samedi 3 décembre 2005
Nous terminons notre petit parcours sur la sponsalité, sur l’homme et sur la femme.
La dernière fois, nous avions regardé les guérisons du parcours de la communion de l’homme et de la femme. Beaucoup d’évènements dans ce parcours, en particulier dans le mariage, mais aussi dans toutes sortes d’autres parcours humains et chrétiens, tiennent aux manières dont nous avions reçu l’amour du père et de la mère depuis notre conception. Grâce à la sponsalité, avec la grâce que Jésus donne dans la communion des personnes, dans l’humanité intégrale qui fleurit à l’intérieur de la communion des personnes entre un homme et une femme avec la grâce et la bénédiction de Dieu, ce parcours de guérison, de délivrance, de libération de tout ce qui s’était noué depuis la conception devient possible.
Les croix, les épreuves, les problèmes dans l’amour, l’amitié, la fidélité, la fécondité, ne tiennent évidemment pas seulement aux blessures qui nous viennent de la conception, de l’enfance, de l’adolescence ou de la jeunesse. Nous n’avions pas eu le temps d’évoquer toutes ces autres difficultés, que je voudrais aborder avant d’arriver sur le fruit du sacrement de mariage, le fruit divin de la sponsalité.
Qui arrive au niveau spirituel que Dieu veut dans l’amitié sponsale ? Qui arrive au niveau intérieur, extérieur, simple, concret et en même temps divin, de sainte Anne et saint Joachim ? Pas beaucoup, parce qu’il y a toutes ces blessures, toute cette immaturité. Nous avions bien dit que la bénédiction de Dieu dans l’amour sponsal vient évidemment aider à réparer ce qui empêche le vol libre du cœur, de l’âme et de l’esprit dans l’union conjugale. Il faut un certain temps, et il faut aussi de la lucidité. C’est un peu notre humiliation de savoir que le sacrement de mariage, au lieu d’aller jusqu’au bout de lui-même, commence d’abord par guérir des blessures, commence par refaire le chemin, reconstruire les barrages là où ils doivent être reconstruits.
Dans la vie chrétienne, nous pouvons bien vivre des sacrements, mais si nous avons des fautes et des imperfections, la grâce surnaturelle transformante de Jésus, la grâce sanctifiante du Saint Esprit, avant de nous diviniser, remet en place par sa miséricorde, par sa guérison, tout ce qui n’est pas en place, en particulier les vices, les tendances mauvaises, les imperfections, les blessures. C’est un peu notre humiliation chrétienne de dire : « Aujourd’hui, la miséricorde de Dieu va me réparer, je ne suis pas encore capable d’aller jusqu’au bout du mariage spirituel pour faire rayonner, surabonder les effets tout à fait miraculeux de la grâce. » Suis-je capable de ressusciter des morts, de guérir des aveugles, de faire tomber les idoles partout où je passe silencieusement ? Non, parce que la grâce commence d’abord par réparer les choses dans mon monde intérieur, avant que par surabondance elle vienne rayonner sur le monde de la création qui nous est confié.
Il y a quelque chose de semblable dans le mariage, encore qu’il ne faut pas oublier qu’il y a quand même une Présence réelle, une Présence sacramentelle.
Parmi les difficultés, je voudrais en relever quelques unes très rapidement. Dans la famille, des choses ne fonctionnent pas, et ce n’est pas seulement parce que nous sommes immatures sur le plan de la chair, de la sexualité, ce n’est pas seulement parce que nous sommes immatures sur le plan spirituel de la signification sponsale du corps, ce n’est pas seulement à cause de ce manque d’amour que nous portons encore comme écorchés vifs depuis l’adolescence, pas seulement parce que nous avons une crise d’identité, environ 80% de la jeunesse a aujourd’hui une tendance homophile, les gens ne sont pas normaux, alors il y a une impuissance. Ce sont des maladies qui se guérissent très rapidement, contrairement à ce qu’on croit : la guérison est très rapide, si tant est que nous le voulions bien.
D’autres difficultés viennent de ce que nous engageons notre vie commune, notre amitié, notre unité sponsale sur des voies qui ne vont pas dans la bonne direction et empêchent le sacrement de faire pousser et fleurir la fleur. Ces difficultés, nous ne les connaissons pas toutes, parce que nous nous y habituons, nous trouvons que c’est normal. Je voudrais en signaler quelques unes au fur et à mesure qu’elles me viennent à l’esprit :
Dans ces communautés de Serrabone, du Thoronet, de Sénanque, vous avez tous visité le dortoir des moines, le réfectoire, le cloître, et la salle de chapitre où tous les soirs, les membres de la communauté se réunissent et font un exercice de charité communautaire en mettant les choses sur la table, en demandant pardon devant tous les autres s’ils ont fait quelque chose qui n’est pas correct ; et chacun, après avoir demandé pardon et s’il se sent capable de le recevoir, va supplier les autres de lui dire s’ils ont vu quelque chose qui était ennuyeux et sur quoi il pourrait se corriger. Alors si quelqu’un l’aime bien (il ne faut pas que ce soit celui qui ne peut pas le supporter), il se met à genoux et il lui dit : « Frère, à chaque fois que tu passes devant un frère, on te voit faire une grimace, mais tu ne t’en rends pas compte, parce que tu es tellement habitué à cela » et alors le frère se rétablit, s’améliore. Cela s’appelle une règle de délicatesse (si on a une remarque à faire, on la dit avec délicatesse et au moment où il faut) et de compassion (par miséricorde on ne fera pas cette remarque si la personne n’est pas capable de la recevoir). Dans la vie monastique, il est strictement exclu de faire une remarque à qui que ce soit dans la communauté si ce n’est pas dans le cadre du chapitre. En dehors, ce ne sont que louanges, remerciements, admiration et contemplation du prochain.
Dans le mariage nous avons aussi cette règle de délicatesse et de compassion de ne pas faire constamment de remarques à sa moitié sponsale, et jamais en public : c’est toujours intime à la communauté, au chapitre (sans quoi le vieil homme revient au grand galop, et alors on s’en balance des choses à la figure !).
Il faut donc parler, dire en particulier si on a des tentations. Il n’est pas compliqué de se donner des petits signes, comme : « Si j’allume une bougie le soir dans la chambre, ça veut dire qu’il faut que tu t’occupes de moi, parce que j’ai des tentations ». Il ne faut pas rester une semaine sans avoir prévu un moment pour parler tranquillement à deux. Il ne faut pas laisser passer neuf mois sans partir au moins deux ou trois jours tous les deux seuls, en confiant les enfants à la tante ou à la grand-mère. Il ne faut pas quitter la maison familiale plus de vingt-deux jours, même pour des raisons professionnelles, et il faut téléphoner au moins tous les deux jours, si ça doit durer plus longtemps qu’un cycle féminin. Ce sont des règles de douceur, de délicatesse, parce qu’à force d’être indélicat on devient moins chaste ; à force d’être moins chaste on devient moins transparent ; à force d’être moins transparent, on devient plus grossier ; à force d’être grossier, on n’est plus du tout dans l’amour et s’il n’y a pas d’amour, il est impossible de réaliser l’unité sponsale.
Voici un autre problème que le bon vieux Père Emmanuel rappelait :
Un prêtre m’a dit un jour : « Je me suis donné à fond pour les malades, pour les prisonniers, pour les pauvres, alors à cinquante-cinq ans, je prends ma retraite, j’ai donné ». Et il va se retrouver ainsi au jour du Seigneur ! Mais c’est la fin qui compte, ce n’est pas le début, il n’y a pas de retraite, il ne s’appartient pas, il a donné sa vie à Jésus, à l’Eglise et aux autres, il ne peut pas prendre sa retraite pour avoir sa gouvernante et regarder sa télévision. Et c’est pareil dans le mariage. La sagesse chrétienne est très belle (ce n’est pas du tout le style de l’existentialisme de Sartre) : le mari et la femme sont deux en une seule chair, donc la femme s’adapte à la signification sponsale de son mari en s’y abandonnant et l’homme lui aussi s’adapte. Ce droit d’usage est extraordinaire. Le nombre de divorces causés par cela est affolant. Du côté de la femme, il y a perte d’intérêt et elle arrête tout, et du côté de l’homme, il y a réduction de la femme à l’état d’objet. Mais non, il doit respecter le droit d’usage, il n’use pas de son corps mais de celui de la femme. On n’utilise pas une brouette comme une cuillère, et on ne conduit pas un avion comme on conduit une trottinette. Le corps de la femme a un rythme, le cœur et l’affectivité de la femme a un rythme, toute la personne de la femme a un rythme, et il doit user de ce rythme sans se précipiter comme un hippopotame en disant : « droit d’usage ! » (c’est justement exactement le contraire). Du côté de la femme, elle doit aussi s’adapter à son mari, c’est- à-dire se laisser adopter par son mari, s’abandonner de manière qu’il puisse vivre à son rythme de l’union du corps, de l’âme et de l’esprit.
Il y aurait encore mille autres problèmes qui se posent et que vous connaissez sûrement mieux que moi, mais je vous ai présenté les principales choses qui enraillent la sponsalité.
Il faut bien-sûr savoir se pardonner, savoir aussi le sacrement de mariage nous donne un grand pouvoir de prière. Un ami, Jean-Michel, était marié avec une charmante petite, Anne-Marie. Ils priaient tous les deux devant des icônes, ils étaient rayonnant. Mais au bout de six ans, Anne-Marie s’en va d’un seul coup avec un homme qui a quinze ans de plus qu’elle. Le sachant, Jean-Michel priait tous les soirs un quart d’heure tranquillement avant de s’endormir et il célébrait sa messe sponsale, c’est-à-dire qu’il se plaçait résolument à l’intérieur du cœur de sa femme, il se mettait dedans elle et une fois qu’il était bien installé en elle, il offrait leur unité sponsale à Dieu pour que Dieu purifie leur mariage, leur unité sponsale. Neuf mois après, Anne-Marie a sonné à la porte. Jean-Michel m’a dit qu’il n’a pas été surpris et qu’il avait eu l’impression que c’était hier qu’elle était partie pour un voyage chez sa mère. Elle est rentrée et ça s’est passé encore mieux qu’avant, ce qui est normal. Nous ne pouvons pas savoir pourquoi elle est infidèle, ce peut être à cause d’un voult, une espèce de possession, parce qu’aujourd’hui on utilise des choses diaboliques. Jean-Michel est resté fidèle, et c’est ce qu’on promet le jour du mariage. Jusqu’à la mort, Dieu ne permettra jamais qu’il y ait dans un mariage une rupture de fidélité, Il fera toujours en sorte qu’il y en ait un qui soit fidèle, et du coup il n’y aura pas de divorce. S’il y a divorce, c’est parce que les deux sont infidèles.
Le fruit du sacrement de mariage
Une fois que nous avons bien repéré toutes ces glissades auxquelles nous n’avions pas fait attention (il vaut mieux y faire attention avant, il vaut mieux aller directement au Ciel, il vaut mieux être des saints, il vaut mieux être dans l’unité sponsale, il vaut mieux réussir sa vie, sa vocation, sa mission, son humanité que de continuer à vivre comme des serpillières et des passoires), nous pouvons aller vers le sacrement de mariage et en vivre.
A partir de là, nous contemplons.
Tout à l’heure, nous nous sommes mis à genoux et nous avons contemplé le Saint Sacrement, nous avons adoré Jésus, le feu et la lumière qui resplendissent sur la Face de Jésus : Il est assis à la droite du Père, Il resplendit, Il est là, Il va s’immoler, se livrer à nous. Nous le contemplons, nous le regardons, Son silence est lumineux, transformant. Dans le sacrement de mariage, il faut faire pareil. Il n’y a pas que le prêtre qui adore le sacrement de l’Eucharistie : les fidèles, les baptisés, les croyants adorent aussi le sacrement de l’Eucharistie. Le sacrement de mariage a en lui-même la Présence de Jésus, Présence divine, humaine, parfaite, transactualisée, accomplie. La substance du Visage de Dieu est dans l’Eucharistie, et l’accomplissement de la Présence de Jésus dans la Résurrection est dans le sacrement de mariage. Alors nous contemplons cet accomplissement de la Présence de Jésus dans le sacrement de mariage. Nous pouvons adorer Jésus dans tous les sacrements : nous faisons oraison pour adorer la Présence de Jésus dans le Baptême, sa Présence dans les Missions invisibles du Verbe de Dieu et du Saint Esprit dans leur âme ; ils vont adorer le Père en esprit et en vérité tous les jours, grâce à cela ; ils vont adorer Jésus dans l’Eucharistie en s’engloutissant dedans et en étant assumés par Lui ; ils vont adorer la Présence de Jésus dans le sacrement de mariage, même s’ils ne sont pas mariés.
Si nous pressons un sacrement, il en sort un fruit. Si nous pressons la grappe, il en sort le vin, surtout nous le faisons bien vieillir dans la cave. Le sacrement de mariage a bien entendu un fruit, et c’est ce que j’aurais voulu regarder avec vous aujourd’hui. Le sacrement de mariage a un fruit : un petit garçon, une petite fille, Jésus petit enfant qui court devant nous dans la maison, Marie Immaculée petite fille qui court là au milieu de nous. Vite ! Quel est le fruit du sacrement de mariage ?
Pour avoir le fruit de l’Eucharistie, nous adorons le Saint Sacrement, nous célébrons la messe du sacrement, nous communions à la Présence vivante réelle accomplie du sacrement, nous digérons, nous gardons cette Présence réelle accomplie du sacrement. Pour avoir le fruit du sacrement de mariage, il faut regarder le sacrement, demander à Jésus de le recevoir, y communier, ouvrir toutes les portes de la signification sponsale de notre corps pour recevoir au- dedans de nous cette Présence accomplie du sacrement de mariage qui surabonde et rayonne comme du lait qui jaillit. Mais nous ne pouvons pas adorer le Sanctissime Sacrement du mariage si nous ne savons pas ce qu’il y a dedans.
Qu’y a-t-il dans le sacrement de mariage ?
Pour tous les sacrements, il y a une matière et une forme. La forme vivante de Dieu est le Verbe, le Fils de Dieu, la deuxième Personne de la Très Sainte Trinité qui a pris chair, voilà pour la matière. Les sacrements sont une manière pour le Verbe de Dieu de réaliser son humanité dans une Présence effective au milieu de nous, pour donner guérison, résurrection, délivrance, sanctification, transformation, assomption.
Dans le sacrement de mariage, la matière (le pain et le vin du sacrement de l’Eucharistie) est l’unité sponsale, la communion des personnes. Jean-Michel se mettait résolument en communion avec Anne-Marie, du dedans d’elle, et il priait avec elle, comme elle, pour elle, en elle et elle avec lui, il offrait la Présence vivante, il accueillait le sacrement et il remerciait, ils s’offraient mutuellement au-dedans de la Très Sainte Trinité dans le Ciel de la Jérusalem céleste. Quand on célèbre une messe sponsale, on réalise un corps commun, une chair commune, un cœur commun, une personne commune, une seule vie commune, intérieure mais très incarnée, très physique, et, c’est le mystère de l’Ascension : on pénètre dans l’éternité.
Il y a une très belle comparaison à faire avec le sacrement du prêtre. Que fait le prêtre ? In Persona Christi, il s’empare de ce qu’il y a dans l’éternité de la Résurrection de Jésus, au-delà du voile, et il le fait pénétrer dans le temps, et dans le corps des gens par la bouche. Dans le saint sacrement de mariage, c’est du dedans du corps des époux, dans la parole commune de leur unité sponsale, qu’ils font l’ascension, qu’ils s’arrachent et qu’ils pénètrent dans la Très Sainte Trinité dans la Procession du Saint Esprit, au cœur de la Résurrection de Jésus et de Marie et du Ciel. Le sacrement de mariage fait que nous offrons quelque chose de concret, de physique, de temporel, de personnel, d’humain, pour le plonger dans l’éternité. Le sacrement de mariage fait pénétrer l’instant présent de notre unité sponsale dans l’éternité et emporte du coup avec lui le temps et tous ceux qui vivent ce temps-là sur la terre dans l’éternité, tandis que dans le sacrement de l’ordre, le prêtre fait pénétrer l’éternité dans le temps. C’est le mouvement qui fait qu’il y a une matière et une forme. La matière est l’unité des deux, et la forme du sacrement est qu’il y a ce côté un peu transcendant, cette ascension, cette pénétration dans l’éternité.
Emmanuel me demandait si la verticale du signe de croix ne représentait pas l’être, l’existence, et l’horizontale la vie. L’existence et la vie ne sont pas la même chose : mon existence est transcendante, tandis c’est moi qui vit, parce que j’ai une âme. Non, la distinction entre l’être et la vie n’est pas symbolisée par le signe de croix. Par contre, c’est vrai, il y a quelque chose de transcendant et quelque chose de vivant dans le sacrement de mariage : la matière et la forme. La matière est l’unité sponsale divinisée, surnaturalisée par la grâce. Au cœur il y a cette unité sponsale qui est ouverte à la transcendance, à la Présence du Créateur, à la Présence de l’instant éternel de Dieu. Alors nous offrons : c’est l’offertoire. Une fois que nous sommes entièrement livrés à Dieu, nous allons chercher au ciel du sacrement la Présence réelle de Jésus qui s’unit son Epousée, la Présence réelle de Notre Père qui s’unit son Epouse au Ciel, éternellement. Nous recevons le sacrement, et dans le sacrement il y a une Présence réelle portée dans notre unité sponsale que je suis en train de vivre dans cette offrande. Et je vais communier à cette nouvelle Présence, à cet accomplissement, parce que mon unité, mon signe de croix de la sponsalité, revient avec une croix glorieuse, avec une résurrection de la sponsalité venue du Ciel, un accomplissement. Notre unité n’est pas absolument, infiniment, irrésistiblement et éternellement parfaite puisqu’elle est temporelle et qu’elle a ses limites (notre capital de vie est limité), mais dès que je vis du sacrement, je peux toucher la perfection de tout ce qui peut être communion des Personnes à l’intérieur de Dieu dans l’intériorité de mon corps uni à cette unité sponsale dans le sacrement de mariage.
Voilà pourquoi nous appelons Transactuation surnaturelle sponsale du sacrement de mariage ce qui correspond à la consécration. La perfection de tout ce que nous faisons à l’état pur dans l’unité sponsale en nous offrant à Dieu pour recevoir du-dedans le sacrement de mariage d’une nouvelle manière plus parfaite encore, réalise une transformation de la perfection mutuelle qui est la nôtre surnaturellement et sacramentellement. Nous passons donc d’une perfection, un acte, énergeïa, à une nouvelle perfection, un nouvel acte, énergeïa, qui cette fois-ci a conjoint l’éternité et le temps.
Il y a au Ciel, il y a en Dieu, des communions de Personnes qui sont absolument parfaites, infinies, inépuisables : entre la première et la seconde Personne de la Très Sainte Trinité, cette communion sponsale est tellement forte qu’elle produit Dieu Lui-même dans l’éternité avant la création du monde. C’est cette production qui se trouve présente dans l’unité de mon corps offert sacramentellement. C’est une transplantation de notre perfection mutuelle qui s’inscrit dedans sans supprimer notre perfection mutuelle. Il y a donc vraiment une transactuation, ou si vous préférez un ‘transaccomplissement’, une ‘transperfection’.
A propos du sacrement de l’Eucharistie, Luther disait que quand on célèbre la Cène, il n’y a pas transsubstantiation mais ‘in-panation’, c’est-à-dire que Jésus, en raison de notre foi, viendrait se rendre présent à l’intérieur du pain. Eh non Martin ! tu t’es trompé : ce n’est pas une ‘in-panation’, c’est une transsubstantiation, ce n’est plus du pain mais le corps du Christ : toute la divinité, tout le corps, toute l’humanité du Christ est là substantiellement. Tandis que dans le sacrement de mariage, nous nous réconcilions avec Luther, parce que c’est une ‘in-panation’, parce que dans l’unité sponsale, la perfection de la production du Saint Esprit à partir de l’unité du Père et du Fils vient s’inscrire dans le ‘pain’, dans l’unité sponsale sanctifiée et offerte de l’homme et de la femme. Cette ‘in-panation’ donne une perfection à cet amour mutuel parce qu’elle est en conjonction, en harmonie et en relation physique directe sans voile avec la production du Saint Esprit.
Mais il n’y a pas que la production du Saint Esprit à partir de l’unité de l’Epoux et de l’Epouse, la première et la seconde Personne de la Très Sainte Trinité : il y a aussi tous les autres mariages spirituels des saints, une multitude d’unités sponsales divines (nous ne sommes pas ici dans le fruit du sacrement mais dans ce qu’il y a dans la présence réelle du sacrement de mariage). L’unité entre le Père et le Fils, entre l’Epoux et l’Epouse, est une unité divine, sponsale. L’unité tout à fait extraordinaire entre le Nouvel Adam ressuscité et la Nouvelle Eve ressuscitée dans l’Assomption est une unité divine. L’unité future entre tout le mystère de la Résurrection du Trône et de toute la création dans une unité sponsale totale pour produire le ciel nous est donnée à l’état de germe (Présence réelle) dans notre unité sponsale sacramentelle.
Il y a beaucoup de présences réelles, mais ce qui fait l’équivalent de la communion à la Présence réelle du sacrement de mariage, ce qui est la finalité, l’accomplissement, la surabondance, l’action de grâce du sacrement de mariage, c’est quand je vais recevoir toutes ces unités sponsales divines éternelles, toutes ces unités sponsales divines
90
Extrait du Livre des Œuvres divines de Sainte Hildegarde
(dans Sponsalité, Jalons : conclusion de la deuxième conférence sur la signification de la solitude originelle)
Pour illustrer ce que nous avons dit sur le premier élément de la signification du corps de le livre de la Genèse, qui regarde le point de vue de la SOLITUDE, je voudrais vous lire quelques passages tirés des visions de sainte Hildegarde, une bénédictine allemande de l'époque de saint Bernard, la sainte qui a reçu probablement le plus de grâces de lumière sur la compréhension des secrets de l'univers par la connaissance.
Ces lignes sont tirées de son livre, Le livre des œuvres divines :
"Dieu a donc consigné, dans le corps de l'homme, toutes les créatures. Il a aussi reproduit en lui l'ordre des différents moments de l'année. Le temps est récapitulé dans le corps de l'homme ainsi que tous les corps qui sont dans l'univers, toutes les réalités vivantes aussi, comme les animaux, le cosmos, sont récapitulés dans le corps de l'homme.
L'été correspond à l'homme éveillé, l'hiver à l'homme qui dort. L'hiver renferme en lui, ce que l'été profère dans la joie. Le sommeil réconforte le dormeur, pour qu'il soit rapidement apte à certaines œuvres, quand ses énergies s'éveillent. Il a donc distingué en lui les mois, discernant les qualités et les vertus.
Le mois de Janvier est humide et froid : il correspond au cerveau, à l'enfance, à l'innocence souvent menacée.
Le mois de Février est le mois de l'humidité : il correspond aux yeux, à la purification souvent entravée par le péché.
Le mois de Mars est un mois troublé : il correspond aux oreilles, à la première jeunesse, au repentir qui suit le mensonge et la tristesse.
Le mois d'Avril est lui aussi ambigu, mais les intempéries ne peuvent entraver la croissance de la végétation : il correspond au nez.
Le mois de Mai est le mois de la douceur et de la fécondité : c'est le triomphe du sens de la vue.
Chacun de ces 5 mois correspond donc à l'exercice de notre corps, dans les 5 sens externes.
Le mois de Juin est sec : il correspond aux épaules.
Le mois de Juillet voit le triomphe des énergies : il correspond aux bras ; l'homme accomplit son œuvre dans la foi, comme la nature produit ses fruits.
Les mois de Juin et de Juillet correspondent à la force et aux énergies, et mettent donc l'homme aux portes de son œuvre qui est la FOI". (page 115)
Que veut dire pour sainte Hildegarde, le triomphe des énergies ?
Faisons attention à ce que recouvre le mot "énergie", à cause de tous les contresens que nous risquons de faire dans le courant des ésotérismes. Un cours de métaphysique serait ici nécessaire pour regarder ce que signifie en grec, le mot "En ergéia ". La particule "En" exprime "à l'intérieur" et "Ergon" désigne "l'œuvre, le travail".
Quand l’œuvre de Dieu s'achève dans l'homme, on est aux portes de la foi. Donc, pour sainte Hildegarde, l'énergie désigne le moment de l'épanouissement accompli de l’homme, qui est tel que ce dernier se trouve aux portes de la foi. Cela veut dire qu'il est devenu contemplatif. Ceci n'est pas de moindre importance, par exemple pour le sacrement de mariage, puisque c'est ce que nous voulons regarder. Si, à travers votre corps, vous ne contemplez pas la création, qui est la signification de toute la Sagesse créatrice de Dieu, création présente physiquement en votre corps, comment pourriez-vous atteindre, en toute vérité, de manière contemplative, le corps et la personne de celui qui est à côté de vous ? Et si vous n'êtes pas contemplatif, comment pourriez-vous atteindre, précisément à travers cette double contemplation, la Foi dans le mystère de l’unité sponsale où la Présence de Dieu réalise ce troisième "être" qu'est l'unité des deux, et qui constitue lui-même la matière du sacrement de mariage ?
"EN-ERGON" est à rapprocher de "ENERGEIA" utilisé par Aristote. Il va être mis face à un autre mot "EN-TELE- XEIA" qui est l'acte dans son enracinement : l'ayance dans la fin ("EN" : à l'intérieur ; "TELOS" : la fin ; "XEIA" l'ayance).
Lorsque je suis à l'intérieur d'une œuvre créée, en allant le plus loin que je puisse réaliser, jusqu'au bout des potentialités de la créature (energeia), ce n'est pas encore fini, il y a encore un enracinement supérieur qui se loge dans la foi, dans l'Acte pur.
L'énergie ne se termine pas à elle-même, elle se termine par une potentialité par rapport à un Autre, dans une complémentarité. L’énergie est plénitude d'épanouissement ; mais cet épanouissement permet l'ouverture, comme la fleur s'ouvre pour donner son fruit. Mais le fruit n'est pas l'énergie, c'est la Foi. Avec la foi apparaît un nouvel enracinement qui trouvera son principe final dans l’Acte pur, c’est-à-dire Dieu.
Dieu, éternellement avant la création du Monde est l'Etre Premier, pleinement vivant, dans un épanouissement total d’amour, totalement relatif à un Autre que Lui-même, puisque l’autre que Lui-même est une autre Personne en Lui- même et en Acte. Et, du coup, il n'y a plus qu’une seule Personne, puisque les deux Personnes qui s'aiment, réalisent cet acte dans l’unité sponsale pour une Spiration substantielle et actuelle : Tel est le mystère de la très sainte Trinité qui explique comment Dieu est Acte pur.
Or, il va y avoir quelque chose de cet Acte pur de la très sainte Trinité, qui se retrouve dans l'homme. Mais si je mets le sommet de l'homme dans les énergies, je me coupe complètement de l'homme dans son fondement qui est la solitude et qui fait qu'il est une personne, un être qui subsiste par lui-même.
Reprenons le texte de sainte Hildegarde :
‘‘Le mois d'Août est le mois qui correspond aux mains : l’âme finit par atteindre Dieu dans l'ardeur du plein soleil".
Chaque fois que vous faites une caresse à votre enfant, que vous prenez dans vos mains ses deux joues, il faut penser à ce texte : l’âme finit par atteindre Dieu dans l'ardeur du plein soleil. Comment être vraiment homme sans cette dimension contemplative incarnée ? Sans elle, tout est très frustrant et il est incompréhensible qu'à partir de là, on assiste à une recherche de compensations stupides.
Le mois de Septembre est le mois des fruits : il correspond à l'estomac ; la patience se joint à l'humilité.
Le mois d'Octobre est un mois froid ; il correspond au vieillissement qu'accompagne la Sagesse.
La Sagesse est toujours créatrice, mais dans la gratuité : dans le DON.
Le mois de Novembre correspond aux genoux ; c'est le mois de la mélancolie, et du deuil, du péché, également.
Le mois de Décembre correspond aux pieds ; sans l'ardeur des Dons du Saint Esprit, l'homme oublie sa nature propre, et il est souillé par la puanteur des péchés.
La puanteur des péchés, c'est quand l'homme est tellement séparé de la Source de la vie, l'Esprit Saint, qu'il finit par mourir et puer. Or, vivre des 7 Dons du Saint Esprit est impossible sans la grâce sanctifiante. L'Esprit Saint est une expérience d’amour personnel. Le Saint Esprit n'est pas dans la mémoire du catéchisme. Quand on a aimé quelqu'un éperdument, on s'en souvient jusqu'à la mort. Et quand j'ai une expérience de communion avec l'Esprit Saint, si je ne m'en rappelle pas jusqu'à la mort, c'est que je n'en ai pas eu l'expérience. Pour le chrétien, c'est très important de vivre d'une expérience d’amour avec l'Esprit Saint à travers les 7 Dons.
Continuons le même texte de sainte Hildegarde :
Quand Dieu considéra l’homme, il Lui plut beaucoup : ne l'avait-Il pas créé à sa ressemblance et selon la texture de son image ?
A l'homme de proclamer par l'instrument de sa voix de raison la totalité des merveilles divines ! C'est que l'homme est la totalité de l'œuvre divine, et Dieu est connu par l'homme, puisque Dieu a créé par lui toutes les créatures, et puisqu'il lui a accordé dans le Baiser du véritable Amour, et par la raison, de Le célébrer et de Le louer...
Mais il manquait à l'homme une aide qui lui ressemblât. Dieu lui donna cette aide, dans le miroir qu'est la femme. "
Comme si l’homme, tant qu'il n'y a pas le corps masculin et féminin ne pouvait pas se voir tel qu'il est. Tant qu'il est seulement face aux corps des réalités créées, animales, cosmiques, il ne peut pas se connaître, il se perd. Il faut qu'il soit face à un corps différencié pour voir QUI il est, CE qu'il est, et QUEL est son ACTE, c'est-à-dire l'aspect divin et éternel en lui, son épanouissement dans l'éternité ... pour cela, il lui faut la femme. Le Pape dira la même chose, mais autrement, à sa manière.
Celle-ci recela ainsi tout le genre humain qui devait se développer dans l’énergie de la Force divine.
C'est à partir du moment où apparaît le face à face de l'homme et de la femme, avec la différenciation sexuelle, que surgit une espèce d'appel à l'indissociabilité pour atteindre l'éternelle béatitude de l'homme : l'éternelle béatitude de Dieu dans l'homme et l'éternelle béatitude de l'homme en Dieu. Sans le corps différencié sexuellement, il est impossible à l'homme de le saisir et de se donner dans sa vocation, dans l’ordre de l’amour...
Dans cette énergie, Dieu avait créé le premier homme.
L’énergie de la Force divine est dans "le corps masculin". Il s'agit du corps au sens large, pas au sens biologique, ni au sens physiologique, ni au sens sexuel, mais du corps façonné par Dieu, en même temps qu’Il le crée dans un subsistance métaphysique, qu’Il anime spirituellement, et qu’Il le constitue être de vie dans son corps. Son corps fait partie de lui, substantiellement. C'est son corps qui donne à l'homme sa plus grande noblesse (par rapport à l'ange) et c'est ce qui rend l'ange jaloux. C'est pour cette raison en effet que se révoltent les puissances des ténèbres qui vont faire croire, par la tentation, que le corps est pour l'homme un avilissement, une corruption, alors que c'est sa noblesse.
Donc, "Dieu avait produit le premier homme dans cette énergie de la Force divine" et "dans le miroir qu'est la femme, est recelé tout le genre humain qui devait se développer dans l’énergie de cette Force divine" Vous voyez la fonction différente.
La femme saisit cette Force divine qui est dans l'homme et, en la saisissant, en la prenant pour elle-même, elle devient porteuse de tout le genre humain. Le genre humain est comme enfermé, caché ; même son germe n'est pas présent dans le corps de l'homme. Il faut que la femme soit là pour que l’énergie de la Force divine, étant prise par elle, puisse se manifester dans le développement du genre humain.
Il faut bien comprendre la grande différence entre la fonction métaphysique de l'homme et celle de la femme :
L'homme est l’énergie de la Force divine et c'est dans cette énergie de la Force divine qu’il est créé comme homme.
Et la femme, comme miroir, face à lui, saisit cette énergie qui est dans l'homme et lui permet de se développer, ainsi qu'elle porte en elle tout le développement du genre humain. Elle permet à cette énergie de l'homme de se manifester, de se développer : telle est la fécondité de la femme, pas seulement du point du vue de l'enfant, mais dans tous les points de vue, et dans tous les domaines de l'homme : celui de la contemplation, celui de la vie, celui de la grâce, et celui de la Gloire de Dieu.
Sainte Hildegarde continue :
Aussi homme et femme se joignent-ils pour accomplir mutuellement leur œuvre, car l'homme, sans la femme, ne serait pas reconnu comme tel, et réciproquement.
C'est le double mouvement de l’action créatrice de Dieu en moi. Dieu crée toutes les créatures par moi, et il me donne de Le célébrer et de Le louer. L'homme va ainsi reconnaître qui il est. Il est source pour les êtres corporels créés par Dieu et source de leur récapitulation dans la louange et la gloire du Créateur, dans le Don suprême d'une gloire victorieuse de tout.
La femme est l'œuvre de l'homme, l'homme instrument de la consolation féminine, et les deux ne peuvent vivre séparés. L’homme désigne la divinité, la femme l'humanité du Fils de Dieu. Ainsi, l'homme occupe-t-il le siège du tribunal terrestre, et il est le maître de la création toute entière. Chaque créature lui obéit et lui est soumise. Il domine toutes les créatures, comme David l'a proclamé, inspiré par Moi : "Yahvé dit à mon Seigneur : siège à ma droite ; tes ennemis, j'en ferai ton marchepied".
Le fruit du sacrement de mariage
"Celle-ci sera appelée Isha, car elle fût tirée de l'homme. C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère, s'attache à sa femme, et les deux deviennent une seule chair. Or, tous deux étaient nus, l'homme et la femme, et ils n'avaient pas honte l'un devant l'autre". (Genèse 2, 23-25).
A partir de l'enseignement du Magistère ordinaire et universel donné par le Pape au cours des quarante-deux audiences du mercredi, dans son commentaire sur Le livre de la Genèse à propos du corps de l'homme et de la femme et ce que le Pape appelle "la signification sponsale", nous pouvons savoir comment la fusion des cœurs entre l'homme et la femme doit se réaliser quand elle est vécue selon la loi naturelle telle qu'elle est pensée par le Créateur, comment se réalise l'exercice de l'amour entre l'homme et la femme d'une manière qui est selon la nature du cœur de l'homme et du cœur de la femme, et comment le sacrement de mariage va pénétrer dans la signification sponsale du corps. Le sacrement va permettre de retrouver cette dimension naturelle de notre corps et de surnaturaliser les dimensions blessées.
Pour nous, aujourd'hui, c'est difficile de le comprendre parce que nous en avons perdu l'expérience, mais c'était l'expérience du premier homme et de la première femme. Et il est capital pour nous, qui sommes appelés à vivre de l'amour masculin-féminin, d'assimiler cela pour bien comprendre aussi toutes les malfaçons qui nous en séparent. Et pour savoir également comment il faut essayer, au moins dans l'intention, de retrouver cela.
Le Pape dit que "le premier devoir, le plus urgent, de ceux qui ont la vocation de l'amour [c'est-à-dire, tout le monde], de ceux qui ont la vocation du mariage, notamment [donc, quelques uns], c'est avant tout [toutes affaires cessantes/, de faire de cette théologie du corps des origines, le contenu de leur vie et de leur comportement" (discours du 2 Avril 1980).
Il est quand même assez étonnant que cette grande révélation de la Genèse explicitée par le Pape ait fait, au niveau de la sagesse théologique, une véritable révolution dans la vision du corps de l'homme et de la femme et du mariage, à un point tel que l'on en a modifié le Droit canon. Et le plus curieux est que c'est à l'humanité des derniers temps, à celle qui doit être confrontée à toutes les attaques multiformes de la Bête et de l'Antichrist, dans l'assaut final, que ceci est révélé. Ce qui voudrait dire que le seul moyen, et, peut être, le dernier rempart pour être fort face à toutes les séductions de l'Antichrist, c'est de vivre de cet amour humain et divin entre l'homme et la femme, dans notre corps, tel qu'il est voulu dans le plan de Dieu. Si l'Eglise et l'Esprit Saint demandent à l'Eglise d'ouvrir très grande cette porte en mettant une priorité sur cette théologie du corps des origines (puisque c'est avant tout que l'on doit faire de cette théologie du corps, le contenu de notre vie et de notre comportement), c'est bien la preuve, probablement (l'Esprit Saint étant toujours prophétique), que la grande attaque sera pour empêcher l'homme et la femme de connaître l'amour dans leur corps, au grand sens du mot.
Tout a commencé, dans l'univers, par l'Epoux et l'Epouse, dans le sacrement de mariage. Il est normal que, eschatologiquement, la théologie de la sponsalité s'explique juste avant le Retour du Christ, parce que c'est précisément la dernière mission de l'Eglise. Et son fruit sera le Retour du Christ qui réalise précisément la récapitulation de l’univers dans la Gloire.
Voilà la mission du sacrement de mariage. Et nous ne pouvons pas faire comme si nous n'étions pas responsables. Cette fécondité dépend de l'intention sacerdotale mutuelle dans le sacrement de mariage : Le Concile Vatican II l'a explicité nettement en parlant du sacerdoce royal.
Modalités d’entrée dans le sacrement de mariage
Quelle est la matière et quelle est la forme du sacrement de mariage ? Car s’il n'y a ni matière, ni forme, ou si l'une ou l'autre est absente, il n'y a pas de sacrement . Le point de vue du mariage se réalise par le corps, que la sagesse grecque voyait comme un composé de quatre éléments qui sont : la terre, l’air, l’eau et le feu. Le Pape nous a montré que l'homme a été créé en son corps, homme et femme, et qu'à ce point de vue-là, il est à l'image de Dieu : il est terre : Dieu est Créateur ; il est eau : Dieu est Donateur de vie, c’est le Père ; il est air : Dieu est Sagesse, c'est le
Verbe ; il est feu : Dieu est Amour, c'est l'esprit Saint. Le Saint Père nous explique que l'homme est "à l’image et à la ressemblance de Dieu" dans ses quatre dimensions de solitude, d'unité, de nudité et de don et que c'est à travers ces dimensions que nous pouvons saisir la signification sponsale du corps. Et c’est l’unité sponsale, apparaissant dans l’unité de l’époux et de l’épouse, qui est la matière du sacrement de mariage.
Nature de la présence réelle sacramentelle actualisée
Qui est présent réellement dans le sacrement de mariage ? Dieu, certainement ! Quelque chose de surnaturel et de divin ! Mais qui ? et quoi ?
Nous avons vu que dans le sacrement de baptême, ce qui est présent, c'est le passage corporel de la mort de Jésus à la Résurrection. Vous êtes réellement présent à l'instant où Jésus passe de la mort à la Résurrection, dans Son corps. Dans le sacrement de l'eucharistie, c'est le corps ressuscité du Christ qui est réellement présent. C'est en vivant du baptême et de l'eucharistie que vous pouvez retrouver la possibilité d'irriguer l'intériorité de votre corps jusque dans une potentialité originelle perdue.
Dans le sacrement de mariage, l’unité sponsale réalisée est comme une "coupe". Cette coupe du mariage, cette ivresse surnaturelle qui s'inscrit dans la présence réelle, va recueillir tout un ensemble de sponsalités qui ne sont pas les nôtres, mais qui vont devenir nôtres. Il y a donc une présence réelle qui apparaît sous le voile de l’unité des deux, dans cette perfection mutuelle de l’unité sponsale.
Ce n'est pas l'Esprit Saint qui est présent réellement, c'est cette actuation sponsale de la Très Sainte Trinité, en quoi consiste la deuxième Procession. Le sacrement de mariage est le seul qui contienne la présence réelle de la deuxième procession de la Très Sainte Trinité.
Dieu s'est "marié" avec l'humanité. La deuxième Personne de la Très Sainte Trinité, le Verbe qui est féminin dans la Très Sainte Trinité, se marie avec l'humanité dans un mariage d’amour, en prenant une chair masculine. Et de l’unité d’amour entre l'humanité (Jésus) et la divinité (le Verbe), va émaner une troisième réalité qui n'est ni Jésus, ni le Verbe, mais qui est l'onction messianique, la grâce capitale du Christ, le chef-d’œuvre de l'humanité, la gloire de Dieu (ce n'est pas pareil de dire "le Verbe de Dieu" et "le Fils de Dieu", et ce n'est pas pareil de dire "Jésus" et "l'onction messianique", "la grâce capitale du Christ", "le messie"). Vous avez la présence réelle de cet instant où Dieu se marie avec son humanité, ce moment de l’unité de l'humanité dans la divinité, et de la divinité dans l’humanité, qui fait apparaître le Messie dans l'Incarnation. Vous êtes en présence de la Res de l'époux et de l'épouse, à l'instant où le Christ apparaît. C'est immense ! Vous êtes dans votre unité sponsale, le "nouveau ventre" de l'Immaculée Conception, le "nouveau sein" de l'Eglise, puisque vous la faites en présence de toute l'Eglise où se trouve réellement présent, l'instant de l'Incarnation du Messie qui est éternel (c'est pourquoi cet instant peut se ré-actualiser dans le sacrement).
Le Verbe de Dieu et l'Esprit Saint, dans la blessure du Cœur de Jésus, disparaissent dans le cœur sacerdotal du Christ, et, de là, émane l'Immaculée Conception. L'Immaculée Conception procède de l’unité totale de deux Personnes divines, dans la blessure du Cœur de Jésus, ce que l'on nomme "le mystère du Shabbat". Cette procession de l’origine de l'Immaculée Conception est présente dans cette coupe.
Vous recevez aussi la présence d'un instant, à la fois temporel et éternel, celui par lequel le Christ, nouvel Adam, assume le corps de la Vierge Marie, nouvelle Eve, pour réaliser "une seule chair glorieuse" : c'est le mystère de l'Assomption. Jusqu'à la dormition, l’amour de la très sainte Vierge Marie n'a jamais cessé d'augmenter de sorte que sa charité surnaturelle atteint un degré d'intensité tel qu'il est en affinité avec la charité infinie du cœur humain du Christ ressuscité. Ce degré d’amour est extraordinaire : il fait que sa foi atteint un sommet impossible à égaler, qu'il ne reste plus que ce petit voile à déchirer pour réaliser l’unité sponsale en "un seul corps glorieux avec le Christ". Du coup, le Christ prend toute l'humanité de la Très Sainte Vierge (de la femme) à la dormition, et "recrée", sous un mode glorieux, le corps de la femme, dans son corps ressuscité glorieux. A l'Assomption, la Vierge Marie est intégrée dans l'omniprésence à laquelle participe le Christ ressuscité, physiquement, dans une seule chair glorieuse.
C'est ce passage, inscrit dans le Livre de l'Apocalypse, qui est là, présent réellement dans le sacrement : l’instant de l'Assomption d'où émanent le mystère de Marie, le mystère de la royauté de la Vierge Marie, le règne de la Reine immaculée du ciel et de la terre. C'est ce Règne qui émane de l’unité sponsale.
Ainsi s'accomplit la prophétie du livre de la Genèse : "L’homme quittera son Père (mystère de l'Incarnation) et sa Mère (mystère du Verbe et de l'Esprit Saint à la croix), il s'attachera à sa Femme (mystère de l'Eglise) et les deux ne formeront plus qu'une seule Chair (mystère de l'Assomption). Vous avez, dans cette coupe, la présence réelle de l'accomplissement de la prophétie.
Le Christ est ressuscité d'entre les morts et il a envoyé l'Esprit Saint. Il veut nous mettre dans le sein du Père, Il veut l’amour. Il engendre l'Immaculée Conception, la Jérusalem céleste. Il s'appuie sur nous pour que cela se réalise... L'Eglise souffrante du purgatoire, l'Eglise militante de la terre et l'Eglise glorieuse du ciel s'unissent pour produire le Corps mystique : le premier Corps mystique est l'eucharistie, le second est la Jérusalem céleste ! C'est très fort, et c'est pourquoi Saint Paul nous dit que ce sacrement est grand !
Car il apparaît dans l’unité du Christ ressuscité, avec tous ceux qui croient, avec tous ceux qui sont entrés dans la vision béatifique, tous ceux qui sont dans l'espérance du purgatoire, tous ceux qui luttent sur la terre. Tous font un seul Corps mystique : un seul Corps apparaît, car l'homme et la femme font l’unité dans un seul corps. Vous pouvez donc intensifier l’unité du Christ ressuscité et de tous les membres de l'Eglise... C'est une responsabilité énorme ! Cela veut dire que, chaque fois que vous vivez la messe sponsale, dans l'intention du sacrement, vous videz le purgatoire, vous donnez la gloire accidentelle à tous ceux qui sont dans la vision béatifique, mais qui ne sont pas encore ressuscités dans leur corps, vous les invitez à l'intérieur de l’unité sponsale pour recevoir une gloire accidentelle nouvelle (ils n'ont plus de corps et attendent la résurrection de la chair), et vous donnez aussi une grâce actuelle à tous ceux qui luttent sur la terre, c'est-à-dire une intimité plus profonde de la présence réelle physique du Christ, au plus profond de leur corps, de leur chair et de leur cœur. Cette présence de l’unité du Christ et de l’Eglise, qui produit le Corps mystique, est un des aspects de la fécondité absolument extraordinaire du sacrement de mariage. Vous engendrez une Eglise de charité, à partir d’une Eglise de foi et du Christ ressuscité. Vous êtes des bâtisseurs de la Jérusalem céleste. Le Christ ressuscité, qui engendre la Jérusalem céleste, s'appuie sur nous tous pour que cela se réalise.
Pour mémoire, je propose la sponsalité qui n'est pas encore advenue dans notre histoire, mais qui est présente dans le sacrement de mariage, à savoir : l’union qui va exister entre la création toute entière et la Jérusalem céleste, qui est l'Eglise dans son accomplissement glorieux. Ce sera la fin d'un monde, quand la gloire de Dieu pénétrera toute la création.
Les "retrouvailles" de la création avec le Corps mystique glorieux de l'Eglise réalisent un mariage que l'on appelle l’instant éternel de gloire, qui est la Jérusalem céleste. Vous recevez, dans votre unité de chair intégrale, sacramentellement, la présence réelle de cet instant.
Quand vous actuez la "messe sponsale", vous réalisez cette présence réelle, vous communiez, vous jouissez de votre mutuelle compénétration, écoulement délicieux l'un d'ans l'autre pour ne réaliser plus que l’unité des deux, dans laquelle vous disparaissez. Vous entrez alors dans un état d'adoration surnaturelle.
Vous avez ainsi les six présences réelles diverses qui représentent les six jours de la création, présents de manière plénière.
Fruit du sacrement : l’unité des actuations sponsales
Ce qu'il y a de plus parfait et d'actuel dans votre présence sacramentelle sponsale va pouvoir faire l’unité entre toutes ces sponsalités qui, dans l’histoire de l’économie divine, se sont réalisées successivement, soit dans l'éternité, soit dans le temps. La vocation du mariage, sacramentellement parlant, est d'unifier toutes ces sponsalités en un seul acte, une seule sponsalité : le mystère de l'Incarnation, le mystère de l'Assomption et le mystère de la gloire finale sont Un dans l’unité sponsale de l'homme et de la femme, dans le point de vue physique (car votre sponsalité se réalise dans le temps, donc c'est physique).
La présence réelle n'est pas tellement toutes ces processions du "troisième", dans ces sponsalités que nous venons de voir : elle est le fait d'unifier toutes ces sponsalités dans votre actuation sponsale. Cette unification de toutes les sponsalités dans votre actuation sponsale rejaillit sur tous les autres sacrements de mariage qui n'ont pas été actués de cette manière-là. Ainsi, vous pouvez irriguer tous les autres sacrements de mariage, parce que vous êtes, évidemment, en correspondance avec eux. C'est le principe des vases communicants.
Tout ceci démontre bien qu'il fallait attendre la proclamation du mystère de l'Immaculée Conception, la proclamation de l'Assomption, l'enseignement du Père Maximilien Kolbe, et celui du Pape Jean-Paul II, pour pouvoir développer tout à fait une doctrine cohérente sur le contenu surnaturel du sacrement de mariage. Voilà pourquoi le Saint Père dit que le Père Kolbe est le patron des temps qui s'ouvrent.
C'est en effet lorsqu’étant chrétiens responsables, vous prenez à pleines mains le sacrement de mariage et que vous êtes dans l’unité des deux par le corps différencié, lorsque se réalise cette actuation de laquelle résulte l’unité des deux par le corps, que vous utilisez la dimension sacerdotale du sacrement de mariage. Alors, cette unité sacramentelle des deux devient le lieu de toutes les actuations sponsales que nous venons de voir séparément.
Vous êtes en présence de la Res du sacrement de mariage qui consiste à donner, dans le temps et dans le lieu d'un corps unique, une unité à toutes les actuations sponsales incréées, dans une seule actuation sponsale surnaturelle sacramentelle.
Ce fruit du côté divin est un fruit énorme !
Et nous voyons, si nous faisons cela, que nous avons une action directe sur l'extension, en ce temps, de l'incorporation de la gloire qui est dans l'Incarnation de Jésus, dans l'Eglise, dans l'influence déterminante et définitive de la Très Sainte Vierge Marie et du Christ-Roi, en Marie Reine, dans le mystère de l'Immaculée Conception. Tous les lieux et tous les temps sont absorbés un peu plus dans le point de vue de la gloire éternelle, parce que l'incréé transcende le point de vue de la totalité. Et cela dans la mesure de la charité vécue dans votre sacrement de mariage. C'est le fruit du côté humain. Et nous verrons, au ciel, combien nous avons hâté le Retour du Christ dans la victoire sur le mal, en une seule messe sponsale. Finalement, tout cela induit le point de vue de la récapitulation de l’univers dans le plérome du Christ, et donc, le Retour du Christ. Le "Maranatha" de l'Apocalypse est sponsal : il est lié au cri de l'Epoux et de l'Epouse. Et si ce sacrement du mariage commence à être explicité aujourd'hui, c'est un signe eschatologique, prophétique, que nous sommes à la fin des temps, puisque c'est le sacrement qui nous permet de hâter le Retour du Christ, le "Maranatha ".
Pratique théologale de la ”communion ” à cette présence
La Res est une des choses le plus extraordinaires quand on étudie la théologie de la sponsalité. C'est peut-être pour cela que c'est le dernier sacrement explicité par l'Eglise. Un sacrement est une porte surnaturelle, divine ouverte à l'incréé... Nous avons souvent tendance à "humaniser" les sacrements, alors qu'ils sont là pour nous intégrer à l'éternité vivante de Dieu. Nous voulons toujours rabaisser à notre niveau, ressentir le divin, alors qu'il n'est pas à notre mesure, bien qu'il nous soit donné entièrement.
Ce passage de la Res au fruit reste le grand moment de la vocation du mariage. Il suffit de vivre intensément de cette Res pour qu’à l'intérieur du mariage, son fruit en soit communiqué à tous les autres sacrements de ceux qui ne le vivent pas explicitement. C'est dans ce moment d'amitié, de repos, de gratitude vis-à-vis de Dieu, du Christ et de votre conjoint, tout à la fois, que vous recevez cette Res.
Votre vocation, votre mission, c'est de donner à la Res son fruit. La mission du sacrement de mariage, l' Ite missa est de ce sacrement, c'est de faire de nous, à partir de la Res, une sorte de centrale divine particulière rayonnant dans toutes les directions de la grâce. Mais, il faut être capable d'avoir la maturité et la santé chrétiennes pour prendre cette présence réelle qui vous est donnée, pour l'intégrer dans votre corps, dans votre baptême, dans votre mission personnelle, pour la recueillir comme pour une Communion, pour lui faire donner ses fruits.
En effet, c'est à partir de ce que vous aurez recueilli, de ce qui vient de l'humanité intégrale, que vous avez les fécondités du sacrement de mariage, qui proviennent d'une "trans-actuation" : ce qui est actuel dans votre unité sponsale laisse la place à ce qui est actuel dans l'unification de toutes les sponsalités divines. Les mots exacts sont importants à cause des projections, des introjections. L'imaginaire et l'idéalisme jouent un rôle trop fort. Il faut une foi contemplative toute pure. Le corps est intégré dans cette trans-actuation qui mobilise toutes vos forces spirituelles : forces du corps spirituel, forces de l'esprit, forces de la foi. Lorsque vous vous retrouvez avec un tel trésor dans les mains, il ne disparaît pas, si vous savez le recueillir et le conserver. "Marie gardait toutes ces choses en son cœur", et saint Joseph gardait Marie en sa chair de manière à ce qu'une trace nouvelle apparaisse : celle du Fils de l’homme.
Les fruits du sacrement de mariage vont s'épanouir dans une triple fécondité surnaturelle, dans trois directions :
La mission sacerdotale est tout ce côté visible et actuel de la prière. Chacun doit apprendre à rentrer dans la signification sponsale d'un corps féminin, masculin, animé et actué uniquement par le point de vue religieux : la foi d'Abraham est liée à l'innocence d'origine. Il faut apprendre à pénétrer, spirituellement parlant, dans le corps de son conjoint et à toucher la présence de Dieu. C'est la finalité du sacrement de mariage.
point de vue de l'église domestique. Le pape dit ouvertement dans son encyclique concernant la famille que la cellule fondamentale de l'Eglise n'est pas la paroisse mais l'église domestique de la famille. L'Eglise domestique est le lieu de l'eucharistie, le lieu principal de la présence réelle, et le lieu principal de la sponsalité sacramentelle, le lieu du baptême, le lieu essentiel du corps mystique de l'Eglise. Il est, dans la famille, un élément qui fait qu'elle va rayonner sur la société : à l'école, dès qu'il y a des enfants issus d'une église domestique, toute la classe est changée ; dans une entreprise, dès qu'il y a des employés issus d’une église domestique, tout change ; quand le père de famille sort d'une église domestique pour aller à son travail, le service n'est pas le même. Il y a dans la famille un côté prophétique qui fait que quelque chose change et la famille devient "cause exemplaire" pour ceux qui sont dans le monde. Cela n'a rien à voir avec le côté catho. Nous ne transportons pas nos icônes, c'est direct !
L'Eglise a commencé avec Jésus, Marie, et Joseph, la Sainte Famille. L'Eglise se terminera aussi avec et dans la Sainte Famile : l'Alpha rejoint l’Oméga. A la fin, il n'y aura plus que de "petites oasis" de saintes familles pour appeler le Retour du Christ. De même que la Sainte Famille a été à l'origine de la naissance de Jésus, c'est la sainteté de la famille qui sera à l'origine du Retour du Christ, de la renaissance de la Jérusalem céleste. Les familles d'aujourd'hui vivant de, et à la manière de la Sainte Famille, sont toutes très sensibles au mystère de l'Apocalypse, au "Maranatha", au "Viens, Seigneur !".
Les familles chrétiennes sont particulièrement visées pour être détruites, simplement parce que le démon se trouve face à la famille, face à ce noyau, face à la femme qui enfante. C'est écrit dans le livre de l'Apocalypse. Le démon est face au mystère d'une humanité qui est féconde par elle-même, et il ne supporte pas qu'une famille soit féconde par elle-même ! Elle devrait être féconde métalliquement (par fivette, par fécondation in-vitro, ou par toute autre fécondation en dehors de l’amour : une fécondation matérielle...).
L’aspect royal est la dimension de sainteté. Mais, comment faire pour être des saints ? La dimension de sainteté du sacrement de mariage consiste à vivre pleinement des fruits de ce sacrement.
« Seigneur, mon Dieu, je Vous offre toute mon humanité intérieure. Sanctifiez-la afin qu'elle soit remplie de toutes les forces et de toutes les puissances d'éternité du Monde Nouveau. »
La grâce du sacrement d'un prêtre consiste à mettre l'éternité du Seigneur dans le temps. Mais la grâce de la fécondité personnelle, de la sanctification personnelle, consiste à transplanter actuellement dans l’éternité votre corps qui est dans le temps. L’heure n'est plus seulement où Dieu pénètre dans l'homme, mais l'homme pénètre également en Dieu. Dieu pénètre en l'homme : c'est le prêtre qui fait cela dans le sacrement de l'ordre. L'homme pénètre en Dieu : c'est le sacrement de mariage qui le réalise. L'Eternité dans le temps, c'est l'eucharistie. Presser le fruit de la trans-actuation sponsale, c'est faire entrer toute votre humanité dans votre corps spirituel, dans l'état où il sera dans la résurrection, et d'en vivre. Il y a à ce moment-là des guérisons, des illuminations, des péchés qui sautent, des fils qui se coupent... et des fécondités qui s'ouvrent... La Très Sainte Trinité est à nouveau libre, à travers vous, à l'intérieur de vous.
Il y a deux sacrements dans l'Eglise qui structurent l'état de vie : le sacrement de l'ordre et le sacrement du mariage. Ils sont complémentaires : l’éternité dans le temps et le temps dans l'éternité. L’heure n'est plus seulement où Dieu vit en nous, mais notre corps spirituel doit pénétrer en Dieu.
100
reçoit une grâce d'intimité plus profonde, jusque dans sa chair. Quand vous réalisez la messe sponsale, en allant jusqu'au bout de sa signification, vous avez un pouvoir chrétien surnaturel qui va toucher le point de vue corporel de tous les membres de l'Eglise. Le mariage a une fécondité eschatologique. La guerre eschatologique, au niveau de la croissance de l'Eglise, appartient au sacrement du mariage dans la mesure où il doit faire naître quelque chose jusque dans la chair des croyants, faisant que le corps terrestre va laisser, peu à peu, la place au centre de gravité d’un corps spirituel. Il est très important, pour nous, de sentir cette grande responsabilité que Dieu nous donne dans la transactuation sponsale
Dans l'oraison, vous recueillez ces cinq fruits. Vous passez de l'un à l'autre, avec une gratitude extraordinaire, car Dieu vous a choisis pour servir en sa présence. C'est la très belle action de grâces que vous pouvez faire, en présence ou en l'absence de votre conjoint.
Les 42 audiences du Pape sur la Sponsalité : extraits
Avent 1979 : Dieu est Créateur au plan de l’être. Pour l’homme, Il est Créateur d’exister et de DON. On voit l’homme plus proche de Dieu que des créatures. L’homme est fait à l’image de Dieu semblable à Lui. L’homme apprend à travers le Don des créatures à se connaître. L’homme est un être de Don : ce Don est grâce et le rend capable de Donner à son tour, comme Dieu. Le péché rend ce Don impossible. Signification archaïque des arbres (de Vie, de Connaissance du Bien et du Mal). La tentation porte sur le Don fait pour opposer à Dieu, montrer Dieu comme limitation, alors qu’Il est Don (Amour) et la plénitude de communion.
Septembre 1979
Le premier homme (2e récit) n’est dit mâle (ish) qu’après la création de la femme : donc l’homme seul est homme- humanité. La solitude est un problème plus fondamental que la distinction des sexes. Cette solitude est le test de l’homme face à Dieu pour se reconnaître comme créature et Dieu comme supérieur aux créatures. L’homme créé, au premier instant, est devant Dieu comme à la recherche de ce qu’il est : Seul parce qu’au-dessus de la création il se connaît comme ayant faculté de connaître le monde ; ainsi il s’affirme, différemment des vivants, comme personne.
10 et 24 octobre 1979 : 1e élément de l’anthropologie : la signification de la solitude originelle
La torpeur : pour montrer l’exclusivité de l’action de Dieu, d’où Adam sort ish et isha. Cette « TARDEMAH » prend Adam dans le désir d’avoir un être semblable à lui, et engendre par Dieu le genre humain.
La côte : métaphore exprimant l’homogénéité ontologique des deux. La femme est créée sur la base de la même humanité : homogénéité somatique, ontologique, qui produit la JOIE de l’homme devant la femme comme « aide qui lui est accordée ».
2e élément de l’anthropologie : la signification de l’unité originelle
Ce qui montre, en lien avec Gen I, que l’image de Dieu se lit à travers cette communion que l’homme et la femme constituent dès le début. Image par la solitude (Dieu est et gouverne le monde) et par la communion (mystère des Personnes divines) aspect théologique le plus profond de tout ce qu’on peut dire sur l’homme. « Os de mes os, chair de ma chair » : après avoir donné nom aux corps, ish montre et voit que le corps révèle l’homme, manifeste l’humanité.
Masculinité et féminité montrent le double aspect de la constitution somatique de l’homme, et, la nouvelle conscience du SENS de son propre corps qui consiste en un enrichissement réciproque ; conscience qui va plus profond que la constitution double. D’où les implications et développements théologiques (théologie morale, surnaturelle ; Tradition des prophètes).
Interrogé sur l’unité du mariage le Christ réfère à « l’origine » : la Genèse est la base de l’anthropologie théologique. La dualité sexuelle constitue l’homme homme ou femme par le corps ; la personne, constitutivement, est telle par le corps. L’acte conjugal, aujourd’hui, doit permettre de découvrir le mystère de la Création, et on revit « la valeur virginale originelle de l’homme émergeant de la solitude face à Dieu et face au monde ». Plus que la force instinctive de la corporéité, l’union conjugale opère un dépassement de la solitude inscrite dans le corps, dévoilant un peu plus son sens originel. Ce dépassement inclut toujours qu’on assume comme sienne la solitude du corps de l’autre.
Gen 2 : cette unité « d’origine » découle d’un choix réciproque : le corps qui dès le début aide l’un et l’autre à se retrouver en communion des personnes est l’élément constitutif de leur union mais sur la base d’un choix. Le choix, expression d’autodétermination, s’appuie sur la structure de la solitude originelle et sur son fondement : l’autoconscience d’être corps, et, avec ce corps, homme ou femme : le choix présuppose donc la mûre conscience du corps. Le choix présuppose donc même la conscience du sens du corps comme finalisé par la communion des personnes. Cela montre que dans toute union conjugale se découvre la conscience originelle du sens unitif du corps dans sa dualité sexuelle.
La Genèse montre que dans toute union se renouvelle le Mystère de la Création dans toute sa profondeur et sa force vitale originelles. La procréation est donc enracinée dans la Création et reproduit son Mystère. L’unité originelle inhérente au Mystère de la Création est normative.
Le niveau de l’analogie sponsale homme / Dieu (le corps de l’homme tel que Dieu le voit). Genèse 2, 25. La nudité, 3e élément de l’anthropologie originelle, clé de compréhension. Elle s’analyse dans le contexte de la conscience mûrie du corps et de son sens. Pas de honte : description de leur expérience réciproque de leurs corps.
Le Christ demande de dépasser le seuil de l’état « historique » de péché, expérience du corps avec un contenu et une qualité différents : la honte est une expérience-limite autant qu’originelle (Gen 3, 7). Parallèle Gen 2,25 et Gen 3,7,10,12 : la honte n’est pas un passage de la non-connaissance à la connaissance de la nudité, mais d’un changement de sens pris par la nudité elle-même, et d’un changement dans l’expérience du corps devant Dieu et les créatures, plus particulièrement affecte la relation mutuelle masculinité-féminité.
La pudeur est complexe : expérience interne et externe, qui éloigne et qui rapproche, qui est crainte de l’autre et moi à travers lui, recherche de la juste valeur. Elle a donc une signification fondamentale dans la formation de l’ETHOS, dans les relations sociales, surtout homme-femme.
A quelle plénitude de compréhension [avant la honte] du corps correspond la nudité originelle de Gen 2, 25 ? L’homme participe à la perception du monde par le corps dans son aspect extérieur correspondant à une plénitude de conscience du corps et de ce qu’il signifie. Recherche ici « l’innocence originelle de la connaissance ».
Ici, le corps humain, dans l’union commune de connaissance, exprime le moi humain personnel et fonde du dedans sa perception « extérieure » visible, le corps manifeste l’homme. Le manifestant il sert d’intermédiaire pour la communion de personne à personne en plénitude. Donc « ils n’en avaient pas honte » veut dire ceci : c’est l’affirmation que ce qui est « visiblement »masculin et féminin (et inhérent à la personne) institue « l’intimité personnelle » de la communion réciproque dans la parfaite pureté et une radicale simplicité. A quoi correspond une plénitude intérieure de la vision de l’homme en Dieu. L’homme est image de Dieu, il est ... avant d’en avoir conscience.
2 janvier 1980 : L’herméneutique du Don (Gen 1.) : nouveau critère « oblique » pour la réduction anthropologique Solitude - Unité - Nudité. Le Don, terme acte du Créateur, implique la relation.
L’homme et la femme se voient à travers le Mystère de la Création avant de voir leur nudité . réciproque qui participe à la perception « extérieure » du monde et à la perception « intérieure » qu’est la vision du Créateur lui- même : « c’était bon ». Donc la Nudité est un bien originel de la vision divine et montre la plénitude de la vision par laquelle se manifeste « la valeur pure » de l’être homme et femme, du corps différencié : aucune rupture intérieur / extérieur, corps / personne. A travers le Mystère de la Création, l’homme et la femme se voient plus distinctement encore que par les yeux du corps, et ils voient donc la complémentarité réciproque des personnes, avec la compréhension particulière de la signification de leurs corps sur cette base de communion.
Introduction de l’herméneutique du Don, nouveau critère de compréhension de la solitude - unité - nudité originelle : « Il créa ». Il crée et se complait dans le bien. « Seul l’amour donne naissance au bien et s’y complait » (ICo 13). Donc l’acte de création est acte d’Amour. Il est BERESHIT BARA, Donation radicale et fondamentale. Le ... jaillit ex nihilo. Et ceci pour chaque créature.
Mais Don implique relation. C’est pourquoi cette dimension émerge avec l’homme. Le Don n’a de sens que par rapport à l’homme. La création est un Don ... avec l’homme image de Dieu, donc capable de comprendre le sens du Don. L’homme a reçu en Don le monde, et au milieu de ce monde, l’autre « homme ».
La solitude : « Ce n’est pas bon » ! : Adam n’a pas de quoi vivre une relation de don réciproque avec les animalia. Il faut « l’aide ».
Dieu montre l’essence de l’homme : comme personne il doit vivre pour quelqu’un : la communion des personnes est constitutive de l’homme. La relation de Don, de « POUR » réciproque, achève la solitude originelle de l’homme.
« C’est la chair de ma chair » : origine béatifiante où l’homme émerge dans la dimension du Don réciproque dont l’expression de son existence comme personne est le corps différencié. Tel est le corps : témoin de la création comme Don fondamental et donc aussi témoin de l’Amour source de ce Don. Voilà comment pénètre dans la ... du corps.
Début béatifiant par la Révélation et Découverte du « corps sponsal » dans le Mystère même de la Création. La signification du corps sponsal est en même temps révélée et découverte, et montre que le Don créateur atteint la conscience originelle de l’homme, devenant une expérience de don réciproque. Conscience => Don.
« Une seule chair » (v.24) : la procréation est reliée à la caractéristique fondamentale de l’existence humaine ; au sens personnel conscient, l’homme est libre de la contrainte de son corps et de son sexe.
16 janvier 1980 : Le Don dans la liberté de l’Amour
Liberté comme auto-domination, maîtrise de soi, pour se donner et ainsi se retrouver pleinement. « Pas de honte » : révélation de la liberté qui rend possible et qui qualifie le sens « sponsal » du corps.
La liberté intérieure d’auto-domination, liberté du don, permet à l’homme et à la femme de jouir de toute la Vérité sur l’homme voulue par le Créateur (cf Gaudium et Spes 24) : la créature voulue pour elle-même, qui ne peut se retrouver que dans un don sincère de soi, c’est-à-dire que l’homme et la femme se retrouvent réciproquement dans ce que Dieu a voulu que chacun soit pour lui-même. Accueil de l’autre tel que Dieu l’a voulu pour lui-même. L’être humain, image de Dieu par le corps différencié, entre dans le monde avec cette conscience du sens sponsal (et du sens tout court) de son corps.
Le « don sincère » révèle une valeur et une beauté au-delà du physique. L’affirmation de la personne est cet accueil d’un don réciproque => communion des personnes, communion qui se construit en comprenant de l’intérieur l’extériorité de l’homme, c’est-à-dire son corps différencié. Telle est l’expérience « à l’origine ». Telle est la structure . qui laisse sa trace à jamais et ici qui passe la route qui va de la Création à la Rédemption du corps. La conscience du sens (. sponsal) du corps constitue la composante fondamentale de l’existence humaine dans le monde.
30 janvier 1980 : Signification du corps et l’innocence originelle
Le don et l’acte de donner, contenus constitutifs du Mystère de la Création où dans le rayonnement de l’amour . est partie intégrante. Le sens sponsal du corps, le bonheur au principe, expriment cet enracinement de l’amour. Le bonheur, c’est l’enracinement dans l’amour : l’origine est une immunité principielle et béatifiante contre la honte par l’amour. L’immunité, l’innocence appartiennent au Mystère de la Création dont la plénitude est déterminée par la grâce (participation intérieure à la vie de Dieu), qui est source de cette innocence. La découverte de la signification sponsale du corps se réalise à travers cette innocence et donc elle est aussi Révélation. L’innocence originelle est ce qui exclut radicalement, à ses racines mêmes, la honte du corps dans le rapport homme femme, en élimine la nécessité dans l’homme, dans son cœur, dans sa conscience : elle nous révèle l’état intérieur du cœur de l’homme.
Deux fils convergents dans le Mystère de la Création : bonheur et innocence, le premier étant conditionné par l’autre, car l’innocence permet la fidélité intérieure au don selon la signification sponsale du corps. Telle est la conscience de l’homme avant la connaissance du Bien et du Mal.
6 février 1980 : La communion des personnes dans l’échange du DON et de l’ACCUEIL
La volonté étant innocente, se trouve facilité l’échange du don du corps selon la masculinité et la féminité, comme don de la personne. C’est « l’innocence de l’expérience réciproque du corps » qui inspire l’échange intérieur du don de la personne, et qui réalise comme personne, dans le rapport réciproque, la signification sponsale du corps masculin ou féminin.
Cette innocence intérieure, rectitude d’intention, pureté du cœur, consiste à l’acceptation réciproque de l’autre en correspondant à l’essence même du don. Ainsi le don réciproque crée la communion des personnes. La signification du don s’approfondit, et sa dignité, dans l’accueil exprimé de la nudité réciproque. Dignité parce que Dieu, à l’origine, veut l’homme homme et femme pour lui-même. L’innocence est donc une participation morale à l’acte éternel de la volonté de Dieu. Le contraire de cet accueil de l’autre comme don, serait l’autre comme objet. Réduire intérieurement l’autre à un « objet pour moi » serait le début de la honte et la honte correspond à une menace contre le don dans son intimité personnelle.
Donc « à l’origine », pas de honte, et donc acceptation de l’autre comme don. Deux éléments : donner / accepter le don / donner : Don / Acceptation / Don.
Eve se découvre et se retrouve elle-même dans son propre Don lorsqu’elle est acceptée telle qu’elle est (selon le Verbe de Dieu), c’est-à-dire pour elle-même par Adam, selon sa féminité et à travers son humanité : 1er temps. Elle parvient là à la profondeur intime de sa personne et à la pleine possession d’elle-même. Le fait de se retrouver elle- même dans son propre Don est source d’un nouveau Don d’elle-même : conscience => accueil => don.
Dans ce premier temps, l’homme est celui qui reçoit le don. C’est à lui d’assurer le processus de l’échange du Don, de la compénétration réciproque du donner - recevoir en Don qui est une authentique communion des personnes. Enrichi du don de la femme dans sa personne et sa féminité, il s’enrichit encore en se donnant à son tour, car il y manifeste l’essence spécifique de sa masculinité qui, à travers la réalité du corps et du sexe, atteint la profondeur intime de la possession de soi grâce à laquelle il est capable d’être accueilli par la femme comme don, dans la révélation de l’essence intérieure et spirituelle de sa masculinité en même temps qu’avec toute la vérité de son corps et de son sexe. Et l’homme se retrouve lui-même à travers ce « don sincère de soi » etc.
L’innocence originelle manifeste et constitue l’éthos parfait du don.
20 février 1980 : Le sacrement du corps
L’homme et la femme de la Genèse sont montrés créés pour le mariage (Gen 2, 24), ouvrant la perspective créatrice de l’existence humaine par l’auto-reproduction. « Pas de honte » montre qu’ils étaient unis par la conscience du don et la conscience réciproque de la signification sponsale de leurs corps où se manifeste toute la richesse intérieure de la personne comme sujet.
Cette signification, après le péché, restera comme un engagement donné à l’homme par l’éthos du Don inscrit au profond de son cœur humain, éthos de l’innocence originelle. A partir d’elle se reformera l’amour humain dans sa vérité intérieure et son authenticité subjective. L’homme s’y redécouvrira, à travers le voile de la honte, comme gardien du ... de la liberté du don, et la défendra contre toute réduction à l’objet.
Avant : innocence, grâce, amour, justice. Image de Dieu et portant en lui la dimension intérieure du Don, qui lui fait dominer, transcender sa corporéité, sa nudité. La conscience de la signification sponsale du corps est aussi un aspect de la ressemblance à Dieu.
Le corps de l’homme est sacrement, rendant visible le spirituel et le divin. Par sa corporéité différenciée, l’homme est signe visible et efficace de l’économie de la Vérité et de l’Amour, qui ont leur source en Dieu même et qui ont déjà été révélés dans le Mystère de la Création : en même temps que l’homme est entré dans le monde visible de la sainteté. Dans son corps d’homme et de femme, l’être humain se sent dès lors sujet de sainteté, sujet de Vérité et d’Amour. C’est la première fête de l’humanité qui tire ses origines des sources divines de la Vérité et de l’Amour dans le mystère même de la Création. L’homme est donc fondamentalement « Image de Dieu » et « appel à la gloire » si on l’atteint dans le Mystère de la Création.
Adam s’unit (YADA) à sa femme, c’est-à-dire connut : procréation = connaissance
Le rapport corporel appartient donc à la dimension des personnes. Connaissance : cela montre l’essence profonde de la connivence conjugale car Adam et Eve . en particulier la signification de leur corps . et unique, grâce à leur corps, de chacune des personnes. Cela montre aussi que ça ne se réduit pas au ...
Le mystère de la femme se révèle dans la maternité. ... de la solitude originelle de l’homme ... (des animalia), se trouve . à la . de l’homme et de la femme voulue par Dieu (Gen 1, 27). C’est Adam qui connaît Eve et c’est Adam qui a eu honte de ... de son corps (Gen 3, .) : la connaissance porte sur la féminité. le mystère ... à fond par la maternité : « et elle enfanté ». Et par là, apparaît celui de la masculinité qui a une. génératrice et paternelle en son corps.
La connaissance va au-delà du rapport . : . pour la maternité .... : la génération est insérée par l’homme et la femme dans leur connaissance. La connaissance implique aussi la ., c’est-à-dire la . de l’objectivité du corps cachée dans la . somatique de l’homme et de la femme. En même temps . une réalisation de soi (personne) dans le don.
Et il y a découverte du 3e engendré par eux deux à un niveau propre aux personnes auto-conscientes et autodéterminées. Eve : « . » : un homme, . image de Dieu, même après le péché. Cette image de Dieu constitue une
base de continuité et . la dignité de la génération humaine : unis en une seule chair, l’homme et la femme confirment et . de l’homme comme image de Dieu (n°7, DC p.324).
26 mars 1980 : Création et perspective de la mort
Eve nomme l’homme comme l’homme nomme les animalia, prenant ainsi possession de l’humanité comme l’homme prit. Et réciproquement, cette fois, Adam et Eve sont pris en possession par l’humanité, « ravis » ensemble dans l’union et la connaissance réciproque d’une humanité possédée d’une manière nouvelle.
Ainsi « connaissance » est un peu une possession. Non pas de VEROS, mais dans le sens du don réciproque (dans la lutte) désintéressé. Puis YWH donne la punition : l’horizon de la MORT s’ouvre en même temps que la révélation procréatrice du corps dans l’acte de « connaissance » réciproque des conjoints. La VIE a donc été réduite par les limites de la conception, de la naissance et de la mort, et aggravée par la culpabilité héréditaire, mais la VIE donnée à l’homme « à l’origine » reste VIE et demeure la tâche d’un cycle, d’un sceau, qui demeure toujours : « croissez et multipliez », « la femme conçut et enfanta ». Ainsi chaque homme porte en lui le mystère de son origine lié à la conscience de la signification procréatrice du corps. Tel est le seuil de l’histoire terrestre de l’homme : la découverte de la signification procréatrice du corps, la paternité et la maternité, la limite de la mort. Malgré la lutte, la mort, la culpabilité, l’homme place sans cesse la « connaissance » (qui fait que l’homme cherche à dépasser la solitude de son être en affirmant (à deux) cet être dans un autre semblable à lui) à la racine de la procréation. Et ainsi sans cesse il confirme les paroles de Dieu à l’origine sur l’homme : « Dieu vit et. : c’était bon » (Gen 1, 30) . toujours à cette première visite divine.
2 avril 1980 : La vision intégrale de l’homme
Elle doit être construite à partir de l’origine « aujourd’hui ., mais pour atteindre l’homme dans son intégralité.
« Ceux qui ont vocation au mariage sont appelés avant tout à faire de cette théologie du corps des origines le contenu de leur vie et de leur comportement : le Christ leur demande de se situer à ce seuil : entre l’innocence et la culpabilité ».
L’éthos nouveau du Sermon sur la Montagne nous fait entrer dans les profondeurs de la norme elle-même et descendre à l’intérieur de l’homme sujet de la morale.
Le contenu éthique et anthropologique du commandement « pas d’adultère » : appel au cœur, à cette dimension de l’homme à laquelle sont . liés le sens de la signification du corps humain et l’ordre de ce sens, c’est-à-dire la signification du corps sponsal ou la signification procréatrice. L’adultère du cœur est le désir comme acte intérieur par la vue, et, en éthique, cela répond des femmes autres que l’épouse. Mais bibliquement et théologiquement, il nous pousse à . l’homme de la concupiscence.
30 avril 1980 : La concupiscence, rupture de l’Alliance avec Dieu
Les concupiscences viennent du monde, comme fruits de la chute dans le cœur de l’homme : « le monde », lieu et source de la concupiscence. Il faut donc encore revenir à la Genèse.
L’origine ? « Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal ». Mise en doute du DON : l’homme tourne le dos au Père, il coupe son cœur de ce qui vient du Père. Reste donc en lui « ce qui est du . ». La honte est la première manifestation de la concupiscence, « une expérience de la limite ».
La honte éprouvée réciproquement (Gen 3, 7) mûrit (v.8) en sentiment de peur en présence de Dieu, peur ignorée auparavant. « J’ai eu peur parce que je suis nu » (ce qui révèle un état de conscience). Conscience changée parce qu’il y a changement radical de la signification de la nudité originelle (avant elle n’était pas carence, elle était signe de l’Image de Dieu, de la communion des personnes), et là, l’homme perd la certitude originelle de l’image de Dieu exprimée par ce corps, il perd son droit de participation à la perception du monde dont il jouissait dans le Mystère de la Création. Conscience donc d’être sans défense. Insécurité de la structure somatique en présence du processus de la nature soumise à un véritable déterminisme.
... cosmique : lui qui devait la dominer, il est ... par son corps à la terre. ... inter-relationnelle : détourner les yeux du signe masculin ou féminin. ... immanente : difficulté pour déceler l’essentialité du corps ... de l’unité spirituelle et somatique origin... (... de loi intérieure de l’esprit, et de la loi des forces du corps). La concupiscence (du corps ...) menace la structure de la possession de soi. Le sexe l’exprime le plus. La pudeur s’explique par la concupiscence. Le cœur humain a les deux : le désir et la pudeur : il a la pudeur du cœur à cause de la pudeur de la concupiscence ». La pudeur est double : menace dans la valeur / préservation intérieure. . : d’où l’appel du cœur du Christ à l’homme de
concupiscence.
La honte est née dans leur cœur en même temps que la concupiscence dans leur corps : on cache le cœur parce que la capacité de se donner est rompue. La fonction d’origine du corps est bouleversée, mise en doute dans la conscience. Comme si l’aspect personnel de la masculinité et de la féminité qui auparavant mettait en évidence la signification du corps pour une pleine communion des personnes, cédait la place à la seule sensation de la sexualité par rapport à l’autre être humain. Comme si la sexualité était devenue obstacle à la communion des personnes. La concupiscence empêche de s’identifier avec son corps, non seulement de manière individuelle, mais aussi relationnelle (surtout relationnelle), d’où : on le cache devant l’autre.
« Ta convoitise te poussera vers ton mari, et lui te dominera » indique que la femme ressentira cette inégalité comme un manque de pleine unité dans le contexte de l’union avec l’homme et montre que la béatifique union originelle est déformée dans le cœur des personnes par la concupiscence. Opposition qui confère à la réalisation de cette union une autre dimension qui sera le propre de l’homme de la concupiscence. Homme et femme sont en effet menacés par l’insatiabilité de cette union et unité car ils restent des personnes appelées à exister en communion. La non- satisfaction de l’aspiration à réaliser dans l’union conjugale du corps la réciproque communion des personnes, telle est la signification de la pudeur. L’orgueil de la vie correspond à la domination de l’homme et même à la réduction à l’objet de l’autre (convoitise des yeux).
25 juin 1980 : La signification sponsale du corps.
La honte ne s’explique pas par le corps, ou par la sexualité, mais par les transformations subies par l’esprit humain. Par la honte, homme et femme peuvent protéger la signification sponsale du corps contre la concupiscence. Le corps stimule les désirs de l’union des personnes par la différenciation mais la concupiscence oriente ces désirs à sa manière, c’est-à-dire vers l’apaisement du corps. L’homme est celui qui éprouve plus intensément la honte de son corps, et sa honte et sa concupiscence impliquent la domination de la femme. Cette domination implique chez la femme un désir insatiable d’union ... car à la communion des personnes se substitue un rapport de possession de l’autre. Si cet élan prévaut chez l’homme, la convoitise de la femme va assumer un caractère analogue. Et même parfois devancent-ils le désir de l’homme en le suscitant, lui donnant l’impulsion.
Donc la triple concupiscence limite et déforme la signification sponsale du corps (celle de l’état virginal) [signification, c’est-à-dire manière de vivre du corps ; mesure de l’homme intérieur, du cœur]. La mesure du cœur détermine les attitudes : signification du corps, et l’esprit humain est changé par la honte. D’où la transformation de cette signification sponsale du corps se manifeste par le changement de la mesure du cœur. D’où l’appel du Christ au cœur de l’homme.
23 juillet 1980 : Concupiscence et rapports homme femme
Féminité et masculinité vont être seulement objet d’attraction et beaucoup moins l’expression de l’esprit tendant à la communion personnelle. L’attraction préexistait à la chute mais intégré à l’esprit, maintenant c’est une force autonome qui contraint le corps, limite la communion. La signification sponsale du corps n’est pas supprimée, mais elle est en permanence menacée. La concupiscence du corps touche au niveau du « don désintéressé », et dépersonnalise l’homme en le faisant objet pour l’autre : brisure du don réciproque. Elle met aussi en doute le fait que chacun est voulu pour lui-même par le Créateur : la subjectivité de la personne laisse la place à l’objectivité du corps. Les rapports homme femme se trouvent unilatéralement liés au corps et au sexe. Elle mène enfin à la perte de la liberté intérieure du Don qu’elle contraint en limitant l’autodétermination et fait que le rapport du Don se transforme en rapport d’appropriation.
30 juillet 1980 : Le Don et la communion des personnes
Parallélisme entre : « Il te dominera » et : « Regarder une femme pour la désirer ». L’homme est le gardien du Don et de sa réciprocité authentique. Le contraire est de tirer de la femme son propre don au moyen de la concupiscence. C’est de lui surtout que dépend l’équilibre, la rupture, le rétablissement des rapports. « Mon », « me » : analogie personnelle, ou possession et jouissance de. ?
« La dureté de votre cœur » : le cœur, nouvel éthos de l’Evangile. « Il sait, lui, ce qu’il y a dans le cœur de l’homme » (Jn 2,25)
Par le cœur, le Christ s’adresse à chacun : par le cœur, chacun est individualisé encore plus spécifiquement que par son nom. Toute analyse intérieure doit tenir compte de l’homme intérieur.
Ethique et utilisation de l’analogie de l’adultère aux ruptures d’Amour avec Dieu.
Adultère chez les prophètes : rupture de l’alliance personnelle de l’homme et de la femme. Le péché du corps est tel en considération du rapport des personnes.
Signification de l’adultère transférée du corps au cœur : déplacement du point de gravité du péché, « Regarder pour désirer » c’est la concupiscence ; transfert déjà présent en filigrane dans les livres sapientiaux : « Détourne ton regard d’une jolie femme » etc. mais alors seulement à portée éthique.
Le désir est acte intérieur du cœur, pas encore acte extérieur du corps. Le Christ enseigne qu’Il considère le regard comme le seuil de la vérité intérieure de l’être. Ainsi « Regarder avec désir indique une expérience de la valeur du corps non sponsale, non procréative. Ainsi l’adultère est un détachement intérieur de la signification sponsale du corps.
Le désir, fermeture intentionnelle de l’horizon de l’esprit et du cœur à la fin exclusive de satisfaire le besoin sexuel du corps. Le Christ sait qu’il faut détecter cela dès le regard.
La concupiscence et les rapports homme femme : le regard de désir prive la femme de la signification de son attirance comme personne. Le changement de l’intentionnalité de l’existence se réalise dans le cœur parce qu’il est réalisé dans la volonté (différente de la connaissance). Il y a alors contrainte du corps et perte de la liberté du don. La concupiscence écarte la dimension intentionnelle de l’existence réciproque de l’homme et de la femme des perspectives personnelles et des perspectives de communion, en la poussant vers des dimensions utilitaristes : je me sers de l’autre.
8 octobre 1980 : Interprétation psychologique et théologique
L’adultère, c’est parce qu’il regarde AINSI une femme, laquelle peut être aussi bien son épouse : il la réduit à la fonction utilitariste. Le commandement du Christ ne peut s’accomplir que par la pureté du cœur, qui sait exiger de la cohérence à son cœur et à son corps.
Le Christ par le désir ne condamne pas, ne nie pas le corps, mais plutôt affirme en lui la dimension de dignité de personne. Il s’agit non de brimer le corps, mais de transformer la conscience et les comportements de la personne humaine de manière que se manifeste et se réalise la valeur du corps et du sexe : non pas condamnation mais appel à vaincre la concupiscence en faisant un effort pour découvrir la valeur authentique de l’objet. L’Evangile sert la dignité du corps et du sexe.
Eros : force animale qui entraîne l’homme vers tout ce qui est bien, vrai, bon. Ethos : appel à la Rédemption. L’Eros rencontre l’Ethos en agissant pour vaincre les 3 concupiscences.
Ethos : découverte d’un nouvel ordre de valeur : il faut retrouver dans l’érotique la signification sponsale du corps et la dignité du DON. C’est la tâche éthique de l’esprit humain. L’Ethos doit devenir la forme constitutive de l’Eros. L’ Ethos ne supprime pas la spontanéité de l’ Eros : il fait découvrir à l’homme qu’il est appelé à la spontanéité pleine et mûre des rapports qui naissent de l’attirance éternelle des corps différenciés. Une telle spontanéité sera le fruit du discernement des impulsions du cœur.
Le Christ demande qu’on ait conscience de nos actes intérieurs dans nos rapports sexués, de ces impulsions intérieures, pour pouvoir les discerner, comme un gardien qui surveille une source cachée : celle de la liberté du Don. Ainsi l’homme doit apprendre avec persévérance et cohérence quelle est la signification du corps sexué, science de l’expérience intérieure. Distinguer l’excitation sexuelle de l’émotion profonde et sexuée qui rejaillit sur la sensibilité et la sexualité. Voie d’une spontanéité du cœur qui n’étouffe pas ses désirs et aspirations profondes, mais au contraire les . et les aide.
C'est en raison de ce principe qu'il faut faire attention à l'expression que l'on utilise pour parler "d'annulation de mariage". Un sacrement ne peut pas être annulé, il est indissoluble, et l'homme ne peut séparer ce que Dieu a uni. Mais l'Eglise peut discerner si ce sacrement a, ou n'a pas, une consistance sacramentelle, si sa "matière" et sa "forme" font et ont toujours fait essentiellement défaut. Un mariage ne sera donc "annulé" que si l'on prouve que le sacrement, finalement, n'a jamais existé.
96