morsure ; puis elle reproche son peu de foi au peuple, en l’animant à frapper hardiment. Mais tandis que le dragon s’arrête et obéit aussitôt, la foule ose à peine se rassurer. Cependant on attaque le monstre avec des armes, on le met en pièces, et chacun admire de plus en plus la foi et le courage de Sainte Marthe, qui, tandis qu’on perce l’énorme dragon, le tient immobile par un lien si fragile, sans aucune difficulté, et sans éprouver aucun sentiment d’effroi. Cet endroit désert était auparavant appelé Nerluc (ou bois noir) ; mais dès ce moment on le nomma Tarascon, du dragon qu’on appelait Tarasque ; et les peuples de la province Viennoise, témoins de ce miracle, ou en ayant appris la nouvelle, crurent dès lors au Sauveur, et reçurent le baptême, glorifiant Dieu dans les miracles de sa servante, qui fut chérie et honorée autant qu’elle en était digne par tous les habitants de la province ».          

Je ne présente pas les chapitres : 41 qui décrit la vie de Marthe à Tarascon, 42 où Sainte Marthe ressuscite un jeune homme qui s’était noyé dans le Rhône, 43 où Sainte Marthe change l’eau en vin à la dédicace de sa maison, 44 où Sainte Marthe fait saluer Marie, reçoit et nourrit des évêques et prédit que le jour de sa mort approchait, 45 où Sainte Marie voit son trépas et sa sépulture, 46 où Sainte Marthe voit l’âme de sa sœur portée dans les cieux par les anges, 47 où Jésus-Christ et Madeleine son amie apparaissent à Sainte Marthe, 48 qui décrit dans quel lieu, dans quel temps, comment et devant quels témoins Sainte Marthe rendit son âme à Dieu, 49 qui décrit dans quel lieu, dans quel temps, avec quelles circonstances, fut-elle inhumée par Notre-Seigneur et par l’évêque Saint Front, quoique absent de corps, 50 qui décrit la mort et la sépulture de Saint Maximin.    

Note :

(1) : « Le monstre appelé vulgairement Tarasque est représenté sous une forme horrible dans l’église de la Major à Marseille, dans celles de Saint-Maximin, de Saint Sauveur d’Aix, dans le cloître de Saint-Trophime d’Arles, et ailleurs. Les anciens livres liturgiques en faisaient mention, même hors de la Provence, comme à Lyon, à Cologne, à Auch, à Tours, à Paris, au Puy en Velay, et nous voyons par Raban que cette description n’a pas été inventée au 12 ième ou au 13 ième siècle, comme se l’était imaginé Papon. La forme horrible et de pure fiction qu’on donne communément à ce monstre a fait conjecturer à quelques auteurs que la Tarasque n’était probablement qu’une figure du paganisme, ainsi personnifié : supposition qui ne serait pas dénuée d’exemples dans les antiquités chrétiennes. On sait que Constantin se fit représenter dans palais, à Constantinople, ayant sous ses pieds un dragon percé de traits, figure de l’idolâtrie qu’il avait détruite. Dans l’Eglise d’Uzale, en Afrique, on représentait Saint Etienne armé d’une croix et chassant un dragon de la ville ; et enfin au moyen-âge, on portait quelquefois aux processions la figure d’un monstre qui marchait devant la croix, pour indiquer le triomphe de Jésus-Christ sur les superstitions païennes. Il est néanmoins certain que plusieurs saints ont triomphé de divers animaux féroces. Jésus-Christ a même donné, comme une preuve de la divinité de sa doctrine, le pouvoir que plusieurs des siens exerceraient sur ces animaux : "serpentes tollent" : prédiction justifiée à la lettre par beaucoup de saints, tel que l’apôtre Saint Paul, Saint Honorat de Lérins, Saint Marcel de Paris. On ne donc pas conclure que les figures de monstres qu’on associe aux représentations de plusieurs saints soient toutes de pures allégories. Quelques-unes ont eu pour origines des monstres véritables ou des animaux féroces, et il nous semble qu’il faut mettre de ce nombre le monstre dont nous parlons ».