Père Patrick - Sponsalité 2007 - Notre Dame de Domanova 2005 (première partie)

 

La Sponsalité

samedi 17 septembre 2005

Thème de nos méditations : la sponsalité

Papa Karolus, le Pape Wojtyla, a passé sa vie à expliquer la signification sponsale du corps. Si on en croit le témoignage de sa mère, le Pape Karol avait été sanctifié dès le sein maternel, et il avait un sens assez fort de la connaissance intérieure du corps, et, avec la grâce de Dieu bien-sûr, un sens presque spontané, instinctif, de la connaissance de la personne. Comme chacun d’entre nous le perçoit, il a perçu que l’homme, la femme, l’enfant, sont spontanément faits pour courir, pour vivre, mais qu’ils butent sur une difficulté énorme qui vient, nous le savons bien, du péché originel.

Les trois conséquences du péché originel sont la vanité, qui fait que nous ne percevons plus l’essentiel, l’orgueil qui fait que nous sommes un peu plus distants de Dieu, et la concupiscence, qui fait que nous ne voyons plus les sources vivantes spirituelles du don de soi à travers les profondeurs intérieures de notre personne. Notre corps nous trahit par la concupiscence, alors que le corps, l’âme et l’esprit sont au contraire faits pour être comme le trépied de notre course. Tous, nous voudrions nous jeter dans les bras de Dieu, dans les bras du prochain, dans les bras de la pureté, de l’humilité, de la générosité, de la communion, de la gratuité, de la contemplation, du mariage spirituel, du don de soi, de l’accueil, enfin de tout ce qui fait qu’un être humain est une être humain. Tous, nous voudrions cela, mais nous butons sur des limites et ces limites ne sont pas liées à la création de Dieu, elles sont liées à ce fait que nous avons un mal fou à gérer cette création de Dieu parce que nous sommes vraiment participants d’un processus qui appartient au corps mystique du péché par lequel il y a comme un refus d’être nous-mêmes à cause des conséquences du péché.

Un des éléments les plus évidents de cet obstacle est la différenciation sexuelle (le fait que nous soyons masculin ou féminin) : non seulement nous ne maîtrisons pas parfaitement la situation du don qui nous est fait dans la création de Dieu, dans l’existence qui est la nôtre, mais c’est elle qui nous arrête.
Le Pape Karol a pensé toute sa vie qu’il fallait quand même ouvrir une porte pour dire comment la Révélation et comment la pratique, l’expérience toute simple, permettaient de sortir de ce handicap dans lequel nous mettent la fausse pudeur, la honte et les conséquences du péché originel, afin que nous ne butions plus sur ce qui devrait au contraire être pour nous une catapulte. Pour que nos aspirations puissent être alors centuplées dans la signification sponsale du corps : nos aspirations sont comme la semence qui est inscrite par Dieu dans notre corps et quand notre terre est bonne, c’est-à-dire quand la signification sponsale du corps est en place, alors elle doit produire ce centuple. Encore faut-il que la signification sponsale du corps, c’est-à-dire la pleine maîtrise de soi dans la différenciation sexuelle, en raison d’une pleine possession de soi en Dieu, soit mise en place. A cause du péché originel, cela n’est possible qu’avec la Rédemption, ce n’est possible qu’avec Jésus.

En septembre 1979, le Pape a commencé tout un enseignement sur la sponsalité : il a donné un éclairage, ouvert une voie d’accès pour reprendre possession de nous-mêmes dans notre corps de manière à devenir pleinement humains dans la plénitude du don de la personne, afin que nous retrouvions de manière concrète au dedans de nous par la grâce cette liberté victorieuse de la fausse pudeur, victorieuse des séquelles du péché originel, de la réduction à l’objet, victorieuse de la honte, et victorieuse aussi bien-sûr de l’égoïsme et de l’adultère. A chaque fois que nous utilisons notre corps dans un sens qui est contraire au don gratuit, au don virginal de nous-mêmes, nous produisons un adultère. Et c’est cette victoire sur l’adultère dans les retrouvailles avec l’innocence originelle de notre corps sponsal, grâce à une recréation de Dieu en nous, qui va faire l’objet de tout l’enseignement du Pape Karol à partir de septembre 1979.

Nous n’avons pas l’habitude d’attaquer ce sujet, et je crois qu’il est vrai de dire qu’il est resté longtemps tabou chez les théologiens. Dans l’histoire de la philosophie, de la théologie, de la mystique, il n’a été appréhendé que sous l’angle du péché ou de l'éthique, mais jamais sous l’angle de la nature. Parce qu’elle est toujours mal vécue, la différenciation masculine et féminine cause une honte qui empêche qu’on puisse en parler sans maladresse.

Comme nous en avions perdu l’habitude, le Pape Wojtyla va prendre des précautions : en attaquant ce thème, les sources de la culpabilité profonde depuis les origines de notre naissance (pas seulement depuis notre adolescence), remontent à la surface et font, comme dans l’Evangile d’aujourd’hui, que la semence de la parole de Dieu tombe dans notre "terre", que nous l'entendons, mais que nous ne la comprenons pas ; nous avons des yeux pour lire mais nous ne voyons pas. La semence de la Révélation de Dieu sur ce sujet tombe sur des cœurs de pierre et des corps pétrifiés qui ne sont pas libres, et elle sèche sans trouver sa racine.

Nous pourrions bien-sûr lire l’intégralité des 450 pages de cet enseignement très intéressant du Pape, mais je reconnais avec vous que ce n’est pas facile (on me dit toujours : « Cette histoire de sponsalité n’est pas 3
commode ! »). Pourtant, les choses sont simples en soi : nous sommes masculin ou féminin, un petit garçon ou une petite fille, un jeune homme ou une jeune fille, un homme ou une femme.

Pendant ces quelques méditations, je voudrais reprendre ce sujet avec la grâce de Dieu, en essayant de redire ce qu’a dit le Pape Karol, non pas de manière plus simple, mais d’une manière plus vive. Vous comprenez qu’étant donné le contexte hostile dans lequel se trouvait le Pape Karol en 1979, il fallait qu’il prenne énormément de précautions intellectuelles, exégétiques, philosophiques, phénoménologiques... (les gens sont très culpabilisés sur ce sujet-là, et vous savez bien que le sentiment de culpabilité non maîtrisé produit l’agressivité : c'est bien sur ce sujet que l’agressivité et l’esprit critique risquent de s’exprimer le plus fortement), et il a fallu bien-sûr qu’il prenne du temps.

Honte et nudité

Le Saint Père s’est arrêté sur ce point : « Comment se fait-il que nous ayons honte d’aimer en entier ? Pourquoi y a-t-il cette honte ? »
Aussitôt, comme nous, il a bien senti que cette honte d’aimer en plénitude était inscrite dans le récit de la Genèse. A un moment donné, l'homme et la femme ont mangé à l’arbre de la connaissance du bien et du mal et ils ont eu honte parce qu’ils ont vu qu’ils étaient nus. Ce n’est pas parce qu’ils ont mangé de l’arbre de la connaissance du bien et du mal qu’ils ont eu honte, ce n’est pas parce qu’ils ont péché, mais c’est parce qu’ayant péché, Adam et Eve se sont vus nus. Avant qu’ils ne se soient vus dans cet état de nudité extérieure, ils ne se voyaient pas nus, ils voyaient autre chose que la nudité : ils voyaient la signification sponsale du corps. Avant cette vision de la nudité extérieure de la différenciation sexuelle, ils n’avaient pas de honte parce qu’ils avaient une connaissance d’eux-mêmes et une connaissance de l’autre à travers le don d’eux-mêmes qui faisaient qu’ils ne pouvaient pas voir la nudité extérieure de l’autre ni leur nudité extérieure propre. Ils se voyaient à l’intérieur d’une lumière d’innocence originelle portée par la lumière surnaturelle de la grâce qui faisait que leur vision était à la fois virginale, limpide, totale, plénière sur la création du monde, et que la signification sponsale de leur corps (le fait qu’ils soient masculin ou féminin) jouait un rôle extraordinairement important pour comprendre et pour voir la création du monde.

Lorsque nous sommes dans l’innocence divine originelle et portés par la grâce de la présence créatrice de Dieu, cette masculinité et cette féminité font qu’il y a une vision, une compréhension, une pénétration et une maîtrise de la création toute entière, et du coup, une intégration de notre propre personne dans l'Un. C’est là que le Pape nous a magnifiquement expliqué comment Dieu a voulu que s’expriment la masculinité et la féminité en dehors du péché. Je tiens à vous dire que ça n’a jamais été expliqué, enseigné ni révélé, et je crois ne pas me tromper en disant qu’il est le seul, le premier à avoir développé une spiritualité ouvrant la porte à cette vision sponsale de la création.
Et puisque nous venons de perdre le Pape Karol, il est bon de faire mémoire de ce qu’il nous a donné.

Solitude vivante

Vous pouvez lire les passages d’octobre 1979 où il explique comment l’homme se retrouve seul avec son corps. A travers son corps, dans cette solitude vivante du corps en Dieu, dans l’unique présence créatrice de Dieu, il perçoit cette solitude comme une image de Dieu et il comprend qu’il est une ressemblance de Dieu dès qu'il vit pleinement sa solitude au cœur de la création : il est seul à la connaître avec Dieu, il connaît cette création à travers Lui et se reconnaît lui-même en Dieu à travers cette création. Il reçoit pourtant cette création, sans percevoir en elle de quoi se donner entièrement, comme Dieu qui face à la création ne peut pas se donner entièrement à la création puisque la création est infiniment moins que lui. Dans cette solitude, l’homme perçoit cette détresse de Dieu qui ne peut pas vivre cet amour sponsal vis-à-vis de sa création puisque sa création est infiniment moins que lui (vous ne pouvez vous donner qu’à celui qui est en affinité, en complémentarité sponsale avec vous).

Le Saint Père va expliquer ce que la Genèse nous en révèle : lorsque je suis pleinement en Dieu et dans la création, et qu’en cette solitude vivante je m’épanouis dans la dimension du don que Dieu me fait être, du don que Dieu se fait de Lui-même en moi, du don de la création en moi et du don de moi-même à toute la création, cette dimension de solitude vivante ne me satisfait pas. Pourquoi ? Parce que je suis masculin ou parce que je suis féminin. La différentiation sexuelle provoque cette insatisfaction qui s’exprime par ce sentiment de solitude originelle : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Dans le premier récit de la Bible, dans les deuxième et troisième chapitres, il faut attendre que Dieu sorte la côte d’Adam pour souffler dessus et créer la femme pour qu’Il puisse appeler l’homme ish et la femme isha : avant l’homme n’est nommé ni ish ni isha, il est homme (homme ou femme). Quand Dieu nous crée homme, Il nous crée à Son image et à Sa ressemblance, Il est Un et Il nous donne toute la création, Il se donne Lui-même à nous, nous sommes tout donnés à Lui, nous nous recevons comme un don de Dieu et nous recevons tout comme don, à cause de la différenciation sexuelle.

La différenciation sexuelle nous montre bien, même si nous ne le percevons plus aujourd’hui, que nous ne sommes pas faits pour nous-mêmes. Adam et Eve le percevaient de manière très vaste et très intensive dans l’innocence originelle, et ce n’était pas du tout une souffrance, mais une joie. Je ne suis pas à moi tout seul tout l’homme, je suis seulement ish ou isha, je suis inscrit par mon corps dans la différenciation sponsale, et je vois comme un cri silencieux, un cri divin, un cri surnaturel et un cri incarné que je suis fait pour être entièrement donné à l’autre, entièrement donné à l’univers, entièrement donné à la création et entièrement être de don. Cet appel est joyeux : la joie d’exister vient de là.
A ce sujet vous lirez ce que le Pape Karol expliquait en septembre et octobre 1979. Il explique ce qu’est la signification originelle de la solitude sponsale. C’est très beau et ce n’est pas compliqué. Il suffit d’aller seul trois ou quatre jours dans la nature, de respirer avec les arbres, avec les sangliers, les oiseaux, le soleil et la lune, et de laisser librement s’épanouir cette création de Dieu dans notre innocence originelle avec la grâce de Jésus. Vous verrez par différence que si vous êtes dans la signification sponsale de la femme, vous n’êtes pas dans la signification sponsale de l’homme. Dans la nature, il n’y a pas de doute. La signification sponsale s’exprime de manière véritablement extraordinaire dans la soif et dans la découverte que tout seul, isolé de ma moitié, je n’existe pas pleinement : je prends très intensément conscience que je suis un être de don : je suis un être fait pour être entièrement livré et donné. Il est extraordinaire que la différentiation sexuelle joue un rôle si important de ce point de vue là. La signification sponsale de la solitude est une signification joyeuse parce qu’elle nous appelle, et nous apporte cette découverte : je suis un être fait pour être entièrement donné, pour me livrer.

Saint Paul reprend cette idée, en disant : « Le Christ, notre époux, s’est livré pour nous ». Dès qu’Il s’est trouvé seul dans la signification sponsale d’un corps assumé, unique dans sa solitude vivante de Christ, de Messie du monde, d’onction de la création, aussitôt, Il découvre la joie de se livrer totalement : c’est pourquoi l’Incarnation est immédiatement liée à la Rédemption. Il s’est livré pour épouser son Corps mystique qui est l’Eglise, et à travers l’Eglise l’humanité toute entière portant elle-même la création dans la signification sponsale de son don. Il s’est livré pour elle et Il l’a intégrée dans la signification sponsale de son corps rédempteur. La relation entre Jésus et nous est sponsale : Jésus s’est livré à nous, Il s’est livré à l’humanité. Il a découvert l’humanité sortie de son côté et Il s’est livré totalement à elle. Dans le sein de sa mère, Jésus a découvert que dans son humanité Il était là pour être entièrement donné, et Il s’est livré sous ce mode-là : comme époux de l’Eglise, époux du Corps commun appelé à l’accueil et au don de toute l’humanité et de chacun d’entre nous en particulier.

Echange de l’accueil et du don

Si vous avez accès aux textes, je vous recommande deux autres passages de l’enseignement qui a duré cinq ou six ans : celui du 6 février et celui du 20 février 1980. Le Pape Karol nous éblouit vraiment par son acuité dans la prise de possession, la connaissance, la contemplation de Dieu à travers le corps que je ne crois pas, personnellement, avoir trouvé ailleurs. Ces passages du 6 et du 20 février sont admirables, magnifiques ; peut-être vous les lirai-je ? Ils montrent à quel point l’homme est capable de vivre l’échange de l’accueil et du don dans la signification sponsale de son corps masculin ou féminin dans une virginité surnaturelle tellement grande qu’il n’y a plus, comme le dit Jésus aux Sadducéens, ni homme ni femme : « Au ciel il n’y a plus ni homme ni femme », parce que la virginité surnaturelle dans l’échange de l’accueil et du don est tellement grande que la différenciation sexuelle s’y achève dans la fruition.

Si je suis aveugle, si mes yeux sont abîmés, le médecin (c’est-à-dire la religion, la grâce, la confession, les sacrements) va regarder mes yeux. Mais dès que je ne suis plus aveugle, le médecin n’a plus besoin de regarder mes yeux, mes yeux voient : à un moment donné la signification sponsale de mon corps voit au-delà de son voile, et du coup il n’y a plus de nudité, il n’y a plus de honte. Dès que je suis guéri dans la signification sponsale de mon corps, et c’est ce que fait Jésus par la Rédemption, j’ai retrouvé l’odeur de mon innocence originelle dans la signification sponsale du fait que je sois homme ou que je sois femme. Et en même temps je suis dans la pleine Rédemption du Christ puisque la grâce a surélevé cette innocence originelle de ma différenciation sexuelle (du fait que je sois homme ou femme) de manière telle qu’elle s’est dépassée dans le mariage de la septième demeure de l’union transformante : par l’oraison, la grâce a tellement transformé mon âme et mon esprit qu’elle a aspiré mon corps de manière tout à fait intérieure, et que mon corps a retrouvé sa signification intérieure, et l’homme sa signification de personne, sa signification spirituelle, sa signification de grâce. Il a pris pleinement possession de sa personne.
C’est pour cela qu’il convient bien de parler de la signification sponsale du corps après avoir parlé de l’Apocalypse qui jette le cri de l’Epouse et du Saint Esprit pour dire : « Viens ! », ce « Viens ! » exprimé dans l’oraison jusqu’à la septième demeure de l’union transformante : dans le mariage spirituel je peux retrouver la signification sponsale de mon corps, étant exclues toute honte et toute culpabilité. J’ai repris pleine possession de cette puissance de me donner à travers le corps.
Ce n’est compliqué que parce qu’on n’ose pas en parler. Les théologiens sont souvent des prêtres, et les prêtres se sont donnés à Dieu et Lui sont fidèles dans le célibat. Ils ne veulent pas trop regarder la question de la différenciation sexuelle, à cause de la morsure encore présente des séquelles du péché originel qui risque de perturber leur fidélité. Ils préfèrent se donner entièrement à Dieu dans le don d’eux-mêmes, dans le sacerdoce, ce qui est normal.

Rentrer dans la contemplation de la signification sponsale du corps va soulever des choses en nous et va nous purifier de ce qui est un peu perturbé dans l’innocence virginale surnaturelle originelle de notre corps masculin ou féminin, par des perturbations passagères involontaires (notre imaginaire va nous perturber). Il faut y aller avec la prudence de la vie contemplative et avec la parole juste, l’acte juste et la pensée juste. Ne blâmons pas l’Eglise de ne pas en avoir parlé avant : le Pape Karol l’a fait pour nous à partir du texte de la Sainte Ecriture, et en particulier le texte de la Genèse.

Retrouver pleine maîtrise des forces extraordinaires que le corps donne à l’âme spirituelle de l’homme pour se donner

Le mariage est un sacrement qui nous lie surnaturellement, sacramentellement, jusqu’à la mort de l’un des deux... L’âme spirituelle, sans le corps, n’a guère de ressources pour donner à la personne de quoi se donner entièrement à l'autre. Le corps sert à centupler le don. Le corps sert non seulement à concrétiser, incarner, mais aussi à diviniser le don, à surnaturaliser le don, à intégrer toute la création dans le don. L’âme spirituelle n’est pas capable d’intégrer la création (tel est d'ailleurs le problème de Lucifer, la révolte angélique vient de là). Le corps spirituel de l’homme est créé image ressemblance de Dieu : Dieu est don de Lui-même (le Père), accueil de Lui-même (le Fils), et échange du don et de l’accueil (l’Esprit Saint). S’il est vivifié, pleinement habité par l’âme spirituelle de l’homme dans la grâce de Dieu, la présence créatrice de Dieu, alors le corps humain est don de lui-même, le corps est accueil, et le corps est le lieu de l’échange et de l’accueil du don de Dieu, de la Très Sainte Trinité, de la création, de l’autre, de soi-même. Sans le corps, il ne peut pas y avoir de don plénier, il ne peut pas y avoir d’échange de l’accueil et du don de l’autre.

La différenciation sexuelle inscrit cette puissance dans le corps de l’homme, que n’ont pas les animaux. Pourtant, il y a dans le monde animal zakar ou nekeva, mâle et femelle, mais il n’y a pas cette puissance du don et d’accueil du don parce qu’il n’y a pas de signification sponsale dans le corps animal et le corps sensible. Il faut pour cela que le corps soit spiritualisé dans la présence de Dieu. Dieu est présent par la grâce et Il fait que le corps de l’homme participe comme Dieu à la Communion des personnes : don et accueil de soi-même dans le don et échange du don et de l’accueil. Ce qui n’est pas le cas dans le monde animal, parce que Dieu ne crée pas la femelle du lapin, tandis qu’Il crée l’homme et la femme. Le corps n’a donc pas du tout la même signification dans la différenciation mâle et femelle dans l’animal et dans l’homme.

Voilà le glissement qui s’est fait à la sortie du Paradis de la création originelle : l’arbre de la vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal sont là pour nous faire comprendre, avec le serpent qui s’y surajoute, qu’une tentation peut jaillir. La tentation porte sur le fait que je peux vivre de la signification sponsale de ce que je suis comme être de don et d’accueil du don, comme image ressemblance de Dieu pour la création et dans la création, comme accueil de la création, et du coup dans la création accueil de la création à Dieu et de Dieu dans la création, dans la solitude vivante de mon corps plein de grâce en m'éloignant de Dieu ; je peux, et c’est cela la tentation de l’arbre, je peux m’éloigner un peu de Dieu, je peux séparer ce que je suis en la signification sponsale du don. Prendre de l'arbre m'éloigne de la dynamique de l'accueil et du don. Voyez-vous la différence entre recevoir et prendre ? Jésus dit : « Accipite, et manducate » : « Recevez et mangez-en tous ». Mais certains ont traduit : « Prenez et mangez-en tous ». Il est extraordinaire de faire des traductions fausses comme celle-là. Si tu "prends", tu te sépares un peu plus de l’origine du don, donc de la grâce originelle.

Le Saint Père dit : « Attention, c’est cette petite séparation de Dieu qui fait perdre à l’homme la connaissance du don qu’il est, et la pleine possession de son don à l’autre dans la communion des personnes ». Il n’est plus capable de vivre dans la plénitude du don, l’accueil, la réciprocité du don, la communion des personnes, parce qu’il perd une certaine connaissance du don, ce qui perturbe la signification sponsale de son corps, et du coup « ils voient qu’ils sont nus ». La connaissance de la nudité extérieure révèle en vérité une perte de la connaissance intérieure du don.

Dans la création originelle, comme dans une création normale (dans les septièmes demeures de l’union transformante, le mariage spirituel) c’est le Père et l’Esprit Saint qui sont les deux Lumières intérieures qui vous font voir à quel point vous êtes entièrement reçus, et à quel point le Verbe, le Christ, se livre entièrement à travers vous à toute la divinité de Dieu (Il le fait différemment dans la signification sponsale d’un corps masculin et dans la signification sponsale d’un corps féminin). Vous le voyez, et donc vous ne voyez plus rien de votre nudité. Quand vous faites oraison et que vous dites : « J’ai honte parce que je vois que je suis tout nu », c’est que vous n’êtes pas encore dans le mariage spirituel. Il y a une connaissance de soi dans la lumière plénière de Dieu dans le mariage qui fait que le corps est redevenu lui-même.

Lorsque l’homme et la femme sortis de la main créatrice de Dieu étaient mutuellement en présence l’un de l’autre et qu’ils étaient tout accueil mutuel l’un de l’autre, parce que Dieu du dedans d’eux-mêmes se voyait à partir de ce qui illuminait le don intérieur du corps et de toute la personne de l’autre à travers l’accueil qu’Il en faisait dans son propre don (c’est toute une spirale), leur corps était transfiguré de l’intérieur. La signification sponsale, la masculinité faisait resplendir d'une lumière toute intérieure cette masculinité, la féminité faisait rayonner d'une lumière toute intérieure cette féminité, la transfigurant de l’intérieur, et non plus par l’extérieur. Cette lumière qui fait la jonction de l’âme, de l’esprit et du don de Dieu dans le corps masculin et féminin, cette lumière est si forte qu’on ne peut voir qu’à travers cette lumière. Si cette lumière s’éteint, il ne reste plus que la lumière du corps extérieur, et c’est ainsi qu’ « ils virent qu’ils étaient nus ». Ils virent qu’ils étaient nus et ils en avaient honte, non pas parce que c’est honteux d’être masculin ou féminin du point de vue de la nudité, mais parce qu’ils ne voyaient plus leurs corps tel qu’il est dans la lumière originelle : ils ont perdu la connaissance originelle du corps.

Voilà ce qu’explique le Pape Karol : nous avons perdu la connaissance originelle du corps. Et donc, quiconque a une vocation à aimer et à se donner entièrement (c’est-à-dire une vocation humaine) doit se situer dans cette tension qu’il y a entre l’innocence originelle de cette connaissance sexuée de l’image ressemblance de Dieu qui est en lui et celle du mariage spirituel, de l’union transformante de l’oraison. Nous, qui nous situons après le péché originel, nous remontons par vocation vers ce seuil, comme dit le Pape Karol. Quand nous regardons ce que nous sommes du point de la féminité ou de la masculinité (je suis un petit garçon ou je suis une petite fille), nous devons nous situer sur le seuil : d’un coté je suis créé par Dieu dans l’innocence originelle pour être donné entièrement à Dieu, entièrement à l’autre, entièrement à la création, entièrement à un autre que moi-même et livré entièrement à lui, et jamais pour moi-même : ça, c’est l’innocence originelle ; d'un autre coté, je puise dans le mariage rédempteur et surnaturel avec le Christ de quoi combler les fissures des suites du péché originel.

Nous pouvons avoir quelquefois cette grâce actuelle nous permettant d'entrevoir cette vérité expérimentée. Nous l’avons quelquefois quand nous sommes enfant. Nous l’avons quand nous nous trouvons dans un état de grâce, de lumière, d’admiration, à l’intérieur de la création. Quelquefois nous avons ces grâces-là au milieu de la nature, au milieu de la montagne, au milieu de la mer ou au milieu d’un champ de fleurs, et nous nous disons : « Mais jamais personne n’a vu la beauté si splendide de ce que je vois en ce moment ». Par moment la grâce de Dieu nous illumine tellement que nous voyons une beauté que d’ordinaire nous ne percevons pas. Je suis sûr que tout le monde a eu cette grâce-là : Dieu nous donne une grâce de voir comme nul autre la beauté de toutes choses, la beauté de ce que nous sommes. Il y a alors une gratitude, une admiration, un étonnement, une ouverture. C’est un don qui nous vient de la grâce : nous y retrouvons cette vision de l’innocence originelle, cette présence à la création comme quelque chose qui nous est donné à nous personnellement, tout en nous donnant personnellement à toute la création. A travers cette lumière souvent passagère, Dieu s’est donné en nous et se donne à nous. Qui n’a pas eu cette grâce-là ?
C’est une grâce qui participe, qui est une petite étincelle si je puis dire, de cette grâce originelle du premier homme, de la première femme, tandis qu'ils vivaient intensément cette plénitude du don. Mais dans la différenciation ish isha, la différenciation de l’homme et de la femme qui était la leur, ils percevaient aussi que cette extraordinaire existence, cette admirable grâce, a été faite pour qu’ils se retrouvent tous les deux en se livrant chacun entièrement à l’autre dans la communion des personnes. Et dans cette communion mutuelle des deux, avec la même intensité, même centuplée, dont je viens de vous parler, ils découvraient la signification sponsale de leur unité.

Vous lirez les passages admirables du printemps 1980 du Saint Père sur la signification sponsale de l’unité dans la communion des personnes, et comment le premier homme et la première femme, c’est-à-dire tout homme normal et toute femme normale, devraient vivre avec intensité cette intériorité de l’unité de complémentarité des personnes à travers le corps différencié sexuellement.

Il est sûr qu’une communion des personnes entre l’homme et la femme qui ne se vit pas dans une virginité d’innocence surnaturelle plénière ne peut pas découvrir cette unité dans la communion des personnes dans la signification sponsale du corps.

Néanmoins, nous pouvons la contempler, et c’est ce qui est beau, parce qu’à travers la Révélation, cela nous est redonné comme un objet de contemplation, et vous savez que nous devenons ce que nous contemplons. Si vous vous entraînez avec le petit copain du lycée, vous n’en aurez pas la connaissance, mais par la contemplation oui. Vous pouvez contempler dans la main de Dieu la plénitude surnaturelle centuplée de la féminité (et vous pouvez le vivre si vous êtes femme), se réaliser dans la plénitude de l’abandon dans l’accueil qu’en faisait celui à qui elle était entièrement livrée, qui en réciproque réponse se livrait lui-même à son tour pour réaliser l’unité sponsale, et réaliser dans l’unité cette apparition de la communion des personnes dans la plénitude de la signification sponsale du corps masculin et féminin. C’est un objet de contemplation : si je le regarde, je peux prier avec cela, je peux contempler Dieu agissant dans la grâce du corps masculin et féminin du premier homme et de la première femme. C’est ce que propose le Pape Karol en nous donnant cette méditation, pour que nous puissions nous-mêmes, l’ayant contemplée, retrouver la semence de la vraie vie du corps.
La Révélation de la Genèse vient du Christ. La Torah (la Genèse, l’Exode, le Lévitique...) a été dictée à Moïse quand il a fait sortir d’Egypte le peuple d’Israël. Cela a duré 12000 jours, 40 fois 365 jours. Tous les jours Moïse sortait et rentrait dans la tente de réunion, avec Josué (son petit scribe, son petit disciple) et quelquefois avec Aaron. La nuée glorieuse du Messie, se plaçait à l’entrée de la tente de réunion (Jésus était donc à l’entrée de la tente), et tout le peuple d’Israël pouvait le voir. Le Messie parlait à Moïse et lui donnait la Torah. Postulons donc avec la tradition rabbinique que ce qui nous est donné dans le Livre de la Genèse nous est donné par le Messie.
Il ne faut pas s’en étonner ! Jésus est venu 1300 ans plus tard, d’accord, mais Abraham aussi a vu le Messie, Jésus l’a dit : « Abraham m’a vu, et il s’en est réjoui ». Le Messie se montre à nous après lui, mais Il s’est montré à nous avant lui, parce que le Messie est l’Hypostase de Dieu. Si le Messie n’est pas Dieu, Il ne pourrait pas se manifester à Israël. Mais comme le Messie est Dieu, Il peut se manifester à Israël. Le Christ est Dieu. Et Israël avoue, enseigne, proclame dans la Mishna que c’est le Messie qui leur a enseigné la Torah à travers Moïse, et que le Messie est la manifestation vivante de Dieu dans la deuxième Hypostase du Nom d’Elohim.
Il est intéressant de savoir que cet enseignement de la Genèse nous est donné par Jésus à travers Moïse. C’est le Christ qui nous a donné cet enseignement, Lui qui est l’Adam parfait, qui retrouve la grâce en plénitude mais cette fois-ci de manière surnaturelle et chrétienne, avec la plénitude du mariage spirituel de l’oraison, pour nous. Avec Lui, nous retrouvons le récit de la Genèse à Moïse et c’est à travers Lui que nous le recevons.

Dans la présence divine de la grâce chrétienne, de la grâce du Messie, de la grâce du Verbe éternel de Dieu, tout immergé du Saint Esprit dans le sein du Père, mais dans l’incarnation de Son corps ressuscité, nous pouvons très bien aller retrouver le premier récit de la création et contempler, voir, vivre ce que Dieu vit dans le corps d’Adam et Eve dans la communion des personnes.

Vous lirez peut-être cette méditation qu’en fait le Pape Karol le 6 février 1980, dans un discours admirable dont le titre est : « La communion des personnes réalise la plénitude de l’image ressemblance de Dieu dans l’échange de l’accueil et du don ». Effectivement, nous voyons comment Dieu se réalise à travers l’homme et la femme, ni dans l’homme ni dans la femme, mais au-delà de la communion des personnes, dans le nid de leur unité sponsale pour réaliser un corps qui n’est ni homme ni femme mais qui est celui de l’humanité toute entière pleinement image ressemblance de Dieu dans l’échange et l’accueil du don. Humainement, cet amour-là ne peut pas diminuer : il n’y a pas de cause diminuante dans cet amour-là.

L’amour diminue s’il est embarqué dans la honte, dans les séquelles du péché originel, dans l’instinct sexuel. Si l’instinct sexuel domine aux dépends de la signification sponsale du corps, l’amour va diminuer et être très destructeur, et il ne pourra malheureusement réaliser, à travers quelque chose que l’Ecriture considère comme un adultère, que la production des enfants. Ce n’est déjà pas mal, mais ce n’est pas la finalité de la signification sponsale du corps masculin et féminin.

La finalité de la signification sponsale du corps masculin et féminin se fonde sur cette plénitude du don et de l’accueil du don d’avant la création du monde en Dieu. Dieu a voulu se réaliser, se retrouver Lui-même dans l’échange et l’accueil du don de l’homme et de la femme voulus pour eux-même dans la plénitude de la signification sponsale de leur solitude. Pour cela, il faut bien-sûr que l’homme qui a atteint la plénitude de la signification sponsale de sa solitude habitée puisse assumer de l’intérieur la plénitude de la signification sponsale de la solitude habitée de la femme. L’hippopotame ne peut pas faire cela. il faut une délicatesse, une finesse, une innocence, une liberté, une puissance, une force intérieure.
De sorte que finalement cette méditation que nous pourrions faire les prochaines fois, reviendrait à dire : Il y a quelque chose qui est honteux dans la nudité, voilà pourquoi il faut garder une certaine pudeur. Mais il y a aussi une fausse pudeur. Il faut regarder la masculinité et la féminité dans le corps, à condition de la regarder de l’intérieur de son illumination. Quelque chose nous illumine de l’intérieur, fait vivre la masculinité et nous aspire dans la signification sponsale du don. Tandis que si cette connaissance de la masculinité vue dans la lumière du don de Dieu et de sa présence disparaît, cette aspiration disparaît aussi et apparaît l’instinct, qui n’est rien d’autre que la perte de la connaissance de Dieu dans mon corps et la perte de la connaissance de moi-même dans mon propre corps parce que je me suis séparé de Dieu. De sorte que la perte de la connaissance de Dieu et l’impuissance sexuelle sponsale sont directement liées : si je perds la connaissance de cette vision de Dieu pour Lui-même jusque dans ma chair, je deviens impuissant, le centuple de la semence de la parole de Dieu dans la signification sponsale de mon corps masculin ne peut plus opérer.

Voilà pourquoi Dieu a fait sortir de l’homme une femme pour que la voyant il dise : « Voici l’os de mes os, la chair de ma chair », qu’il retrouve cette intériorité dans sa source.

La première chose que j’aurais personnellement beaucoup aimé que le Seigneur nous aide à faire dans ces méditations qui vont venir, c’est premièrement, essayer de proposer quelque chose qui fait que nous n’aurons plus peur d’être homme ou femme, sans tomber dans la grimace qui fait dire : « Après tout c’est naturel, alors allons-y ». Et non, ce serait acquiescer totalement à cette liberté honteuse qui fait que nous nous énervons, puisque nous ne maîtrisons pas le corps, et nous nous suicidons encore plus dans la signification sponsale de notre corps : c’est cela, le vice sexuel.

Il s’agit de ne pas avoir peur de nous retrouver entièrement présent dans la signification du don que Dieu nous a fait pour percevoir que nous sommes faits pour nous donner entièrement à un autre et pour recevoir en plénitude le don de l’autre, et à rentrer par le fait même dans une nouvelle perspective qui vient de la grâce : la communion des personnes, la présence, l’image, la ressemblance de la communion des Personnes telle que l'a voulu la Sagesse créatrice de Dieu.

Cela, je peux non seulement le dire, mais je peux aussi le vivre : après avoir fait oraison, après être rentré avec Jésus et avec le Corps mystique vivant entier de Jésus entier (Jérusalem spirituelle et Jérusalem céleste en un seul Corps), une fois que j’ai intégré ce mariage spirituel jusque dans l’intérieur de toutes les puissances de mon corps masculin ou féminin, que je me suis entièrement donné à cela et que j’ai entièrement ouvert par la puissance de Dieu les espaces pour accueillir tous les dons de la Jérusalem céleste elle-même en moi, du Christ total en moi, à ce moment-là oui, je crois qu’il y a une possibilité pour moi de me retrouver dans mon propre corps en plénitude.

Vous allez me dire que c’est quasiment impossible ! Mais je peux le faire aussi de manière plus simple. Je crois qu'il serait juste à cette fin de placer quelques petits jalons pour pouvoir vivre l’intégralité de ce que nous sommes comme centuple de capacité d’amour que ce que nous sommes aujourd'hui (où nous ne possédons pas encore pleinement la signification sponsale de notre corps). La prise de possession de la signification sponsale du corps est très importante pour que le don de la grâce du Christ, le don de la grâce de la création et le don de la grâce tout court (par exemple de l’Eucharistie) soit centuplé dans sa puissance de don et aussi en moi dans ma puissance d’accueil de ce don.
Percevoir au moins un peu où est la signification sponsale de mon corps masculin ou féminin, est donc probablement très important : Quel est le visage de ma masculinité de l’intérieur de cette masculinité, illuminée par la lumière qui la vivifie de l’intérieur pour la faire vivre dans un amour spirituel ?

Si je suis femme, comment puis-je au moins entrevoir de l’intérieur ce qui illumine de l’intérieur ce qui dans mon corps féminin fait que je suis capable de m’abandonner, de me livrer entièrement et d’être une puissance d’amour spirituel sans limite en me donnant.

Et pour la signification sponsale du corps, percevoir cette capacité qu’il a, en assurant la réciprocité du don dans l’accueil de l’autre, de produire cette présence du ciel à la terre et de la communion des Personnes d’avant la création du monde à cette unité sponsale mutuelle dans la communion des deux. Percevoir comment de l’intérieur le monde physique de mon corps masculin est capable d’avoir cette puissance. Le corps de l'homme en effet est récepteur, multiplicateur et diffuseur. Percevoir comment de l’intérieur cette masculinité devrait vivre, ou même vit (dans le mariage spirituel de l’oraison, le Saint Esprit agit en nous, et c’est bien la signification sponsale du corps, et non l’instinct, qui s’y met en branle). Une connaissance de nous-même à travers le corps va jaillir pour nous introduire pleinement dans la véritable communion des personnes. Il y a donc un lien entre l’oraison, le mariage spirituel, et la prise de possession de la signification sponsale de mon corps.

Je ne sais pas si je pourrai en dire plus. En tous cas, c’est très fort : nous devons beaucoup au Pape Karol de nous avoir ouvert cette porte-là.

Il a ouvert une deuxième porte en expliquant que le fait d'être homme ou femme, masculin et féminin, plus exactement époux et épouse, est le cœur de l’image et ressemblance de Dieu en nous.

Avant lui, les Pères de l’Eglise, Saint Augustin en premier, disaient que nous avons une âme spirituelle capable de contempler (lumière), capable d’aimer (feu), capable de vivre et de la lumière et de l’amour dans une seule hypostase (liberté), et que cette triple puissance réalise en l’homme l’image et ressemblance de Dieu ; parce que Dieu est procession de la lumière, procession de l’amour, et l’unique liberté de Dieu intime qui unit la procession de la lumière et de l’amour dans une seule hypostase, dans une seule nature : il y a un seul Dieu, et la procession du Verbe dans le Père (lumière), la procession du Saint Esprit dans l’unité du Père et du Fils, dans une seule unité de liberté, de perfection et de simplicité : voilà la liberté de Dieu. Et nous, nous avons cette capacité de lumière (contemplation), cette capacité d’amour (feu) et cette liberté ontologique qui permet d’unir la lumière et l’amour en une seule hypostase en notre personne.

En 1980, le Pape Karol dit que l’image ressemblance de Dieu dans le Livre de la Genèse est désignée comme étant encore plus présente dans la signification sponsale du corps. Il ne suffit plus, pour être image ressemblance de Dieu, d’être contemplatif, d’aimer de manière pure et de se livrer librement à cet amour dans la grâce : il faut que ce soit dans la communion des personnes. Mais pour que ce soit dans la communion des personnes, il faut que le corps soit intégré. Or, le corps ne participe à la communion des personnes qu’à travers la signification sponsale du corps. Dans cette lumière, nous sommes donc ou époux, ou épouse. Dans cet amour, nous sommes ou époux, ou épouse. Dans l’unité de cette lumière et de cet amour éternel dans l’incarnation de notre don personnel, nous sommes ou époux ou épouse.

Là, quand nous sommes homme ou femme, masculin ou féminin, nous sommes donc époux ou épouse, époux et épouse, et de ce point de vue-là nous sommes ressemblants à Dieu parce que Dieu est Epoux, Dieu est Epouse, et c’est l’unité de l’Epoux et de l’Epouse, la communion des deux, qui fait la communion des Personnes en Dieu et qui explique qui est le Saint Esprit, qui est l’unité sponsale de l’Epoux et de l’Epouse.

Le Pape Karol n’est pas allé jusqu’à dire formellement que le Père, première Personne de la Très Sainte Trinité, est l’Epoux ; que l’Epouse, avant la création du monde, est le Fils unique de Dieu ; et l’unité sponsale de l’Epoux et de l’Epouse, de ces deux premières Personnes de la Très Sainte Trinité, est la spiration, le don personnel et substantiel qui est l’Esprit Saint. Il n’a pas prononcé cette phrase-là, mais il a prononcé la phrase qui veut dire la même chose, à savoir : si nous sommes époux et épouse dans la signification sponsale du corps, c’est cela qui fait que nous sommes image ressemblance de Dieu dans une analogie ontologique plus parfaite que l’analogie classique qui disait : nous sommes contemplation, amour et liberté du Don unifiant la lumière et l’amour dans cette unique contemplation amoureuse.

Si nous sommes contemplation, amour et unité substantielle de cet amour et de cette lumière, l’ange l’est aussi, et donc nous ne voyons pas la différence entre l’image ressemblance de Dieu dans l’ange et l’image ressemblance de Dieu dans l’homme. Le Pape Karol explique donc que l’homme est plus que l’ange, que Jésus est plus que l’ange (pas seulement parce qu’Il est Dieu.) ; Marie est plus que l’ange, parce qu’elle porte la signification sponsale d’un corps féminin : elle est épouse, et donc elle réalise une image ressemblance de Dieu qui est beaucoup plus parfaite que l’ange. Quand nous sommes époux et épouse, notre existence s’inscrit dans une signification sponsale comme le Père et le Fils qui inscrivent leur existence personnelle dans une signification sponsale : ils s’épousent mutuellement, ils disparaissent l’un dans l’autre pour ne voir que la lumière de ce feu qui flambe tout dans la nature divine, dans la liberté et la spiration : l’Esprit Saint.

C’est la signification sponsale masculine et féminine qui inscrit cela en nous. Voilà ce que l’ange n’a pas. Voilà peut-être pourquoi l’attaque la plus vive de Lucifer sur l’homme porte sur le détournement de la signification sponsale du corps masculin et féminin. C’est là-dessus qu’il crache le plus fort, nous le savons bien. Dès qu’il sent la grâce venir. une effusion d’adultère dans l’esprit, dans le corps, il se précipite pour l’accentuer. Nous le voyons bien dans le monde, et nous le savons bien aussi nous-mêmes.

Donc le deuxième point proposé par le Pape Karol dit que le fait que nous soyons masculin ou féminin jette une très vive lumière non seulement sur nous-mêmes, sur notre manière de vivre en tant que personnes dans la communion avec les autres, mais aussi jette une très vive lumière sur le mystère de la Très Sainte Trinité. Comment comprendre que la deuxième Personne, le Fils, le Verbe de Dieu qui est Epouse, soit l’admiration de la première d’où Elle émane de l’intérieur comme Eve pour Adam, et se reçoive entièrement de Lui de l’intérieur de Sa source, comme l’épouse vis à vis de l’époux ? Cela jette une très forte lumière sur la manière dont se réalise l’unité d’amour des deux premières Personnes de la Très Sainte Trinité pour produire ce bombardement incréé de la Spiration.

Le troisième point sur lequel il faudrait également insister : la question du mariage. Une fois que vous avez ceci, une fois que vous avez cela : une fois que vous avez la Très Sainte Trinité, une fois que vous avez la signification sponsale du corps, comment les deux vont-ils se rejoindre d’une manière parfaite en nous à travers le sacrement de mariage ?
Le sacrement de mariage va pouvoir nous obtenir la présence réelle de l’unité des deux, donc de l’expérience vivante de la signification sponsale du corps dans l’unité des personnes sur le plan humain, spirituel et surnaturel, en même temps que la présence vivante surnaturelle, du don des Personnes dans la communion mutuelle de la Très Sainte Trinité à l’intérieur même de notre propre sacrement, de manière à réunir le ciel et la terre dans la communion des personnes et la signification sponsale, à la fois incréée (c’est-à-dire non créée éternelle), et créée dans le sacrement de mariage. Ce qui fait l’unité des deux vient du Christ, de la présence réelle de Jésus qui s’unit en se livrant totalement à elle à la Jérusalem céleste. Et de la Jérusalem céleste, ou plus exactement le Corps vivant glorieux entier de Jésus se donnant entièrement à la source de sa résurrection en Son Union hypostatique de Christ glorifié comme à son époux, réalisant ainsi les portes d’ouverture du sacrement de mariage.

Le Pape Karol n’a pas explicité cette troisième partie, mais j’aimerais l’expliciter aussi, en proposant : voilà, nous ne pouvons pas accéder à ce sommet-là directement. donc nous pourrons suggérer des échelons pour y accéder petit à petit à travers le sacrement de mariage : 1e degré de l’union transformante du sacrement de mariage, 2e degré de la transformation de la communion des deux dans le sacrement de mariage, 3e degré. : les sept demeures de la transformation de la communion des personnes dans l’échange et l’accueil du don en présence réelle du sacrement.

A titre indicatif, nous pouvons suivre comme schème toute la messe :

  1. « Au nom du Père » : nous mettons notre communion sponsale de mariage en présence de la Très Sainte Trinité.
  2. Nous lisons ensuite la Parole de Dieu ; nous chantons les psaumes dans l’admiration ; nous recevons le Saint Evangile en nous mettant en présence du Messie, du Verbe qui parle à toute la création, à toute l’humanité pour la sauver, l’intégrer dans cette grâce de rédemption.
  3. Nous nous offrons avec Lui dans l’offrande de l’offertoire, offertoire où Jésus et l’Eglise s’offrent mutuellement à Dieu le Père.
  4. Nous nous laissons transformer avec Lui au canon où se réalise la prise de ce que nous offrons dans notre communion mutuelle pour transformer cette communion mutuelle dans la présence vivante réelle totale substantielle de cette communion.
  5. Puis nous laissons agir dans la surabondance de l'opération divine : la perfection que nous avons essayé de donner est rendue des milliards de fois plus parfaite dans la transsubstantiation ; la communion complète divinement ce qui nous manque en nos imperfections chrétiennes et humaines, pour la plus grande gloire de Dieu et pour la bénédiction de toute l'humanité en soif d'Amour.

samedi 8 octobre

Jésus nous dit que « dans l’éternité de Dieu, il n’y a ni homme ni femme »

Nous en avions déjà parlé longuement en 1992 dans une série d’explications et de méditations d’un livret que nous avons baptisé : « Sponsalité, jalons », somme extraordinaire que tout le monde, à son grand bénéfice, trouvera avantage à approfondir ! Il est certain que les explications qui concernent la différence entre un petit garçon et une petite fille, entre l'homme et la femme, que nous appelons "différenciation sexuelle” relève du plus grand intérêt pour chacun d'entre nous !
« Pourquoi, Johan, n’es-tu pas une petite fille ? Aurais-tu aimé ? Et toi Félicitée, aurais-tu aimé être un petit garçon ? Non ? Tu aurais aimé toi, Eva, être un petit garçon ? Personne ne te regarderait ! Tu préfères, toi aussi, être une petite fille. Et la Sainte Vierge, quand elle avait ton âge, aurait-elle préféré être un petit garçon ? Non ! L’un est-il pourtant mieux que l’autre ? Peut-être ! C'est ce que nous voulons comprendre »
Dans l’histoire des hommes, Dieu sait qu’il y a eu des médecins, des philosophes, des théologiens, des révélations divines, mais sur cette question-là, un grand silence s’est imposé pendant des millénaires. Nous n'en avons pas parlé : pourquoi ? Pourtant, cette question n’est-elle pas profondément enracinée en nous, tellement fondamentale pour chacun de nous ? Et en même temps aussi, dès que nous voulons la regarder en face, elle fait remonter en nous des zones troubles à cause de la concupiscence. C’est vrai, le petit garçon et la petite fille ne fonctionnent plus, ils sont comme une horloge déréglée. Dès lors que nous voudrions réparer tout cela, nous avons peur parce que nous avons l’impression qu’en redémontant le mécanisme, nous allons tout casser tout à fait..
Par nos propres forces, nous ne maîtrisons pas la concupiscence. Il est notable que nous portons au-dedans de nous un complexe très particulier dès que nous sommes face à la nudité. Dans l’état de concupiscence dans lequel nous sommes aujourd’hui, si nous sommes confrontés à une certaine nudité sans préparation, une montée de honte, une montée de pudeur et une distance se produisent aussitôt ; et elles sont normales, parce que nous avons une mémoire très profonde de ce que nous sommes, inscrits dans cette différenciation masculin-féminin, et toujours présente à nous du point de vue de la visibilité, et en même temps nous avons une très profonde mémoire de ce que c’est lorsque tout est illuminé, lorsque tout est dans l’innocence, lorsque tout est sans perturbation, lorsque tout est immaculé, lorsque tout est divin dans l’incarnation de notre corps. Nous en avons la mémoire, mais nous sommes passés de l’autre côté du chemin. Comme ces sauteurs à la perche, nous nous sommes servi pour passer de l’autre côté d’un bras de levier : l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Nous sommes passés du côté de la connaissance du bien et du mal, nous nous sommes servis de la désobéissance, nous nous sommes laissés porter par la destruction de la liberté originelle du don de soi en Dieu, avec la puissance de Dieu à travers notre corps : et voici que désormais, nous ne pouvons plus retraverser la rive.
Alors nous avons honte, et cette honte est normale. Nous faisons la différence entre la honte et la culpabilité. Le sentiment de culpabilité rend agressif, tandis que le sentiment de honte rend pudique, il met une distance.
A cause de cela, un deuxième phénomène, constant depuis des milliers d’années : nous ne parlons pas de cette question parce que dès que nous essayons de la soulever, sur les plans physique et spirituel, en même temps se soulèvent en nous certains éveils correspondants à une concupiscence qui n’est elle-même pas tout à fait réglée. Sur le plan psychologique, dans une thérapie psychique, psychologique, nous pouvons enlever un sentiment de honte ou un sentiment de culpabilité, ou plus exactement les refouler par-delà l’appel profond de notre corps, et en-deçà de l’esprit, ce qui dérègle définitivement la signification sponsale et la vocation de celui qui n’est plus perturbé par sa "thérapie analytique" : il n’éprouve sans doute plus de problème de conscience avec le "ça", comme disent le psychanalystes, mais il perd en même temps et complètement, il faut bien l'avouer, cette liberté originelle dans l’ordre du don : il admet pour lui-même de s’accommoder d’une liberté déchue dans l’ordre du don.
Il n’y a pas de thérapie psychologique de la névrose sponsale blessée. Dès que nous parlons de cela sur un plan philosophique, spirituel, ou sur un plan de sagesse incarnée, de sagesse lumineuse : comment Dieu fait et vit Lui- même à travers notre don s’exprimant à travers un corps différencié, quand nous commençons à rentrer dans cette grande révélation, cette grande grâce et cette immense lumière, à ce moment-là quelque chose se soulève, et qui fait peur. Nous avons déjà parlé de ce phénomène la dernière fois.
La dimension de solitude
Quand nous posons la question à un enfant : « Préfèrerais-tu être un petit garçon ? ou une petite fille ? », nous nous adressons tout de suite à quelqu’un qui est seul. Il est unique au monde parce qu’il est un petit garçon ; elle est unique au monde parce qu’elle est une petite fille : dès que je suis masculin ou féminin, aussitôt je suis unique au monde, le monde entier est pour moi, la création toute entière est à moi.
Tu ne lui demandes pas : « Préfèrerais-tu être un écureuil, ou un ange ? » (quelquefois les enfants répondront oui), mais : « Préfèrerais-tu être un petit garçon ? », et elle te répondra : « Non, je préfère être une petite fille ». La différenciation sexuelle nous origine véritablement à l’acte créateur de Dieu qui a créé l’homme à l’image et ressemblance de Dieu pour récapituler l’univers en Dieu. Nous avions vu la dernière fois que si nous n’étions ni féminin ni masculin, nous n’aurions pas cette attraction, cette capacité de puissance métaphysique à travers le corps différencié de récapituler, rayonner, recevoir en don l’univers tout entier pour découvrir cette solitude profonde qui structure notre cœur.
C’est la solitude qui structure profondément le cœur masculin, c’est la solitude qui structure profondément le cœur féminin.
Si nous sommes pleinement masculin ou pleinement féminin, alors nous sommes vraiment au cœur du monde (voilà pour la femme), et nous sommes vraiment le centre du monde (voilà pour l’homme), et les deux sont créés par Dieu ensemble, ils ne sont pas deux, ils sont un. Le centre du monde et le cœur du monde, c’est Dieu, mais Dieu a voulu en créant le monde que ce soit également avec Lui l’homme et la femme. Si tu es le centre du monde, il faut aussi que tu sois le cœur du monde, et si tu es le cœur du monde il faut que tu en sois aussi le centre, c’est pour cela qu’à l’origine les deux sont un.
Une fois que par la prière, je suis allé au-delà de ma manière psychologique, psychique d’être présent au monde, d’être présent aux gens, d’être présent à ceux qui m’entourent, d’être présent à l’univers, à la nature, avec la grâce de Dieu bien-sûr (puisque c’est bien cette présence de Dieu qui imbibe, imprègne totalement toutes les cellules de mon corps masculin, toute ma masculinité, quand ma féminité se laisse envahir totalement par Dieu, quand la lumière divine incréée actuellement créatrice envahit le corps de l'homme, la signification sponsale de mon corps masculin), quand du coup avec cette exigence d’être et de vivre ce que je suis, profondément, dans l’origine et dans l’actualité dans l’instant présent, si j’accepte de vivre cela dans la durée, si je passe trois jours, jour et nuit, seul dans la nature seul avec cela, forcément, les scories vont sortir. Ce n’est pas parce que j’ai des angoisses, ce n’est pas parce que j’ai peur du danger, ce n’est pas parce que j’ai peur des démons, ce n’est pas parce que j’ai peur d’être agressé par un bruit, mais parce que je n’ai encore découvert le centre de mon cœur. Découvrir le centre de mon cœur me met dans la crainte : c’est tellement grand, la masculinité, la féminité ! Mais une fois que j’ai passé ces trois jours, que ces peurs et cette honte de ne pas être ce que je suis dans l’ordinaire de ma vie et qui s’exprime sous forme d’angoisse disparaissent, et que j’ai découvert la solitude vivante habitée de moi-même, grâce à Dieu, grâce à la présence de Dieu qui est en ce moment en train de créer et qui m’envahit tout en créant tout ce qui existe et en faisant de moi le centre pour ainsi dire de Sa Présence créatrice, une fois que j’ai découvert cela, une fois que je vis avec cela, alors je prends avec moi, je respire, j’assume cette solitude profonde, divine, innocente et libre.
C’est la première exigence de la découverte de la signification sponsale de mon corps, si je suis femme ou homme. Je ne découvre pas ma masculinité ou ma féminité en vivant une certaine promiscuité, dans le miroir de l’autre. Au contraire, à cause de cette nature déchue, cette promiscuité va accentuer le mystère de la honte qui va aller de plus en plus loin de l’autre côté des sources du paradis de l’homme et de la femme. Mais une fois que j’ai découvert la signification profonde de la masculinité de mon corps comme Dieu la désire, à travers mon corps tandis qu’Il crée tout ce qui existe en ma présence, en devenant le cœur avec Lui de toute la création, en devenant le centre, le roi de la toute la création, à ce moment-là je peux découvrir la signification sponsale de la solitude profonde et vivante de quelqu’un d’autre qui est donné par Dieu à mon cœur comme ma moitié sponsale, comme un complément, comme une aide, pour qu’il soit possible à la plénitude intérieure de Dieu de venir commencer à m’envahir, à agir : la grâce va me relever dans mon identité différenciée. Alors, par surcroît, une unité humaine va être possible dans la communion des personnes.
Dans la nature déchue l’unité est une unité honteuse, une unité qui ne satisfait jamais, et pourtant nous la ressentons en nous comme un désir insatiable ou comme une force instinctive irrépressible. Nous sommes très prudents avec cela, nous savons qu’il y a une bombe qui peut tout détruire, et nous savons qu’elle est mal réglée. C’est pour cela que nous n’en parlons pas, comme cela elle n’explosera pas !
Or c’est précisément ce sur quoi le Pape Karol a proposé de soulever le voile, parce que nous rentrons dans les grands combats eschatologiques, et c’est l’univers entier qui est mis en danger par l’homme, ce n’est pas seulement un pays ou une catégorie d’handicapés, de minoritaires ou de pauvres. Comme l’univers entier est mis en danger par l’homme, il faut véritablement soulever le voile de la signification sponsale du corps pour la rédemption de l’ensemble de l’univers. L’homme doit prendre possession de ce pour quoi il a été créé en servant son Créateur. Désormais il doit être pleinement homme ou femme, mais comme il ne peut pas devenir ce qu’il ne voit pas, ce qu’il ne comprend pas, il faut ouvrir le dévoilement et la révélation de ce mystère qui ne doit plus demeurer caché à nos yeux.

La mise en place de la signification sponsale du corps quand vous aimez quelqu ’un

Vous pouvez bien-sûr aimer Jésus.
Pour les chrétiens, découvrir que Jésus est le Cœur de toute la création et qu’Il est pleinement homme n’est pas compliqué.
Vous pouvez aimer l’Epouse glorifiée de la Jérusalem céleste.
Marie dans son corps, dans toute sa vie, a tellement été habitée par Jésus, et Jésus a tellement habité en elle, que quand elle a été assumée au Ciel, elle a eu une grandeur bien plus grande que la création, puisque son corps féminin a épousé la grandeur du corps ressuscité du Christ qui est beaucoup plus grande en vastitude, en dimension, en poids, que la création toute entière : la résurrection de Jésus dans l’Anastase dépasse largement (en kilomètres) toute la création. Quand Marie a été assumée, elle est restée évidemment pleinement féminine, quand Marie fut dévoilée en son assomption, la Jérusalem céleste a commencé sa plénitude, toute glorifiée. Elle récapitule en Elle une visibilité glorieuse beaucoup plus vaste que l’univers lui-même glorifié, parce que l’univers glorifié est destiné à s'intégrer entièrement en Marie : elle en est l’enveloppant. Vous pouvez aimer Marie, la femme toute glorieuse, toute victorieuse d’amour, toute dégoulinante de lumière et d’amour qui est l’expression de la surabondance du rayonnement de l’homme, et qui nous est donnée par Dieu.
Il y a une interrelation entre le Ciel et la terre grâce à la masculinité et la féminité.
C’est pour cela qu’il ne faut pas être refoulé dans la signification sponsale de son corps masculin ou féminin.
Il faut être chaste, c’est vrai, parce que la vie de celui qui n’est pas chaste risque fort de connaître la destruction. Il faut donc découvrir dans la solitude profonde de son corps masculin, de son corps féminin, cette virginité intérieure qui se conquiert par une chasteté remplie de l’amour de Dieu, m’autorisant à découvrir ce qu’est l’union, la communion des corps dans la communion des personnes pour l’expression totale de la liberté originelle du don avec la puissance de la grâce. Il faut retrouver cela, et c’est ce que le Pape Karol demande aux fils de Dieu et aux fils de la femme qui sont sur la terre : mettre maintenant en place la signification sponsale du corps est l’enjeu des temps derniers.
« L’Esprit et l’Epouse disent : Viens ».
Avec le Saint Esprit et avec l’Eglise, avec toutes les puissances de la grâce et de la gloire de Jésus, nous devons dire : « Viens » à la signification sponsale du corps, nous devons dire : « Viens » à notre féminité, à notre masculinité, parce que le Père s’exprime de cette manière-là dans notre corps, en nous créant à son image et à sa ressemblance.
Dès que par un miracle, car Jésus nous y aide beaucoup, nous aurons découvert cette solitude profonde, habitée, jubilante, insatiable, dans l’esprit de virginité, nous découvrirons à ce moment-là cette force, cette puissance du corps lorsque Dieu nous prend en main et que nous prenons en main Dieu Lui-même. Une fois capables de découvrir la signification profonde d’une solitude profonde et habitée dans l’autre et d’incarner cette communion des personnes ensemble pour disparaître dans l’unité des deux, nous découvrons comment notre féminité et notre masculinité est créée par Dieu pour se nourrir dans une liqueur délicieuse, et s’écouler délicieusement corps, âme, esprit et grâce dans cette unité qui dépasse et la masculinité et la féminité, et où en même temps la masculinité et la féminité ne font que s’épanouir ensemble dans ce pour quoi ils ont été créés. Nous découvrons alors la signification sponsale du corps masculin et la signification sponsale du corps féminin dans l’unité des deux.
La signification sponsale de l’unité dans le Livre de la Genèse
Nous pouvons le dire avec des mots, mais j’aurais voulu proposer des exercices pour retrouver le centre de gravité de la puissance sponsale du corps (puisque nous l’avons déplacé). Pour cela il faut nous aider de la Vérité et la contempler, comme le propose le Pape Karol. Cette vérité vient de la Révélation : Jésus a révélé et enseigné à Moïse comment tout a été créé dans les chapitres 1, 2 et 3 du Livre de la Genèse. Nous recevons l’enseignement de Jésus, du Messie, lorsqu’Il parle à l’entrée de la tente de réunion dans les montagnes du Sinaï, donnant les tout premiers versets de la Torah que nous allons lire et contempler.

En même temps, Jésus ne cesse de s’exprimer à ceux en qui Il a réveillé la signification sponsale du corps féminin et du corps masculin, pour leur montrer de l’intérieur, et aussi sous forme d’images, ce qui se passait alors dans le Jardin véritable de l'homme et de la femme.
Pour cela, j’aime beaucoup ce qu’en dit pour nous sainte Hildegarde, parlant des énergies de l’homme et de la manière dont la femme recèle les énergies de l’homme pour les exprimer. Mais aujourd’hui je voudrais lire quelques petits passage de ce que nous dit de l’origine Anne-Catherine Emmerick, puisque depuis 2004 elle a été béatifiée par le Pape Karol. Cette lecture nous facilitera beaucoup la découverte qui nous intéresse.

Avis à ceux qui croient que l’homme descend du singe : pour eux la question est réglée, ils peuvent continuer dans la débauche. Permettez que je ne rentre pas ici dans les discussions scientifiques : c’est Dieu qui a créé l’homme, directement. Evidemment, il est déculpabilisant de croire que nous avons été créés par le singe directement. Si les hommes pensent qu’ils descendent directement du singe, c’est qu’ils sont pires que lui : le singe, lui, ignore la déchéance originelle de l'homme.
Revenons à un peu plus de fraîcheur et allons découvrir l’extraordinaire zoo d’Anne-Catherine Emmerick : « J’ai vu qu’Adam fut créé non pas au Paradis, mais à l’emplacement où devait par la suite s’élever Jérusalem [le centre]. Je l’ai vu sortir, éclatant et blanc, d’une colline de terre jaune, comme s’il sortait d’un moule. Le soleil brillait et je pensais, parce qu’alors que je voyais cela j’étais encore une enfant, que c’est le jour qui avait fait sortir Adam de la colline. Il était né d’une terre vierge. Dieu bénit la terre vierge pour que cette terre vierge devienne sa mère. Il ne sortit pas d’un seul coup de cette terre, il fallut quelques moments encore avant qu’il ne puisse apparaître. Il était dans la colline, allongé sur le côté gauche, le bras replié sur la tête, avec une légère gloire qui le recouvrait comme d’une gaze. Et je vis une forme dans son côté droit, et je compris que c’était Eve qui fut tirée de lui par Dieu, au Paradis.

Non pas là, au futur emplacement de Jérusalem, de la mort et de la résurrection du Messie, mais au Paradis. Vous n’êtes pas obligés d’y croire, mais, je le lis quand même. Ecartons et laissons tranquilles toutes les objections d’angoisse par rapport au monde positiviste, évolutionniste, et écoutons cette petite fille béatifiée (moi, je ne suis pas béatifié, et mon professeur d’université n’est pas béatifié non plus) :

« Dieu l’appela, et c’est au moment où Dieu l’appela que la colline commençait à s’ouvrir, cette terre vierge toute jaune, toute lumineuse, et Adam en sortit peu à peu. Là, il n’y avait pas d’arbre, seulement des fleurs toutes petites. Et j’avais vu également une autre fois les animaux sortir comme cela, par la parole de Dieu de la terre, un par espèce, comme si les femelles s’en détachaient.
J’ai vu ensuite Adam emporté loin de là, dans un jardin situé très haut sur la terre, dans le Paradis. Et Dieu conduisit les animaux devant Adam au Paradis et Adam leur donna un nom ; et ils le suivirent, et ils jouaient autour de lui. Tout était soumis à Adam avant qu’il n’ait péché. Et Eve n’avait pas encore été sortie de lui. Tous les animaux auxquels il avait donné un nom [avec Eve au dedans de lui] le suivirent plus tard sur la terre.


Et voilà comment je voyais Adam dans le Paradis : il n’était pas loin de la source qui était dans le jardin, il semblait sortir comme d’un sommeil parmi les fleurs et les plantes. Il était auréolé d’une lueur blanche, mais son corps était vraiment plus proche de la chair vivante que de l’esprit. Rien ne l’étonnait, il ne s’étonnait pas de lui-même, il se promenait parmi les arbres comme s’il était habitué à tout, comme quelqu’un qui inspecte ce qu’il connaît depuis toujours ».

C’est Jésus qui l’habite. Il a la grâce originelle, il est porteur du Principe du Bereshit : le Bereshit a été introduit en lui comme une bénédiction et de cette bénédiction sort la femme. Il a donc la science infuse, c’est-à-dire qu’il sait, il connaît de l’intérieur toute substance. C’est pourquoi il humanise toute chose en lui donnant un nom, puisque toute chose doit être humanisée dans la signification sponsale de la puissance de l’homme. De cette bénédiction de puissance sponsale en germe, il est important qu’il donne un nom à toute chose.

« Je voyais Adam allongé près de l’eau sous un arbre, le bras gauche replié sous la joue... Je vis Dieu faire tomber le sommeil sur lui et Adam fut emporté en extase. Tandis qu’il était en extase, Dieu tira Eve du côté droit d’Adam. Il fit cela à l’endroit même où Jésus fut plus tard percé par la lance. Je vis Eve fine, toute petite ; elle devint rapidement plus grande ».

Ce passage de Jérusalem au Paradis, du Paradis à Jérusalem est extraordinaire. Adam est tiré d’une terre vierge, d’une mère vivante, et il est emporté au Paradis. C’est là que se prépare la torpeur, et dans cette torpeur au Paradis, il est emporté dans la torpeur du Christ à Jérusalem : son extase l’emporte dans le lieu où Jésus ouvre son cœur pour donner l’Esprit Saint. Il a la science infuse, il connaît toute chose, et dans l’extase il voit et il sort du Christ. Le Cœur du Messie s’ouvre comme Dieu dans la terre, le cœur du Verbe de Dieu s’ouvre, comme la transverbération de Marie, et c’est de cette ouverture que sort Adam, c’est de cette ouverture que sort Eve. En même temps, c’est à l’intérieur d’une extase, d’une tardémah comme le dit la Bible, d’une torpeur, d’un ravissement. Ils sont ravis dans l’immense source du Principe, du Bereshit, de la bénédiction qu’ils portent physiquement dans l’unité des deux et qui est là.

Quand je dis Adam, quand je dis Eve, c’est vous, et moi aussi, par participation. Si je fais partie d’Adam, si je fais partie d’Eve, je deviens beaucoup plus vrai, en réalité, du point de vue du corps, du point de vue spirituel, du point de vue métaphysique, du point de vue de la vérité, du point de vue de la conscience : de tous les points de vue sauf du point de vue psychologique (du "ressenti"). Avec la kinésiologie ou la sophrologie, vous ne trouverez pas cela, c’est sûr, ça vous échappera complètement. Mais avec la grâce, oui. Une des constantes des affirmations des Pères de l’Eglise, des apôtres, reviendra à dire que nous sommes corporellement présents par propagation à ce que vit Adam, à ce que sont Adam et Eve dans l’innocence originelle.
Nous pouvons le contempler, parce que quand nous contemplons quelque chose, nous nous redécouvrons dans une vérité originelle. Et ne nous inquiétons pas, le Seigneur fera en sorte que nous ne fassions pas des interprétations idiotes, du genre : « Adam, c’est moi.. Ou Adam c'est nous tous », bien sûr !
La signification, ou si vous préférez le mécanisme de mon cœur lié au corps, à la grâce et à ma connaissance des choses, appartient plus à ce que vit Adam qu’à ce que je vis psychologiquement dans une nature déchue.

Il est très important de comprendre cela, et c’est ce que le Pape Karol dit sans arrêt : je dois retrouver l’innocence originelle de la liberté du don, et dans la mesure où je ne le retrouve pas complètement, je prends le Christ comme Rédempteur. Je me situe donc avec deux sources pour me retrouver dans la signification sponsale du corps : je me retrouve moi-même dans la liberté originelle du don tel que Dieu m’a créé en Adam et Eve, et en même temps, pour tout ce que je n’arrive pas à faire, à vivre, à mettre en place, à incorporer, à incarner, je prends le Christ, je prends Jésus, je prends Marie, je prends la grâce, je prends le fruit des sacrements, je prends le Ciel ressuscité, l’Assomption, pour ne pas rester dans une nature déchue et ne pas obéir aux lois de la concupiscence, parce que je choisis de ne pas persévérer dans la déchéance : je choisis de vivre de la victoire de l’amour sur tout et de ma mission.

« Alors Dieu tira Eve du côté droit d’Adam à l’endroit où Jésus fut plus tard transpercé par la lance »

Ce n’est pas l’Ancien Testament qui va nous proposer de retrouver la signification sponsale du corps : il fallait d’abord que Jésus et Marie aient été transverbérés, et que Marie soit arrivée à l’Assomption pour que ce visage soit possible dans notre terre terrestre, et cette efficacité effective sur le plan du corps, de l’âme et de l’esprit, de Jésus et de Marie se sont ouverts pour nous dans la Jérusalem nouvelle. Sinon le miracle de la mise en place surnaturelle et physique de la signification sponsale du corps ne serait pas possible ; jusqu'à l'ouverture par le pouvoir des clés de l'Eglise par la proclamation du dogme sur l’Assomption.

« Je vis Eve fine, toute petite, devenir rapidement plus grande jusqu’à atteindre sa taille définitive et être parfaitement belle. Sans le péché originel, tous les hommes seraient ainsi nés au cours d’un doux sommeil de torpeur »

C’est extraordinaire et parfaitement exact : l’enseignement de Moïse et des Pères de l’Eglise dit qu’effectivement s’il n’y avait pas eu de péché originel, nous aurions tous été originés dans le Bereshit de la création du monde dans lequel l’unité sponsale de notre père et de notre mère se serait introduite par tardémah, par torpeur, par surnaturelle extase, ravissement, incorporation. Du reste, nous avons été conçus comme cela. Ce que Jésus, ce que l’Esprit Saint, ce que l’ange enseigne à Anne-Catherine Emmerick quand elle est petite fille, est que non seulement la conception, mais la naissance aussi, se seraient passées comme cela. Nous ne sommes pas complètement loin de tout cela, puisque nous avons été conçus dans la torpeur d’une unité sponsale dont nos parents n’ont même pas eu conscience : Dieu l’a prise pour l’établir dans son Principe. Quelque part, nous avons été conçus du cœur de Jésus et de Marie, neuf mois avant la naissance.

« La colline se fendit en deux et je vis apparaître, du côté d’Adam, un roc comme composé de cristaux de pierres précieuses, et du côté d’Eve une vallée toute blanche, toute immaculée, comme recouverte de petits fruits blancs et fins comme du froment.
Lorsqu’Eve fut formée, je vis que Dieu donnait, ou plutôt répandait, quelque chose sur Adam. C’était comme si du front, de la bouche, de la poitrine et des mains de Dieu, qui apparaissait sous forme humaine, s’écoulaient et émanaient des torrents de lumière qui se réunissaient en un globe éclatant, et ce globe entra dans le côté droit d’Adam, d’où Eve avait été tirée. Seulement Adam reçut ceci : c’était le germe de la bénédiction de Dieu. Dans cette bénédiction, il y avait une trinité ».

Une triple présence de personnes, les trois Bara, les trois présences de la création de Dieu : de l’homme, de la femme et de l’unité des deux réalisant une nouvelle création.

« La bénédiction qu’Abraham reçut de l’ange était identique, apparaissant sous la même forme, mais elle n’était pas aussi lumineuse que celle d’Adam.
Eve se tenait radieuse devant Adam et Adam lui tendit la main. Ils étaient comme deux enfants, indiciblement beaux et nobles. Ils étaient tout brillants, revêtus de rayons comme d’une gaze ».

Ils étaient tout glorieux : il y avait une subtilité, une agilité, une luminosité, une impassibilité.

« Je voyais un large flot de lumière sortir de la bouche d’Adam, et sur son front une auréole de majesté. Autour de sa bouche était comme un soleil de rayons. Je vis leur cœur exactement comme celui des hommes d’aujourd’hui, mais des rayons enveloppaient leur poitrine [comme une chaleur rayonnante et lumineuse de Dieu qui était en eux], et au milieu du cœur de chacun je voyais une auréole brillante [la sainteté] dans laquelle se tenait une petite figure qui semblait serrer quelque chose dans sa main [le Saint Esprit qui tenait en sa main l’unité des deux] ; je pense que cela représentait la troisième Personne de la divinité [bien-sûr]. De leurs mains et de leurs pieds je voyais aussi jaillir des rayons lumineux. Leurs cheveux retombaient sur la tête en mèches lumineuses.
Adam tendit la main à Eve ; ils quittèrent le lieu de la création d’Eve pour aller se promener au Paradis, contemplant tout avec bonheur. Ce lieu de la création d’Eve était le plus élevé du Paradis, tout y était splendeur, lumière, plus que partout ailleurs ».

C’est le retour. Le Principe de la création est Jérusalem, et le lieu de la création où la torpeur est possible est le Paradis.

Je vous lis cela parce que nous ne pouvons pas séparer la différenciation homme-femme du Principe de la création. Nous ne pouvons pas nous séparer de la création véritable de l’homme et de la femme. Je ne peux pas saisir du dedans la signification sponsale de mon corps masculin si je ne la saisis pas comme étant originée dans le Principe. Et le Principe est le premier mot de la Bible : Bereshit Bara Elohim : dans le Principe Dieu créa. Et Moïse explique la très grande richesse qu’il y a dans le Principe, le Bereshit. Nous sommes toujours réinstallés dans ce Bereshit pour être créés, et nous ne pouvons pas séparer la signification sponsale de notre corps de cette création du monde, comme nous l’avions vu la dernière fois.

Si je découvre la signification profonde de mon corps féminin, si je découvre que je suis pleinement femme, je découvre en même temps que Dieu est en train de tout créer et que je suis face au monde, que je traverse le monde entier pour être en Dieu, et qu’en Dieu et dans le monde que j’ai entièrement traversé, séduit, je suis abandonnée. Cet abandon typiquement féminin et en même temps divin, permet à la création d’être entièrement abandonnée et donnée à celui que j’aime.

La signification sponsale du corps masculin ne peut pas être vécue tant que je n’ai pas incarné, incorporé, je pourrais presque dire ressenti (bien que je n’aime pas ce mot d’habitude) à quel point, quand je laisse la liberté à Dieu de me réintroduire par torpeur, par extase, par ravissement dans le centre de gravité qui est le mien, Il me réintroduit dans l’acte créateur qui est le Sien et qui fait de moi le centre, le cœur, le roi de l’univers, et celui d’où sort cette solitude profonde de la femme que je peux alors recevoir. La différenciation sexuelle est inséparable de l’adoration du Créateur. A ce moment-là je peux assumer la solitude profonde du cœur de l’autre, je peux assumer la solitude profonde de mon cœur dans la solitude profonde du cœur de l’autre, et assumant ces deux solitudes, une unité commence à apparaître. Mais je ne peux pas vivre de cette assomption (les mots sont très forts) de la solitude profonde du cœur de l’autre sans être entièrement reformé, ré-illuminé, ré-animé, ré-imbibé, ré-imprégné, revivifié par la Rédemption du Christ dans mon corps masculin, dans mon corps féminin.

Cette lecture nous montre cette bénédiction de Dieu, ce germe qui est présent, et je porte ma moitié sponsale avant de l’aimer, je la porte et elle émane de moi ; et elle ne peut apparaître dans la féminité de son corps, de même que je ne peux voir apparaître la masculinité de mon corps, que si je comprends que j’ai été créé dans l’unité des deux avant d’être moi-même singulièrement différent ou face à ma moitié sponsale. Si vous préférez, Dieu, quand Il m’a créé, ne m’a pas créé pour moi-même, Il m’a créé pour un autre, et cet autre est fondamentalement, Adam, le nouvel Adam, la femme, le Ciel, et je suis créé en portant avec moi ma moitié sponsale plénière, réelle. Le jour où je la découvre, c’est merveilleux, et du coup je vais découvrir ce que c’est que vivre dans l’unité des deux.

Mais je ne peux pas découvrir la signification sponsale, c’est-à-dire ce que je deviens comme homme, ce que je deviens comme femme lorsque je suis entièrement écoulé, délicieusement disparu dans l’unité des deux, si je n’ai pas la bénédiction chrétienne. C’est pour cela qu’il est impossible de vivre de l’union du corps de l’homme et de la femme en dehors du sacrement. Sans le sacrement, il est impossible de découvrir la signification sponsale de l’unité : je ne serai jamais pleinement homme et pleinement époux, et je ne serai jamais pleinement femme. Du coup, sans le sacrement, je suis réduit à aggraver la distance de la honte, de l’angoisse, de la réduction à l’objet, et les ravages de la concupiscence.
Vous voyez qu’il n’est pas du tout inutile de lire la Genèse, ou un Targum de la Genèse comme je viens de vous le lire. Profondément, tout ce que nous avons lu aujourd’hui se trouve dans la Genèse, premier Livre de la Bible.

Adam et Eve eux-mêmes étaient conscients, dans leur science infuse, et avaient pleine connaissance, que c’était du Christ, que c’était de Marie, que c’était de l’Immaculée qu’ils sortaient. C’est pourquoi l’unité sponsale était possible dans le premier homme et la première femme. Moïse dit bien que dans le Bereshit il y a cinq choses : le temple, l’impératif de Dieu et du prochain en un seul acte (la Torah), le Saint des Saints (le Cœur ouvert du Christ), le Messie, la plénitude de la grâce (l’Immaculée Conception). Dans le langage rabbinique, c’est à partir de cette vision de Dieu de la création glorifiée qu’Il va créer les premiers éléments de matière, et même le monde angélique : Bereshit Bara Elohim.
La première chose qu’il faut comprendre est que je ne peux pas vivre de ma sexualité, spirituellement parlant, dans le bon centre de gravité pour lui donner toute sa puissance d’unité, d’accueil et d’échange dans le don dans la communion des personnes pour le plein épanouissement de mon humanité d’époux et de mon humanité d’épouse, sans la plénitude de la grâce et sans revivre la plénitude que je peux retrouver naturellement parlant de ma liberté originelle dans le don. Il est très important de savoir que la signification sponsale du corps s’origine comme une source toujours ouverte en moi dans mon corps de la mémoire de la liberté totale, consciente, amoureuse du don que j’ai vécu dans la conception et dans les quarante jours qui l’ont suivie, neuf mois avant ma naissance.

J’ai encore cette puissance, celle que l’Anti-Christ veut détruire par l’abomination de la désolation. Le clonage va directement corrompre cette mémoire pour qu’il ne soit pas possible psychologiquement d’accepter de refaire mémoire physiquement de cette liberté originelle dans l’ordre du don, de cette liberté originelle de la connaissance de moi-même.
Je l’ai connue, cela demeure, et j’ai encore ce pouvoir.

Et si je le plonge dans la grâce, c’est-à-dire la présence vivante de Jésus en moi dans le fruit des sacrements, dans la présence vivante de toute l’Immaculée Conception en moi dans le fruit des sacrements, la présence vivante de l’unité totale, profonde, absolue, où ils disparaissent tous les deux dans le trône du Père, si je conjoins ces deux aspects, je peux, si je suis un homme, toucher le visage de ma femme, toucher le visage du Verbe de Dieu dans la Jérusalem céleste, dans la splendeur de la gloire. Il me faut retrouver cette liberté originelle du don dans mon corps originel, par une simple torpeur : m’endormir là, m’y reposer tranquillement, la joue posée sur la terre vierge de ma création sur la montagne du Bereshit.
Mes parents étaient un peu loin de tout cela : ils s’occupaient des carottes, de la panne d’électricité, de balayer la maison. Ils avaient fait ce qu’il fallait mais il ne restait plus dans le sein de ma mère que ce poids ontologique de l’unité sponsale dans la tension des gamètes et dans les dix-neuf heures de fécondation. Ils étaient loin de tout cela, il n’y avait pas d’interférence, pas d’inférence, il y avait pourtant en tension vivante ce qui restait de pur de leur unité sponsale sur le plan strictement biologique du corps : à partir d'une terre vierge. Il y a toujours dans le poids ontologique de l’unité sponsale dans le corps de la femme avant la conception une terre vierge qui est participation à la "mère" d’Adam, et j’ai eu de ce point de vue-là la même origine qu’Adam. Cette unité sponsale qui se trouve dans la tension moléculaire inter-gamétique reste une terre vierge parce que l’unité de l’homme et de la femme, nous le verrons de mieux en mieux, est créée par Dieu.

Le troisième « Bara » de la Genèse : l’humanité intégrale

C’est un des enseignements très importants à comprendre, du Pape Karol.
Il fait remarquer une chose que très peu avaient remarqué auparavant dans la Genèse, à savoir que :
« Dieu créa l’homme à son image, à son image il le créa, homme et femme Il le créa. »
Il y a trois fois le mot Bara, qui veut dire en hébreu que Dieu crée quelque chose qui existe et qui vient de son acte créateur à partir de rien. « Il créé l’homme à son image, à son image et ressemblance Il le créa, zakar ou nekeva Il le créa » : je vois trois fois le verbe créer, mais je ne vois que deux. Pourtant ce n’est pas yin et yang ! (dès
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que vous voyez du yin et yang, ça sent le souffre), il n’y a pas de dualité, il n’y a pas deux, il y a un et il y a trois : j’existe, je suis suspendu à l’acte créateur de Dieu, la femme que j’aime existe aussi et elle est suspendue à l’acte créateur de Dieu, entièrement abandonnée et livrée, mais dans l’unité des deux, il y a quelque chose qui est créé par Dieu, qui n’est ni homme ni femme, et qui existe bien et dans l’origine et dans l’incarnation de la gloire. Nous sommes homme et femme pour l’incarnation de la gloire, pour la création du Ciel. Ceci appartient à la masculinité et à la féminité dans la découverte expérimentale, surnaturelle de la torpeur du ravissement, et dans l’incarnation physique de mon corps, quand, de l’intérieur du corps, je découvre l’unité, je découvre que cette unité existe distinctement et qu’elle est autre que moi, autre que ma moitié sponsale, autre que la conjonction des deux dans la communion. Cette unité est le fond d'un troisième Bara: l’humanité intégrale où l’intégralité de l’acte créateur de Dieu peut produire la gloire éternelle de la résurrection.
Nous comprenons là qu’il y a quelque chose de très fort dans la signification sponsale de l’unité.
La dernière fois, nous avons essayé d’aborder la signification sponsale de la solitude...
Insistons aujourd’hui sur la signification sponsale de l’unité : Ce n’est pas la même chose, je ne me découvre pas masculin de la même manière dans la signification sponsale de la solitude habitée, et dans la signification sponsale de l’unité.
Il y a donc trois réalités métaphysiques immortelles éternelles, et en même temps je suis seul et j’assume la solitude profonde de l’autre dans la plénitude de la grâce divine que Jésus et Marie nous ont mérités.

Je vous lis un autre passage :

« Lorsqu’Adam et Eve revinrent à l’endroit lumineux, une silhouette éclatante, comme celle d’un homme majestueux aux cheveux blancs étincelants, vint à eux et sembla leur donner tout ce qui les entourait ».

Après la première tentation, il leur demande s’ils veulent vivre de la plénitude de cette sponsalité, de cette unité dans la torpeur originelle mais dans l’éveil d’une connaissance et d’une liberté originelle du don, ou s’ils préfèrent rentrer dans une connaissance terrestre. Alors, une fois que cette proposition a été faite, que le serpent commence à se montrer sans trop encore parler, arrive le Messie.
(...) « Après la création d’Eve, Dieu avait accordé à Adam une bénédiction porteuse d’une faculté permettant à l’homme de se reproduire dans la sainteté et dans la pureté ; cette bénédiction fut retirée à Adam à cause de l’usage qu’il fit du fruit défendu, car je vis le Seigneur passer derrière Adam lorsque celui-ci quitta sa colline pour rejoindre Eve et Il lui retira quelque chose ; et il me sembla que le salut du monde devait sortir de ce que Dieu avait repris à Adam.

Un jour à la fête de la sainte et immaculée Conception de Marie, Dieu m’accorda une vision de ce mystère. Je vis la vie physique et spirituelle de tous les hommes comme contenue en Adam et Eve, mais comme gâtée par la chute et mêlée au mal, ce dont les anges déchus tirèrent une très grande puissance. Et je vis également la seconde Personne de la Divinité descendre vers Adam et lui retirer la bénédiction divine, avec une lame recourbée, avant qu’il consentît au péché. Au même moment, je vis la Vierge Marie sortir du côté d’Adam comme une petite nuée lumineuse qui s’éleva vers Dieu.

Lorsqu’Adam et Eve eurent consommé le fruit de la connaissance du bien et du mal, ils furent comme ivres, et leur consentement au péché provoqua d’immenses changements en eux. (...)
Lorsque la réparation de la chute m’était montrée sous forme de vision, je voyais Eve qui à peine issue du côté d’Adam tournait déjà la tête vers le fruit défendu et courait vers l’arbre pour l’entourer de ses bras. Mais je voyais en même temps, dans une vision opposée, comment Jésus, né de la Vierge immaculée, se hâtait vers la croix et la serrait dans ses bras, et comment la descendance de nos premiers parents, souillée et dispersée par la faute d’Eve, retrouvait sa pureté grâce aux souffrances de Jésus ».

Je vous lis ces petits passages parce qu’ils montrent que la signification sponsale du corps d’Adam et Eve dans la grâce originelle est pleinement libre. Elle a toute puissance sur Dieu, sur la création, sur eux et sur l’unité des deux. Mais aussitôt qu’Adam, qui est sur la colline de sa prière, entend la voix de la femme qui l’appelle de l’autre côté, la fameuse vallée où il y a des fruits tout petits, blancs et palpitants comme du froment, lorsqu’il entend la voix d’Eve qui se trouve près du fameux arbre et qu’il décide d’aller vers elle, c’est à ce moment-là que le Verbe de Dieu, le Messie qui leur avait tout donné, lui reprend la bénédiction : Il reprend cette faculté qu’ils avaient tous les deux dans la bénédiction éternelle de la résurrection qui leur était donnée en partage, Il lui reprend cette faculté de vivre immédiatement et quand ils voulaient du troisième Bara. C’est pour cela qu’elle voit l’Immaculée Conception sortir comme une nécessité sous forme d' une petite nuée lumineuse, et, avec elle, la bénédiction du Christ qui doit donner surnaturellement la gloire de la résurrection à l’unité sponsale des deux, pour qu’il n’y ait plus ni homme ni femme dans le Ciel de la gloire et de la résurrection.

Cette bénédiction-là est sortie d’Adam avant même qu’il n’ait péché, au moment-même où il entend la voix d’Eve (au moment où vous entendez la voix de quelqu’un, surtout dans la science infuse, vous êtes capable de voir que quelque chose ne va pas) et où il est sorti de la prière. A partir de ce moment-là, l’humanité n’a plus directement accès au troisième Bara, c’est-à-dire à cette solidité du corps spirituel venu d’en-haut.
Nous méditerons les prochaines fois comment Dieu a voulu nous redonner cette bénédiction de l'unité.

Samedi 15 octobre 2005

Fête de sainte Thérèse d’Avila

Nous avons aujourd’hui une petite méditation pour continuer les deux précédentes sur la sponsalité.
Des icônes nous montrent quelquefois à quel point nous sommes devenus pauvres dans notre corps. Le mal, la maladie, la déformation, la mort aussi, viennent du péché originel et du fait que nous avons perdu la signification sponsale du corps. A cause du péché originel, nous avons perdu cette vision immédiate de l’intérieur du cœur dans le corps, de l’intérieur de l’amour de Dieu dans le corps et de la présence même vivante de Dieu jusque dans notre corps.
Quand nous voyons quelqu’un qui est défiguré, handicapé comme Christelle, nous disons que l’être humain n’est pas dans sa figure normale. Seulement, ce qui se voit sur Christelle davantage que sur nous, est bien plus vrai pour nous.
Je me souviens d’une histoire qu’une religieuse nous avait raconté. Sa nièce était mongolienne et ne pouvait même pas parler. Vers l’âge de 16 ans cette petite va mourir à l’hôpital. Ce jour-là dans la salle d’hôpital, la famille, les médecins, des infirmières étaient là, la tante priait, et au moment où tout le monde plaignait la petite d’une destinée aussi difficile, d’une existence aussi peu souhaitable, en disant : « Nous, nous sommes normaux », d’un seul coup, cette petite s’est redressée sur son oreiller, avant de mourir, elle les a tous regardés, elle a parlé d’une voix claire, distincte, et elle leur a expliqué en propres termes : « Vous me regardez comme si je n’étais rien, et en vérité, c’est vous qui n’êtes rien, parce que le regard que vous posez sur nous, les handicapés, est tellement superficiel que vous ne pénétrez pas jusqu’à la profondeur de ce que nous vivons. Bien-sûr je suis handicapée mentale, bien-sûr je ne peux pas parler, mais je suis baptisée, et si vous saviez ce que je vis à l’intérieur : je jubile, je m’écoule dans la Très Sainte Trinité, je vis des trois Personnes divines distinctement, tandis que vous, vous ne savez même pas que Dieu existe, vous êtes bien pires que ceux qui vous paraissent le plus néant à vos propres yeux. » Puis elle s’est rallongée sur son oreiller et elle s’est endormie dans la mort.
Je trouve que c’est une belle leçon.
Notre petite sœur religieuse nous a raconté cela quand elle est revenue. Son témoignage est beau ; il nous indique que le corps est véritablement déformé. Cette déformation qui est la nôtre déforme aussi la signification qu’il a. Bien-sûr, si notre corps nous paraît normal à nos propres yeux, à nous, si nous nous trouvons beaux, il faut savoir que notre corps en vérité n’est pas beau, et nous le savons très bien, puisqu’il y a la honte du corps, la pudeur du corps, la sexualité dans le corps et la concupiscence dans le corps.
Comme l’a expliqué le Pape Karol, à cause du péché originel, à cause de ce handicap de l’unité de la différenciation sexuelle et de notre oui dans la liberté innocente originelle du don, à cause de cette rupture, nous avons cette honte et du coup nous ne regardons plus, nous ne voyons plus le corps que de l’extérieur. Il nous est devenu très difficile, pour ne pas dire impossible, de voir immédiatement la signification sponsale du corps, de voir pourquoi est-ce que spirituellement mon oui s’exprime à travers ce fait que je suis masculin ou féminin.
Je vous assure que c’est vrai, pour avoir été dans des universités en théologie, en philosophie : j’ai étudié, j’ai regardé à droite à gauche (beaucoup moins que certains, c’est évident, je n’en ai pas fait une folie), et dans l’ensemble, l’humanité considère que la sexualité est extérieure à l’homme. C’est incroyable !
Nous fêtons aujourd’hui sainte Thérèse d’Avila, l’union transformante, les fiançailles et le mariage spirituel. Heureusement le mot mariage est là dans sainte Thérèse d’Avila. Mais sinon, le processus de perfection par la transformation surnaturelle de la grâce apparaîtrait, d’après les auteurs qui ne font pas attention, qui ne scrutent pas les écritures parce qu’ils ne voient même pas ce qu’ils sont eux-mêmes, être le même pour l’homme et pour la femme : l’union transformante apparaîtrait être du même type, ce qui n’est pas vrai. Souvent, les philosophes comme les théologiens et les mystiques n’ont pas voulu ou n’ont pas pu considérer que les choses métaphysique, les choses de l’ordre de la grâce, de l’ordre surnaturel, se manifestent à travers la différenciation sexuelle, à travers la signification sponsale du corps.
La première fois, nous avions regardé le fait que Dieu nous crée à son image et à sa ressemblance, et pour que nous soyons à son image et à sa ressemblance, Il nous crée masculin et féminin. Et très curieusement, Il crée les animaux masculin et féminin parce que nous, nous sommes masculin et féminin, et non pas parce que Lui est masculin et féminin. La signification de la masculinité et de la féminité n’a strictement rien à voir dans l’homme et dans l’animal, du point de vue du fonctionnement, du point de vue de la lumière, du point de vue de la signification et du point de vue de l’image de Dieu.
Si nous sommes masculin et féminin, c’est parce que Lui est Epoux et Epouse avant de créer toutes choses : ces deux Personnes se conjoignent pour produire la Personne dans laquelle Ils disparaissent, la troisième Personne : le Saint Esprit. Il nous crée masculin et féminin pour qu’à travers le corps, en présence de Dieu, dans la fulgurante
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lumière de la grâce, dans la présence de la Très Sainte Trinité, de la grâce originelle, dans un corps qui n’est pas aveuglé, dans un corps qui n’est pas blessé, dans une âme qui n’est pas meurtrie par le péché originel, nous puissions voir immédiatement que si nous sommes masculin ou féminin, c’est parce que nous sommes l’exacte duplication de la Très Sainte Trinité dès lors que nous sommes dans la communion des personnes par la signification sponsale du corps.

La première signification de la sexualité est que l’homme n’est pas fait pour lui-même

Aucun d’entre nous n’est fait pour soi, personne n’a été créé pour lui-même, surtout quand il est établi en tant que personne à l’image de Dieu. En Dieu Lui-même, la Personne est toute entière disparue dans une autre, donc Elle n’est pas faite pour elle-même, Elle est faite pour un autre. Le Père, l’Epoux, est fait pour l’Epouse. Le Verbe de Dieu, l’Epouse, est entièrement pour disparaître dans l’Epoux, dans le Père. Et l’homme est fait aussi pour disparaître dans l’unité, dans la plénitude de son humanité. Et la plénitude de son humanité n’est jamais en lui-même : elle est dans une humanité intégrale où il disparaît avec la plénitude de celui qu’il reçoit comme don, qu’il accueille et avec laquelle il disparaît pour produire une humanité intégrale toute divine.

C’est la signification de la sexualité. C’est ainsi qu’il faut percevoir sa sexualité, surtout lorsqu’elle est en activité, lorsqu’elle se met en acte. La signification sponsale du corps est en puissance, elle n’est pas toujours actuée, Dieu soit loué.

Mais Jésus nous dit qu’au ciel elle sera toujours actuée : « Il n’y a plus ni homme ni femme au ciel », la signification sponsale du corps sera éternellement actuée, en acte (avec le péché originel, nous ne pouvons pas faire cela), nous serons entièrement disparus grâce à la gloire de la sexualité glorifiée en nous dans la pleine présence de la sponsalité des Personnes divines, nous serons pleinement dans l’accueil de l’autre qui lui-même sera pleinement abandon dans le don que nous faisons dans la réciprocité du don, dans cette unité dont nous avons parlé la deuxième fois. Et tellement actuée, tellement en acte que du coup nous ne serons plus ni homme ni femme, mais nous serons perdus dans une identité issue d’une pleine communion, comme le Saint Esprit qui n’est ni Epoux ni Epouse, mais qui est Dieu dans la passivité d’un amour dont Il fruit, dont Il jouit substantiellement, simplement et parfaitement.
Quand la signification sponsale du corps est toute glorifiée, elle sera glorifiée précisément dans ce mariage spirituel glorieux. La sainte Vierge est féminine, saint Joseph et Jésus sont masculins, le Verbe de Dieu est féminin, le Père est masculin, Epoux. Et nous, nous aurons encore notre corps tel qu’il est, nous serons masculins et féminins dans la gloire de la résurrection. Ce n’était pas le sujet d’aujourd’hui mais ce n’est pas grave, car nous comprenons les choses par la fin : notre sexualité se comprend par la cause finale parce que c’est une structure d’amour. Nous ne pouvons pas penser, nous ne pouvons pas voir, nous ne pouvons pas toucher Jésus au ciel sans qu’Il soit pleinement dans son unité sponsale avec la nouvelle Eve : nous avions vu dans l’Apocalypse que la gloire du Christ ressuscité est l’Assomption.

Ce tourbillon de mariage glorieux fait que nous passons d’une épousaille à une autre, d’une sponsalité à une autre, et à chaque fois elle est glorieuse. Alors vous pensez bien que notre sponsalité est en acte. Jamais au ciel, nous ne nous dirons : « Mon Dieu, je me trouve un peu seul, et il n’est pas bon que l’homme soit seul : où est ma moitié sponsale ? » Notre corps sera pleinement actué dans l’unité sponsale glorieuse avec Jésus, avec la Jérusalem céleste, avec le Verbe de Dieu. Que ce soit des Personnes divines, que ce soit des gloires, des personnes qui sont la gloire incarnée, ressuscitée, qu’il y ait un corps humain ou qu’il n’y ait pas de corps humain, nous serons de toute façon comblés, notre sexualité sera complètement actuée, et nous vivrons donc d’une humanité intégrale, nous vivrons autant de la féminité glorieuse que de la masculinité glorieuse. L’enveloppant sera différent : dans un cas l’abandon, le don prédominent, dans l’autre l’accueil et l’unité, et au ciel, ce sera pareil.

« La femme est le miroir de l’homme » (sainte Hildegarde)

La dernière fois, nous avions lu comment la bienheureuse Anne-Catherine Emmerick voyait Adam et Eve, le premier homme et la première femme, avec cette bénédiction qui fait que dès le départ les énergies de la femme sont présentes dans le corps de l’homme et que la femme est là pour receler les énergies de l’homme et lui donner sa plénitude.
Je voulais compléter avec sainte Hildegarde ce que nous avions dit la dernière fois : « Quand Dieu considéra l’homme, Il lui plut beaucoup. Ne l’avait-Il pas créé à Sa ressemblance et selon la texture de Son image ? A l’homme de proclamer par l’instrument de sa voix de raison, la totalité des merveilles divines. C’est que l’homme est la totalité de l’œuvre divine. Et Dieu est connu par l’homme, puisque Dieu a créé par l’homme toutes les créatures et puisqu’Il lui a accordé dans le baiser du véritable amour et par la raison [par la contemplation] de le célébrer et de le louer. Mais il manquait à l’homme une aide qui lui ressemblât. Dieu lui donna cette aide dans le miroir qu’est la femme. Celle-ci recela ainsi tout le genre humain qui devait se développer dans l’énergie de la force divine. La femme est le miroir de l’homme ».

Dieu avait produit ce premier homme dans l’énergie de la force divine. La femme, elle, est le miroir de cette énergie de toutes les forces divines qu’elle recèle en elle pour receler, à travers cette réception, ce miroir, cette considération, cette contemplation de ce qu’elle est elle-même, tout le genre humain qui devait se développer dans l’énergie de cette force divine.

Voilà la signification sponsale.

Si à travers ma féminité je ne perçois pas que je suis capable en m’abandonnant de faire produire tout le genre humain dans toute l’énergie de toute la force divine recelée dans la création, c’est que je ne connais pas mon corps féminin. La sexualité, ou si vous préférez la différenciation sexuelle, est inséparable de la vie contemplative, inséparable de la grâce, inséparable du rayonnement créateur et glorieux de Dieu dès cette terre. Cela explique pourquoi il est devenu impossible de vivre de la communion des personnes à travers le corps différencié sexuellement sans la plénitude de la grâce, sans la substance de la grâce, sans son actuation dans sa plénitude de perfection. Voilà pourquoi il faut le sacrement de mariage.
« Ainsi homme et femme se joignent-ils pour accomplir mutuellement cette œuvre qui est la leur : l’homme sans la femme ne serait pas reconnu comme tel, et la femme sans l’homme ne serait pas reconnue comme telle [par Dieu]. La femme est l’œuvre de l’homme, l’homme est l’instrument de la consolation féminine et les deux ne peuvent vivre séparés. »
Ce texte de sainte Hildegarde est très beau. C’est tellement rare ! Il faudrait prendre Angèle de Foligno et tous les mystiques qui sont passés par le mariage spirituel, qui nous donnent des étincelles de ce sur quoi le Pape Karol a voulu soulever le voile pour le troisième millénaire. Il ne faut pas oublier que nous sommes la première génération de l’humanité, depuis le péché originel, à pouvoir retrouver la signification sponsale du corps. Avant le Pape Karol, la signification sponsale du corps existait, mais elle n’était pas mise à jour par le magistère infaillible de l’Eglise. L’enseignement a été donné pendant les discours du mercredi, ce n’est pas un dogme, mais c’est quand même le magistère ordinaire universel du Christ sur la terre qui a ouvert l’ère de la signification sponsale du corps. A partir d’aujourd’hui, la sexualité ne peut plus jamais être vécue de la même manière que nos parents, nos grands-parents. L’ère de la sexualité freudienne est terminée, avec cet enterrement de première classe de Freud. Ce sont les énergies de la force divines que Freud laïcise en libido. Vous rendez-vous compte ?, les énergies de la force divine, celles qui créent l’univers ! Voyez-vous la déchéance de la vision de l’homme sur le complexe de castration ? Oui, nous avons été castrés, de cette énergie de la force divine qui doit s’exprimer dans l’énergie de l’homme et dans l’œuvre de la femme qui recèle toutes les énergies de l’homme pour donner à tout le genre humain cette énergie de la force divine.

« C’est la solitude qui structure profondément le cœur humain »

Nous avions vu la première fois qu’il nous faut donc retrouver et vivre surtout dans ces moments d’oraison, de solitude, dans le mariage spirituel (à chaque fois que nous faisons oraison, le mariage est total), ce fait que toute la création est emportée avec nous dans toute la gloire de Dieu, emportée elle-même dans toute la gloire du Verbe de Dieu qui Lui-même dans toute Sa gloire est emporté dans le Père, et tous les deux disparaissent, sont emportés dans leur gloire dans l’Esprit Saint. C’est ce quintuple mariage que nous vivons dans l’oraison continuellement, et si nous pensons à autre chose, revenons vite à la sponsalité du mariage spirituel. Et nous devons faire oraison tous les jours.
Je suis seul avec Dieu, et je découvre la signification sponsale de mon corps dans cette oraison. Ce n’est pas le but de l’oraison, mais je fais cela avec tout mon cœur, toutes mes forces, tout ce que je suis, et cette solitude qui est la mienne devient du coup une solitude vivante, une solitude habitée, une solitude virile si je suis un homme, une solitude de fiançailles et de mariage. Je ne suis donc plus seul dans l’oraison. Si je vis cela, je vais découvrir petit à petit ce qu’est la signification sponsale de mon corps dans la solitude. La solitude est un des grands moments qui me permet de découvrir de l’intérieur pourquoi je suis masculin ou féminin, et qui me permet surtout de découvrir à l’intérieur de mon corps cette capacité qu’il a d’être récepteur et diffuseur à l’infini de l’union avec Dieu. Sans la sexualité, le mariage spirituel de l’oraison ne serait pas possible, il n’y aurait pas de fiançailles, pas de sixième demeure, pas de septième demeure.

Quand vous êtes pris en extase par Jésus, du dedans, quand toutes les énergies de la force divine vous ont emporté et que l’amour de Dieu a aspiré tout l’univers en vous et que l’univers est tout à fait intégré, vous comprenez à ce moment-là que dans son extase, Angèle de Foligno est pleinement féminine, que son extase est lumineuse, que son rapt, bien qu’il ne soit pas glorieux, est lumineux, qu’elle est limpide, elle ne fait plus aucune différence entre l’extériorité de son corps féminin (le fait qu’elle ait des rondeurs) et l’intériorité de son corps féminin rempli de sa puissance d’énergie dans le rapt qu’elle est en train de vivre.

Dès lors que je retrouve la signification sponsale de mon corps féminin ou de mon corps masculin, je ne fais plus la différence entre l’extérieur et l’intérieur du corps masculin ou féminin. Le corps dans son extériorité est ce que les énergies divines font voir du corps dans son intériorité. A cause du péché originel, nous sommes tous des Christelle, handicapés. Il faut en prendre conscience, parce que cela nous oblige à retrouver notre corps dans sa dimension de différenciation sexuelle. Ne faisons pas n’importe quoi, n’utilisons pas cette matière divine n’importe comment, faisons très attention, et avec la grâce de Dieu, nous allons nous apercevoir que c’est la solitude qui structure profondément le cœur humain. Si elle est habitée, elle fait que je suis appelé à être en rapt, à être emporté dans quelqu’un d’autre. J’ai cette capacité d’absorber toute la création, si je puis dire (c’est vrai du point de vue de la lumière, mais pas du point de vue de la matière : du point de vue de la lumière, j’absorbe réellement toute la création quand je suis dans un état de gloire) et d’être emporté dans un autre que moi.

L’unité sponsale

C’est pourquoi nous avions vu la première fois que nous étions vraiment faits pour faire oraison, et la seconde fois pour vivre d’amour et dans l’amour de considérer que la véritable lumière de notre corps masculin ou féminin se trouve dans l’unité.

Ne vous tâtez pas le pouls, ne vous regardez pas vous-même, ne vous demandez pas où est votre moitié sponsale, qui est votre moitié sponsale, de qui vous êtes la moitié sponsale, ne cherchez pas un autre qui est votre moitié sponsale que vous même. Ne cherchez pas. Vous le ou la trouverez si vous avez la lumière, et la lumière se trouve dans l’unité, et l’unité ne se trouve ni dans l’un ni dans l’autre mais dans l’humanité intégrale qui émane de l’unité des deux.

Si je veux aimer quelqu’un avec mon corps, il faut que je rentre dans les lumières incarnées, métaphysiques et réelles de mon unité sponsale totale où j’ai disparu avec ma moitié sponsale qui elle-même y a disparu. Avec cela, effectivement, je glorifie Dieu. Si, dans la solitude, la création toute entière est aspirée dans le mystère de l’unité, si je vis dans la lumière de l’unité et de la signification sponsale de mon corps, ma moitié sponsale viendra à moi et moi je viendrai à elle, comme deux aimants. C’est normal, mais c’est second. Voilà ce que nous avions vu la dernière fois en regardant la Genèse.

La nudité sponsale

Maintenant il faudrait regarder la question de la nudité. Nous avons déjà un peu parlé de la nudité : si je vis pleinement de cette transformation de toutes les énergies divines dans mon corps à travers le fait que je sois masculin ou féminin, si je le vis dans l’unité totale et dans ce qui émane de cette unité parce que je me donne aveuglément à ma moitié sponsale, et ma moitié sponsale est en premier Dieu, Jésus, à ce moment-là je vis pleinement de cette unité dans Lui, et Lui dedans moi, et Lui a disparu et moi aussi et c’est l’unité des deux. C’est cela qui fait resplendir, qui illumine, qui anime, vivifie, imprègne, tous les chromosomes XX ou XY de ma masculinité ou de ma féminité, et je retrouverai, avec la grâce de Dieu, la pleine connaissance de l’innocence originelle de mon corps masculin ou féminin.

Si je n’accède pas entièrement à cette pleine connaissance, je peux quand même par la foi compléter ce que je n’arrive pas à produire comme lumière, comme transformation, comme réparation, comme guérison. Je peux bien-sûr vivre dans la foi, dans l’espérance, dans l’amour, non pas dans l’imagination mais dans l’esprit cette nudité du corps. Il faut que je vois mon corps tel qu’il est. Il faut que je vois le corps d’un autre que moi tel qu’il est. Il faut que je regarde le corps de Marie, le corps de Jésus, le corps de celui que Dieu met proche de moi, tel qu’il est. Le corps de Jésus est habité. Vous ne vous imaginez pas lorsque vous êtes en union avec Jésus regarder le corps de Jésus dans sa nudité extérieure, en disant : « Oui, Il est masculin, la preuve ». ça ne vous viendrait pas à l’esprit, vous ne regardez la masculinité du Christ que de l’intérieur. Si vous aimez quelqu’un, vous ne regardez sa sexualité que de l’intérieur de cette sexualité. La nudité n’est pas un obstacle à celui qui aime avec les énergies de la force divine. Ce n’est pas qu’il ne la considère pas : il ne la voit pas, il voit la sexualité physique de l’intérieur de ce qui illumine lumineusement l’intérieur de ce corps sexuel, masculin ou féminin.

Vous comprenez que la nudité de la signification sponsale du corps est très importante. Ce n’est pas que nous ne puissions pas y accéder aujourd’hui, mais nous accédons à la nudité par l’extérieur. Le Pape Karol nous propose une voie d’accès en disant : « Avec le Christ, avec Jésus, avec la Rédemption, avec notre liberté originelle dans cette solitude de l’union totale avec Dieu, nous allons pouvoir retrouver la liberté instinctive du don sponsal à l’autre, parce que nous ne verrons plus la nudité de l’extérieur, mais nous la saisirons vraiment de l’intérieur. Si nous la saisissons de l’intérieur, à ce moment-là, Dieu est mis à nu. Et la signification originelle de la nudité au paradis terrestre dans la création de Dieu est celle-là : le signe de la masculinité ou de la féminité est un signe d’une présence vivante de Dieu. Il n’est pas seulement un signe, il est en même temps une porte et une force de pénétration, selon le cas, qui nous permet de voir de l’intérieur cette présence vivifiante de Dieu qui est Epoux et Epouse, qui est communion des Personnes ».

Vous allez me dire que c’est de la théorie. Le Pape Karol nous dit bien qu’il ne faut pas nous l’imaginer. Si nous nous imaginons rentrer en unité sponsale avec quelqu’un, si nous passons par la médiation de l’image, nous échappons à la contemplation effective du corps. Si nous essayons de nous l’imaginer, nous allons faire une sorte de métapsychisme du corps, une magie sexuelle. Il ne faut pas l’imaginer, nous savons que c’est comme cela, nous savons que le Christ nous restaure, et nous en faisons l’expérience, mais nous ne cherchons pas à le voir. Nous savons que c’est la vérité et que la vérité du corps est que sans le corps nous ne pouvons pas nous donner à l’infini. Voilà ce que l’ange ne peut pas faire : il a une vastitude sans limite, mais il ne peut pas se donner à l’infini parce qu’il n’est ni masculin ni féminin et il n’a pas de corps. Et la signification sponsale du corps est cela, il faut donc à un moment donné que je rentre dedans. Je sais que c’est cela, et du coup, je n’use plus de mon corps comme d’une libido, je méprise l’instinct, et je me fortifie et je me baigne dans les énergies de la force divine qui illuminent de l’intérieur ce qui fait vivre de l’intérieur mon corps masculin.
Comment est-ce que je fais ? C’est tout simple : tout à l’heure cette petite Christelle était là. « El » veut dire : « Dieu voit » : « Dieu voit le Christ », voilà la signification intérieure de cette petite qui ne parle pas, comme la jeune mongolienne dont je vous parlais tout à l’heure. Pendant que nous adorions le Saint Sacrement, j’aimais bien entendre Christelle, parce que nous avions Jésus ici, et Jésus qui se promenait, et les deux étaient ensemble : « Dieu voit le Christ », comprenez-vous ?
Suis-je capable, avec le Christ justement, de rentrer dans la signification sponsale de ce corps déchiré ? Suis- je capable de voir le Christ qui se donne entièrement à elle et elle qui est entièrement appelée à la gloire, puisque la gloire est proportionnée à l’amour dans la pauvreté ? Si je ne suis pas bien dans la signification sponsale de mon corps, je ne peux pas voir cela. De plus en plus il me faut voir dans cette petite Christelle ce qui habite de l’intérieur la signification sponsale de son corps féminin. Si je suis un père, un frère, puis-je le voir ? Puis-je l’accueillir au-dedans de moi ? Puis-je faire communion totale avec elle pour vivre de l’unité des deux ?
Il est merveilleux de fonctionner à partir de la solitude habitée, à partir de l’unité. A ce moment-là, tout est à nu devant Dieu, et je vois que Dieu est là : c’est cela, la nudité. Nous avons été faits grâce à la signification sponsale du corps masculin et féminin pour permettre la vie contemplative. Et nous parlons de cela au jour de la fête de sainte Thérèse d’Avila : la vie contemplative surnaturelle n’est pas possible en dehors du mariage spirituel, elle n’est pas possible en dehors de la masculinité et de la féminité.
Si je veux réaliser la messe sponsale, l’unité sponsale avec celui que Dieu a mis proche de moi dans le mariage à travers un sacrement, cela jette une lumière incroyable sur la manière de vivre de l’union des deux, la communion totale des personnes : nous n’allons évidemment pas nous abandonner, nous recevoir, nous accueillir de l’extérieur, mais nous allons nous donner dans l’unité de l’union transformante du mariage spirituel surnaturel. A ce moment-là je vais apprendre à recevoir ce qui de l’intérieur vivifie et sanctifie l’intérieur du corps de l’autre et donc de toute la personne dans son union avec Dieu. C’est avec cela que je suis marié quand je suis marié avec quelqu’un.

Alors je vais habiter la couleur verte, résultat du mélange du jaune avec du bleu, comme vous le savez. Il faut que le bleu accueille dans son centre le jaune, alors le jaune, comme un filament, illumine le bleu en son centre, et du coup, cela devient du vert. Mais si je reçois l’autre et que je l’accueille uniquement dans l’extériorité du corps, il n’y a pas de vert, il n’y a pas d’unité sponsale : absit ! (en latin : elle est absente).

Dans la nudité, je vais apprendre à voir, à repérer ce qui illumine de l’intérieur la lumière vivante qui anime l’intérieur du corps sponsal de l’autre et donc toute sa personne dans son union avec Dieu. Je vais le voir et je vais l’assumer, je vais l’accueillir, l’accepter, le prendre pour moi-même, et du coup cela va illuminer, animer, vivifier la signification sponsale de mon propre corps.


    Voir en annexe l’extrait du livre de sainte Hildegarde cité dans le livret blanc : Sponsalité, Jalons.
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J’ai été très impressionné quand je suis allé au zoo de New York : derrière un énorme plexiglas de 30 m2, des king-kong regardaient ces hommes et ces femmes dont la signification sponsale est de moins en moins évidente : les bêtes le voyaient et s’éloignaient, désespérées.

Les mystères de l’ancienne alliance, édition Téqui, La création, chapitre 3.
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Le mystère de l’ancienne alliance : Le péché et ses conséquences, chapitre 1.
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Voir en annexe l’extrait du livre de sainte Hildegarde cité dans le livret blanc : Sponsalité, Jalons.
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