La communion des personnes dans l’accueil de l’échange et du don
Je vous lis le passage du 6 février 1980 où le Pape Karol explique comment avec la solitude, avec un corps vivant, avec un corps vraiment humain, avec un corps réveillé, ré-illuminé, revivifié, recréé par Jésus, retransformé par la grâce, un corps qui retrouve toute sa puissance sexuelle sponsale (sinon c’est l’impuissance sexuelle sponsale, la véritable impuissance), comment se réalise l’échange du don et de l’accueil. Ceci est vrai dans notre union dans l’unité totale et plénière avec Jésus, mais c’est vrai aussi dans notre relation avec notre prochain.
« La volonté étant innocente, alors se trouvera facilité l’échange du don du corps selon la masculinité et la féminité comme don de la personne. »
La volonté, le choix de l’amour total, plénier, est innocente quand notre choix d’amour total est animé par cette innocence vivante d’origine.
« C’est l’innocence de l’expérience réciproque du corps qui inspire l’échange intérieur du don de la personne. »
C’est la pureté virginale d’innocence originelle dans la plénitude de la liberté d’innocence originelle du don du corps qui est le nôtre, c’est cette innocence de l’expérience réciproque du corps qui inspire l’échange intérieur du don de la personne. Si je fais l’expérience par la grâce, mais aussi par l’effort, par la chasteté, par la virginité, par la transformation, par la connaissance aussi, de l’innocence intérieure qui vivifie la plénitude du corps de l’autre de l’intérieur en même temps que moi, c’est cette innocence de la connaissance réciproque qui inspire la capacité de me donner dans le don et dans l’accueil du don avec un corps masculin ou féminin.
« C’est l’innocence de l’expérience réciproque du corps qui inspire l’échange intérieur du don de la personne et qui réalise comme personne dans le rapport réciproque la signification sponsale du corps masculin et féminin. »
Pour mieux comprendre, nous pouvons le reprendre avec les vertus : si je ne suis pas virginal, si je ne suis pas chaste, je butte toujours sur mon instinct (pour l’homme) ou sur mon insatiabilité (pour la femme), comme le dit le Pape Karol. Si petit à petit j’ai cette qualité intérieure du corps, liée au cœur, liée à l’amour, à ce moment-là je perçois de l’intérieur ce qui fait vivre toute l’incarnation vivante, intérieure, lumineuse, de l’intérieur de mon corps masculin ou féminin.
« Cette innocence intérieure, rectitude d’intention, pureté du cœur, consiste à pouvoir accepter réciproquement l’autre, en correspondant [sans tricher] à l’essence même du fait qu’il est un don. »
L’autre est un don pour Dieu, l’autre est don de Dieu à cet autre, l’autre est don de Dieu à moi-même, l’autre est un don de Dieu pour la création. Je le reçois comme étant un don, un cadeau. Je dis cadeau en pensant à Christelle : beaucoup diront qu’elle est un désastre, mais non, elle est un don. C’est Dieu qui se donne. C’est pour cela que je ne peux pas faire n’importe quoi. Vous avez compris que le lieu le plus sacré du corps est la différenciation sexuelle, et donc les actes de haine de Dieu les plus sacrilèges, les plus ravageurs, portent là-dessus.
« Ainsi le don réciproque crée la communion des personnes. »
Si je vis du don réciproque, dans cette innocence d’accueil du don réciproque de l’autre comme étant don, c’est Dieu qui se donne à moi à travers lui, et lui qui est donné à Dieu à travers moi, je suis en communion de personnes avec lui.
« La signification du don s’approfondit. »
Cet amour-là ne peut plus diminuer, cet amour-là ne peut pas se corrompre, cet amour-là est pur, cet amour-là ne peut que croître, s’intensifier. Il n’y a pas de cause diminuante dans l’amour humain (dans l’amour instinctif, oui, il y a une cause diminuante, nous le savons bien).
« La signification du don s’approfondit, et sa dignité, dans l’accueil exprimé de la nudité réciproque »,
la nudité intérieure, celle qui fait que nous ne voyons plus la nudité extérieure. Quand vous aimez quelqu’un d’un amour fou, spirituel, surprenant, divin, il est évident qu’il n’y a plus de nudité que la nudité mutuelle, intérieure aux deux. Si c’est cette nudité-là que je vis, alors mon amour s’approfondit, s’intensifie, et mon corps se construit dans la signification sponsale de son don, pour la gloire de Dieu et pour la glorification de l’univers.
« Dignité parce que Dieu à l’origine veut l’homme homme et femme pour Lui-même. L’innocence est donc une participation morale à la perfection éternelle de l’amour de Dieu. »
C’est extraordinaire ! Si vous le vivez de l’intérieur, vous êtes une participation amoureuse, morale, de la perfection éternelle de l’amour de Dieu. Que le Pape ait dit une chose pareille est incroyable !
« Le contraire de cet accueil de l’autre comme don serait une réduction de l’autre comme objet. »
C’est sûr : si je pense qu’il faut quand même que je refasse ma vie (sinon je ne me sens pas bien), et qu’avec lui ça ira mieux, il me fait plaisir, il me fait du bien (et je me sens mieux), je réduis l’autre à un objet.
« Réduire intérieurement l’autre à un « objet pour moi » serait le début de la honte et la honte correspond à une menace contre le don de soi dans son intimité personnelle. »
Non seulement avec les autres, mais aussi avec Dieu. Celui qui dit : « Après tout je peux faire ce que je veux, je suis libre », s’interdit de pouvoir vivre par expérience le don de son intimité personnelle avec Dieu et avec quiconque, sa propre épouse, son propre époux, son propre fils, sa propre fille.
« A l’origine, il n’y a pas de honte, mais l’acceptation de l’autre de l’intérieur comme don de Dieu. »
Dieu se donne à moi à travers lui, Dieu donne l’image de son don en me donnant cette image comme propre don, et je l’accueille comme tel. Il y a donc deux éléments : donner et accepter le don. Une fois que j’ai accepté le don, je donne ce don à l’autre, qui lui-même vit dans l’unité de ces deux dons et se redonne dans un nouveau don qui s’approfondit donc continuellement comme dans un tourbillon.
« C’est ainsi que Eve, devant l’exclamation d’Adam qui la perçoit dans la signification sponsale de son corps comme don, se découvre et se retrouve elle-même dans son propre don lorsqu’elle est acceptée telle qu’elle est, comme don de Dieu, selon le Verbe de Dieu, c’est-à-dire pour elle-même par Adam, selon sa féminité et à travers son humanité. »
C’est le premier temps : elle se découvre elle-même dans son propre don parce qu’elle est acceptée, reçue physiquement comme telle par Adam. Du coup :
« Elle parvient là à la profondeur intime de sa personne et à la pleine possession d’elle-même. Le fait de se retrouver elle-même dans son propre don est source d’un nouveau don d’elle-même. »
Le fait de se recevoir, de se découvrir grâce à l’acceptation dans la pleine possession d’elle-même, lui permet de se redonner, avec la lumière de cette découverte qui approfondit et intensifie sa capacité de se donner et d’être à nouveau donnée.
La prise de conscience permet de produire en Adam l’ouverture d’un accueil d’Eve plus profond, plus étonnant, plus éblouissant encore. Déjà la première fois, il était tout ébloui, mais ayant pris conscience du don qu’elle était elle-même dans l’acceptation de ce don par Adam, cette prise de conscience lui permet de se donner d’une manière lumineuse à partir de l’unité sponsale. Vous imaginez avec le don de Dieu en Personne, et du coup, quand elle se redonne avec ce don-là, si Adam la reçoit comme telle à travers cela, c’est pour lui une extase, un ravissement, un cri nouveau, une acceptation nouvelle, une commotion, une énergie pour pouvoir réaliser la réciprocité du don par laquelle il manifeste l’accueil de ce don.
« Dans un premier temps, l’homme est celui qui reçoit le don. C’est à lui d’assurer le processus de l’échange du don, de la compénétration réciproque du donner et recevoir en don qui réalise l’authentique communion des personnes. Enrichi du don de la femme dans sa personne et sa féminité, de l’intérieur de lui- même il s’enrichit encore en se donnant à elle à son tour, car il manifeste par là l’essence spécifique de sa masculinité qui, à travers la réalité du corps sexué, atteint la profondeur intime de la possession de soi grâce à laquelle il est capable d’être accueilli par la femme à son tour comme don. Lorsqu’il est accueilli à son tour par la femme comme don, elle l’accueille dans la révélation de l’essence intérieure et spirituelle de sa masculinité en même temps qu’avec toute la vérité de son corps et de son sexe. Et l’homme se retrouve lui-même à travers ce don sincère de soi. »
Alors il est capable d’accueillir la femme d’une manière nouvelle, plus profonde encore, et c’est ainsi que l’amour ne peut plus s’arrêter d’augmenter.
La femme, de l’intérieur mais aussi de l’extérieur (puisqu’il n’y a pas de différence dans la signification sponsale du corps), est faite pour être donnée, abandonnée. Mais son abandon doit être pur, transparent, divin, virginal, limpide, contemplatif, pleinement féminin, sponsal. A ce moment-là, c’est comme si elle portait l’éternité du don de Dieu. C’est pour cela que la femme est plutôt exprimée avec des rondeurs, et aussi avec un nid : elle est accueil de l’intérieur comme de l’extérieur. Mais bien sûr, c’est surtout de l’intérieur, c’est surtout ce qui illumine de l’intérieur : l’âme, la lumière vivante qui vivifie de l’intérieur la féminité du corps, fait d’elle une présence d’éternité, le don de l’éternité. Dans l’instant où la femme se donne, le temps s’arrête. si elle est pure, si elle est transparente, si elle est virginale, si elle est divine, si elle est chrétienne, si elle est transformée, si elle est redevenue elle-même dans son propre don.
L’homme lui, de l’intérieur, est l’énergie de la force divine. La femme, dans l’habitacle de son corps féminin, reçoit cette énergie et lui donne toute son expression. Elle est le nid de l’homme, elle est miroir de l’homme, et l’homme se plonge dans ce miroir pour y trouver l’image et ressemblance de Dieu qu’il est dans son corps, dans son âme, dans son esprit, dans sa liberté originelle et dans sa gloire éternelle.
Si la femme est vraiment femme dans la signification sponsale de son corps, pleinement féminine, alors elle se donne et sa pureté, sa transparence rayonnent, surabondent : elle est le miroir du don éternel.
Il nous faut retrouver les lois de la nature du corps sexué
Aujourd’hui malheureusement, le corps sexuel, la sexualité, fonctionne très mal. Si la femme n’est pas pure, tout se ramasse en elle, il y a une régression sexuelle, et elle devient attractive, elle essaie de séduire, d’attirer : c’est à cela que vous voyez qu’une femme n’est pas féminine. C’est son intention, à l’intérieur d’elle. Même si elle ne bouge pas, même si l’homme est cinquante mètres derrière elle et qu’elle ne le regarde pas, elle sent très bien si elle a accroché le mouvement. Mesdames, je vous assure, l’homme ne sait pas ce que c’est, mais il le subit. Et s’il y a de la séduction, s’il y a cette télékinésie de l’adolescente mal soignée par Freud, c’est terrible parce que la vie de la femme est foutue.
Evidemment, si l’homme a autour de lui un tel aspirateur, il a une tendance à y aller, comme l’hippopotame, à se décharger, et c’est horrible car la signification sponsale du corps masculin n’est pas celle de l’hippopotame.
Avec les fiancés, nous regardons l’interprétation symbolique de tous les mécanisme vivants de la finalité sexuelle naturelle du corps féminin et du corps masculin dans son organisation, parce que c’est la porte à la découverte de la signification sponsale du corps.
Le corps masculin n’est pas fait pour aller de l’intérieur vers l’extérieur : toute la sexualité masculine est faite au contraire pour intégrer, recevoir, la pureté éternelle de l’instant prodigieux du don de la femme dans l’intérieur de son corps masculin. La masculinité est fabriquée par Dieu, par le Créateur, par la nature, selon les lois de sa finalité naturelle, pour intégrer, recevoir, pour faire ce mouvement de concentration, de réception, d’accueil d’un don qui va illuminer tout son corps. La semence, qui va se manifester symboliquement par les énergies, va être entièrement prise, commotionnée, rassemblée pour produire la force de la lumière de la signification sponsale de son corps masculin. C’est pourquoi la semence, s’il est pleinement viril, n’aura jamais besoin de sortir. La sexualité masculine ne fonctionne pas du tout comme la vessie : elle est une intégration.
La signification sponsale du corps masculin lorsqu’il est pleinement habité intègre tout ce qui est masculin dans la lumière vivante et physique de son corps, et du coup il produit et il est le réceptacle des énergies de la force divine. Il peut donc recevoir et se donner.
Quand l’homme reçoit une révélation sponsale (ce peut être une petite fille de dix ans qui se jette dans ses bras alors que ça ne lui est jamais arrivé, ou alors une femme qui l’aime profondément, de façon virginale, et qui se jette dans ses bras pour la première fois, si cette petite fille ou cette femme est plus profonde que lui, plus pure que lui, plus virginale que lui), il a une émotion incroyable, une commotion, un mouvement de rassemblement, qui disloque, ouvre les forces de la signification sponsale du corps masculin et en libère les énergies : il en est illuminé et il comprend que cette personne l’aime. Jusqu’à présent il n’avait pas l’expérience de quelqu’un qui se donne avec cette profondeur de pureté virginale, cette profondeur d’authenticité, de vérité. Là, il perçoit, à travers le don du corps de cette enfant ou de cette femme, jusqu’à quel point elle l’aime, et c’est cela qui fait la commotion, la révélation. Là, il est comme dans l’union transformante de la cinquième demeure : « Vais-je assurer la réciprocité dans la même profondeur dans l’ordre du don ? ». Le Pape nous dit dans le discours du 6 février 1980 que c’est avec cette force, cette lumière, cette commotion, qu’il y a cette possibilité de pouvoir se donner à son tour et d’assurer la réciprocité du don, et c’est la signature de la masculinité.
Vous voyez bien que le corps masculin et le corps féminin ne fonctionnent pas nécessairement comme le veulent les romans policiers. Ils fonctionnent selon les lois de la nature et il faut retrouver ces lois de la nature du corps. Si nous ne le faisons pas, la signification sponsale du corps est inversée et nous rentrerons dans une amitié, dans une relation homophile avec les gens. C’est à cause de cela que le monde d’aujourd’hui, la troisième génération après Freud, est pratiquement homosexuelle (à 80% environ en occident), même si elle l’ignore. A l’Armée, combien de jeunes gens ont un corps qui fonctionne selon les lois de la nature, du point de vue de la masculinité ? Ce n’est pas la majorité. Tout cela est à cause du fait qu’il n’y a plus la lumière de Dieu, la lumière du Créateur, il n’y a plus la création, il n’y a plus la pureté de la femme. La femme elle-même n’a pas dépassé le stade de séduction de l’adolescente quand elle découvre que son corps est capable d’attirer, et elle n’est pas arrivée à la plénitude du don qu’elle est elle-même en s’abandonnant dans la pureté d’elle-même, de toute sa personne, pour toujours.
Nous avons vu la solitude, l’unité, et aujourd’hui la nudité.
Si vous voulez bien, nous regarderons les prochaines fois comment nous pouvons approfondir ces questions- là, comment nous pourrions faire quelques petits exercices tout simples pour faciliter la Rédemption de Jésus sur cette blessure de l’amour dans l’intimité de notre corps.
Nous pourrons aussi regarder comment exercer le sacrement de mariage, pour ceux qui l’ont. Et si, comme moi, vous n’avez pas le sacrement de mariage et n’êtes pas appelé à le recevoir, il faut quand même le regarder pour savoir quelle est la Res du sacrement et vivre du fruit du sacrement.
NB. Quand nous soulevons la question de la féminité et de la masculinité, nous soulevons aussi des choses que nous ne maîtrisons pas, parce que nous avons tous les séquelles du péché originel. Ne vous inquiétez pas si cela provoque un petit malaise ou des troubles, après ou pendant. La seule précaution à prendre est de ne laisser place ni à l’imaginaire ni à l’extériorité du corps. Nous sommes en train de tailler une vigne et il faut couper les mauvaises herbes. Comme nous sommes trop à l’extériorité, ne nous touchons plus. Le premier mouvement est forcément un mouvement qui n’est pas juste, donc nous n’obéissons pas au premier millimètre du premier mouvement. Et nous n’imaginons pas non plus, mais nous prions, et une fois que nous sommes pleinement en Dieu, à ce moment-là nous nous donnons. Mais nous n’obéissons jamais à un mouvement d’extériorité. Et nous n’attendons pas d’être un peu échauffés ! Nous coupons au premier millimètre. Le corps a la plénitude de son extériorité lorsqu’il a la plénitude de son intériorité. Quand vous vous endormez, n’imaginez rien, ne rêvez pas, mais donnez-vous intérieurement, totalement, dans l’abandon ou dans l’accueil du don qui vous est fait dans votre féminité ou votre masculinité. Et que de plus en plus ce soit cela qui fasse votre corps masculin ou féminin.
Soyez bénis.
Samedi 22 octobre 2005
Deux mois dans l’année sont consacrés à Marie : le mois de mai et le mois d’octobre. Quand j’étais enfant, ma mère nous réveillait tous les jours du mois de Marie en chantant :
« C’est le mois de Marie, c’est le mois le plus beau.
A la Vierge chérie, chantons un chant nouveau.
De concert avec l’ange qui la salua ».
Et le mois d’octobre est le mois du Rosaire, consacré à Marie : accrochons-nous à la prière pendant le mois d’octobre, c’est un mois qui est fécond pour nous remettre à la prière. La prière est une course, nous sommes tout tendus vers le ciel. Mais quand nous avons couru de toutes nos forces un 800 mètres, nous courons moins vite, et ce n’est pas parce que nous ne sommes pas de bons sportifs. Dans une course de longue durée, il faut trouver un second souffle : il faut retrouver la ferveur, il faut retrouver la prière, et pendant le mois d’octobre, il faut retrouver Marie, retrouver le chapelet, retrouver le rosaire, nous replonger dans la vérité lumineuse, vivifiante. Du coup nous ne ressentons plus la fatigue, nous sommes repartis.
Saint Jean Climaque disait qu’on reconnaît un saint, quelqu’un qui est vraiment dans sa peau, dans son corps, dans sa chair, dans sa grâce, dans sa mission, dans sa vocation, à ce qu’il garde quand il est très vieux la ferveur qu’il avait dans les débuts. Ce n’est pas la même ferveur, parce que la ferveur de la 7e demeure n’a rien à voir avec la ferveur de la 1ere demeure. Voir un saint est spectaculaire, parce qu’il garde la ferveur des premiers âges, des premiers jours de l’enfance : la même innocence, la même pureté.
Rien de plus terrible que ceux qui s’essoufflent ! La tiédeur dans la prière des gens qui ont 25 ou 30 ans est horrible à voir, parce qu’on sent déjà la mauvaise odeur de la tiédeur, puis du vomi, et la corruption n’est pas loin.
C’est ce que nous avons lu dans la première lecture . Marie et le Saint Esprit sont là pour nous donner cette vie. Plus nous donnons notre vie (et c’est le contraire de la course athlétique), plus nous avons de forces. Dans l’amour, plus nous nous donnons, plus nous pardonnons, moins nous sommes blessés, plus nous sommes forts.
Nous parlons de sponsalité, de la vie physique, spirituelle et fervente d’un homme par complémentarité avec la vitalité, la puissance et le rayonnement d’une femme. L’homme et la femme ont été créés par Dieu pour ne pas être séparés. Dieu n’a pas créé le petit grain de raisin pour être séparé d’une grappe, et certains sont complètement enveloppés par d’autres raisins. Nul d’entre nous n’est fait pour vivre replié sur lui-même : nous sommes tous faits dans l’unité. A l’intérieur de cette unité, nous sommes blottis à l’intérieur des autres, et voilà à partir de quoi nous avons été créés. Nous n’avons pas été créés en dehors de Dieu, nous avons été créés tout blottis à l’intérieur de Dieu. Nous n’avons pas été créés en dehors de notre père et de notre mère : nous avons été créés tout blottis dans l’unité sponsale du père et de la mère, blottis dans une humanité qui elle est entièrement blottie dans ce désir de ne vivre que de l’autre, de ne vivre que de l’Un. Dès lors que nous avons l’odeur de l’Un, de cette unité d’origine, de cette vitalité, de cette force, nous sommes entièrement donnés, livrés et nous ne vivons que de l’autre. L’amour est vivre autre chose que de soi-même tout seul. C’est à cause de cela que nous sommes masculin et féminin, qu’il y a une différenciation sexuelle.
Nous avons beaucoup de mal à cause de l’image et de l’idéologie freudienne
Il est vrai que nous sommes une génération qui a beaucoup de mal, pour la première fois dans l’histoire de toute l’humanité. Cela ne s’est jamais produit, ce phénomène curieux est très moderne.
Notre éducation est très marquée par l’image. Parce que l’image animée est rentrée à la maison, la télévision nous parle beaucoup plus que notre père et notre mère : les sociologues ont calculé que la télévision, l’image vivante, parle environ 200 fois plus à l’enfant que le père et la mère ne parlent à l’enfant. Il faut voir aussi ce que cette télévision explique, ce qu’elle raconte, ce qu’elle enseigne. Même si elle n’enseignait que des choses extraordinaires, palpitantes, passionnantes, ce serait une catastrophe parce que cela passe par une image. L’image ne parle pas au cœur, mais à l’imaginaire, et le propre de l’imaginaire est d’élargir l’intériorité du repli sur soi. Si l’imaginaire gonfle, l’imagination qui est bonne régresse, et le point de vue psychique, l’angoisse, l’inquiétude, l’anxiété, la honte, prennent une place énorme.
Nous disions donc que ce phénomène est moderne, mais ce n’est pas seulement à cause de l’image : c’est aussi à cause de Freud. Il est nécessaire aujourd’hui de parler de la différenciation sexuelle, de l’image et ressemblance de Dieu dans le corps masculin et féminin, parce qu’un cheval de Troie s’est introduit à l’intérieur de nous et qui s’appelle la psychanalyse, la philosophie analytique, avec Freud, Reich, etc (pas la peine de faire la grande litanie de ces corbeaux du désert). Que personne ne dise qu’il n’est pas influencé par cela, nous sommes tous freudiens à 100%.
Quelle est la grande erreur de Freud, la grande erreur de la psychanalyse ? Si un avion s’écrase, une cellule psychologique est immédiatement créée. Si un problème survient à l’école (une crise, un crime, que sais-je), une cellule de crise, psychologique, est créée pour aider les enfants. La mort elle-même va se régler par des méthodes d’ordre psychologique, avec les soins palliatifs. Le diagnostic est établi à partir de critères d’ordre psychologique. Il n’y a pas d’autre vision du bien et du mal qu’à travers le point de vue psychologique.
Or il se trouve justement que pour un homme (et cela différencie l’homme de l’animal) le point de vue psychologique n’a aucune importance. Ce qui compte pour un homme est le corps spirituel et l’esprit : là est le centre de gravité de l’être humain. Mais Freud, lui, dit : « Je n’ai jamais expérimenté l’esprit. Je ne connais que l’instinct et la libido : la libido est une énergie qui se concrétise dans le corps. »
Tous les psychologues, sans aucune exception, sont originés de cette école. Tous les professeurs, dès lors qu’ils sont un peu psychologues, sont freudiens. Ils s’y prennent bien avec nous, avec beaucoup de psychologie : « Oui, attends, je vais t’expliquer, tu te calmes ». nous prenant pour des bêtes, puisqu’on prend les bêtes psychiquement. Tandis qu’avec un enfant, un homme, une mère, un époux, une épouse, la relation ne doit pas être d’ordre psychologique, le rapport doit être personnel : un rapport profond, un rapport de cœur à cœur, un rapport de communion des personnes, un rapport physique et spirituel, un rapport humain.
Nous l’avons lu tout à l’heure : la grâce fait que nous ne sommes plus sous l’emprise de la chair. Quand nous sommes sous l’emprise de la chair, quand nous nous endormons en nous demandant : « Que pense-t-on de moi ? », « Est-ce que je vais y arriver ? », « Est-ce que je maîtrise bien la situation ? », « Est-ce que je pourrai m’en sortir ? », nous sommes dans l’inquiétude, nous nous prenons le pouls.
« Je », « moi je », « me », « moi j’ai des anxiétés. »
L’erreur de Freud, l’erreur des psychologues est de dire qu’il ne faut pas être complexé, frustré, castré. Il met une continuité entre l’affectivité sensible et l’affectivité sexuelle. Très grossièrement, cela veut dire :
« Puisque je l’aime, puisque je ressens un très grand besoin de l’aimer, il faut que je m’y investisse avec toute la force, toute la signification et tout l’aspect charnel de mon corps. Je l’aime vraiment, nous sommes fiancés, il y a une affectivité sensible, une affectivité profonde, une affectivité forte et réciproque, alors nous allons vivre ensemble (ou au moins une fois deux ou trois nuits) ».
Il n’y a aucune continuité entre l’affectivité sensible et l’affectivité sexuelle
Mettre une continuité entre l’affectivité sensible, sous prétexte qu’elle est très forte, et l’affectivité sexuelle est la plus grave erreur qu’ait jamais pu faire un être humain en philosophie, en conseil. Il n’y a aucune continuité entre l’affectivité sensible et l’affectivité sexuelle. Si nous mettons une continuité entre l’affectivité sensible et l’affectivité sexuelle (je fais exprès de répéter), nous mettons notre cœur à la remorque du monde psychique charnel qui est en nous, de la libido, donc nous mettons cette union si profonde, si parfaite, si véritable, si engagée dans laquelle nous sommes, à la remorque de la libido, de ce qui est charnel, d’un centre de gravité qui fera que nécessairement cet amour va mourir, cette communion des personnes va mourir, cette union va exploser. Peut-être pas tout de suite, il faut environ sept ans.
On nous a trompés : il n’y a aucune continuité, même au niveau des organes. Nous avions terminé la dernière fois sur la sexualité masculine et féminine avec tout ce que cela pouvait comporter de symbolique. Au niveau du cortex, au niveau cérébro-spinal, ce ne sont pas les mêmes zones qui commandent chez le garçon son émotion de virilité et son éclatement de fécondité (nous sommes dans une chapelle, je ne peux pas dire autrement). Quand l’émotion masculine est là et qu’elle s’exprime physiquement, quelque chose en lui fait qu’il s’ouvre et qu’en même temps toute sa vitalité se concentre. Une concentration, un rassemblement se fait. Les jeunes filles ne savent pas ce que c’est (ne cherchez pas à imaginer, vous ne pourrez pas). Cette commotion fait une lumière, et une force, et du coup il y a des réactions physiques qui viennent de la signification sponsale du corps masculin. Cela est lié à la commotion affective qui intègre pleinement le corps dans la pureté, dans la chasteté. Je parle de gens qui sont normaux, humains, spirituels, je ne parle pas de gens qui sont charnels, animaux (nous ne reviendrons pas là-dessus : quelqu’un qui n’est pas spirituel est animal). Si dans sa tête l’homme est freudien, si dans sa contemplation de l’amour il est freudien, si dans la contemplation de la personne qu’il aime il est freudien, s’il est psychique, s’il est psychologue, sophrologue, kinésiologue (ou tout autre -logue), s’il n’est pas contemplatif, s’il est freudien, il y aura une continuité entre cette commotion et la deuxième chose qui relève de la réalisation de l’unité en une seule chair de l’homme et de la femme alors qu’en réalité il n’y a aucune continuité entre les deux.
Sur le plan physiologique, la première fonction masculine a au contraire pour effet d’absorber : tout le corps masculin se concentre et ouvre à l’intérieur des puissances séminales de l’homme de quoi absorber sa force séminale et de la diffuser à l’intérieur de lui pour la transformer en énergie vitale. Tandis que la seconde fonction qui est finalisée par la fécondité et par le don de l’énergie vivante pour la pro-création, est commandée par un tout autre organisme à l’intérieur du corps masculin qui n’a strictement rien à voir à cela. Il n’y a donc aucune continuité entre le durcissement et ce qu’on appelle l’éjaculation.
Excusez-moi, ce n’est pas le lieu, mais il est quand même très important de trouver d’où vient cette anomalie qui fait qu’aujourd’hui les êtres masculins supposent qu’il y a une continuité entre les deux. D’où vient cette impuissance, cette absolue non maîtrise de la signification sponsale du corps masculin ? En celui qui n’est pas capable de voir la différence totale entre les deux, et de faire la séparation totale entre les deux, il y a un court-circuit qui vient d’une idéologie.
Tu deviens ce que tu contemples. Personne n’est exempté de voir les choses à la manière psychique, à la manière psychologique, à la manière freudienne, à la manière image qui a pris vie et qui parle dans la maison, sauf si tu es né dans une grotte ou dans un ermitage et que tu n’en es jamais sorti.
Du coup, un phénomène sociologique, psychologique et surtout physique s’est réalisé en l’espace de trois générations à peine : les êtres masculins ne sont plus masculins, leur masculinité ne fonctionne plus. Vous m’avez souvent entendu dire qu’ils sont transformés en passoire. Je peux vous expliquer le processus équivalent en complémentarité chez la femme qui elles sont transformées en serpillières. On comprend que le mariage entre une passoire et une serpillière ne soit pas très reluisant ! Surtout, il faut voir ce qu’il y a dans la serpillière.
Les quatre centres de gravité de l’être humain
Nous sommes donc en train de méditer sur la sponsalité, la signification sponsale du corps. Nous avons lu tout à l’heure que nous ne sommes pas charnels, nous sommes spirituels. Peut-être retrouverai-je cette tradition qui vient de Moïse et qui discernait à l’intérieur du corps humain spirituel, du corps du don de Dieu, rempli d’amour, tout à fait lui-même, quatre centres de gravité, appelés en hébreu neshama d’en bas, neshama d’en haut, nephesh (l’âme), rouah (l’esprit). Le centre de gravité de l’animal qui marche à quatre pattes est ici, en bas des entrailles, et nous avons ce centre de gravité de l’animal, appelé neshama d’en bas. Quand saint Paul dit que nous ne sommes pas charnels, il parle de ce centre d’en bas ; et que nous sommes spirituels, il parle de la rouah (l’esprit), en sautant deux centres de gravité de la tradition de Moïse : neshama d’en haut et nephesh (l’âme).
Dans la signification sponsale du corps masculin et féminin, il y a donc ces quatre centres de gravité. Nous ne connaissons plus les deux centres de gravité intermédiaires en raison de l’imprégnation involontaire d’une idéologie athée, d’une idéologie inhumaine, d’une idéologie qui cherche à tuer l’amour entre l’homme et la femme, à suicider la masculinité et la féminité de manière à ce qu’il n’y ait plus qu’une indifférenciation. Pour retrouver ces deux centres intermédiaires qui permettent l’unité en un seul cœur, l’unité profonde des personnes et enfin l’unité dans le don, il faut aller tout de suite au corps spirituel. Le centre de gravité est la grâce : la grâce est un don gratuit qui dépasse l’homme, une ouverture, une puissance obédientielle, un phare qui éclaire et qui fait que nous voyons le ciel jusqu’à l’infini. Nous l’avons, cette rouah, ce souffle qui est au-dessus de nous mais collé à nous, lié à la différenciation sexuelle. L’homme est fait pour épouser en se donnant et en transformant, en réalisant ce service de don gratuit, tout l’univers. Pour cela, il faut trouver son corps spirituel, et c’est la grâce que le Christ nous a donnée qui nous permet de le retrouver, de le mettre en place, de manière à guérir ensuite la communion des personnes, puis à guérir et rendre possible la communion des cœurs. Il faut que l’affectivité puisse avoir son autonomie aussi. Sinon, pour l’instant, dans la génération d’aujourd’hui, le seul centre de gravité qui ait son autonomie est la neshama d’en bas, à cause de Freud. Il faut exorciser Freud, il faut arracher cela de nous. Cela veut dire que je ne me tâterai plus le pouls :
« Est-ce que je peux ? Est-ce que je le fais ? Est-ce que je ne le fais pas ? »
Il faut tout le temps rappeler cela, même si ça a l’air idiot : il ne faut pas se tâter le pouls. Il faut regarder la vérité. Il ne faut pas regarder comment nous fonctionnons, mais comment la nature devrait fonctionner si nous étions normaux. Il ne faut pas regarder que nous ne sommes pas normaux, mais ce qui est normal. Il faut se tourner vers Dieu, parce que nous avons été créés du milieu de Dieu, pas séparés de Dieu. Notre jardin de création est l’intérieur de Dieu : nous sommes créés là, alors n’essayons pas de vivre sans Dieu. Vivre sans Dieu est bête (neshama d’en bas).
Je peux très bien continuer à rester dans la concupiscence avec ce corps charnel. Ce corps charnel que nous tenons avec le péché originel et les séquelles du péché originel est terrible, parce que nous sommes aveuglés, nous n’y voyons rien, nous n’y comprenons rien, nous ne maîtrisons pas la situation. C’est comme un grand fleuve qui va vers Dieu, un grand fleuve qui se jette dans la mer qui est Dieu : nous ouvrons le barrage et les premières tonnes qui vont vers la mer sont des torrents de boue, d’excréments, de pourriture. La première chose qui est devant est le péché originel, et après viennent les confluents qui amènent nos petits péchés, nos lessives, nos corruptions. Notre situation est terrible parce que nous nous jetons dans les bras de Dieu mais au départ c’est avec cette lave de corruption.
Mais justement, nous avons un autre Adam : Jésus, qui est venu d’en haut, et « nul n’est monté vers le ciel s’il n’est lui-même venu du ciel ». Il est venu avec sa chair, Il est venu prendre notre fleuve, notre barrage, l’a fait monter par là-haut et l’a fait redescendre directement dans la mer sans cette corruption.
Pour recevoir ce don de l’humanité recréée par Dieu, il faut recevoir le baptême. Ce n’est pas parce que tu fais du bien, que tu ne fais pas de faute, pas de mensonge, tu es pur, sincère, généreux (tu as donné dans toute ta vie 150 € pour les pauvres : un cent millième de ce que tu as gagné, c’est très généreux.), mais est-ce que c’est cela qui va te sauver ? Non, parce que le fleuve est toujours celui-là, avec ces confluents, avec la lave de boue et de pourriture qui se jette en premier dans la mer. Tu es sauvé parce que tu acceptes le don du Christ, tu es recréé dans ton corps spirituel venu d’en haut, tu retrouves la signification sponsale de ton corps et tu te retrouves toi-même tel que tu es pour te donner à fond dans la pureté et dans la pleine signification de ton corps masculin ou féminin, sans aucun complexe. Comprends que tu es sauvé et tu vas au ciel parce que tu crois au Christ et que tu acceptes le don de Dieu.
La première parole que j’ai dite à ma petite reine qui est à droite est la dernière parole de Jésus sur la terre. Quelle est la dernière parole que Jésus a dite avant de monter au ciel ? La dernière, donc la plus importante : « Allez dans le monde entier près de tous les hommes [de toi par exemple, de lui, de moi], baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. Celui qui refusera sera condamné. » Condamné à être un fleuve de boue, et Dieu n’y pourra rien. Nous ne sommes pas sauvés par nous-mêmes.
« Ce que j’ai fait n’est pas mal, je me sens bien. Ah Freud, oui ! J’ai du succès, je l’aime, il m’aime, donc ça
va.
Solitude vivante habitée
Nous avions vu la première fois comment retrouver facilement par la grâce cette solitude vivante habitée qui fait que notre cœur est très profondément structuré dans notre chair, dans l’incarnation de nous-même, dans la solitude. C’est la solitude qui structure profondément le cœur humain. Nous ne sommes donc pas à la recherche de quelqu’un parce que nous n’aimons pas être seuls. Nous ne pouvons aimer quelqu’un que si nous sommes capables de vivre une solitude habitée en plénitude. Quand il va y avoir la rencontre des deux, la complémentarité ne sera possible que si le cœur est pleinement éveillé dans la solitude habitée.
Unité
La seconde fois nous avions vu comment il faut vivre de l’unité des deux. Lorsque nous aimons quelqu’un que nous avons rencontré, que nous allons rencontrer, ou que nous avons déjà rencontré mais que nous ne rencontrerons plus, ou que nous allons rencontrer tous les jours jusqu’à la mort, lorsque nous voulons aimer avec toute notre personne, dans un face à face, si nous voulons que ce soit une communion d’amour incarné des personnes, il faut que nous découvrions non pas l’autre, non pas moi, non pas notre rencontre mutuelle, mais ce qui reste de l’unité des deux, la rouah, le souffle de l’unité sponsale.
Si vous avez aimé quelqu’un avec la plénitude de votre corps masculin, de votre corps féminin, de votre cœur., de manière indissoluble un souffle demeure. Si vous avez mélangé de la liqueur bleue avec de la liqueur jaune, la liqueur verte est là : vous ne l’aviez pas repérée, c’est celle-là qu’il faut boire. Je ne vais pas boire à la fontaine de l’autre, je ne vais pas boire à la fontaine de mon propre cœur, non : je vais boire à la fontaine de l’unité des deux. Je ne vais pas boire de la Chartreuse bleue (moi, c’est Bruno), je ne vais pas boire de la Lérina jaune (la Lérina est faite avec de la mandarine, de l’orange, de la pulpe de raisin, c’est extraordinaire), non : je vais boire la liqueur verte, l’unité. Pour que mon corps féminin se réveille, pour que mon corps masculin se réveille, il faut qu’il soit illuminé, vivifié de l’intérieur par la couleur verte. Il ne faut pas qu’il soit vivifié par la couleur du monde féminin de celle que j’aime, ou par la couleur masculine de ma virilité parce que je l’aime, non : par la couleur verte de notre unité qui n’est ni homme ni femme, puisqu’elle procède des deux.
Notre deuxième méditation montrait que l’amour s’approfondit dans la communion des personnes si cette communion des personnes est contemplative et très incarnée, très physique. Même dans le monde physique le corps et la différenciation sexuelle servent à centupler la possibilité d’une communion des personnes qui va s’intensifier. Mais pour qu’elle s’intensifie, il faut voir l’unité, il faut que mon corps expérimente l’unité, revive l’unité. Il faut contempler l’unité des deux.
Croyez-vous qu’Adam disait : « Dis donc, Eve est formidable ! Enfin quelqu’un qui me va, intérieurement et extérieurement » ? Et qu’Eve disait : « Adam a une origine correcte » ? Ce n’était pas comme ça dans la grâce originelle. Ils vivaient tous les deux à l’intérieur de cette bénédiction que Dieu avait mise à l’intérieur de leur chair, à l’intérieur de leur cœur, à l’intérieur de leur vision immédiate des choses. Ils vivaient de l’unité des deux, ils voyaient l’unité des deux. Dans les mathématiques modernes, quand l’ensemble A et l’ensemble B s’entrecoupent, on appelle l’intersection « A inter B ». Et bien Adam et Eve ne voyaient que « A inter B ».
De l’intérieur de moi-même, si je l’aime, ma moitié sponsale vient de moi, elle est à moi, elle est au-dedans de moi et réciproquement, c’est donc du dedans de moi que je vois l’unité des deux et c’est cette unité des deux qui réveille la signification sponsale de mon corps.
Mais il n’y a pas de sexualité humaine sans la communion des personnes, sans cette lumière de l’unité.
Le Livre de la Genèse, chapitres 1 et 2, nous dit que « Dieu créa l’homme à son image, à son image Il le créa, zakar ou nekeva bara Elohim : masculin et féminin Il le créa. » Le Pape Karol dit : « Il y a l’homme, il y a la femme, mais où est le troisième bara ? » C’est l’unité, et l’unité existe.
« Ah ? Je ne la vois pas. »
C’est le troisième qui compte, et le troisième est l’unité des deux. C’est pour cela que si vous entendez quelqu’un qui dit : « Je cherche à réussir mon couple », répondez-lui tout de suite : « de bœufs : ce sont les bœufs qui font des couples ». On réussit le troisième qui n’est ni le couple, ni l’un ni l’autre, ni l’amour de l’un et de l’autre, mais la réalité de l’humanité intégrale qui émane de l’unité des deux. C’est cela que nous contemplons, que nous voyons, que nous repérons, que nous expérimentons, que nous vivons.
Et l’unité des deux n’a pas de péché originel, c’est ce qui est extraordinaire. Au paradis terrestre Adam (la couleur bleue) n’avait pas de péché originel, Eve (la couleur jaune), n’avait pas de péché originel, et l’unité des deux n’avait pas de péché originel. D’accord ? Mais après le péché originel, nous masculin, nous avons le péché originel, vous féminin, vous avez le péché originel, et pour cause, mais l’unité des deux n’a pas le péché originel : elle est lipide, virginale, pure, libre, ce n’est pas la neshama d’en bas, mais les quatre centres de gravité dans la grâce.
Quand philosophiquement nous expliquons à des gens qui aimeraient peut-être devenir lilliputiens dans la connaissance de l’affectivité humaine, nous distinguons 33 degrés de profondeur dans l’ordre de l’amour entre l’homme et la femme. Je connais quelqu’un qui a fait une série de cassettes où il parle des 24 premiers degrés de l’amour. Je vous affirme que quand je prépare des gens au mariage, je leur dis que tant qu’ils n’ont pas crevé le 19e degré je ne les marie pas, parce que Dieu et moi nous ne bénirons pas un monstre. Le Père de Monténar fait pareil, et il m’a dit que sur les 2000 mariages qu’il a fait il n’y a pas un seul divorce. Moi non plus, par pure grâce gratuite de Dieu, je n’ai eu aucun divorce, mais il est vrai que j’ai refusé un mariage où les fiancés n’avaient pas crevé au moins le 19e plafond. Dieu ne bénit pas un monstre, Il bénit un être humain, et si l’amour n’est pas humain, nous ne pouvons pas le bénir.
L’unité est la découverte de ce souffle verdoyant de l’humanité intégrale qui n’est ni homme ni femme. Et « A intersection B » prend de plus en plus de place dans la vivification de mon affectivité sexuelle, de ma masculinité spirituelle et de mon corps spirituel.
Nudité
Notre troisième méditation, la dernière fois, portait sur la nudité. A partir du moment où nous vivons de cette unité, il y a une lumière extraordinaire sur la gratuité.
Pourquoi la femme donne-t-elle régulièrement ? Cela paraît quelquefois sale, mais en fait c’est magnifique, elle donne son sang gratuitement, pour rien, régulièrement. Qu’est-ce que c’est que ce sang ? Si nous sommes cartésiens, nous si sommes freudiens, nietzschéens, hégéliens, phénoménologues, heideggeriens... alors nous trouvons que c’est sale, qu’il faut mettre des tampons. Mais c’est beau ! Nous ne sommes pas des phénoménologues ou des responsables sanitaires, nous sommes hébreux, nous sommes juifs, parce que notre Père est Jésus et l’Immaculée. Pour un juif il est impossible de découper tout en morceaux avec des ciseaux, en disant : « Dans le sang, il y a de l’hémoglobine, etc. ». Le sang est lié au don de soi, il est ce qui fait vivre notre âme, et du coup ça circule dans notre corps et dans nos veines.
C’est pour cela que nous invoquons le sang de Jésus. Jésus est ressuscité, son sang fait vivre tout son corps ressuscité, Il nous lave de son sang précieux, c’est-à-dire tout ce qui fait vivre de manière palpitante et en même temps palpable de l’intérieur notre corps, notre cœur, notre chair, et nous sommes lavés dans le sang du Christ.
Toute femme libère du sang gratuitement, pour rien, parce qu’une femme est faite pour donner gratuitement pour rien, pour se donner gratuitement pour rien, dans l’abandon. Elle est faite pour donner sa vie sans regarder si ça lui rapporte quoi que ce soit. Elle se donne et c’est tout.
Il faudrait regarder la moindre des particularités du corps de la femme dans son exercice physique pour comprendre ce qui se passe du point de vue de la signification sponsale de son affectivité, de sa contemplation, mais aussi de sa chair vivante et de sa personne lorsqu’elle vit dans les quatre centres de gravité de son corps féminin de l’unité des deux.
Jésus nous redonne cela, mais celui qui ne vit pas de la grâce ne connaîtra jamais cela, il restera impuissant. Plus cette impuissance s’accélèrera, c’est-à-dire plus nous laisserons la place à la dégénérescence idéologique de notre monde intérieur, de notre considération du monde, de nous-mêmes et des autres en fonction de l’intellectuellement correct du monde d’aujourd’hui, au fur et à mesure nous allons entrer vers la mort. Nous ne pourrons pas aspirer à autre chose qu’à la mort et nous aurons raison. C’est le propre des temps derniers dans lesquels nous sommes en train de rentrer.
Il faut de plus en plus comprendre que nous sommes des êtres de vie, ce que dit la Genèse quand Dieu dit qu’Il va créer l’homme comme un être de vie. Alors dès que je vis de l’unité, dès que je vois la splendeur intérieure du don intérieur physique de la femme, et que je vois spirituellement l’intériorité du don palpitant de la moitié sponsale qui est la mienne, je ne vois pas sa nudité extérieure : à travers son corps féminin, je découvre la splendeur de la signification sponsale de son corps, j’en suis émerveillé (d’ailleurs la femme elle-même devrait en être émerveillée), et du coup je l’accueille et cela réveille dans une commotion nouvelle, plus profonde, la signification sponsale de mon corps, et du coup il y a une possibilité d’accueil et d’échange du don, et d’un tourment dans la transformation qui s’opère dans l’échange du don et de l’accueil du don mutuel à l’intérieur de l’unité des deux lorsqu’elle devient contemplative.
Nous avons vu cela la dernière fois.
Quand nous vivons cela, si nous vivons de manière virginale, de manière vraiment sexuelle (cette fois-ci nous pouvons le dire) notre union spirituelle, sponsale, à ce moment-là, quelque chose s’ouvre à l’intérieur de nous et dans la contemplation de l’unité des deux (pas de moi, ni de l’autre, ni de notre amour mutuel, mais dans la contemplation de l’unité des deux), nous nous apercevons au bout d’un certain temps qu’il y a quelque chose de sacré. Il y a dans le corps de l’homme un kadosh ha kadesh, un nid, un ostensoir, un ciboire, une coupe, un sanctuaire, un saint des saints, une arche d’alliance, et dedans il y a une bénédiction. Cette bénédiction est au cœur de ce que je vis dans la sponsalité : c’est un don de Dieu dans la terre, une présence de Dieu dans la terre, une présence de Dieu qui se donne à travers notre don mutuel, une présence sacrée.
C’est pour cela que le péché du sixième et du neuvième commandement, le péché par lequel nous ne respectons pas la chasteté, n’est pas un simple péché qui touche le corps, mais un péché qui touche le don, et ne pas respecter la sainteté du corps en ne respectant pas la chasteté est aussi grave aux yeux de Dieu que de se jeter sur un prêtre qui dit la messe et d’aller cracher sur une hostie en la piétinant.
Cette quatrième dimension de la signification sponsale des corps masculin et féminin est très importante parce que c’est une fois que nous l’avons trouvée, une fois que nous sommes sûrs que cette fois-ci c’est la rouah qui anime notre corps masculin ou notre corps féminin (nous en sommes sûrs dès lors que nous l’expérimentons, dès lors que c’est vrai, ce n’est pas une imagination), que du coup nous nous apercevons que nous sommes capables de recevoir un sacrement. Le sacrement est un signe vivant : il y a une arche d’alliance et elle est sacrée, il y a la présence, il y a le sacramentum mais il n’y a pas encore la res du sacrement, il n’y a pas la réalité plénière du sacrement de l’unité de l’homme et de la femme.
Je vais expérimenter, je vais rentrer et être toujours dans le tourbillon de l’échange de l’accueil et du don dans la signification sponsale du corps dans sa dimension de solitude, d’unité et de nudité. Quand je pense à mon bien- aimé, comment est-ce que je pense à lui ? Quand je prie pour elle, comment est-ce que je prie pour elle ? Je prie avec cette dimension de solitude, en assumant sa solitude vivante, avec cette dimension d’unité, avec cette dimension de nudité qui fait que je comprends pleinement de l’intérieur, lumineusement, pour moi il n’y a presque plus de secret, si je puis dire. En même temps, je suis émerveillé de la nudité intérieure de son corps, c’est une extase, et du coup je ne vois plus la nudité extérieure. Mais c’est à cause de la nudité extérieure que je peux voir la nudité intérieure, évidemment. C’est tellement beau que je le revêt toujours d’un vêtement. Celle qui n’a pas découvert la nudité sponsale ne sera pas tellement gênée d’être en décolleté avec vue plongeante, mais dès qu’elle a découvert la nudité sponsale, forcément, elle est recouverte du vêtement du don, parce que le don est l’appel au sacrement. Et le sacrement va être reçu dans le don, dans la nudité de l’amour mutuel, de la communion des personnes, dans l’unité profonde des deux et dans la solitude vivante, dans le caractère tout à fait unique de cette communion des personnes. Le sacrement va prendre cela et va le recréer, va lui donner une force qui lui permet de rentrer dans le monde de la résurrection ainsi que dans le monde de tous les corps créés par Dieu dans l’univers.
Nous verrons peut-être dans une autre méditation ce que fait le sacrement de mariage. Il y a sept sacrements, dont l’eucharistie (la transsubstantiation), le baptême qui nous sauve, et le mariage. Saint Paul a dit que le mariage est le signe du Christ et de l’Eglise, et que ce sacrement est grand. Dans toute la Bible, Ancien et Nouveau Testament, c’est le seul des sept sacrements dont il soit dit qu’il est grand. Donc il est grand !
Notes de Nathalie
Le sacrement de mariage
Que fait le sacrement de mariage ? Il est le seul sacrement dont il est dit qu’il est grand, signe du Christ et de l’Eglise. Il est pour toujours, l’amour ne peut pas s’éteindre, le souffle sponsal est inextinguible.
Découvrir dans la solitude, le rayonnement féminin et l’accueil masculin, la capacité de recevoir.
La nudité entraîne aujourd’hui la pudeur, la honte, la réduction à l’objet. On installe une continuité entre l’affectivité sensible et l’affectivité sexuelle or il n’y en a pas ! Si on aime quelqu’un il ne faut pas se jeter sur lui !
La signification sponsale du corps est réservée dans un échange mutuel dans la nudité.
Dans la Très Sainte Trinité, il y a le mystère de l’Epoux et de l’Epouse : quand on est épouse, on est tout intérieure à son époux. Dans le Christ il y a tout Dieu et tout homme.
La sexualité c’est le lieu de Dieu dans la chasteté.
Il faut faire baisser, diminuer le psychologique. Le psychique c’est de l’imaginaire, ce n’est rien ! Nous sommes des êtres d’amour et de don, de solitude à l’état nu.
Exercice d’ordre sponsal
Quand je le vois je peux rougir, avoir des boutons, trembler, avoir les yeux fuyants, avoir des tics ou rester de marbre. Le désir physique et spirituel est tout au fond, il est aussi métaphysique.
« Ami si tu aimes n’arrête pas ton désir ! »
Il faut faire gonfler le désir pour que le psy parte.
Il faut refermer les déchirures dans ma chair, dans mon comportement.
Il faut retrouver par la sponsalité mon corps spirituel et métaphysique, il faut qu’elle vienne retrouver mon
cœur.
Il faut faire la conquête de la signification sponsale de mon corps par des actes d’adoration métaphysiques. Pendant que j’exprime un désir qui s’exprime dans mon corps, il y a un abandon et au premier instant, au premier mouvement, je fais un acte pour que le monde psychique n’ait pas sa place, pour que l’affectivité sensible ne se prolonge pas en affectivité sexuelle, mais qu’elle s’exprime dans l’unité des deux.
C’est la virginité = sponsalité.
Je peux donc réactualiser un désir passé grâce à un souvenir. Ainsi ce souvenir est support de désir, lui-même support d’un acte me permettant de réveiller la signification sponsale de mon corps.
C’est pour un amour de complémentarité, pas un amour homosexuel de similitude. Dans un amour homosexuel on cherche un autre soi, on cherche un miroir.
Acte d’adoration métaphysique
J’ai les yeux ouverts, j’écoute.
Le silence s’écoute, si le silence est parfait on entend alors battre son cœur très très très fort comme des coups de canon, on voit alors que son cœur est à l’extérieur de soi, son cœur est dans l’autre, pour l’autre, il est en Dieu, en celui pour qui l’on est fait. On est fait pour un autre, pas pour soi !
Je me touche et là, je vois que j’existe. Il faut éveiller les sens externes. Il faut bien regarder, bien écouter, être attentif, sentir (un parfum de violette), avoir un grain de sel sur la langue. Nous sommes trop enfermés dans le monde de la corruption freudienne !
L’existence est à l’extérieur de moi-même. Ce que je vis à l’intérieur de moi-même est vide. Ce que je ressens n’a aucune espèce d’importance. L’être : j’existe. Je touche mon existence en touchant tout ce qui est autre que moi.
Dieu ne crée pas ma vie, c’est Freud qui crée ma vie, c’est les idéologies. Quand je dis « j’en ai marre », « je ne comprends rien », c’est le métapsychique, ce sont les opinions, les impressions.
Il faut reconnaître sa source et se reconnaître en elle. Mais la source de ce que je vis ce n’est pas Dieu, c’est mon âme, c’est pour cela que si je me recueille en cherchant ce qui est le plus pur au fond de moi et que je touche l’âme, que je l’adore, je n’adore pas Dieu, je m’adore moi-même. Il faut faire la différence entre un être spirituel incarné et un être psychique vivant ! Celui qui ne fait pas la différence entre son existence et sa vie n’a jamais exercé de toute sa vie son intelligence, signé Aristote.
Je suis suspendu à l’acte créateur de Dieu : j’existe.
Si je me recueille dans la partie la plus pure de mon âme ce n’est pas Dieu : j’adore moi.
Il faut que toute ma vie, mon désir, ce que je ressens, je le mette sous la dépendance totale de Dieu. J’en prends conscience, ça se tend et je le catapulte en Dieu. Je m’y écoule délicieusement, joyeusement, j’ai emporté avec moi la création toute entière.
L’émotion, on ne la refoule pas. Il ne faut pas dire : « je n’aurais jamais dû être amoureuse !. » Si, mais en
adorant.
J’ai été très ému par elle, c’est un souvenir, donc un carburant. Ces expériences affectives permettent de faire des actes d’adoration. Il faut donc profiter de ces désirs qui n’ont pas été jusqu’au bout pour (leur) donner la possibilité à la nature de s’exprimer dans l’affectivité
Nous sommes des esprits sensibles, de don, d’abandon, de nudité et de solitude.
La main de Dieu : innocence virginale nouvelle, puissance sexuelle parfaite.
Cure de guérison sponsale : sept fois par jour un acte d’adoration métaphysique.
Acte d’union à Dieu : acte d’adoration métaphysique prolongé, on reste dans l’acte plus longtemps.
Il ne faut pas séparer Dieu et l’amour ni l’amour de Dieu, ni le corps de la présence de Dieu. Faire des actes d’adoration avec Jésus : unité.
Utiliser le carburant pour réveiller l’affectivité. Ce sont des actes d’amour que tu fais vis-à-vis de peut être une personne que tu ne connais pas encore.
Les lois de la nature n’appellent jamais à l’exercice intérieur de la sexualité. Il faut l’exercice intérieur de la sexualité avant. Sinon amour foutu entre les deux, tu peux aller en chercher un autre.
Si quelqu’un nous aime, il faut exiger qu’il nous aime vraiment.
Une femme regarde le christ, c’est Dieu tout entier, c’est tout et tu l’aimes.
Il faut toujours garder la jeunesse innocente de la virginité.
Si l’on aime quelqu’un, faire des actes d’adoration, c’est le mouvement normal de toute la féminité, du coup on se donne.
Samedi 29 octobre 2005
Nous sommes au pied de Notre Dame de Domanova et nous nous préparons à prier toute la nuit. C’est pour cela que je célèbre la messe du dimanche aujourd’hui. Nous sommes contents de nous retrouver ici. Nous faisons toujours cet effort, parce que c’est un effort facile, comme quand nous faisons l’effort de donner une caresse à un enfant que nous aimons. C’est un effort qui est facile et dont nous avons besoin, parce que nous avons besoin de vivre.
Le contraire de la vie est l’enfermement. Nous nous replions sur nous et c’est cela qui est un petit peu difficile sur la terre. Les escargots sont là pour nous le montrer : ils s’enferment dès qu’on les touche, ce qui montre bien que nous nous enfermons parce que nous avons peur.
Nous méditons en ce moment la question de l’amour qui s’exprime librement à travers la signification sponsale du corps. Cet amour n’est pas gêné, il n’a pas peur, il est pur, immaculé, limpide, humain, au contraire de l’image que nous en avons.
La honte et la pudeur
Les premiers contacts que nous avons avec l’amour humain sont toujours des contacts qui ne sont pas purs. Les premiers contacts que nous avons dans le domaine de l’affection sont toujours mêlés de concupiscence, d’orgueil et de puissance : un désir de posséder, un désir d’être satisfait pour soi-même. Cela fait beaucoup de choses ignobles qui viennent souiller l’amour, et c’est pour cela que le corps réagit immédiatement par la honte et par la pudeur. Cette réaction est saine, mais elle n’est pas normale.
Nous avions regarder les fois précédentes comment il se fait que par rapport à notre corps, il y a la honte et la pudeur, et pourquoi c’est très bien, parce que c’est un moment d’arrêt qui nous oblige à dépasser la peur, à condition de ne pas aller de l’avant malgré la honte et la pudeur, mais de répondre au message de la honte et de la pudeur pour revenir à l’origine d’un amour entièrement libre, mais d’une liberté originelle, d’une liberté qui sort directement, de manière immaculée, de la grâce et de la main de Dieu.
Tout notre effort ces temps-ci est d’essayer de méditer comment la différenciation sexuelle, comment la différenciation de l’homme et de la femme, du masculin et du féminin, devraient, vont s’exprimer, s’explicitent effectivement dans quelque chose qui devient indissoluble parce qu’il ne vient pas de l’homme, il ne vient pas de la femme, il vient d’un acte qui les dépasse, un acte sacré, une source qui ne vient pas d’eux et qui jaillit dans l’unité des deux : une bénédiction. C’est très beau ! Et c’est très intéressant.
Je suis d’accord que c’est une méditation dans laquelle il est difficile de rentrer parce qu’à chaque mot, à chaque phrase, à chaque évocation, nous avons toujours devant nous nos échecs, nos corruptions, nos concupiscences, nos réactions primo-primi, de sorte que nous avons à la fois la lumière libératrice qui illumine la lampe de notre différenciation sexuelle, de la signification sponsale de notre corps, et en même temps quelque chose en nous fait que nous éteignons la lampe, parce que nous l’avions déjà éteinte avant (cela s’appelle un flash back). Du coup, le doute s’installe, portant sur le fait que nous ne faisons pas confiance à Dieu.
Dans le péché originel, la tentation porte sur ce fait que Dieu peut être reçu comme une limitation dans le domaine de l’unité de l’homme et de la femme. Mais Il n’est pas une limitation, disant : « Vous allez mettre des obstacles, vous allez mettre des barrières, vous allez mettre une distance, vous allez mettre des règles. » Bien sûr qu’il y a des règles, mais ces règles sont intérieures, elles ne sont pas extérieures. Comme nous avons toujours la tentation de prendre Dieu comme une limitation, Dieu est exclu du rapport entre l’homme et la femme dès lors qu’il y a un amour puissant entre eux, comme si, si Dieu s’y introduisait, Il viendrait limiter la liberté de l’amour, sa force, sa puissance ou son incarnation. C’est là-dessus que Satan a joué, disant : « Mais non, Dieu t’a dit de ne pas prendre de l’arbre de vie, de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, mais Dieu vous limite. Si tu manges, tu seras comme Dieu. Si vous êtes tous les deux tous seuls sans Lui, vous irez beaucoup plus loin. » C’est percevoir Dieu comme une limitation à une grande course, une grande cavalcade, comme si Dieu mettait le bris sur le mors du cheval.
Et nous avons toujours cette tentation, disant : « Quand même, nous n’allons pas mettre le Seigneur là- dedans ! » Curieusement, quand nous avons affaire à des ménages qui vivent cette unité profondément, fidèlement, c’est surtout la femme qui ressent cette tentation. Si son époux est très profondément englouti en Dieu, la femme en éprouve une inquiétude, une jalousie ; elle se sent frustrée, et quelque part elle en veut même à Dieu. C’est un phénomène qu’on ne trouve pas ordinairement chez l’homme. Nous allons bien-sûr essayer de l’expliquer. Bien-sûr, si elle est très croyante, la femme est contente que son mari vive de l’union à Dieu, mais si son mari devient un saint, et qu’elle est arrivée seulement au première degré de l’union transformante, ça commence à se compliquer sérieusement pour elle, et cette tentation revient. C’est constant, c’est une règle absolue. On a toujours remarqué cela. Pourquoi est- ce ainsi ? Du coup, l’époux devient un martyr. Ce qui ne veut pas dire, mon cher ami, qu’il ne faut surtout pas devenir un saint !
C’est que dans l’unité sponsale, à cause du caractère flamboyant et splendide de la femme, il y a quelque chose qui fait que c’est elle qui donne le ton, c’est elle qui prend l’initiative du côté de la pureté, du côté de la limpidité, du côté de la profondeur, du côté de la spiritualité du don physique du corps. L’homme en est bien incapable, et nous l’avions vu la fois précédente dans l’accueil de l’échange et du don, lorsque le corps est présent, la femme, si elle aime profondément, si elle aime avec un degré de pureté très grand du point de vue de l’amour et du point de vue de l’intériorité, alors l’homme le découvre : il y a une perception de l’homme de la manière plus ou moins profonde d’une femme de se donner. C’est ce que nous avions dit en parlant de commotion : quand l’homme découvre qu’une femme se donne, s’abandonne et se livre, il ne découvre pas qu’il est aimé par quelqu’un et du coup ça le touche, mais il découvre une profondeur dans la manière de se donner qui transcende la pudeur et la honte, qu’il ne connaît pas. Du coup, cela produit à l’intérieur de lui une catalyse, une unité, une unification, un rassemblement, une lumière, une prise de conscience, ici, entre les entrailles et les reins, et du coup, tout est absorbé en lui et transformé, et apparaît la signification sponsale du corps masculin. Mais si la petite jeune fille ou la femme n’est pas profonde, si elle n’est pas pure, l’homme le perçoit aussi très bien. Ce phénomène de contemplation est propre à l’homme, la femme ne le connaît pas. Evidemment, si nous allons à l’extrême limite de la bêtise, si une femme se donne sans aucune profondeur, l’homme le voit tout de suite et il en profite, vous le savez bien : elle fait son cinéma, elle n’a aucune profondeur, cela se voit immédiatement.
Cela est vrai pour les trente-trois degrés de l’amour : ces degrés sont de plus en plus grands, plus profonds, plus purs, plus étonnants, plus splendides, dans la vérité de la signification sponsale du corps de la femme, et qui jaillit précisément de cette dimension de solitude assumée en elle lorsqu’elle est toute petite fille de Dieu qui se donne à celui d’où elle sort : elle sent la source de Dieu dans celui qu’elle aime. Il faut évidemment être très contemplatif pour cela, mais une femme est faite pour être contemplative.
C’est à ce degré de profondeur du don que l’homme, le découvrant, doit s’arrêter, se fortifier, parce que la lumière lui montre, ce que la femme n’a pas : elle se donne sans lumière, elle se donne dans l’abandon, elle se donne dans la nuit, sortant d’une source et cette source vient de la grâce, et la grâce ne vient pas d’elle. Mais si elle est pleine de grâce, alors la manière de se donner et la signification sponsale de son don à travers un corps féminin, est très contemplative, très pure, très virginale et très profonde. A ce moment-là, elle a une puissance de libération du péché originel dans l’homme tout à fait extraordinaire. Les confesseurs le savent : dès que les jeunes gens tombent amoureux et qu’ils reçoivent cet amour, qu’ils l’accueillent, d’une petite jeune fille qui est très pure, très profonde, aussitôt (c’est immédiat) toutes les anomalies de fonctionnement de leur corps masculin s’arrêtent, leur corps redevient normal, toutes les pollutions s’arrêtent. Et toutes ces anomalies qui transforment le corps masculin en passoire sont originées dans le fait que les femmes qu’ils aiment ne sont plus pures, elles ne sont plus femmes, elles ne se donnent plus dans la pureté, dans la féminité. Elles se donnent à reculons, pas face à face, ce n’est pas contemplatif, ce n’est pas profond. Alors du coup il y a un arrêt.
Le pape Karol signale à ce sujet que la honte qui a jailli à ce moment-là dans le cœur et dans le corps aussi, dans la réaction physique, instinctive du corps masculin, cette honte qui en jailli est beaucoup plus puissante que la honte qui jaillit dans l’impureté dans le corps de la femme. La femme a beaucoup moins honte de son corps que l’homme. La femme aime bien regarder son corps, le travailler. Le Pape Karol fait remarquer que c’est à cause de cette honte, parce qu’il y a une inacceptation de la part de l’homme, que l’union des deux ne se réalise pas dans l’unité sponsale de manière humaine, ce qui explique les réactions masculines de violence (l’agressivité), de réduction à l’objet, de prise de possession, et finalement de manque de respect.
Qu’il y ait la honte et la pudeur, c’est tout à fait normal. Mais en même temps, c’est le signe que nous n’avons pas trouvé le chemin de l’amour à travers l’intériorité du corps dans l’unité sponsale. et cela n’est pas normal.
La fonction extraordinairement différente du corps et de l’intériorité masculine dans l’unité avec le corps et l’intériorité féminine, du cœur et de la grâce, est quelque chose de très étonnant, de très beau. Il est sûr que la profondeur et la pureté du don sont commandées par la femme. Ce n’est pas du tout nouveau, tout le monde le sait, c’est pour cela que l’éducation de la femme dans toutes les civilisations de toute la terre, est toujours orientée vers la pureté. On soigne beaucoup plus la pureté de la petite fille que celle du garçon, parce que c’est la femme qui commande le degré de profondeur et de pureté dans l’ordre du don.
Mais il faut avancer !
L’acte d’adoration
Nous avions terminé la dernière fois par un petit exercice. Tout cela n’est pas théorique, il faut aussi faire une gymnastique de prière, une gymnastique spirituelle et physique en même temps qui permet cette reconquête, de l’intérieur, de la signification sponsale de mon corps masculin sur mon corps extérieur. Cette conquête opère petit à petit un rayonnement, puis une fêlure, puis une brisure, puis une victoire sur la honte. Mais si nous n’opérons pas
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comme cela, nous allons essayer de vaincre la honte à la manière freudienne, et nous allons briser l’éthos de l’éros et du don, c’est-à-dire les lois de la nature, et du coup nous allons briser l’amour et nous allons le rendre ...
Il ne faut pas obéir à la honte, il faut rebondir sur la honte pour rentrer au-dedans de nous en adorant. C’est pour cela que je vous avais proposé de faire des actes d’adoration.
Dès que vous avez un souvenir d’une grande émotion affective, d’une rencontre, d’un regard, d’une nuit romantique, où l’ éros était presque à la limite d’intégrer la finalité intérieure, où l’odeur de sacré, la splendeur étaient là, le temps était oublié, si ces souvenirs vous reviennent ou si vous vous rendez compte le soir que vous êtes émus, peut-être ne vous en étiez vous pas rendus compte sur le moment dans la journée, ou alors vous en étiez très conscients au moment où cela vous est arrivé (il y a tout un éventail de possibilités sur lesquelles je vous laisse vous- mêmes juges), à ce moment-là, dès que votre corps se réveille et qu’il y a ce mélange de la réaction de la concupiscence, de l’étonnement, du désir et de l’admiration, profitez de ces moments-là que vous pouvez faire rejaillir avec la grâce de Dieu tout simplement en se remettant en Dieu pour la revivre, à ce moment-là, dès que votre corps se réveille dans les profondeurs de l’âme dans la différenciation masculine et féminine, faites grâce à cela et à partir de cela un acte d’adoration où vous êtes catapultés tout à fait là-haut au delà des cieux en emportant avec vous toute la création. Du coup, tout le côté concupiscible, tout le côté impudique, tout le côté matérialisant, ou ‘instinctivant’ ou freudien ou libidinal est emporté dans l’acte de création : il se dilue dans l’immaculée et éternelle présence de Dieu et vous revenez du coup à une union avec cette personne-là qui soit une bénédiction.
A ce moment-là, nous sommes devenus dans l’instant ou féminin ou masculin. Du moins nous avons donné une nouvelle forme, une nouvelle détermination sponsale à notre corps, et notre corps va connaître une mémoire sponsale grâce aux actes d’adoration.
Les gens qui sont mariés devraient faire ces exercices tout le temps. Et même les gens qui ne sont pas mariés. Ils verraient alors petit à petit, dans les cas que nous sommes en train de préciser depuis la dernière fois, que la manière physique et intérieure de réagir dans l’acte d’adoration à l’emportement d’une affectivité qui n’est pas entièrement purifiée à cause des séquelles du péché originel, la manière dont le corps s’établit dans l’acte d’adoration, n’est pas la même selon que nous sommes masculin ou féminin.
Si nous sommes masculin, cela fait la même chose qu’avec une vraie sainte pure, immaculée, innocente : on croit que tous les espaces, l’omniprésence de l’univers sont aspirés et partent en Dieu. Vous imaginez bien que ce n’est pas une extériorisation : une intériorisation transcendantale de la masculinité du corps se met en route. Cette guérison-là est nécessaire pour tous les hommes.
Ce mouvement de l’extérieur vers l’intérieur dans la transcendance du don est très facile à repérer. Si tu n’as jamais reçu, accueilli, été ébloui par le don féminin à travers le corps, à mon avis tu seras incapable de faire un acte d’adoration : quelqu’un qui n’aime pas ne peut pas adorer. C’est la personne qui adore, et le corps fait partie substantielle de la personne.
La femme, quand elle adore, se rappelle ce moment d’abandon extraordinaire où elle a été accueillie comme femme dans la pureté intérieure virginale, elle a été reconnue, respectée, et elle a senti l’intériorité, cette énergie, cette force, ce côté ébloui de celui avec lequel elle était, et du coup elle s’est répandue comme des torrents en Dieu, elle est sortie d’elle-même.
Pendant l’adoration, elle sort d’elle-même, mais c’est tout à fait différent de l’acte très précis de l’adoration masculine : le corps ne vit pas l’adoration de la même manière selon que nous sommes dans un amour éveillé féminin et dans un amour éveillé masculin. Puisque je ne suis pas une femme, je ne sais pas comment ça se passe exactement, et je ne pourrai pas vous faire des descriptions vibratoires. Néanmoins si une femme se donne, ayant précisément cet acte d’adoration et cette unité, du coup elle peut livrer dans un nouvel élan et un nouveau don quelque chose de ce qu’elle a dans la profondeur de cette adoration, et à ce moment-là on peut éprouver cela. Nous l’avions vu dans le fameux discours du Pape Karol du 8 février 1980.
Le Cantique des Cantiques
Dans ces lumières-là, vous pouvez relire quelques passages de la Bible. Il ne faut pas prendre trop vite le Cantique des Cantiques comme une révélation de l’éros : c’est une révélation de la sponsalité, une révélation de l’époux et de l’épouse, et c’est tout à fait différent. Certaines évocations sont très belles :
Chapitre 2, versets 1 à 5 :
Comme le lys entre les chardons,
telle ma bien aimée entre les jeunes vierges.
ainsi mon bien aimé parmi les jeunes gens.
A son ombre désirée je me suis assise, et son fruit est doux à mon palais.
Il m’a menée au cellier,
et la bannière qu’il dresse sur moi, c’est l’amour.
Soutenez-moi avec des gâteaux de raisin, ranimez-moi avec des pommes, parce que je suis malade d’amour.
La rencontre physique, spirituelle et divine de l’homme et de la femme est exprimée ici à travers le narcisse et le lys des vallées, c’est-à-dire la force (l’homme) et la pureté, et la femme est reconnue comme un lys par celui qui la découvre comme étant quelqu’un qui se donne à lui par amour, c’est-à-dire d’une manière pure, désintéressée, gratuite. Il la reconnaît, il la reçoit et elle se reçoit comme son épouse et à ce moment-là elle éprouve et elle reconnaît ce qui se passe à l’intérieur de l’époux lorsqu’il est aimé par elle.
Comme le pommier parmi les arbres d’un verger, ainsi mon bien-aimé parmi les jeunes gens.
Parmi toutes les femmes du monde, il y a la pureté du don, et c’est pour cela qu’elle est femme pour lui. Tandis que l’homme pour la femme est symbolisé par un verger, un immense champ avec beaucoup d’arbres, beaucoup d’ombre, beaucoup de fruits, beaucoup de choses savoureuses.
A son ombre désirée je me suis assise.
La relation intérieure de la signification sponsale de son corps féminin, de l’intériorité affective de son cœur lorsqu’elle est dans la plénitude de la présence, de l’amour et des sources de l’amour de Dieu, instinctivement elle s’abandonne, elle se repose, elle s’allonge à l’intérieur du verger dans l’ombre de l’époux.
Et son fruit est doux à mon palais.
Alors elle savoure l’odeur de la signification sponsale du corps masculin qui a été réveillé par la splendeur de la pureté du don de la femme et du coup se redonne dans cette même profondeur. Mais du coup une immensité s’opère, un ombrage, un repos.
Il m’a menée au cellier,
C’est-à-dire dans ce qu’il voit. Le cellier est au sommet de la maison, où l’on met tous les fruits, et donne sur la terrasse : parce qu’elle a réveillé en lui la vie, la pureté, il est contemplant.
Et la bannière qu’il dresse sur moi, c’est l’amour.
Du coup, il y a une réciprocité, et cette bannière est la victoire sur Satan, la victoire sur la concupiscence.
Soutenez-moi avec des gâteaux de raisin,
Les gâteaux de raisin sont faits de pain, le fruit de la terre et du travail des hommes, et du vin séché dedans le pain. Il y a ce désir du sacrement de mariage. Il est bien évident que petit à petit nous commençons à percevoir qu’il y a là la matière d’un sacrement : des pains, des gâteaux de raisin. C’est extraordinaire !
Du point de vue du sacrement, le pain représente la couleur verte, cette unité, cette ombre, ce repos, cette lumière, cette profondeur virginale et en même temps cette contemplation qui se mêlent l’un à l’autre, cette unité sponsale mutuelle dans un seul corps, en une seule chair, en une humanité intégrale où il n’y a plus ni homme ni femme.
Et le vin est l’odeur du sacré, le côté enivrant du raisin, du vin qui est le fruit de beaucoup de travail. Ne laissez pas la vigne seule : il faut prendre un sécateur et couper presque tous les sarments, sinon elle donne du vinaigre. Il faudrait faire toute un théologie sponsale sur la manière dont en Italie, ou dans le Beaujolais ou ailleurs, on émonde la vigne. Dieu a voulu qu’il y ait des vignes, la nature a voulu qu’il y ait des vignes, mais c’est immangeable sans un travail de purification, d’émondage, de séparation. Si les sarments du bas ne sont pas coupés, la sève ne monte pas : sans la chasteté, il n’y a rien à faire, et cela demande beaucoup de travail d’arriver à la matière du sacrement. Ce travail vient de la sève, et la sève vient de la terre : c’est un travail du corps et un travail de vie, et la pression vient de l’amour. Sans ce travail, il n’y a pas de raisin.
Il faut beaucoup de temps. Quelqu’un qui, jusqu’à l’âge de trente ans, ne connaissait pas la signification sponsale du corps (il n’y avait pas de sécateur), me disait hier : « Dans le mariage, il faut beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup de temps pour être vraiment deux en un seul, c’est-à-dire pour être trois. Il faut beaucoup de temps pour que l’amour soit humain, ça ne se fait pas en dix ans. L’amour vient avec beaucoup de temps, beaucoup de fidélité, et il est tellement fort, mais pas du tout à cause des sentiments ni des passions. »
Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les gazelles et les biches des champs, ne réveillez pas mon amour avant l’heure de son bon plaisir.
Il ne faut pas être pressé, il faut attendre l’heure. Et l’heure, c’est quand il y a des gâteaux de raisin : c’est la
matière.
Quand dans le mariage, à cause de la volonté de Dieu l’homme et la femme parviennent à la grâce, à l’amour où le cœur, l’âme, l’esprit et la différenciation sexuelle sont engagés dans la virginité pour réaliser la communion des personnes en une seule chair, tout est là, tout est prêt, mais il y a encore la tentation, l’orgueil, la vanité, que nous le voulions ou non. Il faut que le Messie vienne, le Bereshit à partir duquel Dieu a tout créé (le Bereshit est la grâce messianique, la grâce sanctifiante du Messie, la vie divine qui se rassemble pour qu’il y ait création à partir de la vie divine : cela donne la grâce, Jésus substantiellement). C’est dans le Messie, dans le Bereshit, que Dieu créa le ciel et la terre : le ciel est la signification sponsale, ce qu’il y a de plus grand dans l’image ressemblance de Dieu du monde créé spirituellement par Dieu, et la terre est le corps. Il faut que le gâteau de raisin soit replongé, cuit au four du Messie. Une fois qu’il est cuit (c’est l’offertoire), il pourra recevoir un sacrement, il pourra être le lieu d’un sacrement. Mais tant que le gâteau de raisin n’est pas cuit, ne réveillez pas mon amour avant l’heure du bon plaisir. Il faut vraiment aller jusqu’au bout de la préparation, et ce n’est pas une préparation au mariage au sens où on l’entend dans les paroisses et les diocèses : au sens où Dieu le veut, la préparation au mariage est la mise en place de la signification sponsale du corps. J’y découvre que Dieu n’est pas une limitation, que d’être plongé dans le principe du Messie fait que je suis tout à fait moi-même et que Dieu est tout à fait Lui-même dans sa création, et du coup un amour vraiment très très fort commence et ne pourra plus jamais s’arrêter.
Cantique des Cantiques, chapitre 3, versets 1 à 2 :
Sur ma couche, la nuit, j’ai cherché
celui que mon cœur aime,
je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvé.
Je me lèverai donc, je parcourrai la ville.
Dans les rues, sur les places, je chercherai celui que mon cœur aime.
Je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvé.
Pascal disait : « Tu ne m’aurais pas cherché si tu ne m’avais déjà trouvé ».
Une fois éveillés la signification sponsale du corps et l’amour entre les deux, et le corps déjà mis en place dans le centre de gravité du gâteau de raisin, pour que le gâteau de raisin soit à point, nous voyons bien qu’il y a encore des sarments à couper, alors nous passons chez les gardiens.
C’est Rabbi Akiba qui a demandé au Concile de Japhné en 90 après Jésus Christ, que le Cantique des Cantiques soit inscrit au Canon des Ecritures. L’histoire du Rabbi Ha Naci est extraordinaire. Juif, il ne s’était pas converti à Jésus, parce qu’il se moquait de la Torah, des commandements et des hommes. Mais il ne se moquait pas de Dieu. Un jour, il rencontre une jeune fille splendide et il était certain qu’elle était sa femme (et d’ailleurs réciproquement), mais elle lui dit : « Tu ne te marieras pas avec moi avant l’heure de mon bon plaisir, tu ne te marieras pas avec moi tant que tu ne connaîtras pas parfaitement toute la Torah. » La Torah est l’impératif de l’amour de Dieu et du prochain en un seul acte, donnant les 613 préceptes pour y arriver par des exercices continuels. Il l’aimait tellement qu’il s’y est mis avec une ferveur, une assiduité, et qu’il est devenu un des plus grands rabbins d’Israël, équivalent de Johannan ben Zakaï, ce qui n’est pas peu dire.
Après la crucifixion de Jésus, Jérusalem est détruite une première fois par les Romains, en 70. Les Juifs ont été obligés de quitter Jérusalem, et une colonie juive refusant Jésus comme Messie mais vivant de la Torah a eu la permission de s’installer à Japhné
l’enregistrement sur le 1e mini disk est interrompu là à 50 mn
pour retrouver ce qui n’a pas été enregistré, j’ai relu le passage de la lecture juive de la Bible où vous expliquez ce qui s’est passé (comme vous parlez au sujet du Cantique des Cantiques de Rabbi Akiba (Rabbi Ha Naci étant son successeur), j’ai gardé Rabbi Akiba)
où, avec Rabbi Akiba qui succède à Johannan ben Zakaï, se déroule en 90 le fameux concile de Japhné établissant la canonicité des écritures.
Un dénommé Simon bar Kochba mène alors une révolte contre les Romains et parvient à les chasser. Il croit être le dernier Messie : Bar Kochba veut dire Fils de l’Etoile et une prophétie dit que le fils de l’étoile, après la destruction du temple de Jérusalem, serait le Messie. En fait, l’interprétation de cette prophétie est que le vrai Messie ressuscité est l’étoile de Dieu, l’aurore de la résurrection, l’étoile du matin. Mais pour avoir apporté son soutien à Simon bar Kochba contre les Romains, Rabbi Akiba est fait prisonnier par les Romains avec tous ceux qui étaient à Japhné, en 135 après Jésus-Christ. Tous ont été massacrés, et lui a été écorché vif. Et tandis qu’il était écorché vif, il prononçait :
« Shm’a Israël, AdonaïElohenou, AdonaïErhad »,
l’amour de Dieu à travers un corps déchiré, et il est mort en disant : « Shm’a Israël, écoute Israël, le Seigneur est ton Messie, le Seigneur est ton Dieu », en étant déchiré dans sa peau. C’est pour lui l’amour de Dieu et l’amour passé à travers le corps. Et c’est à lui que nous devons dans le Canon des Ecritures le Cantique des Cantiques inspiré à Salomon.
Je chercherai celui que mon cœur aime.
Quand cette heure viendra-t-elle ? Nous demandons à ceux qui connaissent la Torah, à ceux qui sont contemplatifs, à ceux qui sont les nacis d’Israël, à ceux qui sont des saints, aux docteurs de l’amour, nous le demandons à Jésus, au Messie, nous le demandons au Saint Esprit. Nous demandons conseil au Pape Karol. Comprenons bien que nous n’allons pas rentrer dans les mystères de la sponsalité parce que le Pape l’a dit. Nous demandons à tout le monde, et après, nous les dépassons, comme le dit le Cantique des Cantiques, chapitre 3, verset 3 :
Les gardes m’ont rencontrée,
Ceux qui font la ronde dans la ville :
« Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? »
Ils ont dit : « Oui, allez par là ». Dans la sponsalité, j’écoute ce que dit la Torah, j’écoute ce que dit Jésus, j’écoute ce que Marie, j’écoute ce que dit Rabbi Akiba, j’écoute ce que dit le Pape Karol, j’écoute ce que dit le Corps mystique vivant tout entier.
A peine les avais-je dépassés, j’ai trouvé celui que mon cœur aime, je l’ai saisi [tenui], et ne le lâcherai pas [nec dimittam]
Tenui, nec dimittam : l’indissolubilité commence.
que je ne l’aie fait entrer dans la maison de ma mère, dans la chambre de celle qui m’a conçue.
Dès lors que j’ai trouvé dans la matière du sacrement cette unité sponsale dans cette présence de Dieu au-delà du voile de la doctrine, au-delà du voile de l’expérience, au-delà du voile, parce que cette fois-ci c’est l’incarnation de notre unité des deux que je saisis et que je ne lâcherai pas jusqu’à ce que je l’aie fait entrer pour l’assumer dans la chambre de ma mère, dans le lit de celle qui m’a conçue (la conception), jusqu’à ce que j’aie fait rentrer cette unité dans le lit où cette conception, cette unité sponsale, et en même temps moi-même dans la signification sponsale de mon corps, et lui (ou elle si je suis un homme) dans la signification sponsale de son corps, ont été conçus, dans la liberté de l’innocence originelle divine. C’est là que nous nous rendons compte que nous avons été créés par Dieu l’un pour l’autre et qu’en même temps Il a créé un troisième dans les sources de cette unité des deux.
Dès que je découvre, dès que j’expérimente, dès que je saisis cela, je ne peux plus partir, je le tiens et ne le lâcherai plus. A ce moment-là, le gâteau de raisin est prêt et je peux recevoir le sacrement de mariage. La signification sponsale du corps est là, la reconnaissance des deux dans l’abandon et dans l’accueil, en même temps que le cèdre du Liban qui se dresse (la force de l’homme) et le lys des vallées (la pureté de la femme). Cela fait des immensités.
Nous disions ensemble que la forme morphologique des corps masculins et féminins, la forme même intérieure des organes et leurs fonctionnements vivants sont un livre ouvert que nous pouvons lire pour voir à quel point c’est différent en Dieu de découvrir cette unité à sa source (cette source est en Dieu, dans le Bereshit, dans le Messie). Nous le disions à propos du sang qui coule régulièrement, tout le temps. La femme est faite pour se donner dans la nuit, gratuitement. Une femme qui cherche à maîtriser le terrain n’est plus une femme, mais une mégère, avec tout le respect que je dois aux mégères. La femme ne maîtrise pas le terrain : elle se donne gratuitement, pas bêtement, pas imprudemment, mais de manière virginale, limpide et pure, donc c’est intelligemment, dans l’intelligence du don. Elle donne sa vie : le sang représente l’âme profonde qui est en elle, qu’elle n’arrive pas à atteindre par elle-même, qui palpite dans l’incarnation de sa vie, et Dieu a fait en sorte que cette vie soit donnée gratuitement, régulièrement.
Dans l’Ecriture, l’homme est toujours comme un cèdre du Liban, une force, une colonne de la maison de Dieu, un narcisse. Vous descendez en dessous de Jérusalem, vous avez du sable, la Mer Morte, rien qui vive, mais vous avez les narcisses de Saron, fleurs rougeoyantes, pétulantes, dans le désert. Vous voyez la signification sponsale du corps masculin ? Elle est victorieuse de tout, elle vit toujours. Ces symboles sont beaux.
La femme, elle, déborde dans sa splendeur. Elle est enceinte, les formes de la maternité sont plutôt circulaires, l’intériorité du ventre de la femme est évidemment en forme de vallée, de cuvette. La profondeur et la pureté de l’amour, la pureté du don dominent chez la femme, alors que la lumière domine chez l’homme. Et l’anatomie, les formes mêmes le montrent. En symbolique, le cercle représente l’éternité et le temps, ce que le corps féminin exprime beaucoup. L’éternité : c’est Dieu qui fait sortir la femme. Et le temps : elle donne sa vie régulièrement, gratuitement, naturellement, pour rien. Quand elle est accueillie et qu’elle se repose à l’intérieur du corps de l’homme, cette tension entre l’éternité et le temps dans l’instant présent rassemble les immensités humaines, parce que l’homme est plutôt l’espace, l’ensemble de l’univers.
Nous voyons bien dans la signification sponsale de la solitude que l’homme porte la bénédiction des deux. Dans le récit de la Genèse ou d’Anne Catherine Emmerich, il ne faut pas dire que l’homme est privilégié, mais c’est lui qui porte la bénédiction des deux, et dans la signification sponsale de la solitude maîtrise, absorbe, retient, recueille tout l’univers comme un don et se donne à travers cela comme don à Dieu qui est source de ce don pour que Dieu se donne Lui-même à lui dans la signification sponsale de sa masculinité. Et il est vrai que lorsque la femme vient se reposer en lui, cela rend possible cette fructification de tous les champs de l’univers, les pommiers, les cèdres, le narcisse de Saron, les déserts qui fleurissent. C’est l’espace, l’ensemble de l’univers.
Il faudrait dire cela à Emmanuel Kant : les deux formes a priori de la pensée sont l’espace et le temps, parce qu’il n’a rien compris à la sponsalité. Pour lui, c’est quelque chose qui vient de l’imaginaire, ce qui fait que nous n’appréhendons pas la substance des choses. Etre protestant est terrible : on échappe à la signification sponsale. Il faut être catholique, universel, il faut prendre tout ce que Dieu a donné, pour le rassembler, et alors petit à petit ça y est, le gâteau de raisin est prêt.
L’Apocalypse
Nous avons lu l’Apocalypse, avec, à la fin, la Jérusalem qui représente la féminité au sommet. Il va y avoir ce sacrement, il va y avoir du coup Jérusalem : il va y avoir la grâce, il va y avoir la gloire, il va y avoir Dieu, il va y avoir la victoire, il va y avoir l’Agneau, il va y avoir Jérusalem, toute la féminité du Verbe dans toute sa splendeur, dans un corps complètement sponsal glorifié. Si nous lisons l’Ecriture en pensant à la sponsalité, nous découvrirons toujours beaucoup de choses.
L’ange me montra le fleuve de vie, lipide comme du cristal. (Apocalypse, 22, 1)
Dans l’unité des deux, la vie est donnée. Saint Jean dit que du côté de Jésus il est sorti la dernière goutte d’eau et la dernière goutte de sang, et l’Esprit Saint, et les trois témoignent. Dans le corps féminin, régulièrement, au jour sommet, c’est l’eau, qu’en langage scientifique on appelle glaire cervicale : dans le corps féminin, une liquéfaction se fait, qui ne se réalise pas dans le corps masculin, une lubrification, une transparence ; c’est tout doux, tout limpide, tout liquide, tout vivant.
C’est cela qui devrait être expliqué dans certaines écoles, plutôt que comment est-ce qu’on fait pour s’accoupler par devant et par derrière, comme on l’explique aux élèves en CE1 pour les former. C’est scandaleux !
Cette eau qui coule gratuitement, la liquéfaction du cœur, la liquéfaction de l’âme, la pureté à son heure, à l’heure de Dieu, à l’heure de la nature, à l’heure de l’amour, rend la femme toute intérieure : elle s’approfondit physiologiquement, puisqu’à l’intérieur tout recule (de trois centimètres, paraît-il), elle est toute vivante. Saint Jean de la Croix dit que l’amour liquéfie.
Dans l’unité, cette glaire a d’autres fonctions : cette eau s’épaissit, elle devient collante, bloquante. Ce sont les quatre aspects de cette eau. Comme l’eau peut devenir de la glace, peut se vaporiser ou peut couler d’une source, la glaire a quatre moments dans le cycle de la femme. Les physiologistes expliquent que cette eau, cette vie qui descend librement et régulièrement de la femme a onze fonctions différentes par rapport à la vie qu’elle pourrait recevoir de l’homme à l’heure du bon plaisir de Dieu. Elle l’attire d’abord, puis elle le dynamise, le fortifie, puis elle le pousse pour l’intérioriser, pour le faire entrer le plus loin possible dedans, ensuite elle le nourrit, elle le purifie, elle le bloque, si ce n’est pas l’heure. La femme ne bloque pas l’homme, mais la vie de la femme bloque la vie apportée par l’homme, parce que ce n’est pas l’heure : elle le met en réserve.
Il faut voir tout ce à quoi cela correspond dans la relation entre l’homme et la femme dans l’unité sponsale, et il y a tout un livre à écrire là-dessus. Quand je m’adresse à des gens qui se préparent au mariage ou qui sont mariés, nous regardons les fonctions mystiques entre l’homme et la femme à partir du sang, de la glaire, des organes, c’est-à- dire à partir des lois et des finalités naturelles des lois de la nature. L’homme et la femme ne sont pas fabriqués pareils, donc psychiquement, affectueusement, spirituellement et surnaturellement, c’est toujours un amour de complémentarité, et nous ne pouvons pas réclamer un amour de similitude .
Voilà ce que m’évoque ce beau passage de l’Apocalypse.
Il n’y aura pas de nuit. On viendra lui porter des trésors, le faste de toutes les multitudes.
C’est la réponse de l’unité sponsale dans la femme. L’homme est vraiment tout l’espace, l’omniprésence de Dieu dans l’univers. La femme est l’instant, le temps, l’éternité, la profondeur de l’amour dans l’unité des deux. Lorsque cela se retrouve dans le corps de la femme, cela produit le rayonnement des énergies de l’homme dans les multitudes. C’est pour cela que l’Eglise donne le rayonnement des énergies du Messie dans les multitudes humaines.
Ses portes resteront ouvertes, rien de souillé n’y pourra pénétrer, ni ceux qui commettent l’abomination et le mal.
Dans l’unité sponsale, tout est pur : pas de place pour ceux qui ne vivent pas de la présence de Dieu dans la mémoire originelle du corps, dans le génome ; pas de place pour l’abomination de la désolation, pas de place pour quelconque complicité avec ceux qui veulent souiller l’origine de l’acte créateur de Dieu dans la première cellule, du dedans. C’est le contraire de ce que nous venons de dire :
Je le tiens, je ne le lâcherai plus jusqu’à ce que je l’ai fait pénétrer dans la chambre de celle qui m’a
conçue,
le lieu de la conception, ces dix-neuf heures d’immensité du monde présent dans l’ovocyte de la femme dès que le petit spermatozoïde est rentré et que dans un seul instant, à l’heure de la femme, à l’heure de Dieu, est produit le premier génome avec un acte créateur de Dieu. Cette expiration de l’unité sponsale dans l’explosion divine d’un quatrième être est complètement incroyable ! Ce sont les retrouvailles d’une origine qui se renouvelle et se multiplie. Dans l’unité sponsale, l’origine est très importante.
Ni aucun de ceux qui commettent l’abomination et le mal, mais seulement ceux qui sont inscrits dans le Livre de vie et de l’Agneau.
Seulement ceux qui vivent de l’unité sponsale, celle qui est inscrite dans la finalité de ma moitié sponsale. Ma moitié sponsale est originée en Dieu, elle se trouve dans la gloire du ciel, dans la résurrection pour l’éternité, elle est inscrite dans le Livre de vie. Pour la sponsalité, c’est cela les gâteaux de raisin : à un moment-donné, nous sentons l’origine divine de toute la féminité de son don, et nous sentons aussi la sainteté finale de la résurrection de celui ou celle qui se donne à nous dans la sainteté du don.
Mais ce n’est pas ce que je voulais vous lire. Chapitre 22, verset 1 et 2 :
Puis l’ange me montra le fleuve de vie, limpide comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l’Agneau. Au milieu de la place, de part et d’autre du fleuve, il y a des arbres de vie qui fructifient douze fois, une fois chaque mois ; et les feuilles de ces arbres peuvent guérir les païens, les goïm.
C’est toute la féminité de la Jérusalem céleste, qui est la manifestation du Christ, qui Lui-même est la manifestation du Verbe lorsqu’Il s’engloutit dans le Père pour produire l’Esprit Saint. La triple sponsalité qui est là s’exprimera dans la gloire du ciel avec un rythme : douze mois. Dans la Bible, ce ne sont jamais des mois solaires, mais des mois lunaires, les mêmes que pour la femme : la régularité est la même. Ces arbres produisent toujours des fruits, et leurs feuilles guérissent les païens, c’est-à-dire proposent aux païens de faire comme eux et de trouver à leur tour la signification sponsale de leur corps, la spiritualisation du corps et leur corps spirituel, pour pouvoir rentrer à leur tour dans la fécondité d’un amour qui intègre le corps, l’âme et l’esprit.
Si nous voulons bien regarder, toute l’écriture parle de sponsalité, heureusement.
Le sacrement de mariage et le sacrement du Christ et de l’Eglise
A un moment donné, nous savons que Dieu, nous savons que Jésus, nous savons que notre origine et notre fin à nous trois : l’homme (le fiancé), la femme (la fiancée) et l’unité des deux, nous savons que nous avons besoin d’un sacrement. A un moment donné, nous savons que tout est donné, nous le voyons. Notre corps lui-même est tellement saisi en dehors de la concupiscence, dans la plénitude de son actuation, dans la différenciation sexuelle, dans le cœur, dans la chasteté, etc., nous voyons que tout cela est un don, que cela ne peut pas venir de nous. Certains pourraient croire que c’est comme pour l’âne et l’ânesse, ou l’hippopotame et l’hippopotamesse. Mais non, nous découvrons que c’est donné par autre chose que la nature, nous nous apercevons que nous sommes un don, nous nous sommes donnés et nous pouvons tout donner à travers cela : toute la création, toute l’Eglise, toute l’humanité peut passer à travers nous pour se baigner dans notre unité sponsale et être bénie par le Christ. Alors nous avons besoin d’un sacrement et nous le réclamons, parce que nous ne voulons pas rester stériles du point de vue spirituel et du point de vue du ciel et de la terre.
Le sacrement va prendre la matière de ce sacrement que nous avons essayé de mettre en place depuis quatre fois et qui est symbolisé dans le Cantique des Cantique par ce gâteau de raisin. Quand nous venons à la messe, nous offrons le pain, nous offrons le vin : nous n’offrons pas des gâteaux de raisin.
Si nous voulons comprendre, une analogie, une comparaison est à faire entre le sacrement de mariage et le sacrement du Christ et de l’Eglise : il y a quelque chose de très fort, et nous passerons sans doute une fois entière à expliquer comment les paroles du sacrement du Christ et de l’Eglise et les gestes intérieurs que Dieu opère dans la plénitude de transformation surnaturelle du sacrement de mariage sont valables pour l’un et pour l’autre mot à mot.
Effectivement, à l’offertoire, nous nous offrons dans le sacrement, il va y avoir cette prise de notre perfection pour que la perfection, la présence réelle, efficace et incarnée du Christ et de la Jérusalem céleste, établisse sa présence dans notre unité sponsale pour donner des feuilles de l’Arbre de vie aux païens et aux multitudes. De sorte que le sacrement de mariage n’a pas pour seule fécondité d’avoir des enfants : il a pour fécondité principale d’avoir des enfants de Dieu sur toute la terre.
Pour faire comprendre cela, il y a des enfants dans la famille. Dans un mariage, il faut qu’il y ait le plus d’enfants possible, il ne faut pas bloquer. Si mes parents avaient bloqué au deuxième, je ne serais pas là, et s’ils avaient bloqué au sixième, ma petite sœur, sœur Claire Marie, ne serait pas là, pour la plus grande détresse des Chinois. Et si mes grands-parents avaient bloqué au quatorzième, mon cher oncle Emmanuel ne serait pas là.
La finalité sponsale et la finalité de fécondité du sacrement de mariage
Je tiens à vous dire que le droit canon de l’Eglise catholique dit à propos du mariage que la finalité est d’avoir des enfants. Mais le Pape Karol a fait préciser le droit canon, parce que l’Eglise catholique, l’Eglise chrétienne ne dit pas grand chose sur le mariage. C’est pareil pour les autres églises : aucune théologie, aucun conseil, aucune voie, aucune lumière, rien. Il est marqué dans l’Ecriture que le dévoilement du mystère du mariage est réservé pour la fin des temps, donc il est normal que ça n’ait jamais été explicité. Les gens en vivaient instinctivement, et je parle du point de vue de l’instinct divin qui était donné dans le sacrement de mariage et qui surnaturellement s’opérait, mais ils étaient incapables de l’exprimer et d’en faire une théologie. Tandis qu’avec le Pape Karol, le voile est soulevé. Dans le droit canon, il donne les deux finalités du mariage : la finalité sponsale et la finalité de fécondité. On disait toujours que la finalité d’avoir des enfants est la finalité principale, mais le Pape Karol nous fait comprendre que c’est la finalité sponsale qui est la finalité principale, parce qu’elle est la finalité source et la finalité finale. Mais il est vrai que du point de vue sociologique, du point de vue pastoral, les enfants sont la finalité principale dans le sacrement de mariage, parce que s’il n’y a pas cette intention, c’est le signe qu’il n’y a pas non plus la signification sponsale du corps et qu’il n’y a pas d’unité sponsale. Et le signe qu’il n’y pas l’unité sponsale est que les parents ne vont pas au maximum d’enfants : ils bloquent la fécondité.
Quand le Pape Paul VI a fait Humane Vitae, il a dit qu’une femme utilisant les oestrogènes qui bloquent sa limpidité régulière n’est plus une femme humaine, sponsale, mais une femme femelle, une présence féminine. Elle tue la femme, elle tue du coup la signification sponsale masculine, elle fusille surtout le troisième. Le Pape Paul VI dit que celle qui prend des oestrogènes fait un meurtre, pas de son mari, pas d’elle-même, mais de la couleur verte, la troisième création de Dieu, l’humanité intégrale, qui a une dimension ontologique, métaphysique et personnelle. Prendre des œstrogènes est contraire au cinquième commandement de Dieu : Tu ne tueras pas. Ce n’est pas contraire à la pureté ou à la chasteté, pas du tout, ce n’est pas parce que cela empêche d’avoir des enfants, non pas, mais c’est parce que c’est un meurtre : tu tues l’humanité intégrale dans le mariage, tu supprimes la matière du sacrement de mariage, donc tu fais un sacrilège et un meurtre. Le Pape Paul VI était prophète. Beaucoup de gens mariés chrétiens n’ont jamais compris ces choses très élémentaires, mais le Pape Paul VI oui. Il n’a pourtant jamais connu de femme, il est resté vierge de sa naissance jusqu’à sa mort, je peux vous le dire.
Le droit canon a donc été modifié en ce sens qu’il a été précisé, et l’unité sponsale est une finalité du sacrement de mariage qui doit être respectée en premier comme source, et la fécondité doit être poursuivie en finalité aussi, mais comme perfection.
Quels sont les exercices que vous pourriez faire ?
La dernière fois, nous avions essayé d’expliquer la manière de réaliser un jugement d’existence à un moment où nous nous sentons réveillé, ou dans une tentation érotique. Comment coincer le démon dans ces cas-là ? Profitez que des choses se réveillent dans votre ébranlement sexué pour faire un acte d’adoration de manière à ce qu’il y ait, pour la femme ce débordement de splendeur intérieure qui va tellement loin dans toutes les immensités à l’intérieur de Dieu, et pour l’homme un tel déploiement, une telle intériorisation, un tel acte d’adoration qu’il est du coup englouti en Dieu et qu’il transcende tout. Profitez des moments où l’éros commence à se réveiller pour faire en même temps ces actes d’adoration, pour réinverser les phénomènes de concupiscence et passer d’un corps psychique à un corps spiritualisé dans la signification sponsale du corps.
C’est un exercice qui correspond à notre deuxième méditation, où nous avions essayé d’expliquer la signification sponsale du corps dans la solitude. Si j’aime quelqu’un, je découvre la signification sponsale de mon corps, je trouve cela extraordinaire, et plus j’aime, plus je suis seul, plus je suis unique, moins nous sommes semblables. Quand nous avons une relation de frère et sœur, nous sommes semblables et nous ne sommes pas seuls, mais quand nous avons une relation sponsale, nous sommes complémentaires, nous sommes dans la sponsalité, et donc nous sommes de plus en plus seul. La signification sponsale prend tellement de place que nous voyons de plus en plus que nous sommes uniques devant Dieu, et totalement différent de l’autre tout en étant en complémentarité avec lui.
La signification de la solitude est très forte : c’est la prise de conscience que nous avons un pouvoir, une relation et une connexion de lumière et de feu avec tout ce qui existe, pour l’homme, et avec tous les temps et avec l’éternité de Dieu, pour la femme, et si elle aime, avec les multitudes : cela donne Mère Térésa par exemple. La signification de la solitude nous dévoile que nous sommes seul : grâce au fait que nous soyons masculin ou féminin, et que c’est réveillé intérieurement, nous commençons à vivre d’une solitude vivante et habitée. L’exercice que je vous ai proposé est pour spiritualiser le corps, de l’intérieur de votre corps féminin ou de votre corps masculin dans la dimension de solitude de l’intériorité sponsale de votre corps.
Il faudra que Dieu nous inspire pour que je puisse vous expliquer de manière la plus juste possible quels exercices nous pourrions nous proposer de faire, et nous verrons cela la prochaine fois, pour permettre la transformation naturelle et les retrouvailles avec la finalité naturelle de votre sexualité masculine et féminine, spirituellement et lumineusement dans la dimension d’unité. Puis il faudra faire des exercices pour pouvoir transformer de l’intérieur, mettre en forme, pour être ensuite pleinement puissant sur le plan masculin ou féminin, sur la dimension de nudité.
Si vous faîtes ces trois exercices, le gâteau de raisin va cuire assez vite, et du coup vous allez pouvoir vivre surnaturellement la transactuation surnaturelle sponsale du sacrement et il y aura une union transformante sponsale catholique, qui ira jusqu'au bout, universelle. Le sacrement de mariage est le plus puissant de tous les sacrements. Nous parlons bien d’impuissance sexuelle, mais à l’opposé, lorsque la différenciation sexuelle est prise par le Christ et qu’elle trouve sa pleine rédemption, c’est elle qui donne le plus de puissance à la rédemption, à la destruction du mal et à la victoire sur l’Anti-Christ.
Sous ses pommiers, je me suis mise à l’ombre,
et la bannière qu’il dresse sur moi, c’est l’amour.
Nous allons célébrer la messe. Déjà maintenant, nous n’allons pas nous offrir nous-même, nous allons offrir ce qui est commun avec celui ou celle que nous aimons, avec ceux que nous aimons. J’ai beaucoup aimé et j’aime beaucoup de personnes. En vérité, de manière incarnée, il y a beaucoup de personnes avec qui j’ai eu une rencontre personnelle profonde. A l’offertoire, je ne vais pas offrir chacune de ces personnes et moi-même, non, je vais offrir cette saveur des pommes qu’il y a dans le jardin du bien-aimé, ces gâteaux de raisin, ce troisième, toutes ces couleurs vertes délicieuses, toutes ces communions, tout ce qu’il y a de pur.
Ce qui est un peu blessé par le péché originel est la couleur bleue qui est l’immensité représentant le monde masculin, et la couleur jaune soleil et lune qui représente le monde féminin des rythmes, des temps et de l’éternité. Les séquelles du péché originel sont dans le bleu et les concupiscences du péché originel sont dans le jaune, bien-sûr, mais ce n’est pas grave, cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de signification sponsale du corps. Je dis toujours que l’assiette est fêlée, d’accord, et si tu mets de la soupe, elle passe sur la nappe, mais tu peux encore manger de la bonne viande, et surtout, du coup, tu accèdes au troisième plat : la couleur verte.
Il suffit que tu mettes les deux assiettes l’une sur l’autre, et la troisième en dessous, et tu as la couleur verte. A ce moment-là, tu peux même prendre de la soupe sans qu’elle passe sur la nappe. Et bien figure-toi que dans la couleur verte, il n’y a aucune trace des séquelles du péché originel. Il y a l’homme, la femme, l’unité des deux et dans l’unité des deux, dans la communion des personnes, physiquement, les cellules staminales de ton corps, ces cellules physiques, biologiques animées par cette couleur verte : celles-là n’ont pas les séquelles du péché originel.
Il est très important de comprendre cela. Il faudra peut-être qu’un jour je vous explique les cellules staminales, parce que nous voulons partir du réel et des connaissances scientifiques, nous ne voulons pas partir dans le symbolisme dans lequel nous pouvons dire n’importe quoi. Nous ne nous servons du symbolisme qu’à condition qu’il y ait toujours le réel.
Les fois prochaines, nous allons essayer de proposer quelques voies d’accès à la mise en place de la signification spirituelle sponsale du corps dans l’unité et dans la nudité.
Freud est à 800 milliards de kilomètres.
« Qu’en penses-tu Sigmund ?
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Du latin Cella : endroit où l’on serre quelque chose (traduit selon les auteurs anciens par grenier, magasin à blé, fruitier (Caton), chapelle (Vitruve), temple (Cicéron)...
« Oh moi, j’ai été comme ça avec lui et il ne m’a pas donné la réciprocité. Je donne toujours ça, et lui pas. »
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