Père Patrick - Sponsalité 2007 - Notre Dame de Domanova 2005 (troisième partie) - explication des cellules staminales

samedi 5 novembre 2005

Nous consacrons nos derniers samedis de Domanova à méditer sur l’incarnation de l’amour de Dieu dans la communion des personnes et dans l’union de complémentarité : la découverte de la sponsalité, la découverte de l’amour sponsal.

Les cinq dernières fois, nous avons commencé à rentrer dans cette sagesse, dans cette lumière, histoire d’être libérés dans notre cœur, libérés dans notre chair, libérés aussi dans la signification sponsale de notre différenciation sexuelle, pour pouvoir exprimer par toute notre personne que nous nous perdons dans l’amour, et pour découvrir que si nous sommes créés par Dieu dans une chair qui implique la différenciation masculine et féminine, c’est pour la seule raison que Dieu nous a créés pour être entièrement brûlés par l’amour de Dieu et par l’amour du prochain. S’il n’y avait pas de différenciation sexuelle, il n’y aurait pas de gloire au Ciel pour les hommes. La gloire est une production semblable à celle de Dieu avant la création du monde, une émanation qui vient du corps de l’homme et de la femme glorifiés dans l’unité des deux.

Tout cela est très précieux pour nous, et sur la terre d’aujourd’hui, contrairement aux autres générations, nous sommes obligés d’en parler parce qu’une gangue ténébreuse, collante et gluante s’est emparée de la terre, comme le dit l’Apocalypse, chapitre 12 : des torrents de boue fétide sortent de la gueule du dragon pour dévorer la femme et ce qui émane de la femme, mais la femme, l’épouse, celle qui commande en Dieu et dans l’humanité le degré de profondeur de la gloire de Dieu dans la Jérusalem céleste, est emportée, et vient à son secours la terre qui s’ouvre pour avaler les torrents sortant de la bouche du dragon.

Tous ceux qui se sont laissés prendre par l’idéologie, par l’assassinat du corps féminin ou masculin pour le faire fonctionner dans un sens qui est tout à fait contraire aux finalités de la nature et de la sagesse de Dieu, ceux-là sont irrémédiablement perdus, tandis que le dragon ne pourra rien contre ceux qui ont découvert la signification sponsale du corps. Cette terre de l’Apocalypse représente le corps spirituel. En tous ceux qui ont mis en place la signification sponsale du corps, un abîme s’ouvre et assume toute l’idéologie freudienne en lui faisant faire le contraire de ce qu’elle voudrait : au lieu de dévorer la féminité, la profondeur du don de la signification sponsale de l’humanité, elle va être dévorée par le corps spirituel. Cette image de l’Apocalypse par rapport à la signification sponsale du corps est très belle.

Nous avons regardé la dernière fois dans le Cantique des Cantiques et dans l’Apocalypse les symboliques qui montrent à quel point la mise en place de la signification sponsale du corps n’est pas immédiate. Elle demande du temps, elle demande tout un travail, mais ce n’est pas parce qu’elle demande tout un travail qu’elle n’est pas naturelle. C’est pour cela que la Bible prend toujours le symbolisme de la vigne : Dieu a voulu qu’il y ait des vignes pour produire du vin, mais si la vigne est laissée toute seule, elle ne produira jamais de vin, elle ne produira même pas de raisin, elle ne produira que du verjus, et c’est la nature qui veut ça. Si le vigneron ne prend pas le sécateur, la vigne n’est plus une vigne et il n’existe pas de raisin.

Le premier à avoir cultivé la vigne sur la terre n’est pas Adam, mais Noé. Une fois que la terre a eu absorbé toutes les eaux du déluge, il a planté une vigne et il s’est enivré. Il n’a pas péché, puisqu’il ne savait pas.

Une vigne se taille, il faut couper les sarments du bas, et cela demande trois cents jours de travail pour une récolte qui dure deux jours. Le corps masculin ou féminin exige également le travail de la découverte, de la mise en place de sa signification sponsale, par les vertus, par les qualités humaines, les qualités intérieures, par beaucoup de présence d’amour, par la confiance, par la pureté d’intention, par l’abandon, par l’adoration et aussi par une humanité pleine de sagesse, de lumière, de saveur. Je vais alors vivre de ma masculinité ou de ma féminité de plus en plus de l’intérieur, au lieu de subir le corps avec la concupiscence que cela peut impliquer.

Voilà notre sujet, que je reprends parce qu’il y a quelques nouveaux visages.

Les conceptions freudiennes

Je le répète à chaque fois : ce sujet est très délicat, et c’est peut-être pour cela qu’il est très peu abordé. Lorsqu’il est abordé, il l’est par des sagesses ésotériques, par des sagesse magiques, par des symbolismes d’énergies métapsychiques, par la sexualité magique égyptienne par exemple, ou par des sagesses taoïstes, ou encore dans des rubriques islamiques. Mais le point d’accord de toutes ces présentations de la symbolique intérieure de la masculinité et de la féminité est qu’elles sont toutes freudiennes, avant que Freud n’ait existé, c’est-à-dire qu’elles ne tiennent pas compte des lois de la nature et de la grâce. A cause des séquelles du péché originel, l’humanité que nous sommes est spontanément paresseuse, spontanément concupiscente, spontanément orgueilleuse (c’est-à-dire que ce que je ressens est la vérité). Mais il ne faut pas oublier que les lois de la nature ne fonctionnent pas selon la courbure du torrent dégueulé par la bouche du dragon. Il ne faut pas oublier que le péché originel a détourné les mécanismes de l’instinct sexuel de la finalité spirituelle, de la finalité de la chair, et de la finalité de l’échange et du don. De sorte que les deux activités sont séparées et qu’elles traumatisent l’homme et la femme par la honte et par la mauvaise pudeur, et pour passer outre, pour se donner bonne conscience, ils vont aller dans des activités mystériques et ésotériques, pour assouvir l’instinct sexuel en tant que tel en le sublimant.
Prenons la conception islamique mystique, par exemple. Le Coran utilise le même mot, dakar, pour dire mariage, amour de l’homme et de la femme, et coït. Qui ne connaît pas l’expression des Mille et une nuits, quand est réalisée l’union féerique de l’union de l’homme et de la femme pour accomplir le devoir (si je puis dire) de l’amour de Dieu : « Nous sommes montés au septième ciel » ? Cette expression vient de l’Islam, pour lequel le ciel est une jouissance sexuelle permanente. D’après le Coran, l’homme y trouvera une joie formidable parce que il sera éternellement en érection et son orgasme durera à chaque fois huit ans de suite : voilà la gloire du corps masculin. Cette conception de la gloire de Dieu est très spirituelle ! Nous pouvons en rire, mais pour eux c’est très sérieux : ils sont accueillis au ciel sous la bannière de la fameuse vierge Ouri qui garde toujours sa virginité (celle pour qui les kamikazes se revêtent de huit vêtements), mais également (on n’ose à peine en parler), par tous ces jeunes gens qui sont à la disposition de l’homme : voilà le ciel qui glorifie Dieu. L’amour de l’homme s’accomplit dans l’unité de l’homme et de la femme jusqu’au septième ciel, et c’est le seul moyen d’être en contact avec le sacré, avec la volonté de Dieu, avec la présence de Dieu. Donc, dans l’union de l’homme et de la femme, union physique mais aussi union profonde, affectueuse et délicate, ils se rapprochent de l’amour de Dieu, ils se rapprochent de la présence de Dieu, et au ciel c’est cela, mais à l’état pur. C’est pour cela que le Coran indique que le célibataire est un frère du diable.
Voyez-vous jusqu’où on peut arriver lorsqu’on suit les leçons de l’instinct libidinal animal qui n’a pas été découvert métaphysiquement, qui n’a pas été découvert expérimentalement dans la signification sponsale du corps ?

L’amour en Dieu, l’amour humain

Bien-sûr que la masculinité et la féminité n’ont strictement rien à voir avec la relation du mâle et de la femelle. Bien-sûr que les mécanismes qui unissent le mâle avec la femelle n’ont strictement rien à voir avec ce qui fait la conjonction intérieure intime, vivante, savoureuse, lumineuse, spirituelle et surnaturelle de la signification sponsale du corps de la femme lorsqu’elle se réjouit d’être illuminée dans la signification sponsale du corps de l’homme pour réaliser dans l’unité des deux la découverte du breuvage qui leur est commun dans l’émanation de l’unité des deux.

Autrement dit, dès qu’il s’agit du point de vue de l’amour humain qui implique le don du corps, il y a une intériorité, une lumière, et surtout, une présence d’un autre. Quand j’aime, si je suis l’époux, je ne suis pas complètement présent à mon épouse, et mon épouse n’est pas entièrement présente à moi-même, mais nous sommes chacun d’entre nous présents dans la découverte intérieure de l’animation vivante de notre corps, de ce qui émane de l’unité des deux : nous nous abreuvons du troisième, de même que la première Personne de la Très Sainte Trinité, comme Adam, ne cesse de découvrir la splendeur de ce qui vient de son intérieur : « Voici l’intérieur de mon intimité, la splendeur de ma vie ». Et Il se découvre Lui-même à travers Dieu dans le Fils, dans le Verbe, dans l’Epouse. L’Epouse sort du dedans de l’Epoux, l’Epouse est intérieure à l’Epoux. L’Epouse en Dieu (le Fils) est éternellement dedans le Père mais ne cesse d’émaner, et elle surabonde tellement que du coup le Père voit son intériorité. Il ne dit pas : « Voici la chair de ma chair, l’os de mes os », mais : « Voilà la substance, voilà la divinité de ma divinité, voilà l’intériorité de mon intimité, voilà la lumière, Je ne suis pas seul. » Et cette extase de Dieu explique l’amour, cette aspiration intérieure entre les deux, ce tourbillon entre les deux, cette communion des Personnes où Ils ne se nourrissent que de leur disparition dans l’unité des deux, et donc ils se nourrissent de ce breuvage, de cette liqueur délicieuse qui est l’Esprit Saint, le troisième.

De même pour l’homme et la femme : dans le corps masculin et dans le corps féminin, quelque chose fait que je vais expérimenter, comme image et ressemblance de Dieu dans la différenciation de mon corps masculin ou féminin, cette puissance de la nature humaine par différence avec l’animal de pouvoir produire métaphysiquement, physiquement, spirituellement et de manière sponsale l’existence d’un troisième. Et ici je ne parle pas de l’enfant, je parle de ce qui est l’équivalent du Saint Esprit.

Quand les deux premières Personnes de la Très Sainte Trinité s’aiment, ils disparaissent l’un dans l’autre, ce qui fait que toute la divinité apparaît dans l’Esprit Saint, et en cette divinité toute glorieuse, liquéfiante, pâmée du Saint Esprit Ils se reposent. C’est pour cela que nous disons que Dieu est dans la Paix.

De même pour l’homme et la femme : ils se reposent dans l’unité des deux. Et c’est ce qui explique que la femme, qui est l’origine de la profondeur du don physique du cœur à travers toute la personne, commande la profondeur lumineuse du don par l’abandon. Elle puise dans cette Paix dont elle vit dans ce qui émane de l’unité des deux, cette fruition impassible qui s’abandonne dans l’unité des deux, et elle s’abandonne comme le fait le Saint-Esprit lorsqu’Il spire l’Esprit Saint dans le Verbe, comme le fait le Verbe (l’Epouse) lorsqu’Il spire activement l’Esprit Saint dans le Père (l’Epoux).

Tout l’organisme physiologique, tout l’organisme libidinal, tout l’organisme masculin et féminin est structuré uniquement pour vivre cela. Si je vis des séquelles du péché originel, c’est-à-dire des fêlures, alors je suis comme une passoire et. ‘tout fout le camp’. Dommage pour le nectar ! Et il faut bien le dire, cela produit ce que j’appelle l’impuissance sexuelle humaine. Sans la chasteté, sans la virginité, il est strictement impossible d’être homme et il est strictement impossible d’être femme.
Il ne doit rien y avoir de réduction à l’objet de l’ordre de la concupiscence dans l’union entre l’homme et la femme, il ne doit rien y avoir d’islamique, aucune inversion. Il faudrait faire un petit cours sur toutes les grimaces du démon qui dégueule ses torrents pour emporter la signification sponsale de la vie d’amour, d’abandon, de la signification sponsale du corps humain, pour voir comment il grimace : « Voilà comment c’est au Ciel, en Dieu ». Non, au Ciel en Dieu c’est autrement. Pour faire la vigne, je le répète, il faut couper les sarments du bas pour que la sève pousse. Le jour où vous fêtez les noces, vous tuez le cochon, c’est le cas de le dire ! C’est sûr, il faut tuer le cochon, et ainsi vous faites un bon banquet.
Dans la différenciation sexuelle, le corps participe comme instrument à la fusion amoureuse du mariage spirituel avec Dieu et avec le prochain.
Je vous fais passer cette image d’une sculpture magnifique qui se trouve à Rome et où nous voyons la bienheureuse Louise Albertoni sculptée dans le marbre du Bernin :


La bienheureuse Louise était mariée, elle est devenue veuve à l’âge de 33 ans. Nous voyons sur cette sculpture qu’elle vit avec toute la féminité de son corps féminin ce rapt intérieur de la signification sponsale de son corps dans l’époux du mariage. Beaucoup de sculptures magnifiques montrent que la vie spirituelle utilise toutes les forces de la puissance de la féminité ou de la masculinité dans le corps. Dans la différenciation sexuelle, le corps participe comme principal, comme metaxu, comme instrument, à la fusion amoureuse du mariage spirituel avec Dieu et avec le prochain. Et ce qui est vrai avec Dieu et avec le Christ, se réalise évidemment aussi avec le prochain dans l’union normale du mariage.
Regardez cette sculpture admirable de sainte Louise Albertoni : sa féminité est entièrement absorbée de l’intérieur par son unité sponsale avec l’inhabitation physique de la présence sponsale de son époux, et elle se pâme. Si c’était vivant, nous verrions cette lumière extraordinaire qui émane du corps de la femme lorsqu’elle s’abandonne, que l’époux s’abandonne en elle et qu’ils ne vivent tous les deux ni de l’un ni de l’autre, mais de ce qui émane et procède de l’unité des deux. A ce moment-là une boule de lumière les embrase tous les deux et les fait tous les deux disparaître dans cette pâmoison, dans ce ravissement, dans cet emportement, dans cette mort qui a une vie et qui est la vraie vie.

L’inscription de l’horizon de la mort dans la signification sponsale après le péché originel, et la transfiguration

Quand le Pape Karol a parlé de sponsalité, combien de fois a-t-il rappelé, à propos de la différenciation sexuelle et de la découverte de la signification sponsale du corps, à cause du péché originel, que le Seigneur a gardé cette puissance de l’homme de s’exprimer à travers la différenciation masculine et féminine en toute pureté, en toute plénitude, en toute incarnation, en toute spiritualité, en toute extase et en tout ravissement, mais à condition d’y inscrire du dedans l’horizon de la mort ? Dans les discours du Pape Karol sur la sponsalité, l’horizon de la mort est aussitôt inscrit à l’intérieur de la vision révélée de la signification sponsale du corps masculin ou féminin après le péché originel. Quand nous vivons intégralement de la signification sponsale en Dieu et dans ce qui émane de l’unité des deux, nous ne mourrons plus, mais dès lors qu’il y a une fêlure, il manque quelque chose, et il va falloir passer par la mort pour le retrouver.

La bienheureuse Louise Albertoni vivait ces ravissements tout intérieurs dans le Christ qui était devenu son époux parce qu’elle vivait la mort du Christ en elle : la mort vivante, amoureuse, l’amour vivant de Jésus qui meurt pour elle physiquement et dans la masculinité de son corps et du dedans d’elle avec toute la puissance de la victoire de son amour pour elle. L’horizon de la mort s’est inscrit, et c’est dans la mort du Christ qu’elle meurt elle-même et ils meurent tous les deux, alors toute sa féminité est glorifiée, transfigurée.
S’il n’y avait pas eu de péché originel, il n’y aurait pas eu l’horizon de la mort, puisque dans l’unité de deux et dans la plénitude de la ferveur et de la présence de la grâce, les deux sont morts et ne vivent chacun des deux que de ce qui anime lumineusement le troisième, c’est-à-dire ce qui émane de leur unité. A chaque fois qu’ils se seraient donnés l’un à l’autre, de l’intérieur de ce don, de l’intérieur de ce qui illumine chacun leur corps vivant dans l’unité des deux, et à partir de cette unité des deux, ils auraient été tous les deux endormis dans une tardéma, une torpeur qui aurait réalisé une transfiguration mutuelle, une transfiguration unique, une transfiguration commune.

Le mystère de la transfiguration de Jésus sur le Mont Thabor montre qu’Il est l’Epoux et que Lui n’est pas entaché par les séquelles du péché originel. Il assume la virginité nouvelle et glorieuse inscrite sur le Livre de vie de son épouse et c’est pourquoi Il est transfiguré et se rassemblent autour de Lui tous les espaces du paradis avec Elie le prophète, du septième Ciel du monde angélique avec Hénoch (pas le septième ciel du Coran). Normalement, les lois de la nature font que si je vais jusqu’au bout du don, de l’abandon dans l’ordre du don, dans la virginité de l’expression intérieure du don en une seule chair, alors se réalise quelque chose d’extraordinaire : une lumière, une bénédiction bien réelle vient illuminer le même corps des deux.

Le Concile de Vienne indique que ce qui donne sa forme substantielle au corps est l’âme spirituelle que Dieu a créée dans la première cellule. C’est elle qui de l’intérieur, comme le filament dans l’ampoule quand il s’illumine, donne vie et lumière au corps. La forme substantielle de notre corps est l’âme, voilà pour la signification de la solitude.
Mais pour ce qui concerne l’unité des deux, puisque c’est notre sujet aujourd’hui, lorsque l’unité des deux se réalise avec la toute-puissance de la grâce de Dieu, pour rétablir dans le sens normal, final, dans le sens de la saveur de l’unité des deux, l’unité en une seule chair, la communion des personnes, alors la bénédiction dont nous avons déjà parlé, qui se trouve dans le corps masculin et qui permet au corps d’Adam d’assurer la réciprocité dans l’abandon dans l’unité des deux, cette bénédiction s’anime, devient une âme et elle vient flamboyer dans l’unité des deux dans le sang, dans la chair, dans le concupiscible, dans l’irascible, dans l’intelligence, dans l’affect, dans l’affectivité, dans la divinité, dans la surnaturalité, dans la vie divine, la présence de Dieu qui est en eux. Elle vient briller de l’intérieur, illuminer cette bénédiction vivante créée par Dieu, originée par l’unité des deux selon la liberté de leur don mutuel, avec la bénédiction de Dieu et cette bénédiction naturelle qui est la leur, elle vient illuminer le corps de l’intérieur d’une lumière de détermination qui est différente de celle de leur âme spirituelle. De sorte que le corps qui ne cesse de multiplier ses cellules va trouver dans ces moments admirables de l’unité sponsale une lumière différente de celle de l’âme de chacun des deux pour déterminer de l’intérieur la mémoire ontologique des nouvelles cellules qui sont produites dans ces instants d’amour, de lumière et de grâce. C’est ainsi qu’apparaissent ce que j’appelle des cellules staminales sponsales.

Les cellules staminales

Nous prenons à chaque fois le sujet sous un angle différent, parce qu’à force nous allons finir par comprendre la morphologie, la physiologie, la spiritualité, la mystique. Aujourd’hui, je vais essayer d’expliquer ce que sont les cellules staminales.

Les cellules staminales ont été découvertes récemment, en 1997, par le professeur Mancuso, professeur italien de biologie cellulaire. Quand un enfant est conçu, le spermatozoïde rentre dans l’ovule, et au bout de dix-neuf heures de préparation, d’un seul coup, tout le patrimoine génétique fusionne et le génome du nouvel enfant apparaît. Un centième de seconde plus tard, il y a deux génomes, et un dixième de seconde plus tard, le zygote devient deux cellules, puis trois, puis... Aussitôt, animé par l’âme spirituelle que Dieu vient de lui créer et dont il garde mémoire dans la mémoire génétique spiritualisée de son corps lumineux, il se transforme en cosmonaute, il se promène extraordinairement pendant que ses cellules se multiplient. Mais il laisse à la maman une de ses cellules de temps en temps, et ces cellules vont, par l’intermédiaire du sang, se loger à différents endroits du corps de la maman, en particulier dans la moelle osseuse et dans la moelle épinière, à la base de la nuque. De sorte que la mère a dans son
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corps des cellules staminales qui ont la mémoire spirituelle de la création de cet enfant. Ces cellules vivantes vivent une vie spirituelle personnelle en lien avec une personne qui n’est pas elle. C’est d’ailleurs à cause de cela qu’une maman peut très bien voir ses enfants de façon fugace, mais réelle, même s’ils sont morts. Son lien spirituel et lumineux avec ses enfants est intérieur, mais en même temps il est réel.
Le professeur Mancuso a appelé ces cellules de l’enfant des cellules staminales. Et si vous voulez bien, parlant en tant que théologien et pas en tant que scientifique, j’appelle cellules staminales sponsales ces cellules qui sont produites dans la signification sponsale du corps de la femme. C’est la grande réponse, puisque vous savez que c’est Adam qui porte la bénédiction des deux, mais c’est la femme qui porte les cellules staminales de l’unité sponsale. Il ne faut surtout pas que les femmes soient jalouses, et si elles n’ont pas mieux, c’est de leur faute.
Dès que vous êtes dans la plénitude du mariage profond intime divin, mutuellement, ensemble, dans l’unité des deux, dans le don du corps de l’homme et de la femme dans l’unité de chair avec la bénédiction de Dieu et avec en plus la plénitude de la puissance surnaturelle du sacrement de mariage, je vous l’affirme, si vous allez jusqu’au bout des puissances qui vous sont données par la nature et par la bénédiction de Dieu, si vous allez jusqu’au bout de la ferveur dans la manducation du Saint Esprit dans ce qui émane de votre unité des deux, il y a nécessairement une transfiguration qui se fait dans votre pâmoison mutuelle, que vous n’éprouvez peut-être pas parce que vous en mourez, vous expirez à cette spiration, et que c’est quelque chose d’autre qui vit, qui fait vivre et qui détermine la production de cellules nouvelles gardant mémoire de votre unité et que la femme garde en son corps, de sorte qu’elle a en elle le récepteur de l’unité sponsale, même sur le plan biologique.
Le théologien est quelqu’un qui réfléchit et qui raisonne. Son raisonnement n’est pas personnel, mais divin, illuminé par la foi, la Sainte Ecriture et la doctrine du Saint Père. Le Pape Karol, prenant la Sainte Ecriture, nous a dit : « Dans l’échange de l’accueil et du don, il y a l’émanation d’une troisième réalité qui est le soutien ontologique de l’humanité intégrale de l’unité sponsale. » S’il y a une réalité ontologique qui fait l’objet d’un acte créateur spécial de Dieu et qui regarde l’existence ontologiquement incarnée d’une humanité intégrale dans l’unité sponsale, cela veut dire qu’elle existe et qu’elle a un support physique, sinon ce n’est pas humain : j’appelle ce support physique cellules staminales sponsales. Que celui qui a une objection nous écrive, nous sommes vivement intéressés.
Mais nous ne sommes pas ici pour faire de la théologie scientifique ou doctrinale : nous sommes là pour rentrer dans le secret du livre de la Genèse ouvert par le Saint Père sur l’homme et la femme.
Exercice pour la mise en place de la signification sponsale du corps dans la dimension de solitude : l’acte d’adoration
Nous avons vu précédemment les exercices que nous pouvons réaliser pour petit à petit prendre possession du terrain de notre sexualité de manière à ce qu’elle n’ait plus aucun mordant libidinal instinctif, et qu’au contraire ce soit une dynamite, une explosion, un embrasement intérieur lumineux qui la vivifie et qui lui donne son authenticité et sa plénitude : la victoire. Nous avons vu comment petit à petit faire cette conquête intérieure par des actes d’adoration qui utilisent l’ éros pour faire des actes d’adoration métaphysiques.
Que se passe-t-il ? Comme le buvard assume l’huile, notre corps est assumé par notre âme spirituelle, et notre âme est fabriquée avec de la lumière vivante qui est contemplative : elle peut voir Dieu, elle peut voir la substance intérieure et cachée des choses. Mais avec le péché originel, cette assomption, cette absorption du corps par l’âme spirituelle s’est rétractée un peu, alors le corps s’est asséché. Il ne reste plus pour l’irriguer qu’une animation, une lumière psychique, celle du ressenti. Du coup mon corps est sec : comme dit saint Paul, il est devenu psychique, mais c’est le corps spirituel qui ressuscitera. Le corps du chrétien est un corps spirituel : le chrétien reçoit les sacrements et les vertus infuses et acquises pour qu’il soit une personne spirituellement entière et une, réconciliée avec l’Un, pour qu’étant réconciliée avec l’Un il soit en relation avec l’autre de l’intérieur de l’Un dans l’unité de l’Un et de l’autre.
Mais ce sens de l’Un est perdu. Cette rétractation, cette régression, n’est pas une disparition. Si au moment d’un mouvement asséché, psychique, concupiscent, érotique, romantique ou des 19 degrés inférieurs sur les 33 degrés de l’union de l’homme et de la femme qui anime mon corps et mon psychisme, mon ressenti, j’en profite vite pour bondir dans mon âme spirituelle, saisir mon âme spirituelle dans sa source, faire un acte d’adoration, avec la force que m’a donné l’ éros : je l’absorbe et le fais passer par mon corps pour ouvrir dans mon corps une vastitude qui dévore ces eaux fétides qui sont décrites de manière très oiseuse par les Oulémas ou par les Hermégistes.
Vous profitez de la force de l’ éros, même fétide, pour bondir dans la substance même de votre âme et vous faites vite un acte d’adoration pour que votre âme spirituelle se saisisse et se serve de cette force libidinale pour spiritualiser le corps et le faire déborder dans l’adoration et se perdre en Dieu. A chaque fois vous ressoudez spirituellement la signification sponsale de votre corps avec l’extériorité de votre corps, et l’intériorité de la signification sponsale de votre corps avec l’extériorité de votre masculinité et de votre féminité, et l’unité se refait, la honte disparaît, la transfiguration redevient possible.
Cet exercice est pour la solitude, la découverte de la signification sponsale de ma masculinité dans ce fait que j’ai une solitude pleinement habitée et que je peux découvrir du dedans la solitude pleinement habitée de ma moitié sponsale. Sinon l’unité sponsale n’est pas possible.
Exercice pour la mise en place de la signification sponsale du corps dans l’unité
Maintenant, il faudrait faire des exercices pour rendre possible la production de cellules staminales sponsales, pour rendre possible la transfiguration intérieure du corps.
J’ai fait passer cette sculpture de Bernini de la Bienheureuse Louise Albertoni parce que nous voyons très bien (ou du moins nous pouvons imaginer) à l’intérieur d’elle une lumière tout à fait physique qui la transfigure de l’intérieur. De mes propres yeux j’ai vu la lumière qui sortait physiquement de tout le corps du Pape Karol. C’est tout à fait normal puisqu’il avait mis en place la signification sponsale de son corps, il vit du mariage spirituel. De temps en temps nous sommes lumineux. Je sais bien qu’il y a du plus et du moins, mais en tous cas nous devons rentrer intérieurement dans cette plénitude de disparition de nous-même dans l’unité des deux, et c’est l’unité des deux qui nous fait vivre : ni l’homme ni la femme mais ce qui émane de l’unité des deux. Cela, je pense que nous l’avons compris au moins un peu.
Mais comment allons-nous faire pour faire des exercices d’union de toute notre personne pour ouvrir en nous la possibilité de voir cela, de pénétrer dans ce qui va émaner un jour de l’unité des deux ?
Je crois que cette fois-ci il faut la grâce sanctifiante. Autant pour la conquête de la spiritualisation de la sexualité dans la signification sponsale de la solitude qui est le premier volet, autant ici pour la mise en place de la signification sponsale avec cette verdoyante couche parfumée, odoriférante et savoureuse de l’unité, nous ne pourrons pas le faire sans vivre intégralement de la grâce sanctifiante dans notre corps.
Je le disais tout à l’heure : comme le buvard assume l’huile, notre corps est assumé par notre âme, fabriquée avec de la lumière comme source, une lumière contemplative qui nous permet de voir Dieu et aussi la substance des choses que nous ne voyons pas avec les yeux. Mais la grâce surnaturelle, divine (que ce soit une grâce actuelle transitoire ou une grâce sanctifiante) est fabriquée avec une lumière qui illumine et fait voir la face à l’Epouse (Dieu le Fils) la face de l’Epoux (Dieu le Père). C’est cette lumière de vision qui nous est partagée dans une liquéfaction toute disponible pour nous, qui vient assumer non pas notre corps mais notre âme : comme un buvard rempli d’huile se laisse prendre par le feu, le feu assume l’huile, et l’huile assume le buvard en le flambant. La grâce sanctifiante, lorsqu’elle est vécue avec la plus grande ferveur possible, assume notre corps en passant par l’assomption de l’âme.
L’exercice pour la mise en place de la signification sponsale du corps dans l’unité va donc passer par une assomption. L’assomption passe elle par une dormition, nous l’avons lu la dernière fois dans le Cantique des Cantiques :
Je me suis endormie sous le pommier, à l’ombre de mon époux dans les vergers, dégustant les aromates.
Ne réveillez pas ma bien-aimée avant l’heure du bon plaisir de l’amour.
Dans l’extase de sainte Thérèse d’Avila, de sainte Catherine de Sienne, de la bienheureuse Louise Albertoni et de toutes les autres, il y a une dormition, un ravissement, une torpeur. Elles ne s’en vont pas du tout en astral, c’est tout à fait le contraire : elles sont entièrement englouties dans l’Epoux, et cela se produit dans l’expiration.
La torpeur du Christ sur la Croix produit physiquement en nous par la grâce une quatrième assomption : la grâce sanctifiante, elle, est assumée à son tour par la mort du Christ sur la Croix qui vient épouser notre grâce, l’absorber, et l’aspirer, aspirant notre âme spirituelle et notre corps dans Son intimité physique dans Son corps mort et ressuscité. Nous devons donc passer par la mort intérieure pour pouvoir expérimenter la possibilité de notre corps de toucher la source en lui-même de l’unité des deux. Il faut beaucoup méditer la passion de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Pour vous faire comprendre, je vais vous parler d’une amie, âgée de deux ans de plus que moi, et qui faisait partie des foyers de charité. Très jolie, très pétulante, elle est partie en Afrique s’occuper des pauvres, des handicapés mentaux, des gens qui mouraient. Elle était gentille comme tout avec eux et les soignait. Elle a donné toute sa vie par un amour admirable, elle a gardé sa virginité, elle aimait Jésus comme ce n’était pas permis. Le Pape est venu la voir dans son mouroir. Elle a révolutionné le pays tout entier, il y a eu un renouveau, des communautés nouvelles. Dans la fleur de l’âge, elle a été trahie par sa collaboratrice dans le mouroir et assassinée par les sorciers. Elle était à trois ou quatre cents mètres de la présidence de la république, et vu la proximité de la prière de tous ces pauvres et de tous ces saints qui étaient là, les sorciers étaient obligés de faire beaucoup de sacrifices d’enfants pour obtenir le même résultat, ils l’ont persécutée et finalement, avec la complicité de cette Iscariote, ils sont rentrés et l’ont étranglée.
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Vous savez qu’il faut trois ou quatre minutes pour mourir, surtout en cas de mort violente : il reste entre la mort apparente et la mort réel un espace. Si jamais elle était partie sans avoir complètement pardonné à ceux qui l’ont tuée avec une telle haine luciférienne diabolique et surtout à cette petite jeune fille qui l’avait trahie, si elle n’avait pas accueilli dans sa mort la manière de Jésus de mourir par amour pour ses ennemis en disant : « Seigneur me voici, ils ne savent pas ce qu’ils font, Seigneur c’est toi qui meurs à travers moi et ils sont pardonnés, tu ne leur tiendras aucun compte de ce qu’ils ont fait, tu leur rendras en multitude de gloire, de bénédiction tout ce qu’ils ont pensé me faire en mal », si elle n’avait pas conjoint la mort de Jésus dans sa mort, si elle n’avait pas fait de sa mort l’occasion de faire pénétrer la mort de Jésus et de donner l’autorisation à Jésus de mourir à travers elle avec l’amour inépuisable qui est le sien pour les esclaves de Lucifer, si elle ne l’avait pas fait, elle ne serait pas au ciel, quelle que soit la vie admirable qu’elle ait passé sur la terre.
Laissons Jésus mourir à travers nous
Quand elle assiste au martyre des premiers chrétiens, le Seigneur montre à la bienheureuse Anne-Catherine Emmerick que les chrétiens, comme saint Ignace d’Antioche, laissent Jésus mourir à travers eux : c’est le sommet de leur union avec Dieu et leur âme explose dans la lumière en sortant d’eux dans un amour qui est aussi grand que celui de Dieu Lui-même. Tandis que pour quelques autres qui n’ont pas assez l’amour de Dieu, en qui la grâce sanctifiante n’est pas assez forte, dont l’union avec Jésus crucifié n’est pas là, Jésus montrait à Anne-Catherine Emmerick que leur âme en mourant était toute sombre. La grâce du martyre n’est pas d’être tué parce qu’on est chrétien : elle est une grâce d’unité sponsale avec la mort du Christ, nous donnons la permission à Jésus de venir dans notre mort, comme nous le disons à chaque Je vous salue Marie :
« Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort ».
Marie a prié et c’est la mort de Jésus qui l’a endormie dans sa dormition. Elle a donné la permission à Jésus crucifié de revivre sa mort en s’endormant avec elle tandis qu’elle s’endormait dans la mort, et donc la mort de Jésus a permis la dormition de Marie, a créé cette torpeur, a créé ce saut qui a fait que son amour de créature est devenu de même intensité que l’amour glorieux du Cœur ressuscité du Christ dans une grâce d’affinité et de complémentarité, en passant par la mort de la dormition, par la dormition de la mort du Christ en elle, les deux ne faisant qu’un.
Il ne faut pas seulement méditer le mystère de la dormition, il ne faut pas seulement méditer le mystère de la mort de Jésus, il faut que je lui donne la permission de s’intégrer physiquement dans ma mort. Tous les soirs il me faut anticiper ma mort, puisque quand je meurs, c’est exactement la même chose que quand je m’endors, sauf que quand je meurs je sais que c’est la dernière fois que je m’endors sur la terre : après je m’endors dans l’unité sponsale de la grâce de Dieu, de la vie illuminative du purgatoire, de la vie unitive du Purgatoire, sans parler du parvis et de la vision béatifique où je suis dans la dormition et l’assomption.
Et quand j’ai une contradiction, une épreuve, une injustice, une humiliation, quand il y a quelque chose de physiquement dur, quand je souffre réellement, quand vraiment cette histoire-là me blesse à mort, c’est le seul moment où je peux donner l’autorisation, la liberté à Jésus dans la grâce sanctifiante qu’il m’a donnée, de revivre dans ma souffrance sa souffrance et sa mort en la transfigurant dans un amour inépuisable en déliant tout, en faisant miséricorde, en illuminant toutes ténèbres et ayant victoire, en utilisant toutes les forces de la mort pour donner la vie physique d’un corps spirituel et glorifié.
Mettez-vous en communion avec un martyr, mettez-vous en communion avec un enfant qui est tué dans le sein maternel (il est un martyr de Satan), mettez-vous en communion avec cette personne dont je vous ai parlé tout à l’heure. Pour ma part, je lui ai dit : « Ecoute, quoi qu’il arrive, il n’y a pas de temps pour le Seigneur, donc le Seigneur prend peut-être ce que nous allons faire maintenant pour te le faire vivre dans l’instant où tu es en train de te faire martyriser (ce n’est pas moi qui regarde cela, mais le Seigneur). Tu vas te servir de moi qui suis vivant avec mon corps, et avec Jésus nous allons revivre ensemble ta mort pour que ce soit la mort de Jésus qui se revive à travers ton martyre avec un amour sans pareil, et tout est délié dans les ennemis de Dieu, rien ne leur sera reproché, au contraire on leur embrassera les pieds pour avoir produit en moi une telle force d’unité et de gloire pour Dieu éternellement. Nous allons vivre cela en plénitude ». Et j’ai essayé de vivre cela en communion avec elle : nous étions trois, Jésus, elle et moi. C’est enfantin !
Lorsque je communie au Corps du Christ et aux sacrements, puisque je précise que nous ne pouvons vivre de cela qu’avec la grâce sanctifiante seule, je laisse l’autorisation à Jésus de revivre toutes les souffrances du monde en les transfigurant de l’intérieur, afin qu’Il puisse enfin revivre Sa passion d’amour rédemptrice, libératrice, lumineuse, amoureuse, inépuisable. Je peux revivre des évènements qui m’ont fait souffrir dans le passé, pour donner l’autorisation à Jésus, si je ne l’avais pas encore fait, de revivre cette agonie pour qu’Il la vive avec tout son amour en transfigurant cette agonie et en transformant cette mort en dormition assumée dans la gloire, c’est-à-dire la victoire d’amour de Jésus à travers mon corps, parce que ça, je l’ai ressenti, je le porte dans ma mémoire et dans les cellules de mon corps traumatisé ontologiquement (puisque la mort est un traumatisme ontologique).
Pourquoi est-il si important d’utiliser ces exercices tout à fait admirables d’amour incarné, c’est-à-dire à partir du ressenti de souffrance, de douleur, d’injustice. ?
Rappel de théologie classique : la spiration du Saint Esprit
Saint Thomas d’Aquin dit que quand la première Personne de la Très Sainte Trinité se découvre dans Son intérieur le Dieu vivant dans la seconde Personne de la Très Sainte Trinité, Il découvre que c’est Sa propre intimité qui est là et que du coup Il reçoit l’amour de cette Personne qui l’aime et disparaît en Lui en expirant. Lui-même, première Personne de la Très Sainte Trinité, vient expirer dans cette expiration d’amour de la seconde Personne et cette double expiration produit l’amour de spiration de Dieu. Cet amour de spiration de Dieu fait qu’ils disparaissent tous les deux pour produire Dieu spiration, et Dieu spiration est le Saint Esprit. Il n’y a pas de troisième sans spiration.
Je vais donc faire des exercices spirituels et incarnés intérieurs dans mon unité avec quelqu’un d’autre, et il vaut mieux commencer avec Jésus ou avec Marie. Je m’unis à sa dormition pour laisser la liberté à la mort de Marie de venir transsubstantier ma propre mort : « Je veux être changé en toi, transsubstantié en toi, qu’il ne reste plus que toi dans mon âme, dans mon corps, dans ma vie, dans l’instant de ma mort » , qu’il n’y ait plus que la manière de Marie de mourir. Je ne fais pas seulement une prière, mais un exercice d’union, et le corps est mis en branle dans cet exercice d’union pour expirer cette expiration de Marie dans la dormition. Ce n’est pas très compliqué. Ce n’est pas très difficile de venir expirer dans l’expiration de Jésus sur la Croix qui par amour s’arrache de son corps pour illuminer toutes les ténèbres et glorifier le Père. Ce n’est difficile que si l’on n’aime pas Dieu.
La spiration implique que nous venions expirer et que nous soyons au-delà du voile de l’expiration mutuelle. Alors il n’y a plus de « ex- », il n’y a plus que la spiration. C’est pour cela, quand un homme se marie, qu’il dit qu’il va enterrer sa vie de garçon ou bien qu’il tue le cochon, comme nous le disions tout à l’heure. Il tue l’instinct, ce n’est plus lui qui vit, il ne vit que de la signification sponsale de son corps qui sera une spiration, une expiration. Dans certains mariages slaves, les mariés ne donnent pas une alliance le jour du mariage, mais une croix, Jésus crucifié : « Je te présente ton Sanhédrin, ton Judas, ton Ponce Pilate », voilà le mariage, et heureusement ! (sinon, passez à l’Islam le plus vite possible : si vous vous mariez uniquement pour jubiler dans le couple, vous n’aurez jamais la trinité sponsale). L’accueil et le don se conditionnent dans l’intensité du pardon, de la reconnaissance de ce qui émane de l’unité des deux dans l’oubli des blessures.
Quelqu’un me disait hier : « Tu sais, quand je suis dans le troisième de l’unité des deux, elle est belle, elle ne m’a rien fait, elle ne m’a jamais énervé, j’ai tout oublié ». C’est vrai, le pardon et la sponsalité ont une loi physique, même dans le ressenti (le concupiscible, l’irascible), de péricorèse, de circum incession : la source du pardon est dans l’unité. Pour cela il faut rentrer dans cette couleur verte, cette liqueur délicieuse. Et pour cela, comme le disent certains pères orthodoxes, il faut la réveiller dans l’Esprit Saint. Le Saint Esprit vient réveiller cette liqueur précieuse de l’unité sponsale, de l’unité de l’époux et de l’épouse qui réalise le troisième, et je trouve ce Saint Esprit dans la mort du Christ si je meurs en Lui. C’est comme cela que je m’entraîne à trouver cette lumière qui va réveiller, illuminer et me dévoiler dans mon unité avec ma moitié sponsale la couleur ontologique, lumineuse et transfigurante de cette unité sponsale et rendre possible la production des cellules staminales sponsales.
Le Saint Esprit, troisième Personne de la Très Sainte Trinité émane de l’unité des deux premières Personnes dans la complémentarité d’amour de ces deux Personnes. Il émane d’un mouvement d’expiration et de spiration qui vient de l’unité des deux.
Quand on t’aime trop, cette fruition est tellement forte que tu tombes en pâmoison et que tu ne peux rien donner en échange. Le Saint Esprit est comme cela : spiration passive. Le Saint Esprit, le troisième, a pour propriété, comme attribut transcendental de son activité d’amour personnel l’inengendrement, l’inascibilité, l’impassibilité. C’est pourquoi dans l’unité sponsale je trouve l’impassibilité dans l’unité des deux, moi-même, et cette impassibilité va illuminer et embraser mon corps masculin et mon corps féminin, notre corps masculin et féminin tout ensemble, ce qui fait qu’il n’y aura plus d’expiration, de commotion, ou de séduction, mais un état égal dans la jouissance et la fruition de l’unité des deux et en même temps dans l’emportement mystique de la transformation surnaturelle due aux admirables effets de la grâce dans les tourbillons de l’unité anagogique dans laquelle ils se sont épuisés tous les deux jusqu’à en mourir.
Le corps est fabriqué pour cela : spiration, impassibilité, mort, mais une mort qui n’est qu’amour, une mort qui est une fruition, une mort qui est une intégration de toute l’intimité de la spiration du Saint Esprit dans l’unité du Père et du Fils, et qui assume toute ma masculinité et toute ma féminité pour glorifier Dieu dans la production du Saint Esprit dans ma chair par l’unité des deux lorsque je vis de cette mort admirable.
Dans la spiration, il y a aussi une respiration. Je respire Dieu, je respire l’odeur suave du Saint Esprit, je respire l’odeur de cette fruition extraordinaire et en même temps je suis comme aspiré par l’inspiration de ma moitié sponsale dans l’Esprit Saint, et nous conspirons tous les deux à cet admirable exercice.
Dans la spiration, il y a conspiration, expiration, inspiration, respiration et aspiration. Mais je n’aspire, je ne respire pas, je ne conspire pas l’autre dans la grâce d’affinité du don qu’il se fait tout entier de lui-même à l’intérieur de moi-même dans l’unité de chair, non, j’aspire ce qui émane de sa disparition et de la mienne et qui vient des cellules staminales de l’unité sponsale qui est le nid, si la grâce du sacrement est là dans la bénédiction et la ferveur, de la production du Saint Esprit dans notre terre. Le couple n’existe pas, donc je n’aspire pas l’autre, je ne respire pas l’autre, j’aspire ce qui émane de l’un dans l’autre et de l’autre dans l’un. Comprenez-vous ? Je suis aspiré et c’est cette unité des deux qui m’inspire, c’est son odeur admirable que je respire et qui m’enivre et me fait rentrer en passivité substantielle et ontologique.
Vous pouvez faire l’exercice en priant, vous pouvez faire des actes d’amour mystiquement vis-à-vis de votre époux ou de votre épouse, même s’il ou elle est loin, même si vous faîtes chambre séparée, même si vous êtes divorcés, puisque vous avez le sacrement de mariage et qu’il est indissoluble jusqu’à la mort de l’un des deux.
Comment utiliser ce sacrement ?
Je vous recommande de vous entraîner avec Jésus, avec la Jérusalem céleste, avec Marie (l’Assomption) parce que c’est beaucoup plus facile. Si je suis chrétien, vivre de la mort de Jésus dans ma mort coule de source, et du coup, je respire ce qui émane de l’unité des deux. Ce n’est plus la mort du Christ, ni la mienne, ni la Sienne dans la mienne, ni la mienne dans la Sienne, c’est une expiration d’amour qui émane de notre mort mutuelle, et c’est cela que je respire, c’est cela qui m’inspire, c’est là-dedans que je fais disparaître ma vie spirituelle dans la grâce actuelle, c’est là que je conspire avec le Saint Esprit pour être spiration. C’est un exercice mystique très facile et normal pour un chrétien : il est aberrant, impensable, inouï qu’un chrétien ne fasse pas cela. C’est ce qu’a fait cette petite veuve de trente-trois ans, la bienheureuse Louise Albertoni, dans la mutuelle disparition des deux.
Autant les exercices que je vous ai proposés dans la signification sponsale de la solitude étaient des conquêtes sur le corps pour atteindre l’extériorité, autant là c’est une conquête de la présence de Dieu, de la présence de l’Esprit Saint qui enveloppe et assume notre grâce pour venir s’engloutir et passer dans notre corps, dans notre âme, dans notre grâce, dans notre substance, dans notre inscription dans le Livre de vie, dans notre corps spirituel. Le mouvement de l’exercice que je vous ai proposé la dernière fois et le mouvement de celui que je vous propose aujourd’hui sont évidemment complémentaires et essentiels et l’un et l’autre.
Unité sponsale et amour de complémentarité
Si vous êtes mariés, il vous faut bannir de votre bouche et de vos pensées le mot couple comme étant un sacrilège. Le couple va toujours mal, et si vous trouviez qu’il va bien, ce serait une illusion. Mais l’unité sponsale ! Voilà ce qui se passe dans les chromosomes xx et xy de toutes les cellules de votre corps, de l’intérieur. Ah oui, cela se produit de l’intérieur : unité sponsale.
Alors je vais faire un exercice de foi, d’espérance pour recevoir cette grâce sponsale d’être brûlé dans cette unité sponsale, de respirer cette unité sponsale en prenant ma moitié sponsale dans l’infinité intérieure de ce qui illumine de l’intérieur la lumière vivante et intérieure de mon corps masculin, je vais vivre et la faire vivre en me donnant à mon tour, que ce soit uniquement cette unité qui nous fasse vivre et que nous soyons disparus dans cette grâce de l’unité sponsale, dans le nid de l’unité sponsale, dans le torrent inépuisable de l’amour glorieux et incarné du Christ et de la Vierge dans la Jérusalem céleste, pour brûler comme une semence de l’intérieur de la substance de tous les corps vivants du monde, et je vais vivre de cela et pas d’autre chose.
Je ne vais pas vivre du couple, de bœufs, non ! Ce qui compte, ce n’est pas le couple de bœufs, c’est celui qui est entre les deux bœufs et qui les fait avancer : l’unité sponsale. Le couple n’est pas indissoluble. Repérez l’unité, repérez le Saint Esprit.
Si je suis marié, c’est ma croix, mon Sanhédrin, mon Ponce Pilate, mon Iscariote, mon flagellateur. un petit peu, pas trop, elle fait tellement d’efforts ! Je suis obligé de mourir à ma vie d’homme, je suis obligée de mourir à ma vie de femme pour qu’il y ait l’unité des deux. Je ne vis pas de l’unité des deux, je ne respire pas dans l’unité des deux si je ne vis pas cette mort, si je ne donne pas ma vie, s’il n’y a pas cette expiration à chaque occasion de difficulté, d’insatisfaction, de manque de perfection, quelquefois d’exaspération ou de lassitude, ou d’impressions.
Entendre : « J’ai l’impression qu’il ne m’aime plus » fait un peu désordre ! Comme si tu vivais au niveau des impressions ! Comme s’il devait te rendre le ressenti que tu penses lui avoir fait ressentir. Il est vrai qu’il y a quelque chose de fraternel dans le mariage, mais ce n’est ni le corps, ni l’esprit, ni la signification sponsale du corps : c’est la relation de frère et sœur. Et les organes du corps qui font que nous sommes frère et sœur sont le concupiscible et l’irascible, donc le point de vue psychique : le point de vue amoureux, passionnel, romantique, qui est commandé par l’irascible et le concupiscible, l’audace, la passion amoureuse, quelquefois la haine féroce ou la colère passionnelle : « Mais arrête avec ça : Quand vas-tu en finir avec ce défaut ? ». Les onze passions montrent que nous sommes amoureux l’un de l’autre, que nous sommes unis, et ces passions sont semblables pour l’homme et pour la femme : l’irascible et le concupiscible ont même consistance de ressenti pour l’homme et pour la femme, et c’est ce qui permet une fraternité.
La passion amoureuse qui est la première, la plus sommaire, la plus grégaire des onze passions de l’irascible et du concupiscible, relève de l’union du frère et de la sœur : nous sommes frère et sœur parce que nous avons la même passion, nous sommes remués aux entrailles, ça nous fait mal au ventre tellement nous nous aimons, nous sommes bouleversés, et nous ressentons la même chose. Quelquefois nous sommes tellement amoureux, nous avons tellement mal que nous en avons presque envie de vomir : c’est une langueur terrible. Cette passion amoureuse où le corps est emporté par le concupiscible n’a pas de différenciation féminine et masculine : c’est la même, nous ressentons la même chose, et nous pouvons nous unir dans cette passion amoureuse, dans cette unique langueur ou souffrance, nous ressentons la même chose l’un pour l’autre, nous sommes tous les deux passionnellement amoureux. C’est fraternel, c’est un amour de similitude, ce n’est pas du tout un amour de complémentarité. L’homosexuel vit aussi cela. Le couple est basé sur cela, comme les couples d’homosexuels. Excusez-moi, mais ce n’est pas le but, ce n’est pas la finalité, ce n’est pas la physiologie spirituelle de la différenciation sexuelle.
Il faut expirer à ce qui nous est semblable. Il faut expirer à cette revendication d’avoir exactement la même chose que ce que nous avons donné. Nous donnons justement des choses totalement différentes, puisqu’il n’y a rien de plus différent que la signification sponsale du don de toute la personne masculine et la signification sponsale du don de toute la personne féminine. Alors il n’y pas de réciprocité de similitude dans l’unité sponsale : nous expirons au contraire dans l’accueil du don de l’autre qui expire lui-même dans cet échange de l’accueil et du don pour respirer ce qui en émane : le Saint Esprit, dit saint Thomas, n’est pas une génération, il n’est pas engendré, Il est une émanation. Le Concile de Chalcédoine annonce que celui qui dit que le Saint Esprit est engendré, celui-là est anathème et a perdu totalement la foi catholique. Le Saint Esprit n’est pas engendré, Il procède de l’unité du Père et du Fils, Il est une émanation. J’espère que je l’ai assez répété, c’est cette émanation que nous respirons.
Mais si nous voulons physiquement et en même temps ontologiquement que notre corps s’éveille à cette émanation, il faut nous unir dans notre mort à Sa mort, dans notre origine à Son origine, et aller respirer ce qui en émane. Non seulement accepter mais vivre intensément la mort, la souffrance, la contradiction et la sortie de notre propre vie pour rentrer dans cette émanation.
Le soir, endormez-vous profondément en Jésus qui Lui est en train de s’endormir dans le Père, si vous êtes féminine, et si vous êtes masculin dans l’Immaculée Conception tandis qu’elle rentre en pâmoison pour expirer et être toute prête pour être assumée dans la gloire de la Jérusalem céleste et magnifiée dans la gloire de sa féminité toute la féminité de la deuxième Personne de la Très Sainte Trinité. Il ne faut pas oublier que l’Assomption glorifie physiquement et corporellement la féminité de la Personne divine qui est la deuxième Personne de la Très Sainte Trinité : le Verbe de Dieu, la divinité du Père, l’Epouse.
C’est contemplatif, mais j’ai une âme spirituelle quand-même, et je suis masculin, et je peux vous dire que je peux le vivre très bien. Je peux vivre de la mort de Jésus aussi, parce qu’elle est inscrite dans le Verbe de Dieu, dans le coup de lance. Et je peux le vivre aussi dans le Christ, quand Il s’immole dans la gloire sur l’autel de la terre, quand Il réalise une nouvelle fois la mort en ceux qui veulent bien recevoir Sa propre mort, de manière glorieuse cette fois- ci. Mais il y a bien la mort du Christ et ce qui fait l’unité est mon union avec Lui dans l’unité sponsale.
Je peux faire ces exercices dès que j’ai une souffrance, dès que j’ai une blessure : c’est immédiatement que je laisse cette liberté à la mort du Christ de pouvoir s’exprimer dans le temps de la terre et dans la signification sponsale de mon corps à Sa manière masculine à Lui si je suis femme. A ce moment-là une pâmoison commence, l’assomption que la grâce sanctifiante opère sur l’âme va commencer. C’est la porte d’entrée à la production des cellules staminales du corps spirituel pour le Règne du Sacré Cœur dans le Monde Nouveau, mais c’est là la signification de la nudité que nous verrons la prochaine fois.
Avez-vous compris ? Est-ce compliqué ? C’est tellement évident pour moi que je suis toujours convaincu que ça doit être évident pour vous.
Vous allez profiter de moments d’émotion érotiques (signification de la solitude) et de moment de blessures d’amour et de blessures de l’ éros pour faire cette seconde découverte, illumination, détermination et mise en place de la signification sponsale de votre corps masculin ou féminin.


Samedi 12 novembre 2005
Nous continuons à méditer la sponsalité.
J’espère que tout le monde a bien compris comment nous pouvons rentrer intérieurement dans des espaces qui sont au-delà de notre vie propre par cette communion de mort et de vie que nous avons expliquée la dernière fois dans la signification sponsale de l’unité. Pour ouvrir les puissances qui sont liées à la différenciation sexuelle, il est très important de faire ces actes d’union simple avec la mort de Jésus qui fait vivre.
Aujourd’hui, nous voudrions quand même un peu avancer. Que le Seigneur nous aide à nous introduire dans ce mystère des voies d’accès, qui sont des voies de sagesse, pour rentrer dans le plein exercice de la nudité sponsale.
Dans la sponsalité, la nudité a une signification, un visage intérieur à cette même nudité. Ordinairement bien- sûr, à cause de notre chute, nous ne voyons de la nudité que son visage extérieur, et c’est un handicap.
Nécessité de la grâce sanctifiante
Si spirituellement et physiquement nous sommes tout à faits ouverts, rayonnants, pleinement habités, et que nous sommes deux dans l’unité à vivre cette ouverture, cette plénitude, cette lumière intérieure, cet amour, tout le monde a sa place dans cette unité (ce n’est pas un couple) et en particulier la plénitude de notre humanité qui ne vient pas de nous parce qu’elle apparaît par une providence de Dieu pour nous envelopper tous les deux d’une part, et pour être le cœur de notre unité d’autre part, le fameux troisième qui nous ouvre à tout et qui fait que nous devenons un nid d’accueil de l’unité sponsale.
Nous avons terminé la dernière fois en comprenant que nous ne pouvons pas arriver à cette puissance d’unité humaine normale entre l’homme et la femme sans la grâce sanctifiante. Roméo et Juliette s’aiment de manière très intense, très pure aussi, mais ils ne trouveront jamais l’unité sponsale s’ils n’ont pas la grâce surnaturelle divine du Christ, s’ils n’ont pas ouvert en chacun d’entre eux et aussi bien sûr dans l’unité des deux cet espace précisément où ils rentrent dans cette fameuse expiration, cette fameuse pâmoison, cette fameuse aspiration, cette fameuse spiration où dans la grâce le corps lui-même se déploie pour être le nid du Saint Esprit qui Lui émane de l’unité dans le Créateur de la première Personne de la Très Sainte Trinité qui de l’intérieur aspire, spire Lui-même et s’expire Lui- même dans son Epouse qui est la seconde Personne de la Très Sainte Trinité.
Sans la grâce, le feu du Saint Esprit ne pénètre pas dans l’humanité intégrale, le troisième de l’unité des deux, pour ouvrir les espaces possibles au visage intérieur de la nudité.
Solitude, Unité, puis Nudité
Voilà pourquoi le Pape Karol a bien lu dans la Genèse que la signification de la solitude se déploie jusqu’à son terme, son accomplissement naturel, et rebondit dans l’expression vivante de l’unité des deux, et c’est une fois que cette expression vivante dans l’unité des deux dans l’unité de complémentarité s’est mise en place, qu’elle s’épanouit, qu’elle s’accomplit, qu’elle s’ouvre, qu’elle rebondit elle-même dans la nudité (et ce n’est pas solitude, puis nudité, puis unité, contrairement à l’usage hippopotamesque qui en est fait d’habitude).
Dans le mariage entre l’homme et la femme, il y a quelque chose d’admirable qui relève du sacré : voilà pour la signification sponsale de la solitude ; il y a quelque chose qui relève du divin : voilà pour l’unité ; et il y a quelque chose qui relève de la gloire divine : voilà pour la nudité, parce que nous sommes image et ressemblance de Dieu.
Le Livre de Tobie
Pour bien comprendre comment la nudité va s’exprimer avec toute la force, toute la puissance de sa potentialité glorieuse, j’ai pensé que ce serait bien de prendre le Livre de Tobie. Pour la nudité, nous avons besoin d’être guéris par un séraphin flamboyant : Raphaël, l’un des trois anges de la Face que la Bible nomme Michaël (voilà pour la signification de la solitude), Gabriel (l’humanité dans toute sa force, l’humanité intégrale), et Raphaël (la guérison de la nudité).
Il faut bien reconnaître que ça ne nous est pas si commode, avec les concupiscences, l’orgueil, le repli sur soi, les séquelles du péché originel, les idéologies. Et il ne faut pas oublier Asmodée, le prince de l’enfer éternel, et toutes ses légions. Asmodée veille très fort pour que la nudité ne puisse pas s’accomplir. Si elle se produit de manière hippopotamesque (mais ce n’est pas un accomplissement de la nudité), ça va très bien à Asmodée. Mais pour que la nudité humaine ne puisse se réaliser, Asmodée veille férocement. S’il arrive à boucler les hommes sur la nudité, l’enfer est victorieux.
Il est beau de savoir que dans la nudité il y a quelque chose de rédempteur, à condition qu’elle soit guérie par beaucoup d’amour, un amour pur, un amour qui ne vient pas d’une humanité déchue, mais un amour qui vient d’une humanité pure, celle qui émane de notre unité. Mon amour pour ma femme n’est pas pur, l’amour de ma femme pour moi n’est pas pur, puisqu’il y a toujours une imperfection : même le juste pèche sept fois par jour. Par contre lorsque nous vivons avec la grâce sanctifiante dans le déploiement tout à fait éblouissant de l’unité des deux dans l’unité des deux, tout est pur, parce que le troisième (l’unité des deux) n’a jamais participé au péché originel. Il n’y a donc pas de séquelles du péché originel dans la couleur verte. Si je puise effectivement là de quoi rentrer dans la commotion sponsale de l’unité des deux, je le conjoins bien-sûr à la mort du Christ qui de manière toute pure intègre dans l’immaculation toute la création dans le sein de Dieu le Père pour produire l’Esprit Saint de cette manière à travers Sa mort dans notre mort, notre expiration, c’est-à-dire cette commotion sponsale dans l’unité des deux, notre disparition dans l’unité des deux, notre mort dans l’unité des deux pour produire cette vie extraordinaire qui est la vie conjugale. Si elle est conjointe à l’imprégnation divine de la production du Saint Esprit, beaucoup d’amour, beaucoup d’amour, beaucoup d’amour est là, et du coup tout est pur.
Il faut que nous soyons guéris de cette impureté. Alors l’ange Raphaël arrive, et c’est le Livre de Tobie.
Tobie était un homme merveilleux. Lui et son épouse avaient un fils unique qui s’appelait aussi Tobie. Ils ont beaucoup prié pour que ce fils unique puisse trouver à se réaliser dans l’unité sponsale de la manière qui correspondait à la grâce, à la volonté sublime de Dieu. Du coup l’ange Raphaël s’est présenté à eux sous visage humain en disant : « Je vais accompagner Tobie pendant tout le voyage pour aller chez votre cousin ». Ce n’est pas une légende, ça s’est réellement passé. Si chaque mariage était comme celui-là : l’ange Raphaël arrive et t’emmène chez les parents de ta moitié sponsale !
Tobie, accompagné par Raphaël, s’arrête à une rivière pour s’y laver les pieds, et à ce moment-là un poisson arrive pour dévorer son pied. Alors Tobie retire son pied, mais l’ange Raphaël lui dit : « Non, prends le poisson, et ouvre-le » et, lui faisant sortir les entrailles : « Prends le cœur, le foie et le fiel du poisson ».
Si un poisson t’attaque les pieds, tu l’attrapes avec les mains. A un moment donné, si tu ne passes pas de la ferveur (les pieds), à l’amour incarné (les mains), tu te fais dévorer, il y a un châtiment : il faut incarner l’amour. Le poisson est le symbole du Christ entier : quand Jésus fait cuire le poisson sur la braise de la résurrection, cela représente tout le Corps mystique vivant de Jésus vivant entier.
« Ouvre-le, enlève les entrailles (ce qui n’est pas bon : il y a toujours un jugement dernier), mais prends le cœur, le foie et le fiel, nous allons nous en servir pour la guérison. »
Puis Tobie fait cuire le poisson, ils le mangent, et ils continuent leur voyage pour arriver chez la petite jeune fille qui s’appelle Sara, fille unique de son oncle et de sa tante issus de germains. Seulement voilà : Sara s’était déjà mariée sept fois, sans consommer, parce qu’à chaque fois Asmodée se précipitait pendant la nuit de noces et tuait le nouveau marié. D’après la Torah, son cousin Tobie était celui qui était appelé par Dieu à être la moitié sponsale de Sara, alors Asmodée avait la permission de se précipiter pour donner la mort à ceux dont elle n’était pas la moitié sponsale.
Lorsque vous n’êtes pas dans l’unité sponsale en Dieu, Asmodée a un pouvoir de mort temporelle et de mort éternelle sur vous. Il est un prince de l’enfer redoutable, comme les petits enfants l’apprennent dans les toutes premières leçons de catéchisme :
« Quels sont les noms des trois premiers princes de l’enfer ? - Les noms des trois premiers princes de l’enfer sont Mammon, Belzébul et Asmodée. - En tant que prince de l’enfer, à quoi préside Mammon ? A quoi préside Belzébul ? A quoi préside Asmodée ?
Les enfants savent cela, donc vous aussi, et tant mieux pour vous si vous n’avez jamais vu Asmodée.
Mais il y a aussi l’archange Raphaël, dont personne ne sait encore qu’il est un archange, puisqu’il a visage humain, il fait semblant de manger, parle, prie.
Après force discussions que vous lirez vous-mêmes dans le Livre de Tobie, le jour du mariage arrive. Pour préparer le grand banquet, on a tué deux bœufs (il n’y a plus de couple), et quatre agneaux (tout le mystère de la résurrection de l’Agneau est présent). A la résurrection, le Christ, l’Agneau de Dieu, ressuscite à travers tout le cosmos, Il se lève dans l’univers et emporte l’univers en Lui : égersis. Puis Il arrache l’univers à son propre espace pour entrer dans l’espace divin d’avant la création du monde : anastasis. Il est ressuscité, et il y a deux résurrections dans le Christ. Quand nous parlons des quatre agneaux, cela représente évidemment l’égersis, pas l’anastasis, mais c’est le passage de l’ égersis à l’ anastasis qui est exprimé, puisque les quatre agneaux sont tués : l’ égersis doit expirer dans l’ anastasis au delà de la création. D’une part, il n’y a plus de couple, et d’autre part nous rentrons dans le mystère de la Jérusalem céleste.
Tobie et Sara se retrouvent dans la chambre nuptiale. Cela dure un certain temps, et tout ce travail spirituel, religieux, surnaturel qu’il fait se réalise avec le poisson, avec le Christ, avec la grâce messianique, avec le ciel tout entier. Grâce à cela, il découvre que son cœur ne pouvait pas se détacher de Sara. Il a puisé son amour indissoluble dans cette activité, il a trouvé l’unité avec elle. Les noces correspondent bien sûr au sacrement de la nudité.
Chapitre 7 (versets 17 à 20) et chapitre 8 :
« Après quoi on se mit à manger et à boire. Raguel appela sa femme Anne et lui dit : « Ma sœur, prépare la seconde chambre, où tu la conduiras ». Elle alla faire le lit de la chambre, comme il lui avait dit, et elle y mena sa fille, elle pleura sur elle. Puis elle essuya ses larmes et lui dit : « Aies confiance ma fille, que le Seigneur du Ciel change ton chagrin en joie, aies confiance ma fille ». Et elle sortit.
Quand on eut fini de boire et de manger, on parla d’aller se coucher et l’on conduisit le jeune homme depuis la salle du repas jusque dans la chambre. Tobie se souvint des conseils de Raphaël. Il prit son sac, il en tira le cœur et le foie du poisson et il en mit sur les braises de l’encens. L’odeur du poisson incommoda Asmodée qui s’enfuit par les airs jusqu’au sommet de l’Egypte. Raphaël l’y poursuivit, l’entrava et le garrotta sur le champ. »
C’est extraordinaire, il y aurait beaucoup à dire. Savez-vous ce que font les parents ? Versets 11 à 13 :
« Raguel se leva, appela ses serviteurs, et ils vinrent l’aider à creuser une tombe [avec l’horizon de la mort, nous sommes encore dans l’unité]. Il avait pensé : pourvu qu’il ne meure pas, nous serions couverts de ridicule et de honte [mais s’il y a l’unité sponsale, il n’y a pas de honte]. Une fois la fosse achevée, Raguel revint à la maison et il appela sa femme. »
Ils avaient laissé Tobie et Sara ensemble en fermant la porte de la maison. Tobie est donc dans le lit avec Sara, comme le veut l’un des 613 préceptes de la Torah (versets 4 à 10) :
« Tobie se leva alors du lit et dit à Sara : « Debout ma sœur, il faut prier tous les deux et recourir à Notre Seigneur pour obtenir sa grâce et sa protection ». Elle se leva et ils se mirent à prier pour obtenir d’être protégés. Et il commença ainsi : « Tu es béni Dieu de nos pères, et ton nom est béni dans tous les siècles des siècles. Que te bénissent les cieux et toutes les créatures dans tous les siècles. C’est toi qui a créé Adam, c’est toi qui a créé Eve, sa femme pour être son aide et son appui. »
En hébreu, cette expression « son aide et son appui » veut dire : son aide contre le mal, son aide contre le démon : son aide contre Asmodée.
« Et la race humaine est née de ces deux-là. C’est toi qui a dit : Il ne faut pas que l’homme reste seul, faisons lui une aide semblable à lui [une aide contre le mal]. Et maintenant, Seigneur, ce n’est pas le plaisir que je cherche en prenant ma sœur, mais je le fais d’un cœur sincère. Daigne avoir pitié d’elle et de moi et nous mener ensemble jusqu’à la vieillesse [ils sont déjà liés par le sacrement de mariage]. Ils dirent de concert : Amen, Amen, Amen [il n’y a plus qu’une seule voix], et ils se couchèrent pour la nuit. »
De retour à la maison, donc :
« Raguel appela sa femme et lui dit : « Si tu appelais une servante pour voir si Tobie est encore vivant, parce que s’il est mort, on l’enterrerait sans que personne n’en sache rien. On avertit la servante, on alluma la lampe, on ouvrit la porte et la servante entra. Elle les trouva dormant tout deux d’un profond sommeil. Elle ressortit et leur dit tout bas : « Il n’est pas mort, tout va bien ».
Conseils de l’archange Raphaël pour la nudité
D’abord un long travail pour arriver jusqu’à l’unité, en nous nourrissant du poisson qui a grillé au bord de la route et qui a grillé au bord de l’eau. C’est en nous nourrissant du Christ vivant entier que nous incarnons l’amour, en rejetant les entrailles (c’est-à-dire la libido, l’instinct) et en ne gardant que la ferveur transformée en actes d’amour divin incarné. Nous nous saisissons du Christ et nous sommes saisis par le Christ vivant entier. Nous tuons le couple de bœufs, nous vivons du Christ vivant entier jusque dans cette illumination, cette vision béatifique qu’il y au-delà de l’égersis jusque dans l’anastase, en vivant du Christ jusque dans ce fait qu’Il est Dieu vivant véritable entier et créateur de tout ce qui existe dans l’unité des deux.
Du coup, nous découvrons que notre cœur est indissolublement attaché à notre moitié sponsale, et nous pouvons manger du banquet des noces : nous recevons le sacrement de mariage.


Nous pouvons alors rentrer dans la chambre nuptiale. Il n’y a plus de honte, il n’y a plus de vision de la nudité extérieure, il n’y a plus que la vision de l’unité des deux, il n’y a plus de vision que celle de la louange de Dieu qui est commune.
Nudité et sacrement de mariage
Je vous disais que pour la signification de la solitude dans la sexualité, quand, de manière masculine ou féminine nous vivons pleinement de cette solitude, de cette féminité vivante et habitée ou de cette masculinité vivante et habitée, grâce à l’adoration en esprit et en vérité que Jésus a enseignée à la Samaritaine, nous n’avons pas besoin de la grâce sanctifiante, une simple grâce actuelle suffit. Pour l’unité, il faut la grâce sanctifiante, il faut l’union transformante. Pour découvrir la puissance que notre sexualité donne à notre spiritualité imbibée de la vie surnaturelle de la grâce, nous ne pouvons pas l’expérimenter, l’incarner et en être transformé sans la grâce sanctifiante surnaturelle, par définition, évidemment, puisqu’il faut les dons du Saint Esprit.
Mais pour la nudité, il faut rajouter encore en plus un sacrement, parce que le sacrement, du point de vue de la nudité, nous arrache à ce regard que nous avons, nous arrache à la honte d’un côté, nous arrache à la fausse pudeur de l’autre côté, et nous place sur une ligne de crête qui nous met en dehors de la réduction extérieure de l’autre à un objet. Le sacrement a une puissance très grande, que nous verrons. Sans ce sacrement de mariage, la nudité n’est pas possible. Ce n’est pas seulement une question de temps, c’est une question d’amour et de puissance. Dès lors que notre cœur s’est attaché indissolublement et que le Christ a attaché cet attachement mutuel dans l’unité des deux à son attachement à nous dans un sacrement, c’est-à-dire dans la toute puissance du Christ, de l’Eglise et de Dieu, à ce moment-là, s’écoule à l’intérieur de notre corps une capacité d’aimer tout à fait extraordinaire.
Nudité et prière
Après avoir reçu le sacrement, nous nous levons, nous nous mettons debout. Il faut vivre de cette nudité originelle qui est la nôtre : voilà pour le fait qu’ils se soient mis dans le lit nuptial ensemble, en présence des parents (ce rituel de la Torah est extraordinaire !). C’est l’unité originelle : dès l’origine, Dieu m’a créé à travers ma moitié sponsale, dans ma moitié sponsale et pour ma moitié sponsale, puisqu’Il m’a créé à partir de l’Un et dans le Bereshit, et je viens d’avoir le sacrement. C’est donc dans la signification sponsale originelle de mon corps et de son corps, et dans la signification originelle de l’unité des deux, que je rentre dans la chambre nuptiale, que la nudité commence à être possible. Et je me lève pour vivre de la signification (le Pape Karol emploie toujours ce mot, et je veux rester dans la continuité avec le Pape, même si j’aurais dit autrement parce que je ne suis pas phénoménologue : je préfère le réalisme). Il faut surajouter et faire surgir du dedans de cette tension, de cette vision de l’innocence originelle de l’intériorité de notre corps mutuel, la vision de notre corps spirituel cette fois-ci, qui est un corps de résurrection. C’est pour cela que nous nous levons ensemble (égersis) : c’est un symbole de résurrection Nous allons nous unir tous les deux à l’état dans lequel nous serons dans la mutuelle résurrection de la chair. Ainsi nous trouvons dans l’unité des deux non seulement notre origine dans la main de Dieu (voilà pourquoi les parents étaient là et sont sortis) mais aussi notre ultime dans la résurrection de la chair, l’alpha et l’oméga dans l’unité des deux. Nous disons : « Seigneur, dans cette tension entre les deux, nous ne voulons pas qu’il y ait d’amertume, d’entrailles de poisson, nous ne voulons pas qu’il y ait l’ennemi, nous ne voulons pas qu’il y ait Asmodée, nous voulons qu’il y ait uniquement notre amour immortel, indissoluble, sacramentel, physique, nu ».
Nous prenons pour aider le cœur du poisson et le foie du poisson. Nous nous nourrissons de l’amour glorieux, humain mais glorifié, de l’homme et de la femme, et nous savons que c’est Jésus et Marie, le Règne du Sacré Cœur. Nous nous nourrissons aussi du foie, c’est-à-dire de la vie contemplative. Quand nous rentrons dans la vie contemplative, quand nous regardons le Seigneur ou un visage, nous l’assimilons et il devient comme nous-même. Le foie est en nous l’organe qui assimile : si nous mangeons du pain, notre foie assimile le pain et le transforme en cellules de notre propre corps, en passant par le sang. Au point de vue de la symbolique sponsale, le foie est la vie contemplative de l’unité, de tout ce qui est amour, communion des personnes éternellement et glorieusement à l’intérieur de Dieu, au-delà de ce monde cosmique : nous le contemplons, nous l’assimilons, et du coup nous en vivons dans notre unité sponsale sacramentelle.
Vous allez me dire que personne ne peut vivre du sacrement de mariage, c’est beaucoup trop raide ! Ne vous inquiétez pas, c’est facile : il a suffit de prendre le cœur et le foie et de les placer sur les charbons d’encens, cela veut dire que tout est dans la prière. C’est un sacrement, une liturgie : tout monte en odeur agréable à Dieu. A travers le don, la délicatesse, la présence, la contemplation intérieure de ce qu’il y a à l’intérieur de l’autre, l’amour de ce que Dieu aime dans la sainteté, dans la gloire de l’autre et dans la gloire de notre unité mutuelle, en étant extrêmement attentif à cela par une ouverture contemplative à l’état nu, à ce moment-là, tout cela monte instinctivement, d’un instinct divin comme dit saint Thomas, devant la Face de Dieu : Asmodée du coup est garrotté par Raphaël. Le monde
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angélique lui-même a sa place, et ce n’est plus le démon mais les séraphins de la Face de Dieu. Cela se fait automatiquement, il suffit d’être ouvert ; cela se fait instinctivement, d’un instinct divin.
Il est évident que ça ne peut pas être une liturgie continuelle. Mais lorsque l’unité sponsale se réalise dans l’unité conjugale, nous n’avons plus besoin de vêtements parce que c’est la consécration du sacrement qui tient lieu de vêtements. Un moine ou une carmélite portent sur leur corps nu des vêtements de consécration religieuse : cela veut dire qu’ils sont à nu dans le mariage spirituel avec Dieu. Et le sacrement de mariage tient aussi lieu de vêtements. Mais il faut attendre que les parents et la servante soient sortis. Cela se fait dans la discrétion et la délicatesse, et il faut comprendre que nous sommes quand même revêtus du sacrement. Dans le mariage, nous ne pouvons pas nous dénuder sans voir le sacrement (et si tu ne vois plus le sacrement, si tu ne vois plus Dieu, si tu ne vois plus que deux bœufs, vite, remets ta djellaba !)
Sur les sept sacrements, deux structurent l’état de vie : le sacrement de l’ordre et le sacrement de mariage. Ces deux sacrements donnent un pouvoir de transformation qui touche métaphysiquement l’homme de l’intérieur de Dieu. Pour le prêtre, cela touche la transsubstantiation, puisque c’est la substance qui touche l’intérieur de Dieu et qui réalise la transsubstantiation dans notre monde. Dans le mariage, cela touche métaphysiquement la plénitude de Dieu dans la perfection de notre unité sponsale à l’état nu, dans la nudité du sacrement. Pourrions-nous concevoir qu’un prêtre ne célèbre jamais la messe ? Une fois que nous avons reçu le sacrement de mariage, nous devons évidemment célébrer la messe sponsale, parce que c’est le sacrement de la guérison ultime et terminale de toute l’humanité qui se trouve là à l’état de germe dans ce sacrement. C’est peut-être pour cela qu’il n’est jamais utilisé. Asmodée y veille très fort, et les gens qui sont mariés vivent de la nudité extérieure.
Vous lirez le Compendium du Pape Benoît XVI : dans le mariage, on ne fait pas n’importe quoi. Saint Alphonse de Ligori disait que le mariage est le lieu du péché véniel : pratiquer la nudité extérieure pour elle-même, sans qu’elle soit surnaturellement transformée dans la vie contemplative, n’est pas un péché mortel, parce que c’est toléré.
Je vais être moins phénoménologue, en vous disant que ça ne se fait pas comme le faisait Mohamed qui en embrochait neuf dans la matinée pour avoir les révélations du Coran, avec Aïcha sous la couverture. L’escargot lui- même va plus lentement. Regardez deux escargots : il fait bon, bien humide, ils sortent de leur coquille, mais ça dure cinq, six, sept ou huit heures, et c’est admirable, et pourtant il n’y a pas de signification sponsale de la solitude, il n’y a pas de signification sponsale de l’unité, il n’y a pas de signification sponsale de la nudité, même s’il y a un petit symbole.
Toi, tu es marié avec ta femme, tu as un sacrement, et tu fais pire que l’escargot ? Non, prends le Livre de Tobie, regarde le temps que ça a pris. Les parents de Tobie étaient là à se morfondre, se demandant s’il était mort. J’aurais pu vous lire aussi que Tobie revient avec sa femme Sara, arrive chez son papa Tobie qui était aveugle, et sa mère proche de se suicider parce que cela faisait trop longtemps qu’il était parti. Mais l’amour ne se fait pas en cinq minutes : « L’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme, et les deux ne feront plus qu’un ». Ils arrivent donc, le chien les précède en agitant la queue. Tobie sort le fiel du poisson, comme Raphaël le lui a dit, il en frotte les yeux de son père d’où il retire une pelure, comme l’oignon. Il recommence pendant trois jours, et aussitôt le père lui dit : « Mon fils, je te vois ». Si tu vis de l’unité sponsale, le Père à travers toi voit le Fils : la première Personne de la Très Sainte Trinité voit son Verbe à travers toi, à travers votre mariage, à travers ce qui est sorti du poisson. La nudité est contemplative : nous voyons la première procession de la Très Sainte Trinité.
Mais revenons aux escargots. Il y a beaucoup d’humidité, mais peu de chaleur parce que les escargots sont plutôt frais. Les deux sont complètement sortis de leur coquille, à croire que l’un va pouvoir rentrer dans la coquille de l’autre (vous voyez tout de suite la symbolique : dans l’intérieur du corps de l’autre) et il est impossible de savoir où est lequel duquel, à qui appartient la coquille de celui-ci ou de celui-là. Et c’est tranquille ! (ce n’est pas comme les lapins qui sont plutôt côté Asmodée).
Prenez aussi le caducée du serpent. Un serpent n’est pas fait pour être debout, mais là ils sont debout, et tu ne sais pas où est l’un et l’autre : c’est une ascension continuelle, une danse, une prière. L’animal nous montre que c’est quelque chose qui se fait avec délicatesse, douceur, tranquillité, intériorité.
Qu’est-ce que l’intériorité pour l’homme dans le sacrement ? La nudité est intérieure. Comment s’entraîner ?
Il faut ouvrir en nous les espaces de puissance qui nous permettent de vivre, de découvrir et d’admirer la nudité intérieure du corps de l’autre. Le sacrement nous a intériorisés dans une vision et nous retrouvons grâce au Christ, grâce à Jésus, grâce aux sacrements, grâce au Saint Esprit, grâce à cette prière totale qu’il y a dans l’amour, la délicatesse, la tranquillité, le temps, le rythme lunaire, dans le don, dans la perte de soi-même, dans l’inexistence de soi-même, enfin dans tout ce que nous avons vu précédemment, dans l’adoration, dans l’intégration de l’unité du Père et du Fils qui produit le Saint Esprit, lorsque nous vivons cela, lorsque nous nous y reposons, lorsque c’est cela qui se repose en nous et s’y déploie, à ce moment-là, au bout d’un certain temps, il est bien évident que le corps lui-même,
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comme pour l’escargot, change de nature, ouvre ses espaces intérieurs : la féminité et la masculinité prennent toute leur caractéristique de nudité intérieure et tout leur déploiement spirituel, dans l’unité des deux.
Mais cela a besoin d’une grande ferveur ! Dire la messe humainement, sociologiquement, est imbuvable. J’avoue que j’ai du mal à bâcler une messe : il faut la vivre in Persona Christi et de manière contemplative. Dire une messe est mystique, dire une messe est divin, dire une messe est un sacrement. Dieu Lui-même descend au dedans de nous pour se réaliser dans la communion, Dieu vient créer le monde dedans le prêtre, en transsubstantiant ce qu’il est pour réaliser la transformation de tout l’univers. C’est Son retour dans la gloire qu’Il anticipe par participation, mais réellement, donc c’est mystique, spirituel, contemplatif, intérieur, intense, avec la ferveur des pieds et avec l’amour des mains, avec le foie qui assimile et avec le cœur qui brûle tout.
Et c’est pareil pour la messe sponsale. Toutes les puissances de la sexualité se centuplent d’un seul coup, comme le dit Jésus : « Vous recevrez le centuple ». Dégagez d’Asmodée et des entrailles, prenez le cœur et le foie et vous recevrez le centuple. Qu’est-ce que c’est extraordinaire, que ce soit l’image ressemblance de Dieu qui soit là, s’exploitant Lui-même dans l’amour, dans la lumière, dans la lumière extérieure et intérieure ! Il n’y a plus aucune différence véritable, explicite et consciente entre la nudité extérieure et la nudité intérieure. Et c’est à cet admirable exercice, la messe sponsale, qu’il est normal de s’entraîner, pour des gens qui sont mariés.
La messe sponsale
Nous pourrions dire : « Attention, si tu n’es pas marié, n’essaie pas ». Mais si, bien-sûr : si tu es un petit jeune homme, une petite jeune fille, un vieil homme, ou une vieille femme, tu es quand même capable de vivre mystiquement de la messe sponsale, comme tu es capable, sans être prêtre, de vivre mystiquement de la messe sacerdotale : royalement.
Il faut d’abord mettre l’encens : la première chose que Tobie a faite est de mettre l’encens sur le charbon bien rouge, et par dessus, le cœur et le foie du poisson.
Tout le monde vous a mariés, vous êtes dans votre lit dans les bras l’un de l’autre, mais vous n’êtes pas tout nus, puisqu’il y a le sacrement qui vous sépare et qui vous unit. Puisqu’il y a encore un vêtement, vous ne vous précipitez donc pas, il vous faut vous occuper du vêtement avant, et donc rentrer dans le sacrement et célébrer la messe sponsale. Mais attention, vous ne l’imaginez pas, vous le faîtes mystiquement, même si vous êtes divorcés : il y a le sacrement, donc vous pouvez mystiquement vous unir dans la nudité sponsale de vos corps. Ce n’est pas une imagination, c’est réel. L’archange Raphaël et vos anges gardiens guérissent la distance et la blessure. De manière contemplative mais incarnée (il faut passer des pieds aux deux mains), vous allez rentrer mystiquement en contact physique de votre moitié sponsale à qui vous êtes sacramentellement lié(e).
Et vous allez ensuite passer de la position allongée à la position debout pour prier. Vous allez dire : « Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » et vous allez dire la messe, en choisissant chaque jour un des quatre canons : le lundi, canon 1, le mardi, canon 2...(eh oui ! le prêtre dit bien la messe au moins une fois par jour). Vous allez tuer le couple de bœufs en vous immolant dans les quatre agneaux, les quatre canons de la messe sponsale. Et pourquoi pas en latin ?
C’est un minimum d’exercice contemplatif de foi, d’espérance et d’amour surnaturel.
Et si ma femme préfère aller à la messe chez les Bénédictins, et moi chez les Franciscains, j’en profite pendant la messe, puisque les paroles sont les mêmes, pour célébrer la messe sonsale avec elle qui est chez les Bénédictins en ce moment, ou qui y sera dans trois heures (comme cela, si chacun le fait de son côté, il y aura deux messes sponsales).
Les paroles de la messe eucharistique correspondent exactement au mouvement intérieur de la signification sponsale du corps masculin et féminin dans leur langage mutuel dans l’unité des deux
Il y a d’abord la mise en présence de la Très Sainte Trinité, nous demandons pardon, nous nous demandons mutuellement pardon, nous pardonnons totalement, nous rentrons dans l’unité des deux pour qu’il n’y ait plus rien qui soit oublié, nous rentrons dans le « Je confesse à Dieu » pour demander pardon à la création toute entière, au Seigneur, parce que nous n’avons pas été parfaits l’un avec l’autre.
Nous disons le « Gloria » pour faire venir nos anges glorieux, tous les anges de la Face de Dieu, saint Raphaël.
Nous rentrons dans la Parole de Dieu et nous nous rappelons le Livre de Tobie, le Cantique des Cantiques, les Noces de Cana.
Ensuite nous chantons ensemble des Psaumes de louange de toute la création dans notre unité sponsale.
Puis nous faisons le sermon, nous écoutons la cassette sur la sponsalité.
(Si nous avons une imagination, ce n’est pas pour tomber dans l’imaginaire, c’est pour rentrer dans la vie contemplative : il faut être génial.)
Après le sermon, le « Credo » : nous rentrons dans le poisson, nous rentrons dedans le Cœur de Jésus où est la foudroyante présence d’immensité du Verbe éternel de Dieu Créateur de tout ce qui existe.
Une fois que nous sommes rentrés dans le « Credo », nous faisons comme le Verbe de Dieu, le Christ, nous nous offrons, nous nous offrons mutuellement, nous offrons le pain et le vin : « Tu es béni Seigneur, Dieu de l’univers, Toi qui nous donne ce pain » : le pain est l’unité des deux, « et ce vin » : la nudité, l’ivresse qui commence dans l’intériorité d’une découverte d’une nudité mutuelle intérieure. Du coup le monde sacré de l’anastase a sa place dans l’atmosphère de la nudité mutuelle contemplative. « Je t’offre le pain, fruit de la terre et du travail des hommes, et le vin, fruit de la vigne et du travail des hommes » : nous nous offrons à travers les noces nuptiales de Jésus qui s’arrache à son corps pour rentrer dans le ciel de la Jérusalem céleste, pour retrouver l’Eve nouvelle dans la transverbération (c’est cela, le fruit de la vigne), intégrant ainsi toutes les souffrances, toutes les imperfections et tous les arrachements humains, et tous nos arrachements mutuels à nous-mêmes. Nous offrons tout cela dans l’unité sponsale de la messe sponsale. « Il deviendra le vin du royaume éternel » : si votre messe sponsale dure deux heures (oui, je le dis carrément, il faut deux heures ; une heure et demie strict minimum ; moins d’une heure, c’est criminel), ce que vous offrez là va devenir dans deux heures le vin du royaume éternel.
Après il y a la préface. Une fois que nous sommes là, debout, que nous prions tous les deux dans une seule prière : « Amen, Amen », « Saint, Saint, Saint », « Hosanna » : sauve-nous (hosa), je t’en supplie (na), arrache-nous à tout ce qui n’est pas dans cette tension entre le corps originel mutuel et le corps ultime spirituel final, alors oui, quand nous sommes là, nous pouvons dire :
« Toi qui es vraiment saint, Dieu de l’univers », dans cette unité mutuelle, dans cette nudité intérieure partagée où le sacrement commence à rentrer à l’intérieur de notre nudité intérieure (il n’est plus du coup entre nos deux nudités extérieures), nous pouvons commencer le canon :
« Toi qui es vraiment saint, Toi qui es la source de toute sainteté, Seigneur nous te prions : Sanctifie notre offrande en répandant sur elle ton Esprit Saint ; qu’elle devienne pour nous le corps et le sang de ton Fils bien-aimé, Jésus Christ, notre Seigneur. Au moment d’être livré, et d’entrer librement dans sa Passion, il prit le pain [Jésus est invité, il prend notre unité (le pain)], il le bénit [la bénédiction de Jésus est toujours intérieure], il le rompit et le donna à ses disciples en disant : Accipite, recevez, et mangez-en tous.
L’homme et la femme dans l’unité des deux disent, et c’est Jésus à travers eux qui le dit : « Prenez, et mangez-en tous, ceci est mon corps, livré pour vous ». N’oubliez pas que quand Jésus dit cela, quand l’unité des deux dit cela et laisse Jésus dire cela à travers elle, ils s’adressent au Père, première Personne de la Très Sainte Trinité, parce que Dieu le Fils, l’Epouse, est la nourriture du Père, Il est assimilé, et le Père devient le Fils et ils disparaissent tous les deux dans cette assimilation pour produire la vie divine, l’Esprit Saint. C’est ce qui se passe à la consécration nuptiale de la messe sponsale.
Vous voyez qu’il n’y a pas une parole qui ne soit adaptée à la signification sponsale du corps féminin et du corps masculin dans la nudité mutuelle intérieure. Il est impossible de ne pas le voir.
« De même, à la fin du repas, il prit la coupe, de nouveau il rendit grâce, et la donna à ses disciples » :
nous sommes dans la paternité, la coupe. Le mariage est éminemment mystique ; l’union conjugale, l’union des corps en une seule chair dans la divine actuation de la procession du Saint Esprit dans la gloire du trône céleste où le Père se glorifie dans la résurrection de l’homme, le trône : c’est la coupe.
« Prenez et buvez-en tous, car ceci est la coupe » : la coupe de votre nudité mutuelle où la nudité de l’un et de l’autre a disparu dans une unique nudité.
« Vous ferez cela en mémoire de moi : en zikaron mi. » Cela se réalise dans la mémoire originelle de l’incarnation du Verbe de Dieu dans le Christ, dans toutes les cellules de Son corps. C’est dedans cela que nous vivons, et nous allons conjoindre le corps originel du Christ à cette conjonction de notre corps originel avec notre corps spirituel final dans la production du trône de Dieu.
Il faut être conscient de ce que nous faisons. Quand j’ai reçu l’ordination sacerdotale, l’évêque m’a dit : « Lorsque vous célèbrerez les saints mystères, pensez ce que vous dites, prononcez ce que vous dites en le vivant, et réalisez ce que vous vivez. » Et quand je célèbre un sacrement de mariage, quand ils sont là tous les deux, avec le petit voile blanc, avec les alliances, je leur dis cela aussi cela.
« Il est grand, le mystère de la foi. » Nous ne pouvons pas séparer ce que Dieu a uni, nous ne pouvons pas séparer l’image ressemblance de Dieu en acte dans l’unité sponsale de l’admirable exercice de la nudité mutuelle et Dieu Lui-même.
« Faisant ici mémoire de la mort et de la résurrection de ton Fils, nous t’offrons Seigneur » : ça y est !
Ce n’est pas une transsubstantiation (vous n’êtes pas, comme le pain, devenus Jésus) mais une transactuation surnaturelle sponsale : votre unité est toujours là, mais parce que vous êtes passés par la messe sponsale, elle a changé de perfection. Elle est devenue la perfection de l’unité du Père et du Fils, de l’Epoux et de l’Epouse dans l’émanation du Saint Esprit. Elle est la perfection du Christ, de Jésus, qui ouvre son corps masculin, comme la signification sponsale du corps féminin ouvre son corps féminin, pour faire pénétrer le coup de lance, et Il donne l’Esprit Saint, Il donne sa féminité de Verbe de Dieu en ouvrant. Ce mouvement du coup de lance de Jésus qui ouvre son corps sur la croix est un mouvement d’amour féminin (Jésus est mort, son âme masculine n’est plus là). Il ouvre cette grande porte féminine du corps de Jésus, de la mort de Jésus, et Il se donne comme Personne de Verbe. Et le Verbe est féminin, la deuxième Personne de la Très Sainte Trinité est l’Epouse.
C’est pour cela que Jésus qui ouvre son cœur redonne à la femme un geste intérieur de sa féminité. Et Marie, la femme, quand elle engendre un mâle, intègre le monde entier dans le mâle qu’elle est en train d’engendrer et redonne avec Jésus sa signification sponsale au corps masculin.
La transactuation surnaturelle sponsale
Tout cela pour dire qu’il y a une transactuation surnaturelle sponsale dans le sacrement, et non pas une transsubstantiation, parce que vous restez un homme et une femme. Dans la transsubstantiation, le vin n’est plus du vin, le pain n’est plus du pain .
Dans la messe sponsale, je suis encore Roméo ou Juliette, et il y a encore notre unité des deux, ce qui prouve qu’il n’y a pas eu une transsubstantiation, mais une transactuation.
Qu’est-ce que l’acte ? Ce qui est métaphysiquement et intérieurement parfait dans ce que nous vivons en Dieu, laisse la place à une nouvelle perfection qui vient imbiber cette perfection déjà présente. Un peu comme si je donnais une très grande intensification à une lumière déjà présente, de l’intérieur de cette lumière, sans supprimer la lumière déjà présente.

  1. Mon chéri, avons-nous célébré la transactuation surnaturelle sponsale du sacrement depuis hier ?
  2. Non ma chérie, que Dieu nous en donne la grâce. Comme disait Tobie, « Levons-nous et prions ».

« Faisant ici mémoire de la mort et de la résurrection de ton Fils, nous t’offrons, Seigneur, le pain de la vie [la nouvelle perfection, la nouvelle transactuation] et la coupe du salut, et nous te rendons grâce, car tu nous a choisis pour servir en [du dedans de] ta présence. Humblement, nous te demandons qu’en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps. »
Notes :
La nudité ne se déploie pas après le canon.
Il faut célébrer la messe sponsale avec ta moitié sponsale, même si tu ne la connais pas, même dix ans avant de la connaître. Tu ne dois pas toucher les lèvres d’un(e) autre, tout ce qui au dessous du nez est pour ta moitié sponsale, tu dois rester virginal(e) avant le mariage. Il faut dix ans pour corriger dix ans de corruption de la sponsalité.
L’amour s’exprime par le geste et non par les paroles ; il s’exprime par des actes de présence et non par du baratin. Actes de présence. « Il ne me parle pas » : tant mieux ! L’amour est tellement intense, fort, glorieux. Il est une attente divine de ton corps sexuel. Le corps se déploie dans la puissance de la différenciation sexuelle. A ce moment- là, on n’est plus soi-même, on est autre chose, l’instinct physique est divinisé et il serait normal qu’on ne se rende même pas compte de l’union sexuelle. Mais je sens qu’un vent de doute plane sur vos esprits !
L’amour est une délicatesse, un abandon, une ascension, un enivrement intérieur, la puissance de la grâce, de l’intérieur. La sponsalité est l’amour total. Comment atteindre la 7e demeure de l’unité sponsale ? Nous y aspirons, mais. nous n’en sommes qu’à la première demeure, à nous battre contre l’instinct libidinal. La 7e demeure est la transactuation surnaturelle sponsale. C’est très très facile.

L’exercice est la messe sponsale, pour ouvrir l’espace intérieur de la nudité : don et accueil. C’est un choix, nous sommes libres, et Asmodée n’est pas content.

   Consécration à Marie de saint Maximilien Marie Kolbe.

   Elle habite peut-être à Tombouktou, mais elle est sacramentellement liée à toi, et pas à cet escroc milliardaire qui l’a séduite par l’argent (il y a donc Asmodée et Mammon).

  « Moi, je vais recevoir l’hostie.

  1. Mais ce n’est pas une hostie, c’est le corps de Jésus.
  2. Mais si c’est une hostie !
  3. Non, ce n’est pas une hostie.
  4. Si, Père, c’est une hostie !
  5. Bon alors, tu peux sortir, tu es excommunié.