Le scandale de la pédophilie

 

Source : http://www.news.va/fr/news/pedophilie-creation-dun-tribunal-pour-juger-les-ev

Pédophilie : création d'un tribunal pour juger les évêques

2015-06-10 Radio Vatican

(RV) Un nouveau dicastère pour la communication du Saint-Siège, une nouvelle section judiciaire pour juger les abus de fonction des évêques en matière de pédophilie : ce sont quelques-unes des annonces faites à l’issue du Conseil du C9, le conseil des neuf cardinaux qui aident le Pape à rédiger une nouvelle constitution apostolique. Ce groupe s’est retrouvé à partir de lundi pour la dixième fois, et a conclu ses travaux ce mercredi matin à la Maison Sainte-Marthe au Vatican. Seuls absents lors des débats, le cardinal Monsengwo. Le Pape François a lui assisté aux réunions de mardi pendant toute la journée. 

Trois importantes matières ont été abordées : les réformes économiques menées par le cardinal Pell, la protection des mineurs et la réforme des médias du Saint-Siège. Le Secrétaire pour l’Economie a rappelé la teneur des actions menées ces dernières semaines, comme l’approbation du nouveau Statut du fonds de retraite ou l’actualisation des

structures soumises à l’autorité de contrôle et de surveillance du Conseil pour l’économie.

Le cardinal Pell a également présenté les trois groupes de travail qu’il a créés pour analyser les entrées d’argent et les investissements, pour gérer les ressources humaines et pour étudier les systèmes informatiques existants et voir leur compatibilité et leur efficacité.

Les principales annonces concernent la protection des mineurs. Le compte-rendu de Xavier Sartre

Le cardinal O’Malley, figure de proue de la lutte contre les abus sexuels, a proposé une initiative de la Commission pontificale pour la Protection des mineurs concernant les dénonciations d’abus de fonction épiscopale ainsi que les dénonciations d’abus sexuels sur les mineurs et les adultes vulnérables par des membres du clergé.

Cinq propositions ont ainsi été soumises au Pape qui les a approuvées. Il s’agit de donner aux congrégations pour les évêques, pour l’Evangélisation des peuples et pour les Eglises orientales, la compétence de recevoir et d’examiner les dénonciations d’abus de fonction des évêques. Il est demandé au Pape de donner mandat à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi pour juger les évêques soupçonnés d’abus de fonction. A cet effet, le Pape est invité à créer une nouvelle section judiciaire au sein de la Congrégation et d’en nommer le personnel. Le Pape devrait aussi nommer un secrétaire pour aider le préfet en ce qui concerne ce tribunal. Enfin, il est recommandé d’évaluer le travail qui sera mené cinq ans après la mise en application de ces recommandations.

La refonte des médias prendra quatre ans

Dernier chantier en cours, celui des médias du Vatican. Le directeur du CTV (centre télévisé du Vatican), Mgr Vigano, et président de la commission instituée par le Pape le 23 avril dernier pour mettre en place les recommandations de la commission Patten, a présenté un projet de réforme réalisable en quatre ans qui prévoit la sauvegarde du personnel et une intégration graduelle des institutions concernées. Il s’agit du Conseil pontifical pour les communications sociales, la Salle de presse du Saint-Siège, Radio Vatican, le CTV, l’Osservatore romano, le Service photographique, la Librairie éditrice du Vatican, la Typographie du Vatican, et le Service internet du Vatican. Le projet prévoit en outre la création d’un dicastère dans les prochains mois pour gérer l’ensemble du secteur médiatique. Il a été jugé positif par les cardinaux.

Ce compte-rendu a permis aussi de savoir que les évêques du monde entier recevront de la part du Conseil pontifical Justice et Paix des informations sur l’encyclique du Pape qui sera publiée le 18 juin afin de les aider à expliquer et commenter de manière appropriée le texte.

Parmi les autres points abordés, les cardinaux ont examiné un projet de préambule pour la future constitution apostolique. Le C9 se retrouvera du 14 au 16 septembre prochain pour une nouvelle session de travail. 

(Tratto dall'archivio della Radio Vaticana)

 

Source : http://fr.radiovaticana.va/news/2014/04/11/le_pape_demande_pardon_pour_les_abus_sexuels_commis_par_des_pr%C3%AAtres/fr1-790006

Le Pape demande pardon pour les abus sexuels commis par des prêtres (11 avril 2014)



(RV) Entretien- « Je demande pardon pour les actes que certains prêtres ont commis » : comme Benoît XVI avant lui, le Pape François, qui recevait en audience une délégation du BICE, le bureau international catholique pour l’enfance, a donc demandé pardon pour les crimes pédophiles dont se sont rendus coupables certains membres du clergé.

Ce sont là les premières excuses explicites du pape François sur ce sujet ô combien douloureux et sensible. Une démarche que Benoît XVI avait lui-même accomplie en 2010, lors de la clôture de l’année sacerdotale.

 


« L’Eglise est consciente de ce mal », a reconnu François. Et d’affirmer qu'elle ne voulait pas reculer en ce qui concerne le traitement de ce problème et les sanctions qui doivent être prévues. Au contraire. « Nous devons être forts, car on ne joue pas avec des enfants ! »

Les propos sont clairs, sans équivoque. Le Pape a voulu rappeler sans ambages et avec limpidité la mission de l’Eglise vis-à-vis de l’enfance, et réitérer son engagement ferme contre la pédophilie, dans le sillage de son prédécesseur.

Refus de toute expérimentation éducative

François s’est également élevé contre ce qu’il appelle, « l’expérimentation éducative ». Les jeunes ne sont pas des animaux de laboratoires ou des sujets d’expérience, a-t-il lancé. Les horreurs de la manipulation éducative, vécues lors des grandes dictatures génocidaires du XXe siècle, n’ont pas disparu, prévient le Pape. Elles sont encore d’actualité, mais sous d’autres formes, et forcent les jeunes à marcher sur l’étroit sentier de la pensée unique.

D’où l’importance pour les éducateurs de développer une véritable anthropologie humaine, pour être à même de répondre aux défis posés par la culture contemporaine.

Ces paroles du Pape ont touché de manière particulière la délégation du Bureau international catholique de l’enfance. Nous avons rencontré Olivier Duval, président du BICE et Alessandra Aula, secrétaire de l’organisation au sortir de cette audience : RealAudioMP3

Photo : le Pape François recevant ce 11 avril en audience une délégation du BICE

Source : http://www.aleteia.org/fr/religion/article/abus-sexuels-le-pere-lombardi-justifie-les-propos-du-pape-5276607237324800?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr-07/03/2014

Abus sexuels : le Père Lombardi justifie les propos du Pape

Le Père Lombardi, porte parole du Saint Siège, a procédé à une mise au point au lendemain de la parution de l'interview du Pape François dans le Corriere della Sera

Elisabeth de Baudoüin
06.03.2014
ANDREAS SOLARO /AFP

 

Dans la longue interview qu’il a donnée au quotidien milanais il Corriere della Sera, le Pape François est revenu sur le scandale des abus sexuels, insistant sur leur caractère gravissime mais aussi sur le courage de Benoît XVI et plus largement, celui de l’Eglise :

 « Les cas d’abus sont épouvantables, car ils laissent des blessures très profondes. Benoît XVI a été très courageux et a ouvert une voie. L’Eglise a beaucoup fait sur cette voie. Peut-être plus que les autres. Les statistiques sur le phénomène de la violence envers les enfants sont impressionnantes, mais elles montrent aussi avec clarté que la grande majorité des abus intervient dans le milieu familial et celui du  voisinage. L’Eglise catholique est peut-être la seule institution publique à avoir agit avec transparence et responsabilité. Personne d’autre n’en a fait davantage. Et pourtant, l’Eglise est la seule à être attaquée. »

Les propos du Pape sur ce sujet aussi sensible que médiatisé ont fait aussitôt réagir les associations  d’anciennes victimes, qui mettent régulièrement en cause l’attitude de l’Eglise dans ce domaine, tel le SNAP, qui a immédiatement dénoncé « une mentalité archaïque et défensive ».
Ces réactions ont suscité une mise au point de la part du porte parole du Saint Siège, le Père Lombardi. « Les sujets abordés par le journaliste [ndlr : du Corriere della Sera] sont nombreux et donc, toutes les réponses sont courtes et on ne peut pas s’attendre à ce qu’elles soient complètes. C’est le risque avec beaucoup d’interviews », remarque-t-il.  Le Père Lombardi propose de prendre les propos du Pape « plus pour ce qu’ils disent que ce qu’ils ne disent pas ».

Par ailleurs, affirme-t-il, « il est clair que François apprécie et admire ce qu’a fait Benoît dans ce domaine (ndlr : de la lutte contre les abus sexuels) et désire continuer ». « François, comme je l’ai entendu dire de sa part, est reconnaissant à Benoît d’avoir pris les mesures pour la punition des coupables, la reconnaissance des responsabilités et des fautes des ecclésiastiques et de l’Eglise, pour l’attention aux victimes (…), pour la rénovation des normes… »

À propos de la commission pour la protection des enfants mineurs, victimes d’abus sexuels, dont le Pape a annoncé la création en décembre dernier (cf aleteia) et qui, selon certains, peinent à démarrer, le Père Lombardi s’est voulu positif et rassurant. Il faut du temps pour mettre sur pied un tel organisme qui soit vraiment compétent, surtout dans un contexte comme celui de cette année, où l’ensemble des institutions vaticanes a été fortement mis en mouvement, a-t-il déclaré en substance. « Je sais que des personnes expertes et très qualifiées ont été contactées (…) et je suis sûre que la commission saura proposer au Pape des initiatives adaptées qui donneront une large impulsion à l’Eglise pour la protection des mineurs ».
" Quant au ton « défensif » et de justification de certaines paroles du Pape dans sa brève réponse, a-t-il enfin ajouté, je crois qu’il faut les comprendre comme la reconnaissance du fait que beaucoup dans l’Eglise, heureusement, se sont impliqués pour réparer les erreurs et les manquements du passé ; et cela, bien souvent, n’a pas été reconnu objectivement, ce qui est frustrant (…) En même temps, il est clair qu’il y a encore un travail immense à faire à propos du passé, du présent et du futur. Le Pape le sait bien."

 

Le scandale de la pédophilie, péché d’une « gravité particulière »

Discours de Benoît XVI à la Curie romaine (I)

ROME, Lundi 20 décembre 2010 (ZENIT.org) - Le visage de l'Eglise est couvert de poussière et son vêtement est déchiré, fait observer le pape en reprenant une image de Hildegarde de Bingen, à propos du scandale de la pédophilie de la part de membres du clergé : un péché d'une « gravité particulière ». Mais le pape analyse aussi le contexte social et idéologique qui a permis cette plaie et il en appelle à la formation des consciences.

Le pape a tenu ce matin au Vatican dans la salle Royale, le discours annuel à la Curie romaine sur l'état de l'Eglise pendant l'année écoulée, à l'occasion de l'échange traditionnel des vœux.

Le pape a fait le parallèle entre l'atmosphère de désagrégation morale et le sentiment d'insécurité de la fin de l'empire romain et la société actuelle : « La décomposition des systèmes porteurs du droit et des attitudes morales de fond, qui leur donnaient force, provoquaient la rupture des digues qui, jusqu'à ce moment, avaient protégé la cohabitation pacifique entre les hommes. Un monde était en train de décliner. De fréquents cataclysmes naturels augmentaient encore cette expérience d'insécurité. On ne voyait aucune force qui aurait pu mettre un frein à ce déclin. L'invocation de la puissance propre de Dieu était d'autant plus insistante : qu'il vienne et protège les hommes de toutes ces menaces ! »

« Le monde, avec toutes ses nouvelles espérances et possibilités, est en même temps, a fait observer le pape, tourmenté par l'impression que le consensus moral est en train de se dissoudre, un consensus sans lequel les structures juridiques et politiques ne fonctionnent pas ; en conséquence, les forces mobilisées pour la défense de ces structures semblent être destinées à l'échec ».

Le pape a mentionné la « joie » et la « gratitude » envers Dieu pour l'année sacerdotale, qui a permis de « renouveler la conscience de ce don que représente le sacerdoce de l'Église catholique, qui nous a été confié par le Seigneur ».

Benoît XVI a souligné la beauté du sacerdoce : « Il est beau que des êtres humains soient autorisés à prononcer au nom de Dieu et avec un plein pouvoir la parole du pardon, et soient ainsi en mesure de changer le monde, la vie ; combien il beau que des êtres humains soient autorisés à prononcer les paroles de la consécration, par lesquelles le Seigneur attire en lui un morceau du monde, et ainsi en un certain lieu le transforme dans sa substance ; combien il est beau de pouvoir être, avec la force du Seigneur, proche des hommes dans leurs joies et leurs souffrances, dans les heures importantes comme aux heures sombres de l'existence ; comme il est beau d'avoir dans la vie comme mission non celle-ci ou celle-là, mais simplement l'être même de l'homme - pour l'aider à s'ouvrir à Dieu et à vivre à partir de Dieu ».

Mais justement, ce fut aussi l'année de la révélation de la « dimension inimaginable » des « abus contre les mineurs commis par des prêtres » : c'est « transformer le Sacrement en son contraire », car « sous le manteau du sacré ils blessent profondément la personne humaine dans son enfance et lui cause un dommage pour toute la vie ».

Benoît XVI reprend les termes de la vision de l'Eglsie qu'a eue sainte Hildegarde de Bingen, en 1170 : « Dans la vision de sainte Hildegarde, explique le pape, le visage de l'Église est couvert de poussière, et c'est ainsi que nous l'avons vu. Son vêtement est déchiré - par la faute des prêtres ».

Voilà la leçon que le pape en tire : « Nous devons accueillir cette humiliation comme une exhortation à la vérité et un appel au renouvellement. Seule la vérité sauve ».

Il en appelle à la réparation du mal commis : « Nous devons nous interroger sur ce que nous pouvons faire pour réparer le plus possible l'injustice qui a eu lieu ».

Il invite à rechercher les causes : « Nous devons nous demander ce qui était erroné dans notre annonce, dans notre façon tout entière de configurer l'être chrétien, pour qu'une telle chose ait pu arriver ».

Et les remèdes : « Nous devons trouver une nouvelle détermination dans la foi et dans le bien. Nous devons être capables de pénitence. Nous devons nous efforcer de tenter tout ce qui est possible, dans la préparation au sacerdoce, pour qu'une telle chose ne puisse plus arriver ».

Benoît XVI remercie « de tout cœur tous ceux qui s'engagent pour aider les victimes et pour leur redonner la confiance dans l'Église, la capacité de croire à son message ».

« Dans mes rencontres avec les victimes de ce péché, j'ai toujours, confie le pape, trouvé aussi des personnes qui, avec grand dévouement, se tiennent aux côtés de celui qui souffre et a subi un préjudice ».

Il rend hommage à la fidélité des prêtres : « C'est l'occasion pour remercier aussi les si nombreux bons prêtres qui transmettent dans l'humilité et la fidélité, la bonté du Seigneur et qui, au milieu des dévastations, sont témoins de la beauté non perdue du sacerdoce ».

Le pape souligne la « gravité particulière de ce péché commis par des prêtres » et de la « responsabilité correspondante ».

Il ajoute aussi ce diagnostic sur le contexte social, dénonçant « un marché de la pornographie concernant les enfants, qui en quelque façon, semble être considéré toujours plus par la société comme une chose normale ». Il dénonce « la dévastation psychologique d'enfants, dans laquelle des personnes humaines sont réduites à un article de marché » commun « épouvantable signe des temps ».

Il déplore « le tourisme sexuel » qui « menace une génération entière et l'endommage dans sa liberté et dans sa dignité humaine ».

Le pape n'hésite pas à désigner la « Babylone » de l'Apocalypse, « symbole des grandes villes irréligieuses du monde » et le péché du « commerce des corps et des âmes » devenus une « marchandise ».

Pour Benoît XVI il est aussi un antre facteur : la drogue « qui, avec une force croissante, étend ses tentacules autour de tout le globe terrestre ».

Le pape dénonce la dictature de la recherche du plaisir et le mauvais usage de la liberté : « Tout plaisir devient insuffisant et l'excès dans la tromperie de l'ivresse devient une violence qui déchire des régions entières, et cela au nom d'un malentendu fatal de la liberté, où justement la liberté de l'homme est minée et à la fin complètement anéantie ».

Mais pour Benoît XVI la racine du mal est aussi à chercher dans certaines idéologies : « Dans les années soixante-dix, la pédophilie fut théorisée comme une chose complètement conforme à l'homme et aussi à l'enfant. Cependant, cela faisait partie d'une perversion de fond du concept d'ethos. On affirmait - jusque dans le cadre de la théologie catholique - que n'existerait ni le mal en soi, ni le bien en soi. Existerait seulement un « mieux que » et un « pire que ». Rien ne serait en soi-même bien ou mal. Tout dépendrait des circonstances et de la fin entendue. Selon les buts et les circonstances, tout pourrait être bien ou aussi mal. La morale est substituée par un calcul des conséquences et avec cela cesse d'exister ».

« Les effets de ces théories sont aujourd'hui évidentes », constate le pape qui cite Jean-Paul II (Veritatis splendor, 1993) : « Il a indiqué avec une force prophétique, dans la grande tradition rationnelle de l'ethos chrétien, les bases essentielles et permanentes de l'agir moral ».

Le pape en appelle à l'utilisation de ce texte pour la formation des « consciences » : « C'est notre responsabilité de rendre de nouveau audibles et compréhensibles parmi les hommes ces critères comme chemins de la véritable humanité, dans le contexte de la préoccupation pour l'homme, où nous sommes plongés ».

Anita S.Bourdin