6.9 Saint Joseph et la France


6.9.1 L’apparition de Saint Joseph à Gaspard Ricard au Bessillon le 7 juin 1660

« Le 7 juin 1660 la journée s’annonce chaude. Un jeune berger de Cotignac [situé à 20 km au nord de Brignoles, dans l’arrière-pays varois (département 83)], Gaspard Ricard, âgé de 22 ans, a conduit son troupeau sur le versant est du Bessillon. Vers une heure de l’après-midi, la chaleur est intense. Assoiffé, il s’allonge sur le sol rocailleux quand soudain, un homme d’imposante stature se tient près de lui...Il lui indique un rocher et lui dit : "Iéu siéu Joùsè ; enlevo-lou e béuras." c’est-à-dire : "Je suis Joseph ; enlève-le et tu boiras". La pierre est lourde, huit hommes pourraient à peine la déplacer ; comment Gaspard la soulèverait-il ? Mais le vénérable vieillard, comme disent les récits de l’époque, réitère son ordre. Le berger obéit, déplace le rocher, et découvre une eau fraîche qui commence à ruisseler. Il boit aussitôt avec avidité. Lorsqu’il se relève, l’apparition a déjà disparu. Sans plus attendre, il va porter la nouvelle au village, et les curieux arrivent en ce lieu que tous savent être dépourvu de source. Trois heures après l’événement, une eau abondante s’écoule. "C’est tout. Rien de plus simple, rien de plus pauvre que cette apparition... comme l’Evangile", commentait Mgr Gilles Barthe, dans sa lettre pastorale du 14 février 1971. L’eau est le signe, si essentiel dans notre foi, de notre régénération et de la vie nouvelle jaillie pour nous de la Pâque du Christ. Ici est mis en lumière le rôle puissant d’intercession de Saint Joseph. Saint Joseph, uni à la Vierge Marie dans le plan éternel de la Providence divine, que Dieu veut voir associé à son épouse dans la prière et le coeur des chrétiens, spécialement dans la vie des familles. Les choses ne traînèrent pas. A la réunion du conseil municipal du 25 juillet, on délibéra au sujet de la font (source) de Saint Joseph, dont l’eau a beaucoup de qualités et fait beaucoup d’opérations. De toutes parts de la province, on vient y prendre de l’eau pour s’y laver, boire et guérir si on a des maladies et infirmités : cela provoque de la confusion ! La construction d’une chapelle y est décidée. Commencée le 9 août, elle sera terminée 2 mois plus tard ! Bientôt trop petite, on en met une plus vaste en chantier dès 1661 ; c’est le Sanctuaire de Saint-Joseph, consacré en 1663, que vous pouvez voir aujourd’hui. En 1662, dans son compte-rendu de visite, le Père Allard de l’Oratoire avait écrit à propos de l’année 1661 : "Nos Pères (Oratoriens de Notre-Dame de Grâces) m’ont assuré qu’il y a eu 52 processions, de Pâques à la Pentecôte, et qu’il y a eu 6 000 personnes dans l’octave de cette dernière solennité. L’eau de Saint Joseph fait des miracles. Depuis mon retour un boiteux de naissance, originaire d’Avignon, y étant allé, est revenu bien droit et a laissé ses crosses ; nous le connaissons. Tout le monde boit et emporte de cette eau". Tout ceci illustre la popularité acquise par le culte de Saint Joseph ; sa fête le 19 mars vit accourir les foules dès 1661. C’est du reste cette année-là que Louis XIV décrétait ce jour, fête chômée ! Bientôt Saint Joseph fut fêté dans tous les diocèses de France (ce que le Saint-Père demandait depuis 40 ans...), et spécialement en Provence ; des églises y apparurent qui portaient son nom, et dans presque toutes les autres, un autel fut dédié à celui que l’Eglise proclamerait un jour son Protecteur universel, en 1871. La Font Saint Joseph ne s’est jamais tarie, au pied du sanctuaire. Elle reste visible en contrebas de celui-ci, sur le côté ; les grâces non plus, dont on ne saurait faire la liste notent les moniales bénédictines, qui ont trouvé là le lieu privilégié de leur installation depuis 1977, à leur retour d’Algérie. A tous ceux qui prient avec foi, Saint Joseph répond avec son cœur de père ; il ramène le cœur des enfants vers leurs parents, protège les enfants à naître, réconcilie des frères désunis, rend le goût de vivre, notent encore les Bénédictines, qui sont souvent les confidentes des grâces obtenues » (source : www.christicity.com).

 

La Statue de Saint Joseph à l'enfant sur le lieu de l'apparition et de la source

 

6.9.2 La consécration de la France à Saint Joseph par Louis XIV en 1661

Du mensuel « Stella Maris » n° 456 (mars 2009), page 18 :

« En 1621, le pape Grégoire XV proclama que la fête de Saint Joseph serait fête de précepte pour l'Eglise universelle (le 19 mars devient alors une fête chômée). Toutefois cette décision pontificale ne fut pas reçue partout immédiatement, l'aval des princes étant nécessaire pour qu'elle ait force de loi dans chaque royaume.

En France, c'est au tout début du règne personnel de Louis XIV que la Saint Joseph fut ainsi reconnue, et cela avec une rapidité confondante. Qu'on en juge : dans la nuit du 8 au 9 mars 1661, le cardinal Mazarin meurt, après plus de quinze ans de gouvernement. Les 9 et 10 mars, Louis XIV, âgé de 22 ans prit personnellement le pouvoir et, avec une détermination qui causa la surprise générale, ne nomma pas de premier ministre ; il s'entoura cependant de deux conseils pour faire entériner ses décisions.

Sur le point qui nous occupe ici, le jeune roi était tout aussi décidé et mena l'affaire tambour battant. Où doit-on alors chercher les origines de la dévotion de Louis XIV à Saint Joseph ? - Sans doute dans les suites de l'apparition de notre saint près du village de Cotignac en Provence (le 7 juin 1660) qui avait fait grand bruit à la Cour... mais aussi chez deux princesses espagnoles, les plus proches du souverain : sa mère, Anne d'Autriche et l'infante Marie Thérèse d'Espagne. Cette dernière était entrée en France, en traversant la Bidassoa avec son futur mari... le 7 juin 1660, jour même de l'apparition susdite, pour le mariage royal à Saint Jean-de-Luz.

Revenons à l'année 1661 : le 12 mars, trois jours après avoir pris le pouvoir, Louis XIV décide donc de solenniser sans retard le culte de Saint Joseph, en faisant chômer sa fête dans tout le royaume. Il aurait toutefois dû consulter les prélats français, or le 19 mars était proche...Les rares évêques qui purent être contactés à temps donnèrent leur accord. Le lendemain, 13 mars, pendant la réunion du conseil d'En-Haut, le roi interdit donc tout commerce et tout travail tous les 19 mars à partir de 1661.

Ce fait est connu et rapportés par les historiens du Grand siècle (qui ne songent cependant pas à noter la rapidité de la procédure).Or, un événement concomitant tombe dans l'oubli le plus total : la consécration du royaume à Saint Joseph ! Oubli qui contraste avec la notoriété du Vœu de Louis XIII, consacrant la France à la Très Sainte Vierge en 1638. Il est vrai que la cérémonie de 1661 eut lieu dans l'intimité : non dans une Basilique, une cathédrale ou une église... mais tout simplement dans la chapelle du Louvre. C'est là que, le matin du samedi 19 mars 1661, la France fut consacrée à Saint Joseph. L'après-midi, après les vêpres, Bossuet, qui était occupé à prêcher le carême aux carmélites du faubourg Saint Jacques, célébra, dans leur chapelle, les gloires du nouveau protecteur de la patrie, en présence d'Anne d'Autriche. Le célèbre évêque de Meaux avait accepté, au pied levé, de ne pas prêcher sur le carême ce jour-là et de composer, en grande hâte, son deuxième panégyrique à Saint Joseph (il ne pouvait, certes, avoir l'indélicatesse de répéter le premier panégyrique qu'il avait déjà prêché, quelques années plus tôt, devant la reine-mère).

Citons, pour conclure, la belle envolée par laquelle se termine ce sermon : "Joseph a mérité les plus grands honneurs, parce qu'il n'a jamais été touché de l'honneur ; l'Eglise n'a rien de plus illustre, parce qu'elle n'a rien de plus caché. Je rends grâces au roi d'avoir voulu honorer sa sainte mémoire avec une nouvelle solennité. Fasse le Dieu tout puissant que toujours il révèle ainsi la vertu cachée ; mais qu'il ne se contente pas de l'honorer dans le ciel, qu'il la chérisse aussi sur la terre. Qu'à l'exemple des rois pieux, il aille quelquefois la forcer dans sa retraite... Si Votre majesté, Madame, inspire au roi ces sages pensées, elle aura pour sa récompense la félicité".

Par la suite, la consécration de la France à Saint Joseph fut commémorée en France tous les 19 mars jusqu'à la révolution. Depuis, elle n'a jamais été reprise. Il n'empêche qu'il est nécessaire de rappeler cet événement majeur dont on a fête cette année le 388 ième anniversaire.

Le signataire de ce bref exposé n'en est pas le véritable auteur, car il en doit la substance à un ami, Monsieur Christian Gaumy, conservateur de la bibliothèque universitaire de Limoges, qui a eu pour cela la patience d'explorer les montagnes de documents des archives nationales et de la bibliothèque nationale (Département Manuscrits), et qu'honore le profond souci de faire connaître et aimer le saint patron de l'Eglise universelle ; qu'à tous ces titres il soit ici remercié et assuré de ma gratitude ».

6.9.3 Au Laus à Benoîte Rencurel en 1669

Les apparitions de Saint Joseph au Laus sont généralement totalement méconnues. Ce qui suit provient de la très courte section intitulée « Apparitions de Saint Joseph »,pages 101 et 102 de l’ouvrage « La vie merveilleuse de Benoîte Rencurel » :

« Six apparitions de Saint Joseph, sur lesquelles nous possédons fort peu d’indications, ont lieu en 1669. Une seule autre apparition de l’époux de Marie, est signalée vingt-trois ans plus tard, au cours de laquelle Benoîte est prévenue de menaces qui pèsent sur François Aubin. Que dit Saint Joseph en 1669 ? Nous savons seulement que lors d’une de ses visites, il lui reproche de laisser les moutons et les chèvres dont elle a la garde, trop longtemps seuls dans les prés. Certes ses employeurs sont peu regardants, mais ce n’est pas une raison pour négliger le troupeau. Saint Joseph la rappelle à son devoir de bergère : la Mission ne doit pas la détourner de son travail. Combien de fois la Vierge ne lui a-t-elle pas transmis le même message ? L’époux de Marie vient le lui répéter comme on le fait dans toute éducation. Benoîte a 22 ans ».

Ces précisions données par François de Muizon, proviennent de la copie authentique des manuscrits effectuée par Pierre Gaillard, vicaire général du diocèse de Gap au 17 ième siècle, page 92 de la sixième section.

6.9.4 L’apparition de la Sainte Famille à Kérizinen le 15 décembre 1959

Parmi les 71 apparitions dont Jeanne-Louise Ramonet est témoin à Kérizinen en Bretagne, entre septembre 1938 et octobre 1965, on compte une unique apparition de la Sainte Famille le mardi 15 décembre 1959 (44 ième apparition), pendant l’octave de l’Immaculée Conception.

Voici quelques extraits du message qui fut donné, comme nous pouvons le lire, page 83 et 84 de l’ouvrage « Kérizinen, messages du Christ et de la Sainte Vierge, 1938-1965 » :

La Très Sainte Vierge Marie : « Aimez-vous mon Fils ? M'aimez-vous ? Croyez-vous en    nous ? Alors, ne nous refusez pas d'intervenir d'une manière directe pour avertir l'Humanité dans la route glissante où elle s'est engagée. Parce que nous vous aimons et voulons votre salut, nous multiplions nos présences parmi vous, les accompagnant de signes assez manifestes pour éclairer les âmes de bonne volonté, sans forcer la liberté de ceux qui ne veulent ni voir, ni entendre. Depuis plus d'un siècle, Nous ne cessons de répéter les mêmes messages, les mêmes avertissements : retour à Dieu ou graves châtiments. L'heure est extrêmement grave. Vous êtes au tournant tragique et décisif de l'Histoire car, dans le Monde trépidant et fiévreux, se joue le combat entre la lumière et les ténèbres. Tant d'âmes sont prises dans les filets sataniques, filets mortels en plein Monde! Aussi, la Justice de Dieu se fait voir de tous côtés, parce qu'on refuse sa Miséricorde […] ».

Jeanne-Louise : « Lorsque la Sainte Vierge eut donné son message, Saint-Joseph vint se placer à la droite et, entre eux deux, l'Enfant Jésus, qui porte une robe blanche serrée à la taille, paraissant avoir une douzaine d'années, ses cheveux bouclés sont d'un blond roux. Saint-Joseph est vêtu d'une tunique, brun-rougeâtre, serrée par une ceinture et sur les épaules, une mante. Son visage est encadré d'une barbe courte, grisonnante, ses cheveux également grisonnants. Il porte de 40 à 45 ans. La Sainte Vierge et Saint Joseph se penchent légèrement vers Jésus, qui donne le message, il a une voix enfantine ».

L'Enfant-Jésus : « Que la Sainte Famille soit votre modèle, un modèle de sainteté, de piété et de labeur. Je suis la Sainteté. Ma Très Sainte Mère est un modèle de piété qu'il faut imiter: comme Elle, soyez en prière le cœur toujours uni au mien pour aimer et adorer Notre Père des Cieux. Saint-Joseph est votre modèle dans le labeur. Cherchez d'abord à vous sanctifier, à demeurer en grâce avec Dieu. Ayez le regret de vos péchés de fragilité, qui vous seront toujours pardonnés. Priez avec confiance et amour, puis votre travail vous deviendra facile, méritoire et efficace". Quand l'Enfant-Jésus eut donné son message, lentement, la Sainte Famille s'éleva vers le Ciel, puis disparut ».