Sainte Roseline (1263-1329)

 

Corps de Sainte Roseline dans la Chapelle du Château aux Arc-sur-argens

 

Des religieuses en prière autour de la chasse de Sainte Roseline, le jour de sa fête

 

Les origines de la Famille De Villeneuve

Avant 1200, le castrum des Arcs était en pleine anarchie. Raymond Béranger, de Barcelone, comte de Provence, inféode les terres des Arcs, La Motte et Trans à un chevalier catalan Villanova, le 1 er octobre 1200.

Ce Giraud I de Villanova va devenir le premier seigneur de la branche des Villeneuve aux Arcs (le nom s'est francisé avec les mariages des filles provençales). Le père de Roseline sera le 4 ième seigneur de cette branche habitant le château féodal perché et construit par Giraud I et par Arnaud II (donjon).

 

Vie de Sainte Roseline

Notre grande Sainte, Roseline De Villeneuve, est née le 27 janvier 1263 au château des Arcs et s'éteint le 17 janvier 1329 à l'âge de 66 ans dans sa cellule de la Chartreuse de La Celle Roubaud aux Arcs.

Son Père est Giraud II De Villeneuve, seigneur des Arcs, Trans, La Motte et Esclans.

Sa Mère est Aigline de Sabran d'Uzès. Attendant son enfant, elle entendit une voix intérieure « tu enfanteras une rose sans épine, une rose dont le parfum embaumera toute la contrée ». De ce jour, nous dit la tradition, et jusqu'à la naissance de l'enfant, dame Aigline elle-même répandit autour d'elle le doux parfum des roses.

Roseline est la première de 6 enfants. A la naissance de l'enfant, une radieuse auréole signifie à Giraud II De Villeneuve la destinée merveilleuse de son premier né.

Selon les uns, on la nomma Rosseline ou Rossoline, en raison des reflets roux de sa chevelure, pour d'autres, l'annonce faite à sa mère quand elle portait l'enfant. En vérité, Rossoline est le mot provençal de Roseline.

NB : une de mes connaissances a eu un jour une vision de Sainte Roseline dans laquelle elle apparaissait avec des cheveux roux.

Lors de sa première communion, au moment de l'onction sacrée apparaît une nouvelle fois une lumineuse auréole autour de la tête de l'enfant.

 

Porte du miracle des roses

 

Roseline donne, distribue sans compter, elle vide les celliers et les réserves seigneuriales pour les distribuer aux pauvres et aux affligés qui s'amassent devant la porte principale du château. Son Père s'en aperçoit et lui interdit de faire des largesses. Son coeur refuse de l'entendre. Il ne reste plus à son père qu'à surprendre Roseline qui n'a que 12 ans, en flagrant délit de désobéissance.

Nous sommes en janvier 1275, le père de Roseline se cache, il la surprend le templier rempli de pain. Il lui demande ce qu'elle cache dans son tablier. Elle laisse retomber le tissu et on voit s'échapper une brassée de roses. Comme ce n'est pas le mois des roses, son père comprend que sa fille est une enfant marquée par l'empreinte de Dieu, aussi il laisse faire sa fille.

 

Le miracle des roses (Tableau de Valère Bernard)

 

Roseline a 12 ans et 5 frères et soeurs quand sa mère meurt. Elle devient une véritable maîtresse de maison. Sa vocation vient peu à peu, suite à de nombreuses visites qu'elle fait auprès de sa tante Jeanne De Villeneuve - abbesse et prieure au couvent de la Celle-Roubaud.

Ses frères et sœurs sont : Hélion qui fut le grand Maître de l’ordre de Jérusalem (de 1319 à 1346) et qui construisit un hôpital et des remparts à Rhodes (Grèce), Raimond, qui fut seigneur d'Ampus et qui fut enterré dans la chapelle Ste Roseline, Amilet, Mabile, Adalasie.

Servante de Dieu

Le Chartreux Dom Bruno, prieur de Montrieux intervient auprès de Giraud II de Villeneuve. Roseline va à la chartreuse de Bertaud (Hautes Alpes) faire son noviciat. Elle est âgée de 15 ans.

Fin 1278, l’Evêque Josselin d'Orange l'escorte jusqu’à la chartreuse de Saint André de Ramières qui était un monastère au pied du Mont Ventoux et qui n’existe plus.

- Brignoles, première étape du voyage chez les Bénédictines du couvent de la Celle,

- Saint Maximin, autre couvent de Bénédictines,

- Aix, chez un oncle maternel, le prince de Saleme, de la famille des Sabran, chez qui elle est présentée au prévôt de Pignans : Jacques d’Euze, du diocèse de Fréjus, qui deviendra Pape sous le nom de Jean XXII et ordonnera, bien plus tard la translation des reliques de la bienheureuse Roseline. Elle deviendra la petite protégée de Jean XXII, premier pape français d'Avignon. Elle soutiendra toute sa vie la papauté d'Avignon.

- Avignon, où une de ses tantes, Gérarde de Sabran est la supérieure du couvent des Clarisses.

- Orange, dernière étape avant Saint André de Ramières.

Le repas des anges

Roseline gagne Saint André de Ramières, elle doit y passer un an avant d’aller à Bertaud.

Un matin où elle avait la charge de préparer le repas, elle sent le seigneur tout près d’elle et elle s’entretient avec lui dans le secret de son cœur. Mais les novices arrivent et le repas n’est pas prêt. Roseline se jette à genoux devant la mère intendante et implore son pardon tandis que les anges venus à son secours peu à peu disparaissent, après avoir disposé sur la table vaisselle et nourriture. Ce jour-là, la communauté de Saint André s'est nourrie du pain des anges. Marc Chagall en 1975 a choisi ce thème pour réaliser sa mosaïque dans la chapelle de la Sainte.

Une chartreuse nommée Roseline

Un an après son départ des Arcs, Roseline quitte Saint André de Ramières pour gagner le couvent de Bertaud (30 km de Gap). La Chartreuse de La Celle Roubaud Des Arcs dépendait de Bertaud depuis 1260. Avant cette date le monastère avait été construit et appartenait aux Bénédictines de Sourribes (située également près de cette ville des Hautes Alpes).

La jeune novice démontre qu'elle a toutes les qualités et les vertus requises pour entrer dans la grande famille de Saint Bruno. Au bout d'une autre année, Roseline est admise définitivement dans la communauté cartusienne. Elle fait comprendre qu’elle n'aime pas ce milieu de montagnes, de neige et de froid, Roseline est une fille du midi et aime le soleil.

Elle va devoir patienter et y vivre encore cinq ans. Prévenu par la Prieure de Bertaud, son père, en 1285 fait revenir sa fille aînée sur ses terres au Monastère de la Celle-Roubaud à moins d’une lieue du Château des Arcs.

 

Statue de Sainte Roseline en l'église de Roquefort-la-Bédoule

 

 

Retour aux Arcs

Le père de Roseline, Giraud II de Villeneuve, n’est évidemment pas étranger à la décision des autorités supérieures de l'Ordre. Le seigneur des Arcs a été fort aidé aussi dans ses démarches par sa propre sœur, Jeanne de Villeneuve, Prieure de la Celle-Roubaud. Celle-ci veut préparer Roseline à sa succession.
Le retour de Roseline est un admirable mélange de liesse et de respect. Roseline fait une brève halte au château des Arcs où elle revoit son père, avant d'être accueillie par sa tante Jeanne, sur le seuil de ce couvent qu’elle ne quittera plus de quarante-quatre ans.
En 1288, Roseline reçoit la consécration des diaconesses.

Adieu au monde

Roseline a 25 ans à peine, l’âge minimum imposé par les règles de l'Ordre pour la consécration. Pendant 12 ans, elle devient l'auxiliaire de sa tante.
En 1298, le Pape Boniface VIII décrète la clôture pour tous les couvents de moniales. Un mur doit entourer le couvent. Jeanne accorde à Roseline une dernière visite à son père Giraud II de Villeneuve, vieilli et affaibli. Les adieux sont bouleversants. Ils ne se reverront plus.

Prieure à 37 ans

Roseline succède à sa tante, fort âgée, en 1300, comme Prieure. L’évêque de Fréjus, Jacques d’Euze tient à présider l’installation de la nouvelle Prieure, il se fait accompagner d’EIzéar de Villeneuve, jeune neveu de Roseline. Malgré la sévère règle de clôture, la famille de Roseline n’est pas absente de cette cérémonie puisqu'il y a sa sœur religieuse également, Elzéar et naturellement sa tante Jeanne. Après le décès de celle-ci on raconte que son corps est resté 50 ans sans se corrompre. Roseline, elle, va rester 280 ans après sa mort, entièrement intacte.

Apparition de Jésus

Roseline se dépense sans compter pour faire face à ses innombrables tâches et pour donner aux malheureux les secours qu’ils venaient chercher, s’interdisant de dormir plus de 3 à 4 heures par jour. Roseline vivait dans un état continuel de prière et de dévotion à Dieu. Un jour, Roseline eut la vision du Christ lui apparaissant le corps lacéré, les plaies en sang, pliant sous le poids de la croix, avec sur le visage une expression d’indicible souffrance. Roseline redoubla de zèle, de prières et de mortifications, demandant à ses filles de s’unir à elle pour réparer, auprès de Dieu, le mal commis par ses ennemis.

Misère et Famine

La renommée de Roseline s’amplifie toujours. Roseline aide le peuple malheureux qui souffre de famine et d’épidémies.
Son frère, Hélion lui rend visite avant de partir en croisade. Roseline lui fait part d’une révélation qu’elle a eue : elle l'a vu prisonnier des Sarrasins, mais en même temps elle lui prédit une délivrance miraculeuse. Le lieu de rencontre d’Hélion et de sa sœur, aux Arcs, est marqué aujourd’hui par un oratoire avant le croisement de la déviation.

 

Le cloître de l’Abbaye de La Celle - Roubaud (12 ième - 16 ième siècles)

 

Hélion, délivré des infidèles

Tout s'est déroulé selon la vision qu'avait eue Roseline. Hélion se retrouve prisonnier. Une légende raconte son retour à la liberté : « tandis qu’Hélion sommeille dans la geôle où il croupit depuis si longtemps, celle-ci, une nuit, s’emplit de lumière et le captif voit apparaître sa sœur, qui brise ses chaînes, ouvre la porte de son cachot et l’emmène jusque sur les bords de la mer. Arrivée sur la grève, Roseline étend son voile sur les flots et cet étonnant radeau, dirigé par les anges, emporte et dépose Hélion sur la terre de Provence. Le jour se lève quand Hélion s’éveille et pourtant croit rêver, en découvrant ces lieux qu’il pensait ne jamais revoir ». On pense que ce miracle s’est produit après le décès de Roseline. Hélion aurait appris le décès de sa sœur à son retour aux Arcs. Il décédera en 1346 à l’âge de 83 ans et sera enterré dans l’église Saint Jean à Rhodes (détruite par une explosion).

La fin approche

Vivre à cette époque-là n'est pas une petite affaire : la misère était l’état normal de l’homme médiéval. Si l’on ajoute à la misère générale, les privations que s'impose Roseline et les sacrifices qu’elle offre chaque jour à son Seigneur, c’est presque miracle qu’elle puisse atteindre la soixantaine.
Un beau jour de 1328, le Pape Jean XXII l'informe qu’il lui décerne des indulgences spéciales aux heures de son passage à une vie meilleure. Roseline comprend que Dieu l'avertit par-là de sa fin prochaine. Roseline demande à abdiquer de sa charge de Prieure pour se préparer à la mort.

Adieu, ma sœur

Roseline ne survit pas longtemps à son abdication. Les premiers jours de 1329 sont les derniers de la Sainte en ce monde.

Un froid matin de janvier, elle est prise de telle fièvre que, malgré sa légendaire énergie, elle ne peut se tenir debout. Elle demeure donc allongée sur sa couche de paille et demande la communion, qu'elle reçoit au milieu des sœurs rassemblées autour d'elle. Celles-ci, ne croyant pas si proche l’heure de sa fin, se retirent pour vaquer à leurs occupations habituelles. Sœur Marguerite, seule demeure auprès de sa tante. Elle ne tarde pas à l’entendre murmurer : « Adieu, ma sœur, je m’en vais à mon créateur ». Roseline ferme les yeux.
(Les médecins qui furent chargés de réparer la relique en 1894 apprirent aux chartreux que la Sainte avait succombé à la maladie si douloureuse de la pierre. Ses énormes calculs rénaux sont toujours conservés dans une boite à la place des reins).

Alors dit la légende, une douce lumière emplit la cellule où repose Roseline, en même temps que se font entendre des sons surnaturels, comme le tintement des cloches perçu au lointain dans une nuit tiède. Sœur Marguerite aperçoit dans un halo les trois saints de l'ordre cartusien : Saint Bruno, le fondateur, Saint Hugues de Grenoble et Saint Hugues de Lincoln, tous trois tenant un encensoir à la main. Plus prodigieux encore, voici qu'apparaît la Vierge, portant l'enfant Jésus dans ses bras. S’arrachant à son extase, sœur Marguerite porte les yeux sur sa tante et la voit se soulever sur sa couche, tendre les bras, puis retomber doucement sans un mot. C’est fini. Roseline n'est plus de ce monde. Elle a expiré le 17 janvier 1329, à l’âge de 66 ans.

 

Saint Bruno, le fondateur, Saint Hugues de Grenoble et Saint Hugues de Lincoln, tous trois tenant un encensoir à la main et la Vierge Marie,

portant l'enfant Jésus dans ses bras (Tableau de Valère Bernard)

 

La Sainte reposait, le visage si rayonnant, les yeux si lumineux que toutes, se prosternant, ne purent s’empêcher de lui rendre hommage comme une privilégiée du ciel. Le corps gardait sa souplesse, les prunelles leur éclat et leur limpidité. Pendant des jours Sainte Roseline demeura ainsi, contemplée avec respect non seulement par ses sœurs, mais par toute la population des environs accourue à la nouvelle de son trépas. Tout le monde tenait à rendre un dernier hommage à sa bienfaitrice surtout les malheureux et les affligés qu’elle avait toujours aidés. Les châtelains des Arcs étaient arrivés les premiers et aussi les frères et les sœurs dispersés de Roseline, que le prodige de la conservation emplissait d’un enthousiasme divin. Par un hasard providentiel, le Grand Maître Hélion se trouvait en séjour chez Arnaud III de Villeneuve, au château des Arcs. Des pèlerinages se formaient de tous les villages voisins. Pendant trois jours une pieuse ruée composée d’hommes, de femmes, d’infirmes, de malades, de vieillards et d’enfants convergea vers le couvent. Malgré le froid, la pluie, la fatigue, les pèlerins voulurent voir une dernière fois Roseline. Devant la dépouille miraculeusement conservée, les malades et les infirmes, soulevés par la foi, osaient approcher davantage, toucher les mains de la Sainte, contempler ses yeux, implorer leur guérison de celle à qui, leur semblait-il, Dieu ne devait rien refuser.

Des miracles se produisirent dans la cellule. Des malades furent délivrés de leurs maux, des paralytiques retrouvèrent la liberté de leurs mouvements, des aveugles recouvrèrent la vue. La même exaltation persista jusqu’à l’heure où la Sainte fut portée dans le cloître où .elle devait être ensevelie en pleine terre uniquement enroulée dans un linceul en tissu. Des mains pieuses avaient creusé sa tombe où fleurissaient les roses, tout près de celle où donnait depuis vingt ans sa bienheureuse tante Jeanne de Villeneuve.

Le jour de la trinité

Quelque temps plus tard se dégage de l'endroit où est enterrée Roseline ce que l’on nomme « l’odeur de Sainteté » qui devait être certainement un doux parfum de roses...Les sœurs étonnées en font part aux plus hautes instances religieuses ainsi qu’à la famille De Villeneuve.

Arnaud III et Hélion demandent l’autorisation d’exhumer et de transporter le corps dans la chapelle du couvent, dans une belle sépulture. Au bout de 5 années de démarches, Jean XXII (mort en 1334) fixe la date de la cérémonie : l’exhumation et la translation ont lieu, le 11 juin 1334, premier dimanche après la pentecôte. Cette cérémonie de l’exhumation permit de constater un grand prodige. Après 5 années passées dans la terre, le corps de Sainte Roseline apparut aussi intact qu'au jour de ses obsèques. Les yeux surtout, au lieu d'avoir été éteints par la mort, avaient conservé tout leur éclat et semblaient regarder l'assistance émerveillée.

Les yeux de Sainte Roseline

C’est alors qu’EIzéar de Villeneuve, neveu de Roseline, qui présidait la cérémonie en sa qualité d’Evêque de Digne, eut l’idée d’extraire ces yeux extraordinaires de leurs orbites et de les recueillir dans un reliquaire afin de mieux les exposer à la vénération des fidèles. Aujourd’hui encore, on peut les voir dans un reliquaire (daté de 1883). L’un d’eux, toutefois, n’a plus son aspect naturel. La faute en est à Louis XIV, ou du moins à son médecin personnel, Antoine Vallot.

C’était en 1660. Le roi se rendait à Cotignac en compagnie de sa mère, Anne d’Autriche. N’ayant pas le loisir d'aller lui-même aux Arcs, mais ayant entendu parler du prodigieux état dans lequel s’était conservé le corps de Sainte Roseline, il envoya Vallot constater la réalité de tout ce qui était dit à ce sujet. Mis en présence des yeux miraculeux, Antoine Vallot, pour s’assurer qu'il n’y avait pas supercherie, ne trouva rien de mieux que d’enfoncer une aiguille dans les deux angles de l'oeil gauche. Le résultat fut immédiat : la prunelle se troubla instantanément. Le médecin du roi, au prix de ce qui paraît encore aujourd’hui un sacrilège, possédait bien la preuve que les yeux étaient naturels et vivants 331 ans après avoir été ôtés du corps.

 

Reliquaire des yeux

 

Son corps conservé pendant 280 ans

A partir de son exhumation de 1334, un vide de 280 ans se passe, où nous ne trouvons plus d'écrits concernant la relique. On pense que suite à la décadence et à la fermeture du monastère ainsi qu’aux temps troublés, le corps de Sainte Roseline fut caché dans un caveau, ou dans un souterrain.

La relique réapparaît en 1614, elle est toujours entièrement conservée ; seul autour de la bouche, la chair commence à se dessécher. Elle est dans une châsse en bois doré et en verre située dans un mur de la première chapelle mortuaire des Villeneuve, là où se trouve la mosaïque de Marc Chagall.

 

Sainteté de Roseline

Nous n’entrons pas ici dans le détail, ni des miracles accomplis par Sainte Roseline, ni des tribulations de sa dépouille mortelle au cours des siècles, les uns et les autres se rencontrant bien souvent. Car, si la paix, sans doute, fut immédiatement donnée à son âme, il n’en alla pas de même pour ses reliques qui furent pillées surtout au 17 ième siècle.

C’est d'ailleurs, un autre miracle que, à travers les vicissitudes des siècles, le corps de Roseline de Villeneuve puisse encore être offert à la vénération des pèlerins plus de 670 ans après sa mort.

Quand Roseline de Villeneuve est-elle devenue Sainte Roseline ?

Pour ce qui est des Provençaux, la réponse est simple : lorsque Roseline a rendu son âme à Dieu, le 17 janvier 1329, la nouvelle s’en est immédiatement répandue dans la région en ces termes : « Notre Sainte est morte, notre Sainte n'est plus ».

Pour l’église, ce n’est pas aussi rapide et simple. Un auteur atteste que Sainte Roseline a été canonisée en 1360 par le Pape Innocent VI à Avignon. Est-ce parce qu’elle avait soutenu la papauté d’Avignon que de Rome ce ne fut que le silence et que cette canonisation ne fut pas entérinée ? Ce sont les chartreux qui avaient obtenu, en 1851, l’autorisation du culte diocésain. Aussitôt ce bref accordé, l’Ordre cartusien demanda l’approbation de ce culte dans toutes les chapelles qu’il possédait et l’inscription de la fête correspondante dans le calendrier ordinaire de leur rite particulier. Le décret de cette concession fut signé à Rome, le 17 septembre 1857, par le cardinal Patrizi, Président de la Congrégation des Rites.

Deux ans plus tard, le 27 septembre 1859, il fut accordé une indulgence plénière à ceux qui visiteraient une église des chartreux le jour de la fête de la Sainte fixée au 17 janvier.

 


Pour la fête patronnale de Sainte Roseline en l'église de Roquefort-la-Bédoule

 

Reliquaire d'un morceau du corps de Sainte Roseline

 

 

VIE DE SAINTE ROSELINE - DATES REPERES

1263 - Naissance au château des Arcs le 27 janvier.

1275 - Le miracle des roses au château Des Arcs à l’âge de 12 ans

1278 - Noviciat à Saint André de Ramières (près du Mont Ventoux).

1279 - Prise d’habit chez les Chartreuses de Bertaud (Hautes-Alpes).

1280 - A Noël, profession religieuse dans la communauté cartusienne.

1285 - Retour à l’abbaye de la Celle Roubaud aux Arcs.

1288 - Consécration comme diaconesse, par Bertrand de Favas, évêque de Fréjus. Les
insignes de son état sont : l’anneau, le voile, l’étole, le manipule, la croix et le bréviaire.

1298 - Le pape Boniface VIII décrète la clôture pour toutes les maisons de moniales.

1300 - Election comme Prieure de l’abbaye à la place de sa tante Jeanne de Villeneuve.

1328 - Démission de sa charge de Prieure.

1329 - Le 17 janvier, à l’âge de 66 ans, mort de Sainte Roseline.

1334 - Le 11 juin, en la fête de la Trinité, exhumation du corps non corrompu. Les yeux sont placés dans un reliquaire en présence d’EIzéar de Villeneuve, évêque de Digne, neveu de Sainte Roseline.

1420 - Le couvent est retranché de l'ordre des Chartreux au profit des Bénédictines.

1504 - 1750 Gardiennage des Franciscains.

1614 - Première trace dans les archives : le corps de Roseline est dans une châsse en bois
doré avec des vitres.

1644 - Le corps de Sainte Roseline est desséché mais ses articulations sont encore souples.

1657 - Nouvelle translation du corps. La tête s’est détachée du corps.

1660 - En février, le médecin personnel de Louis XIV, Antoine Vallot, enfonce une aiguille
dans les deux angles de l’œil gauche.

17 ième siècle : C’est l’époque où l’on vole de nombreuses reliques sur le corps de la Sainte.

1835 - Nouvelle translation du corps dans un monument en marbre et vitré, construit dans la
niche où se trouvait la vieille châsse de 1614.

1851 - Autorisation du culte diocésain.

1857 - Le 17 septembre, décret inscrivant la Sainte dans le calendrier des chartreux.

1858 - La date de la fête de la Sainte est fixée au 16 octobre.

1883 - Le 16 octobre, Monseigneur Terris, évêque de Fréjus, fait placer les yeux de Sainte
Roseline, dans le reliquaire actuel, œuvre de l’artiste lyonnais Armand Calliat.

1894 - Le 5 juillet, après un traitement à l’insecticide par des chimistes italiens, translation du
corps de Sainte Roseline dans la chasse actuelle en présence de Monseigneur Mignot, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon.

1996 - Le 14 janvier, en présence de Monseigneur Madec, évêque, nouvelle translation du corps après un traitement par les soins du Centre Archéologique de Draguignan. Il est également procédé à une remise en état de la châsse.

L’Abbaye de La Celle Roubaud (1038)

Le Château de Sainte Roseline est l’ancienne Abbaye de la Celle-Roubaud.

 

 

Cette Abbaye a été fondée au 11 ième siècle, plus précisément en 1038 par un ermite de Saint-Victor de Marseille, le moine ROUBAUD qui s’installe et crée un oratoire qui peu à peu devient l’Abbaye de la Celle-Roubaud ; CELLE = CELLA : l’endroit, le lieu, la cellule.

Plusieurs ordres religieux s’y succèdent :

- Les Templiers ont dû faire un court passage: une tête sculptée à l’entrée du cloître et une croix luthérienne en sont peut-être des preuves. Rien ne prouve que ce soient eux qui ont édifié la chapelle. On ne trouve aucune trace de cette dépendance sur la carte de la Commanderie du Ruou à Villecroze dont l’Abbaye aurait dû faire partie.

- Les Bénédictines de SOURRIBES (diocèse de Gap) moyennant une rente annuelle de cinq sous tournois construisent le monastère en 1200. La chapelle porte alors le nom de Sainte Marie.

- Les Chartreuses de BERTAUD achètent le monastère le 5 mars 1260.

- En 1421, les chartreuses quittent le monastère. Une communauté de Bénédictines s’y installe.

- En 1501, suite au relâchement des mœurs des religieuses, le monastère est fermé par anathème par décision du Pape Borgia ; les religieuses furent transférées dans un couvent des Iles de Lérins mais devinrent aussi un danger pour les moines, tant elles étaient dévergondées... C’est cette année-là que l’abbé Lombard de Lérins, curé des Arcs fit commande à Louis Bréa, le peintre niçois, du polyptyque de la vierge pour orner l'ancienne église Notre-Dame du Castrum des Arcs. Les Franciscains Observantins (respect de la règle, stricte observance), arrivent en 1504, reconstruisent les bâtiments ruinés, mettent la chapelle sous le vocable de Sainte Roseline et de Ste Catherine d’Alexandrie. Ce sont eux qui font les décorations peintes et sculptées toujours visibles.

- En 1750, sous l’influence des idées philosophiques (Rousseau, Voltaire,...), les ordres religieux ne trouvent plus le moyen de renouveler normalement leur congrégation : l'Abbaye est fermée.

- En 1783, le domaine est acquis par Monseigneur de Beausset, évêque de Fréjus.

- Le 22 avril 1791 l’armateur marseillais Jean Larreguy rachète le couvent II devient par fa suite, propriété d’un Préfet d’Empire.

- C’est dans les bâtiments du 18 ième siècle qu'est né le peintre Madeleine Lemaire (1845 - 1928).

- Le 13 janvier 1792, la chapelle est mise en vente et la municipalité des Arcs en fait l’acquisition le 30 janvier de la même année.

Le domaine a appartenu à la famille de RASQUE de LAVAL lorsque le baron Henri de LAVAL épouse, après la guerre de 14-18, la fille du propriétaire du moment Marguerite Jean.

La Chapelle étant séparée de la vente du domaine et de ses dépendances, elle put être rachetée par la ville des ARCS grâce à une souscription ouverte par ses habitants. Elle est depuis cette époque rendue au culte, et a été classée Monument Historique en février 1980. Le Château Sainte Roseline et sa Chapelle s'élèvent au milieu d'un beau vignoble et dans un cadre planté d’arbres centenaires. Les bâtiments monastiques ont été convertis en maison particulière, dont la visite n'est pas publique et qui sont eux aussi inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.

Les bâtiments sont disposés autour d’un cloître très simple, aux hautes arcades en plein cintre, surmontées d'un étage aux fenêtres également en plein cintre.
Du Xlllè siècle, restauré au XVIè siècle, ce cloître est de vrai type cartusien, au milieu duquel fuse un jet d'eau surmonté d'une croix celtique (croix entourée d’un cercle).

En 1994, monsieur Bernard TEILLAUD acquiert la propriété.

 

Le retable de la déposition de Croix (1514)

 


 

Fête de Sainte Roseline aux Arcs-sur-argens le 17 janvier 2016 - Procession d'entrée

 

 

Fête de Sainte Roseline aux Arcs-sur-argens le 17 janvier 2016

Chant d'entrée, introduction, kyrie, gloria, collecte. Messe présidée par Mgr Turini, évêque du diocèse de Perpignan-Elne