Père Patrick - Sponsalité 2007 - Notre Dame de Domanova 2005 (cinquième partie)

samedi 3 décembre 2005

Nous terminons notre petit parcours sur la sponsalité, sur l’homme et sur la femme.

La dernière fois, nous avions regardé les guérisons du parcours de la communion de l’homme et de la femme. Beaucoup d’évènements dans ce parcours, en particulier dans le mariage, mais aussi dans toutes sortes d’autres parcours humains et chrétiens, tiennent aux manières dont nous avions reçu l’amour du père et de la mère depuis notre conception. Grâce à la sponsalité, avec la grâce que Jésus donne dans la communion des personnes, dans l’humanité intégrale qui fleurit à l’intérieur de la communion des personnes entre un homme et une femme avec la grâce et la bénédiction de Dieu, ce parcours de guérison, de délivrance, de libération de tout ce qui s’était noué depuis la conception devient possible.
Les croix, les épreuves, les problèmes dans l’amour, l’amitié, la fidélité, la fécondité, ne tiennent évidemment pas seulement aux blessures qui nous viennent de la conception, de l’enfance, de l’adolescence ou de la jeunesse. Nous n’avions pas eu le temps d’évoquer toutes ces autres difficultés, que je voudrais aborder avant d’arriver sur le fruit du sacrement de mariage, le fruit divin de la sponsalité.

Qui arrive au niveau spirituel que Dieu veut dans l’amitié sponsale ? Qui arrive au niveau intérieur, extérieur, simple, concret et en même temps divin, de sainte Anne et saint Joachim ? Pas beaucoup, parce qu’il y a toutes ces blessures, toute cette immaturité. Nous avions bien dit que la bénédiction de Dieu dans l’amour sponsal vient évidemment aider à réparer ce qui empêche le vol libre du cœur, de l’âme et de l’esprit dans l’union conjugale. Il faut un certain temps, et il faut aussi de la lucidité. C’est un peu notre humiliation de savoir que le sacrement de mariage, au lieu d’aller jusqu’au bout de lui-même, commence d’abord par guérir des blessures, commence par refaire le chemin, reconstruire les barrages là où ils doivent être reconstruits.

Dans la vie chrétienne, nous pouvons bien vivre des sacrements, mais si nous avons des fautes et des imperfections, la grâce surnaturelle transformante de Jésus, la grâce sanctifiante du Saint Esprit, avant de nous diviniser, remet en place par sa miséricorde, par sa guérison, tout ce qui n’est pas en place, en particulier les vices, les tendances mauvaises, les imperfections, les blessures. C’est un peu notre humiliation chrétienne de dire : « Aujourd’hui, la miséricorde de Dieu va me réparer, je ne suis pas encore capable d’aller jusqu’au bout du mariage spirituel pour faire rayonner, surabonder les effets tout à fait miraculeux de la grâce. » Suis-je capable de ressusciter des morts, de guérir des aveugles, de faire tomber les idoles partout où je passe silencieusement ? Non, parce que la grâce commence d’abord par réparer les choses dans mon monde intérieur, avant que par surabondance elle vienne rayonner sur le monde de la création qui nous est confié.

Il y a quelque chose de semblable dans le mariage, encore qu’il ne faut pas oublier qu’il y a quand même une Présence réelle, une Présence sacramentelle.
Parmi les difficultés, je voudrais en relever quelques unes très rapidement. Dans la famille, des choses ne fonctionnent pas, et ce n’est pas seulement parce que nous sommes immatures sur le plan de la chair, de la sexualité, ce n’est pas seulement parce que nous sommes immatures sur le plan spirituel de la signification sponsale du corps, ce n’est pas seulement à cause de ce manque d’amour que nous portons encore comme écorchés vifs depuis l’adolescence, pas seulement parce que nous avons une crise d’identité, environ 80% de la jeunesse a aujourd’hui une tendance homophile, les gens ne sont pas normaux, alors il y a une impuissance. Ce sont des maladies qui se guérissent très rapidement, contrairement à ce qu’on croit : la guérison est très rapide, si tant est que nous le voulions bien.

D’autres difficultés viennent de ce que nous engageons notre vie commune, notre amitié, notre unité sponsale sur des voies qui ne vont pas dans la bonne direction et empêchent le sacrement de faire pousser et fleurir la fleur. Ces difficultés, nous ne les connaissons pas toutes, parce que nous nous y habituons, nous trouvons que c’est normal. Je voudrais en signaler quelques unes au fur et à mesure qu’elles me viennent à l’esprit :

  1. La première difficulté est que nous voulons vivre bien, et que du coup nous ne vivons pas de manière réaliste. L’homme et la femme s’unissent pour vivre avec le capital de vie que Dieu leur a donné, et pas avec le capital de vie que le fruit de leur travail ne leur donne pas. Beaucoup de ménages ont des difficultés énormes au bout de dix ou quinze ans parce qu’ils vivent au-dessus de leurs moyens, avec des emprunts, des crédits pour la voiture, la machine à laver, etc. Ils vivent ensemble dans la maison, dans le Beit hamigdash de la sponsalité, dans le temple saint de la sponsalité, d’une manière qui n’est pas réaliste, qui n’est pas en fonction d’eux mais en fonction de la banque (en fait ce sont les Africains qui paient, les pauvres qui sont pillés). Quand ils tombent en faillite, évidemment, c’est toujours de la faute de l’autre : 28% des divorces viennent de là. Il faut vivre pauvrement, simplement, avec ce que nous avons, et il faut travailler pour cela.
  2. La deuxième chose est qu’il ne faut pas suivre l’esprit du monde. Si nous suivons l’esprit du monde, nous ne suivons pas un esprit d’amour, de vérité et de lumière. Si nous suivons l’esprit du monde, nous voulons être modernes et nous adapter au monde d’aujourd’hui, et nous utilisons des moyens modernes pour réguler la fécondité, en particulier des oestrogènes pour bouleverser et finalement interrompre les cycles féminins. La pilule introduit dans le corps de la femme une dérégulation du cycle, si bien que la signification sponsale du corps féminin ne suit plus les règles de vitalité lumineuse, intérieure, physiologique et biologique, lesquelles sont en corrélation immédiate avec l’intériorité spirituelle de l’amour, du don et de l’accueil vécus par la femme. Le résultat est qu’il est strictement impossible, d’après les lois de la nature, de réaliser l’unité sponsale, puisque pour qu’il y ait unité, il faut qu’il y ait la signification sponsale du corps féminin et la signification sponsale du corps masculin. Or par simple dérégulation mécanique ou chimique, la femme n’est plus dans un rythme de gratuité, ce qui fait qu’il lui est impossible de se donner d’une manière propre à la femme. 33% des divorces sont causés par cela. Si pendant dix, quinze ou vingt ans les époux ne se sont jamais alimentés dans les sources limpides de l’unité sponsale, puisqu’ils n’ont jamais pu la réaliser, il est bien évident que la communion des personnes s’épuise sur le plan humain.
  3. Il y a une troisième cause de difficulté qu’il faut bien annoncer aux fiancés et sur laquelle ils doivent s’engager, sans quoi il ne faudrait pas leur donner le sacrement de mariage. Si le médecin dit : « C’est épouvantable, vous avez déjà trois enfants ! et si par malheur vous en aviez un quatrième ! vous ne pouvez pas vous permettre une chose pareille ! » et qu’il met un stérilet à la femme, ou bien s’il y a des fausses couches, si l’enfant meurt avant de naître à cause de l’angoisse, de l’inquiétude refoulée de la mère, ou bien si l’inquiétude n’est pas refoulée et qu’il y ait des avortements libres, il y a des enfants qui ne vont pas naître. En France, les femmes portent le stérilet pendant quatre ans et demis en moyenne, et je vous rappelle que le stérilet, quel qu’il soit, est toujours abortif, et qu’il est bien plus perméable à la semence masculine qu’un préservatif qui lui-même est perméable (le spermatozoïde peut passer par les micro-pores : il suffit qu’il y ait deux pores ensemble). Le stérilet n’empêche donc pas la fécondation mais la nidation, l’implantation dans la paroi utérine au quatorzième jour, mais l’enfant existe, il est là, il vit, il respire, il dit oui. Et voilà qu’au bout de cinq ou six ans, sans le savoir, parce que la femme n’est pas au courant, qu’elle n’a jamais pris conscience de cela, il y a sept, huit, quinze enfants qui crient leur présence dans un cri de vie, d’espérance, de soif et de mort. Il y a alors entre l’homme et la femme un malaise qui relève de la fécondité nuptiale et qui pénètre à l’intérieur de la communion de l’homme et de la femme comme un cri de mort. Vous rendez-vous compte de l’insécurité que cela donne dans le rapport mutuel ? Ordinairement, le divorce n’arrive pas tout de suite, mais l’adultère, qui s’enracine dans cette raison-là : même les meilleures vont chercher leur bien ailleurs, parce que quelque chose a tué leur source de vie. Que faire dans ces cas-là ? Si nous en prenons conscience, il faut demander pardon à tous ces enfants, avoir de l’affection pour eux, remercier le bon Dieu de nous les avoir donnés, supplier la Sainte Vierge et les anges gardiens de nous dire comment les appeler, célébrer la messe pour eux, célébrer la messe nuptiale ensemble en les réintroduisant dans le nid de l’amour et de la lumière, et les aimer. Quand ils font partie de la famille, il n’y a plus aucun risque d’adultère.
  4. Autre type de difficulté : lorsque nous menons une vie commune, nous formons une communauté. Vous avez bien compris qu’à partir du moment où il y a unité sponsale, nous ne sommes pas seulement deux, mais trois, et avec le sacrement le Seigneur est là : nous sommes donc quatre avec Jésus. Aristote dit qu’à partir du moment où nous sommes trois, nous ne pouvons pas rentrer en communion, en coopération ensemble, sans une loi, une règle. Toute communauté a des jalons, elle adopte sa vie dans une spiritualité qui implique une direction à prendre, laquelle implique des moyens. Dans la vie monastique, au Carmel ou dans un petit prieuré de cinq ou six frères, il y a une règle de vie commune, donnant le principe de régulation de la liberté et de la transparence. Si entre nous il n’y a pas quelque chose qui fait que nous sommes d’accord au départ pour faire effort tout le temps et jusqu’au bout pour qu’il y ait délicatesse et compassion, il n’y aura ni délicatesse ni compassion !

Dans ces communautés de Serrabone, du Thoronet, de Sénanque, vous avez tous visité le dortoir des moines, le réfectoire, le cloître, et la salle de chapitre où tous les soirs, les membres de la communauté se réunissent et font un exercice de charité communautaire en mettant les choses sur la table, en demandant pardon devant tous les autres s’ils ont fait quelque chose qui n’est pas correct ; et chacun, après avoir demandé pardon et s’il se sent capable de le recevoir, va supplier les autres de lui dire s’ils ont vu quelque chose qui était ennuyeux et sur quoi il pourrait se corriger. Alors si quelqu’un l’aime bien (il ne faut pas que ce soit celui qui ne peut pas le supporter), il se met à genoux et il lui dit : « Frère, à chaque fois que tu passes devant un frère, on te voit faire une grimace, mais tu ne t’en rends pas compte, parce que tu es tellement habitué à cela » et alors le frère se rétablit, s’améliore. Cela s’appelle une règle de délicatesse (si on a une remarque à faire, on la dit avec délicatesse et au moment où il faut) et de compassion (par miséricorde on ne fera pas cette remarque si la personne n’est pas capable de la recevoir). Dans la vie monastique, il est strictement exclu de faire une remarque à qui que ce soit dans la communauté si ce n’est pas dans le cadre du chapitre. En dehors, ce ne sont que louanges, remerciements, admiration et contemplation du prochain.

Dans le mariage nous avons aussi cette règle de délicatesse et de compassion de ne pas faire constamment de remarques à sa moitié sponsale, et jamais en public : c’est toujours intime à la communauté, au chapitre (sans quoi le vieil homme revient au grand galop, et alors on s’en balance des choses à la figure !).
Il faut donc parler, dire en particulier si on a des tentations. Il n’est pas compliqué de se donner des petits signes, comme : « Si j’allume une bougie le soir dans la chambre, ça veut dire qu’il faut que tu t’occupes de moi, parce que j’ai des tentations ». Il ne faut pas rester une semaine sans avoir prévu un moment pour parler tranquillement à deux. Il ne faut pas laisser passer neuf mois sans partir au moins deux ou trois jours tous les deux seuls, en confiant les enfants à la tante ou à la grand-mère. Il ne faut pas quitter la maison familiale plus de vingt-deux jours, même pour des raisons professionnelles, et il faut téléphoner au moins tous les deux jours, si ça doit durer plus longtemps qu’un cycle féminin. Ce sont des règles de douceur, de délicatesse, parce qu’à force d’être indélicat on devient moins chaste ; à force d’être moins chaste on devient moins transparent ; à force d’être moins transparent, on devient plus grossier ; à force d’être grossier, on n’est plus du tout dans l’amour et s’il n’y a pas d’amour, il est impossible de réaliser l’unité sponsale.

  1. J’avais aussi évoqué la dernière fois que travailler sur les énergies coince la libre circulation et le vol libre de l’unité sponsale. Quand on se fait manipuler dans le fluidique par les ostéopathes, kinésiologues, astrologues, otorologues, harmonigologues, gygologues et autres, et même les gynécologues, ou si, autre catastrophe, l’un rentre dans un cercle initiatique, dans une loge, dans un atelier, des régressions s’opèrent automatiquement puisqu’à travers tous ces exercices fluidiques d’énergie métapsychico-ésotérique ou astrale, la partie spirituelle de l’âme se dessoude du corps et du coup le mari et la femme réalisent de temps en temps l’union des corps, quelquefois sont affectueusement cordialement unis l’un à l’autre dans la complicité, mais il n’y a jamais d’unité sponsale puisqu’il faudrait qu’il y ait l’unité du corps, de l’âme et de l’esprit. Il faut donc qu’il y ait la conquête spirituelle du cœur et la signification sponsale du corps dans l’extériorité du corps, qu’il y ait une imprégnation de toute la personne. Dès qu’on rentre dans le métapsychique, on dessoude l’unité de la personne par un phénomène de régression de la partie spirituelle de l’âme qui quitte l’exercice physique proprement dit : l’unité sponsale est alors impossible.

Voici un autre problème que le bon vieux Père Emmanuel rappelait :

  1. Vous savez que le droit canon ne dit presque rien sur le mariage, sinon que les deux finalités du mariage sont la fécondité (les enfants) et l’unité des époux. Quand vous vous marriez, vous passez devant l’autel, devant Dieu et devant les hommes, vous mettez l’alliance, et la seule chose que spécifie le droit canon (qui inscrit une règle, un droit, une loi) est qu’à partir de ce moment, la femme n’a plus le droit d’usage de son corps qui appartient à son mari, et le mari n’a plus droit d’usage sur son corps qui appartient à sa femme : la femme a droit d’user du corps du mari et le mari a droit d’user du corps de la femme. Souvent, après vingt ans ou vingt-cinq ans de mariage, les ménages se disloquent parce que la femme dit : « Moi, l’union conjugale me plaisait beaucoup, mais maintenant je n’ai plus envie, alors nous faisons chambre à part ». Mais ce n’est pas à elle d’en discuter, parce que le droit d’usage de son corps ne lui appartient pas, et elle ne soit pas faire chambre à part.

Un prêtre m’a dit un jour : « Je me suis donné à fond pour les malades, pour les prisonniers, pour les pauvres, alors à cinquante-cinq ans, je prends ma retraite, j’ai donné ». Et il va se retrouver ainsi au jour du Seigneur ! Mais c’est la fin qui compte, ce n’est pas le début, il n’y a pas de retraite, il ne s’appartient pas, il a donné sa vie à Jésus, à l’Eglise et aux autres, il ne peut pas prendre sa retraite pour avoir sa gouvernante et regarder sa télévision. Et c’est pareil dans le mariage. La sagesse chrétienne est très belle (ce n’est pas du tout le style de l’existentialisme de Sartre) : le mari et la femme sont deux en une seule chair, donc la femme s’adapte à la signification sponsale de son mari en s’y abandonnant et l’homme lui aussi s’adapte. Ce droit d’usage est extraordinaire. Le nombre de divorces causés par cela est affolant. Du côté de la femme, il y a perte d’intérêt et elle arrête tout, et du côté de l’homme, il y a réduction de la femme à l’état d’objet. Mais non, il doit respecter le droit d’usage, il n’use pas de son corps mais de celui de la femme. On n’utilise pas une brouette comme une cuillère, et on ne conduit pas un avion comme on conduit une trottinette. Le corps de la femme a un rythme, le cœur et l’affectivité de la femme a un rythme, toute la personne de la femme a un rythme, et il doit user de ce rythme sans se précipiter comme un hippopotame en disant : « droit d’usage ! » (c’est justement exactement le contraire). Du côté de la femme, elle doit aussi s’adapter à son mari, c’est- à-dire se laisser adopter par son mari, s’abandonner de manière qu’il puisse vivre à son rythme de l’union du corps, de l’âme et de l’esprit.

Il y aurait encore mille autres problèmes qui se posent et que vous connaissez sûrement mieux que moi, mais je vous ai présenté les principales choses qui enraillent la sponsalité.
Il faut bien-sûr savoir se pardonner, savoir aussi le sacrement de mariage nous donne un grand pouvoir de prière. Un ami, Jean-Michel, était marié avec une charmante petite, Anne-Marie. Ils priaient tous les deux devant des icônes, ils étaient rayonnant. Mais au bout de six ans, Anne-Marie s’en va d’un seul coup avec un homme qui a quinze ans de plus qu’elle. Le sachant, Jean-Michel priait tous les soirs un quart d’heure tranquillement avant de s’endormir et il célébrait sa messe sponsale, c’est-à-dire qu’il se plaçait résolument à l’intérieur du cœur de sa femme, il se mettait dedans elle et une fois qu’il était bien installé en elle, il offrait leur unité sponsale à Dieu pour que Dieu purifie leur mariage, leur unité sponsale. Neuf mois après, Anne-Marie a sonné à la porte. Jean-Michel m’a dit qu’il n’a pas été surpris et qu’il avait eu l’impression que c’était hier qu’elle était partie pour un voyage chez sa mère. Elle est rentrée et ça s’est passé encore mieux qu’avant, ce qui est normal. Nous ne pouvons pas savoir pourquoi elle est infidèle, ce peut être à cause d’un voult, une espèce de possession, parce qu’aujourd’hui on utilise des choses diaboliques. Jean-Michel est resté fidèle, et c’est ce qu’on promet le jour du mariage. Jusqu’à la mort, Dieu ne permettra jamais qu’il y ait dans un mariage une rupture de fidélité, Il fera toujours en sorte qu’il y en ait un qui soit fidèle, et du coup il n’y aura pas de divorce. S’il y a divorce, c’est parce que les deux sont infidèles.

Le fruit du sacrement de mariage

Une fois que nous avons bien repéré toutes ces glissades auxquelles nous n’avions pas fait attention (il vaut mieux y faire attention avant, il vaut mieux aller directement au Ciel, il vaut mieux être des saints, il vaut mieux être dans l’unité sponsale, il vaut mieux réussir sa vie, sa vocation, sa mission, son humanité que de continuer à vivre comme des serpillières et des passoires), nous pouvons aller vers le sacrement de mariage et en vivre.
A partir de là, nous contemplons.

Tout à l’heure, nous nous sommes mis à genoux et nous avons contemplé le Saint Sacrement, nous avons adoré Jésus, le feu et la lumière qui resplendissent sur la Face de Jésus : Il est assis à la droite du Père, Il resplendit, Il est là, Il va s’immoler, se livrer à nous. Nous le contemplons, nous le regardons, Son silence est lumineux, transformant. Dans le sacrement de mariage, il faut faire pareil. Il n’y a pas que le prêtre qui adore le sacrement de l’Eucharistie : les fidèles, les baptisés, les croyants adorent aussi le sacrement de l’Eucharistie. Le sacrement de mariage a en lui-même la Présence de Jésus, Présence divine, humaine, parfaite, transactualisée, accomplie. La substance du Visage de Dieu est dans l’Eucharistie, et l’accomplissement de la Présence de Jésus dans la Résurrection est dans le sacrement de mariage. Alors nous contemplons cet accomplissement de la Présence de Jésus dans le sacrement de mariage. Nous pouvons adorer Jésus dans tous les sacrements : nous faisons oraison pour adorer la Présence de Jésus dans le Baptême, sa Présence dans les Missions invisibles du Verbe de Dieu et du Saint Esprit dans leur âme ; ils vont adorer le Père en esprit et en vérité tous les jours, grâce à cela ; ils vont adorer Jésus dans l’Eucharistie en s’engloutissant dedans et en étant assumés par Lui ; ils vont adorer la Présence de Jésus dans le sacrement de mariage, même s’ils ne sont pas mariés.
Si nous pressons un sacrement, il en sort un fruit. Si nous pressons la grappe, il en sort le vin, surtout nous le faisons bien vieillir dans la cave. Le sacrement de mariage a bien entendu un fruit, et c’est ce que j’aurais voulu regarder avec vous aujourd’hui. Le sacrement de mariage a un fruit : un petit garçon, une petite fille, Jésus petit enfant qui court devant nous dans la maison, Marie Immaculée petite fille qui court là au milieu de nous. Vite ! Quel est le fruit du sacrement de mariage ?

Pour avoir le fruit de l’Eucharistie, nous adorons le Saint Sacrement, nous célébrons la messe du sacrement, nous communions à la Présence vivante réelle accomplie du sacrement, nous digérons, nous gardons cette Présence réelle accomplie du sacrement. Pour avoir le fruit du sacrement de mariage, il faut regarder le sacrement, demander à Jésus de le recevoir, y communier, ouvrir toutes les portes de la signification sponsale de notre corps pour recevoir au- dedans de nous cette Présence accomplie du sacrement de mariage qui surabonde et rayonne comme du lait qui jaillit. Mais nous ne pouvons pas adorer le Sanctissime Sacrement du mariage si nous ne savons pas ce qu’il y a dedans.
Qu’y a-t-il dans le sacrement de mariage ?

Pour tous les sacrements, il y a une matière et une forme. La forme vivante de Dieu est le Verbe, le Fils de Dieu, la deuxième Personne de la Très Sainte Trinité qui a pris chair, voilà pour la matière. Les sacrements sont une manière pour le Verbe de Dieu de réaliser son humanité dans une Présence effective au milieu de nous, pour donner guérison, résurrection, délivrance, sanctification, transformation, assomption.

Dans le sacrement de mariage, la matière (le pain et le vin du sacrement de l’Eucharistie) est l’unité sponsale, la communion des personnes. Jean-Michel se mettait résolument en communion avec Anne-Marie, du dedans d’elle, et il priait avec elle, comme elle, pour elle, en elle et elle avec lui, il offrait la Présence vivante, il accueillait le sacrement et il remerciait, ils s’offraient mutuellement au-dedans de la Très Sainte Trinité dans le Ciel de la Jérusalem céleste. Quand on célèbre une messe sponsale, on réalise un corps commun, une chair commune, un cœur commun, une personne commune, une seule vie commune, intérieure mais très incarnée, très physique, et, c’est le mystère de l’Ascension : on pénètre dans l’éternité.

Il y a une très belle comparaison à faire avec le sacrement du prêtre. Que fait le prêtre ? In Persona Christi, il s’empare de ce qu’il y a dans l’éternité de la Résurrection de Jésus, au-delà du voile, et il le fait pénétrer dans le temps, et dans le corps des gens par la bouche. Dans le saint sacrement de mariage, c’est du dedans du corps des époux, dans la parole commune de leur unité sponsale, qu’ils font l’ascension, qu’ils s’arrachent et qu’ils pénètrent dans la Très Sainte Trinité dans la Procession du Saint Esprit, au cœur de la Résurrection de Jésus et de Marie et du Ciel. Le sacrement de mariage fait que nous offrons quelque chose de concret, de physique, de temporel, de personnel, d’humain, pour le plonger dans l’éternité. Le sacrement de mariage fait pénétrer l’instant présent de notre unité sponsale dans l’éternité et emporte du coup avec lui le temps et tous ceux qui vivent ce temps-là sur la terre dans l’éternité, tandis que dans le sacrement de l’ordre, le prêtre fait pénétrer l’éternité dans le temps. C’est le mouvement qui fait qu’il y a une matière et une forme. La matière est l’unité des deux, et la forme du sacrement est qu’il y a ce côté un peu transcendant, cette ascension, cette pénétration dans l’éternité.
Emmanuel me demandait si la verticale du signe de croix ne représentait pas l’être, l’existence, et l’horizontale la vie. L’existence et la vie ne sont pas la même chose : mon existence est transcendante, tandis c’est moi qui vit, parce que j’ai une âme. Non, la distinction entre l’être et la vie n’est pas symbolisée par le signe de croix. Par contre, c’est vrai, il y a quelque chose de transcendant et quelque chose de vivant dans le sacrement de mariage : la matière et la forme. La matière est l’unité sponsale divinisée, surnaturalisée par la grâce. Au cœur il y a cette unité sponsale qui est ouverte à la transcendance, à la Présence du Créateur, à la Présence de l’instant éternel de Dieu. Alors nous offrons : c’est l’offertoire. Une fois que nous sommes entièrement livrés à Dieu, nous allons chercher au ciel du sacrement la Présence réelle de Jésus qui s’unit son Epousée, la Présence réelle de Notre Père qui s’unit son Epouse au Ciel, éternellement. Nous recevons le sacrement, et dans le sacrement il y a une Présence réelle portée dans notre unité sponsale que je suis en train de vivre dans cette offrande. Et je vais communier à cette nouvelle Présence, à cet accomplissement, parce que mon unité, mon signe de croix de la sponsalité, revient avec une croix glorieuse, avec une résurrection de la sponsalité venue du Ciel, un accomplissement. Notre unité n’est pas absolument, infiniment, irrésistiblement et éternellement parfaite puisqu’elle est temporelle et qu’elle a ses limites (notre capital de vie est limité), mais dès que je vis du sacrement, je peux toucher la perfection de tout ce qui peut être communion des Personnes à l’intérieur de Dieu dans l’intériorité de mon corps uni à cette unité sponsale dans le sacrement de mariage.
Voilà pourquoi nous appelons Transactuation surnaturelle sponsale du sacrement de mariage ce qui correspond à la consécration. La perfection de tout ce que nous faisons à l’état pur dans l’unité sponsale en nous offrant à Dieu pour recevoir du-dedans le sacrement de mariage d’une nouvelle manière plus parfaite encore, réalise une transformation de la perfection mutuelle qui est la nôtre surnaturellement et sacramentellement. Nous passons donc d’une perfection, un acte, énergeïa, à une nouvelle perfection, un nouvel acte, énergeïa, qui cette fois-ci a conjoint l’éternité et le temps.

Il y a au Ciel, il y a en Dieu, des communions de Personnes qui sont absolument parfaites, infinies, inépuisables : entre la première et la seconde Personne de la Très Sainte Trinité, cette communion sponsale est tellement forte qu’elle produit Dieu Lui-même dans l’éternité avant la création du monde. C’est cette production qui se trouve présente dans l’unité de mon corps offert sacramentellement. C’est une transplantation de notre perfection mutuelle qui s’inscrit dedans sans supprimer notre perfection mutuelle. Il y a donc vraiment une transactuation, ou si vous préférez un ‘transaccomplissement’, une ‘transperfection’.
A propos du sacrement de l’Eucharistie, Luther disait que quand on célèbre la Cène, il n’y a pas transsubstantiation mais ‘in-panation’, c’est-à-dire que Jésus, en raison de notre foi, viendrait se rendre présent à l’intérieur du pain. Eh non Martin ! tu t’es trompé : ce n’est pas une ‘in-panation’, c’est une transsubstantiation, ce n’est plus du pain mais le corps du Christ : toute la divinité, tout le corps, toute l’humanité du Christ est là substantiellement. Tandis que dans le sacrement de mariage, nous nous réconcilions avec Luther, parce que c’est une ‘in-panation’, parce que dans l’unité sponsale, la perfection de la production du Saint Esprit à partir de l’unité du Père et du Fils vient s’inscrire dans le ‘pain’, dans l’unité sponsale sanctifiée et offerte de l’homme et de la femme. Cette ‘in-panation’ donne une perfection à cet amour mutuel parce qu’elle est en conjonction, en harmonie et en relation physique directe sans voile avec la production du Saint Esprit.
Mais il n’y a pas que la production du Saint Esprit à partir de l’unité de l’Epoux et de l’Epouse, la première et la seconde Personne de la Très Sainte Trinité : il y a aussi tous les autres mariages spirituels des saints, une multitude d’unités sponsales divines (nous ne sommes pas ici dans le fruit du sacrement mais dans ce qu’il y a dans la présence réelle du sacrement de mariage). L’unité entre le Père et le Fils, entre l’Epoux et l’Epouse, est une unité divine, sponsale. L’unité tout à fait extraordinaire entre le Nouvel Adam ressuscité et la Nouvelle Eve ressuscitée dans l’Assomption est une unité divine. L’unité future entre tout le mystère de la Résurrection du Trône et de toute la création dans une unité sponsale totale pour produire le ciel nous est donnée à l’état de germe (Présence réelle) dans notre unité sponsale sacramentelle.
Il y a beaucoup de présences réelles, mais ce qui fait l’équivalent de la communion à la Présence réelle du sacrement de mariage, ce qui est la finalité, l’accomplissement, la surabondance, l’action de grâce du sacrement de mariage, c’est quand je vais recevoir toutes ces unités sponsales divines éternelles, toutes ces unités sponsales divines
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glorieuses et surnaturelles, et toutes les unités sponsales saintes en les unissant à notre unité sponsale à nous et à tous les autres sacrements de mariage réunis sur l’orbe de la terre pour faire l’unité entre toutes ces unités sponsales différentes. La transactuation surnaturelle sponsale nous donne un pouvoir d’assimilation, de contemplation, d’incorporation de toutes ces unités sponsales différentes pour réaliser l’unité de toutes ces actuations sponsales surnaturelles, incréées, glorieuses, divines et théologales.
L’objet du sacrement de mariage est une très grande mission. C’est à partir de la terre que l’unité va se faire entre la Procession de la Très Sainte Trinité, la résurrection de la gloire du Nouvel Adam et de la Nouvelle Eve, et aussi l’unification de tous les mariages spirituels de tous les saints avec tous les fruits des sacrements de la terre. C’est ce qui va faire la conjonction eschatologique, la finalité, la récapitulation de tout ce qui est amour réel.
Je voulais vous lire ce petit passage sur la grâce du sacrement de mariage, extrait de : Les fruits des sacrements :
Que vous soyez marié ou pas, vous pourriez "inventer", sous l’inspiration du Saint Esprit, des prières comme celle-ci et prier :
« Seigneur, mon Dieu, je Vous offre toute mon humanité intérieure, tout mon mariage spirituel, toute ma transformation surnaturelle, tout ce dont je suis la moitié sponsale, pour que cela soit divinisé et sanctifié par Vous, que cela soit rempli de toutes les forces d’éternité qui sont en Vous dans le Monde Nouveau. »
La grâce du sacrement d’un prêtre consiste à mettre l’éternité dans le temps. Mais la grâce de la fécondité personnelle, de la sanctification personnelle du sacrement de mariage, consiste à transplanter actuellement dans l’éternité notre corps sponsal accompli dans l’unité des deux, ce corps qui lui est dans le temps. L’heure n’est plus seulement où Dieu pénètre dans l'homme, mais voici venir le jour où l’homme pénètre en Dieu. Dieu pénètre en l'homme : c’est le prêtre qui fait cela dans le sacrement de l'ordre. L’homme pénètre en Dieu : c’est le sacrement de mariage qui le réalise par la transactuation surnaturelle sponsale [Ce n’est pas parce que ce n’est pas moral ou éthique qu’il ne faut pas prendre la pilule, mais parce que nous saccageons tout, et que du coup il est impossible de réaliser notre mission]. L’Eternité dans le temps, c'est l'Eucharistie. Presser le fruit de la transactuation surnaturelle sponsale du sacrement de mariage, c’est faire entrer toute notre humanité à travers l’humanité intégrale surnaturalisée et transactuée de notre sacrement de mariage, de notre corps mutuel, la transplanter dans notre corps spirituel présent en germe dans la Résurrection du Christ et de la Vierge Marie glorifiée et assumée, c’est faire entrer notre mutuelle perfection divinisée par le sacrement dans le corps de résurrection qui sera le nôtre pour l’éternité et qui fait partie du corps de résurrection de Jésus entier et vivant, et d'en vivre [voilà la communion]. Il y a à ce moment-là des guérisons, des illuminations, des péchés qui sautent, des fils qui se coupent, des fécondités qui s'ouvrent. La Très Sainte Trinité se trouve d’un seul coup tout à fait libre à l’intérieur de nous et à travers nous. »
Contemplation et adoration
Il faut contempler la transactuation surnaturelle sponsale. Si je ne suis pas marié, je ne contemple pas tout seul, mais avec la signification sponsale de mon corps. Et si je suis marié, évidemment beaucoup plus encore puisque j’en suis source par le sacrement qui a été déposé entre mes mains pour que j’en use (droit d’usage du sacrement). C’est dans mon mariage spirituel avec toute ma moitié sponsale et perdu dans l’unité des deux que je me laisse contempler ce qui se passe dans le sacrement de mariage dans cette unité transactuée de toutes les unités sponsales incréées, éternelles, glorieuses, divines, surnaturalisées et sacramentelles.
Prenez par exemple l’admirable Ascension de Jésus : Il laisse Marie, Il laisse son Epouse, la Nouvelle Eve, au pied de l’arbre de la croix. Combien de fois a-t-elle dû célébrer la transactuation surnaturelle sponsale, mystiquement ? Elle n’était pas mariée avec Jésus sacramentellement. Elle a vécu cette transactuation surnaturelle sponsale jusqu’à la Dormition où Elle est rentrée dans un état de torpeur : son amour battait au même rythme que le cœur de Jésus qui était ressuscité, et le cœur de Jésus battait au même rythme que le cœur de Marie dans la Dormition, et en fait, il n’y avait qu’un seul battement cardiaque glorieux, éternel et temporel à la fois, avec un amour d’affinité dans un cœur d’unité sponsale parfaite dans une humanité intégrale parfaite qui n’était ni homme ni femme, ni Jésus ni Marie, mais un seul amour incarné, glorieux et saint. Ce qui s’est passé à la Dormition est inouï ! Marie est en affinité totale, de l’intérieur, Jésus aussi, de l’intérieur, et d’un seul coup un bouton de fleur s’ouvre à l’intérieur d’Elle à l’Assomption, Elle part, s’envole, assimilée par le soleil de l’unité sponsale de Jésus dans le Ciel : Elle est venue manger le soleil de son unité sponsale glorieuse et donc Elle a été assumée.
Ce qui est tout à fait extraordinaire est que Jésus assis à la droite du Père ne s’est pas tourné les pouces : Il n’a pas cessé de vivre cette unité sponsale avec l’Immaculée, avec la Nouvelle Eve, avec les sacrements, avec la transformation, avec la transactuation surnaturelle sponsale mystique mais bien réelle. Il s’est plu à mettre dans l’humanité de Marie, dans la plénitude de sainteté de Marie, toute la gloire de sa Personne divine. Il ne faut pas oublier qu’en tant que Personne divine Il est féminin, et Il s’est plu à se préparer à Lui-même, Personne divine féminine, dans le sein du Père, de l’Epoux, à préparer en Marie quelque chose qui soit adapté dans l’unité glorieuse de la résurrection de la chair, à sa propre Personne pour vivre la spiration du Saint Esprit.
Il faut contempler cet instant incroyable (qui est objet de notre foi, et qui n’est donc pas du tout incroyable) où Marie glorieuse est au-delà de l’unité sponsale avec Jésus ressuscité, la gloire du Verbe de Dieu dans la chair. Elle est la gloire de l’Epouse, deuxième Personne de la Très Sainte Trinité. Jésus est une semence de Résurrection pour Marie. La Résurrection de Jésus n’est pas la Résurrection féminine de l’Epouse en Dieu. Ce ne sont pas seulement des mots, il faut contempler cela, et le vivre avec tout ce qu’il y a de parfait dans notre unité d’amour, dans ce qui dépasse notre unité d’amour avec tout ce que nous aimons à la perfection et de qui nous sommes aimés, dans le mariage spirituel de l’oraison par exemple, si nous arrivons au bout, au-delà de notre mariage spirituel, c’est cela que nous touchons et avec cela, nous utilisons le fruit du sacrement de mariage qui est sur la terre pour venir nous installer dans le corps spirituel de résurrection et assister à ce mariage, à cette assomption à l’intérieur de la Résurrection de Jésus qui de l’intérieur se laisse prendre par le petit bouton qui est entièrement brûlé par le Ciel de la Résurrection et qui devient le bouton du Verbe, qui devient la fleur du Verbe. C’est la vocation de Nazareth, la fleur qui s’épanouit : au niveau sémantique, Nazareth n’a de signification que par rapport à l’Assomption. Il est beau de comprendre cela.
C’est aussi l’adoration du sacrement de mariage : j’adore, quand je contemple ce mystère de l’Assomption, et à partir de la Résurrection de ce qui dépasse l’unité des deux dans la chair glorieuse du Nouvel Adam et de la Nouvelle Eve, j’assiste du-dedans d’eux dans une in-panation glorieuse, la Procession du Saint Esprit. J’ai donc bien l’unité d’une transactuation surnaturelle et l’unité de toutes les sponsalités surnaturelles divines incréées, créées et saintes qui s’y trouvent. Je le contemple et je l’adore comme j’adore le Saint Sacrement de l’autel.
Si je l’adore, si je le contemple, alors je peux, ayant communié, sans être séparé de                                          tous ceux avec qui                                                         j’y
communie, je peux faire l’action de grâce pour que tous les amours soient unis les uns aux autres dans une harmonie parfaite et avec tout ce qui a soif d’amour dans la création, puisque tout être est soif de gloire de Dieu. A ce moment- là je vis du fruit du sacrement de mariage. Une fois que je surabonde de ce fruit du sacrement de mariage, je me sanctifie, le Saint Esprit est libre, l’unité du Père et du Fils est libre en moi et dans toute création glorifiée en puissance et en acte. Du coup je peux re-procréer chacun de mes enfants dans cette unité d’amour incréé et créé en même temps pour les sanctifier, les délivrer, les faire grandir. Je peux aussi célébrer tous les effets du sacrement de mariage de délivrance, de libération, de reconstruction, de miséricorde et de pardon.
C’est mystique, mais ce n’est pas parce que c’est mystique que c’est éthérique ! Il                                          y en a  qui                                                  confondent
mystique et éthérique. C’est mystique mais c’est physique, parce que c’est une Présence réelle.
Je vous salue Marie pleine de grâce, le Seigneur est avec vous
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni
Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pêcheurs, maintenant et à l’heure de notre mort
Amen


Extrait du Livre des Œuvres divines de Sainte Hildegarde
(dans Sponsalité, Jalons : conclusion de la deuxième conférence sur la signification de la solitude originelle)
Pour illustrer ce que nous avons dit sur le premier élément de la signification du corps de le livre de la Genèse, qui regarde le point de vue de la SOLITUDE, je voudrais vous lire quelques passages tirés des visions de sainte Hildegarde, une bénédictine allemande de l'époque de saint Bernard, la sainte qui a reçu probablement le plus de grâces de lumière sur la compréhension des secrets de l'univers par la connaissance.
Ces lignes sont tirées de son livre, Le livre des œuvres divines :
"Dieu a donc consigné, dans le corps de l'homme, toutes les créatures. Il a aussi reproduit en lui l'ordre des différents moments de l'année. Le temps est récapitulé dans le corps de l'homme ainsi que tous les corps qui sont dans l'univers, toutes les réalités vivantes aussi, comme les animaux, le cosmos, sont récapitulés dans le corps de l'homme.
L'été correspond à l'homme éveillé, l'hiver à l'homme qui dort. L'hiver renferme en lui, ce que l'été profère dans la joie. Le sommeil réconforte le dormeur, pour qu'il soit rapidement apte à certaines œuvres, quand ses énergies s'éveillent. Il a donc distingué en lui les mois, discernant les qualités et les vertus.
Le mois de Janvier est humide et froid : il correspond au cerveau, à l'enfance, à l'innocence souvent menacée.
Le mois de Février est le mois de l'humidité : il correspond aux yeux, à la purification souvent entravée par le péché.
Le mois de Mars est un mois troublé : il correspond aux oreilles, à la première jeunesse, au repentir qui suit le mensonge et la tristesse.
Le mois d'Avril est lui aussi ambigu, mais les intempéries ne peuvent entraver la croissance de la végétation : il correspond au nez.
Le mois de Mai est le mois de la douceur et de la fécondité : c'est le triomphe du sens de la vue.
Chacun de ces 5 mois correspond donc à l'exercice de notre corps, dans les 5 sens externes.
Le mois de Juin est sec : il correspond aux épaules.
Le mois de Juillet voit le triomphe des énergies : il correspond aux bras ; l'homme accomplit son œuvre dans la foi, comme la nature produit ses fruits.
Les mois de Juin et de Juillet correspondent à la force et aux énergies, et mettent donc l'homme aux portes de son œuvre qui est la FOI". (page 115)
Que veut dire pour sainte Hildegarde, le triomphe des énergies ?
Faisons attention à ce que recouvre le mot "énergie", à cause de tous les contresens que nous risquons de faire dans le courant des ésotérismes. Un cours de métaphysique serait ici nécessaire pour regarder ce que signifie en grec, le mot "En ergéia ". La particule "En" exprime "à l'intérieur" et "Ergon" désigne "l'œuvre, le travail".
Quand l’œuvre de Dieu s'achève dans l'homme, on est aux portes de la foi. Donc, pour sainte Hildegarde, l'énergie désigne le moment de l'épanouissement accompli de l’homme, qui est tel que ce dernier se trouve aux portes de la foi. Cela veut dire qu'il est devenu contemplatif. Ceci n'est pas de moindre importance, par exemple pour le sacrement de mariage, puisque c'est ce que nous voulons regarder. Si, à travers votre corps, vous ne contemplez pas la création, qui est la signification de toute la Sagesse créatrice de Dieu, création présente physiquement en votre corps, comment pourriez-vous atteindre, en toute vérité, de manière contemplative, le corps et la personne de celui qui est à côté de vous ? Et si vous n'êtes pas contemplatif, comment pourriez-vous atteindre, précisément à travers cette double contemplation, la Foi dans le mystère de l’unité sponsale où la Présence de Dieu réalise ce troisième "être" qu'est l'unité des deux, et qui constitue lui-même la matière du sacrement de mariage ?
"EN-ERGON" est à rapprocher de "ENERGEIA" utilisé par Aristote. Il va être mis face à un autre mot "EN-TELE- XEIA" qui est l'acte dans son enracinement : l'ayance dans la fin ("EN" : à l'intérieur ; "TELOS" : la fin ; "XEIA" l'ayance).


Lorsque je suis à l'intérieur d'une œuvre créée, en allant le plus loin que je puisse réaliser, jusqu'au bout des potentialités de la créature (energeia), ce n'est pas encore fini, il y a encore un enracinement supérieur qui se loge dans la foi, dans l'Acte pur.
L'énergie ne se termine pas à elle-même, elle se termine par une potentialité par rapport à un Autre, dans une complémentarité. L’énergie est plénitude d'épanouissement ; mais cet épanouissement permet l'ouverture, comme la fleur s'ouvre pour donner son fruit. Mais le fruit n'est pas l'énergie, c'est la Foi. Avec la foi apparaît un nouvel enracinement qui trouvera son principe final dans l’Acte pur, c’est-à-dire Dieu.
Dieu, éternellement avant la création du Monde est l'Etre Premier, pleinement vivant, dans un épanouissement total d’amour, totalement relatif à un Autre que Lui-même, puisque l’autre que Lui-même est une autre Personne en Lui- même et en Acte. Et, du coup, il n'y a plus qu’une seule Personne, puisque les deux Personnes qui s'aiment, réalisent cet acte dans l’unité sponsale pour une Spiration substantielle et actuelle : Tel est le mystère de la très sainte Trinité qui explique comment Dieu est Acte pur.
Or, il va y avoir quelque chose de cet Acte pur de la très sainte Trinité, qui se retrouve dans l'homme. Mais si je mets le sommet de l'homme dans les énergies, je me coupe complètement de l'homme dans son fondement qui est la solitude et qui fait qu'il est une personne, un être qui subsiste par lui-même.
Reprenons le texte de sainte Hildegarde :
‘‘Le mois d'Août est le mois qui correspond aux mains : l’âme finit par atteindre Dieu dans l'ardeur du plein soleil".
Chaque fois que vous faites une caresse à votre enfant, que vous prenez dans vos mains ses deux joues, il faut penser à ce texte : l’âme finit par atteindre Dieu dans l'ardeur du plein soleil. Comment être vraiment homme sans cette dimension contemplative incarnée ? Sans elle, tout est très frustrant et il est incompréhensible qu'à partir de là, on assiste à une recherche de compensations stupides.
Le mois de Septembre est le mois des fruits : il correspond à l'estomac ; la patience se joint à l'humilité.
Le mois d'Octobre est un mois froid ; il correspond au vieillissement qu'accompagne la Sagesse.
La Sagesse est toujours créatrice, mais dans la gratuité : dans le DON.
Le mois de Novembre correspond aux genoux ; c'est le mois de la mélancolie, et du deuil, du péché, également.
Le mois de Décembre correspond aux pieds ; sans l'ardeur des Dons du Saint Esprit, l'homme oublie sa nature propre, et il est souillé par la puanteur des péchés.
La puanteur des péchés, c'est quand l'homme est tellement séparé de la Source de la vie, l'Esprit Saint, qu'il finit par mourir et puer. Or, vivre des 7 Dons du Saint Esprit est impossible sans la grâce sanctifiante. L'Esprit Saint est une expérience d’amour personnel. Le Saint Esprit n'est pas dans la mémoire du catéchisme. Quand on a aimé quelqu'un éperdument, on s'en souvient jusqu'à la mort. Et quand j'ai une expérience de communion avec l'Esprit Saint, si je ne m'en rappelle pas jusqu'à la mort, c'est que je n'en ai pas eu l'expérience. Pour le chrétien, c'est très important de vivre d'une expérience d’amour avec l'Esprit Saint à travers les 7 Dons.
Continuons le même texte de sainte Hildegarde :
Quand Dieu considéra l’homme, il Lui plut beaucoup : ne l'avait-Il pas créé à sa ressemblance et selon la texture de son image ?
A l'homme de proclamer par l'instrument de sa voix de raison la totalité des merveilles divines ! C'est que l'homme est la totalité de l'œuvre divine, et Dieu est connu par l'homme, puisque Dieu a créé par lui toutes les créatures, et puisqu'il lui a accordé dans le Baiser du véritable Amour, et par la raison, de Le célébrer et de Le louer...
Mais il manquait à l'homme une aide qui lui ressemblât. Dieu lui donna cette aide, dans le miroir qu'est la femme. "
Comme si l’homme, tant qu'il n'y a pas le corps masculin et féminin ne pouvait pas se voir tel qu'il est. Tant qu'il est seulement face aux corps des réalités créées, animales, cosmiques, il ne peut pas se connaître, il se perd. Il faut qu'il soit face à un corps différencié pour voir QUI il est, CE qu'il est, et QUEL est son ACTE, c'est-à-dire l'aspect divin et éternel en lui, son épanouissement dans l'éternité ... pour cela, il lui faut la femme. Le Pape dira la même chose, mais autrement, à sa manière.
Celle-ci recela ainsi tout le genre humain qui devait se développer dans l’énergie de la Force divine.
C'est à partir du moment où apparaît le face à face de l'homme et de la femme, avec la différenciation sexuelle, que surgit une espèce d'appel à l'indissociabilité pour atteindre l'éternelle béatitude de l'homme : l'éternelle béatitude de Dieu dans l'homme et l'éternelle béatitude de l'homme en Dieu. Sans le corps différencié sexuellement, il est impossible à l'homme de le saisir et de se donner dans sa vocation, dans l’ordre de l’amour...
Dans cette énergie, Dieu avait créé le premier homme.
L’énergie de la Force divine est dans "le corps masculin". Il s'agit du corps au sens large, pas au sens biologique, ni au sens physiologique, ni au sens sexuel, mais du corps façonné par Dieu, en même temps qu’Il le crée dans un subsistance métaphysique, qu’Il anime spirituellement, et qu’Il le constitue être de vie dans son corps. Son corps fait partie de lui, substantiellement. C'est son corps qui donne à l'homme sa plus grande noblesse (par rapport à l'ange) et c'est ce qui rend l'ange jaloux. C'est pour cette raison en effet que se révoltent les puissances des ténèbres qui vont faire croire, par la tentation, que le corps est pour l'homme un avilissement, une corruption, alors que c'est sa noblesse.
Donc, "Dieu avait produit le premier homme dans cette énergie de la Force divine" et "dans le miroir qu'est la femme, est recelé tout le genre humain qui devait se développer dans l’énergie de cette Force divine" Vous voyez la fonction différente.
La femme saisit cette Force divine qui est dans l'homme et, en la saisissant, en la prenant pour elle-même, elle devient porteuse de tout le genre humain. Le genre humain est comme enfermé, caché ; même son germe n'est pas présent dans le corps de l'homme. Il faut que la femme soit là pour que l’énergie de la Force divine, étant prise par elle, puisse se manifester dans le développement du genre humain.
Il faut bien comprendre la grande différence entre la fonction métaphysique de l'homme et celle de la femme :
L'homme est l’énergie de la Force divine et c'est dans cette énergie de la Force divine qu’il est créé comme homme.
Et la femme, comme miroir, face à lui, saisit cette énergie qui est dans l'homme et lui permet de se développer, ainsi qu'elle porte en elle tout le développement du genre humain. Elle permet à cette énergie de l'homme de se manifester, de se développer : telle est la fécondité de la femme, pas seulement du point du vue de l'enfant, mais dans tous les points de vue, et dans tous les domaines de l'homme : celui de la contemplation, celui de la vie, celui de la grâce, et celui de la Gloire de Dieu.
Sainte Hildegarde continue :
Aussi homme et femme se joignent-ils pour accomplir mutuellement leur œuvre, car l'homme, sans la femme, ne serait pas reconnu comme tel, et réciproquement.
C'est le double mouvement de l’action créatrice de Dieu en moi. Dieu crée toutes les créatures par moi, et il me donne de Le célébrer et de Le louer. L'homme va ainsi reconnaître qui il est. Il est source pour les êtres corporels créés par Dieu et source de leur récapitulation dans la louange et la gloire du Créateur, dans le Don suprême d'une gloire victorieuse de tout.
La femme est l'œuvre de l'homme, l'homme instrument de la consolation féminine, et les deux ne peuvent vivre séparés. L’homme désigne la divinité, la femme l'humanité du Fils de Dieu. Ainsi, l'homme occupe-t-il le siège du tribunal terrestre, et il est le maître de la création toute entière. Chaque créature lui obéit et lui est soumise. Il domine toutes les créatures, comme David l'a proclamé, inspiré par Moi : "Yahvé dit à mon Seigneur : siège à ma droite ; tes ennemis, j'en ferai ton marchepied".


Le fruit du sacrement de mariage
"Celle-ci sera appelée Isha, car elle fût tirée de l'homme. C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère, s'attache à sa femme, et les deux deviennent une seule chair. Or, tous deux étaient nus, l'homme et la femme, et ils n'avaient pas honte l'un devant l'autre". (Genèse 2, 23-25).
A partir de l'enseignement du Magistère ordinaire et universel donné par le Pape au cours des quarante-deux audiences du mercredi, dans son commentaire sur Le livre de la Genèse à propos du corps de l'homme et de la femme et ce que le Pape appelle "la signification sponsale", nous pouvons savoir comment la fusion des cœurs entre l'homme et la femme doit se réaliser quand elle est vécue selon la loi naturelle telle qu'elle est pensée par le Créateur, comment se réalise l'exercice de l'amour entre l'homme et la femme d'une manière qui est selon la nature du cœur de l'homme et du cœur de la femme, et comment le sacrement de mariage va pénétrer dans la signification sponsale du corps. Le sacrement va permettre de retrouver cette dimension naturelle de notre corps et de surnaturaliser les dimensions blessées.
Pour nous, aujourd'hui, c'est difficile de le comprendre parce que nous en avons perdu l'expérience, mais c'était l'expérience du premier homme et de la première femme. Et il est capital pour nous, qui sommes appelés à vivre de l'amour masculin-féminin, d'assimiler cela pour bien comprendre aussi toutes les malfaçons qui nous en séparent. Et pour savoir également comment il faut essayer, au moins dans l'intention, de retrouver cela.
Le Pape dit que "le premier devoir, le plus urgent, de ceux qui ont la vocation de l'amour [c'est-à-dire, tout le monde], de ceux qui ont la vocation du mariage, notamment [donc, quelques uns], c'est avant tout [toutes affaires cessantes/, de faire de cette théologie du corps des origines, le contenu de leur vie et de leur comportement" (discours du 2 Avril 1980).
Il   est quand même assez étonnant que cette grande révélation de la Genèse explicitée par le Pape ait fait, au niveau de la sagesse théologique, une véritable révolution dans la vision du corps de l'homme et de la femme et du mariage, à un point tel que l'on en a modifié le Droit canon. Et le plus curieux est que c'est à l'humanité des derniers temps, à celle qui doit être confrontée à toutes les attaques multiformes de la Bête et de l'Antichrist, dans l'assaut final, que ceci est révélé. Ce qui voudrait dire que le seul moyen, et, peut être, le dernier rempart pour être fort face à toutes les séductions de l'Antichrist, c'est de vivre de cet amour humain et divin entre l'homme et la femme, dans notre corps, tel qu'il est voulu dans le plan de Dieu. Si l'Eglise et l'Esprit Saint demandent à l'Eglise d'ouvrir très grande cette porte en mettant une priorité sur cette théologie du corps des origines (puisque c'est avant tout que l'on doit faire de cette théologie du corps, le contenu de notre vie et de notre comportement), c'est bien la preuve, probablement (l'Esprit Saint étant toujours prophétique), que la grande attaque sera pour empêcher l'homme et la femme de connaître l'amour dans leur corps, au grand sens du mot.
Tout a commencé, dans l'univers, par l'Epoux et l'Epouse, dans le sacrement de mariage. Il est normal que, eschatologiquement, la théologie de la sponsalité s'explique juste avant le Retour du Christ, parce que c'est précisément la dernière mission de l'Eglise. Et son fruit sera le Retour du Christ qui réalise précisément la récapitulation de l’univers dans la Gloire.
Voilà la mission du sacrement de mariage. Et nous ne pouvons pas faire comme si nous n'étions pas responsables. Cette fécondité dépend de l'intention sacerdotale mutuelle dans le sacrement de mariage : Le Concile Vatican II l'a explicité nettement en parlant du sacerdoce royal.
Modalités d’entrée dans le sacrement de mariage
Quelle est la matière et quelle est la forme du sacrement de mariage ? Car s’il n'y a ni matière, ni forme, ou si l'une ou l'autre est absente, il n'y a pas de sacrement . Le point de vue du mariage se réalise par le corps, que la sagesse grecque voyait comme un composé de quatre éléments qui sont : la terre, l’air, l’eau et le feu. Le Pape nous a montré que l'homme a été créé en son corps, homme et femme, et qu'à ce point de vue-là, il est à l'image de Dieu : il est terre : Dieu est Créateur ; il est eau : Dieu est Donateur de vie, c’est le Père ; il est air : Dieu est Sagesse, c'est le


Verbe ; il est feu : Dieu est Amour, c'est l'esprit Saint. Le Saint Père nous explique que l'homme est "à l’image et à la ressemblance de Dieu" dans ses quatre dimensions de solitude, d'unité, de nudité et de don et que c'est à travers ces dimensions que nous pouvons saisir la signification sponsale du corps. Et c’est l’unité sponsale, apparaissant dans l’unité de l’époux et de l’épouse, qui est la matière du sacrement de mariage.
Nature de la présence réelle sacramentelle actualisée
Qui est présent réellement dans le sacrement de mariage ? Dieu, certainement ! Quelque chose de surnaturel et de divin ! Mais qui ? et quoi ?
Nous avons vu que dans le sacrement de baptême, ce qui est présent, c'est le passage corporel de la mort de Jésus à la Résurrection. Vous êtes réellement présent à l'instant où Jésus passe de la mort à la Résurrection, dans Son corps. Dans le sacrement de l'eucharistie, c'est le corps ressuscité du Christ qui est réellement présent. C'est en vivant du baptême et de l'eucharistie que vous pouvez retrouver la possibilité d'irriguer l'intériorité de votre corps jusque dans une potentialité originelle perdue.
Dans le sacrement de mariage, l’unité sponsale réalisée est comme une "coupe". Cette coupe du mariage, cette ivresse surnaturelle qui s'inscrit dans la présence réelle, va recueillir tout un ensemble de sponsalités qui ne sont pas les nôtres, mais qui vont devenir nôtres. Il y a donc une présence réelle qui apparaît sous le voile de l’unité des deux, dans cette perfection mutuelle de l’unité sponsale.

  1. La présence réelle de l’actuation sponsale de la deuxième Procession de la Très Sainte Trinité qui génère l'Esprit Saint dans l’unité d’amour du Père (Epoux) et du Fils (Epouse).

Ce n'est pas l'Esprit Saint qui est présent réellement, c'est cette actuation sponsale de la Très Sainte Trinité, en quoi consiste la deuxième Procession. Le sacrement de mariage est le seul qui contienne la présence réelle de la deuxième procession de la Très Sainte Trinité.

  1. La présence réelle de l’actuation sponsale de l’amour de Dieu et de l’amour de l’homme dans une unité substantielle, le mystère de l'Incarnation d'où procède le Christ.

Dieu s'est "marié" avec l'humanité. La deuxième Personne de la Très Sainte Trinité, le Verbe qui est féminin dans la Très Sainte Trinité, se marie avec l'humanité dans un mariage d’amour, en prenant une chair masculine. Et de l’unité d’amour entre l'humanité (Jésus) et la divinité (le Verbe), va émaner une troisième réalité qui n'est ni Jésus, ni le Verbe, mais qui est l'onction messianique, la grâce capitale du Christ, le chef-d’œuvre de l'humanité, la gloire de Dieu (ce n'est pas pareil de dire "le Verbe de Dieu" et "le Fils de Dieu", et ce n'est pas pareil de dire "Jésus" et "l'onction messianique", "la grâce capitale du Christ", "le messie"). Vous avez la présence réelle de cet instant où Dieu se marie avec son humanité, ce moment de l’unité de l'humanité dans la divinité, et de la divinité dans l’humanité, qui fait apparaître le Messie dans l'Incarnation. Vous êtes en présence de la Res de l'époux et de l'épouse, à l'instant où le Christ apparaît. C'est immense ! Vous êtes dans votre unité sponsale, le "nouveau ventre" de l'Immaculée Conception, le "nouveau sein" de l'Eglise, puisque vous la faites en présence de toute l'Eglise où se trouve réellement présent, l'instant de l'Incarnation du Messie qui est éternel (c'est pourquoi cet instant peut se ré-actualiser dans le sacrement).

  1. La présence réelle de la procession de l’origine de l'Immaculée Conception

Le Verbe de Dieu et l'Esprit Saint, dans la blessure du Cœur de Jésus, disparaissent dans le cœur sacerdotal du Christ, et, de là, émane l'Immaculée Conception. L'Immaculée Conception procède de l’unité totale de deux Personnes divines, dans la blessure du Cœur de Jésus, ce que l'on nomme "le mystère du Shabbat". Cette procession de l’origine de l'Immaculée Conception est présente dans cette coupe.

  1. La présence réelle du passage de la dormition de la Vierge Marie à son assomption

Vous recevez aussi la présence d'un instant, à la fois temporel et éternel, celui par lequel le Christ, nouvel Adam, assume le corps de la Vierge Marie, nouvelle Eve, pour réaliser "une seule chair glorieuse" : c'est le mystère de l'Assomption. Jusqu'à la dormition, l’amour de la très sainte Vierge Marie n'a jamais cessé d'augmenter de sorte que sa charité surnaturelle atteint un degré d'intensité tel qu'il est en affinité avec la charité infinie du cœur humain du Christ ressuscité. Ce degré d’amour est extraordinaire : il fait que sa foi atteint un sommet impossible à égaler, qu'il ne reste plus que ce petit voile à déchirer pour réaliser l’unité sponsale en "un seul corps glorieux avec le Christ". Du coup, le Christ prend toute l'humanité de la Très Sainte Vierge (de la femme) à la dormition, et "recrée", sous un mode glorieux, le corps de la femme, dans son corps ressuscité glorieux. A l'Assomption, la Vierge Marie est intégrée dans l'omniprésence à laquelle participe le Christ ressuscité, physiquement, dans une seule chair glorieuse.
C'est ce passage, inscrit dans le Livre de l'Apocalypse, qui est là, présent réellement dans le sacrement : l’instant de l'Assomption d'où émanent le mystère de Marie, le mystère de la royauté de la Vierge Marie, le règne de la Reine immaculée du ciel et de la terre. C'est ce Règne qui émane de l’unité sponsale.
Ainsi s'accomplit la prophétie du livre de la Genèse : "L’homme quittera son Père (mystère de l'Incarnation) et sa Mère (mystère du Verbe et de l'Esprit Saint à la croix), il s'attachera à sa Femme (mystère de l'Eglise) et les deux ne formeront plus qu'une seule Chair (mystère de l'Assomption). Vous avez, dans cette coupe, la présence réelle de l'accomplissement de la prophétie.

  1. La présence réelle du Christ ressuscité et de l’Eglise

Le Christ est ressuscité d'entre les morts et il a envoyé l'Esprit Saint. Il veut nous mettre dans le sein du Père, Il veut l’amour. Il engendre l'Immaculée Conception, la Jérusalem céleste. Il s'appuie sur nous pour que cela se réalise... L'Eglise souffrante du purgatoire, l'Eglise militante de la terre et l'Eglise glorieuse du ciel s'unissent pour produire le Corps mystique : le premier Corps mystique est l'eucharistie, le second est la Jérusalem céleste ! C'est très fort, et c'est pourquoi Saint Paul nous dit que ce sacrement est grand !
Car il apparaît dans l’unité du Christ ressuscité, avec tous ceux qui croient, avec tous ceux qui sont entrés dans la vision béatifique, tous ceux qui sont dans l'espérance du purgatoire, tous ceux qui luttent sur la terre. Tous font un seul Corps mystique : un seul Corps apparaît, car l'homme et la femme font l’unité dans un seul corps. Vous pouvez donc intensifier l’unité du Christ ressuscité et de tous les membres de l'Eglise... C'est une responsabilité énorme ! Cela veut dire que, chaque fois que vous vivez la messe sponsale, dans l'intention du sacrement, vous videz le purgatoire, vous donnez la gloire accidentelle à tous ceux qui sont dans la vision béatifique, mais qui ne sont pas encore ressuscités dans leur corps, vous les invitez à l'intérieur de l’unité sponsale pour recevoir une gloire accidentelle nouvelle (ils n'ont plus de corps et attendent la résurrection de la chair), et vous donnez aussi une grâce actuelle à tous ceux qui luttent sur la terre, c'est-à-dire une intimité plus profonde de la présence réelle physique du Christ, au plus profond de leur corps, de leur chair et de leur cœur. Cette présence de l’unité du Christ et de l’Eglise, qui produit le Corps mystique, est un des aspects de la fécondité absolument extraordinaire du sacrement de mariage. Vous engendrez une Eglise de charité, à partir d’une Eglise de foi et du Christ ressuscité. Vous êtes des bâtisseurs de la Jérusalem céleste. Le Christ ressuscité, qui engendre la Jérusalem céleste, s'appuie sur nous tous pour que cela se réalise.
Pour mémoire, je propose la sponsalité qui n'est pas encore advenue dans notre histoire, mais qui est présente dans le sacrement de mariage, à savoir : l’union qui va exister entre la création toute entière et la Jérusalem céleste, qui est l'Eglise dans son accomplissement glorieux. Ce sera la fin d'un monde, quand la gloire de Dieu pénétrera toute la création.
Les "retrouvailles" de la création avec le Corps mystique glorieux de l'Eglise réalisent un mariage que l'on appelle l’instant éternel de gloire, qui est la Jérusalem céleste. Vous recevez, dans votre unité de chair intégrale, sacramentellement, la présence réelle de cet instant.

  1. La présence réelle du Christ, sacramentellement ”Per modum sacramenti”

Quand vous actuez la "messe sponsale", vous réalisez cette présence réelle, vous communiez, vous jouissez de votre mutuelle compénétration, écoulement délicieux l'un d'ans l'autre pour ne réaliser plus que l’unité des deux, dans laquelle vous disparaissez. Vous entrez alors dans un état d'adoration surnaturelle.
Vous avez ainsi les six présences réelles diverses qui représentent les six jours de la création, présents de manière plénière.
Fruit du sacrement : l’unité des actuations sponsales
Ce qu'il y a de plus parfait et d'actuel dans votre présence sacramentelle sponsale va pouvoir faire l’unité entre toutes ces sponsalités qui, dans l’histoire de l’économie divine, se sont réalisées successivement, soit dans l'éternité, soit dans le temps. La vocation du mariage, sacramentellement parlant, est d'unifier toutes ces sponsalités en un seul acte, une seule sponsalité : le mystère de l'Incarnation, le mystère de l'Assomption et le mystère de la gloire finale sont Un dans l’unité sponsale de l'homme et de la femme, dans le point de vue physique (car votre sponsalité se réalise dans le temps, donc c'est physique).
La présence réelle n'est pas tellement toutes ces processions du "troisième", dans ces sponsalités que nous venons de voir : elle est le fait d'unifier toutes ces sponsalités dans votre actuation sponsale. Cette unification de toutes les sponsalités dans votre actuation sponsale rejaillit sur tous les autres sacrements de mariage qui n'ont pas été actués de cette manière-là. Ainsi, vous pouvez irriguer tous les autres sacrements de mariage, parce que vous êtes, évidemment, en correspondance avec eux. C'est le principe des vases communicants.
Tout ceci démontre bien qu'il fallait attendre la proclamation du mystère de l'Immaculée Conception, la proclamation de l'Assomption, l'enseignement du Père Maximilien Kolbe, et celui du Pape Jean-Paul II, pour pouvoir développer tout à fait une doctrine cohérente sur le contenu surnaturel du sacrement de mariage. Voilà pourquoi le Saint Père dit que le Père Kolbe est le patron des temps qui s'ouvrent.
C'est en effet lorsqu’étant chrétiens responsables, vous prenez à pleines mains le sacrement de mariage et que vous êtes dans l’unité des deux par le corps différencié, lorsque se réalise cette actuation de laquelle résulte l’unité des deux par le corps, que vous utilisez la dimension sacerdotale du sacrement de mariage. Alors, cette unité sacramentelle des deux devient le lieu de toutes les actuations sponsales que nous venons de voir séparément.
Vous êtes en présence de la Res du sacrement de mariage qui consiste à donner, dans le temps et dans le lieu d'un corps unique, une unité à toutes les actuations sponsales incréées, dans une seule actuation sponsale surnaturelle sacramentelle.
Ce fruit du côté divin est un fruit énorme !
Et nous voyons, si nous faisons cela, que nous avons une action directe sur l'extension, en ce temps, de l'incorporation de la gloire qui est dans l'Incarnation de Jésus, dans l'Eglise, dans l'influence déterminante et définitive de la Très Sainte Vierge Marie et du Christ-Roi, en Marie Reine, dans le mystère de l'Immaculée Conception. Tous les lieux et tous les temps sont absorbés un peu plus dans le point de vue de la gloire éternelle, parce que l'incréé transcende le point de vue de la totalité. Et cela dans la mesure de la charité vécue dans votre sacrement de mariage. C'est le fruit du côté humain. Et nous verrons, au ciel, combien nous avons hâté le Retour du Christ dans la victoire sur le mal, en une seule messe sponsale. Finalement, tout cela induit le point de vue de la récapitulation de l’univers dans le plérome du Christ, et donc, le Retour du Christ. Le "Maranatha" de l'Apocalypse est sponsal : il est lié au cri de l'Epoux et de l'Epouse. Et si ce sacrement du mariage commence à être explicité aujourd'hui, c'est un signe eschatologique, prophétique, que nous sommes à la fin des temps, puisque c'est le sacrement qui nous permet de hâter le Retour du Christ, le "Maranatha ".
Pratique théologale de la ”communion ” à cette présence
La Res est une des choses le plus extraordinaires quand on étudie la théologie de la sponsalité. C'est peut-être pour cela que c'est le dernier sacrement explicité par l'Eglise. Un sacrement est une porte surnaturelle, divine ouverte à l'incréé... Nous avons souvent tendance à "humaniser" les sacrements, alors qu'ils sont là pour nous intégrer à l'éternité vivante de Dieu. Nous voulons toujours rabaisser à notre niveau, ressentir le divin, alors qu'il n'est pas à notre mesure, bien qu'il nous soit donné entièrement.
Ce passage de la Res au fruit reste le grand moment de la vocation du mariage. Il suffit de vivre intensément de cette Res pour qu’à l'intérieur du mariage, son fruit en soit communiqué à tous les autres sacrements de ceux qui ne le vivent pas explicitement. C'est dans ce moment d'amitié, de repos, de gratitude vis-à-vis de Dieu, du Christ et de votre conjoint, tout à la fois, que vous recevez cette Res.
Votre vocation, votre mission, c'est de donner à la Res son fruit. La mission du sacrement de mariage, l' Ite missa est de ce sacrement, c'est de faire de nous, à partir de la Res, une sorte de centrale divine particulière rayonnant dans toutes les directions de la grâce. Mais, il faut être capable d'avoir la maturité et la santé chrétiennes pour prendre cette présence réelle qui vous est donnée, pour l'intégrer dans votre corps, dans votre baptême, dans votre mission personnelle, pour la recueillir comme pour une Communion, pour lui faire donner ses fruits.
En effet, c'est à partir de ce que vous aurez recueilli, de ce qui vient de l'humanité intégrale, que vous avez les fécondités du sacrement de mariage, qui proviennent d'une "trans-actuation" : ce qui est actuel dans votre unité sponsale laisse la place à ce qui est actuel dans l'unification de toutes les sponsalités divines. Les mots exacts sont importants à cause des projections, des introjections. L'imaginaire et l'idéalisme jouent un rôle trop fort. Il faut une foi contemplative toute pure. Le corps est intégré dans cette trans-actuation qui mobilise toutes vos forces spirituelles : forces du corps spirituel, forces de l'esprit, forces de la foi. Lorsque vous vous retrouvez avec un tel trésor dans les mains, il ne disparaît pas, si vous savez le recueillir et le conserver. "Marie gardait toutes ces choses en son cœur", et saint Joseph gardait Marie en sa chair de manière à ce qu'une trace nouvelle apparaisse : celle du Fils de l’homme.
Les fruits du sacrement de mariage vont s'épanouir dans une triple fécondité surnaturelle, dans trois directions :

  1. La dimension sacerdotale du mariage : vous êtes capable de garder, de réaliser, de conserver et de donner cette présence réelle, comme le prêtre est capable de réaliser la transsubstantiation, de la prendre dans ses mains, et de la communiquer à l'Eglise. Cela s'apprend, et c'est le rôle de la préparation au mariage. Si vous n'apprenez pas comme se réalise une messe sponsale, vous ne la réaliserez jamais. De même pour le prêtre, si personne ne lui explique comment célébrer la messe, il ne pourra la célébrer. Il faut donc se former à cette révélation de la sponsalité (si cela vous désintéresse complètement, c'est que vous avez une vocation humaine du mariage et non une vocation à la sainteté du mariage). C'est l'Eglise qui vous forme, qui vous le demande, qui vous l'enseigne. Ce n'est ni la télévision, ni le psychologue ! Il va falloir prier ensemble, avoir une liturgie commune, avoir un oratoire et considérer le lit conjugal comme un "lieu sacré", comme le saint des saints, et non plus comme une abomination.

La mission sacerdotale est tout ce côté visible et actuel de la prière. Chacun doit apprendre à rentrer dans la signification sponsale d'un corps féminin, masculin, animé et actué uniquement par le point de vue religieux : la foi d'Abraham est liée à l'innocence d'origine. Il faut apprendre à pénétrer, spirituellement parlant, dans le corps de son conjoint et à toucher la présence de Dieu. C'est la finalité du sacrement de mariage.

  1. La dimension prophétique du mariage : cette dimension est la famille. La famille n'est surnaturalisée, n'est une "sainte famille" que si tout ce qui l'origine, s'origine dans la sacramentalité d'une famille. La famille est prophétique car elle va devenir le lieu dans le monde où la Très Sainte Trinité sera visible, où elle va se manifester à travers le

point de vue de l'église domestique. Le pape dit ouvertement dans son encyclique concernant la famille que la cellule fondamentale de l'Eglise n'est pas la paroisse mais l'église domestique de la famille. L'Eglise domestique est le lieu de l'eucharistie, le lieu principal de la présence réelle, et le lieu principal de la sponsalité sacramentelle, le lieu du baptême, le lieu essentiel du corps mystique de l'Eglise. Il est, dans la famille, un élément qui fait qu'elle va rayonner sur la société : à l'école, dès qu'il y a des enfants issus d'une église domestique, toute la classe est changée ; dans une entreprise, dès qu'il y a des employés issus d’une église domestique, tout change ; quand le père de famille sort d'une église domestique pour aller à son travail, le service n'est pas le même. Il y a dans la famille un côté prophétique qui fait que quelque chose change et la famille devient "cause exemplaire" pour ceux qui sont dans le monde. Cela n'a rien à voir avec le côté catho. Nous ne transportons pas nos icônes, c'est direct !
L'Eglise a commencé avec Jésus, Marie, et Joseph, la Sainte Famille. L'Eglise se terminera aussi avec et dans la Sainte Famile : l'Alpha rejoint l’Oméga. A la fin, il n'y aura plus que de "petites oasis" de saintes familles pour appeler le Retour du Christ. De même que la Sainte Famille a été à l'origine de la naissance de Jésus, c'est la sainteté de la famille qui sera à l'origine du Retour du Christ, de la renaissance de la Jérusalem céleste. Les familles d'aujourd'hui vivant de, et à la manière de la Sainte Famille, sont toutes très sensibles au mystère de l'Apocalypse, au "Maranatha", au "Viens, Seigneur !".
Les familles chrétiennes sont particulièrement visées pour être détruites, simplement parce que le démon se trouve face à la famille, face à ce noyau, face à la femme qui enfante. C'est écrit dans le livre de l'Apocalypse. Le démon est face au mystère d'une humanité qui est féconde par elle-même, et il ne supporte pas qu'une famille soit féconde par elle-même ! Elle devrait être féconde métalliquement (par fivette, par fécondation in-vitro, ou par toute autre fécondation en dehors de l’amour : une fécondation matérielle...).

  1. La dimension royale est le fruit final du sacrement de mariage

L’aspect royal est la dimension de sainteté. Mais, comment faire pour être des saints ? La dimension de sainteté du sacrement de mariage consiste à vivre pleinement des fruits de ce sacrement.

  1. La sainteté du conjoint : lorsque vous avez cette grappe, vous priez avec votre conjoint, ou séparément. Vous vous retrouvez avec ce trésor qui est étourdissant. Par une activité spirituelle élémentaire de responsabilité, puisque vous avez atteint la paternité et la maternité responsables dont parle le Saint Père, vous pouvez garder ce fruit intérieurement, dans toutes les cellules de votre corps, vous pouvez le prendre en main, et spirituellement, par la grâce de votre mission, la communiquer, la déposer dans la chair de votre conjoint endormi près de vous, pour l'irriguer, le guérir, voire le transformer et lui donner une grâce actuelle. Alors, vous sanctifiez votre conjoint.
  2. Votre sainteté personnelle : vous pouvez garder pour vous ce trésor, utiliser le sacrement du baptême et faire oraison. Alors, vous conjoignez la présence du passage de la mort à la résurrection du corps de Jésus avec cette trans­actuation extraordinaire, et vous faites oraison avec "votre" trésor. A ce moment-là, vous faites l'expérience d'un des sept Dons de l'Esprit Saint. Et, si vous n'avez jamais eu le bonheur de cette expérience, vous le vivrez intensément. C'est votre sanctification personnelle. Vous pourriez "inventer", sous l'inspiration de l'Esprit Saint, des prières comme celle-ci :

« Seigneur, mon Dieu, je Vous offre toute mon humanité intérieure. Sanctifiez-la afin qu'elle soit remplie de toutes les forces et de toutes les puissances d'éternité du Monde Nouveau. »
La grâce du sacrement d'un prêtre consiste à mettre l'éternité du Seigneur dans le temps. Mais la grâce de la fécondité personnelle, de la sanctification personnelle, consiste à transplanter actuellement dans l’éternité votre corps qui est dans le temps. L’heure n'est plus seulement où Dieu pénètre dans l'homme, mais l'homme pénètre également en Dieu. Dieu pénètre en l'homme : c'est le prêtre qui fait cela dans le sacrement de l'ordre. L'homme pénètre en Dieu : c'est le sacrement de mariage qui le réalise. L'Eternité dans le temps, c'est l'eucharistie. Presser le fruit de la trans-actuation sponsale, c'est faire entrer toute votre humanité dans votre corps spirituel, dans l'état où il sera dans la résurrection, et d'en vivre. Il y a à ce moment-là des guérisons, des illuminations, des péchés qui sautent, des fils qui se coupent... et des fécondités qui s'ouvrent... La Très Sainte Trinité est à nouveau libre, à travers vous, à l'intérieur de vous.
Il   y a deux sacrements dans l'Eglise qui structurent l'état de vie : le sacrement de l'ordre et le sacrement du mariage. Ils sont complémentaires : l’éternité dans le temps et le temps dans l'éternité. L’heure n'est plus seulement où Dieu vit en nous, mais notre corps spirituel doit pénétrer en Dieu.

  1. La sainteté de vos enfants : vous communiquez cette présence surnaturelle divine de Dieu lui-même et vous l'engendrez dans la chair de votre enfant, tous les jours, nommément. Si vous agissez ainsi, vos enfants ne peuvent perdre la foi. Et, la femme et l'homme seront sauvés grâce aux enfants qu'ils mettent au monde et qui gardent cette foi. C'est un des fruits principaux que de donner à Dieu des saints, de donner à Dieu des prêtres, des âmes consacrées. Il ne faut pas l'oublier. Si l’homme refuse d'offrir ce fruit à Dieu, c'est signe qu'il n'est pas un chrétien vivant réellement le sacrement de mariage. Refuser que son enfant entre au séminaire ou au couvent, est le signe que l'homme, ou la femme, n'a jamais fait un acte de foi surnaturel.
  2. La sanctification de tous nos frères : l'enfantement du Corps mystique est le mystère du Christ et de l'Eglise. Réaliser, dans le sacrement de mariage, le mystère du Christ et de l'Eglise, est une autorisation donnée à Dieu-Christ- Epoux de pénétrer de manière plus intime jusque dans la chair de tous les membres de son Eglise-Epouse. L'ermite

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reçoit une grâce d'intimité plus profonde, jusque dans sa chair. Quand vous réalisez la messe sponsale, en allant jusqu'au bout de sa signification, vous avez un pouvoir chrétien surnaturel qui va toucher le point de vue corporel de tous les membres de l'Eglise. Le mariage a une fécondité eschatologique. La guerre eschatologique, au niveau de la croissance de l'Eglise, appartient au sacrement du mariage dans la mesure où il doit faire naître quelque chose jusque dans la chair des croyants, faisant que le corps terrestre va laisser, peu à peu, la place au centre de gravité d’un corps spirituel. Il est très important, pour nous, de sentir cette grande responsabilité que Dieu nous donne dans la trans­actuation sponsale

  1. La sanctification de tout le cosmos : puisque l'accélération s'opère, à cet instant, et que tout le cosmos est présent dans "le petit cosmos que représente le corps de l'homme et de la femme", dans l’unité des deux, toute la création est présente, tous les êtres inanimés ou non-animés spirituellement sont présents. Le cosmos est donc "plongé" de manière plus profonde dans le corps ressuscité du Christ. Ainsi, par la médiation du corps spirituel, qui accélère le temps, vous accélérez le Retour du Christ. Le fruit de votre action de grâces, après la "messe sponsale", est formidable ! Le Retour du Christ se rapprochera grâce à ceux qui, dans l'Eglise, vivent du sacrement de mariage, lorsqu’ils en vivront de manière responsable et en orientant leur intention dans cette perspective eschatologique, selon leur vocation.

Dans l'oraison, vous recueillez ces cinq fruits. Vous passez de l'un à l'autre, avec une gratitude extraordinaire, car Dieu vous a choisis pour servir en sa présence. C'est la très belle action de grâces que vous pouvez faire, en présence ou en l'absence de votre conjoint.


Les 42 audiences du Pape sur la Sponsalité : extraits
Avent 1979 : Dieu est Créateur au plan de l’être. Pour l’homme, Il est Créateur d’exister et de DON. On voit l’homme plus proche de Dieu que des créatures. L’homme est fait à l’image de Dieu semblable à Lui. L’homme apprend à travers le Don des créatures à se connaître. L’homme est un être de Don : ce Don est grâce et le rend capable de Donner à son tour, comme Dieu. Le péché rend ce Don impossible. Signification archaïque des arbres (de Vie, de Connaissance du Bien et du Mal). La tentation porte sur le Don fait pour opposer à Dieu, montrer Dieu comme limitation, alors qu’Il est Don (Amour) et la plénitude de communion.
Septembre 1979

  1. Le Christ (Mat 19,4) montre que après la rupture le corps réfère à l’origine d’innocence : « A l’origine il n’en fut pas ainsi ». Le Christ est dans la perspective de la Rédemption : l’homme historique trouve son sens dans la tension de l’innocence d’origine et de la Rédemption. Cela correspond à l’expérience du corps. Voir aussi Paul : « Nous qui avons les prémisses de l’Esprit, nous gémissons en nos corps dans l’attente de la Rédemption ».
  2. La solitude originelle de l’homme : son sens

Le premier homme (2e récit) n’est dit mâle (ish) qu’après la création de la femme : donc l’homme seul est homme- humanité. La solitude est un problème plus fondamental que la distinction des sexes. Cette solitude est le test de l’homme face à Dieu pour se reconnaître comme créature et Dieu comme supérieur aux créatures. L’homme créé, au premier instant, est devant Dieu comme à la recherche de ce qu’il est : Seul parce qu’au-dessus de la création il se connaît comme ayant faculté de connaître le monde ; ainsi il s’affirme, différemment des vivants, comme personne.
10 et 24 octobre 1979 : 1e élément de l’anthropologie : la signification de la solitude originelle

  1. Solitude et conscience du corps. L’homme de l’Ancien Testament est une personne douée de subjectivité (conscience de soi-même et du monde). S’y ajoute l’autodétermination et le choix (les arbres). Telle est la double structure ontologique de Gen II. La solitude y est donc signe d’authentique compréhension. Il y apparaît comme SUJET de l’Alliance, partenaire de Dieu. Solitude : relation unique, exclusive et absolument singulière. Corps parmi les corps, son corps a aidé à la prise de conscience de sa solitude. « Remplissez la terre et dominez-la » : il est le seul à pouvoir dominer. La solitude originelle ... donc cette découverte par l’homme de sa « corporéité » propre, lui corps parmi d’autres corps.
  2. L’alternative entre mort et immortalité appartient à la définition ... de l’homme. La conscience de la supériorité naît sur la base d’une praxis impliquant l’intuition typiquement humaine des corps. Et non pas une analyse . primordiale : donc une subjectivité concrète : il est . une activité typiquement humaine : conscience et auto-détermination. D’où le problème, nouveau, de la « mort » au conditionnel. L’alternative entre mort et immortalité, hors de toute ., frappe sa conscience : elle appartient à la définition de la solitude . de l’homme devant Dieu. Cette alternative concerne particulièrement le corps créé « à partir de la poussière du sol » : en tenir compte dans une théologie du ... pour comprendre l’homme.
  3. La création de la femme (texte yawiste). La corporéité précède la sexualité et elles ne s’identifient pas totalement. Le fait que l’homme soit corps appartient à sa structure de sujet personnel plus profondément que le fait d’être homme et femme somatiquement. La solitude originelle est donc substantiellement antérieure à la signification de l’unité originelle. Mythique, c’est-à-dire façon archaïque d’exprimer un contenu plus profond. Récit sous forme de dialogue entre Adam et Dieu Créateur : action de Dieu se déroulant en corrélation avec la conscience humaine.

La torpeur : pour montrer l’exclusivité de l’action de Dieu, d’où Adam sort ish et isha. Cette « TARDEMAH » prend Adam dans le désir d’avoir un être semblable à lui, et engendre par Dieu le genre humain.
La côte : métaphore exprimant l’homogénéité ontologique des deux. La femme est créée sur la base de la même humanité : homogénéité somatique, ontologique, qui produit la JOIE de l’homme devant la femme comme « aide qui lui est accordée ».
2e élément de l’anthropologie : la signification de l’unité originelle

  1. Par la Communio personarum, l’homme devient image de Dieu. Unité (de nature) et Dualité (homme/femme) : dimension axiologique de l’homme. Genèse II : l’homme ici s’expérimente comme valeur : sa Joie annonce le Cantique des Cantiques. Ainsi la solitude biblique achemine l’homme vers la communion des personnes. Face aux « animalia », il est mené à découvrir « l’aide qui lui est accordée ». Donc la solitude est préparation, attente, ouverture à la communion des personnes.

Ce qui montre, en lien avec Gen I, que l’image de Dieu se lit à travers cette communion que l’homme et la femme constituent dès le début. Image par la solitude (Dieu est et gouverne le monde) et par la communion (mystère des Personnes divines) aspect théologique le plus profond de tout ce qu’on peut dire sur l’homme. « Os de mes os, chair de ma chair » : après avoir donné nom aux corps, ish montre et voit que le corps révèle l’homme, manifeste l’humanité.
Masculinité et féminité montrent le double aspect de la constitution somatique de l’homme, et, la nouvelle conscience du SENS de son propre corps qui consiste en un enrichissement réciproque ; conscience qui va plus profond que la constitution double. D’où les implications et développements théologiques (théologie morale, surnaturelle ; Tradition des prophètes).

  1. novembre 1979 : Une seule chair

Interrogé sur l’unité du mariage le Christ réfère à « l’origine » : la Genèse est la base de l’anthropologie théologique. La dualité sexuelle constitue l’homme homme ou femme par le corps ; la personne, constitutivement, est telle par le corps. L’acte conjugal, aujourd’hui, doit permettre de découvrir le mystère de la Création, et on revit « la valeur virginale originelle de l’homme émergeant de la solitude face à Dieu et face au monde ». Plus que la force instinctive de la corporéité, l’union conjugale opère un dépassement de la solitude inscrite dans le corps, dévoilant un peu plus son sens originel. Ce dépassement inclut toujours qu’on assume comme sienne la solitude du corps de l’autre.
Gen 2 : cette unité « d’origine » découle d’un choix réciproque : le corps qui dès le début aide l’un et l’autre à se retrouver en communion des personnes est l’élément constitutif de leur union mais sur la base d’un choix. Le choix, expression d’autodétermination, s’appuie sur la structure de la solitude originelle et sur son fondement : l’autoconscience d’être corps, et, avec ce corps, homme ou femme : le choix présuppose donc la mûre conscience du corps. Le choix présuppose donc même la conscience du sens du corps comme finalisé par la communion des personnes. Cela montre que dans toute union conjugale se découvre la conscience originelle du sens unitif du corps dans sa dualité sexuelle.
La Genèse montre que dans toute union se renouvelle le Mystère de la Création dans toute sa profondeur et sa force vitale originelles. La procréation est donc enracinée dans la Création et reproduit son Mystère. L’unité originelle inhérente au Mystère de la Création est normative.

  1. décembre 1979 : 3e élément de l’anthropologie : la signification de la nudité originelle de l’homme

Le niveau de l’analogie sponsale homme / Dieu (le corps de l’homme tel que Dieu le voit). Genèse 2, 25. La nudité, 3e élément de l’anthropologie originelle, clé de compréhension. Elle s’analyse dans le contexte de la conscience mûrie du corps et de son sens. Pas de honte : description de leur expérience réciproque de leurs corps.
Le Christ demande de dépasser le seuil de l’état « historique » de péché, expérience du corps avec un contenu et une qualité différents : la honte est une expérience-limite autant qu’originelle (Gen 3, 7). Parallèle Gen 2,25 et Gen 3,7,10,12 : la honte n’est pas un passage de la non-connaissance à la connaissance de la nudité, mais d’un changement de sens pris par la nudité elle-même, et d’un changement dans l’expérience du corps devant Dieu et les créatures, plus particulièrement affecte la relation mutuelle masculinité-féminité.

  1. décembre : La nudité

La pudeur est complexe : expérience interne et externe, qui éloigne et qui rapproche, qui est crainte de l’autre et moi à travers lui, recherche de la juste valeur. Elle a donc une signification fondamentale dans la formation de l’ETHOS, dans les relations sociales, surtout homme-femme.
A quelle plénitude de compréhension [avant la honte] du corps correspond la nudité originelle de Gen 2, 25 ? L’homme participe à la perception du monde par le corps dans son aspect extérieur correspondant à une plénitude de conscience du corps et de ce qu’il signifie. Recherche ici « l’innocence originelle de la connaissance ».
Ici, le corps humain, dans l’union commune de connaissance, exprime le moi humain personnel et fonde du dedans sa perception « extérieure » visible, le corps manifeste l’homme. Le manifestant il sert d’intermédiaire pour la communion de personne à personne en plénitude. Donc « ils n’en avaient pas honte » veut dire ceci : c’est l’affirmation que ce qui est « visiblement »masculin et féminin (et inhérent à la personne) institue « l’intimité personnelle » de la communion réciproque dans la parfaite pureté et une radicale simplicité. A quoi correspond une plénitude intérieure de la vision de l’homme en Dieu. L’homme est image de Dieu, il est ... avant d’en avoir conscience.
2 janvier 1980 : L’herméneutique du Don (Gen 1.) : nouveau critère « oblique »   pour la réduction anthropologique Solitude - Unité - Nudité. Le Don, terme acte du Créateur, implique la relation.

L’homme et la femme se voient à travers le Mystère de la Création avant de voir leur nudité . réciproque qui participe à la perception « extérieure » du monde et à la perception « intérieure » qu’est la vision du Créateur lui- même : « c’était bon ». Donc la Nudité est un bien originel de la vision divine et montre la plénitude de la vision par laquelle se manifeste « la valeur pure » de l’être homme et femme, du corps différencié : aucune rupture intérieur / extérieur, corps / personne. A travers le Mystère de la Création, l’homme et la femme se voient plus distinctement encore que par les yeux du corps, et ils voient donc la complémentarité réciproque des personnes, avec la compréhension particulière de la signification de leurs corps sur cette base de communion.
Introduction de l’herméneutique du Don, nouveau critère de compréhension de la solitude - unité - nudité originelle : « Il créa ». Il crée et se complait dans le bien. « Seul l’amour donne naissance au bien et s’y complait » (ICo 13). Donc l’acte de création est acte d’Amour. Il est BERESHIT BARA, Donation radicale et fondamentale. Le ... jaillit ex nihilo. Et ceci pour chaque créature.
Mais Don implique relation. C’est pourquoi cette dimension émerge avec l’homme. Le Don n’a de sens que par rapport à l’homme. La création est un Don ... avec l’homme image de Dieu, donc capable de comprendre le sens du Don. L’homme a reçu en Don le monde, et au milieu de ce monde, l’autre « homme ».

  1. janvier 1980 : La signification sponsale du corps (Gen 2, 18)

La solitude : « Ce n’est pas bon » ! : Adam n’a pas de quoi vivre une relation de don réciproque avec les animalia. Il faut « l’aide ».

Dieu montre l’essence de l’homme : comme personne il doit vivre pour quelqu’un : la communion des personnes est constitutive de l’homme. La relation de Don, de « POUR » réciproque, achève la solitude originelle de l’homme.
« C’est la chair de ma chair » : origine béatifiante où l’homme émerge dans la dimension du Don réciproque dont l’expression de son existence comme personne est le corps différencié. Tel est le corps : témoin de la création comme Don fondamental et donc aussi témoin de l’Amour source de ce Don. Voilà comment pénètre dans la ... du corps.
Début béatifiant par la Révélation et Découverte du « corps sponsal » dans le Mystère même de la Création. La signification du corps sponsal est en même temps révélée et découverte, et montre que le Don créateur atteint la conscience originelle de l’homme, devenant une expérience de don réciproque. Conscience => Don.
« Une seule chair » (v.24) : la procréation est reliée à la caractéristique fondamentale de l’existence humaine ; au sens personnel conscient, l’homme est libre de la contrainte de son corps et de son sexe.

16 janvier 1980 : Le Don dans la liberté de l’Amour

Liberté comme auto-domination, maîtrise de soi, pour se donner et ainsi se retrouver pleinement. « Pas de honte » : révélation de la liberté qui rend possible et qui qualifie le sens « sponsal » du corps.

La liberté intérieure d’auto-domination, liberté du don, permet à l’homme et à la femme de jouir de toute la Vérité sur l’homme voulue par le Créateur (cf Gaudium et Spes 24) : la créature voulue pour elle-même, qui ne peut se retrouver que dans un don sincère de soi, c’est-à-dire que l’homme et la femme se retrouvent réciproquement dans ce que Dieu a voulu que chacun soit pour lui-même. Accueil de l’autre tel que Dieu l’a voulu pour lui-même. L’être humain, image de Dieu par le corps différencié, entre dans le monde avec cette conscience du sens sponsal (et du sens tout court) de son corps.
Le « don sincère » révèle une valeur et une beauté au-delà du physique. L’affirmation de la personne est cet accueil d’un don réciproque => communion des personnes, communion qui se construit en comprenant de l’intérieur l’extériorité de l’homme, c’est-à-dire son corps différencié. Telle est l’expérience « à l’origine ». Telle est la structure . qui laisse sa trace à jamais et ici qui passe la route qui va de la Création à la Rédemption du corps. La conscience du sens (. sponsal) du corps constitue la composante fondamentale de l’existence humaine dans le monde.

30 janvier 1980 : Signification du corps et l’innocence originelle

Le don et l’acte de donner, contenus constitutifs du Mystère de la Création où dans le rayonnement de l’amour . est partie intégrante. Le sens sponsal du corps, le bonheur au principe, expriment cet enracinement de l’amour. Le bonheur, c’est l’enracinement dans l’amour : l’origine est une immunité principielle et béatifiante contre la honte par l’amour. L’immunité, l’innocence appartiennent au Mystère de la Création dont la plénitude est déterminée par la grâce (participation intérieure à la vie de Dieu), qui est source de cette innocence. La découverte de la signification sponsale du corps se réalise à travers cette innocence et donc elle est aussi Révélation. L’innocence originelle est ce qui exclut radicalement, à ses racines mêmes, la honte du corps dans le rapport homme femme, en élimine la nécessité dans l’homme, dans son cœur, dans sa conscience : elle nous révèle l’état intérieur du cœur de l’homme.

Deux fils convergents dans le Mystère de la Création : bonheur et innocence, le premier étant conditionné par l’autre, car l’innocence permet la fidélité intérieure au don selon la signification sponsale du corps. Telle est la conscience de l’homme avant la connaissance du Bien et du Mal.

6 février 1980 : La communion des personnes dans l’échange du DON et de l’ACCUEIL

La volonté étant innocente, se trouve facilité l’échange du don du corps selon la masculinité et la féminité, comme don de la personne. C’est « l’innocence de l’expérience réciproque du corps » qui inspire l’échange intérieur du don de la personne, et qui réalise comme personne, dans le rapport réciproque, la signification sponsale du corps masculin ou féminin.
Cette innocence intérieure, rectitude d’intention, pureté du cœur, consiste à l’acceptation réciproque de l’autre en correspondant à l’essence même du don. Ainsi le don réciproque crée la communion des personnes. La signification du don s’approfondit, et sa dignité, dans l’accueil exprimé de la nudité réciproque. Dignité parce que Dieu, à l’origine, veut l’homme homme et femme pour lui-même. L’innocence est donc une participation morale à l’acte éternel de la volonté de Dieu. Le contraire de cet accueil de l’autre comme don, serait l’autre comme objet. Réduire intérieurement l’autre à un « objet pour moi » serait le début de la honte et la honte correspond à une menace contre le don dans son intimité personnelle.
Donc « à l’origine », pas de honte, et donc acceptation de l’autre comme don. Deux éléments : donner / accepter le don / donner : Don / Acceptation / Don.
Eve se découvre et se retrouve elle-même dans son propre Don lorsqu’elle est acceptée telle qu’elle est (selon le Verbe de Dieu), c’est-à-dire pour elle-même par Adam, selon sa féminité et à travers son humanité : 1er temps. Elle parvient là à la profondeur intime de sa personne et à la pleine possession d’elle-même. Le fait de se retrouver elle- même dans son propre Don est source d’un nouveau Don d’elle-même :    conscience => accueil => don.
Dans ce premier temps, l’homme est celui qui reçoit le don. C’est à lui d’assurer le processus de l’échange du Don, de la compénétration réciproque du donner - recevoir en Don qui est une authentique communion des personnes. Enrichi du don de la femme dans sa personne et sa féminité, il s’enrichit encore en se donnant à son tour, car il y manifeste l’essence spécifique de sa masculinité qui, à travers la réalité du corps et du sexe, atteint la profondeur intime de la possession de soi grâce à laquelle il est capable d’être accueilli par la femme comme don, dans la révélation de l’essence intérieure et spirituelle de sa masculinité en même temps qu’avec toute la vérité de son corps et de son sexe. Et l’homme se retrouve lui-même à travers ce « don sincère de soi » etc.

  1. février 1980 : L’innocence originelle et « l’avenir de l’éthos » humain.

L’innocence originelle manifeste et constitue l’éthos parfait du don.

20 février 1980 : Le sacrement du corps

L’homme et la femme de la Genèse sont montrés créés pour le mariage (Gen 2, 24), ouvrant la perspective créatrice de l’existence humaine par l’auto-reproduction. « Pas de honte » montre qu’ils étaient unis par la conscience du don et la conscience réciproque de la signification sponsale de leurs corps où se manifeste toute la richesse intérieure de la personne comme sujet.

Cette signification, après le péché, restera comme un engagement donné à l’homme par l’éthos du Don inscrit au profond de son cœur humain, éthos de l’innocence originelle. A partir d’elle se reformera l’amour humain dans sa vérité intérieure et son authenticité subjective. L’homme s’y redécouvrira, à travers le voile de la honte, comme gardien du ... de la liberté du don, et la défendra contre toute réduction à l’objet.

Avant : innocence, grâce, amour, justice. Image de Dieu et portant en lui la dimension intérieure du Don, qui lui fait dominer, transcender sa corporéité, sa nudité. La conscience de la signification sponsale du corps est aussi un aspect de la ressemblance à Dieu.

Le corps de l’homme est sacrement, rendant visible le spirituel et le divin. Par sa corporéité différenciée, l’homme est signe visible et efficace de l’économie de la Vérité et de l’Amour, qui ont leur source en Dieu même et qui ont déjà été révélés dans le Mystère de la Création : en même temps que l’homme est entré dans le monde visible de la sainteté. Dans son corps d’homme et de femme, l’être humain se sent dès lors sujet de sainteté, sujet de Vérité et d’Amour. C’est la première fête de l’humanité qui tire ses origines des sources divines de la Vérité et de l’Amour dans le mystère même de la Création. L’homme est donc fondamentalement « Image de Dieu » et « appel à la gloire » si on l’atteint dans le Mystère de la Création.

  1. mars 1980 : La connivence conjugale

Adam s’unit (YADA) à sa femme, c’est-à-dire connut : procréation = connaissance
Le rapport corporel appartient donc à la dimension des personnes. Connaissance : cela montre l’essence profonde de la connivence conjugale car Adam et Eve . en particulier la signification de leur corps . et unique, grâce à leur corps, de chacune des personnes. Cela montre aussi que ça ne se réduit pas au ...
Le mystère de la femme se révèle dans la maternité. ... de la solitude originelle de l’homme ... (des animalia), se trouve . à la . de l’homme et de la femme voulue par Dieu (Gen 1, 27). C’est Adam qui connaît Eve et c’est Adam qui a eu honte de ... de son corps (Gen 3, .) : la connaissance porte sur la féminité. le mystère ... à fond par la maternité : « et elle enfanté ». Et par là, apparaît celui de la masculinité qui a une. génératrice et paternelle en son corps.
La connaissance va au-delà du rapport . : . pour la maternité .... : la génération est insérée par l’homme et la femme dans leur connaissance. La connaissance implique aussi la ., c’est-à-dire la . de l’objectivité du corps cachée dans la . somatique de l’homme et de la femme. En même temps . une réalisation de soi (personne) dans le don.
Et il y a découverte du 3e engendré par eux deux à un    niveau    propre aux                                  personnes auto-conscientes      et auto­déterminées. Eve : « . » : un homme, . image de Dieu, même après   le péché.                                    Cette image de Dieu constitue une
base de continuité et . la dignité de la génération humaine : unis en une seule chair, l’homme et la femme confirment et . de l’homme comme image de Dieu (n°7, DC p.324).

26 mars 1980 : Création et perspective de la mort

Eve nomme l’homme comme l’homme nomme les animalia, prenant ainsi possession de l’humanité comme l’homme prit. Et réciproquement, cette fois, Adam et Eve sont pris en possession par l’humanité, « ravis » ensemble dans l’union et la connaissance réciproque d’une humanité possédée d’une manière nouvelle.
Ainsi « connaissance » est un peu une possession. Non pas de VEROS, mais dans le sens du don réciproque (dans la lutte) désintéressé. Puis YWH donne la punition : l’horizon de la MORT s’ouvre en même temps que la révélation procréatrice du corps dans l’acte de « connaissance » réciproque des conjoints. La VIE a donc été réduite par les limites de la conception, de la naissance et de la mort, et aggravée par la culpabilité héréditaire, mais la VIE donnée à l’homme « à l’origine » reste VIE et demeure la tâche d’un cycle, d’un sceau, qui demeure toujours : « croissez et multipliez », « la femme conçut et enfanta ». Ainsi chaque homme porte en lui le mystère de son origine lié à la conscience de la signification procréatrice du corps. Tel est le seuil de l’histoire terrestre de l’homme : la découverte de la signification procréatrice du corps, la paternité et la maternité, la limite de la mort. Malgré la lutte, la mort, la culpabilité, l’homme place sans cesse la « connaissance » (qui fait que l’homme cherche à dépasser la solitude de son être en affirmant (à deux) cet être dans un autre semblable à lui) à la racine de la procréation. Et ainsi sans cesse il confirme les paroles de Dieu à l’origine sur l’homme : « Dieu vit et. : c’était bon » (Gen 1, 30) . toujours à cette première visite divine.

2 avril 1980 : La vision intégrale de l’homme

Elle doit être construite à partir de l’origine « aujourd’hui ., mais pour atteindre l’homme dans son intégralité.
« Ceux qui ont vocation au mariage sont appelés avant tout à faire de cette théologie du corps des origines le contenu de leur vie et de leur comportement : le Christ leur demande de se situer à ce seuil : entre l’innocence et la culpabilité ».

  1. avril 1980 : Le Christ fait appel à l’homme intérieur

L’éthos nouveau du Sermon sur la Montagne nous fait entrer dans les profondeurs de la norme elle-même et descendre à l’intérieur de l’homme sujet de la morale.
Le contenu éthique et anthropologique du commandement « pas d’adultère » : appel au cœur, à cette dimension de l’homme à laquelle sont . liés le sens de la signification du corps humain et l’ordre de ce sens, c’est-à-dire la signification du corps sponsal ou la signification procréatrice. L’adultère du cœur est le désir comme acte intérieur par la vue, et, en éthique, cela répond des femmes autres que l’épouse. Mais bibliquement et théologiquement, il nous pousse à . l’homme de la concupiscence.

30 avril 1980 : La concupiscence, rupture de l’Alliance avec Dieu

Les concupiscences viennent du monde, comme fruits de la chute dans le cœur de l’homme : « le monde », lieu et source de la concupiscence. Il faut donc encore revenir à la Genèse.
L’origine ? « Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal ». Mise en doute du DON : l’homme tourne le dos au Père, il coupe son cœur de ce qui vient du Père. Reste donc en lui « ce qui est du . ». La honte est la première manifestation de la concupiscence, « une expérience de la limite ».

  1. mai 1980 : Nudité originelle, Peur de Dieu

La honte éprouvée réciproquement (Gen 3, 7) mûrit (v.8) en sentiment de peur en présence de Dieu, peur ignorée auparavant. « J’ai eu peur parce que je suis nu » (ce qui révèle un état de conscience). Conscience changée parce qu’il y a changement radical de la signification de la nudité originelle (avant elle n’était pas carence, elle était signe de l’Image de Dieu, de la communion des personnes), et là, l’homme perd la certitude originelle de l’image de Dieu exprimée par ce corps, il perd son droit de participation à la perception du monde dont il jouissait dans le Mystère de la Création. Conscience donc d’être sans défense. Insécurité de la structure somatique en présence du processus de la nature soumise à un véritable déterminisme.

28 mai 1980 : La pudeur

... cosmique : lui qui devait la dominer, il est ... par son corps à la terre. ... inter-relationnelle : détourner les yeux du signe masculin ou féminin. ... immanente : difficulté pour déceler l’essentialité du corps ... de l’unité spirituelle et somatique origin... (... de loi intérieure de l’esprit, et de la loi des forces du corps). La concupiscence (du corps ...) menace la structure de la possession de soi. Le sexe l’exprime le plus. La pudeur s’explique par la concupiscence. Le cœur humain a les deux : le désir et la pudeur : il a la pudeur du cœur à cause de la pudeur de la concupiscence ». La pudeur est double : menace dans la valeur / préservation intérieure. .                : d’où l’appel du cœur du Christ à l’homme de
concupiscence.

  1. juin 1980 : La honte

La honte est née dans leur cœur en même temps que la concupiscence dans leur corps : on cache le cœur parce que la capacité de se donner est rompue. La fonction d’origine du corps est bouleversée, mise en doute dans la conscience. Comme si l’aspect personnel de la masculinité et de la féminité qui auparavant mettait en évidence la signification du corps pour une pleine communion des personnes, cédait la place à la seule sensation de la sexualité par rapport à l’autre être humain. Comme si la sexualité était devenue obstacle à la communion des personnes. La concupiscence empêche de s’identifier avec son corps, non seulement de manière individuelle, mais aussi relationnelle (surtout relationnelle), d’où : on le cache devant l’autre.

  1. juin 1980 : La domination de l’autre

« Ta convoitise te poussera vers ton mari, et lui te dominera » indique que la femme ressentira cette inégalité comme un manque de pleine unité dans le contexte de l’union avec l’homme et montre que la béatifique union originelle est déformée dans le cœur des personnes par la concupiscence. Opposition qui confère à la réalisation de cette union une autre dimension qui sera le propre de l’homme de la concupiscence. Homme et femme sont en effet menacés par l’insatiabilité de cette union et unité car ils restent des personnes appelées à exister en communion. La non- satisfaction de l’aspiration à réaliser dans l’union conjugale du corps la réciproque communion des personnes, telle est la signification de la pudeur. L’orgueil de la vie correspond à la domination de l’homme et même à la réduction à l’objet de l’autre (convoitise des yeux).

25 juin 1980 : La signification sponsale du corps.

La honte ne s’explique pas par le corps, ou par la sexualité, mais par les transformations subies par l’esprit humain. Par la honte, homme et femme peuvent protéger la signification sponsale du corps contre la concupiscence. Le corps stimule les désirs de l’union des personnes par la différenciation mais la concupiscence oriente ces désirs à sa manière, c’est-à-dire vers l’apaisement du corps. L’homme est celui qui éprouve plus intensément la honte de son corps, et sa honte et sa concupiscence impliquent la domination de la femme. Cette domination implique chez la femme un désir insatiable d’union ... car à la communion des personnes se substitue un rapport de possession de l’autre. Si cet élan prévaut chez l’homme, la convoitise de la femme va assumer un caractère analogue. Et même parfois devancent-ils le désir de l’homme en le suscitant, lui donnant l’impulsion.
Donc la triple concupiscence limite et déforme la signification sponsale du corps (celle de l’état virginal) [signification, c’est-à-dire manière de vivre du corps ; mesure de l’homme intérieur, du cœur]. La mesure du cœur détermine les attitudes : signification du corps, et l’esprit humain est changé par la honte. D’où la transformation de cette signification sponsale du corps se manifeste par le changement de la mesure du cœur. D’où l’appel du Christ au cœur de l’homme.

23 juillet 1980 : Concupiscence et rapports homme femme

Féminité et masculinité vont être seulement objet d’attraction et beaucoup moins l’expression de l’esprit tendant à la communion personnelle. L’attraction préexistait à la chute mais intégré à l’esprit, maintenant c’est une force autonome qui contraint le corps, limite la communion. La signification sponsale du corps n’est pas supprimée, mais elle est en permanence menacée. La concupiscence du corps touche au niveau du « don désintéressé », et dépersonnalise l’homme en le faisant objet pour l’autre : brisure du don réciproque. Elle met aussi en doute le fait que chacun est voulu pour lui-même par le Créateur : la subjectivité de la personne laisse la place à l’objectivité du corps. Les rapports homme femme se trouvent unilatéralement liés au corps et au sexe. Elle mène enfin à la perte de la liberté intérieure du Don qu’elle contraint en limitant l’autodétermination et fait que le rapport du Don se transforme en rapport d’appropriation.

30 juillet 1980 : Le Don et la communion des personnes

Parallélisme entre : « Il te dominera » et : « Regarder une femme pour la désirer ». L’homme est le gardien du Don et de sa réciprocité authentique. Le contraire est de tirer de la femme son propre don au moyen de la concupiscence. C’est de lui surtout que dépend l’équilibre, la rupture, le rétablissement des rapports. « Mon », « me » : analogie personnelle, ou possession et jouissance de. ?

  1. août 1980 : Le Discours sur la Montagne et l’homme d’aujourd’hui

« La dureté de votre cœur » : le cœur, nouvel éthos de l’Evangile. « Il sait, lui, ce qu’il y a dans le cœur de l’homme » (Jn 2,25)
Par le cœur, le Christ s’adresse à chacun : par le cœur, chacun est individualisé encore plus spécifiquement que par son nom. Toute analyse intérieure doit tenir compte de l’homme intérieur.

  1. août 1980 : « Tu ne commettras pas d’adultère » : contenu intérieur lié à « l’origine » mais . => norme extérieure
  2. août 1980 : l’adultère dans l’Ancien Testament

Ethique et utilisation de l’analogie de l’adultère aux ruptures d’Amour avec Dieu.

Adultère chez les prophètes : rupture de l’alliance personnelle de l’homme et de la femme. Le péché du corps est tel en considération du rapport des personnes.
Signification de l’adultère transférée du corps au cœur : déplacement du point de gravité du péché, « Regarder pour désirer » c’est la concupiscence ; transfert déjà présent en filigrane dans les livres sapientiaux : « Détourne ton regard d’une jolie femme » etc. mais alors seulement à portée éthique.

  1. septembre 1980 : Le regard exprime ce qui est dans le cœur

Le désir est acte intérieur du cœur, pas encore acte extérieur du corps. Le Christ enseigne qu’Il considère le regard comme le seuil de la vérité intérieure de l’être. Ainsi « Regarder avec désir indique une expérience de la valeur du corps non sponsale, non procréative. Ainsi l’adultère est un détachement intérieur de la signification sponsale du corps.

  1. septembre 1980 : L’adultère commis dans le cœur

Le désir, fermeture intentionnelle de l’horizon de l’esprit et du cœur à la fin exclusive de satisfaire le besoin sexuel du corps. Le Christ sait qu’il faut détecter cela dès le regard.
La concupiscence et les rapports homme femme : le regard de désir prive la femme de la signification de son attirance comme personne. Le changement de l’intentionnalité de l’existence se réalise dans le cœur parce qu’il est réalisé dans la volonté (différente de la connaissance). Il y a alors contrainte du corps et perte de la liberté du don. La concupiscence écarte la dimension intentionnelle de l’existence réciproque de l’homme et de la femme des perspectives personnelles et des perspectives de communion, en la poussant vers des dimensions utilitaristes : je me sers de l’autre.

8 octobre 1980 : Interprétation psychologique et théologique

L’adultère, c’est parce qu’il regarde AINSI une femme, laquelle peut être aussi bien son épouse : il la réduit à la fonction utilitariste. Le commandement du Christ ne peut s’accomplir que par la pureté du cœur, qui sait exiger de la cohérence à son cœur et à son corps.

  1. octobre 1980 : La valeur du corps

Le Christ par le désir ne condamne pas, ne nie pas le corps, mais plutôt affirme en lui la dimension de dignité de personne. Il s’agit non de brimer le corps, mais de transformer la conscience et les comportements de la personne humaine de manière que se manifeste et se réalise la valeur du corps et du sexe : non pas condamnation mais appel à vaincre la concupiscence en faisant un effort pour découvrir la valeur authentique de l’objet. L’Evangile sert la dignité du corps et du sexe.

  1. novembre 1980 : Rencontre entre EROS et ETHOS dans le cœur

Eros : force animale qui entraîne l’homme vers tout ce qui est bien, vrai, bon. Ethos : appel à la Rédemption. L’Eros rencontre l’Ethos en agissant pour vaincre les 3 concupiscences.

  1. novembre 1980 : les exigences du Christ

Ethos : découverte d’un nouvel ordre de valeur : il faut retrouver dans l’érotique la signification sponsale du corps et la dignité du DON. C’est la tâche éthique de l’esprit humain. L’Ethos doit devenir la forme constitutive de l’Eros. L’ Ethos ne supprime pas la spontanéité de l’ Eros : il fait découvrir à l’homme qu’il est appelé à la spontanéité pleine et mûre des rapports qui naissent de l’attirance éternelle des corps différenciés. Une telle spontanéité sera le fruit du discernement des impulsions du cœur.
Le Christ demande qu’on ait conscience de nos actes intérieurs dans nos rapports sexués, de ces impulsions intérieures, pour pouvoir les discerner, comme un gardien qui surveille une source cachée : celle de la liberté du Don. Ainsi l’homme doit apprendre avec persévérance et cohérence quelle est la signification du corps sexué, science de l’expérience intérieure. Distinguer l’excitation sexuelle de l’émotion profonde et sexuée qui rejaillit sur la sensibilité et la sexualité. Voie d’une spontanéité du cœur qui n’étouffe pas ses désirs et aspirations profondes, mais au contraire les . et les aide.


   Père Patrick, Les fruits des sacrements. Vous pourrez lire en annexe le chapitre complet sur le fruit du sacrement de mariage.
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   Voir Sponsalité, jalons.- Père Patrick.

   C'est en raison de ce principe qu'il faut faire attention à l'expression que l'on utilise pour parler "d'annulation de mariage". Un sacrement ne peut pas être annulé, il est indissoluble, et l'homme ne peut séparer ce que Dieu a uni. Mais l'Eglise peut discerner si ce sacrement a, ou n'a pas, une consistance sacramentelle, si sa "matière" et sa "forme" font et ont toujours fait essentiellement défaut. Un mariage ne sera donc "annulé" que si l'on prouve que le sacrement, finalement, n'a jamais existé.
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