6.2.4 La guérison des écrouelles

De l’ouvrage « Du Sacre des Rois de France de son origine et de la Sainte-Ampoule » :

- extraits du chapitre 24 intitulé « Le toucher des écrouelles », pages 133 à 135 :

« […] Le Roi vient commencer une neuvaine devant les reliques de Saint Marcoul, et qui est continuée par un des Aumôniers du Roi. On revêt ensuite Sa Majesté du manteau et du collier de l’Ordre du Saint-Esprit ; puis le Roi, accompagné des Princes du Sang, est conduit dans le parc de l’Abbaye pour y toucher les malades des écrouelles (1), qui se trouvent rangés dans les allées de ce parc. Le cortège est précédé par les Gardes-du-Corps. Les deux Huissiers de la Chambre, portant leurs masses, marchent devant Sa majesté qu’entourent six Gardes de la Manche. Le premier Médecin et plusieurs Médecins et Chirurgiens du Roi sont devant Sa majesté, et à ses côtés sont les deux Capitaines des Gardes. La pieuse cérémonie commence dès que le Roi est arrivé. Le premier Médecin appuie sa main sur la tête de chacun des malades, dont un des Capitaines des Gardes tient les mains jointes. Le Roi, la tête découverte, les touche, en étendant la main droite du front au menton, et d’une joue à l’autre, formant le signe de la croix, et prononçant ces paroles : Dieu te guérisse, le Roi te touche ! Le Grand-Aumônier, qui est toujours auprès de Sa Majesté pendant la cérémonie, distribue, par ses ordres, des aumônes aux malades qui ont été touchés. Trois Chefs de Gobelet se trouvent à l’endroit où finit le dernier rang des malades que touche Sa Majesté ; ils tiennent, entre deux assiettes d’or, trois serviettes fraisées et mouillées, l’une de vinaigre, l’autre d’eau commune, et la troisième d’eau de fleur d’orange, dont le Roi se lave les mains. Après le toucher des malades, le Roi entre dans l’Eglise, et fait sa prière auprès de la châsse de Saint Remi. Alors les troupes de la Maison du Roi se mettent en marche, et Sa Majesté, au milieu d’un peuple immense qui témoigne les transports de sa joie, retourne au Palais archiépiscopal ».

Note :

(1) : « Les écrouelles sont des tumeurs dures et indolentes qui se terminent assez ordinairement par la suppuration. Le mot d’écrouelles vient du mot latin ‘scrophulae’ formé de scropha, truie. Les Grecs l’appellent ‘χοιραδες’ de ‘χοιρός’, pourceau, parce que ces animaux sont sujets à de pareilles tumeurs sous la gorge. On appelle aussi cette maladie ‘strumae’, à ‘struendo’, amasser en tas, parce que les écrouelles sont, le plus souvent, composées de plusieurs tumeurs, ramassées ou entassées les unes auprès les autres. Les écrouelles viennent de l’épaississement de la lymphe par de mauvais aliments, comme viande salées, fruits verts, lait grossier, eaux bourbeuses, etc. ».