6.2.13 Interventions du Pape Jean-Paul II lors de ses voyages apostoliques en France

- Premier voyage apostolique à Paris et Lisieux du 30 mai au 2 juin 1980 : La question de la fidélité de la France Fille aînée de l’Eglise, éducatrice des peuples

 

 

Le 28 mai 1980, soit trois jours avant de venir en France, le Pape Jean-Paul II s’adressait en ces termes aux français, comme retranscris pages 37 et 38 du livret « La France - Textes fondateurs du Roi David à Jean-Paul II » duquel j’emprunte l’ensemble des textes suivants :

« […] Ce voyage m’attire à beaucoup de titres. Il constitue pour moi un honneur mais avant tout un devoir, une responsabilité. Tout d’abord la France est la fille aînée de l’Eglise. Et elle a engendré tant de saints ! Je pourrais ajouter qu’il existe sur le sol de France beaucoup de lieux je me rends souvent en pèlerinage par la prière et par le cœur[…]. Oui, l’Eglise doit au peuple de France, qui a beaucoup reçu et aussi beaucoup donné, quelques unes de ses pages les plus belles : des grands ordres religieux, tels Cîteaux et les chartreux, aux cathédrales ou à l’épopée missionnaire commencée au siècle dernier. La générosité de ses œuvres et de sa pensée lui a valu l’amitié de nombre de peuples, et parmi les plus parmi les pauvres. Puisse la France continuer à y trouver ses raisons d’être ! […] ». 

Voici les extraits les plus significatifs relatifs à la vocation de la France, fille aînée de l’Eglise tels que présentés dans l’homélie de la messe de la Sainte-Trinité prononcée au Bourget par le Pape Jean-Paul II le 1 er juin 1980. Aux pages 38 à 42 nous lisons:

§ 2 : « […] Le Christ a dit aux apôtres : "Allez […] enseignez toutes les nations" De même qu’aujourd’hui je me trouve pratiquement dans la capitale de la France, de même, il y a un an, en ce même jour du premier dimanche après la Pentecôte, je me trouvais dans une grande prairie de l’ancienne capitale de la Pologne, Cracovie, dans la ville où j’ai vécu et d’où le Christ m’a appelé au siège romain de l’apôtre Pierre. J’ai eu là-bas, devant les yeux et les visages de mes compatriotes, et j’ai eu devant les yeux toute l’histoire de ma nation, depuis son baptême. Cette histoire riche et difficile avait commencé d’une manière admirable, presque exactement au moment où a été réalisée la dernière parole du Christ adressée aux apôtres : "Enseignez toutes les nations, baptisez-les […]". Avec le baptême, la nation est née et son histoire a commencé. Cette nation – la nation dont je suis le fils – ne vous est plus étrangère. Dans les périodes les plus difficiles, surtout, de son histoire, elle a trouvé chez vous l’appui dont elle avait besoin, les principaux formateurs de sa culture, les porte-parole de son indépendance. Je ne peux pas ne pas m’en souvenir en ce moment. J’en parle avec gratitude […].

« Aujourd'hui dans la capitale de l'histoire de votre nation, je voudrais répéter ces paroles qui constituent votre titre de fierté : fille aînée de l'Eglise. Et j'aimerais, en reprenant ce titre, adorer avec vous le mystère admirable de la Providence. Je voudrais rendre hommage au Dieu vivant qui, agissant à travers les peuples, écrit l'histoire du Salut dans le cœur de l'homme. Cette histoire est aussi vieille que l'homme. Elle remonte même à sa "préhistoire", elle remonte au commencement. Quand le Christ a dit aux apôtres : "Allez, enseignez toutes les nations…", il a déjà confirmé la durée de l'histoire du Salut et, en même temps, Il a annoncé cette étape particulière, la dernière étape ».

§ 3 : « Cette histoire particulière est cachée au plus intime de l'homme, elle est mystérieuse et pourtant réelle aussi dans sa réalité humaine, elle est revêtue, d'une manière visible, des faits, des événements, des existences humaines, des individualités. Un très grand chapitre de cette histoire a été inscrit dans l'histoire de votre patrie, par les fils et les filles de votre nation. Il est difficile de les nommer tous, mais j'évoquerai au moins ceux qui ont exercé la plus grande influence dans ma vie : Jeanne d'Arc, François de Sales, Vincent de Paul, Louis-Marie Grignon de Montfort, Jean-Marie Vianney, Bernadette de Lourdes, Thérèse de Lisieux, sœur Elisabeth de la Trinité, le Père de Foucauld, et tous les autres; Ils sont tellement présents dans la vie de toute l'Eglise, tellement influents par la lumière et la puissance de l'Esprit-Saint ! Ils vous diraient tous mieux que moi que l'histoire du Salut a commencé avec l'histoire de l'homme, que l'histoire du Salut connaît toujours un nouveau commencement, qu'elle commence en tout homme venant en ce monde. De toute façon, l'histoire du Salut entre dans l'histoire des peuples, des nations, des patries, des continents. L'histoire du Salut commence en Dieu. C'est précisément ce que le Christ a révélé et a déclaré jusqu'à la fin lorsqu'il a dit : "Allez […], enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit"[…].

§ 4 : « Au cœur de cette mission, au cœur de la mission du Christ, il y a l’homme, il y a les nations, toutes les nations […]. Que n’ont pas fait les fils et les filles de votre nation pour la connaissance de l’homme, pour exprimer l’homme par la formation de ses droits inaliénables ! On sait la place que l’idée de liberté, d’égalité et de fraternité tient dans votre culture, dans votre histoire. Au fond, ce sont là des idées chrétiennes. Je le dis tout en ayant bien conscience que ceux qui ont formulé ainsi, les premiers, cet idéal, ne se référaient pas à l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle. Mais ils voulaient agir pour l’homme. Pour nous, l’alliance intérieure avec la sagesse se trouve à la base de toute culture et du véritable progrès de l’homme. Le développement contemporain et le progrès auxquels nous participons sont-ils le fruit de l’alliance avec la sagesse ? […].

§ 6 : « Le Christ est venu au monde au nom de l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle […]. L’alliance avec la sagesse éternelle continue en lui. Elle continue au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Elle continue comme le fait d’enseigner les nations et de baptiser, comme l’Eglise, c'est-à-dire le corps du Christ, le peuple de Dieu[…].

§ 7 : « Le Christ dit : "Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre" (Mt 28,18) […]. "Le pouvoir au ciel et sur la terre" n’est pas un pouvoir contre l’homme. Ce n’est même pas un pouvoir de l’homme sur l’homme. C’est un pouvoir qui permet à l’homme de se révéler à lui-même dans sa royauté, dans toute de sa dignité. C’est le pouvoir dont l’homme doit découvrir dans son cœur la puissance spécifique, par lequel il doit se révéler à lui-même dans les dimensions de sa conscience et dans la perspective de la vie éternelle. Alors se révèlera en lui toute la force du baptême, il saura qu’il est « plongé » dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit, il se retrouvera complètement lui-même dans le Verbe éternel, dans l’Amour infini. C’est à cela que l’homme est applelé dans l’alliance avec la sagesse éternelle […].

§ 8 : « Le Christ, à la fin, dit encore ceci : "Je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde" (Mt 28,20) ; cela signifie donc aussi : aujourd'hui, en 1980, pour toute notre époque.
Le problème de l'absence du Christ n'existe pas. Le problème de son éloignement de l'homme n'existe pas. Le silence de Dieu à l'égard des inquiétudes du cœur et du sort de l'homme n'existe pas. Il n'y a qu'un seul problème qui existe toujours et partout : le problème de notre présence auprès du Christ. De notre permanence dans le Christ. De notre intimité avec la vérité authentique de ses paroles et avec la puissance de son amour. Il n'existe qu'un problème, celui de notre fidélité à l'alliance avec la sagesse éternelle, qui est source d'une vraie culture, c'est-à-dire de la croissance de l'homme, et celui de la fidélité aux promesses de notre baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Alors permettez-moi, pour conclure, de vous interroger : France, fille aînée de l'Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? Permettez-moi de vous demander : France, fille aînée de l'Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l'homme, à l'alliance avec la sagesse éternelle ? Pardonnez-moi cette question. Je l'ai posée comme le fait le ministre au moment du baptême. Je l'ai posée par sollicitude pour l'Eglise dont je suis le premier prêtre et le premier serviteur, et par amour pour l'homme dont la grandeur définitive est en Dieu, Père, fils et Esprit ».

On peut observer que le Saint Père reprend par trois fois l’exhortation du Christ "Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit"pour bien marquer le rôle Divin et la grande mission de la "France, fille ainée de l’Eglise et éducatrice des peuples".

- Pélerinage apostolique en France du 14 et 15 août 1983 : Consécration de la France à Marie le 14 août 1983 à Lourdes

Du livret « Marie source de beauté », page 33 :

« […] Ici, sur cette terre de France, je confie, O Mère de Dieu, à ton amour maternel les fils et les filles de ce peuple. Ils n’ont pas cessé t’honorer, dans leurs traditions, dans l’art de leurs cathédrales, dans leur pèlerinages, dans la piété populaires, dans la piété populaire comme dans la dévotion des auteurs spirituels, sûrs de demeurer proches du Christ en te contemplant, en t’écoutant, en te priant.

Beaucoup ont tenu à se consacrer à toi, y compris des rois, comme l’a fait Louis XIII au nom de son peuple […].

L’offrande que nous faisons de nous-mêmes devant Toi, O Notre-Dame, doit être l’œuvre personnelle de chacun, de chaque famille, de chaque communauté ecclésiale et il est bon de la renouveler à chaque génération […].

J’accomplis ce geste aujourd’hui avec tous ceux qui le veulent dans ce pays : afin que la foi chrétienne triomphe des embûches, qu’elle soit fidèlement transmise et que les jeunes générations l’accueillent vraiment. Afin qu’ils soient assidus à te prier.

O Marie, obtiens pour ces frères et sœurs de France les dons de l’Esprit-Saint, afin de donner une nouvelle jeunesse, la jeunesse de la foi, à ces chrétiens et à leurs communautés, que je confie à ton cœur immaculé, à ton amour maternel. 

- Pèlerinage apostolique en France du 4 au 7 octobre 1986 : un nouveau printemps spirituel et apostolique pour l’Eglise de France

Nous pouvons retenir au moins deux interventions du Saint Père à Lyon en octobre 1986, telles que retranscrites pages 42 et 43 :

« Toi, Eglise de France, toi que je visite pour la troisième fois, […] souviens-toi de ton baptême, de l’alliance que Dieu n’a jamais reniée ! Souviens-toi de son amour. Souviens-toi de l’Esprit-Saint qui t’habite et qui peut toujours susciter en toi un nouveau printemps spirituels, si tu le désires vraiment ! Ne crains pas. Ne te laisse pas décourager par les difficultés à vivre aujourd’hui la foi. Tes saints les ont connues et dépassées ».

Au départ de Lyon, le 7 octobre 1986 :

« Il m’a semblé rejoindre l’âme profonde de la France, dont les fils et les filles n’ont pas oublié leur histoire chrétienne, leur vocation de baptisés, même environnés par le brouillard de l’indifférence religieuse, du doute ou du respect humain qui trop souvent tend à les replier sur eux-mêmes. […] Un nouvel élan spirituel et apostolique est possible pour l’Eglise en France […] ».

 

 

- Voyage apostolique en France du 19 au 22 septembre 1996 à l'occasion du 15 ième centennaire du baptême du Roi Clovis

- extrait de l'homélie prononcée le 22 septembre 1996 à l'aéroport de Reims :

Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême [1]

§ 2 : « La liturgie de cette Messe nous invite à retrouver les sources de notre baptême. Voici quinze siècles, le roi des Francs, Clovis, reçut ce sacrement. Son baptême eut le même sens que tout autre baptême. Rappelons-nous les paroles du Christ: « Personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » [2]. Il fut ainsi donné au souverain des Francs d'être appelé à la vie du Royaume de Dieu. Il avait longtemps médité le message chrétien dont témoignaient auprès de lui Clotilde, Remi, Vaast, Geneviève. Il fit le choix de renoncer à l'esprit du mal, à tout ce qui conduit au mal et à tout orgueil; en même temps, il professait la foi de l'Église et il adhérait au Christ, le Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité pour la rédemption du monde. Le baptême l'a libéré du péché originel et de tout péché commis antérieurement et, par la grâce sanctifiante, l'a fait participer à la vie de Dieu. Ses compatriotes baptisés avec lui reçurent les mêmes dons, Ils devinrent chrétiens, fils adoptifs de Dieu. Ils devinrent aussi membres du Peuple de Dieu, l'Église ».

§ 3 : « Nous avons écouté le prophète Ézéchiel. Ses paroles soulignent particulièrement ce second aspect du baptême. Il s'adresse aux fils et aux filles du Peuple de Dieu, au pluriel et non au singulier, et cela a une signification. Il dit: « J'irai vous prendre dans toutes les nations ... Je verserai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés. De toutes vos souillures, ... je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau ... Alors vous suivrez mes lois, et vous observerez mes commandements et vous y serez fidèles » [3]. Quand le nouveau baptisé reçoit l'Esprit, il entre dans la communauté des baptisés, enrichie par ce don, la communauté que Dieu rassemble  et purifie pour lui donner un Esprit nouveau. Le prophète Ézéchiel s'adresse au Peuple de Dieu de la Première Alliance, à Israël. Le Peuple de la Nouvelle Alliance, ce sont tous les baptisés, provenant de tous les peuples et de toutes les nations, et chacune de ces nations a sa propre histoire: une histoire marquée par l'adhésion au Christ d'hommes et de femmes des générations successives ».

§ 4 : «L'Évangile de cette Messe, à son tour, montre que le baptême concerne aussi la communauté tout entière. Le Christ dit aux disciples: « Vous êtes le sel de la terre ... Vous êtes la lumière du monde » [4]. Parlant ainsi, il pense à chaque personne: tout chrétien est le sel de la terre et chacun doit s'employer à ne pas laisser ce sel perdre sa saveur; s'il le laisse s'affadir, il n'est plus bon à rien. Mais, en même temps, le Christ, s'adresse à toute la communauté; vous, chrétiens baptisés, vous, catholiques de France, comme communauté, vous pouvez conserver la saveur du message évangélique, ou alors vous pouvez le perdre. En tant que communauté, portant dans votre cœur la lumière qui vient de Dieu, vous pouvez être la lumière qui illumine les autres, comme une ville située sur une montagne, ou bien vous pouvez devenir le contraire de cette lumière qui illumine les autres. Les hommes peuvent voir ce que vous faites de bien et en rendre gloire au Père qui est aux cieux [5], ou bien ils peuvent ne pas le voir, peut-être simplement parce que la lumière reste cachée sous le boisseau, ou encore parce qu'elle s'affaiblit ! ».

Cette grande célébration jubilaire du baptême vous donne l'occasion de réfléchir sur les dons que vous avez reçus et sur les responsabilités qui en découlent. Au cours des siècles, ces dons ont été, assurément, multipliés de nombreuses fois en tous ceux qui sont devenus dans votre pays le sel de la terre, en ceux qui ont fait resplendir et qui continuent à faire resplendir la grande lumière du témoignage chrétien, de l'apostolat, de l'esprit missionnaire, du martyre, de toutes les formes de la sainteté. Que l'on pense aux martyrs depuis Pothin et Blandine de Lyon, aux pasteurs comme Martin ou Remi, François de Sales ou Eugène de Mazenod, aux saintes femmes comme Jeanne d'Arc, Marguerite-Marie ou Thérèse de Lisieux, aux apôtres de la charité comme Vincent de Paul, aux saints éducateurs comme Nicolas Roland ou Jean-Baptiste de La Salle en cette ville même, aux fondatrices missionnaires comme Anne-Marie Javouhey ou Claudine Thévenet. Ce grand jubilé du baptême doit vous amener à dresser un vaste bilan de l'histoire spirituelle de « l'âme française ». Vous vous souviendrez certes de temps obscurs, de bien des infidélités et des affrontements, conséquences du péché. Mais vous vous souviendrez que toute traversée de l'épreuve est un appel pressant à la conversion et à la sainteté, afin de suivre jusqu'au bout le Christ qui a livré sa vie pour le salut du monde. C'est quand la nuit nous enveloppe que nous devons penser à l'aube qui poindra, que nous devons croire que l'Église chaque matin renaît par ses saints. « Qui l'a une fois compris, disait Bernanos, est entré au cœur de la foi catholique, a senti tressaillir dans sa chair mortelle... une espérance surhumaine » [6].

§ 5 : « Saint Paul écrivait aux Éphésiens: « Je vous encourage à suivre fidèlement l'appel que vous avez reçu de Dieu » [7]. Paul pense évidemment à la vocation personnelle de chacun des destinataires de cette lettre, mais, là encore, il s'adresse à toute la communauté de l'Église qui est à Éphèse. En tant qu'Église, les Éphésiens doivent se comporter de manière digne de leur vocation, avec humilité et avec douceur, avec patience et avec charité [8]. Tous devraient avoir à cœur «de garder l'unité dans l'Esprit, par le lien de la paix » [9]. Pour que le Corps du Christ soit uni, il faut que tous soient animés par le même Esprit. Paul écrit: «Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui règne au-dessus de tous, par tous, et en tous » [10]. Tous les baptisés sont appelés à l'unité: l'unité de la foi, de la charité et de la vie chrétienne, l'unité sacramentelle de l'Église. Cette unité est l'œuvre de Dieu de l'Esprit Saint et, en même temps, elle est confiée à chacun pour qu'il y contribue selon ses propres dons.

Dans le contexte du jubilé célébré aujourd'hui, les paroles de saint Paul présentent une profonde signification. C'est justement parce que vous avez derrière vous tant de siècles de christianisme que vous êtes appelés à agir de manière digne de la vocation chrétienne. La vocation des baptisés a une dimension constante, éternelle, et elle a une dimension particulière, temporelle. En un sens, les chrétiens de notre temps ont la même vocation que les premières générations de chrétiens de votre terre, et, en même temps, leur vocation est déterminée par l'étape présente de l'histoire. L'Église est toujours une Église du temps présent. Elle ne regarde pas son héritage comme le trésor d'un passé révolu, mais comme une puissante inspiration pour avancer dans le pèlerinage de la foi sur des chemins toujours nouveaux. L'Église va entrer dans son troisième millénaire. Il faut déchiffrer notre vocation chrétienne en fonction de notre temps, à la lumière des enseignements du Concile Vatican II sur l'Église, Lumière des nations, et sur l'Église dans le monde de ce temps: dans une attitude fraternelle, avec amour pour tous les hommes, l'Église n'a d'autre but que de «continuer, sous la conduite de l'Esprit consolateur, l'œuvre du Christ lui-même, venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir, non pour être servi » [11]. Catholiques de France, en communion dans la foi, l'espérance et l'amour avec vos frères de toutes les régions du monde, soyez aujourd'hui le vivant reflet du visage du Christ, présent en son Corps qui est l'Église ! ».

§ 6 : « Frères et Sœurs, nous avons chanté comme refrain du psaume: « J'ai choisi d'habiter la maison de .Dieu, j'ai choisi le bonheur et la vie! ». Que cette célébration jubilaire du baptême de Clovis vous remplis, de joie, car elle rappelle le choix accompli il y a quinze siècles. Il faut se réjouir pour le choix renouvelé au cours des siècles par tant et tant de fils et de filles de votre terre; il faut se réjouir maintenant pour le choix fait par notre génération, au terme du deuxième millénaire. «J'ai choisi d'habiter la maison de Dieu »: ces paroles nous placent aussi dans la perspective eschatologique de la vocation chrétienne, dans la perspective de la fin des temps, quand le Christ rassemblera tous les membres de son Corps dans le Royaume du Père. Par don de la grâce, nous pouvons aussi chanter: «J'ai choisi le bonheur et la vie ». Oui, habiter dans la maison de Dieu est source de vie et de bonheur. Nous rappelons ceux qui nous ont précédés et qui sont accueillis désormais dans la maison de Dieu; nous prions en même temps pour ceux qui sont sur le chemin et pour que beaucoup d'autres s'y engagent. Que ne cesse de briller la lumière de la foi! Soyez dans la joie d'avoir choisi librement d'être unis au Christ par le baptême afin de marcher avec vos frères sur les chemins de vie !

De cette façon, nous célébrons aujourd'hui le 15 ième centenaire du baptême du Roi Clovis. Amen ! ».


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[1] Eph. 4, 5.
[2] Io. 3, 5.
[3] Ez. 36, 24-27.
[4] Matth. 5, 13. 14.
[5] Cfr. ibid. 5, 16.
[6] George Bernanos, Jeanne, relapse et sainte.
[7] Eph. 4, 1.
[8] Cfr. ibid. 4, 2.
[9] Ibid. 4, 3.
[10] Ibid. 4, 5-6.
[11] Gaudium et Spes, 3.

 

 

Le Saint Père Jean Paul II en prière à la cathédrale de Reims le 22 septembre 1996