La théorie du Big-Bang, la Création de l'univers et de l'être humain

 

 

Source : http://www.zenit.org/fr/articles/de-quoi-le-big-bang-est-elle-la-preuve

De quoi le Big Bang est-elle la preuve ?

Les indices pensables Episode 49 par Brunor

Rome, 21 décembre 2014 (Zenit.org) Brunor

Résumé des épisodes précédents : Penzias et Wilson ont reçu le prix Nobel pour avoir découvert le « fond diffus cosmologique » que l’on appelle Big Bang et qui marque l’époque la plus ancienne de notre Univers. Mais est-ce pour autant la preuve du « commencement » ?

Eh bien non. Il faut comprendre que le Big Bang n’est pas la preuve du commencement de l’Univers. Cette découverte qui date de mai 1965 n’est pas précisément la découverte de l’instant zéro. Alors pourquoi en parle-t-on tant, si elle ne prouve rien ?
Réponse : elle prouve bien quelque chose : elle est la preuve que l’Univers est en expansion et qu’il se refroidit, car était autrefois immensément plus chaud, plus dense et plus petit ….

Ce qui confirmait de façon magistrale les théories de Friedman, Lemaître et Gamow, qui avaient émis l’hypothèse que l’Univers n’était pas fixe et immuable comme la grande majorité de la communauté scientifique le croyait jusqu’alors. Surtout que des génies comme Einstein avaient d’abord et longtemps refusé d’abandonner leurs préférence pour un Univers éternel et fixe. Grâce à la découverte du Big Bang, (1) on apprenait que l’audacieuse théorie mathématique d’un Univers dynamique  en expansion était donc une théorie exacte.

Ce qu’on ignorait encore lorsque le Pape Pie XII avait souhaité annoncer que le récit Biblique du commencement du monde semblait confirmé par les sciences.
Heureusement le physicien Lemaître, qui était aussi prêtre et proche du Pape, avait invité ce dernier à la plus grande prudence. Il fallait modérer ce bel enthousiasme et éviter les déclarations hâtives, ce que Pie XII n’eut aucune difficulté à comprendre.

En effet,  si cette théorie scientifique de l’expansion des galaxies dont Lemaître fut l’un des principaux artisans, venait à s’avérer fausse, tous ceux qui avaient échafaudé des plans hâtifs  sur cette comète se trouveraient immédiatement discrédités, disqualifiés, voire, ridiculisés. Il fallait impérativement épargner cela au Pape, même si son enthousiasme pour les sciences astrophysiques toutes récentes méritait qu’on rende hommage à son ouverture d’esprit.

De fait, pour s’exprimer officiellement  à ce sujet, le Pape Pie XII attendit désormais une confirmation de cette théorie mathématique par les sciences expérimentales. Malheureusement pour lui, cette confirmation n’arriva pas de son vivant, aussi le Pape  ne put-il jamais connaitre la joie d’annoncer au monde entier que la théorie d’un Big Bang était exacte. Il mourut en 1958, 6 ans avant la découverte par Penzias et Wilson du « rayonnement fossile » ou « Big Bang » qui donnait raison aux calculs de Friedman et Lemaître.

Cinquante ans plus tard, en 2014, c’est donc un autre Pape : François qui, prenant le relais, employa ce mot pour la première fois : « Le Big Bang, que nous pensons être à l'origine du monde, n'annule pas l'intervention d'un créateur divin. » Autrement dit : il n’y a pas de contradiction entre la métaphysique de la création et le constat physique d’un Univers construit par étapes, ou comme l’a énoncé le Pape : « L'évolution dans la nature n'est pas contradictoire avec la notion de création ….»

Ceci étant dit, le Big bang ne permet pas de remonter jusqu’à l’instant zéro de notre Univers. Il permet de remonter jusqu’à la toute première seconde qui suit cet instant zéro (encore théorique).

En effet, les observations des télescopes et les calculs des astrophysiciens permettent de connaître le Passé de l’Univers. Ainsi ils nous apprennent qu’ils peuvent connaitre non pas l’instant zéro qui est inaccessible, mais le premier dixième de seconde qui l’a suivi (1/10 ou 0,1), et je dirais même plus comme dirait Dupont : le premier centième de seconde (1/100 ou 0,01 ou 10-2) et même plus, surenchère Dupond : le premier millième de seconde (1/1000 ou 0,001 qu’on appelle aussi  10 puissance moins 3 car il y a trois chiffres après la virgule.) (2)

Eh bien les savants nous disent qu’ils peuvent remonter ainsi jusqu’à 10 puissance moins 43 soit 43 chiffres après la virgule à l’intérieur de la première seconde qui suit cet instant zéro inaccessible ! On se dit qu’on n’est pas loin de l’instant zéro hypothétique… Mais on se heurte à une sorte de « mur » infranchissable appelé « mur de Planck » en hommage au grand physicien Max Planck.

Au-delà de ce « mur » ou barrière, il y a cette zone inaccessible et inconnaissable qui a été appelée « l’ère de Planck ». On nous dit qu’il est impossible d’explorer cette période entre l’instant zéro et l’instant 10-43, car les quatre grands forces ou lois de la nature qui président à tout dans l’Univers étaient « mêlées » dans ce temps très infime, et leur
non-séparation exclue toute possibilité de franchir ce « mur » de Planck. (3)

Conclusion : C’est un exploit considérable de savoir remonter jusqu’au premier milliardième de milliardième de milliardième de seconde après l’instant zéro. Mais ce n’est pas l’instant zéro. Donc personne ne peut dire que nous avons la preuve d’un commencement de l’Univers…  Derrière ce mur de Planck, l’ère de Planck pourrait être non pas d’une durée infime de 10-43 secondes comme on le suppose, mais une durée infinie.

Par ce chemin d’enquête, nous voilà bloqués à ce mur de Planck, renommé infranchissable. Connaissons-nous d’autres moyens de répondre à cette question l’Univers a-t-il eu un commencement ?
Il semble que oui… C’est ce que nous verrons la prochaine fois… Avec la question restée en suspens : L’Univers aura-t-il une fin ? (4)

(A suivre…)

Brunor

1 - Voir les précédentes chroniques sur le Big Bang : http://www.brunor.fr/PAGES/Pages_Chroniques/44-Chronique.html
ou sur le site de Zénit http://www.zenit.org/fr/googlesearch?q=les%20indices%20pensables

2 - Voir : La lumière fatiguée (SPFC éditions)

3 - Nous y reviendrons…

4 - Voir L’Être et le néant sont dans un bateau, (Brunor Editions. 2014)

(21 décembre 2014) © Innovative Media Inc.

 

Source : http://www.zenit.org/fr/articles/l-enigme-du-rayonnement-fossile-du-big-bang

L'énigme du rayonnement fossile du Big Bang

Les indices pensables... Episode 47 par Brunor

Rome, 7 décembre 2014 (Zenit.org) Brunor

Résumé des épisodes précédents: Le professeur Dicke, de la Princeton University, se rend à Crawford Hill (New Jersey ) pour expertiser un étrange problème d’interférence sur une antenne de 20 pieds, destinée à communiquer avec les satellites... On se croirait dans un film d’espionnage, mais cette histoire est vraie, elle se passe en mai 1965… (1) 

Dans la régie de cette antenne qui ressemble à un de ces étonnants décors dessinés par Edgar P. Jacobs, le créateur de Blake et Mortimer, les experts sont occupés à s’affairer. Au bout de plusieurs heures de travail, de calculs et de vérifications, après concertation avec son équipe, le professeur Dicke se tourne vers Penzias et Wilson, les deux ingénieurs qui les ont appelés en renfort. Le problème ? Tenter de résoudre l’énigme de ce bruit parasite qu’ils captent de façon omniprésente dans toutes les directions de l’Univers, et dont ils voudraient bien se débarrasser. Dicke commence par se racler légèrement la gorge comme chaque fois qu’il entreprend de prononcer une déclaration à caractère officiel : Hum Hum… Félicitations Messieurs… Oui, recevez toutes les félicitations de mon équipe, car vous venez, sans le savoir, de découvrir « quelque chose » que de notre côté, nous cherchons depuis près de 15 ans !...
Penzias et Wilson se regardent éberlués : Qu’est-ce qu’il lui prend ? Pourquoi ces « félicitations » ? Est-ce que le célèbre professeur Dicke se moque de nous pour nous faire payer de l’avoir dérangé avec toute son équipe ? Mais on ne les a pas obligés à venir, c’est lui qui a tenu à faire le déplacement, toutes affaires cessantes… Et quelle est cette « chose » que nous aurions trouvé ?
Wilson ose une question : Si vous cherchez cette « chose » depuis 15 ans... Alors vous savez ce que c’est…
- Vous croyez qu’on peut leur dire patron ? Demande l’un des experts
- Bientôt, on pourra le dire au monde entier, répond Dicke, tout ça nous dépasse ou plutôt, nous précède de tant de milliards d’années ! … Messieurs, cette chose que nous cherchons depuis 15 ans pour essayer valider les calculs de Lemaître (2), Friedman, Gamov et Hubble, cette chose que vous avez trouvé sans la chercher, ce n’est autre que « le fonds diffus cosmologique ». Ou si vous préférez : le rayonnement fossile du Big Bang.
- Quoi ?!? S’esclaffent comme un seul homme Penzias et Wilson : quoi, cette, cette interférence parasite ?!... Ce serait le… le rayonnement du Big Bang ? La trace d’un commencement de l’Univers ? C’est impossible !
Dicke ne se laisse pas démonter : En effet, ce serait absolument impossible si ce Big Bang n’était qu’une fiction… Mais votre découverte confirme que ce n’est pas une fiction : mais une réalité.
Vous savez ce que vous captez avec votre antenne ? Vous captez, en pointant dans n’importe quelle direction du Cosmos, ce qu’il reste de la quantité phénoménale de chaleur et d’énergie qui étaient présentes au commencement de notre Univers. Bien sûr, chaleur et énergie se sont dissipées avec l’expansion de l’espace et les milliards d’années écoulées depuis ces premiers temps (3). Cette puissance d’énergie a progressivement donné naissance aux atomes et à la matière et cette chaleur considérable s’est dissipée mais elle reste mesurable sous forme de rayonnement électro magnétique. Elle a connu tous les stades en passant par l’ultra-violet, puis l’infra-rouge et nous avions postulé qu’il serait possible de la capter sous forme de micro-ondes, ce que vous avez réussi à faire, avec votre antenne, en croyant que ce n’est qu’une vulgaire « interférence ». Après 15 ans de recherches infructueuses, nous étions en train de construire une antenne un peu comme la vôtre, qui allait bientôt être opérationnelle sans savoir que si près de nous, vous captiez ce rayonnement fossile qui vous agaçait…
Penzias : Mais qu’est-ce qui vous fait croire que c’est bien le… le Big Bang ?

Dicke : Les théories de Gamov fondées sur les calculs de Friedman et Lemaître, qui, sans se concerter, avaient apporté une des thèses les plus révolutionnaires du début du XX° siècle : l’Univers est en expansion, il ne cesse d’augmenter en volume (si l’on peut dire), il n’est pas stationnaire et puisqu’il est plus grand aujourd’hui qu’hier, il y a donc eu un moment dans le passé où il a été microscopique, il a donc eu un « commencement ».
Le professeur Dicke poursuit : Si cette théorie était vraie comme semblaient le confirmer les observations de Hubble qui voyait les galaxies s’éloigner, ou comme précisait Lemaître : « l’Univers s’étirer » et se refroidir dans cette expansion, alors on devrait pouvoir capter ce qui reste de ce rayonnement considérable et de cette chaleur inimaginable du commencement de notre Univers. You got it ! Vous l’avez fait ! Vous avez capté cela. Félicitation messieurs, vous aurez sûrement une médaille !
En effet, Penzias et Wilson recevront le Prix Nobel de physique en 1978, pour cette découverte validée par la science et cette haute distinction honorifique mondiale. Mais on comprendra que cette nouveauté a pu être particulièrement controversée et soumise à des critiques de la part de la communauté scientifique, dont elle bouleversait le paradigme (4). Car, de fait, elle change radicalement notre vision du monde en apportant une réponse scientifique à une question que l’humanité se posait depuis trois mille ans : l’Univers est-il éternel dans le passé ? Ou bien : a-t-il eu un commencement ?
Nous aurons une pensée pour le malaise métaphysique que ce bouleversement allait provoquer chez l’un des deux découvreurs : Wilson. Sans doute fut-il assez difficile pour lui d’admettre qu’il avait contribué, par cette découverte commune, à apporter la confirmation d’une théorie à laquelle il répugnait tout simplement, pour des motifs que nous découvrirons la semaine prochaine… (5)

(A suivre…)

Voir les précédentes chroniques sur le Big Bang : http://www.brunor.fr/PAGES/Pages_Chroniques/44-Chronique.html

Erratum : le Chanoine Lemaître n’appartenait pas à la « Compagnie de Jésus » (Jésuites) mais à la fraternité des « Amis de Jésus ».

Aujourd’hui on parle de 13,81 milliards d’années

Paradigme : représentation du monde. Voir la chronique 45- Un paradigme perdu…

Voir : Le Hasard n’écrit pas de messages. Scénario et dessin Brunor (SPFC éditions)
et pendant qu’on y est, voir la nouveauté : L’Être et le néant sont dans un bateau, du même auteur (Brunor Editions. 2014)

Voir les épisodes précédents sur www.brunor.fr ou sur le site de Zenit http://www.zenit.org/fr/googlesearch?q=les%20indices%20pensables

(7 décembre 2014) © Innovative Media Inc.

 

Source : http://www.zenit.org/fr/articles/une-mysterieuse-interference-dans-le-ciel

Une mystérieuse interférence dans le ciel

Les indices pensables... Episode 46 par Brunor

Rome, 1 décembre 2014 (Zenit.org) Brunor

Résumé des épisodes précédents : Les papes Pie XII et François seraient-ils en contradiction, à propos de ce qu’on a coutume d’appeler le Big Bang ? Le premier s’est interdit d’en parler, le second a employé ce terme en public, pour la première fois dans l’histoire de la papauté.  

En fait, le pape Pie XII avait commencé d’en parler en 1951 : « La science a réussi à se faire le témoin du ‘Fiat lux’ initial…» avait-il déclaré. Mais le jésuite Georges Lemaître, qui était justement l’un des principaux artisans de cette théorie d’un commencement de l’Univers, avait immédiatement invité le Pape à la prudence,  lui  demandant de ne pas conclure hâtivement que la science confirmait la Bible ce propos.(1)  Le Pape Pie XII avait dès lors  effectivement cessé d’aborder ce sujet en public. Nous étions en 1951 et le Big Bang n’était alors qu’une théorie. Or, une théorie scientifique est énoncée pour faire avancer la recherche. Mais tant qu’elle n’est pas validée ou confirmée, il n’est pas question de se fonder sur elle pour bâtir des de savants édifices. Ce serait comme construire une maison sur le sable... Ce que le Pape Pie XII a très bien comprit lorsque le chanoine Lemaitre l’a invité à la prudence dans ce domaine qu’il connaissait bien.

Mais en 1965, il a 50 ans exactement, les choses ont changé.  Cette histoire ressemble à un film ou à une Bd et pourtant, elle est authentique. Deux radioastronomes diplômés sont chargés par la grosse entreprise américaine  de téléphonie Bell, de remettre en état de fonctionnement une antenne spéciale destinée aux communications par satellites (2). Nous sommes dans un coin du New Jersey. En principe ce job ne devrait être qu’une simple formalité pour Penzias et Wilson diplômés de Caltech. Pourtant rien ne se passe comme prévu. Chaque fois qu’ils font une tentative de vérification, le signal est perturbé par une interférence qui brouille tout. Ils retournent à l’ouvrage, dévissent des pièces, nettoient, revissent, changent les rivets, rien n’y fait : dès qu’ils reprennent les écouteurs espérant la qualité de silence des espaces infinis,  l’interférence est toujours présente, avec son grésillement.
Imaginez une chaine HI Fi toute neuve, vous positionnez confortablement le casque et attendez un son parfait, voilà qu’un grésillement horrible, toujours le même, vient strier vos oreilles. Pas moyen d’écouter Bach, Mozart ou le dernier Pink Floyd, impossible de se débarrasser de ce bruit parasite.

Au bout de plusieurs mois de tentatives infructueuses nos deux ingénieurs Penzias et Wilson commencent à sérieusement déprimer et à craindre de perdre leur job pour incompétence. En désespoir de cause, sur les conseils d’un ami,  ils finissent par oser téléphoner à un des pontes de l’université  de Princeton (New Jersey) le grand Bob Dicke.  On peut se douter qu’il va commencer par les envoyer se faire cuire un œuf : « Un problème d’interférence ? Adressez-vous plutôt aux gens des téléphones Bell, mon gars ! – Mais heu… Justement… C’est que… Les téléphones Bell… C’est nous ! »  Contre toute attente, et malgré le burlesque de la situation digne d’une comédie de Jerry Lewis, le professeur Dicke commence à manifester un intérêt certain pour la description du problème : « Mais dites-moi les gars, votre interférence, vous la captez quand vous orientez l’antenne dans quelle région de la galaxie ? –Dans n’importe quelle région professeur, de jour comme de nuit et en toute saison, elle est partout ! »

Serions-nous passés dans un film de sciences fiction du genre Interstellar ? Suspens…
Sans se démonter le professeur Dicke  poursuit son enquête : « Et vous travaillez sur quel type d’antenne?  Sur un récepteur de 20 pieds, hum. Et… Vous êtes situés où déjà ? … Crawford Hill, à 50 kms de Princeton ? OK, demain nous serons chez vous. – Attendez, heu qui ça : Nous ? –  Toute mon équipe et moi ! »

Toute l’équipe du célèbre Bob Dicke de l’université de Princeton pour une… interférence ?!?

Le lendemain, dans la Chevrolet qui conduit Dicke et trois ingénieurs vers l’antenne de Crawford Hill, règne une atmosphère de films d’espionnage: « Tu crois que les types de l’antenne auraient pu … trouver  ?…  Tu penses qu’ils se doutent de quelque chose ? Est-ce qu’ils auraient pu s’approcher du but avant nous ? - Je ne crois pas, ils m’ont l’air d’être tout à fait ignorants de nos recherches… Ils ont juste un problème d’interférence, et ils font venir les réparateurs…
-Les réparateurs ? Ah ah ah ! »

Qu’est-ce que Penzias et Wilson auraient bien pu trouver sans le savoir ? Auraient-ils mieux fait de se taire ? Ont-ils été imprudents de contacter les gens de l’université ?
Quelle est cette mystérieuse interférence digne des aventures de Blake et Mortimer ?

Vous le saurez la semaine prochaine.

(A suivre…)

Brunor

Voir les chroniques sur le Big Bang : http://www.brunor.fr/PAGES/Pages_Chroniques/44-Chronique.html

Voir : Le Hasard n’écrit pas de messages. Scénario et dessin Brunor (SPFC éditions)
et pourquoi pas : voir la nouveauté : L’Être et le néant sont dans un bateau, Brunor. (Brunor Editions. 2014)

Voir tous les épisodes précédents sur www.brunor.fr
ou sur le site de Zenit : http://www.zenit.org/fr/googlesearch?q=les%20indices%20pensables

Voir la nouveauté : L’Être et le néant sont dans un bateau. Brunor Editions (2014)

(1 décembre 2014) © Innovative Media Inc.

 

Source : http://www.zenit.org/fr/articles/d-abord-hommes-ensuite-seulement-dieux

D'abord hommes, ensuite seulement dieux

Les indices pensables... Episode 41, par Brunor

Paris, 26 octobre 2014 (Zenit.org) Brunor

Résumé des épisodes précédents* : Saint Irénée (1) nous dit que cette théiosis-déification (2) ne peut être que progressive pour les Hommes que nous sommes. Dieu serait-il donc incapable de donner à l’Homme dès le commencement le parfait et l’achevé?

C’est la question que posent les détracteurs d’Irénée. Celui-ci  leur répond :
« Ici, l’on objectera peut-être : Eh quoi ? Dieu n’eût-il pu faire l’homme parfait (achevé) dès le commencement ?
-Qu’on sache donc que pour Dieu, qui est depuis toujours identique à Lui-même et qui est incréé, tout est possible, à ne considérer que Lui. Mais les êtres créés, du fait qu’ils reçoivent leur commencement d’existence, sont nécessairement inférieurs à leur Auteur. (…) (3)
Dans la lignée des prophètes d’Israël et du Christ, saintIrénée donne un mâschâl ,  une image, une parabole, pour aider ses interlocuteurs à comprendre, il poursuit : Du fait qu’ils sont nouvellement venus à l’existence, ils sont de petits enfants, et, du fait qu’ils sont de petits enfants, ils ne sont ni accoutumés ni exercés à la conduite parfaite. De même, en effet, qu’une mère n’est pas impuissante à donner une nourriture adulte et  parfaite à son nouveau-né, mais que celui-ci est encore incapable de recevoir une nourriture au-dessus de son âge, ainsi Dieu pouvait quant à Lui, donner dès le commencement à l’Homme le parfait et l’achevé  , mais l’Homme était incapable de la recevoir, car il n’était qu’un petit enfant.(…)
C’est pourquoi Paul dit aux Corinthiens : «je vous ai donné du lait, mais pas encore de la nourriture solide, car vous ne pouviez pas encore la supporter ». 


 On voit comment saint Irénée, s’appuyant sur Saint Paul et sur l’Ecriture, a réussi à comprendre clairement à quel point la Création n’est pas « fixiste », mais qu’elle est réalisée par étapes. Non que Dieu soit impuissant à « aller  plus vite », mais parce que le Créateur respecte avec bienveillance les étapes de Sa Création. Selon saint Irénée, dans sa réfutation des différentes théories gnostiques, il est temps d’abandonner les caricatures de Dieu. Le Créateur n’agit pas comme une sorte de magicien qui tirerait de son chapeau des choses ou des êtres tout faits, d’un coup, en claquant des doigts comme dans certains mythes archaïques, mais il pose avec patience des étapes progressives de maturation.
Non pas qu’il soit impuissant à procéder autrement, mais par respect pour Sa création, comme la maman qui donne à son enfant la nourriture qui lui convient selon le rythme de sa croissance. Et assurément Dieu procède ainsi par amour (agapé).
Quoiqu’il en soit, cette lecture qui appartient à la grande Tradition de l’Eglise indivise(4) reste compatible avec une des découvertes scientifiques les plus révolutionnaires pour la pensée et la compréhension du Monde : nous ne sommes pas  dans un Univers fixiste, tout fait,  mais en progression (évolution et entropie). Nous nous étions crus dans un Cosmos, nous sommes en réalité dans une Cosmogénèse ! D’ailleurs Pape Benoît XVI a invité les catholiques à en tenir compte en précisant : « La Création n’est pas encore achevée… » (12 septembre 2008 Collège des Bernardins).
Cette incroyable découverte du début du XX° siècle allait alors contre toutes les philosophies et religions, c’est pourquoi elle a eu du mal à être accueillie sereinement. Alors qu’elle est bien davantage compatible avec le judéo-christianisme qu’avec les différents athéismes, idéalismes et panthéismes (5), Nous verrons comment  elle est encore suspecte dans certains milieux religieux car l’athéisme a réussi à s’en emparer pour en faire son fer de lance philosophique, sous une apparence (blouse blanche) scientifique.

En attendant, cette intuition géniale des étapes n’étant pas partagée par tous les contemporains de saint Irénée,  encore moins par les gnostiques avec qui il était engagé dans un grand débat-combat (voir ses cinq grands livres « Contre les hérésies »), l’évêque de Lyon énonce des arguments et une pensée qui franchissent les siècles et s’avèrent être d’une étonnante actualité. Il poursuit, en insistant sur les étapes de croissance à respecter :
Selon cet ordre, ce rythme, et cette direction (pédagogie), l’Homme créé et façonné devient un être à l’image et à la ressemblance du Dieu incréé. (6)
(...) L’Homme progressant petit à petit et s’élevant lentement vers l’achèvement et la perfection, c’est à dire, s’approchant de l’incréé.
Il s’agit bien d’une montée, d’une progression vers Dieu et vers la théiosis qui est notre vocation, notre appel. Par conséquent, Saint Irénée nous invite à accueillir avec gratitude notre condition d’Homme inachevé :
(...)  Ils sont donc déraisonnables de toute façon,  ceux qui n’attendent pas le temps de la croissance, et reprochent à Dieu l’infirmité de leur nature. Ne reconnaissant ni Dieu, ni eux-mêmes, insatiables et ingrats, ne voulant pas être D’ABORD ce qu’ils ont été faits, des hommes capables de passions; mais enjambant la loi du genre humain, et avant de devenir des hommes, ils veulent déjà être semblables au Dieu créateur, et ils veulent qu’il n’y ait aucune différence entre Dieu incréé et l’Homme  qui vient d’être créé; ils sont plus déraisonnables que les bêtes muettes. Celles-ci, en effet n’imputent pas à Dieu qu’il ne les ait pas faites des hommes; mais chacune, à la place où elle a été créée, rend grâces.

Et nous, nous lui faisons reproche parce que nous n’avons pas été  dès le commencement faits dieux,

mais D’ABORD hommes, ensuite seulement dieux.

Et cependant Dieu, selon sa bonté, a fait les choses ainsi en sorte que nul ne pense qu’Il est  jaloux ou incapable. « Moi, dit-Il, je l’ai dit : vous êtes des dieux et des fils du très haut, tous !» (7)

Quant à nous, nous n’étions pas capables de porter la puissance de la divinité. 
Il fallait que D’ABORD apparaisse la nature, et qu’ensuite ce qui est mortel soit vaincu et absorbé par l’immortalité; et que l’Homme devienne à l’image et à la ressemblance de Dieu, ayant reçu la connaissance du bon et du mauvais.»
(8)

 (A suivre…) Nous poursuivrons la lecture des intuitions de saint Irénée la semaine prochaine.

Brunor

*Retrouvez les épisodes précédents sur www.brunor.fr ou sur le site de Zenit                  http://www.zenit.org/fr/googlesearch?q=les%20indices%20pensables

(1)   Saint Irénée, évêque de Lyon, né en 120, mort martyr en 202.

(2)    Voir les chroniques 39 et 40.

(3)   Irénée, Adversus Haereses, IV, 38

(4)   A la fin du II° siècle, l’Eglise était encore « indivise », avant les grandes divisions, entre Catholicisme et Orthodoxie, puis  Réforme…

(5)   Voir le nouvel album des indices pensables : L’Être et le néant sont dans un bateau.

(6)   Irénée, Aversus Haeresis, IV, 38-3

(7)   Psaume 81,6 cité dans la chronique 40

(8)   Irénée, Adversus Haereses, IV, 38-4

(26 octobre 2014) © Innovative Media Inc.

 

Source : http://www.zenit.org/fr/articles/faisons-l-homme-ensemble

Faisons l'Homme, ensemble !

Les indices pensables, épisode 39

Paris, 12 octobre 2014 (Zenit.org) Brunor

Résumé des épisodes précédents* : Dans la Bible, quand il est question de la création du genre humain, Dieu semble changer de méthode. Qu’est-ce que cela nous enseigne ?

Dans le récit du livre de la Genèse, nous lisons que Dieu dit : « que la lumière soit », et la lumière fut… Puis Dieu continue la Création, par étapes, en disant : Que ceci soit, et ceci fut… Et ainsi de suite… Mais pour l’Homme, il change de méthode. Dieu ne dit pas : « que l’Homme soit » … Est-ce que ça change quelque chose ?
Depuis les premiers siècles déjà, des commentateurs ont compris que la création  n’avait pas eu lieu en une semaine de 7 jours, mais que ces « jours » symbolisaient de longues étapes qui étaient incontournables…
Arrivé à l’étape de la création du genre humain, (ha-adam en hébreu), non seulement Dieu ne dit pas : « que l’Homme soit », mais  nulle part il n’est écrit que  « l’homme fut ».
Le texte nous dit : Dieu dit « Faisons l’Homme,  à notre image comme notre ressemblance… »
Ce qui a conduit certains Pères de l’Eglise àpenser que l’Homme est un être  inachevé, car au verset suivant on lit : Dieu créa l’Homme à son image, à l’image de Dieu il LE créa ; mâle et femelle, il LES créa » (Genèse 1,27).
Donc, l’être humain est bien créé à l’image de Dieu, comme c’était annoncé mais où est la ressemblance dont il était question au verset précédent ? Selon l’Ecriture, devons-nous comprendre que L’Homme et la Femme sont effectivement créés à l’image de Dieu, mais qu’ils n’ont pas encore la ressemblance ? Que c’est peut-être leur objectif de la trouver ?

Dans cette réflexion, plusieurs commentateurs Juifs et chrétiens se sont demandé si l’Homme ne serait pas  encore en cours de création ?
Comme si Dieu était encore en train de faire l'Homme.
C’est dans ce sens que Saint Irénée de Lyon (1) a compris le pluriel employé dans la Genèse :
Dieu dit « Faisons l’Homme… »
Selon ce Père de l’Eglise, Dieu n’est pas seul à faire l’Homme, mais  il invite cet Homme qu’il est en train de créer, à participer à ce travail d’aboutissement/accomplissement de sa propre création.
Saint Irénée, évêque de Lyon dans des temps difficiles,  a compris que Dieu s’adresse à chaque être humain et l’invite à œuvrer ensemble, dans une alliance. Dieu et l’Homme  vont travailler ensemble à faire cet Homme qui chemine vers la ressemblance. « Faisons ! »

L’Homme est invité à ne pas rester passif dans ce grand travail de création qui le concerne et qui est son salut. En effet, comme dit saint Paul : « Dieu opère, l’Homme coopère ». C’est une alliance.

Paul nous dit que nous sommes invités à passer du vieil homme à l’Homme nouveau  en collaborant avec Dieu notre propre « métamorphose » qui fait de nous des Hommes nouveaux. Et comment savoir à quoi ressemble cet Homme nouveau ? En regardant celui qui est « l’image visible de Dieu invisible » : Jésus le Christ, celui qui réalise en lui la ressemblance.
Lui qui est appelé le « Fils Unique » est aussi appelé « l’aîné d’une multitude de frères ». Comment être à la fois fils Unique et Fils ainé d’une grande famille ?
Comme chaque fils premier né, qui commence par être l’Unique avant que d’autres enfants arrivent, soit de façon « naturelle », soit par adoption.
Or, l’Eglise nous dit que nous sommes fils « par adoption », et que notre liberté peut refuser cette adoption proposée à tous.
Pourquoi par adoption ? Parce que, comme dit saint Paul, nous sommes à peine sortis de l’animalité. Nous que les paléontologues appellent homo sapiens, Paul nous appelle « Paléo anthropos » = vieil homme. Tandis que lui, le Christ est appelé « Homme nouveau ».
C’est lui qui a été défini par les Conciles comme étant  « l’Homme nouveau et véritable» que Dieu a « assumé » comme écrivait de Pape Damase vers l’an 318.

A cette époque, quand l’Eglise parlait le grec, les convertis qui se préparaient au baptême apprenaient que la vocation de l’Homme était la théiosis.  Un mot un peu oublié que l’on traduit par déification, ou divinisation, ou encore, union à Dieu,  participation à la vie de Dieu.

(A suivre…)

Brunor
*Retrouvez les épisodes précédents sur www.brunor.fr ou sur le site de Zénit http://www.zenit.org/fr/googlesearch?q=les%20indices%20pensables

(1)   Saint Irénée, évêque de Lyon, né en 120, mort martyr en 202.

(2)   « l’image visible de Dieu invisible » 1 Colossiens 15

(12 octobre 2014) © Innovative Media Inc.

 

Source : http://www.zenit.org/fr/articles/vos-atomes-avec-ou-sans-intelligence

Vos atomes, avec ou sans intelligence ?

Les indices pensables... Episode 29 par Brunor

Rome, 6 juillet 2014 (Zenit.org) Brunor

Résumé de l'épisode : Selon les atomistes, depuis Démocrite, on passe du Chaos (désordre) au Cosmos (organisé) sans aucune intelligence organisatrice puisqu’il n’y a pas de dieu. Les partisans de cette philosophie se disent rationalistes, mais ils ont du mal à répondre aux critiques sévères que leur adresse l’autre courant de l’athéisme, celui des stoïciens.

On peut toujours se dire athée, les difficultés commencent quand il s’agit de pousser la logique de cette posture philosophique. Il ne suffit pas de déclarer « je suis athée parce que je ne crois pas au dieu de la Bible ». Il faut pouvoir répondre à la grande question soulevée par Parménide : qu’est-ce qui a toujours existé ?

Si on refuse de répondre « QUELQU’UN a toujours existé : un ou plusieurs dieux », alors il ne reste qu’une réponse possible : « QUELQUE CHOSE a toujours existé, c’est l’Univers lui- même, puisqu’il est là, et qu’il n’a pas pu naitre seul du néant car il n’a été créé par aucun dieu. » Naissance du grand courant de philosophie matérialiste.

Nous pouvons constater que ce grand courant arrive jusqu’à nous sous trois formes différentes : Le matérialisme de Parménide, celui des atomistes et celui des stoïciens.

Depuis plus de 2000 ans il était possible de croire à ces différentes formes d’athéisme.

Aujourd’hui, il y a du nouveau. En effet, grâce aux progrès des sciences expérimentales, il devient possible de confronter ces pensées avec le réel, pour voir si elles sont encore compatibles avec la raison.

Nous savons déjà que le premier courant, celui de Parménide(1) est devenu totalement irrationnel. Son matérialisme était fondé sur l’idée que les montagnes est les océans sont éternels. Nous savons aujourd’hui que ce n’est pas le cas, puisque la planète Terre elle- même n’est pas éternelle, elle a eu un commencement. Donc, cet athéisme-là était fondé sur une théorie totalement fausse. On ne peut plus y croire. Plus personne n’oserait affirmer que la Terre est éternelle, c’est trop connu : les informations scientifiques sont arrivées jusqu’au plus grand nombre. La connaissance nous épargne de tomber dans une fausse croyance.

La seconde forme de matérialisme est celle de Leucippe et Démocrite qui enseignent depuis plus de 2000 ans : ce sont les atomes qui sont éternels. Cette intuition est d’ailleurs fondée sur le thème des cycles d’Héraclite. Son aspect cyclique est compatible avec l’idée d’une genèse progressive de l’Univers... Une construction par étapes, ce qui est le cas. Car les « atomistes » d’hier et d’aujourd’hui nous expliquent que les atomes, en nombre infini dans un Chaos, se rencontrent par hasard, c’est-à-dire sans aucune intelligence organisatrice (définition de l’athéisme). C’est ainsi que vont naître (de leur rencontre fortuite) toutes les choses qui existent, y compris les organismes vivants : plantes, animaux, êtres humains.

Pour cette pensée, on passe du Chaos au Cosmos, du désordre à l’ordre, sans aucune intelligence organisatrice puisqu’aucun dieu n’intervient dans ce processus de constructions et de destructions successives. D’ailleurs, le thème des cycles « Big Bang /Big Crunch » est directement hérité de l’option philosophique des cycles d’Héraclite.

On notera que cette philosophie atomiste est redevenue à la mode au milieu du XIX° siècle, puisque c’est à elle que se sont rattachés les amis de Darwin, non pas du point de vue scientifique, mais du point de vue de l’interprétation philosophique (ce qui est sur un plan tout à fait différent). Pour eux, le hasard partage avec la sélection naturelle la responsabilité de cette progression qui va du monocellulaire à l’être humain et qu’on appelle évolution.

C’est une interprétation digne de la vénérable philosophie atomiste de Leucippe et Démocrite.

(Nous ne disons pas qu’il n’y a pas de « hasard », nous demandons seulement si le « hasard » seul est capable de tant de choses. C’est une question à étudier.)

Pourtant d’autres penseurs vont oser s’opposer farouchement à cette théorie atomiste en déclarant : ce que vous dites est irrationnel !

Cette critique ne vient pas seulement des « religions » comme on pourrait le croire, mais de façon inattendue, elle vient de l’autre courant du matérialisme, celui des stoïciens de Zénon et de ses héritiers jusqu’à nos jours en passant par Spinoza, Leibniz et Diderot. Ils argumentent : votre croyance est irrationnelle, car elle pourrait, certes, expliquer la formation des choses inertes comme des nuages de gaz ou des cailloux, mais elle est totalement incapable de rendre compte de l’apparition de la vie, et de la présence de la pensée et de la conscience... La vie et la pensée ne peuvent pas provenir de vos atomes qui ne sont pas vivants.

Nous les stoïciens, nous disons au contraire ceci : puisque nous voyons de la vie se manifester sur Terre, nous pensons que cette vie ne peut pas venir de rien, (elle n’est pas créé, elle ne nait pas toute seule du Néant). Donc, nous affirmons qu’elle a toujours été là, mais de façon cachée, à l’intérieur des atomes. Ce qui explique qu’à un moment donné, quand tels atomes se rencontrent, ils manifestent au grand jour la vie qui était cachée en eux, et font le brin d’herbe, la salade, la libellule, le kangourou et l’être humain. Un assemblage d’atomes déjà vivants capables de rendre compte de la présence de vie sur Terre, le moment venu.

La pensée et la conscience ? C’est pareil. Cette capacité de pensée était déjà présente dans les atomes et elle se manifeste quand des atomes se rencontrent, pour faire un homme ou une femme. Nous les stoïciens nous disons comme vous atomistes, que les atomes ont toujours existé, mais nous pensons qu’ils sont vivants et pensants (en secret). Nous enseignons que la matière est vivante, c’est pourquoi on nous appelle « hylozoïstes(2)».

Nous affirmons aussi que cette vie peut se manifester quand certaines conditions sont réunies, nous avons donc soutenu et encouragé l’idée de génération spontanée. (Rappel : Louis Pasteur a démontré en 1861, que la génération spontanée était impossible.) (3).

Les atomistes leur répondent : excusez-nous, mais vous êtes de faux athées, vous êtes des usurpateurs. Car si vos atomes sont éternels, vivants et pensants, vous êtes ce que tout le monde appelle des panthéistes !

Vous n’êtes plus du tout athées, au contraire, vous voyez des dieux absolument partout, dans tout ce qui existe, même dans un nuage, même dans un caillou ou une boule de neige.

On est envahi par le divin ! Au secours !

Donc, nous sommes en présence de deux formes de matérialisme radicalement contradictoires qui se neutralisent mutuellement. Ils se retrouvent néanmoins sur un point commun : les atomes sont éternels. Hélas, ce ne sont pas du tout les mêmes atomes.

Pour vous, les atomes sont-ils vivants ou pas ? Sont-ils intelligents ou pas ? Deux questions à poser à chaque matérialiste athée que l’on rencontre, si l’on souhaite engager un dialogue digne de ce nom.

Mais quoi qu’il en soit, il nous faudra analyser s’il est encore possible aujourd’hui d’affirmer que les atomes sont éternels. Le sont-ils ?

(A suivre...)

Brunor

(1) Parménide et l’Être Absolu, voir : http://www.brunor.fr/PAGES/Pages_Chroniques/25-

Chronique.html

Voir aussi la série d’albums Bd : Les indices pensables.

(2) Hylozoïsme : voir : http://www.brunor.fr/PAGES/Pages_Chroniques/09-Chronique.html

(3) Génération spontanée, voir : http://www.brunor.fr/PAGES/Pages_Chroniques/08-

Chronique.html

(6 juillet 2014) © Innovative Media Inc.

 

Source : http://www.zenit.org/fr/articles/dis-moi-comment-tu-consideres-la-matiere-je-te-dirai-qui-tu-es

Dis-moi comment tu considères la matière, je te dirai qui tu es

Les indices pensables Episode 27

Rome, 22 juin 2014 (Zenit.org) Brunor

Résumé : Depuis l’Antiquité  deux grands « fleuves » antagonistes irriguent toute la pensée de l’humanité : Matérialisme et Idéalisme. S’il n’y avait que ces deux-là, il faudrait choisir entre ces deux affirmations contradictoires : soit la matière sublimée, soit au contraire, la matière détestée. Heureusement pour la pensée, une troisième voie existe…

- La matière sublimée, c’est celle des matérialistes héritiers de Parménide, de l’atomisme de Démocrite et du stoïcisme de Zénon (1). Elle est éternelle et sait tout faire, soit par hasard, c’est-à-dire sans aucune intelligence, soit au contraire, par une intelligence géniale, qui est à l’intérieur des atomes, eux-mêmes doués de vie cachée.

- De l’autre côté, la matière détestée, car « mauvaise », c’est celle des idéalistes dans la lignée de l’Hindouisme, de l’orphisme, du platonisme et néoplatonisme, des gnoses, des différentes manichéismes, de l’idéalisme allemand…

-La troisième voie, celle qui a été ouverte par les prophètes hébreux (et par Aristote) (2), affirme que la matière n’est pas l’Être Absolu, mais elle n’est pas détestée, car elle n’a rien de mauvais, elle est dite « bonne » parce qu’elle est créée intentionnellement et que le Créateur se sert de cette « matière », de cette poussière du sol qui n’est pas mauvaise, pour faire l’être humain (ha-adam) (3).

En langage d’aujourd’hui nous pourrions traduire: Il se sert de ces molécules communes à tous les êtres vivants, pour faire l’être humain.

Il est important de bien noter que dans la Bible, l’être humain est fait de poussière du sol AVANT toute action de péché ou de chute. Le récit du péché biblique n’arrive qu’après.

Au contraire, selon la pensée idéaliste, (platonicienne ou gnostique), c’est à cause d’une chute que l’Homme et la Femme sont mélangés à la matière, à la suite d’une faute. Pour ces courants idéalistes, venus de la Grèce antique, dont Platon est sans doute le plus célèbre porte-parole, l’Homme et la Femme ne sont pas d’abord créés avec de la matière.
La matière est une conséquence de la chute, elle est seconde.

Car selon cet antique paganisme, l’Homme et la Femme sont tombés dans cette matière (appelée également fange) qui est devenue leur corps et qui n’est autre que la « prison de leur âme ». Un jeu de mot platonicien bien connu soma-séma, est là pour rappeler cette vision négative du « corps ». Soma-mon corps est la prison-séma de mon âme ! Elle en est même le « tombeau ». Pas de chance.

Selon cette pensée, l’Homme a d’abord été créé « Homme spirituel », sans matière, donc ni homme ni femme. La différenciation Homme/Femme est le résultat de cette chute. On retrouve cet enseignement chez Philon d’Alexandrie (4) qui, bien entendu, était platonicien.

Alors que pour la pensée Biblique, on observe exactement le contraire : l’Homme et la Femme sont intentionnellement créés avec de matière (créée, elle aussi (5)) considérée comme « bonne ». C’est seulement par la suite qu’interviendra le récit de l’arbre et du serpent…

On voit bien un conflit d’interprétation entre ces deux courants de pensée résolument antagonistes sur ce point et qui posent des regards tout à fait contradictoires sur le « corps » et la matière, et donc sur l’Homme. (Et quand je dis Homme, j’embrasse toutes les femmes comme disait Sacha Guitry.)

Nous avons le choix entre trois grandes visions du monde :

-Soit nous préférons choisir le grand courant idéaliste, platonicien et gnostique qui dit :
le mélange de l’âme avec la matière est une punition, une déchéance, la conséquence d’une tragédie, d’une faute et d’une chute. Alors la création physique s’explique par cette chute, elle est donc mauvaise et détestable.

- Soit c’est le contraire : la Création matérielle est intentionnelle de la part d’un Dieu bienveillant, à partir de rien (ex nihilo). Et non pas à partir d’une matière préexistante, un chaos éternel. Cette Création est une montée, une montée progressive, par étapes, comme l’enseigne la Bible. Et non pas d’un seul coup comme dans certains mythes archaïques. La Bible distingue symboliquement six étapes progressives, l’Homme et la Femme sont créés à la fin et non pas au début comme chez Platon et dans les mythes gnostiques.

- Soit il nous reste le matérialisme athée dont nous reparlerons, qui enseigne comment les atomes éternels s’organisent tous seuls pour construire, au bout de 13,81 milliards d’années, des êtres vivants et pensants.

Mais l’intérêt de cette enquête consiste dans notre capacité récente à pouvoir confronter au réel ces 3 propositions. Ce que nous ferons dans la mesure du possible… afin de voir si l’une ou l’autre tient la route, face au réel.


A suivre…

NOTES
(1) Nous en parlerons ultérieurement
(2) Aristote : voir la précédente chronique.
(3) Nous avons vu que le Créateur donne à l’Homme un « souffle », (pneuma, spiritus, esprit) que ne reçoivent pas les autres êtres animés, tous appelés « âmes vivantes » dans la Bible Hébraïque.
(4) Philon d’Alexandrie (vers-20, -45 ) Contemporain de Jésus et de saint Paul. Juif de la diaspora d’Alexandrie, devenu Philosophe Platonicien.
(5) Il ne faut pas confondre le fameux tohu wabohu de la Genèse, avec le chaos primordial des mythes. Tohu et bohu signifient en hébreu : « un désert et un vide ».

 

Source : http://www.zenit.org/fr/articles/les-atomes-incapables-sans-instructions-de-faire-une-libellule

Les atomes, incapables, sans instructions, de faire une libellule

20e épisode!

Paris, 4 mai 2014 (Zenit.org) Brunor

Résumé : Aristote  avait compris qu’il n’y a pas de « matière vivante », mais que tout être vivant est « animé », c’est-à-dire que les atomes sont incapables de s’organiser tous seuls pour constituer des êtres vivants, ils ont besoin de recevoir une information, des instructions intelligibles. Aujourd’hui, nous savons que c’est vrai.

Depuis 2300 ans un débat opposait Aristote aux atomistes Leucippe, Démocrite, Epicure, Lucrèce, et chacun de nous pouvait choisir son camp, selon ses préférences, entre ces deux philosophies contradictoires et incompatibles. On notera qu’il ne s’agit pas seulement de deux philosophies, mais de toute la représentation du monde qui les accompagne, c’est à dire deux biologies et deux anthropologies, mais aussi de deux cosmologies et de deux théologies opposées, car tout est lié dans les systèmes intelligents. Nous avions le choix entre deux représentations du monde dans le tiroir des opinions, (qui est aussi  le tiroir des réflexions et des croyances).

Car on pouvait préférer l’une ou l’autre, puisque de toute façon, personne ne pouvait savoir qui avait raison dans ce débat. Mais les choses ont changé radicalement, à partir de 1953, date de la découverte de l’ADN. En effet, cette découverte révolutionnaire  donne raison à Aristote, car elle nous apprend que les atomes sont incapables de se débrouiller seuls, ils ont BESOIN des instructions intelligibles inscrites sur le message génétique pour construire l’organisme de la plante, de l’animal, de l’homme.


Ce débat est donc clos. Tous ceux qui, comme Aristote, avaient compris qu’un message est premier, qu’au commencement était le message et que sans le message rien ne fut, tout ceux-là avaient donc raison. C’est le cas d’assez peu de penseurs, mais c’était déjà l’idée des Hébreux Bibliques… Puisque selon leurs textes anciens, conservés précieusement et transmis jusqu’à nous, (en évitant les erreurs de copie comme la peste*) nous savons qu’ils enseignent qu’à l’origine de tout être vivant, il y a des instructions, une idée directrice (comme disait Claude Bernard), une information créatrice, une parole.


Attention nous ne disons pas que c’est la preuve que leur Dieu est le vrai, nous disons simplement ceci : pour qui veut réfléchir honnêtement à ces questions, il y a là des indices en mesure d’alimenter une enquête digne de ce nom. Nous ne disons pas non plus que les Hébreux ont « prédit »  l’ADN, mais toute personne de bonne foi  peut constater que leur façon de voir le monde et la création n’est pas incompatible avec cette découverte du message génétique sans lequel aucun être vivant n’existerait. En revanche, la représentation du monde des atomistes est devenu, à partir de 1953, une fausse croyance.

C’est désolant pour tous ceux qui avaient parié sur les atomistes, mais ils pourront se réconforter en se disant qu’il est encore temps de réfléchir à partir du réel puisque désormais nous le connaissons mieux depuis 60 ans, ce qui est peu à l’échelle de la vie sur terre qui date d’environ 3,5 milliards d’années.

Mais il arrive souvent un phénomène étonnant : quand le réel commence à être connu, plutôt que de l’accueillir, certains préfèrent le refuser de toutes leurs forces car il ne correspond pas à leurs souhaits. C’est ce qui est arrivé à certains philosophes et même à des grands scientifiques quand ils ont appris la découverte du Second Principe de la thermodynamique, dont nous avons parlé ces dernières semaines.

Bien entendu, on ne s’étonnera pas que des philosophes du XIX° s. comme Nietzsche ou Engels, l’ami de Marx, qui avaient beaucoup misé sur « l’éternel retour » ou sur la permanence de la matière et de l’énergie (la force !)  aient refusé d’admettre l’idée que tout leur système était erroné puisque les cycles éternels d’Héraclite étaient devenus incompatibles avec les lois de la nature et du réel, et qu’au lieu de persister ou de se renouveler, au contraire, Carnot et Clausius nous apprenaient que tout s’use de façon irréversible dans l’Univers.

De fait, depuis nous avons appris que notre soleil est voué à une fin certaine d’ici 4,5 milliards d’années car son stock de carburant qui est l’hydrogène, sera irrémédiablement épuisé. Et chaque soleil-étoile connaîtra le même sort d’ici environ 40 milliards d’années selon les estimations, ce qui confirme  Clausius qui  parlait déjà de la future « mort thermique »  de l’Univers entier.

Mais ce phénomène de refus de la part de philosophes est encore plus riche d’enseignement quand on l’observe chez un scientifique, qui, quant à lui, est censé  être au moins acquis aux  bienfaits de la méthode expérimentale.
Nous parlerons donc d’Ernst Haeckel.


(A suivre… La semaine prochaine.)


*Les erreurs de copie… Nous aurons l’occasion d’en reparler car selon certaines croyances, c’est une méthode imparable pour enrichir en information des messages.

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(4 mai 2014) © Innovative Media Inc.