6.7.3 Sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690)
De l’ouvrage « le Sacré Cœur et la grande guerre », pages 21 à 24 :
« Au moment où le Père Eudes tend à rendre officielle la dévotion au Sacré-Cœur le jansénisme - condamné par le Pape Urbain VIII en 1643 - fait des ravages dans les esprits. Sa doctrine réfute la source de la grâce, ordonne de ne plus communier.
Face à cette hérésie arrive un message divin transmis à Marguerite-Marie qui lui révèle les conditions auxquelles peut être assuré le salut des cordicoles et par extension le salut de la France.
Marguerite-Marie, née près de Paray-le-Monial, d’une famille de notaires, souhaite très tôt devenir religieuse. Elle prend l’habit à la Visitation de Paray-le-Monial en 1671, prononce ses vœux l’année suivante. Le 1 er juillet 1573, veille de la fête de la Visitation, Marguerite-Marie connaît sa première apparition. Jésus se plaint : "Mon peuple choisi me persécute secrètement" et accuse les jansénistes : "ceux-ci attaquent mon cœur qui n’a jamais cessé de les aimer". Les autres apparitions précisent le message du Sacré-Cœur, il y en aura soixante-douze.
Le 27 décembre 1673, fête de Saint Jean, Jésus choisit Marguerite-Marie pour manifester aux hommes les grâces dont ils ont besoin pour être tirés de la perdition et demande que l’image de son cœur de chair soit exposée en public.
En 1674, Jésus précise les moyens d’accomplir son dessein : réparation, communion tous les premiers vendredi du mois, pratique de l’heure sainte en se levant entre onze heures et minuit une fois par semaine pour demander pardon des péchés des hommes.
La révélation la plus significative se produit le 16 juin 1675, jour de la Fête-Dieu : "Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, n’a rien épargné jusqu’à se consumer pour leur témoigner son amour et ne reçoit que froideurs et mépris" […]. C’est pour cela que je te demande que le premier vendredi d’après l’octave du Saint-Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Cœur en communiant ce jour-là et en lui faisant réparation d’honneur par une amende honorable pour les indignités qu’il a reçues". Et Jésus promet de "répandre avec abondance les influences de son amour sous tous ceux qui lui rendront cet honneur".
A la suite de ses apparitions Marguerite-Marie écrit de nombreuses lettres - cent trente-cinq - pour transmettre les messages du Sacré-Cœur. Ces lettres sont abrégées en douze promesses dont [voici] le texte :
PROMESSES DU SACRE-CŒUR
1. Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires dans leur état.
2. Je mettrai la paix dans leur famille.
3. Je les consolerai dans toutes leurs peines.
4. Je serai leur refuge assuré, pendant la vie, et surtout à la mort.
5. Je répandrai d’abondantes bénédictions sur toutes leurs entreprises.
6. Les pécheurs trouveront dans mon Cœur la source de l’océan infini de la miséricorde.
7. Les âmes tièdes deviendront ferventes.
8. Les âmes ferventes s’élèveront à une grande perfection.
9. Je bénirai même les maisons où l’image se mon Cœur sera exposé et honorée.
10. Je donnerai aux prêtres le talent de toucher les cœurs les plus endurcis.
11. Les personnes qui propageront cette dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il n’en sera jamais effacé.
12. Dans l’excès de la miséricorde de mon Cœur, son amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront neuf fois de suite, le premier vendredi du mois, la grâce de la pénitence finale.
Aux "promesses" qui s’adressent à la dévotion personnelle, il faut ajouter [les] lettres écrites en 1689 par lesquelles Jésus demande un culte public du Sacré-Cœur ».
En ce sens voici un passage du livret « Le Sacré-Cœur et la France », pages 12 à 17, exposant les termes principaux de ces lettres écrites en 1689 ainsi que leur but profond, manifestant la prédilection du Cœur de Dieu pour la France, Fille aînée de l’Eglise ainsi que sa mission providentielle :
« Pour préparer Sainte Marguerite-Marie à sa mission nationale, longtemps avant 1689 Notre-Seigneur lui demande d’expier par ses souffrances les désordres privés de Louis XIV. En 1689, Il la charge de faire connaître au Roi Ses divines volontés. Depuis 1682, celui-ci est en conflit violent avec le Saint-Siège. L’ordre chrétien est troublé ; il faut donc réconcilier le Pape et le Roi très Chrétien : 1689, le Sacré-Cœur paraît ! Il veut rappeler au Roi le Pacte de Tolbiac, l’Alliance contractée au Baptistère de Reims, l’Acte notarié, inspiré par la Pucelle, du 21 juin 1429 (1), en un mot la mission providentielle de la France et de son Roi. N’a-t-il pas des droits tout particuliers sur lui ? Ne s’adresse-t-Il pas au successeur de Clovis, de Charlemagne, de Saint Louis, de Charles VII, de Louis XIII, à celui-là précisément qui lui doit miraculeusement le jour ? Il veut rappeler aussi au Pape que le Roi de France est le Fils Aîné de l’Eglise et que, au dire de Grégoire VII dans sa lettre à Saint Louis, "La France est le royaume de Dieu même", que "les ennemis de la France sont les ennemis du Christ", que "la tribu de Juda était la figure anticipée du royaume de France" et que "le rédempteur a choisi le béni royaume de France comme l’exécuteur spécial de ses divines volontés". Là ne s’arrête pas le but poursuivi par Notre-Seigneur. Après avoir rappelé, par son intervention, ces grandes vérités, et au Pape et au Roi, pour faciliter leur réconciliation, Il veut consacrer par un acte grandiose cette mission divin de la France et de son Roi. Parce qu’Il l’a davantage comblé, Son "lieutenant" Lui est plus cher ; Il lui réserve le plus beau rôle : obtenir du Saint-Siège la reconnaissance du culte de Son Sacré-Cœur et le faire triompher dans le monde, afin de lui faire mériter de porter à jamais le glorieux titre de Lieutenant du Sacré-Cœur. Il veut donc ajouter le plus beau fleuron à l’auréole de Son "Fils Aîné". Il veut, dans Sa splendide prédilection, attacher pour l’éternité le nom du Roi de France au culte de Son Sacré-Cœur. Parce qu’il l’aime davantage, Il veut que notre France – Son Peuple préféré, Son "Royaume"- soit magnifiée et glorifiée : quoi de plus glorieux pour la Fille Aînée de l’Eglise de voir le front de son Roi ainsi auréolé, son ardeur apostolique dirigée vers un but si sublime et d’être associée aussi directement à l’établissement du règne du Christ sur le monde ? Oui, la voilà proclamée, une fois de plus, par Notre-Seigneur Lui-même, la mission divine du Roi et de la France ! En échange d’une telle marque d’amour et de prédilection ainsi que des promesses de victoires contenues dans le Message, que demande Notre-Seigneur à la France et au Roi ? Le Message va nous le révéler. Et d’abord, qu’est-ce que le "Message" ? C’est l’ensemble des six lettres qui ont trait aux demandes de Notre-Seigneur à Louis XIV. Les cinq premières sont adresées par Sainte Marguerite-Marie à la Mère de Saumaise, son ancienne Supérieure, devenue Supérieure du Monastère de Dijon, la sixième au Père Croiset. Voici les passages essentiels des principales lettres :
1° lettre du 23 février 1689 :
«…Une chose qui me console fort, c’est que j’espère qu’en échange des amertumes que ce divin Cœur a souffertes dans les palais des Grands pendant les ignominies de Sa Passion, cette dévotion s’y fera recevoir avec magnificence avec le temps ».
Note :
(1) : « Acte de triple donation du Royaume par le Roi à Jeanne d’Arc ; par celle-ci à Dieu ; enfin par Dieu au Roi, pour rappeler que le Roi de France n’est que le vassal du Christ Roi de France pour gouverner le Royaume en Son Nom, Lui Seul étant le vrai et réel Roi de France : affirmation solennelle de la Royauté du Christ ».
2° lettre du 17 juin 1689 :
«…Mais il ne veut pas s’en arrêter là. Il a encore de plus grands desseins, qui ne peuvent être exécutés que par Sa toute-puissance, qui peut tout ce qu’elle veut, Il désire donc, ce me semble, entrer avec pompe et magnificence dans la maison des Pinces et des Rois, pour y être honoré, autant qu’Il a été outragé, méprisé, humilié en Sa Passion, et qu’il reçoive autant de plaisir de voir les Grands de la terre abaissés et humiliés devant Lui comme Il a senti d’amertume de se voir anéantir à leurs pieds. Et voici les paroles que j’entendis au sujet de notre Roi : "Fais savoir au Fils Aîné de Mon Sacré-Cœur que, comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de ma sainte Enfance, de même il obtiendra sa naissance de grâce et de gloire éternelle par la consécration qu’il fera de lui-même à mon Cœur adorable, qui veut triompher du sien, et par son entremise, de celui des grands de la terre. Il veut régner dans son palais, être peint dans ses étendards et gravé dans ses armes pour les rendre victorieuses de tous ses ennemis, en abattant à ses pieds ces têtes orgueilleuses et superbes pour le rendre triomphant de tous les ennemis de la Sainte Eglise" ».
5° lettre du 28 août 1689 :
«…Le Père Eternel, voulant réparer les amertumes et les angoisses que l’adorable Cœur de Son divin Fils a ressenties dans la maison des Princes de la terre, parmi les humiliations et les outrages de Sa passion, veut établir son empire dans la Cour de notre grand Monarque, duquel Il veut se servir pour l’exécution de ce dessein qu’Il désire voir s’accomplir en cette manière qui est de faire faire un édifice où serait le tableau de ce Divin Cœur pour y recevoir la consécration et les hommages du Roi et de toute sa cour. De plus, ce Divin Cœur se veut rendre protecteur et défenseur de sa sacrée personne contre tous ses ennemis visibles et invisibles, dont Il le veut défendre et mettre son salut en assurance par ce moyen ; c’est pourquoi Il l’a choisi comme son fidèle ami pour faire autoriser la messe en Son honneur par le Saint-Siège apostolique, et en obtenir tous les autres privilèges qui doivent accompagner cette dévotion de ce Sacré-Cœur, pour laquelle Il lui veut départir les trésors se sa grâce, de sanctification et de salut, en répandant avec abondance ses bénédictions sur toutes ses entreprises, qu’il fera réussir à sa gloire, en donnant un heureux succès à ses armes pour le faire triompher de la malice de ses ennemis. Heureux donc qu’il sera, s’il prend goût à cette dévotion, qui lui établira un règne éternel d’honneur et de gloire dans ce Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, lequel prendra soin de l’élever autant que ce grand Monarque en prendra, de relever devant les hommes les opprobres et anéantissements que ce Divin Cœur y a soufferts : ce qui sera, en Lui rendant les honneurs, l’amour et la gloire qu’Il en attend. Mais comme Dieu a choisi le Révérend Père de la Chaize pour l’exécution de ce dessein par le pouvoir qu’il lui a donné sur le Cœur de notre grand Roi, ce sera a lui de faire réussir la chose».
6° lettre du 15 septembre 1689, au Père Croiset :
« Il y a encore une autre chose dont je me sens fort pressée par le grand désir qu’il me fait connaître d’en avoir, c’est que cette dévotion coure dans les palais des Rois et des Princes de la terre afin qu’Il y reçut autant de plaisir comme aimé et honoré des grands comme ont été grandes les amertumes et angoisses qu’Il a ressenties, lorsqu’en Sa Passion Il y a été tant méprisé, outragé, humilié, et je vous avoue qu’il me semble que cette dévotion servirait d’une grande protection à la Personne de notre Roi et pourrait bien donner d’heureux succès à ses armes et lui procurer de grandes victoires. Mais ce n’est pas à moi à dire cela : il faut laisser agir la puissance de cet adorable cœur ».
En résumé, Notre-Seigneur demande à Sainte Marguerite-Marie d’obtenir du Roi, par l’intermédiaire du Père de la Chaize expressément désigné à cet effet :
1° - La consécration de sa personne et de sa cour au Sacré-Cœur.
2° - L’apposition du Sacré-Cœur sur les armes du Roi.
3° - L’apposition du Sacré-Cœur sur ses étendards.
4° - La construction d’un édifice où serait exposé et honoré le Sacré-Cœur.
5° - Obtenir du Saint-Siège la messe et tous les privilèges pour l’établissement du culte du Sacré-Cœur.
6° - Que le Roi de France fasse triompher le règne du Sacré-Cœur auprès des rois et des grands de la terre.
Si le Roi accepte ainsi de devenir le Lieutenant du Sacré-Coeur et d’être le champion de cette dévotion auprès des autres monarques et dans le monde, Notre-Seigneur, en échange, lui promet des grâces et une protection absolument extraordinaires ainsi que la victoire sur tous ses ennemis visibles et invisibles, qui sont également ceux de l’Eglise. Vrai traité d’alliance entre le Christ et le Roi de France ».