6.2.19 Les œuvres de Dieu accomplis par les Francs « Gesta Dei per Francos »  

6.2.19.1 Lettre encyclique « Nobilissima Gallorum gens » du Pape Léon XIII du 8 février 1884

Du livret : « La France - Textes fondateurs du Roi David à Jean-Paul II », pages 21 à 23 :

« La très noble nation française, par les grandes choses qu'elle a accomplies dans la paix et dans la guerre, s'est acquis envers l'Eglise catholique des mérites et des titres à une reconnaissance immortelle et à une gloire qui ne s'éteindra pas. Embrassant de bonne heure le christianisme à la suite de son roi Clovis, elle eut l'honneur d'être appelée fille aînée de l'Eglise, témoignage et récompense tout ensemble de sa foi et de sa piété. Souvent, dès ces temps reculés, vénérables frères, vos ancêtres, dans de grandes et salutaires entreprises, ont paru comme les aides de la Divine Providence elle-même. Mais ils ont surtout signalé leur vertu en défendant par toute la terre le nom catholique, en propageant la foi chrétienne parmi les nations barbares, en délivrant et protégeant les saints lieux de Palestine, au point de rendre à bon droit proverbial ce mot des vieux temps : Gesta Dei per Francos. Aussi leur est-il arrivé, grâce à leur fidèle dévouement à l'Eglise catholique, d'entrer comme en partage de ses gloires et de fonder des œuvres publiques et privées où se manifeste un admirable génie de religion, de bienfaisance, de magnanimité.
Les pontifes romains, nos prédécesseurs, se sont plus à louer ces vertus de vos pères, et, en récompense de leurs mérites, à relever le nom français par de fréquents éloges. Très honorables sont pour votre nation les témoignages que lui ont rendus Innocent III et Grégoire IX, ces lumières éclatantes de l'Eglise ; le premier, dans une lettre adressée à l'archevêque de Reims, disait : Nous avons pour le royaume de France une amitié particulière ; parce que, plus que tous les royaumes de la terre, il a été de tous temps attentif et dévoué au Siège apostolique et à nous. Le second, dans une épître à Louis, affirmait que, dans le royaume de France, dont aucun malheur n'a pu ébranler le dévouement à Dieu et à l'Eglise, jamais n'a péri la liberté ecclésiastique, jamais la foi chrétienne n'a perdu sa vigueur. Pour conserver ces biens, les rois et les peuples de ce pays n'ont même pas hésité à verser leur sang et s'exposer aux derniers périls. Et comme Dieu, père des peuples, rend dès ce monde aux nations la récompense de leurs vertus et de leurs belles actions, ainsi a-t-Il largement départi aux Français la prospérité, l'honneur des armes, les arts de la paix, un nom glorieux, un empire puissant. Si la France, parfois oublieuse de ses traditions et de sa mission, a conçu envers l'Eglise des sentiments hostiles, cependant, par un grand bienfait de Dieu elle ne s'est pas égarée ni longtemps ni tout entière. Et plût à Dieu, qu'elle eût échappé saine et sauve aux calamités enfantées, pour le malheur de la religion et de l'Etat, en des temps voisins des nôtres ! […].
C'est pourquoi la charité paternelle dont nous entourons toutes les nations, de même qu'elle nous a poussé naguère à exhorter, par des lettres que nous leur avons adressées, les évêques d'Irlande, d'Espagne et d'Italie, à rappeler à leurs peuples à leur devoir ; ainsi à l'heure présente, nous sommes déterminé, mû par le même sentiment, à dire à la France notre pensée et à lui ouvrir notre cœur […].
Il est facile d'éloigner ces causes de ruine en observant les préceptes de la religion catholique dans la constitution et dans le gouvernement, soit de la famille, soit de l'Etat ; car ils sont admirablement propres au maintien de l'ordre public et à la conservation des sociétés […]
».

6.2.19.2 Lettre encyclique « Au milieu des sollicitudes » du Pape Léon XIII du 16 février 1892

Du livret « La France - Textes fondateurs du Roi David à Jean-Paul II », pages 23et 24 :

« À mesure qu’elle [la France] progressait dans la foi chrétienne, on la voyait monter graduellement à cette grandeur morale qu’elle atteignit, comme puissance politique et militaire. C’est qu’à la générosité naturelle de son cœur, la charité chrétienne était venue ajouter une abondante source de nouvelles énergies ; c’est que Son activité merveilleuse avait rencontré, tout à la fois comme aiguillon, lumière directive et garantie de constance, cette foi chrétienne qui, par la main de la France, traça dans les annales du genre humain des pages si glorieuses. Et, encore aujourd’hui, sa foi ne continue-t-elle pas d’ajouter aux gloires passées de nouvelles gloires ?
On la voit, inépuisable de génie et de ressources, multiplier sur son propre sol les œuvres de charité ; on l’admire partant pour les pays lointains où, par son or, par les labeurs de ses missionnaires, au prix même de leur sang, elle propage d’un même coup le renom de la France et les bienfaits de la religion catholique. Renoncer à de telles gloires, aucun Français, quelles que soient par ailleurs ses convictions, ne l’oserait ; ce serait renier la patrie
 […]».

6.2.19.3 Lettre encyclique « Depuis le jour » du Pape Léon XIII du 8 septembre 1899

« Depuis le jour où Nous avons été élevé à la chaire pontificale, la France a été constamment l’objet de Notre sollicitude et de Notre affection toute particulière. C’est chez elle, en effet, que, dans le cours des siècles, mû par les insondables desseins de sa miséricorde sur le monde, Dieu a choisi de préférence les hommes apostoliques destinés à prêcher la vraie foi jusqu’aux confins du globe, et à porter la lumière de l’Evangile aux nations encore plongées dans les ténèbres du paganisme. Il l’a prédestinée à être le défenseur de son Eglise et l’instrument de ses grandes œuvres : Gesta Dei per Francos.

A une si haute mission correspondent évidemment de nombreux et graves devoirs. Désireux, comme Nos prédécesseurs, de voir la France accomplir fidèlement le glorieux mandat dont elle a été chargée, Nous lui avons plusieurs fois déjà, durant Notre long Pontificat, adressé Nos conseils, Nos encouragements, Nos exhortations. Nous l’avons fait tout spécialement dans Notre Lettre Encyclique du 8 février 1884, Nobilissima Gallorum gens, et dans Notre Lettre du 16 février 1892, publiée dans l’idiome de la France et qui commence par ces mots : Au milieu des sollicitudes. Nos paroles ne sont pas demeurées infructueuses, et Nous savons par vous, Vénérables Frères, qu’une grande partie du peuple français tient toujours en honneur la foi de ses ancêtres et remplit avec fidélité les devoirs qu’elle impose. D’autre part, Nous ne saurions ignorer que les ennemis de cette foi sainte ne sont pas demeurés inactifs, et qu’ils sont parvenus à bannir tout principe de religion d’un grand nombre de familles, qui, par suite, vivent dans une lamentable ignorance de la vérité révélée et dans une complète indifférence pour tout ce qui touche à leurs intérêts spirituels et au salut de leurs âmes.

Si donc, et à bon droit, Nous félicitons la France d’être pour les nations infidèles un foyer d’apostolat, Nous devons encourager aussi les efforts de ceux de ses fils qui, enrôlés dans le sacerdoce de Jésus-Christ, travaillent à évangéliser leurs compatriotes, à les prémunir contre l’envahissement du naturalisme et de l’incrédulité, avec leurs funestes et inévitables conséquences. Appelés par la volonté de Dieu à être les sauveurs du monde, les prêtres doivent toujours, et avant tout, se rappeler qu’ils sont, de par l’institution même de Jésus-Christ, " le sel de la terre " (Mt 5,13),d’où saint Paul, écrivant à son disciple Timothée, conclut avec raison qu’ils doivent être l’exemple des fidèles dans leurs paroles et dans leurs rapports avec le prochain, par leur charité, leur foi et leur pureté (1 Tm 4,12)".

Qu’il en soit ainsi du clergé de France, pris dans son ensemble, ce Nous est toujours, Vénérables Frères, une grande consolation de l’apprendre, soit par les relations quadriennales que vous Nous envoyez sur l’état de vos diocèses, conformément à la Constitution de Sixte-Quint ; soit par les communications orales que Nous recevons de vous, lorsque Nous avons la joie de Nous entretenir avec vous et de recevoir vos confidences : Oui, la dignité de la vie, l’ardeur de la foi, l’esprit de dévouement et de sacrifice, l’élan et la générosité du zèle, la charité inépuisable envers le prochain, l’énergie dans toutes les nobles et fécondes entreprises qui ont pour but la gloire de Dieu, le salut des âmes, le bonheur de la patrie : telles sont les traditionnelles et précieuses qualités du clergé français, auxquelles Nous sommes heureux de pouvoir rendre ici un public et paternel témoignage.
Toutefois, en raison même de la tendre et profonde affection que Nous lui portons, tout à la fois pour satisfaire au devoir de Notre ministère apostolique, et pour répondre à Notre vif désir de le voir demeurer toujours à la hauteur de sa grande mission, Nous avons résolu, Vénérables Frères, de traiter dans la présente Lettre quelques points que les circonstances actuelles recommandent de la façon la plus instante à la consciencieuse attention des premiers pasteurs de l’Eglise de France et des prêtres qui travaillent sous leur autorité [...].

Nous n’ignorons pas, Vénérables Frères, que dans une certaine mesure, vous êtes obligés de compter avec les programmes de l’Etat et les conditions mises par lui à l’obtention des grades universitaires, puisque, dans un certain nombre de cas, ces grades sont exigés des prêtres employés soit à la direction des collèges libres placés sous la tutelle des évêques et des Congrégations religieuses, soit à l’enseignement supérieur dans les Facultés catholiques que vous avez si louablement fondées. Il est, d’ailleurs, d’un intérêt souverain, pour maintenir l’influence du clergé sur la société, qu’il compte dans ses rangs un assez grand nombre de prêtres ne le cédant en rien pour la science, dont les grades sont la constatation officielle, aux maîtres que l’Etat forme pour ses lycées et ses Universités.

Toutefois, et après avoir fait à cette exigence des programmes la part qu’imposent les circonstances, il faut que les études des aspirants au sacerdoce demeurent fidèles aux méthodes traditionnelles des siècles passés. Ce sont elles qui ont formé les hommes éminents dont l’Eglise de France est fière à si juste titre, les Pétau, les Thomassin, les Mabillon et tant d’autres, sans parler de votre Bossuet, appelé l’aigle de Meaux, parce que, soit par l’élévation des pensées, soit par la noblesse du langage, son génie plane dans les plus sublimes régions de la science et de l’éloquence chrétienne. Or, c’est l’étude des belles-lettres qui a puissamment aidé ces hommes à devenir de très vaillants et utiles ouvriers au service de l’Eglise, et les a rendus capables de composer des ouvrages vraiment dignes de passer à la postérité et qui contribuent encore de nos jours à la défense et à la diffusion de la vérité révélée. En effet, c’est le propre des belles-lettres, quand elles sont enseignées par des maîtres chrétiens et habiles, de développer rapidement dans l’âme des jeunes gens tous les germes de vie intellectuelle et morale, en même temps qu’elles contribuent à donner au jugement de la rectitude et de l’ampleur, et au langage, de l’élégance et de la distinction ».

6.2.19.4 Adresse des évêques de France du 19 juillet 1902 pour le jubilé du Pape Léon XIII

Du livret « La France - Textes fondateurs du Roi David à Jean-Paul II », pages 53 et  54 :

 « L’Eglise de France est trop fière de son titre de fille première-née de l’Eglise pour na pas saisir avec empressement toutes les occasions de témoigner au siège apostolique et à votre personne sacrée ses sentiments d’amour, de fidélité et de dévouement […] ».
« Nous voudrions pouvoir vous donner l’assurance que, demain, ayant pris conscience du rôle glorieux que la Providence lui a assigné dans le monde, la France saura répondre aux avances du Saint-Siège et faire encore les œuvres de Dieu parmi les nations […] ».
« Confier à votre cœur, […] le vœu qui est la prière instante de l’Eglise de France, de voir bientôt sur les autels notre Jeanne d’Arc, cette fille de Dieu, comme disaient ses voix, en qui s’incarna, au XV ième siècle, l’âme de la patrie française, et qui a passé dans notre histoire comme une radieuse apparition de l’amour du Christ pour les Francs
[…] ».