Saint Cyrille d'Alexandrie : L'enfant grandissait et se fortifiait en esprit, rempli de sagesse, le Dieu Verbe a peu à peu proportionné à l'âge de son corps la manifestation de sa sagesse

 

- extraits des pages 416 et 417 du mensuel Magnificat n° 265 de décembre 2014 :

Saint Cyrille (t 444), évêque d'Alexandrie et docteur de l'Église, participa activement au concile d'Éphèse (431), qui donna à Marie le titre de « Mère de Dieu ». Il fut un exégète prolixe en même temps qu'un défenseur ardent de la foi au Christ.

Soumis aux lois de l'humanité

« Quand il est dit : L'enfant grandissait et se fortifiait en esprit, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui, il faut le comprendre de sa nature humaine. Considère ici la profondeur du dessein de Dieu ! Il endure une naissance humaine, lui le Verbe qui, de par sa divinité, est hors de tout commencement et de tout temps ; il accepte d'être un corps qui grandit, lui qui est toute perfection en tant que Dieu ; il voit croître ses membres, lui qui est incorporel ; il est rempli de sagesse, lui qui est lui-même toute sagesse ! Que dire devant ce paradoxe ?

Regarde-le donc, lui qui était dans la condition de Dieu (Ph 2,6), prendre ainsi ressemblance avec nous, regarde le riche se faire pauvre, le haut se faire bas, regarde-le, empli de la plénitude divine, se soumettre au langage : c'est ainsi que le Verbe s'est dépouillé, lui qui est Dieu (Cf. Ph 2,7) !

En effet, le langage humain employé par les Écritures à son sujet manifestent la façon dont il s'est dépouillé. Car il n'est pas possible qu'il ait subi ce genre de choses dans sa nature propre, lui le Verbe né de Dieu le Père, mais c'est en se faisant chair (Jn 1,14), c'est-à-dire homme, pour nous, qu'il est enfanté d'une femme selon la chair et qu'il est dit endurer la condition humaine.

En effet, en tant que Dieu, le Verbe était capable d'atteindre la taille d'un homme adulte et de faire grandir sa chair dès sa sortie de la matrice, mais ce faisant, il serait devenu une sorte de monstre. C'est pourquoi il a soumis sa propre chair aux habitudes et aux lois de l'humanité.

S'il est dit qu'il progressait en sagesse, ce n'est donc pas parce qu'il recevait un supplément de sagesse, puisque Dieu se conçoit comme parfait en tout et ne manquant d'aucun des attributs divins, mais parce que le Dieu Verbe a peu à peu proportionné à l'âge de son corps la manifestation de sa sagesse ».

St Cyrille d'Alexandrie (Traduction inédite de Guillaume Bady pour Magnificat).